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24/03/2012

(Pilote SE) Kommissarie Winter (Les enquêtes du commissaire Winter) : une série policière humaine et visuellement superbe


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Arte est en train de me réapprendre à m'installer devant la télévision un soir de semaine. Et elle devient vraiment ma chaîne préférée : après Borgen, Whitechapel... ce jeudi soir marquait les débuts de Kommissarie Winter (Les Enquêtes du Commissaire Winter). A priori, les séries policières non feuilletonnantes ne sont pas ma tasse de thé, mais vous connaissez mes tendances un peu monomaniaques : de la même façon que le Danemark avait marqué mon année 2011, la Suède est la révélation 2012. Ma lune de miel sériephile suédoise est donc actuellement à son zénith. Et comme en plus, il semblerait que cette fin de mois soit dédiée au policier, puisque j'ai même craqué pour un cop show sud-coréen, c'était donc le moment où jamais d'apprécier Kommissarie Winter.

Cette série a été diffusée a été diffusée en Suède, sur SVT, en 2010. Ce n'est pas la première fois que les romans de Ake Edwardson sont portés à l'écran, puisqu'au début des années 2000, ils avaient déjà fait l'objet d'une série. Mais cette fois, c'est Magnus Krepper (déjà repéré ce mois-ci dans Bron/Broen) qui reprend le rôle du commissaire Erik Winter. La série comporte 8 épisodes, nous relatant en tout 4 affaires différentes (couvrant 2 épisodes), dont la première, Väneste Land, était diffusée ce jeudi. Pour en savoir plus, je vous conseille chaudement la lecture de l'interview du réalisateur, Trygve Allister Diesen, faite par LadyTeruki, lors d'un Scénaristes en Séries passé : elle a achevé d'aiguiser ma curiosité. Et au terme de la soirée, sans aller jusqu'à parler de coup de coeur, je dois dire que j'ai passé un bon moment devant mon petit écran !

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Kommissarie Winter se déroule dans la ville de Göteborg, une cité portuaire importante du sud-ouest de la Suède. La série se propose de nous faire suivre, couvrant à chaque fois deux épisodes, les enquêtes du commissaire Erik Winter et de son équipe. Ce policier instinctif, père de famille, ne manque généralement pas d'empathie envers les affaires, parfois très sordides et sanglantes, dont il a la charge, comme vont d'ailleurs très bien l'illustrer ces deux premiers épisodes.

Väneste Land s'ouvre sur la découverte de trois cadavres, aux visages massacrés ; employés abattus de nuit dans une petite supérette. L'affaire se transforme le lendemain en quadruple meurtre, lorsque la femme d'une des victimes est retrouvée égorgée chez elle. Leurs investigations obligent les policiers à intervenir dans un quartier sensible de l'agglomération, où la loi du silence semble régner, peu de personnes étant disposées à coopérer avec eux. Ecartant l'hypothèse d'un crime raciste, Erik Winter s'intéresse plus particulièrement à la communauté kurde. Autant que le ou les coupables, il cherche à comprendre quels motifs ont pu conduire à de tels crimes.

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Si la lecture du synopsis laissait entrevoir une série policière aux ingrédients très classiques, dès les premières minutes, le téléspectateur comprend que Kommissarie Winter ne va pas se contenter de ce seul matériau de base. L'ampleur du travail réalisé (notamment par le "concept director" mentionné dans l'interview de Trygve Allister Diesen) pour se contruire une identité propre au sein du genre policier se perçoit à tous les niveaux, aussi bien formels que dans la construction narrative de l'intrigue. Sur ce plan, si l'enquête est complexe, restant cependant toujours solide au-delà des fausses pistes, c'est la progression lente de l'histoire qui marque : les scénaristes prennent volontairement leur temps. 

Ce rythme peut dans un premier temps déstabiliser qui n'y est pas habitué, mais la série maîtrise parfaitement l'art des silences. Tous ces non-dits, ces plans parfois presque contemplatifs, apparaissent vite plus parlants, et surtout plus forts, que des discours précipités qui pointeraient des évidences. Car un des grands atouts de la série réside dans sa capacité à capturer l'ambiance du cadre dans lequel elle se déroule. C'est véritablement un récit dont le téléspectateur s'imprègne, se laissant immerger dans l'atmosphère patiemment construite, et dont chaque détail est travaillé. Presque paradoxalement, si tout tourne véritablement autour de l'enquête, la série renvoie l'impression que cette dernière n'est pas pour autant une fin en soi.   

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Dans cette perspective, une des forces de Kommissarie Winter va justement être que l'investigation n'y efface jamais l'humain. Loin du policier mécanique, c'est au contraire une série qui porte un intérêt sincère aux protagonistes qu'elle met en scène. Sur ce point, sans négliger les rôles secondaires, ni les témoins ou suspects de l'épisode, elle repose en grande partie sur les épaules de ce personnage assez fascinant qu'est Erik Winter. S'il ne manque pas de charisme, il n'en demeure pas moins toujours profondément humain. N'embrassant jamais le rôle du héros monolithique qui serait vite sans saveur, il conserve au contraire une forme d'ambivalence, une certaine faillibilité, qui permet au téléspectateur de s'attacher. 

L'inclinaison naturelle de Winter à mettre en avant un facteur humain, son intérêt obstiné pour comprendre tous les tenants et aboutissants, sa sensibilité instinctive aux passions et déchirements qu'il devine sous la surface, confèrent au personnage une épaisseur et une dimension appréciables. S'il apparaît logiquement désillusionné du fait de son métier, il ne peut rester indifférent à certaines situations ; s'il s'obstine à mener à bien son enquête jusqu'à mettre sa vie en danger, son vernis d'assurance peut brusquement se fissurer. Toutes ces ambiguïtés dévoilent ainsi un personnage très intéressant. A ce titre, l'insertion, tout au long des deux épisodes, de scènes durant lesquelles il lit un témoignage poignant, sans que l'on sache avant la fin précisément ce dont il s'agit, est parfaitement révélatrice du parti pris. Elle montre à la fois cette empathie qui rejaillit sur le téléspectateur, mais également la volonté de la fiction, en dépit de la noirceur de son histoire, de chérir une part d'humanité salvatrice.

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Le charme de Kommissarie Winter repose également beaucoup sur l'identité visuelle que la série se construit. Sur ce plan, la série est une bien belle réussite - que dis-je, une merveille ! Non seulement la photographie, travaillée et aux teintes claires et plutôt chaleureuses, est superbe, mais la caméra use d'une large palette d'effets pour construire l'ambiance et mettre en valeur les paysages suédois du côté de Göteborg. Un peu à la manière de Bron/Broen (je ne suis pas encore suffisamment familière du petit écran suédois, pour vous dire s'il s'agit d'une constante), la série s'approprie véritablement son cadre, exploite pleinement tous ses décors et nous offre quelques beaux plans en guise de transitions qui sont un vrai régal pour les yeux du téléspectateur. C'est le genre de fiction qui transmet une part du parfum du pays au sein duquel elle se déroule. De plus, la série bénéficie d'une bande-son également soignée, qui contribue à la tonalité d'ensemble, et s'ouvre sur un joli générique (cf. deuxième vidéo en bas du billet).

Enfin, si Kommissarie Winter fonctionne, elle le doit aussi à son interprète principal, Magnus Krepper. L'acteur avait déjà retenu mon attention dans un rôle très différent, et beaucoup plus inquiétant, dans Bron/Broen. Ici sa présence à l'écran, à la fois forte mais jamais dénuée d'une certaine ambivalence, sied parfaitement au personnage d'Erik Winter. Et si l'humanité du policier est une des caractéristiques qui marque le téléspectateur, c'est aussi parce que l'acteur est capable de laisser transparaître toutes les nuances contenues dans le scénario. A ses côtés, il est entouré par un casting homogène qui, s'il reste en retrait, trouve cependant aisément ses marques. Amanda Ooms incarne sa femme, tandis qu'au sein de la police, on retrouve Peter Andersson, Jens Hultén, Sharon Dyall, Viktor Trägårdh, Stig Engström ou encore Anna Åström

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Bilan : Série policière solide reposant sur un personnage principal assez fascinant, Kommissarie Winter se démarque et trouve sa place dans le genre des fictions d'enquêtes grâce à un soin particulier apporté à tous les niveaux. Sur le fond, sa narration volontairement lente, quasi-contemplative et privilégiant l'humain sans négliger le crime, tombe souvent juste, tandis que sur la forme, l'identité visuelle et esthétique de la série se révèle particulièrement réussie. Plus généralement, c'est une série qui surprend par sa capacité à créer une empathie avec le téléspectateur, misant beaucoup sur le ressenti de ce dernier pour le fidéliser. A découvrir. 


NOTE : 7,25/10


Une bande-annonce :

Le générique : 

Commentaires

C'est ton "visuellement superbe" qui m'a convaincue d'aller faire un tour sur le service replay d'arte. Et si je ne peux qu'être d'accord avec l'identité visuelle assez incroyable de cette série, j'avoue n'avoir pas été très intéressée. Bon, je pense devoir une grande partie de mon désintérêt à la VF, mais j'avoue n'avoir ressenti aucune sympathie, ni même aucune empathie avec qui que ce soit. Je vais essayer de regarder la suite jeudi soir prochain.

Écrit par : Saru | 25/03/2012

@ Saru : Il est possible que j'ai d'autant plus apprécié que je suis en phase monomaniaque suédoise, comme je le disais dans l'introduction ; mais visuellement, objectivement, la série est bluffante !
Pour ce qui est de la VF, je pense que la série repose beaucoup sur l'interprétation de Magnus Krepper, qui a une sacrée présence à l'écran, il est possible que cela soit plus perceptible en VO, je ne sais pas !
Après, cela reste une série policière assez contemplative, donc peut-être à s'apprécier dans les bonnes conditions.

Mais en série policière suédoise/danoise, si tu as l'occasion, celle que je te conseillerais en priorité, ce serait Bron/Broen ^^ (j'espère qu'elle arrivera jusqu'en France)

Écrit par : Livia | 25/03/2012

Oui, je crois vraiment qu'il faut que les conditions soient réunies. Là mon temps était compté, je ne pouvais regarder qu'entre 23h et 5h, ça n'était pas l'idéal. Je crois que rien ne vaut le DVD, j'ai bien noté Bron/Broen, j'espère qu'il arrivera par chez nous. Mais je crois avoir vu une édition étrangère disponible...

Écrit par : Saru | 29/03/2012

Sur Arte +7, la série n'est disponible qu'entre 23h et 5h du matin et en VF!!!

La chaîne voudrait décourager ses téléspectateurs de découvrir la série, pourtant achetée avec des fonds publics, qu'elle ne s'y prendrait pas autrement....

Le téléchargement illégal a encore de beaux jours devant lui...

Écrit par : Titania | 26/03/2012

@ Titania : Je me demande ce qu'il s'est passé. Surtout que tout était bien accessible vendredi, quand j'ai re-regardé des passages pour faire les screen-captures pour illustrer la critique. Et là, les vidéos sur le compte Youtube ont été retirées, et il y a cette restriction étonnante sur leur site officiel..

C'est la première fois que je vois ça sur Arte ; jamais eu de souci pour jeter un oeil aux épisodes de Borgen (certes en VF, mais accessibles sans souci à toute heure).

J'espère que ça ne va pas devenir une habitude. Etrange tout ça !

Écrit par : Livia | 27/03/2012

Testé aussi ! Première enquête fascinante surtout vu le quartier très fermé où personne ne parle, l'atmosphère pesante était palpable. Bien de voir Erik s'accrocher désespérément au moindre bout de détail qu'il croise et foncer tout droit malgré l'endroit où il se trouve.

Mais par contre je dois dire que la seconde enquête (épisode 3 et 4) est encore plus marquante au niveau du travail visuel et de l'implication personnelle du personnage principal, c'est là que j'ai eu mon vrai coup de coeur.

C'est un bonheur de découvrir toutes ces séries du nord sur Arte ça fait plaisir de voir cette chaîne continuer à sélectionner de bonnes productions.

Écrit par : mabo | 02/04/2012

@ Mabo : C'est une très bonne initiative de la part d'Arte d'investir ce créneau du petit écran européen, surtout pour des diffusions en prime-time ! :)
Personnellement, plus ça va, plus j'apprécie cette série. Son ambiance particulière, sa photographie, la façon dont fonctionne Erik Winter. Une fiction fortement marquée scandinave qui dépayse et marque (les épisodes sont quand même plutôt éprouvants !).

Écrit par : Livia | 07/04/2012

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