27/01/2010
(UK) Being Human : series 2, episode 3
Ce troisième épisode de Being Human permet à la série de continuer d'explorer les grandes thématiques de la saison, notamment sa portée morale, tout en faisant progresser chacun des personnages. Cependant, sa construction souffre d'un déséquilibre entre les deux grandes storylines du jour, qui laisse une impression un peu mitigée malgré tout, en dépit de l'esquisse de certains éléments très intéressants. L'épisode se divise, en effet, en deux histoires, la première apparaît quelque peu anecdotique, tandis que la seconde sera génératrice de nouveaux dilemmes pour notre trio, et plus particulièrement pour Mitchell.
Aux côtés des développements vampiriques, Annie et George se voient offrir une forme de parenthèse, avec une storyline traitée sur un ton très léger, pouvant quelque peu dérouter le téléspectateur. Annie étant redevenue invisible au commun des mortels, elle a dû abandonner Hugh et son bar. Elle décide cependant de jouer les bons samaritains et de parvenir à le faire renouer avec une ancienne petite amie qui fut l'amour de sa vie. Dans cette optique, elle entraîne dans ses plans un George déprimé, qui végète à la maison. Cette histoire bénéficie d'une étrange tonalité de comédie romantique, dont le contraste, trop marqué avec l'atmosphère sombre de la série, perturbe un peu.
Il est assez surprenant de constater qu'Annie ne s'est pas laissée décourager par son cruel retour en arrière. En dépit de son invisibilité, de sa perte de rapports avec le reste du monde, elle continue d'aller de l'avant, avec un entrain étonnant. Son humeur depuis le début de la saison me semble excessivement dynamique au vu de sa condition ; mais cela peut aussi être interprété comme un mécanisme psychologique de défense, une forme de fuite en avant afin d'éviter une confrontation désagréable avec ses peurs existentielles légitimes. De plus, cela permet en l'espèce d'éviter un naufrage généralisé dans l'auto-apitoiement, George étant englué dans sa phase post-rupture, depuis le départ de Nina. Ce sauvetage de la vie amoureuse du gentil Hugh offre, en fin de compte, une parenthèse de transition pour ce duo, donnant l'occasion aux scénaristes d'apporter une touche d'humour, dans un épisode qui, centré sur les sanguinolents problèmes vampiriques de Mitchell, en aurait difficilement trouvé autrement.
Après deux épisodes mettant en avant l'univers des loup-garous, ce troisième se concentre donc sur les vampires, en explorant toujours plus en avant les conséquences de la mort d'Herrick et le progressif chaos qui s'installe. La communauté qu'il régissait se délite peu à peu, s'attaque non plus à des marginaux mais à des citoyens bien intégrés... et accentue chaque jour la menace d'être exposée. Mitchell, à l'hôpital, assiste en témoin impuissant à cette dérive. Finalement incapable de rester en retrait, alors qu'il craint une exposition publique des vampires, constatant que personne d'autre ne semble prêt à prendre ses responsabilités, le voilà qui, peu à peu, se glisse dans les bottes d'Herrick. Initialement, il s'efforce de restaurer le système, utilisant notamment le chef policier, plus que content de collaborer une fois un significatif pot-de-vin reçu. Mais, au fil de l'épisode, les actions de Mitchell prennent un tour plus sombres : plus que jamais, la fin justifie les moyens. Le sens des priorités du vampire évolue dangereusement.
A partir du moment où le sauvetage de la communauté vampirique est devenu son objectif premier, les autres considérations s'effacent. Sacrifier un pion ou un principe au nom de l'intérêt collectif, du fameux "bien commun", semble se justifier... Une fois Mitchell pris dans l'engrenage, il s'enfonce toujours plus loin sur une voie très ambivalente. Nous sommes ici à nouveau confrontés à une des problématiques majeures de la saison : la question morale. La semaine passée, il s'agissait de la première marche, aider un meurtrier en raison d'une forme de solidarité surnaturelle, afin de se protéger. Désormais, les actions de Mitchell prennent un tour toujours plus discutable. Si bien qu'à la fin de l'épisode, le téléspectateur peut légitimement se demander si le vampire n'a pas déjà franchi le Rubicon.
Cette dérive morale offre un ressort scénaristique très intéressant, qui permet d'occulter un peu le fait que son intronisation en tant que "roi" ne m'a pas paru pleinement crédible, au vu de ce que l'on sait du personnage et même si ce sont les circonstances qui l'y ont conduit. L'idéal d'humanité initial n'est plus qu'un lointain souvenir. Il n'est même plus le principal enjeu. Certes, Mitchell souhaiterait à terme amener les vampires à suivre son propre style de vie ; mais, pour le moment, ce à quoi nous assistons, c'est à son propre glissement dans le leur.
En parallèle, l'intrigue avec l'organisation fondamentaliste secrète est laissée un peu en retrait, même si la caméra nous la rappelle constamment en insistant sur la présence du micro dans le salon de la collocation. Pourtant, en une seule scène, en conclusion, l'épisode remet en perspective un certain nombre d'évènements de ce début de saison. Nina les a bien rejoint, probablement dans l'espoir que la promesse de la "guérir" soit vraie : ils ont besoin de loup-garous pour poursuivre leurs expériences mortelles dont nous avons déjà été témoins. La dangerosité de l'organisation apparaît soudain plus concrète pour nos amis ; la confrontation se rapproche à grand pas.
D'autant que le twist final achève d'indiquer à quel point l'ensemble de la saison va être tournée vers cet affrontement. Being Human nous a habitué à l'utilisation de "toutéliés" scénaristiques, bien calibrés, mais prenant rarement au dépourvu le téléspectateur : la révélation de l'identité du docteur Jaggart en est un. Les références religieuses de la jeune femme tout au long de l'épisode, tout comme son intérêt aigu pour le surnaturel, mettaient inconsciemment en garde ; finalement, tout s'emboîte en ne laissant pas la place au hasard. Ainsi, le love interest potentiel de Mitchell ne sera pas une simple redite de l'histoire de George et Nina. Cela ouvre de nouvelles perspectives très intéressantes, même si j'ai du mal à comprendre cette forme d'infiltration par une responsable de l'organisation, alors qu'ils ont les moyens de surveiller les faits et gestes du trio.
Cette implication de la docteur dans cette grande intrigue tendrait aussi à prouver que, les coïncidences n'existant pas, il est probable que le couple de vampires, introduit en début de saison, ait également un rôle à jouer dans les évènements qui vont avoir lieu en ville, l'affrontement apparaissant de plus en plus inéluctable.
Bilan : S'il marque une petite baisse de régime après l'excellent épisode précédent, l'histoire continue de progresser efficacement et sans temps mort, posant d'intéressantes bases pour la suite. Ma principale réserve provient de la storyline de transition offerte à George et Annie, tandis que l'intrigue vampirique poursuit un développement intriguant : cette parenthèse plus légère ne s'insère pas de manière pleinement convaincante dans l'ambiance globale de ce début de saison et peine à trouver une crédibilité. Cependant, l'apport d'ensemble de l'épisode offre de belles promesses, confirmées par la bande-annonce du prochain épisode.
NOTE : 7/10
08:12 Publié dans Being Human | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : being human, bbc, lenora crichlow, aidan turner, russel tovey | Facebook |
Commentaires
la petite histoire d'Annie et George était bien sympathique est contrebalance un peu la noirceur du monde vampirique.un épisode agréable mais pas mémorable.
Écrit par : cybellah | 21/06/2010
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