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21/09/2014

(US) E.R. (Urgences) : petit hommage à une série fondatrice

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Si ce dimanche marque le véritable coup d'envoi de la rentrée des networks américains, la semaine écoulée a été marquée par un autre type de célébration. Une rentrée plus ancienne occupait l'esprit du sériephile enclin à la nostalgie, celle de 1994. Il y a déjà vingt ans (et deux jours), NBC lançait en effet une série qui n'a pas usurpé le qualificatif souvent galvaudé de "générationnelle". Un style, une durée et des personnages qui en ont marqué plus d'un : c'était E.R. (Urgences). Débutée en 1994, elle n'a débarqué qu'à l'été 1996 en France. Elle allait pourtant créer un rituel télévisuel automnal incontournable, allégeant d'autant le retour sur les bancs du collège ou du lycée (pour les premières saisons en ce qui me concerne). Installés devant France 2, nous terminions immanquablement le week-end dans les couloirs du Cook County. Suivant ainsi le chemin défriché par X-Files sur M6, Urgences a contribué à asseoir les séries américaines en prime-time, familiarisant le téléspectateur, dans cette ère sans haut débit, à la temporalité sériephile.

Urgences est un des monuments fondateurs de ma passion pour le petit écran. Elle est sans doute arrivée un peu tôt pour produire le déclic que provoquera cinq ans plus tard A la Maison Blanche, mais elle a construit, avec quelques autres séries de sa décennie, mon éducation sériephile et des réflexes toujours bien présents. Cette série populaire réunit les ingrédients qui représentent encore aujourd'hui, à mes yeux, l'essence même de ce que doit être une œuvre télévisée. Au sein de ce service des urgences de Chicago, ce sont autant d'importants enjeux liés aux services de santé, et de manière générale de grands thèmes de société, qui faisaient irruption dans le sillage des patients se succédant à l'hôpital. Le cadre se prêtait parfaitement à une fiction, permettant de jouer sur une dimension théâtrale et un rythme incertain et changeant, capable de s'emballer comme peu de récits. Pour reprendre l'expression chère à Martin Winckler, Urgences était un véritable "miroir de la vie", reflet réaliste, esquissé sans complaisance, d'une grande ville américaine, de sa population et des problématiques auxquelles elle était confrontée.

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Vingt ans après, demeure le souvenir d'une longue chronique de société, seulement achevée en 2009, au terme de 15 saisons. Le parcours n'a pas été homogène, avec des accidents et une qualité devenue en dents de scie. Par-delà l'importance du discours tenu et des thèmes traités, la force d'Urgences a aussi été de savoir reposer sur un facteur humain déterminant pour l'engagement du téléspectateur. Certes, avec le recul, il me faut constater que c'est l'équipe des premières saisons qui est restée inchangée dans ma mémoire. Les autres personnages, condamnés à n'être que d'éternels nouveaux venus, ont été les greffes d'un renouvellement nécessaire qui, inconsciemment ou non, n'a jamais été totalement enregistré. Pour autant, le lien humain ne fut pas rompu. Une des règles classiques du scénariste, pour immerger le téléspectateur dans les codes d'un univers particulier, est d'utiliser comme clé d'entrée narrative un nouveau. Urgences est de celles qui ont réussi cet exercice au-delà de toutes espérances. Débarqué durant le pilote avec sa blouse blanche immaculée trop bien taillée, Carter a été l'âme de la série. Il a mûri devant nous et est resté notre fil rouge. Je reconnais n'avoir jamais pu regarder que par intermittence les saisons où il a été absent.

Enfin, si Urgences a été une fiction capitale à plus d'un titre, elle n'est pas seulement une œuvre à analyser et à intellectualiser pour y trouver une radiographie de la société américaine d'alors. Elle a légué au téléspectateur bien plus que cela, avec quelques flashbacks à jamais profondément ancrés dans le panthéon du sériephile. Ce sont des scènes qui pincent encore le cœur et humidifient les yeux comme au premier visionnage lorsqu'elles se rejouent dans nos têtes, ou lorsqu'on les recroise au détour d'une rediffusion. Parce que personne n'oubliera jamais Lucy, agonisant dans cette salle des urgences tandis que le service fait la fête à côté, inconscient du drame qui se noue. Parce que la chanson Over the rainbow, à la légèreté entêtante, est restée celle d'un adieu. Urgences a laissé à son téléspectateur une suite de souvenirs empreints d'émotions brutes, intacts après toutes ces années, et que l'on chérit toujours comme autant de parts de ce monument télévisuel protéiforme.

En résumé, Urgences a posé sa marque indélébile, dans des registres bien différents, sur l'univers des séries télévisées. Il faut donc me pardonner cet élan nostalgique, mais ces 20 ans d'anniversaire méritaient bien un billet dominical, un hommage forcément trop court mais une petite célébration nécessaire... le tout avant de se lancer dans la nouvelle saison des networks US.

 

Somewhere over the rainbow...

06/08/2010

(Pilote / Mini-série UK) The Deep : plongée en de troubles profondeurs


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Mardi soir débutait sur BBC1 une nouvelle mini-série (5 x 60') intitulée The Deep. Dépaysement claustrophobique garanti pour un plongeon en Arctique construit sur un format de thriller. Le calme paysage téléphagique aoûtien se prête aux aventures ; et The Deep, avec son casting (James Nesbitt, Minnie Driver, Goran Visnjic, et même Tobias Menzies), ne manquait pas d'atouts, a priori, pour nous décider à embarquer dans son exploration des profondeurs.

Fonctionnant par à-coups, ce premier épisode se révèlera surtout assez poussif, s'attachant à introduire méthodiquement tous ses enjeux. La brusque accélération de l'intrigue, dans son dernier tiers, réveillera cependant la curiosité jusqu'alors très réservée du téléspectateur. Jusqu'à se laisser embarquer pour explorer les mystères des fonds marins ?

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The Deep pose, dès sa scène d'ouverture, le cadre claustrophobique auquel elle tend, tout en peinant à réellement insuffler l'angoisse que l'on devine devoir poindre. En mission d'exploration dans les eaux de l'Arctique, le sous-marin Hermes y disparaît sans laisser de trace, son équipage, porté disparu, étant déclaré mort. Le mystère de cette tragédie demeure entier. Six mois plus tard, une nouvelle expédition s'organise, dirigée cette fois par Frances Kelly. En digne fiction du genre, cherchant à trouver un équilibre entre action et émotionnel, on retrouve également à son bord, tendu et, logiquement, déprimé, le mari de la scientifique qui dirigeait la précédente mission, Clem ; ainsi qu'un biologiste marié avec lequel Frances entretient une liaison.

Cependant, avant même la plongée, l'objectif initial d'exploration est remis en cause, en cours de route, par l'addition d'un nouveau membre à l'équipage, Raymond, qui enquête sur ce qui a pu arriver au Hermes. De troublants enregistrements audios des dernières minutes du sous-marin contribuent à nourrir d'étranges hypothèses ; il est donc nécessaire de retrouver les données que l'appareil a pu recueillir dans ces instants dramatiques. De regards appuyés en lourds sous-entendus, s'esquissent les différentes questions centrales de l'intrigue de ce pilote : qui cache quoi à bord de l'expédition ? Et, surtout, quels secrets renferment ces profondeurs inexplorées ?

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A lire ce résumé servant de base à The Deep, il est aisé d'identifier l'écueil que ce premier épisode ne parvient pas à éviter : un enchaînement de clichés peu subtiles qui peinent à générer la moindre tension. Les scénaristes appliquent (trop ?) cliniquement le cahier des charges des fictions pseudo-claustrophobiques du genre. Les ficelles du scénario se révèlent, au mieux, trop évidentes, au pire, grossières. Si bien que l'épisode ronronne sur une dynamique trop prévisible pour ne pas être frustrante. Tout y est huilé à l'excès, finalement assez déshumanisé, semblable à un thriller sur papier glacé.

Les élans de dramatisation ne réussissent pas à dégager la moindre empathie avec un téléspectateur qui peine à s'impliquer. Tandis que la construction du suspense sonne un peu trop creux pour créer une ambiance inquiétante... du moins pour le moment.

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Une fois ce manque d'épaisseur d'un scénario trop prompt à céder à la facilité, constaté, le seul élément pouvant permettre à The Deep de redresser la barre serait de réussir le côté mouvementé de cette plongée dans les profondeurs qu'elle entend nous proposer, afin d'éclaircir le mystère de la disparition du précédent sous-marin. Ici, la mini-série souffre surtout du syndrome du premier épisode d'exposition. Les débuts sont poussifs, assez lents. Tout avance par à-coup sans parvenir à verser dans l'ambiance un peu oppressante qu'on serait en droit d'attendre d'une telle histoire. Manquant d'homogénéité, cette première heure débute réellement dans son dernier tiers. Cependant, si la suite poursuit sur ces bases finales plus rythmées, elle pourra se révéler plus divertissante.

En somme, au-delà de cette résurrection de tous les poncifs du genre "thriller en huis-clos", le téléspectateur était sans doute en droit d'attendre mieux de ce premier épisode de The Deep. Les amateurs de ce genre aux rouages un peu mécaniques ne seront pas dépaysés ; j'espère surtout que la mini-série saura construire une atmosphère plus tendue et propre à son cadre particulier par la suite.

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Sur la forme, The Deep tente quelques effets de style, sans que sa réalisation d'ensemble se démarque réellement. Si elle sait jouer sur des teintes colorées différentes, suivant l'environnement (prédominance bleue dans le sous-marin, etc...), en revanche, cette utilisation de flou sur les bords qu'elle renvoie à certains moments, pour renforcer son ambiance, n'est pas des plus convaincantes.

Enfin, le casting, comme je l'ai déjà dit, ne manque pas de figures bien connues, que le téléspectateur familier des fictions britanniques (et même au-delà) devrait retrouver avec un certain plaisir. Même si, pour le moment, il faut reconnaître que le scénario ne les transcende pas, chacun assurant un solide service minimum, si j'ose dire. Minnie Driver (The Riches) mène l'expédition, aux côtés de Clem, en veuf déprimé interprété avec naturel par James Nesbitt (Jekyll). Au sein de l'équipage du sous-marin, pour compléter ce trio principal, on retrouve Goran Visnjic (Urgences). Enfin (et parce que je l'aime bien), signalons en invité de dernière minute qui en sait sans doute plus qu'il ne le dit sur le mystère de la disparition du précédent sous-marin, un Tobias Menzies (Rome) fidèle à lui-même.

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Bilan : Un peu lente au démarrage, The Deep peine à trouver son rythme dans une première partie d'épisode qui se révèle un peu creuse, servant surtout d'exposition un brin poussive, voire clichée. Si bien que le téléspectateur éprouve quelques difficultés à s'investir immédiatement dans les enjeux qui s'esquissent. Cependant, une fois que l'action commence réellement, il est possible de se prendre à ce jeu claustrophobique, essayant d'oublier les écueils d'une écriture très unidimensionnelle qui manque trop souvent de punch et de subtilité.

Au final, The Deep est un peu trop plate en terme de personnalité et d'ambiance (ce qui, pour une telle fiction, est assez dommageable), mais si elle poursuit sur le rythme du dernier tiers de l'épisode (comme la bande-annonce du suivant le laisse entendre), elle peut peut-être s'imposer dans ce créneau de l'aventure divertissante sur papier glacé, sans autre prétention. En plein mois d'août, aidé par le désoeuvrement du téléphage, cela peut fonctionner. Cependant, il est fort probable que ce voyage ne restera pas dans les annales.


NOTE : 5,25/10


Une bande-annonce de la mini-série :