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28/11/2012

[Blog] Petite pause & programme à venir

Je l'avais annoncée depuis des semaines, voici venue une brève pause du rythme de publication de My Télé is rich!. Elle n'était initialement prévue qu'à partir de samedi, mais il faut se rendre à l'évidence : j'ai actuellement trop de préoccupations côté travail, et surtout l'esprit à 10.000 lieues de la tenue du blog. Ce sont des choses qui arrivent. Par conséquent, je décrète un petit hiatus d'une dizaine de jours (jusqu'au week-end du 8 décembre) histoire de pouvoir me consacrer entièrement à la préparation de cette semaine prochaine qui promet d'être à la fois éprouvante, intense et libératrice... si j'y survis !

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Cependant le programme pour le reste du mois de décembre sera très chargé sur ce blog. Du Danemark en perspective, avec la saison 2 de Borgen actuellement diffusée sur Arte - je me suis offert le plaisir de la revoir ces dernières semaines : que dire, si ce n'est que j'espère que vous êtes tous devant votre petit écran le jeudi soir ! Et puis, il faudra aussi revenir sur la dernière saison (la troisième) de Forbrydelsen, historiquement mon premier coup de coeur danois qui a marqué le début de mon cycle de découverte européen et s'est achevée ce dimanche au Danemark. Une page sériephile se tourne certainement en disant adieu aux pulls de Sarah Lund ! En Angleterre, vous avez noté que je n'ai toujours pas rédigé de review bilan de la saison 3 de Downton Abbey ; je ne suis pas sûre que vous la voyez paraître dans ces colonnes. Si j'y trouve toujours beaucoup d'émotions, et éprouve de l'affection, j'ai aussi fait mon deuil de la magie de la première saison. La saison 3 a cependant été meilleure que la deuxième. Et puis, nul manque à ressentir car la fin du mois sera alléchante outre-Manche, avec notamment des épisodes spéciaux de Doctor Who, Downton Abbey ou encore Call the midwife ! De jolies fêtes en perspective ; d'autant qu'il faudra évoquer toutes ces mini-séries en cours, comme Secret State. Aux Etats-Unis, j'accumule les retards, surtout pour les séries qui me tiennent à coeur : la saison 3 de Treme tout particulièrement ; sachant que je n'ai pas non plus débuté la saison 2 de Homeland. Encore une fois, j'ai abandonné toutes les nouveautés des grands networks de la rentrée...

Et puis, décembre signifie aussi bilan de l'année écoulée. 2012 aura été une année assez paradoxale. Les éternels processus de vases communiquants sont entrés en jeu pour faire évoluer ma consommation. Côté déceptions, le petit écran anglais m'a laissé une impression plus mitigée qu'à l'accoutumée sur des fictions qui affichaient pourtant des ambitions - sachant que je sais pertinemment qu'il s'agit aussi de celui dont je regarde proportionnellement le plus de productions (un moindre tri explique sans doute aussi ce ressenti). Mécaniquement, ce ne sont pas les Etats-Unis qui en ont profité, mais l'Europe : le nord, mais aussi un peu le sud, et même la France ! Le petit écran européen trouverait-il ses marques ? (Vu tous les échos, il faudra que je jette un oeil aux fameux Revenants de Canal+ !) Par ailleurs, en Asie, l'année a été très bonne, avec des satisfactions aussi bien japonaises que sud-coréennes. Si j'ai plus regardé de fictions japonaises, c'est par besoin de rééquilibrage après ces dernières années très centrées sur le Pays du Matin Calme. En résumé, plus que jamais, être sériephile pour moi, c'est un peu se retrouver devant une nouvelle Frontière permanente : tant d'horizons vers lesquels se tourner, tant d'expériences à faire... (et si peu de temps libre à leur consacrer).

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En attendant de revenir plus en détail sur tout ce riche programme, ces prochains jours s'annoncent donc light en séries en ce qui me concerne. Même si, j'avoue, je pense consacrer mes pauses à... la saison 3 de Forbrydelsen ! Oh, vous connaissez trop bien l'effet addictif de cette fiction ; une fois lancé, il est inimaginable de décrocher ! Le premier épisode m'a en tout cas complètement happé.

Et vous, de votre côté, alors que le temps d'hiver s'installe, se prêtant au visionnage au chaud à l'intérieur, quelles sont les séries qui, dernièrement, ont retenu votre attention ? Plus généralement, cet automne a-t-il été à la hauteur de vos attentes ? C'est la période l'année où il faut faire oeuvre de prosélytisme et suggérer quelques coups de coeur (ou quelques couacs à éviter).


A très vite -dans une dizaine de jours- pour un nouveau billet. Dans l'intervalle, rendez-vous dans les commentaires du blog et sur twitter ! (Il est aussi toujours temps de se replonger dans les archives du blog, pour explorer les séries sur lesquelles vous ne vous êtes pas encore penchés.)


[PS : Et, petit test, saurez-vous identifier la série dont les screen-captures illustrant ce billet sont tirées ?]

18:03 Publié dans (Blog) | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : blog |  Facebook |

25/11/2012

(Pilote SE) Anno 1790 : un procedural policier dans le tourbillon de la fin du XVIIIe siècle

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Le polar scandinave s'exporte et est indéniablement à la mode jusque dans le petit écran. Une des séries qui symbolise le mieux le phénomène, ces dernières années, s'achève d'ailleurs ce soir même, avec la diffusion au Danemark, ce dimanche, du dernier épisode de la dernière saison (la troisième) de Forbrydelsen. Un peu plus au Nord, outre une co-production dont on attend avec impatience la saison 2 (Bron/Broen), la Suède nous a également donné de solides enquêteurs de Wallander à Kommissarie Winter. Et l'an dernier, la chaîne SVT avait même décliné le polar nordique sous un angle particulier : le period drama.

Le procedural policier historique est une fiction qui ne manque pas d'atouts, mais le défi réside souvent dans le fait de trouver le juste milieu entre l'exploitation du background historique et la construction des intrigues à résoudre. Copper s'y est risquée à sa manière cet été, Ripper Street sur la BBC s'y essaiera bientôt. Cependant Anno 1790 avait un atout supplémentaire pour aiguiser la curiosité : comme son titre l'indique, ce n'est pas dans le XIXe, mais bien dans le XVIIIe siècle qu'elle nous transporte. Elle compte une saison de 10 épisodes en tout, d'1 heure chacun environ.

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Anno 1790 débute à la fin de la guerre entre la Suède et la Russie cette même année 1790. Ayant étudié la médecine en France, sensible aux idées du siècle des Lumières, Johan Gustav Dåådh a servi l'armée royale suédoise en tant que chirurgien. Au cours d'une des dernières batailles, il sauve Simon Freund, qui, gravement blessé, lui demande de le ramener à Stockholm. C'est l'occasion pour lui de rencontrer Carl Fredrik Wahlstedt, responsable de l'ordre dans la ville, ainsi que son épouse, Magdalena, une belle femme aux vues très indépendantes. Initialement pressé de partir, Dåådh se laisse convaincre de rester un peu.

Le meurtre de l'inspecteur principal de la ville le conduit alors à démontrer son savoir-faire en médecine légale, mais aussi ses talents d'enquêteur : se refusant à voir un innocent condamné comme bouc-émissaire, il prend en charge les investigations. Dans sa quête de justice, il recroise aussi ses connaissances républicaines qui ne comprennent pas vraiment comment il peut ainsi servir l'ordre établi. A la suite de cette enquête, Dåådh accepte cependant la charge d'inspecteur que lui confie Wahlstedt, s'adjoignant Simon Freund comme assistant.

En dépit de leurs visions du monde et de leurs opinions très différentes, les deux hommes vont tenter de résoudre les affaires criminelles qui éclatent en ville, tout en naviguant dans le tourbillon politique de l'époque.

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Entremêlant les ingrédients du period drama et du polar sombre avec assurance, mais aussi un certain conservatisme, Anno 1790 décline le genre policier dans un XVIIIe siècle qui lui permet de traiter de thèmes propres à son époque. Elle évoque ainsi dès le pilote la brutalité des interrogatoires de police (même si le roi a, semble-t-il, interdit le recours à la torture), ou encore l'exacerbation des tensions sociales entre une notabilité privilégiée et des gens du commun pauvres. Elle s'intéresse aussi tout particulièrement aux soubressauts politiques du moment, face à un pouvoir établi qui se crispe sur ses positions et ses acquis, tandis que se diffusent des idées nouvelles au sein de la population. En son centre, le personnage de Dåådh opère une surprenante synthèse offrant bien des contradictions : il apporte son concours au maintien de l'ordre, alors même que ses opinions et ses croyances l'inciteraient à s'éloigner des autorités. Tous ces éléments permettent à Anno 1790 de se constituer un univers dense, avec de multiples problématiques, sur lequel vient se greffer des enquêtes policières qui, elles, sont souvent extrêmement classiques, mettant en scène des motivations universelles transcendant les époques.

Seulement, en dépit des ambitions manifestes affichées, Anno 1790 ne réussit pas complètement à jouer sur tous ces tableaux. Certes l'exotisme de l'historique permet à ses enquêtes d'avoir un certain charme, même si elles peuvent être assez prévisibles. En revanche, l'impression d'une fiction trop calibrée est plus problématique du côté de ses personnages. Figures relativement unidimensionnelles - dans les premiers épisodes du moins, il manque une intensité et une vraie dynamique dans leurs échanges. Les limites du fonctionnement du duo principal sont assez symptomatiques : associer deux personnes très dissemblables, c'est une recette qui a toujours marché. Mais pour opposer l'humanisme éclairé et rationnel de Dåådh au conservatisme religieux de Freund, il faut qu'il y ait du répondant de part et d'autre. Or les deux ne sont jamais placés sur un pied d'égalité. Alcoolique, subissant les évènements, Freund apparaît plus comme un faire-valoir, et les discussions ne vont que dans un sens. De même, l'idée d'une relation entre Dåådh et Magdalena est introduite si vite, avec si peu de subtilité, qu'il est difficile de s'investir dans une perspective sentimentale où les émotions sont absentes. Manquant de nuances, de personnages abrasifs faillibles ou paradoxaux, en un mot, plus humains, Anno 1790 a tout misé sur l'univers qu'elle pose, en oubliant une règle basique : fidéliser un téléspectateur passe nécessairement par un travail abouti y compris sur les différents protagonistes.

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Sur la forme, l'ambition - et la froideur - de Anno 1790 se ressentent également avec force. Elle dispose d'une réalisation maîtrisée, où la photographie apparaît travaillée, jouant sur les teintes dominantes pour apporter un cachet d'époque à l'image. Tous ces effets fonctionnent, même si l'on peut regretter une tendance à trop en faire, la série devenant un polar noir au sens premier du terme pour certaines scènes à cause d'une impression d'éclairage à la seule bougie qui rend l'image très (trop?) sombre. Reste que l'expérimentation n'est pas inintéressante, et Anno 1790, avec sa volonté d'imprimer sa propre ambiance, se construit une identité au sein des period dramas. La série dispose en plus d'un excellent générique - qui est sans doute une des choses qu'elle réussit le mieux (cf. la 1ère vidéo ci-dessous) : il pose bien la tonalité et on peut le rapprocher du générique de Copper au niveau des effets visuels. On lui en pardonnera même de mettre en scène une peinture représentant la Révolution de 1830 pour évoquer celle de 1789...

Enfin, Anno 1790 dispose d'un casting assez correct, même si les acteurs, du fait de rôles finalement trop rigides et calibrés, peinent un peu à s'émanciper. On les voudrait plus tranchants. Peter Eggers sait cependant rapidement trouver ses marques, dans ce rôle de chirurgien improvisé enquêteur qui, tout en s'intéressant aux destins d'habitants pour lesquels il peut faire quelque chose, n'en oublie pas moins le tableau politique d'ensemble et ses sympathies républicaines. A ses côtés, Joel Spira complète leur duo dissemblable, opposant un scientifique matérialiste à un conservateur très croyant. Linda Zilliacus, autour de laquelle tourne le héros, est sans doute celle qui a le plus de mal à se défaire du rôle trop lisse et convenu qui lui est confié. On retrouve également à l'affiche Johan H:son Kjellgren, Richard Turpin, Josef Säterhagen, Cecilia Nilsson, Jessica Zandén, Thorsten Flinck, Cecilia Forss et Philip Zandén.

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Bilan : Polar historique ayant pour lui de nous plonger dans le tourbillon d'idées nouvelles que représente la fin du XVIIIe siècle, Anno 1790 est une fiction policière qui, au-delà de ce mélange des genres, reste pourtant extrêmement classique. Se reposant peut-être trop sur la densité de son univers et sur sa dimension historique, la série demeure sur des plate-bandes trop traditionnelles pour être pleinement satisfaisantes. Il manque ainsi à son écriture un souffle et une nuance qui lui auraient permis de pleinement se réapproprier son cadre particulier. La suite de la saison lui permettra peut-être de mûrir sur ce plan-là. En attendant, elle devrait cependant satisfaire les amateurs du double genre qu'elle investit. Et ceux à qui le suédois manque.


NOTE : 6,75/10


Le générique de la série :


Une bande-annonce de la série :
 

21/11/2012

(K-Drama / Pilote) Can we get married ? : un drama relationnel humain, dynamique et rafraîchissant

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Il est des séries qui ne payent pas de mine a priori, dont la lecture de leur synopsis n'éveille pas d'intérêt particulier face à une histoire qui sonne déjà trop familière au téléspectateur. Prenez Can we get married ? : avec ce titre anglophone que les dramas coréens auront bientôt décliné sous toutes ses coutures (de The Man who can't get married à The Woman who still wants to marry), c'était une série qui s'annonçait dans la lignée la plus traditionnelle des fictions relationnelles, entre romance et famille. Je l'aurais sans doute écartée sans même la tester, si je n'avais pas lu plusieurs échos positifs ça et qui ont éveillé ma curiosité jusqu'alors insensible à ce drama. Au final, heureusement que ces avis étaient là.

Précisons tout de suite que les apparences ne sont pas toujours trompeuses : il est certain que Can we get married ? ne révolutionnera pas la fiction sud-coréenne sur ces sempiternels thèmes liés à l'amour. Cependant ce drama propose des débuts aussi dynamiques que rafraîchissants, avec une sobriété et une relative justesse bienvenue dans la mise en scène des sentiments. En résumé, dans le respect des traditions du petit écran du pays du Matin calme, ce fut une jolie surprise. Diffusée sur la chaîne câblée jTBC, les lundi et mardi, cette série a débuté le 29 octobre 2012. Il était donc grand temps que j'y consacre un mercredi asiatique !

[La review qui suit a été rédigée après avoir visionné les deux premiers épisodes.]

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Can we get married ? suit les destins croisés de plusieurs couples gravitant autour des deux protagonistes principaux, Jung Hoon et Hye Yoon, qui, après trois années passées à se fréquenter, décident de sauter le pas : le drama s'ouvre sur une demande en mariage de Jung Hoon qui, si elle ne se déroule pas totalement telle que planifiée (de l'éternel danger de glisser une bague dans un aliment...), rencontre la réponse affirmative et enthousiaste de Hye Yoon. Certes, la jeune femme, au caractère bien trempé, ne manque jamais d'énoncer à voix haute ses opinions, y compris sur son petit ami, mais elle n'en est pas moins très amoureuse. Il reste désormais au couple à faire le plus difficile : organiser le mariage en lui-même, et surtout rencontrer et se faire apprécier de leurs futures belle-familles respectives.

Or Deul Ja, la mère de Hye Yoon, forte tête également, a ses propres ambitions sur le mariage idéal que doivent contracter ses filles. Matérialiste et pratique, elle entend les préserver du besoin : plus qu'un mari attentionné ou gentil, l'argent est son critère déterminant. Qu'importe que sa fille aînée, mariée à un chirurgien, vive aujourd'hui une union guère épanouissante... tant que le confort apparent est là. Or Jung Hoon, son futur gendre, n'est qu'un simple employé, sans ambition démesurée, qui veut seulement vivre une vie ordinaire. Les craintes de Deul Ja se modèrent un temps lorsqu'elle apprend la condition sociale de ses parents, mais son interventionnisme ne connaît pas de frein dans la vie de sa fille. Au risque de mettre en danger le mariage même ?

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Si Can we get married ? ne se démarque pas par l'originalité des situations relatées, il faut avant tout reconnaître au drama une énergie et une recherche d'authenticité qui fait souvent mouche. A la fois classique dans ses problématiques et rafraîchissant dans le traitement qui en est proposé, il ambitionne de décliner le thème du mariage à travers différentes approches englobant toutes les conceptions, de la plus bassement matérielle à la plus fleur bleue romantique. Le repère du récit est le couple central : celui-ci renvoie évidemment à l'archétype des jeunes fiancés amoureux, qui ont les certitudes de leurs sentiments, mais encore parfois d'ultimes hésitations face à l'engagement. Reste qu'ils suivent pour le moment parfaitement cette feuille de route modèle dessinée par la société sud-coréenne.

Pour enrichir et nuancer cette problématique sentimentale, le drama introduit opportunément tout un entourage - principalement féminin autour de Hye Yoon - dont les situations sont très diverses, et surtout loin des archétypes idéalisés. Ainsi la meilleure amie de Hye Yoon est-elle enfermée depuis 5 ans dans une relation avec un playboy allergique à tout engagement : elle s'impatiente, désespère, mais doit bien se rendre compte que l'amour a ses raisons que la raison ignore. Ils peuvent bien rompre, ses sentiments n'en disparaissent pas pour autant. La soeur de Hye Yoon, mère de famille, s'est, elle, bien mariée, mais son couple ne fonctionne plus. La tension y est palpable, et apprendre l'infidélité du mari n'est pas une surprise. Quant à la tante de Hye Yoon, confidente et alliée, elle est une éternelle célibataire qui semble avoir tiré un trait sur le mariage...

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A partir de ce kaléidoscope de portraits autour de la thématique du couple, Can we get married ? séduit parce qu'il est un vrai drama relationnel au sens traditionnel, mais aussi noble du terme. C'est-à-dire qu'il trouve le juste équilibre des tonalités : il propose un récit certes romancé, émaillé de crises de nerfs et de rebondissements propres à la fiction, mais il ne tombe jamais dans des excès soap-esques vite indigestes. Ses personnages sont entiers et hauts en couleur dans le bon sens du terme. Le rôle tenu par la mère est particulièrement révélateur de ce savant dosage : elle s'oppose dans un premier temps au mariage, puis se mêle ensuite des comptes familiaux de son futur gendre... Mais si son interventionnisme embarrasse plus d'une fois sa fille, elle ne verse pas pour autant dans la caricature des belles-mères odieuses et manipulatrices complotant pour de l'argent. Elle reste crédible dans un rôle têtu, agaçant pour Hye Yoon, mais logique vis-à-vis sa propre expérience (et déception) des hommes.

Plus généralement, la fluidité avec laquelle le drama sait si bien entremêler ces cocktails amoureux tient à la qualité de son écriture, et notamment de ses dialogues. En effet, le scénariste manie l'art des joutes oratoires avec une plume acérée, qui occasionne des échanges très rapides (l'oeil du téléspectateur doit se faire vif pour lire les sous-titres !), reposant sur un vigoureux sens de la répartie assez savoureux. Dans toutes ses explosions d'émotions, de colères sitôt venues, sitôt oubliées, ou encore de soudaine expression des sentiments, le drama conserve toujours une authenticité bien réelle, et une vraie cohérence dans sa gestion des relations. Au-delà de la dramatisation nécessaire pour mettre un peu de piment dans ces histoires, un pendant relativement sobre perdure et permet de ne pas oublier que l'essentiel reste de dresser des portraits humains, qui parlent au téléspectateur : un objectif atteint !

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Sur la forme, Can we get married ? est l'antithèse des reproches que je formulais à The King of Dramas la semaine dernière. Alors que ce dernier était saturé d'effets qui finissaient par ne plus atteindre aucun but, noyés dans une bande-son que ses excès rendaient inaudible, Can we get married ? est un drama beaucoup plus posé. Si la réalisation est classique, la photographie est relativement sobre, ce qui sied bien à une fiction essayant de retranscrire avec une certaine authenticité tous ces malentendus amoureux. Cependant, c'est surtout l'utilisation faite avec justesse de la musique qui marque : sachant impulser un dynamisme opportun lors de certaines scènes, avec des instrumentaux plus ou moins rythmés, la bande-son sait aussi s'effacer quand il le faut, c'est-à-dire durant les échanges les plus importants. Il est frappant de constater combien les confrontations reposent intégralement sur les dialogues, sans musique pour tenter artificiellement de souligner le moment. La série n'a pas besoin de ces artifices, et c'est sans doute un des meilleurs compliments que l'on puisse adresser à son écriture.

Côté casting, Can we get married ? rassemble des acteurs dans l'ensemble corrects qui, sans se démarquer vraiment, ni imposer une présence notable à l'écran, savent efficacement rentrer dans leur rôle respectif. C'est particulièrement flagrant pour les deux acteurs principaux que sont Sung Joon (précisons que cet acteur bénéficie de l'affection particulière que j'éprouverais toujours pour le casting de White Christmas) et Jung So Min (Playful Kiss) : ils créent très vite une intéressante alchimie entre eux qui passe très bien à l'écran. Bien servis par des dialogues solides, ils incarnent des personnages qui leur correspondent. A leurs côtés, on retrouve notamment Kim Sung Min, Jung Ae Yun, Lee mi Sook, Sun Woo Eun Sook, Kang suk Wo, Kim Young Kwang, Hang Groo, Kim Jin Soo ou encore Choi Hwa Jung.

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Bilan : S'inscrivant dans la plus pure tradition des dramas relationnels sud-coréens, Can we get married ? se réapproprie et assume avec une maîtrise et une assurance appréciables les ressorts classiques du genre qu'il investit. Il sait se montrer rafraîchissant et efficace dans son approche, mêlant sens de la dramatisation nécessaire à la fiction et une certaine authenticité qui préserve l'humanité des portraits dépeints. Cohérent dans sa gestion des relations, il se démarque tout particulièrement par la mise en scène de ses confrontations, explosions savoureuses bien servies par de solides dialogues, qui apportent une intensité bienvenue à l'ensemble. Le potentiel est donc là, reste à Can we get married ? à bien grandir et à confirmer ces débuts.


NOTE : 7,25/10


La bande-annonce de la série :

18/11/2012

(BR) Cidade dos Homens (La Cité des Hommes) : portraits d'adolescence dans une favela de Rio de Janeiro

 

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Parmi les terres téléphagiques qui sont encore pour moi de vastes horizons inconnus figure l'Amérique Latine. Mes références s'y résument à quelques expériences occasionnelles (sans sous-titres..), comme le pilote de Capitu visionné pour un numéro de podcast. Cette destination est donc un de ces défis que j'ai très envie de relever. Généralement, quand je me lance à la découverte d'un nouveau continent, je privilégie en premier lieu les quelques séries les plus classiquement citées, histoire de poser un premier pied dans ce petit écran en sachant à peu près où je vais. C'est ainsi que ces dernières semaines, j'ai débuté le visionnage de la mexicaine Capadocia et de la série sur laquelle je vais revenir aujourd'hui : La Cité des Hommes.

Créée par Katia Lund et Fernando Meirelles, cette dernière est une fiction brésilienne, comptant en tout 4 saisons de 19 épisodes d'une trentaine de minutes chacune. Diffusée de 2002 à 2005 sur la chaîne Globo TV, elle prend la suite du marquant film La Cité de Dieu. Diffusée notamment sur France 5, l'intégrale est également disponible en DVD à un prix plus qu'abordable. Et si je vous avoue ne pas être (encore ?) tout à fait convaincue par Capadocia, il en va tout autrement pour Cidade dos Homens. Voilà un beau coup de coeur qui permet d'accueillir un nouveau pays sur My Télé is rich!, le Brésil (juste évoqué jusqu'à présent par la co-production des Mistérios de Lisboa).

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Cidade dos Homens nous plonge dans une des favelas de Rio de Janeiro, y racontant le quotidien de deux amis, Acerola et Laranjinha. Dans cette zone abandonnée par l'Etat aux trafiquants de drogue qui font régner leur propre ordre - sur les cartes de la ville, ces lieux sont une simple tâche verte, sans aucune précision, ni indication que des gens y vivent -, les deux adolescents expérimentent comme tout jeune de leur âge. On les suit dans le tourbillon qu'est leur vie de tous les jours, apprenant de leurs erreurs, découvrant les premières responsabilités, savourant les premiers amours et mesurant aussi les dangers de leur environnement difficile. Entre rêves de futur et dureté d'une réalité qui les oblige à vivre au jour le jour, ils poursuivent inlassablement leur marche en avant. Ils vont ainsi grandir et mûrir sous les yeux du téléspectateur.

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Cidade dos Homens, c'est tout d'abord le portrait d'un certain Brésil, dépeignant la réalité sociale des favelas et leur place dans le pays. La série se veut plus légère que le film La Cité de Dieu, mais elle n'en occulte pas moins les difficultés bien présentes, sans pour autant tomber dans un misérabilisme pesant. Il y a une volonté manifeste d'aller par-delà les préjugés et les clichés sur ces zones de non-droit, pour en décrire les problèmes du quotidien, mais aussi humaniser leurs habitants. Empruntant parfois un style proche du documentaire, très détaillé dans sa façon de dépeindre ces lieux, la série conserve toujours un parfum d'authenticité qui fait sa force.

On devine en arrière-plan de cette chronique sociale, mettant en scène les clivages d'une société, un projet pédagogique plus ou moins marqué des scénaristes suivant les histoires relatées. En exemple emblématique, on peut citer le dernier épisode de la saison 1, très intéressant, où l'on suit brièvement en parallèle un autre adolescent vivant en dehors de la favela. Tout en montrant combien l'antagonisme immédiat, nourri de préjugés, est bien réel entre ces jeunes issus de deux mondes si différents, la série le désamorce en insistant sur leurs points communs et leurs doutes partagés, s'adressant ici avant tout au téléspectateur. Dotée d'une écriture privilégiant une sincérité qui ne laisse pas indifférent, elle peut ainsi aborder légitimement ces thèmes sans jamais paraître trop didactique.

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Car Cidade dos Homens reste une série profondément humaine et attachante. Elle met en scène un duo d'adolescents complémentaires auprès desquels le téléspectateur s'investit vite avec une tendresse qui ne cesse de se renforcer au gré des péripéties. Acerola est un débrouillard avec un sens des affaires qui lui attire souvent bien des ennuis ; Laranjinha se tient plus en retrait, préférant profiter sans faire de vague et charmer les demoiselles. A travers eux, la série emprunte des ressorts propres aux fictions sur l'adolescence, traitant d'apprentissage de la vie. Ils ont des problématiques propres aux jeunes de leur âge. Cependant, du fait du cadre particulier dans lequel ils évoluent, Cidade dos Homens propose une relecture originale de ces thèmes familiers.

Leur quotidien oscille entre l'insouciance propre à leur âge et la réalité de la favela : s'essayer aux premiers pas de l'amour implique aussi d'éviter autant que possible les trafiquants qui régissent les lieux et les ennuis qui les accompagnent. Outre la violence permanente, il faut aussi composer avec la pauvreté, et par exemple partir mendier à manger dans Rio quand il n'y a plus rien à la maison et que leur mère ne rentre pas avant plusieurs jours. Si elle peut être très dure, la série n'en conserve pas moins une vitalité pleine de fraîcheur, à la fois réaliste et remplie d'espoir. L'ensemble est rythmé, avec une durée assez brève des épisodes - une trentaine de minutes - qui fait que l'on ne s'y ennuie pas une seule seconde ; chacun aborde un thème précis, explorant un évènement ou un sujet précis représentatif d'un pan de vie dans la favola.

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L'impression d'authenticité qui caractérise Cidade dos Homens se retrouve dans la manière dont la série est filmée : la réalisation est nerveuse et dynamique. La caméra tressautante impose immédiatement une proximité, dépeignant le cadre de la favela et s'arrêtant avec des gros plans sur les protagonistes. Les condition de vie, mais aussi le dynamisme qui parcourt ces lieux, sont parfaitement capturés. De plus, le récit est accompagné d'une bande-son qui, pareillement, rythme et contribue à l'atmosphère de ce coin de Rio de Janeiro, aussi bien musicalement que dans les quelques chansons qui viennent notamment conclure des épisodes (on y trouve des chansons originales créées pour l'occasion, comme un rap "dialogué" entre les deux jeunes issus de deux mondes si différents dans l'épisode 4 de la saison 1 ; ou encore la chanson sur laquelle danse Acerola dans l'épisode 1 de la saison 2).

Enfin, Cidade dos Homens doit également beaucoup à ses acteurs. Tout en croisant des protagonistes récurrents, et avec en arrière-plan tout un entourage qui prend plus ou moins d'importance suivant les histoires relatées, la série se concentre avant tout sur son duo principal. Darlan Cunha (Laranjinha) et Douglas Silva (Acerola) sont deux jeunes, vivant eux-mêmes dans des favelas, qui apportent à l'écran une présence pleine de spontanéité à la fois rafraîchissante et attachante. Mêlant sens de la débrouillardise, pragmatisme et charisme, ils incarnent deux figures très différentes, qui donnent chacune l'occasion d'explorer des thèmes qui leur sont propres. Leur interprétation très juste confirme l'impression de réalisme qui ressort de la fiction.

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Bilan : Chronique sociale relatant le quotidien de deux adolescents, Cidade dos Homens nous plonge dans l'univers des favelas de Rio de Janeiro. Traversée par une vitalité communicative, la série traite de thématiques familières sur l'adolescence, sans occulter la violence et la pauvreté qui font partie intégrante de la vie de ses protagonistes. Entre espoir et réalisme, il s'agit d'une oeuvre profondément humaine, portée par des figures attachantes, qui a affiche aussi une ambition pédagogique, s'attachant à désarmorcer certaines peurs sur les favelas et ceux qui y habitent. Plus que tout, c'est une série qui respire le Brésil, offrant une bouffée de dépaysement et de découverte qui mérite assurément le détour.

En résumé, un portrait plein de vie à mettre en toutes les mains !


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :


Le "rap" entre deux personnages durant l'épisode 4 de la saison 1 :



PS : Nous sommes rentrés dans les trois semaines que j'annonçais très chargées et compliquées pour le rythme de publication du blog. La première semaine de décembre connaîtra normalement une pause d'une semaine (comme à Pâques), en attendant, un petit ralentissement est également possible. Pas d'inquiétude, My Télé is rich! retrouvera un rythme de croisière normal courant décembre, mais même un blogueur a parfois une vie en dehors de ses colonnes.

14/11/2012

(K-Drama / Pilote) The King of Dramas : dans l'univers impitoyable de la conception des dramas

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Quand on regarde autant de séries que nous, forcément, c'est avec une curiosité mêlée d'excitation que l'on se glisse devant une fiction sur le fameux envers d'un décor qu'on connaît trop bien. L'exercice est risqué : il est toujours difficile de tendre un miroir vers soi-même pour dresser le portrait d'une industrie dont le drama en question ne reste pas moins une émanation. Il faut éviter de se complaire dans le récit romancé glamour et un peu vide, mais aussi de renvoyer l'impression d'une certaine hypocrisie à mettre l'accent sur des dysfonctionnements et excès qui sont également présents à l'origine du drama regardé. En Corée du Sud, des dramas ont déjà essayé ces dernières années de se glisser dans les coulisses : de On Air à Worlds Within, les résultats ont été pour le moins mitigés.

Avec de tels antécédents, se posait la question de savoir comment allait se positionner la dernière nouveauté du genre, lancée par SBS le 5 novembre 2012, The King of Dramas (aka The Lord of Dramas). Sans qu'il s'agisse d'une de mes réelles attentes pour cette fin d'année, la sériephile que je suis résiste rarement à l'invitation à une immersion dans le monde des producteurs, scénaristes et autres diffuseurs. Ces deux premiers épisodes n'ont pas démérité : sans échapper à certains excès (sur le fond, comme sur la forme), ils proposent une introduction énergique. Reste à espérer que le drama n'en fasse pas trop et ne se disperse pas ; une de mes principales craintes à terme.

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Anthony Kim est un producteur à succés à qui tout semble réussir. Requin aux dents acérées dans un milieu où personne ne se fait de cadeaux, il n'hésite pas à provoquer sa chance, poussant toutes ses équipes à bout pour atteindre les objectifs qu'il se fixe. Pour lui, une seule chose compte : faire de l'argent et donc rentabiliser le produit qu'il développe, à savoir le drama. Pour assurer un product placement efficace ou pour passer une barre d'audience symbolique, il n'hésite pas à sacrifier sans hésiter toute créativité scénaristique, voire même la logique de l'histoire mise en scène. Que ses dramas génèrent des sous, voilà le seul objectif qui importe à ses yeux.

C'est lors de la finalisation d'une de ses séries qu'il entre dans la vie de Lee Go Eun, une jeune assistante scénariste qu'il va manipuler pour finir les dernières scènes d'un drama que la scénariste principale vient de quitter en claquant la porte. Mais à trop forcer sa chance, Anthony Kim va être à son tour broyé par le système dont il s'est tant de fois servi à son profit. Un scandale éclate en effet suite à la mort d'un coursier qu'il avait mandaté pour un service extrêmement dangereux. Chacun en profite dans l'industrie pour se retourner contre cet être qui a suscité autant de jalousie qu'il s'est fait d'ennemis. Anthony Kim perd alors tout, y compris sa compagnie.

Trois ans plus tard, il se morfond en rêvant d'un come-back et, surtout, de vengeanace. Il croit venue sa chance lorsqu'il met la main sur un projet de financement japonais de drama. Mais le thème l'oblige tout d'abord à recontacter Go Eun, laquelle a abandonné toute idée de carrière suite à ses mensonges. Non seulement il va devoir essayer de la convaincre de travailler avec lui, mais en plus le Japonais commanditaire semble avoir lui-aussi son propre agenda...

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Si les débuts de The King of Dramas capturent immédiatement l'attention du téléspectateur, c'est qu'ils reposent sur une première demi-heure sur-vitaminée et assez réjouissante, proposant un aperçu condensé - de la manière la plus excessive possible - de la réalité derrière la façade policé et doré de l'hallyu. On a l'occasion d'apprécier le véritable contre-la-montre, tellement tendu et éprouvant, que représentent les tournages en "live", avec la mise sous pression de toute l'équipe et les rythmes dantesques à tenir dans lesquels chacun - du scénariste aux acteurs, en passant par le réalisateur - se ruine la santé. En outre, le volet marketing n'est pas absent : tous ces psychodrames naissent en effet de la nécessité de caser un jus d'orange en product placement dans la scène finale du drama qui voit le héros mourir. Savoureuse absurdité. Devant cet attentat à sa création, la scénariste en avale son stylo, et renvoie le producteur insistant dans les cordes, laissant toute la production en stand-by tandis que, le soir-même, ce fameux épisode dont les dernières minutes n'ont même pas encore été écrites doit être diffusé à la télévision.

L'introduction de The King of Dramas prend donc un malin plaisir à croquer toutes les dérives trop bien connues de l'industrie des k-dramas, oscillant entre la caricature presque satirique et une pointe d'autodérision, portées par une écriture énergique et sans nuance. Les thèmes abordés ne laissent pas le téléspectateur amateur de dramas insensible, lui qui s'est plus d'une fois arraché les cheveux devant les aléas de scénarios dont l'écriture souffre du rythme à tenir, ou encore devant l'insertion inutile de flashbacks faisant gagner une poignée de minutes (quand ce ne sont pas des épisodes que l'on ajoute avec ces extensions dans lesquelles trop de dramas se perdent). La thématique principale de The King of Dramas revêt d'ailleurs un intérêt particulier, avec un potentiel indéniable : dès le départ, est mis l'accent sur la tension entre marketing et créativité. Forcer Anthony Kim et Go Eun à travailler ensemble promet beaucoup. Personnifiant les deux natures presque antinomiques du drama, à la fois produit commercial et création issue de l'imaginaire, ces personnages vont devoir collaborer pour essayer de construire une fiction qui satisfera leurs deux exigences. Un tel résultat est-il possible ?

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Nous glissant dans la conception d'une série, The King of Dramas n'en demeure pas moins un k-drama qui s'assume et se réapproprie les recettes très familières du genre. Ce sera là une de mes réserves : la caractérisation des personnages s'esquisse sur des bases très calibrées, rentrant trop parfaitement dans les canons. Face à l'abrasif ambitieux et arrogant personnage masculin, se dresse la naïve apprentie entendant faire ses preuves en tant que scénariste. Tout sonne ici très prévisible, jusqu'au détail qui vient fendiller la froideur apparente d'Anthony Kim - le fait de devoir enchaîner les anti-dépresseurs pour ne pas fondre constamment en larmes. Il y a une impression d'artificialité qui se dégage de ces personnages encore trop standards, et auprès desquels, conséquence logique de cette prévisibilité un peu superficielle, le téléspectateur met un temps à s'impliquer. 

De manière générale, The King of Dramas a le clinquant, assumé et même revendiqué, propre à l'environnement dans lequel il nous plonge, s'inscrivant ainsi en continuité avec le sujet traité. Il s'agit d'un drama plein de vitalité, avec le lot d'excès qui lui est inhérent. Le cocktail fonctionne pour le moment car l'écriture est assurée, et les traits de caractères comme les situations ont les traits volontairement forcés. Cependant cette énergie n'est pas toujours bien canalysée, et se perçoivent certaines limites : le risque de trop en faire, en versant dans une surenchère discutable (le "cliffhanger" du deuxième épisode est une de mes sources d'inquiétude). Tout dépendra de la manière dont le ton s'équilibrera, mais attention à la dispersion et à la volonté de tenter de se lancer à la poursuite d'un tel rythme pour tout le drama. Une fiction solide permettant la confrontation et l'évolution des deux figures principales suffira amplement.

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Cette tendance à trop d'effets se retrouve sur la forme de la série. Plus que par sa réalisation qui répond bien au clinquant du milieu du showbiz, The King of Dramas est surtout un drama saturé musicalement. Pareillement au scénario qui semble craindre le moindre temps-mort et relance constamment l'histoire, il n'ose envisager la possibilité d'une scène au fond sonore silencieux : les musiques s'enchaînent, interchangeables et vites oubliables pour la plupart, mais faisant que tout l'épisode ronronne musicalement sans véritable nuance, ni sans trouver la tonalité qui lui est propre.

Enfin, côté casting, j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Jung Ryu Won, à laquelle je me suis attachée et dont j'avais beaucoup aimé la performance dans History of a salaryman. Elle a une façon de se réapproprier ses personnages qui les rend immédiatement attachants, sachant retranscrire la détermination inébranlable et les sautes d'humeur, comme les moments de vulnérabilité. Cela explique qu'en dépit de mes réticences face au traitement des protagonistes, elle ait su m'interpeller. Face à elle, Kim Myung Min (que je n'avais pas revu depuis Beethoven Virus, soit une éternité) délivre une interprétation parfaitement maîtrisée, dans le registre du businessman, véritable requin prêt à tout, pour qui seul l'argent importe. Reste à voir comment se développeront les nuances qui viendront forcément (et j'espère, pas uniquement via quelque chose d'aussi artificiel que la prise de médicaments psychotropes). Le reste de la distribution principale est confiée à Choi Si Won (Oh! My Lady, Poseidon), Jung Man Shik (The King 2 Hearts) et Oh Ji Eun (I Live in Cheongdam-dong).

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Bilan : N'en cachant ni les dérives, ni les excès, et sans tomber dans le glamour romancé, The King of Dramas propose une incursion dans l'univers impitoyable de la conception et de la production des k-dramas. L'écriture est énergique, ne cherchant pas à faire dans la nuance. Du fait de personnages encore trop stéréotypés, qui empruntent à des recettes assez convenues, le principal attrait du drama réside dans son sujet, et cette alliance malaisée entre marketing et créativité qu'il va nous relater. Quelques tendances à la surenchère me laissent un peu réservée pour la suite. Mais, vous me connaissez, je serai forcément là pour vérifier, et croiser les doigts pour que The King of Dramas tienne le cap.


NOTE : 6,5/10


Une bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST :