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21/11/2012

(K-Drama / Pilote) Can we get married ? : un drama relationnel humain, dynamique et rafraîchissant

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Il est des séries qui ne payent pas de mine a priori, dont la lecture de leur synopsis n'éveille pas d'intérêt particulier face à une histoire qui sonne déjà trop familière au téléspectateur. Prenez Can we get married ? : avec ce titre anglophone que les dramas coréens auront bientôt décliné sous toutes ses coutures (de The Man who can't get married à The Woman who still wants to marry), c'était une série qui s'annonçait dans la lignée la plus traditionnelle des fictions relationnelles, entre romance et famille. Je l'aurais sans doute écartée sans même la tester, si je n'avais pas lu plusieurs échos positifs ça et qui ont éveillé ma curiosité jusqu'alors insensible à ce drama. Au final, heureusement que ces avis étaient là.

Précisons tout de suite que les apparences ne sont pas toujours trompeuses : il est certain que Can we get married ? ne révolutionnera pas la fiction sud-coréenne sur ces sempiternels thèmes liés à l'amour. Cependant ce drama propose des débuts aussi dynamiques que rafraîchissants, avec une sobriété et une relative justesse bienvenue dans la mise en scène des sentiments. En résumé, dans le respect des traditions du petit écran du pays du Matin calme, ce fut une jolie surprise. Diffusée sur la chaîne câblée jTBC, les lundi et mardi, cette série a débuté le 29 octobre 2012. Il était donc grand temps que j'y consacre un mercredi asiatique !

[La review qui suit a été rédigée après avoir visionné les deux premiers épisodes.]

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Can we get married ? suit les destins croisés de plusieurs couples gravitant autour des deux protagonistes principaux, Jung Hoon et Hye Yoon, qui, après trois années passées à se fréquenter, décident de sauter le pas : le drama s'ouvre sur une demande en mariage de Jung Hoon qui, si elle ne se déroule pas totalement telle que planifiée (de l'éternel danger de glisser une bague dans un aliment...), rencontre la réponse affirmative et enthousiaste de Hye Yoon. Certes, la jeune femme, au caractère bien trempé, ne manque jamais d'énoncer à voix haute ses opinions, y compris sur son petit ami, mais elle n'en est pas moins très amoureuse. Il reste désormais au couple à faire le plus difficile : organiser le mariage en lui-même, et surtout rencontrer et se faire apprécier de leurs futures belle-familles respectives.

Or Deul Ja, la mère de Hye Yoon, forte tête également, a ses propres ambitions sur le mariage idéal que doivent contracter ses filles. Matérialiste et pratique, elle entend les préserver du besoin : plus qu'un mari attentionné ou gentil, l'argent est son critère déterminant. Qu'importe que sa fille aînée, mariée à un chirurgien, vive aujourd'hui une union guère épanouissante... tant que le confort apparent est là. Or Jung Hoon, son futur gendre, n'est qu'un simple employé, sans ambition démesurée, qui veut seulement vivre une vie ordinaire. Les craintes de Deul Ja se modèrent un temps lorsqu'elle apprend la condition sociale de ses parents, mais son interventionnisme ne connaît pas de frein dans la vie de sa fille. Au risque de mettre en danger le mariage même ?

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Si Can we get married ? ne se démarque pas par l'originalité des situations relatées, il faut avant tout reconnaître au drama une énergie et une recherche d'authenticité qui fait souvent mouche. A la fois classique dans ses problématiques et rafraîchissant dans le traitement qui en est proposé, il ambitionne de décliner le thème du mariage à travers différentes approches englobant toutes les conceptions, de la plus bassement matérielle à la plus fleur bleue romantique. Le repère du récit est le couple central : celui-ci renvoie évidemment à l'archétype des jeunes fiancés amoureux, qui ont les certitudes de leurs sentiments, mais encore parfois d'ultimes hésitations face à l'engagement. Reste qu'ils suivent pour le moment parfaitement cette feuille de route modèle dessinée par la société sud-coréenne.

Pour enrichir et nuancer cette problématique sentimentale, le drama introduit opportunément tout un entourage - principalement féminin autour de Hye Yoon - dont les situations sont très diverses, et surtout loin des archétypes idéalisés. Ainsi la meilleure amie de Hye Yoon est-elle enfermée depuis 5 ans dans une relation avec un playboy allergique à tout engagement : elle s'impatiente, désespère, mais doit bien se rendre compte que l'amour a ses raisons que la raison ignore. Ils peuvent bien rompre, ses sentiments n'en disparaissent pas pour autant. La soeur de Hye Yoon, mère de famille, s'est, elle, bien mariée, mais son couple ne fonctionne plus. La tension y est palpable, et apprendre l'infidélité du mari n'est pas une surprise. Quant à la tante de Hye Yoon, confidente et alliée, elle est une éternelle célibataire qui semble avoir tiré un trait sur le mariage...

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A partir de ce kaléidoscope de portraits autour de la thématique du couple, Can we get married ? séduit parce qu'il est un vrai drama relationnel au sens traditionnel, mais aussi noble du terme. C'est-à-dire qu'il trouve le juste équilibre des tonalités : il propose un récit certes romancé, émaillé de crises de nerfs et de rebondissements propres à la fiction, mais il ne tombe jamais dans des excès soap-esques vite indigestes. Ses personnages sont entiers et hauts en couleur dans le bon sens du terme. Le rôle tenu par la mère est particulièrement révélateur de ce savant dosage : elle s'oppose dans un premier temps au mariage, puis se mêle ensuite des comptes familiaux de son futur gendre... Mais si son interventionnisme embarrasse plus d'une fois sa fille, elle ne verse pas pour autant dans la caricature des belles-mères odieuses et manipulatrices complotant pour de l'argent. Elle reste crédible dans un rôle têtu, agaçant pour Hye Yoon, mais logique vis-à-vis sa propre expérience (et déception) des hommes.

Plus généralement, la fluidité avec laquelle le drama sait si bien entremêler ces cocktails amoureux tient à la qualité de son écriture, et notamment de ses dialogues. En effet, le scénariste manie l'art des joutes oratoires avec une plume acérée, qui occasionne des échanges très rapides (l'oeil du téléspectateur doit se faire vif pour lire les sous-titres !), reposant sur un vigoureux sens de la répartie assez savoureux. Dans toutes ses explosions d'émotions, de colères sitôt venues, sitôt oubliées, ou encore de soudaine expression des sentiments, le drama conserve toujours une authenticité bien réelle, et une vraie cohérence dans sa gestion des relations. Au-delà de la dramatisation nécessaire pour mettre un peu de piment dans ces histoires, un pendant relativement sobre perdure et permet de ne pas oublier que l'essentiel reste de dresser des portraits humains, qui parlent au téléspectateur : un objectif atteint !

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Sur la forme, Can we get married ? est l'antithèse des reproches que je formulais à The King of Dramas la semaine dernière. Alors que ce dernier était saturé d'effets qui finissaient par ne plus atteindre aucun but, noyés dans une bande-son que ses excès rendaient inaudible, Can we get married ? est un drama beaucoup plus posé. Si la réalisation est classique, la photographie est relativement sobre, ce qui sied bien à une fiction essayant de retranscrire avec une certaine authenticité tous ces malentendus amoureux. Cependant, c'est surtout l'utilisation faite avec justesse de la musique qui marque : sachant impulser un dynamisme opportun lors de certaines scènes, avec des instrumentaux plus ou moins rythmés, la bande-son sait aussi s'effacer quand il le faut, c'est-à-dire durant les échanges les plus importants. Il est frappant de constater combien les confrontations reposent intégralement sur les dialogues, sans musique pour tenter artificiellement de souligner le moment. La série n'a pas besoin de ces artifices, et c'est sans doute un des meilleurs compliments que l'on puisse adresser à son écriture.

Côté casting, Can we get married ? rassemble des acteurs dans l'ensemble corrects qui, sans se démarquer vraiment, ni imposer une présence notable à l'écran, savent efficacement rentrer dans leur rôle respectif. C'est particulièrement flagrant pour les deux acteurs principaux que sont Sung Joon (précisons que cet acteur bénéficie de l'affection particulière que j'éprouverais toujours pour le casting de White Christmas) et Jung So Min (Playful Kiss) : ils créent très vite une intéressante alchimie entre eux qui passe très bien à l'écran. Bien servis par des dialogues solides, ils incarnent des personnages qui leur correspondent. A leurs côtés, on retrouve notamment Kim Sung Min, Jung Ae Yun, Lee mi Sook, Sun Woo Eun Sook, Kang suk Wo, Kim Young Kwang, Hang Groo, Kim Jin Soo ou encore Choi Hwa Jung.

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Bilan : S'inscrivant dans la plus pure tradition des dramas relationnels sud-coréens, Can we get married ? se réapproprie et assume avec une maîtrise et une assurance appréciables les ressorts classiques du genre qu'il investit. Il sait se montrer rafraîchissant et efficace dans son approche, mêlant sens de la dramatisation nécessaire à la fiction et une certaine authenticité qui préserve l'humanité des portraits dépeints. Cohérent dans sa gestion des relations, il se démarque tout particulièrement par la mise en scène de ses confrontations, explosions savoureuses bien servies par de solides dialogues, qui apportent une intensité bienvenue à l'ensemble. Le potentiel est donc là, reste à Can we get married ? à bien grandir et à confirmer ces débuts.


NOTE : 7,25/10


La bande-annonce de la série :

12/10/2011

(K-Drama) Little Girl K (Killer K) : un thriller d'action impitoyable et sanglant

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Après une parenthèse japonaise, retournons en Corée du Sud pour ce mercredi asiatique. Par manque de temps libre, je n'ai pas eu l'occasion de me lancer dans les nouveautés de ces dernières semaines. C'est donc vers des dramas plus courts, du câble sud-coréen, que m'ont emmené mes explorations. C'est ainsi que j'ai attéri devant Little Girl K, dont le pitch, assez atypique pour un k-drama, n'était pas sans m'évoquer certains parallèles avec des séries occidentales comme Nikita.

Diffusée du 27 août au 10 septembre 2011, sur la chaîne câblée CGV, cette série est très courte puisqu'elle comporte seulement trois épisodes d'environ 1 heure chacun. Ambitionnant de secouer le petit écran, elle investit le registre de l'action pure auquel se superpose des codes narratifs empruntés au thriller. Si le drama réussit sans doute par intermittence dans le divertissement d'action, il échoue cependant à acquérir une réelle solidité et épaisseur sur le fond.

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Cha Yeon Jin est une adolescente au caractère bien trempé qui n'a pas l'habitude de se laisser marcher sur les pieds. Son tempérament, auquel s'ajoutent d'indéniables qualités pour les différents arts de combat que sa mère lui a fait étudier dans sa jeunesse, lui attire souvent des ennuis. Elle vient même d'être expulsée de son lycée pour ces raisons. Sans père, vivant chez sa mère qui tient un modeste petit restaurant, elle mène malgré tout une vie heureuse et tranquille jusqu'au jour où tout va basculer...

Une nuit, la curiosité de Yeon Jin et de ses amis les amènent à perturber les affaires étranges de trafiquants qu'il aurait mieux fallu éviter. Non seulement Yeon Jin attire sur elle l'intérêt d'une organisation aussi puissante que létale, mais elle réveille aussi des éléments du passé de sa mère et de son origine, dont elle ignore tout, et qui vont faire exploser le confort de sa cellule familiale. Projetée dans un monde où le remord n'a pas d'emprise, Yeon Jin va survivre grâce à un désir de vengeance inébranlable.

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Little Girl K est une série très sombre, qui s'adresse prioritairement aux amateurs d'action et de combats sanguinolents. Efficace, la construction de l'intrigue ne laisse place à aucun temps mort. Si le premier épisode verse dans un relatif mélodrama un peu poussif pour poser les enjeux de l'histoire, la suite se révèle très dynamique et musclée. Empruntant les codes des fictions d'action pure, ne lésinant ni sur l'hémoglobine, ni sur les combats, le monde de cette série se révèle surtout très binaire : tuer ou être tué ; ami ou ennemi ; celui qui exécute les ordres et celui qui les donne.

Versant peu dans une nuance estimée superflue, repoussant au maximum les frontières de l'impitoyable, Little Girl K apparaît comme une oeuvre résolument désensibilisée, imperméable à toute notion de morale. La mort y est omniprésente, presque anecdotique. Et la mise en scène des confrontations démontre un goût certain pour la théâtralisation de duels entre deux protagonistes. On retrouve dans ce drama une influence manifeste des jeux vidéos, qui se ressent tant dans la manière de filmer (division de l'écran, caméra qui suit l'arme) que dans la construction de l'histoire.

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Divertissement d'action qui met les formes pour s'imposer dans ce registre, Little Girl K laisse pourtant un double sentiment d'inachevé. Paradoxalement, c'est tout d'abord le format court qui doit être mis à l'index : composée de seulement 3 épisodes, la série donne l'impression de ne faire qu'effleurer le potentiel d'une histoire qui reste inaboutie, comprenant trop de raccourcis, de facilités, de coïncidences, qui réduisent la portée du scénario. Certaines pistes, à peine explorées, sont déjà refermées. De manière générale, le drama souffre d'un manque d'homogénéité global : les passages de Yeon Jin au lycée restent par exemple des parenthèses trop déconnectées qui n'auront jamais vraiment justifiées leur présence, si ce n'est pour un artificiel emprunt à des codes plus classiques de high school drama .

Cependant, plus que le caractère minimaliste du scénario, le plus grand reproche que j'adresserais à la série est d'avoir fait le choix de complètement déshumaniser ses protagonistes. En dehors de quelques moments plus dramatiques qui tendent à un larmoyant trop appuyé, Little Girl K passe en effet complètement sous silence les légitimes conflits moraux que son histoire aurait pu légitimement engendrer. Yeon Jin se transforme en tueuse, portée par une haine indistincte qui lui fait exécuter sans discernement tous les ordres qui lui sont donnés. Laissant complètement de côté la psychologie de ses personnages, la série préfère privilégier une dynamique action/réaction plus primaire, efficace pour le thriller, mais peut-être un peu moins pour la cohésion du récit.

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Si elle sonne parfois un peu creux sur le fond, Little Girl K s'assure cependant une réalisation solide, globalement assez nerveuse, qui tente d'insuffler du rythme et réussit surtout les scènes d'action. Les combats disposent de chorégraphies plutôt correctes, le penchant pour le sabre des différents protagonistes permettant de renforcer le côté sanguinolent des affrontements, confirmant l'idée que ce drama mise bien plus sur la théâtralisation de son action que sur son histoire. En parfait écho, la bande-son se révèle aussi très rythmée : il y a une volonté d'entraîner et de dynamiser les scènes, en ne demandant au téléspectateur que de se laisser prendre au jeu.

Cependant, une autre des limites de Little Girl K réside dans son casting, qui oscille autour de performances moyennes manquant parfois de conviction. C'est le premier drama de Han Groo, par conséquent il est sans doute normal qu'elle doive trouver ses marques. Elle est plutôt convaincante en héroïne à poigne, évoluant surtout avec une certaine grâce énergique dans les combats. Mais son jeu, un peu monoexpressif, démontre toutes ses limites dès lors qu'il s'agit d'investir différentes palettes d'émotions. Son personnage concentre toute l'attention, laissant finalement peu d'exposition aux acteurs qui l'entourent, ces derniers peinant à se sortir des figures unidimensionnelles dans lesquelles le scénario les a enfermés. On retrouve notamment Kim Jung Tae, Park Hyo Joo, Baek Do Bin, Kim Roe Ha ou encore Jun Mi Sun.

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Bilan : Investissant sans retenue et parfois jusqu'à l'excès le registre du divertissement d'action pure, résolument sanguinolent, Little Girl K a le mérite de trancher dans le paysage télévisuel, le câble permettant d'aborder frontalement ces genres où la noirceur et la violence prédominent. Cependant la série peine à être plus qu'un exercice de style un peu vain : l'histoire s'efface trop souvent au profit des effets d'action, certes efficaces, mais qui ne peuvent occulter le sentiment d'inachevé qui prédomine sur le fond au bout de ces trois épisodes.

Une curiosité pas sans défaut, mais pas déplaisante, sans doute à réserver aux amateurs du genre.


NOTE : 4,75/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :