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31/01/2010

(K-Drama / Pilote) JeJoongWon : médecine, tradition et modernité dans une fin de XIXe siècle troublée


En ce dimanche consacré à mes explorations dans les contrées téléphagiques asiatiques, je vais vous parler d'une série qui constitue pour moi, de par l'originalité et le traitement de son sujet, une des très agréables surprises de cette rentrée hivernale : JeJoongWon. Diffusée depuis le 4 janvier 2010 sur SBS (Corée du Sud), elle devrait a priori compter 36 épisodes.

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A priori présenté comme un drama historique, JeJoongWon se révèle être bien plus que cela, mêlant médical et Histoire, en nous plongeant au coeur d'une période de profond bouleversement, celle de la fin du XIXe siècle. "JeJoongWon" renvoie au nom du premier hôpital moderne qui fut établi en Corée, par un missionnaire américain, en avril 1885. Il introduisit au pays du matin calme, la médecine occidentale ainsi que de nouvelles disciplines, telle la chirurgie, dans une société où les classes populaires avaient encore recours aux traditionnels shamans et aux exorcistes pour guérir certains malades. L'hôpital initia la formation d'une poignée de jeunes Coréens aux sciences médicales à partir de 1886.

Débutant en 1884, c'est la vie de plusieurs personnages qui vont fréquenter cet établissement que ce drama se propose de suivre. Ces différents protagonistes, provenant de milieux très divers, ont pour point commun de souhaiter apprendre les techniques occidentales de guérison. Parmi eux, figure Hwang Jung (Park Yong Woo) : issu d'un milieu pauvre,  fils d'un boucher, la maladie de sa mère va le conduire à s'intéresser à ce pan encore inconnu des sciences étrangères. A l'opposé, Baek Do Yang (Yeon Jung Hoon), de naissance noble, sera prêt à sacrifier son statut pour pouvoir apprendre cette nouvelle discipline. Tandis que la figure centrale féminine, Yoo Seok Ran (Han Hye Jin), a, elle, été élevée au contact de la culture occidentale par le biais de son père.

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Ce qui marque immédiatement dans ce premier épisode d'exposition, ce n'est pas tant les brefs aperçus de techniques de médecine "moderne" -offrant un double décalage historique et culturel au téléspectateur- que la confrontation sous-jacente et exacerbée entre tradition et modernité ; c'est l'éternel débat entre Anciens et Modernes. Cette thématique s'impose rapidement comme centrale, les histoires personnelles s'imbriquant en fait dans la dualité mise en scène, servant tant à expliquer qu'à souligner cette opposition. Car l'aspect médical prédominant du drama n'occulte pas le contexte particulièrement troublé de cette époque. Au contraire.

Le début de la série prend judicieusement le temps de bien exposer la situation ; de façon à ce que le téléspectateur comprenne quels sont les enjeux véritables posés par cette question, simple seulement en apparence, de la réception de la médecine moderne occidentale. En effet, sur fond de fortes tensions sociales et politiques, l'histoire se déroule dans les dernières années, difficiles, de la Corée du Choson (Joseon), alors écartelée par de profonds chocs culturels, entre le respect de ses traditions et la modernité des nouveaux modes de vie introduits par les étrangers. Le pays se fracture entre conservateurs, partisans d'une ligne dure intransigeante, et les tenants d'une certaine modernité qui délaissent peu à peu les anciens cloisonnements historiques de la société coréenne. De plus, à ces problèmes internes, s'ajoutent les luttes d'influences que se livrent, sur place, les puissances étrangères, à commencer par les pressions d"un Japon impérial de plus en plus pressant.

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Pour illustrer et humaniser ces bouleversements profonds, la série choisit de s'intéresser au destin de plusieurs personnages, dont la diversité des origines permet de souligner les changements en cours. Le pilote prend le temps d'exposer la situation de départ de chacun d'entre eux, permettant au téléspectateur de s'attacher rapidement aux trois figures principales.

La fascination de Hwang Jung pour la médecine s'explique par la maladie minant peu à peu sa mère. D'origine très modeste, fils de boucher dans une société où chacune des corporations professionnelles est encore régie de façon très stricte, il se retrouve coincé entre le poids des traditions et des codes que son père souhaite le voir perpétuer et la conscience de l'existence de nouvelles conceptions, apportant tant des techniques de guérison révolutionnaires qu'une vision très différente du monde qui l'entoure. Ces idées, sapant l'ordre établi, irriguent de plus en plus le pays, en dépit des mesures gouvernementales pour empêcher leur diffusion.

L'épisode regorge de nombreux parallèles symboliques permettant de souligner ces tensions. Au-delà des vêtements portés, entre costumes traditionnels et habits occidentaux, il propose également un contraste particulièrement marquant entre la mise à mort de la vache, ritualisée et empreinte d'une certaine forme de sacralité, par la corporation des bouchers et le banquet noble, tenu à la "mode occidentale", où des étrangers sont invités. Si Hwang Jun se démène pour fournir des médicaments à sa mère -son père faisant, lui, venir un shaman-, l'argent devient rapidement un obstacle insurmontable pour qui souhaite se voir prodiguer des soins modernes. En témoigne son passage dans l'hôpital japonais. Cela conduit le jeune homme sur des sentiers dangereux...

A l'opposé, Baek Do Yang est un jeune noble, fils d'un important dignitaire du régime. Il nourrit une véritable passion pour la science occidentale, n'hésitant pas à se procurer, pour les étudier, des livres d'anatomie humaine interdits. Un intérêt allant ouvertement à l'encontre de la volonté politique du gouvernement et pouvant apporter bien des ennuis, auxquels il échappe pour le moment en utilisant son rang et le nom de son père. Doté d'une soif d'apprendre jamais rassasiée, qui l'amène toujours plus loin dans ses explorations, sa situation d'équilibriste ne pourra probablement pas perdurer très longtemps...

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Le casting apparaît solide. J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Han Hye Jin, l'incontournable Sohsuhno de Jumong, en figure féminine centrale autour de laquelle s'esquisse déjà un triangle amoureux inévitable. Le personnage principal, Hwang Jung, fils de boucher initialement enfermé sous le poids de la rigidité sociale, est joué par Park Yong Woo (Terms of Endearment). Enfin, Yun Jung Hoom (East of Eden) incarne Baek Do Yang, un jeune noble, prêt à rompre avec les traditions de son statut, pour se consacrer à l'apprentissage de la médecine occidentale. Pour le moment, qu'il s'agisse du casting principal ou des acteurs secondaires, parmi lesquels on croise plusieurs têtes familières, telles Won Ki Joon (le prince Young Po dans Jumong), tous apparaissent convaincants.

Sur la forme, JeJoongWon se présente comme une série très classique. La reconstitution historique est soignée, tant concernant les décors que les costumes, servie par une réalisation appliquée. De ce point de vue-là, le drama n'offre pas d'innovation particulière, s'inscrivant dans la lignée des séries de ce genre. La bande-son ne m'a, pour le moment, pas marqué. A la différence, par exemple, de l'autre drama historique du moment, Chuno (Slave Hunters), JeJoongWon apparaît avant tout privilégier le fond ; ce qui est tout autant appréciable, si la solidité du scénario, entrevue dans ce premier épisode, se confirme par la suite.

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Bilan : Drama médical historique, JeJoongWoo mélange de façon originale et très intéressante les genres. Il nous offre une plongée dans une période troublée de la Corée, une époque de transition où la société est alors traversée par de violentes tensions et oppositions entre tradition et modernité. Cette thématique générale va servir de toile de fond à une série évoquant la médecine du XIXe siècle, en suivant l'apprentissage de plusieurs protagonistes au parcours très différent. Captant aisément l'attention du téléspectateur curieux, le pilote de JeJoongWoo pose efficacement les bases d'une fiction originale, intrigante et instructive à suivre.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce :

29/01/2010

(Comparaisons en séries) Chocs culturels : séries et nudité, des orgies aux petits nuages...


Parce que la comparaison des petits écrans téléphagiques peut être une source d'études souvent drôles, pour un téléspectateur témoin des pratiques opposées les plus extrêmes, pourquoi ne pas vous relater les plus cocasses anecdotes de mes aventures en terres sériephiles ?

Vous savez qu'en apprentie téléphage travaillant le caractère éclectique de ses goûts, j'aime à regarder des séries télévisées de toute provenance. Suivant cette voie d'exploration, on se trouve parfois confronté à des clashs de culture téléphagique pouvant remettre en cause bien des préconceptions. Décalés ou exaspérants, ces "chocs culturels" ne laissent pas indifférents.

Comme je sais que tout le monde n'a pas le temps de s'offrir de telle ballade, laissez-moi vous faire le récit de quelques contrastes télévisuels. 


En guise d'inauguration, je vais vous parler d'un sujet "porteur", à la problématique plus universelle (ou presque) que racoleuse : le rapport du petit écran à la nudité. Logiquement, le traitement varie énormément suivant la chaîne de diffusion, le public ciblé... ou encore la nationalité de la série. Si je laisserai de côté l'extrême chasteté traditionnelle des dramas japonais, mes voyages sériephiles m'ont conduit, ce mois-ci, à observer les positions les plus diamétralement opposées. Si bien que la comparaison entre plusieurs séries m'a semblé trop marquante (et rigolote) pour que je ne la partage pas avec vous.

Jugez par vous-même...

D'une part, je vous présente Spartacus : Blood & Sand ; une série que l'on pourrait aisément rebaptiser Spartacus : Blood & Sex. Toujours prompte à souligner la grande libéralité des moeurs romaines, la télévision américaine câblée avait déjà quelques antécédents en la matière. Il faut dire que les reconstitutions historiques de certaines époques s'y prêtent facilement. Mais, en l'espèce, le pilote de la série en oublie d'ailleurs son scénario... Là n'est cependant pas l'enjeu de ce billet.
Pour illustrer mon propos, voici une screen-capture (esthétique) issue du premier épisode :

Lien direct (Site de screen-captures)


D'autre part, la tendance inverse peut être illustrée par deux autres séries. Deux fictions coréennes, qui - Ciel ! - laissent entrevoir des bouts de peau dénudée, voire dont les scenarii impliquent (théoriquement ?) des moments de nudité complète, suffisamment provocateurs pour potentiellement déstabiliser le téléspectateur. Si, d'habitude, il est plus facile de contourner la difficulté en écartant ce type de scènes, la libéralisation moderne des moeurs (le simple visionnage de Chuno prouve bien qu'un certain cap a été franchi dans cette série de ce point de vue-là) amène les scénaristes à faire de savants compromis. Dans cette zone grise aux contours fluctuants, tout repose alors sur les épaules des responsables des images (réalisateurs et autres intervenants a posteriori) qui, confrontés à cet inextricable dilemme, ne manquent jamais de ressources. Ils sont même très forts... pour déboucher sur des situations plutôt étranges, vu d'un regard extérieur.

Tout d'abord, prouvant une fois de plus que l'enfer est pavé de bonnes intentions, pensez que, par leurs techniques, ils parviennent à rendre quasiment suggestive une scène qui, a priori, ne l'était pas plus que ça...

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(Chuno (Slave Hunters) (2010), Episode 7)

... en réussissant à flouter la poitrine d'une demoiselle qui est pourtant bel et bien habillée d'un haut blanc (cf. dessous le floutage)...


Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines. Des scénaristes retors les confrontent parfois à des situations encore plus tendancieuses. Il faut alors savoir faire preuve d'un véritable esprit d'initiative. Reconnaissons leur, une fois encore, une inventivité particulièrement louable, qui conduit à des résultats visuels quelque peu inattendus... Voyez vous-même :

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(You're Beautiful (2009), Episode 3)

... le chaste reflet dans le miroir, capturé par la caméra, prouvant d'ailleurs toute l'inutilité de ces ravissants petits nuages... puisqu'il  n'y a même pas ici de nudité proprement dite !

 

Ainsi, pour résumer : nous avons, d'un côté, l'instrumentalisation gratuite d'une nudité exposée sans tabou ; de l'autre, l'utilisation de stratagèmes inventifs, et finalement suggestifs, afin de dissimuler une nudité... inexistante...


J'aime ces chocs culturels téléphagiques. On ne s'ennuie jamais en voyageant dans le petit écran (même s'il est parfois difficile d'en conserver son sérieux) !

27/01/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 3

Ce troisième épisode de Being Human permet à la série de continuer d'explorer les grandes thématiques de la saison, notamment sa portée morale, tout en faisant progresser chacun des personnages. Cependant, sa construction souffre d'un déséquilibre entre les deux grandes storylines du jour, qui laisse une impression un peu mitigée malgré tout, en dépit de l'esquisse de certains éléments très intéressants. L'épisode se divise, en effet, en deux histoires, la première apparaît quelque peu anecdotique, tandis que la seconde sera génératrice de nouveaux dilemmes pour notre trio, et plus particulièrement pour Mitchell.

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Aux côtés des développements vampiriques, Annie et George se voient offrir une forme de parenthèse, avec une storyline traitée sur un ton très léger, pouvant quelque peu dérouter le téléspectateur. Annie étant redevenue invisible au commun des mortels, elle a dû abandonner Hugh et son bar. Elle décide cependant de jouer les bons samaritains et de parvenir à le faire renouer avec une ancienne petite amie qui fut l'amour de sa vie. Dans cette optique, elle entraîne dans ses plans un George déprimé, qui végète à la maison. Cette histoire bénéficie d'une étrange tonalité de comédie romantique, dont le contraste, trop marqué avec l'atmosphère sombre de la série, perturbe un peu.

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Il est assez surprenant de constater qu'Annie ne s'est pas laissée décourager par son cruel retour en arrière. En dépit de son invisibilité, de sa perte de rapports avec le reste du monde, elle continue d'aller de l'avant, avec un entrain étonnant. Son humeur depuis le début de la saison me semble excessivement dynamique au vu de sa condition ; mais cela peut aussi être interprété comme un mécanisme psychologique de défense, une forme de fuite en avant afin d'éviter une confrontation désagréable avec ses peurs existentielles légitimes. De plus, cela permet en l'espèce d'éviter un naufrage généralisé dans l'auto-apitoiement, George étant englué dans sa phase post-rupture, depuis le départ de Nina. Ce sauvetage de la vie amoureuse du gentil Hugh offre, en fin de compte, une parenthèse de transition pour ce duo, donnant l'occasion aux scénaristes d'apporter une touche d'humour, dans un épisode qui, centré sur les sanguinolents problèmes vampiriques de Mitchell, en aurait difficilement trouvé autrement.

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Après deux épisodes mettant en avant l'univers des loup-garous, ce troisième se concentre donc sur les vampires, en explorant toujours plus en avant les conséquences de la mort d'Herrick et le progressif chaos qui s'installe. La communauté qu'il régissait se délite peu à peu, s'attaque non plus à des marginaux mais à des citoyens bien intégrés... et accentue chaque jour la menace d'être exposée. Mitchell, à l'hôpital, assiste en témoin impuissant à cette dérive. Finalement incapable de rester en retrait, alors qu'il craint une exposition publique des vampires, constatant que personne d'autre ne semble prêt à prendre ses responsabilités, le voilà qui, peu à peu, se glisse dans les bottes d'Herrick. Initialement, il s'efforce de restaurer le système, utilisant notamment le chef policier, plus que content de collaborer une fois un significatif pot-de-vin reçu. Mais, au fil de l'épisode, les actions de Mitchell prennent un tour plus sombres : plus que jamais, la fin justifie les moyens. Le sens des priorités du vampire évolue dangereusement.

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A partir du moment où le sauvetage de la communauté vampirique est devenu son objectif premier, les autres considérations s'effacent. Sacrifier un pion ou un principe au nom de l'intérêt collectif, du fameux "bien commun", semble se justifier... Une fois Mitchell pris dans l'engrenage, il s'enfonce toujours plus loin sur une voie très ambivalente. Nous sommes ici à nouveau confrontés à une des problématiques majeures de la saison : la question morale. La semaine passée, il s'agissait de la première marche, aider un meurtrier en raison d'une forme de solidarité surnaturelle, afin de se protéger. Désormais, les actions de Mitchell prennent un tour toujours plus discutable. Si bien qu'à la fin de l'épisode, le téléspectateur peut légitimement se demander si le vampire n'a pas déjà franchi le Rubicon.

Cette dérive morale offre un ressort scénaristique très intéressant, qui permet d'occulter un peu le fait que son intronisation en tant que "roi" ne m'a pas paru pleinement crédible, au vu de ce que l'on sait du personnage et même si ce sont les circonstances qui l'y ont conduit. L'idéal d'humanité initial n'est plus qu'un lointain souvenir. Il n'est même plus le principal enjeu. Certes, Mitchell souhaiterait à terme amener les vampires à suivre son propre style de vie ; mais, pour le moment, ce à quoi nous assistons, c'est à son propre glissement dans le leur.

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En parallèle, l'intrigue avec l'organisation fondamentaliste secrète est laissée un peu en retrait, même si la caméra nous la rappelle constamment en insistant sur la présence du micro dans le salon de la collocation. Pourtant, en une seule scène, en conclusion, l'épisode remet en perspective un certain nombre d'évènements de ce début de saison. Nina les a bien rejoint, probablement dans l'espoir que la promesse de la "guérir" soit vraie : ils ont besoin de loup-garous pour poursuivre leurs expériences mortelles dont nous avons déjà été témoins. La dangerosité de l'organisation apparaît soudain plus concrète pour nos amis ; la confrontation se rapproche à grand pas.

D'autant que le twist final achève d'indiquer à quel point l'ensemble de la saison va être tournée vers cet affrontement. Being Human nous a habitué à l'utilisation de "toutéliés" scénaristiques, bien calibrés, mais prenant rarement au dépourvu le téléspectateur : la révélation de l'identité du docteur Jaggart en est un. Les références religieuses de la jeune femme tout au long de l'épisode, tout comme son intérêt aigu pour le surnaturel, mettaient inconsciemment en garde ; finalement, tout s'emboîte en ne laissant pas la place au hasard. Ainsi, le love interest potentiel de Mitchell ne sera pas une simple redite de l'histoire de George et Nina. Cela ouvre de nouvelles perspectives très intéressantes, même si j'ai du mal à comprendre cette forme d'infiltration par une responsable de l'organisation, alors qu'ils ont les moyens de surveiller les faits et gestes du trio.

Cette implication de la docteur dans cette grande intrigue tendrait aussi à prouver que, les coïncidences n'existant pas, il est probable que le couple de vampires, introduit en début de saison, ait également un rôle à jouer dans les évènements qui vont avoir lieu en ville, l'affrontement apparaissant de plus en plus inéluctable.

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Bilan : S'il marque une petite baisse de régime après l'excellent épisode précédent, l'histoire continue de progresser efficacement et sans temps mort, posant d'intéressantes bases pour la suite. Ma principale réserve provient de la storyline de transition offerte à George et Annie, tandis que l'intrigue vampirique poursuit un développement intriguant : cette parenthèse plus légère ne s'insère pas de manière pleinement convaincante dans l'ambiance globale de ce début de saison et peine à trouver une crédibilité. Cependant, l'apport d'ensemble de l'épisode offre de belles promesses, confirmées par la bande-annonce du prochain épisode.


NOTE : 7/10

25/01/2010

(Mini-série US) Band of Brothers (Frères d'armes) : le chef-d'oeuvre de l'enfer de Bastogne



Depuis le début du mois, j'ai entamé avec un ami le revisionnage de Band of Brothers (parce qu'il est bon aussi de prendre le temps de revoir ses classiques et, sur un plan plus technique, pour tester le coffret Blu-Ray sur grand écran). Si je vous en parle, c'est que, ce samedi soir, nous sommes arrivés avec la Easy Company à Bastogne (Episode 6).

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Or, si les épisodes magistraux ne manquent pas dans ce chef-d'oeuvre de HBO, si plusieurs sortent vraiment du lot et marquent le téléspectateur, après toutes ces années, ce qui me revenait toujours en mémoire lorsque l'on me parlait de Band of Brothers, c'était l'image de cet enfer blanc. Ces scènes dans la neige, sous les sapins illuminés par les projectiles, aux journées rythmées par les obus de mortier faisant voler terre et chair humaine.

Revoir cet épisode m'a fait réaliser, à nouveau, pourquoi il était resté graver aussi vivement dans ma mémoire. Car Bastogne est mon épisode favori. Un des plus éprouvants également. Mais il demeure pour moi le symbole, l'étendard, de Band of Brothers. Une fois le visionnage effectué, incapable d'en détacher totalement mes pensées, j'ai repensé aux raisons pour lesquelles il était
capable de me toucher aussi profondément.

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Il s'agit incontestablement d'un des épisodes les plus aboutis de la mini-série, un pivôt incontournable au cours duquel elle acquiert une dimension supplémentaire, allant au-delà du seul simple récit, superbement écrit et réalisé, sur la Seconde Guerre Mondiale. Cela est sans doute dû en grande partie à l'angle de narration décidé par les scénaristes. Le siège de Bastogne reste un des hauts faits d'armes de la Easy Company. Pourtant, ils choisirent de nous relater ces évènements par le biais d'une option scénaristique intéressante et originale : nous immerger dans cet enfer hivernal à travers un personnage jusqu'à présent très secondaire, un des infirmiers de l'unité, Eugene Roe. Figure souvent anonyme, le rôle du medic, rarement mis en lumière dans les fictions de guerre, demeure pourtant sûrement l'un des plus difficiles à mener à bien, comme en témoignent les actions du jeune soldat tout au long de l'épisode.

Tandis que l'hiver glacial s'est abattu sur les forêts de Bastogne, les soldats s'efforcent de sécuriser une ligne de front fluctuante et percée, où le brouillard et la neige égarent facilement ceux qui n'y prennent pas garde. La compagnie est coupée des forces alliées, encerclée, ne bénéficiant que de rares largages, rendus difficiles par les conditions météorologiques extrêmes. Les journées défilent avec la même routine meurtrière. Les soldats, enterrés dans des trous individuels creusés dans la terre, surveillent le camp ennemi. Ils ne sont distraits du froid mordant que par la brève reprise immuable des hostilités, qu'il s'agisse d'une pluie d'obus de mortier s'abattant sur eux comme la plus cruelle des loteries, ou d'une patrouille partie évaluer la ligne de front.

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L'épisode s'attache à relater ces évènements du point de vue d'Eugene Roe. Dès le début, c'est à travers lui que la situation nous est présentée et que le téléspectateur découvre et prend conscience de l'enfer blanc dans lequel la compagnie est plongée. Les premières minutes sont ainsi l'occasion de visiter l'ensemble des soldats de l'unité, disséminés dans les bois, à quelques centaines de mètres des lignes allemandes, en suivant la quête entêtée et quasi-obsessionnelle de Roe pour réussir à mettre la main sur une dose de morphine ou une paire de ciseaux. Si les infirmiers ne sont pas des héros combattants, ils sont des héros du quotidien, en réussissant simplement à faire leur job en dépit des circonstances. Leur rôle, leurs préoccupations divergent de celles du reste des soldats, mais leur mission nécessite une implication de tous les instants tout aussi exténuante. Accourir dès que quelqu'un réclame une aide médicale, apporter les premiers soins au milieu du champ de bataille, sans tenir compte des balles et obus qui volent toujours autour d'eux, être le témoin constant du pire aspect de la guerre, de cette boucherie sanglante, qu'il s'agisse de constater les dégâts irréversibles faits par les obus ou d'assister aux derniers moments de camarades de régiment... Tout cela ne peut que miner même le plus cloisonné des hommes.

Progressivement, au fil de l'épisode, Roe se perd dans ces horreurs qui remplissent son quotidien. Fonctionner par automatisme, se concentrer uniquement sur les autres sans prendre le temps de soucier de soi... Cela ne tient qu'un temps. Pour sauver sa santé mentale et continuer à faire ce qui est attendu de lui, la futilité de ses efforts ne les rend pas moins appréciables. Il essaye vainement de se détacher émotionnellement d'individus dont certains mourront dans ses bras. Il s'impose une prise de distance nécessaire avec le reste de l'unité, préférant rester à l'écart lors des repas ou s'entêtant à appeler les soldats par leur nom, évitant la connotation plus personnelle du surnom. Rester extérieur. Pour survivre. Pour ne pas se laisser entraîner dans ce tourbillon létal, où la réalité devient peu à peu floue et où tous les repères se désagrègent. Comme un symbole, nous voyons le jeune infirmier se raccrocher désespérément à son chapelet en récitant ses prières, serrant ce dernier lien de façon pourtant presque futile, la seule certitude qui demeure encore.

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Tandis qu'en toile de fond, la bataille fait rage, le téléspectateur est le témoin privilégié de cette lutte intime et continuelle dont il pressent l'inutilité. Les évènements ont en effet raison des efforts de Roe. Les quelques touches d'humanité qu'il avait trouvées à l'arrière, au village de Bastogne, auprès d'une jeune infirmière, Renée, sont balayées par un bombardement allemand. Cette scène offre un contraste bouleversant au téléspectateur : la beauté d'une réalisation pyrotechnique somptueuse se superpose au drame qui se joue, derrière les ruines de ces bâtiments éventrés. L'anéantissement de cette petite bulle émotionnelle qu'il avait eu l'imprudence de créer achève de briser les dernières barrières du jeune homme, sur lequel l'accumulation des drames finit par l'emporter, tandis que, en cette veille de Noël, aucune trêve n'interrompt ce rituel meurtrier impitoyable.

Si Bastogne parvient à me toucher si profondément, c'est qu'au milieu des têtes connues des autres soldats, il est aisé de s'identifier à ce nouveau venu sur le devant de la scène. Le téléspectateur devient, pour une bataille, l'observateur de l'observateur, ayant grâce à lui une vue d'ensemble d'une situation désespérée. La tragédie de la guerre n'en est que plus pesante, nous faisant non seulement assister aux morts, mais aussi à la façon dont elles affectent les survivants. Le temps d'un épisode, en nous offrant sa perspective personnelle, Eugene Roe s'impose comme une figure entre deux, comme un lien entre le téléspectateur et les soldats. Tout  en parvenant avec justesse et subtilité à retranscrire, de manière authentique, l'état d'esprit global de la compagnie, confrontée à ces heures parmi les plus sombres de son existence, l'épisode est également une forme d'hommage à ces infirmiers de l'ombre, anonymes intervenant a posteriori, lorsque la situation individuelle de tel ou tel soldat a déjà basculé. Une double finalité enrichissante qui confère une portée particulière à cette grande heure de télévision.

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Bilan : Peut-être est-ce très subjectif, un ressenti avant tout personnel, mais vingt-quatre heures après avoir revu cet épisode, ses images défilent encore dans ma tête. C'est ce qui m'amène d'ailleurs à rédiger ce billet comme une forme d'exutoire, pour essayer vainement de formuler sur le papier, de matérialiser en quelques mots, ce tourbillon émotionnel indescriptible que Bastogne parvient à faire naître en moi.

Je ne suis pas certaine d'être parvenue à vous expliquer rationnellement l'unicité de cet épisode. Mais, plus sobrement, je me contenterai de conclure que, parmi les moments magiques du sériephile, Bastogne demeure, pour moi, une expérience téléphagique à part, qui a sa place dans mon panthéon télévisuel.

NOTE : 10/10

24/01/2010

(K-Drama / Pilote) Pasta : destins croisés culinaires et romantiques


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Dans le cadre de ce dimanche asiatique, poursuivons la découverte des nouvelles séries sud-coréennes de ce mois de janvier 2010. (Pas de bilan global cette semaine, car je n'ai eu le temps de finir aucun nouveau drama. Il faut dire que, dernièrement, je me suis attaquée aux grandes fresques historiques et à leurs dizaines et dizaines d'épisodes ; même en regardant des dramas plus courts à côté, j'ai logiquement moins de temps à leur consacrer. Ne m'en veuillez pas, parce que je prends bien trop de plaisir devant ces grands dramas historiques et dévore actuellement, avec beaucoup de délice, Jumong.)

Cependant, je reste évidemment fidèle au rendez-vous du dimanche, et souhaite vous faire partager ma passion "pilotovore". Ainsi donc, en cette rentrée hivernale, après le mitigé God of Study et l'enthousiasmant Chuno (dont je vous ai parlé, exceptionnellement, en semaine), laissez-moi vous présenter Pasta, une série jouant a priori sur une thématique de comédie romantique ultra-classique, mais dont le résultat se trouve être pourtant étonamment rafraîchissant.

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Pasta se déroule dans les cuisines d'un restaurant italien réputé, La Sfera. Seo Yoo Kyung (Gong Hyo Jin) rêve de devenir un chef cuisinier spécialisé dans la cuisine italienne ("A Pasta chef"). Persévérante, la jeune femme a passé les trois dernières années à s'occuper des tâches d'appoint, au rang le plus bas de l'équipe préparant les repas de La Sfera. Cependant, elle vient d'être promue comme assistante et devrait pouvoir -enfin- réellement cuisiner, s'occupant elle-aussi des commandes des clients. Seulement, au vu des difficultés financières et d'une réputation culinaire qui se flétrit peu à peu, le chef cuisinier est débarqué par les dirigeants du restaurant, qui embauchent, pour le remplacer, quelqu'un de plus jeune, aux prétentions salariales moindres, Choi Hyun Wook (Lee Sun Gyun). Arrogant, sûr de lui et un brin misogyne, ce dernier entend remodeler son staff suivant ses conceptions de la cuisine. Il utilise, pour cela, des techniques de management très critiquables, ponctuées de colères mémorables. Si bien qu'il va rapidement bouleverser la routine des autres employés. Cela va-t-il marquer la fin des rêves de Seo Yoo Kyung ?

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Ce synopsis confirme bien que les coulisses des cuisines des restaurants demeurent un cadre sûr pour concevoir la base d'un certain nombre de dramas asiatiques, même si, pour ma part, je n'ai encore jamais eu l'occasion de regarder les Bambino (j-drama de 2007, évoquant également la cuisine italienne) et autres Gourmet (k-drama de 2008). Pour ma première incursion dans les milieux culinaires, Pasta propose a priori un grand classique de la comédie romantique, typiquement coréenne en bien des points.

Dans cette optique, le pilote répond parfaitement à ce que le téléspectateur pouvait attendre a priori d'une telle fiction. Aucune surprise scénaristique, ni prise de risque, mais une installation efficace de l'univers du drama, avec une ambiance qui s'inscrit parfaitement dans le créneau visé. L'entrée en scène de chaque personnage est bien calibrée ; les différents protagonistes se voient immédiatement attribuer un rôle clairement identifié. D'une part, il y a l'héroïne, droite, travailleuse, aspirant à réaliser son rêve, et, d'autre part, le supérieur, colérique et arrogant. Dès le départ d'ailleurs, la série prend les devants sur l'imagination du téléspectateur, esquissant la potentialité d'une relation amoureuse entre ces deux opposés, en organisant une première rencontre improbable autour du sauvetage de poissons rouges. En parallèle, les deux autres personnages principaux, plus secondaires, restent pour le moment en retrait, pour permettre d'être en priorité bien familiarisé avec ce duo majeur à l'intérêt scénaristique plus marqué, étant à l'évidence le plus explosif et volatile.

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Tout dénué d'originalité que ce drama paraisse, pour autant, Pasta surprend agréablement. En effet, il règne dans ce pilote une forme de dynamisme contagieuse, en un sens très rafraîchissant, qui happe le téléspectateur sans que ce dernier en ait pleinement conscience. L'épisode est rythmé, prête plusieurs fois à sourire. Sans que l'on s'attache déjà aux personnages, aucune inimitié ne naît : c'est plutôt bien pensé d'avoir d'abord introduit le nouveau chef de façon informelle, pour souligner dès le départ le fait que c'est un personnage à multi-facettes, permettant d'éviter d'aliéner le téléspectateur lorsque son côté le plus tyrannique ressort avec force. L'exploitation du concept se révèle donc divertissante et plutôt bien inspirée.

De plus, le casting est a priori sympathique. Gong Hyo Jin (Hello my teacher, Thank you) y joue l'aspirante souhaitant devenir chef cuisinier. Lee Sun Gyun (The 1st Shop of Coffee Prince, Triple) lui donne la réplique, servant de vis-à-vis, parfait en tyran des fourneaux, effrayant ses employés. Pour compléter ce duo, on retrouve la belle Lee Ha Nui (aka Honey Lee) (Partner) qui incarne une présentatrice d'émissions culinaires télévisées. Le quatuor est complété par Alex (Finding Love), client habituel qui a ses entrées à La Sfera.

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Bilan : Dotée d'un concept de départ on ne peut plus classique, comédie romantique sur fond de confrontations en cuisine, je n'attendais a priori pas grand chose de Pasta. Pourtant, j'ai été surprise de l'ambiance rafraîchissante qui y est immédiatement instaurée. Emporté par ce dynamisme contagieux, le téléspectateur se laisse prendre au jeu sans s'en rendre compte. Si bien qu'au final, Pasta s'impose comme un divertissement loin d'être désagréable, qui se suit facilement et un peu sans conséquence.
Sans marquer, ni révolutionner son genre, cette série pourrait permettre de passer quelques heures sympathiques si elle concrétise ce que le potentiel que ces premiers épisodes laissent entrevoir.


NOTE : 6,5/10


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