Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/04/2010

(K-Drama / Pilote) Cinderella's Sister : artifices et complexités au sein d'une famille recomposée


cinderellaposter.jpg

Diffusée depuis le 31 mars 2010 sur KBS2, Cinderella's Sister est, parmi les nouveautés sud-coréennes de ce printemps 2010, le premier k-drama dont le pilote remplit efficacement son office, c'est-à-dire que sans me faire crier au chef d'oeuvre, il m'a donné envie de découvrir la suite. Même si je n'ai pas encore jeté un oeil à toutes les nouvelles séries qui ont fleuri sur les chaînes sud-coréennes en ce printemps, je ne serais pas loin de penser que Cinderella's Sister peut être considérée comme l'une des plus prometteuses de la saison.

Certes, il convient de nuancer ce premier jugement : cette introduction peut être trompeuse, car, elle a une fonction de pure exposition, l'épisode nous en apprenant finalement relativement peu sur l'évolution future de la série et sur l'orientation que prendront les storylines. Cependant, il installe une situation de départ à l'atmosphère loin d'être manichéenne et plutôt accrocheuse, où un froid pragmatisme teinté de cynisme et dénué de tout artifice se dispute à la ré-écriture moderne de l'utopie d'un conte de fée, pour un résultat à dimension très humaine.

cinderella1.jpg

Comme le titre du drama l'indique, Cinderella's Sister s'inscrit en référence à une histoire bien connue, celle de Cendrillon. La série entend se réapproprier, de façon assez lointaine et moderne, le mythe de ce conte de fées, en choisissant d'évoquer l'histoire d'une famille recomposée, et plus précisément de suivre la vie de deux jeunes filles, devenues soeurs en raison du rapprochement de leurs parents.

Le premier épisode propose de suivre l'installation de cette situation. Il ne donne pas vraiment de pistes sur le futur développement des intrigues, mais permet d'introduire les différents personnages, dotés de personnalités plutôt tranchées, et nous familiarise avec les enjeux qui entourent ces deux familles qui vont s'unir. Le rôle du hasard et la magie de la coïncidence, particulièrement appréciés des scénaristes des dramas asiatiques, jouent pleinement leur rôle pour nous offrir une suite d'évènements qui va conduire à une rencontre imprévue autant qu'improbable, que rien n'aurait pu laisser présager, mais qui va bouleverser le quotidien de chacun des protagonistes. Une nouvelle fois, nous est proposée une exploitation de la thématique du contraste entre des milieux sociaux presque opposés. Mais cet emprunt au conte de fées moderne, affectionné par nombre de dramas et qui n'a rien d'original, n'est pourtant pas central dans ce pilote : il va parvenir à se distinguer par un aspect plus humain et personnel, avec en filigrane le poids du passé de chacun, dictant leurs comportements présents.

cinderella3.jpg

En effet, ce qui m'a le plus interpelé dans ce premier épisode de Cinderella's Sister, c'est le fait qu'elle présente un récit de vie très humain et fort peu aseptisé, plutôt tranchant dans le paysage téléphagique actuellement proposé en ce printemps 2010. La scène d'ouverture est de ce point de vue très révélatrice : elle s'ouvre chez le compagnon actuel de la mère, Song Kang Sook. Tandis que le couple se dispute en arrière-plan, Song Eun Jo prépare à manger à son "frère" du moment, comme si de rien n'était. Les cris montent, l'intensité se change en danger et, au moment où les coups commencent à voler, comme une goutte d'eau qui fait déborder un vase plus que plein, Eun Jo intervient et décide que "trop c'est trop" et qu'il est temps de changer d'air, entraînant sa mère avec elle.

Il est difficile pour le téléspectateur de ne pas instinctivement s'attacher et s'intéresser à cette héroïne qui fait preuve d'un sens de l'initiative et d'un caractère qui s'impose immédiatement à l'écran : derrière son naturel méfiant et presque sauvage, on devine une adolescente qui a dû trop rapidement grandir et qui, ballotée au gré des errances masculines de sa mère, a dû avoir son lot d'expériences qui vous font perdre toute innocence et vous changent en adulte avant même que vous n'ayez goûté à votre enfance. L'utilisation, avec une parcimonie opportune, d'une voix off afin de nous faire partager les réflexions désabusées de la jeune fille à quelques passage clés, comme lorsqu'elle envisage d'abandonner sa mère dans le train, est particulièrement bien pensée ; absolument pas envahissante, cela permet de souligner et de mieux comprendre ce personnage complexe qui nous est présenté.

cinderella4.jpg

Dans la droite lignée de cet aspect qui souligne une part assez sombre de la nature humaine, force est de constater que ce qui domine ce pilote, ce n'est pas tant l'impression d'une appartenance à la mouvance du conte de fées, mais plutôt un certain pragmatisme, teinté de cynisme, qui paraît gouverner l'ensemble des actions des personnages.

Certes, dans la famille riche - le père, entrepreneur à succès et sa fille -, il y a une plus forte propension aux bons sentiments, auxquels demeure rattachée une forme d'insouciance. Mais les drames de la vie ont également laissé leur trace, avec le décès de la figure féminine et maternelle. A la tristesse suscitée par la perte d'une épouse, d'une mère, a succédé ce besoin de la remplacer, de retrouver une présence réconfortante à leur côté ; et ce, même si cette substitution doit avoir une part d'artifice. La nécessité de retrouver quelqu'un conduit à une forme de déni de réalité. Il est aisé de céder à la facilité, en rencontrant finalement une femme qui renvoie l'image tant recherchée et qui pourrait s'immiscer dans le rôle qu'ils souhaiteraient la voir remplir : offrir un remplacement et apaiser leur chagrin. Peu importe qu'il y aient des arrières-pensées de part et d'autre ; que tout cela puisse paraître précipité. Le pragmatisme l'emporte.

cinderella7.jpg

Si ces mécanismes de survie agissent de façon plus inconsciente dans la famille riche, jouant de manière assez implicite sans que le téléspectateur puisse vraiment distinguer entre la part de calcul et les sentiments spontanés, dans l'autre famille, la volonté de s'en sortir est plus clairement affichée. Il faut dire que l'enjeu n'est pas ici cantonné uniquement à de l'émotionnel. Dans ce drame ponctué d'épreuves que constitue la vie, la fin justifie les moyens. La manipulation, plus ou moins instinctive, est alors élevée au rang d'outil nécessaire dont on ne peut faire l'économie. L'attitude de la mère dans la belle maison, à partir du moment où elle apprend que le chef de famille est veuf, est à ce titre particulièrement révélatrice ; tout comme les réactions épidermiques de sa fille, tellement endurcie qu'elle est bien incapable d'envisager un environnement qui ne soit pas hostile.

Pourtant, il semble y avoir un point commun entre tous ces personnages : un désir de continuer à avancer en dépit des traces laissées par une vie déjà pleine de désillusions. Avec des personnages naviguant entre fausse quête en vue d'une hypothétique rédemption et essai hésitant pour parvenir à faire la paix avec soi-même et avec un passé qui dicte chacune de leurs attitudes présentes, le pilote de Cinderella's Sister laisse entrevoir des pistes de réflexion qui confèrent une dimension profondément humaine à la série.

cinderella8.jpg

Côté casting, l'héroïne est jouée avec beaucoup de fraîcheur et un dynamisme bien dosé par Moon Geun Young, croisée l'an dernier dans The Painter of the Wind. C'est surtout elle qui se détache au cours de ce pilote, marqué par de violentes confrontations avec sa mère interprétée par Lee Mi Sook (Great Inheritance). Kim Gab Soo continue d'étaler son don d'ubiquité pour incarner la figure paternelle ; rien que depuis le début de l'année 2010, vous avez pu le croiser dans le petit écran sud-coréen dans pas moins de trois dramas historiques : Chuno, Jejoongwon et Merchant Kim Man Deok. See Woo (Tempted Again) incarne sa fille, affichant pour le moment une innocence émotionnelle presque déstabilisante tant elle est excessive. Du côté des rôles masculins principaux, seul Chun Jung Myun (What's Up Fox?) est introduit dans ce pilote, personnage encore en retrait, un brin effacé. Taecyeon (plus connu des amateurs de Kpop, en tant que membre du groupe 2PM) devrait débarquer par la suite pour son premier drama.

cinderella6.jpg

Bilan : Ré-écriture d'un conte dont elle égare la féérie pour en garder un portrait cynique, finalement très moderne, Cinderella's Sister propose un pilote prometteur, à l'écriture plutôt tranchante. S'il est trop tôt pour savoir de quoi le futur de la série sera fait, ce premier épisode réussit à capter l'attention du téléspectateur qui, tout en s'interrogeant sur la pérennité de cette famille promptement recomposée, se demande si les blessures de la vie que chacun arbore déjà jusqu'au plus profond de son être pourront guérir. La portée profondément humain de ce premier épisode dévoile un potentiel dramatique, mais aussi initiatique, intéressant. A suivre !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :

14/03/2010

(K-Drama / Pilote) The Birth of The Rich : le monde des riches héritiers


birthoftherich.jpg

L'approche du printemps va amorcer le premier renouvellement des programmes du petit écran coréen et l'arrivée de plusieurs nouveautés récemment débarquées ou à venir. Parmi celles qui ont pris leurs quartiers depuis le début de ce mois de mars en Corée du Sud, on retrouve des dramas aux thématiques assez diverses, mais qui restent en terrain très connu. J'avoue que, pour le moment, rien ne m'a vraiment convaincu parmi les deux que j'ai testés. D'une part, il y a le kitsh d'action très marqué 80s', adaptation d'un manhwa à voir au second degré, avec A Man Called God, d'autre part, la comédie romantique avec en toile de fond l'univers fantasmé des sphères les plus riches du pays, The Birth of The Rich. C'est de cette dernière, qui a débuté le 1er mars 2010 sur KBS2, dont je vais vous parler en ce dimanche asiatique.

birthoftherich8.jpg

Placée sous le signe de l'ascension sociale, The Birth of The Rich met en scène un héros aux rêves matérialistes déjà très tôt ancrés dans son esprit : il est persuadé d'être le fils d'une riche famille et raconte, dès son plus jeune âge, comment sa mère croisa un jour la route du président d'un Chaebol (ensemble industriel familial d'entreprises très diverses) et en fut séparé par le hasard et les circonstances, sans que ce dernier soit informé du fait que, de la nuit qu'ils avaient passé ensemble, allait naître un enfant. Seulement, sa mère resta également dans l'ignorance de l'identité de celui qui fut, le temps de quelques heures, son amant.

Profondément marqué par cette histoire fondatrice, en dépit de sa condition très modeste, Ji Hyun Woo s'est mis en tête de retrouver ce père biologique mystérieux. Le seul lien qu'il conserve est une médaille, cadeau précipité d'au revoir fait à sa mère. Pour découvrir qui il est, le jeune homme choisit de côtoyer les individus les plus fortunés du pays en travaillant dans un hôtel de luxe. Souhaitant rapidement quitter la condition sociale qu'il occupe actuellement, il étudie en parallèle le monde des affaires, de loin, avec ses moyens, cachant mal sa fascination pour ce milieu.

Son quotidien à l'hôtel va être quelque peu bouleversé par l'arrivée de Lee Bo Young, l'héritière caractérielle et intransigeante d'une riche famille, qui veut s'imposer dans ce monde de businessmen très masculin. Avec des habitudes très atypiques pour une personne ayant plus d'argent qu'elle ne peut en dépenser, sa rencontre avec Ji Hyun Woo va instantanément faire des étincelles et se changer en confrontation.

birthoftherich2.jpg

En posant dès le départ les certitudes animant son héros imperturbable, The Birth of the Rich brasse, de la plus classique des manières, de grandes thématiques traditionnelles des séries coréennes. Avec en toile de fond les hasards de la vie et ses coïncidences uniques, ce drama se positionne dans la droite ligne de ces histoires récurrentes de destinée que, par une attitude active, le personnage principal souhaite aider à s'accomplir. Oeuvrant souvent à la limite de l'arrogance presque insolente, Ji Hyun Woo manoeuvre et se donne tous les moyens, sans compromission, en vue d'atteindre l'objectif qu'il s'est fixé. La fascination ainsi mise en scène pour les hautes sphères des affaires et les riches palaces est également un décor assez connu, rejouant les gammes classiques des dynamiques d'opposition entre héritiers et parvenus, travailleurs et opportunistes.

Dotée de protagonistes ayant chacun un fort caractère, la série s'amuse évidemment des oppositions et des confrontations inévitables qui vont en résulter. Mais elle ne parvient pas à se départir de l'impression tenace d'un déroulement trop convenu et balisé. Les clashs prêtent à sourire, cependant ils sont construits d'une façon sans doute excessivement artificielle, ce qui donne parfois le sentiment d'assister à des passages un peu forcés, manquant de relief et de spontanéité. A la différence d'autres comédies romantiques proposées cette année (Pasta, The Woman Who Still Wants To Marry), tirant avec dextérité leur épingle du jeu, en misant sur une authenticité rafraîchissante et des personnages attachants dans lesquels on peut s'identifier, The Birth of the Rich reste pour le moment en retrait. Avec ses protagonistes assez froids et ses ressorts scénaristiques sans surprise, elle se révèle trop timorée ou péchant peut-être par manque d'ambition.

birthoftherich3.jpg

Si le pilote se révèle assez plat sur le fond, avec un déroulement trop prévisible dans lequel il manque une petite touche de personnalité qui permettrait à The Birth of The Rich de s'imposer en tant que telle, le casting se montre pour le moment, également, assez banal et plutôt effacé ; même si ce drama marque quand même quelques retours au petit écran après plusieurs années d'absence pour deux de ses acteurs.

Ji Hyun Woo, vu l'an dernier dans la comédie Invicible Lee Pyung Kang, incarne avec une certaine sobriété ce jeune homme qui s'imagine héritier d'un Chaebol, persuadé d'être appelé à connaître un destin fortuné. Il fait le travail, mais sans plus pour le moment. Son pendant féminin, Lee Bo Young (Queen of the Game, qui date de 2007), héritière atypique et intransigeante, parvient plus efficacement à mettre en avant la force de caractère de son personnage. Les deux acteurs n'ont eu que quelques scènes ensemble, dans ce pilote, et il est trop tôt pour affirmer que l'alchimie prendra entre ces deux-là.

Pour compléter le casting principal, nous retrouvons Nam Goong Min (lui aussi de retour après une longue période sans drama, son dernier, datant de 2006, était One fine day), en héritier puissant, homme d'affaires déjà très impliqué dans le monde de la finance. Sa brève apparition ne permet pas de juger le personnage, si ce n'est qu'il correspond a priori au stéréotype parfait, à l'image que l'on peut se faire d'un second rôle masculin dans une série coréenne romantique. Enfin, Lee Si Young (croisée l'an dernier dans Loving you a thousand times) complète ce quatuor.

birthoftherich6.jpg

Bilan : The Birth of The Rich nous offre un premier épisode assez convenu, qui déroule sur un rythme régulier sans vraiment interpelé, ni retenir l'attention du téléspectateur. Si tout est bien huilé, le drama cherche encore sa tonalité et une identité. La dynamique entre les personnages principaux se présente comme une énième déclinaison de confrontations entre opposés, mais aucun ne s'impose vraiment à l'écran, conservant une certaine froideur qui empêche tout attachement ou identification.
En somme, voici un pilote qui ronronne doucement, se suit sans trop de difficulté, mais peine à aiguiser la curiosité du téléspectateur pour l'intéresser à la suite. Je ne pense pas continuer la découverte.


NOTE : 4/10


La bande-annonce :

21/01/2010

(K-Drama / Pilote) Chuno (Slave Hunters) : ou pourquoi ne pas perdre son temps devant Spartacus


Continuons dans l'exploration des nouvelles séries de ce mois de janvier 2010.

Si je vous parle, esclave, révolte, complots contre le pouvoir... A quelle série votre esprit téléphagique pense-t-il immédiatement ? A la sanglante Spartacus : Blood and Sand, dont la diffusion débutera le 22 janvier sur la chaîne câblée américaine Starz ? Eh bien, perdu. Souvenez-vous que je suis d'un naturel bienveillant. Je ne vais pas vous infliger des notes inutiles, en remuant le couteau dans la plaie, pour vous redire combien Spartacus : Blood and Sand, c'est nul (oui, il faudrait nuancer, mais je serai partisane aujourd'hui). Si j'étais conservatrice, je pourrais opter pour la facilité en vous conseillant tout simplement de vous replonger dans Rome, afin d'étancher votre soif d'Antiquité. Mais comme je suis une blogueuse pleine d'attention envers ses lecteurs, je vais faire mieux que ça : je vais vous parler d'une autre série traitant d'esclaves et de révoltes, dont la diffusion a débuté, avec succès (cf. Chuno breaks 30% in its second week), le 6 janvier 2010, sur KBS2 ; et qui, elle, mérite que vous consacriez quelques minutes de votre temps à lire son billet !

Je prends donc mon bâton de pèlerin téléphagique (interprétez cela comme un acte de militantisme sériephile) et vais vous parler de Chuno, a.k.a Slave Hunters (ou encore Pursuing Servants), qui est incontestablement la série sud-coréenne du moment.

chunoposter1.jpg

Chuno est un drama historique. Cependant il ne s'agit pas simplement d'une série d'intrigues de cour, comme certaines fictions de ce genre peuvent l'être : elle a en effet lieu la majeure partie du temps en extérieur, en nous plongeant dans les plus basses couches de la société de l'époque, auprès des esclaves.

L'histoire se déroule au XVIIe siècle, au temps de la Corée du Choson (Joseon). Elle débute en 1636, après la seconde invasion Mandchoue. Un tyran gouverne alors le pays, ayant écarté la famille régnante légitime par de multiples assassinats. Seul un prince en a réchappé et a été envoyé en exil, dans une ville loin du pouvoir. La population souffre. Elle a dû en grande partie lourdement s'endetter pour pouvoir assurer sa survie, et nombreux sont les habitants que cette situation a réduit en esclavage.

Dans cette époque troublée, Dae Gil, fils d'une famille noble ruinée, a survécu à la déchéance sociale en devenant un chasseur réputé d'esclaves en fuite. Il a constitué toute une bande autour de lui et il poursuit inlassablement une quête qui semble vouée à l'échec : retrouver une jeune femme qu'il a jadis aimée, qui était une domestique de sa famille, Un Nyun. Sa route va croiser celle de Tae Ha, un ancien garde royal, devenu esclave, suite à une injuste accusation d'un crime qu'il n'a pas commis. Il est depuis cantonné aux plus basses besognes, rattaché au travail dans les écuries. Or, Tae Ha s'enfuit un jour ; Dae Gil va se lancer à sa poursuite. Tandis que Un Nyun, sous une nouvelle identité, réapparaît. Dans le même temps, les gouvernants souhaitent en finir une fois pour toute avec le dernier survivant de l'ancienne famille régnante.

chunoposter2.jpg

Chuno (Slave Hunters) était sans conteste la nouveauté dont j'attendais le plus en cette rentrée de janvier en Corée du Sud. En plus de présenter un synopsis de départ, plein de potentiel, servi par un casting prometteur, les bandes-annonces laissaient entrevoir une fiction très aboutie visuellement. Et c'est avec plaisir que je vous confie que ces premiers épisodes ont été à la hauteur des promesses esquissées au cours des dernières semaines.

La première chose qui frappe le téléspectateur qui découvre Chuno, ce sont ses images. Optant pour un angle réaliste en terme de retranscription des scènes les plus violentes, elles ont à l'évidence été très travaillées. La réalisation est particulièrement soignée ; ce qui donne finalement un esthétique d'ensemble très beau. Parfois même, peut-être un peu trop, tant on ressent que le réalisateur et les monteurs se sont manifestement fait plaisir, de façon à mettre en valeur chaque action et, plus généralement, chacun des personnages. Certains ralentis lors des scènes de combat étaient peut-être dispensables ; mais il reste que, globalement, le rendu visuel est impressionnant. Cela dénote un angle résolument moderne qui fait ainsi passer les dramas historiques dans une autre dimension. Au final, le téléspectateur se voit donc offert  une série très aboutie sur un plan formel et technique, agréable à regarder sur un bel écran.

chuno5.jpg

Sur le fond, l'histoire se met peu à peu en place, sans temps morts. Le premier épisode s'avère efficace et offre ce que l'on attend d'une première exposition : il distille quelques informations intrigantes au compte-goutte, tout en posant la situation de départ à partir de laquelle le drama va évoluer. Cela fonctionne, l'ambiance prend bien et l'intérêt du téléspectateur n'est jamais pris en défaut, dans cet épisode tendu, concentrant déjà drames personnels poignants et petites parenthèses plus légères. A priori, nous retrouvons des thématiques classiques, d'injustices à réparer, de vengeance, d'amours perdus, le tout saupoudré d'un soupçon de politique et d'intrigues.

S'il est trop tôt pour évaluer si le récit s'avèrera convaincant sur le long terme, il délivre en tout cas plein de réelles promesses qui incitent à l'optimisme. Tous les ingrédients sont présents pour que cela réussisse ; et le coktail prend dès le départ. A noter aussi que la reconstitution de la société coréenne de l'époque est particulièrement bien faite ; on ressent vraiment, tant l'extrême rigidité des classes sociales, que l'intense détresse qui émane de la majeure partie de la population. Ma seule réserve, dans la construction des storylines, résiderait plutôt dans la technique choisie pour nous narrer le passé des personnages principaux : l'utilisation des flash-backs. J'aurais tendance à préférer que les scénaristes y consacrent un premier épisode, pour tout introduire, plutôt que de faire des aller-retours parfois un peu confus. Mais cela reste un point de détail.

chuno7.jpg

Par ailleurs, un autre atout incontournable de cet élégant drama réside dans son casting. On retrouve en effet à l'affiche des noms connus très attrayants, qui ne laissent pas indifférents les amateurs de k-dramas : Jang Hyuk (Tazza), qui incarne Dae Gil, le fils de noble devenu chasseur d'esclaves ; Oh Ji Ho (Fantasy Couple, Queen of Housewives), qui joue, lui, l'ancien soldat du roi devenu esclave ; et enfin, au coeur d'une distribution très masculine, la belle Lee Da Hae (My Girl, East of Eden) est l'ancienne servante de Dae Gil. Une galerie d'acteurs donc a priori très solide, qui s'impose  d'ailleurs sans difficulté dès le premier épisode.

Enfin, dernier détail qui finalise l'ambiance de la série : sa bande-son se révèle agréable, sachant efficacement mettre en valeur les actions ou les scènes qu'elle entend souligner. L'atmosphère ainsi créée, grâce à ces musiques, donne une force et une fluidité supplémentaires au récit.

chuno6.jpg

Bilan :
Chuno (Slave Hunters) propose donc un début des plus convaincants, j'irai même jusqu'à le qualifier d'enthousiasmant !
Sur un plan formel et esthétique, ce drama apparaît vraiment très travaillé, ce qui est particulièrement agréable pour l'oeil du téléspectateur. Il est parfois même peut-être un peu trop "beau", au vu de l'histoire et du milieu social dans lequel il se déroule. Mais, pour le moment, on y prend surtout beaucoup de plaisir, car, sur le fond, la série s'installe efficacement. L'histoire se met progressivement en place, captant rapidement l'intérêt du téléspectateur, tout en promettant beaucoup pour la suite.
Une série donc à découvrir pour tout amateur de dramas asiatiques !


NOTE : 7,5/10

 

Je reviendrai dresser un bilan d'ensemble dans quelques mois, une fois la diffusion de la série achevée. En attendant, toi, téléphage occidental, si jamais tu tiens absolument à suivre une aventure historique, épique et (probablement) tragique, d'esclaves, de révoltes et de complots, pourquoi ne pas essayer Chuno plutôt que de perdre ton temps devant Spartacus : Blood and Sand ?



Les bande-annonces :


18/01/2010

(K-Drama / Pilote) God of study (Master of study) / Dragon Zakura : de l'art des adaptations

J'ai profité du week-end pour jouer les "pilotovores" et découvrir les nouvelles séries de la rentrée hivernale en Corée. J'ai donc beaucoup de sujets asiatiques d'écriture en attente. Si bien que le choix est le suivant : soit je publie plusieurs notes dans le cadre du "dimanche asiatique", soit je prends quelques libertés avec le planning et destine ces tests de pilotes à être évoqués en semaine, les jours où mon boulot m'aurait de toute façon empêché de poster un billet. Comme il est toujours plus agréable pour un blog d'avoir une activité quotidienne, j'ai décidé d'opter pour la seconde solution : ces notes ne se substituent donc pas aux séries occidentales, mais elles viennent colmater des "jours sans". Cela étant dit, je vais commencer par vous parler du pilote qui m'a le moins enthousiasmé des trois.
(En espérant que ces quelques tests coréens intéressent quelques lecteurs parmi vous ; je fais confiance à votre téléphagie éclectique !)

masterofstudy1.jpg

Parmi les différents nouveaux dramas de la rentrée sud-coréenne de ce mois de janvier 2010, on trouve une série qui renvoie à une pratique assez courante : celle de l'adaptation. C'est-à-dire la déclinaison de fictions, originellement créées dans un pays, pour la télévision des autres pays asiatiques. Cela est souvent lié au succès du manga originel. Ainsi, Hana Yori Dango, manga très populaire, a-t-elle eu d'abord une version taiwanaise en 2001-2002 (Meteor Garden), puis une série live éponyme dans son pays d'origine, le Japon, enfin, l'année dernière, une adaptation coréenne, Boys Before Flowers. Le phénomène ne se cantonne pas seulement à une exportation japonaise vers l'étranger, l'inverse est aussi vrai. Ainsi Maou est un remake japonais du drama coréen à succès, The Devil (Ma Wang). Au milieu de toute cette consanguinité scénaristique, reste cependant que chaque pays adapte la même histoire, avec les spécificités de ses propres productions télévisées.

Ainsi est-ce le cas en cette rentrée hivernale pour God of Study (Master of study). Très concrètement, il s'agit de la version coréenne d'un school drama japonais "classique", datant de 2005, Dragon Zakura (adaptation d'un manga éponyme, publié en 2003). La première particularité sud-coréenne va évidemment se traduire dans le format. En fait, là où les japonais sont capables de raconter une histoire en 11 épisodes de 45 minutes environ ; il faudra aux coréens au minimum 16 épisodes d'1 heure chacun pour dire la même chose. (Même remarque pour l'exemple cité plus haut, si on compare The Devil (20 épisodes d'1 heure) et Maou (11 épisodes de 45 minutes).) Quiconque a l'habitude des k-dramas connaît leur capacité unique à allonger leurs histoires, parfois de façon très réussie, mais parfois aussi au-delà du raisonnable.

Dragon-Zakura.jpg

Dragon Zakura racontait le parcours du combattant de lycéens, issus du plus mauvais lycée de Tokyo, Ryuuzan (baptisé le lycée des cancres), pour réussir à intégrer l'Université de Todai, la plus réputée du Japon. Au bord de la faillite, l'établissement reçoit en début d'année la visite d'un avocat, Sakuragi Kenji, qui va se mettre en tête de réaliser ce challenge et se changer en enseignant atypique. Divertissement pas déplaisant à suivre, sans pour autant apporter beaucoup de sang neuf au genre des school drama, cette série valait surtout le déplacement pour la performance, dans le rôle principal, de l'excellent Abe Hiroshi, en professeur aux méthodes énergiques pas toujours conventionnelles, prêt à tout pour que ses étudiants réussissent. Parmi les élèves, on retrouvait aussi d'autres têtes connues, notamment Yamashita Tomohisa (Yamapi).

masterofstudy2.jpg

God of Study se réapproprie donc le concept. Kang Suk Ho, avocat à la jeunesse troublée, se retrouve un jour chargé de la mission de préparer l'éventuelle fermeture administrative du lycée Byungmoon, lieu d'enseignement à la mauvaise réputation justifiée, où végètent tous les mauvais élèves des environs, entre désintérêt profond pour les études et apprentie délinquance. Apprenant à quel sort ce terrain est destiné si le lycée ferme, Kang Suk Ho décide d'essayer de sauver cette école. Pour cela, il a une idée : parvenir à faire entrer plusieurs lycéens dans la plus prestigieuse université du pays, Chun Ha, afin de reporter l'échéance, en prouvant la relative efficacité du lycée. Voici donc le défi que l'avocat-enseignant va se charger de relever de façon très énergique, embarquant de gré ou de force une poignée d'étudiants perplexes dans son sillage.

gos1.jpg

Le premier épisode sert avant tout à installer la situation et à présenter les différents protagonistes. Il y réussit de façon moyennement convaincante. Tout d'abord parce qu'il prend excessivement son temps pour mettre en route l'histoire, s'appliquant -peut-être trop- à poser chaque personnage, sans qu'il se passe grand chose. Cela s'étire un peu en longueur. Mais nombre de séries coréennes démarrent lentement. Cet aspect-là n'est pas le plus dérangeant, car, une fois l'histoire mise sur les bons rails, un rythme de croisière devrait rapidement être atteint. Cela devrait donc rester anecdotique.

Cependant, mon second souci est plus problématique : au cours de ce pilote, je ne suis pas parvenue à accrocher à la figure, pourtant centrale et déterminante, que constitue Kang Suk Ho. Certes, il agit en avocat atypique ; mais ce personnage ne parvient pas pour le moment à imposer une présence incontournable à l'écran. Décidé et dynamique, mais privé de cette impression fondamentale d'emporter tout sur son passage, qui n'est qu'esquissée timidement. Cela me semble lié à la performance de l'acteur, Kim Soo Ro, qui délivre une prestation honnête, mais à laquelle il manque la capacité d'exprimer la force inébranlable qui anime son personnage. Car, oui, je l'avoue : même en y mettant beaucoup de bonne volonté, mon esprit n'a pu s'empêcher d'établir des comparaisons avec Dragon Zakura. Et concernant sa figure de proue, God of Study se situe en retrait pour le moment.

gos3.jpg

En revanche, du côté des élèves, futurs membres de la classe préparatoire spéciale mise en place, la galerie de portraits très diversifiés qui nous est proposée incite plutôt à l'optimisme. Nous avons là un ensemble de lycéens, potentiellement assez attachants, avec, chacun, des soucis plus ou moins graves. L'enjeu va être d'impliquer le téléspectateur dans leurs vies personnelles, voire de le toucher émotionnellement, de façon à l'intéresser aux destinées de cette bande disparate, composée de personalités très différentes : certaines pleines de bonne volonté mais avec d'importantes difficultés, d'autres plutôt apprentis rebelles qui ont trop à penser pour se préoccuper de l'école. Parvenir à motiver et unir ces divers personnages va constituer à lui seul un challenge important, à commencer par réussir à gérer celui qui s'impose déjà comme le leader forte-tête, Hwang Baek Hyun (interprété par Yoo Seung Ho, croisé dans Queen Seon Duk en 2009). Et ce, avant même de songer à essayer de les envoyer à Chun Ha. Tous les acteurs se glissent chacun relativement bien dans ces rôles d'adolescents.

gos2.jpg

Bilan : Doté d'une histoire classique, God of Study, fable moralisatrice et énergique sur le travail scolaire, devrait sans doute plaire aux amateurs de school dramas. Ou encore à ceux qu'une version live de Dragon Zakura attire, sans qu'ils aient encore pris le temps de regarder la version japonaise jusqu'à présent, et qui ont une préférence pour les séries coréennes.
Cependant, en ce qui me concerne, le school drama n'étant plus trop ma tasse de thé, et ayant déjà vu l'original japonais, je ne pense pas aller plus loin que ce premier épisode, ma curiosité étant amplement satisfaite et n'ayant trouvé aucun motif m'incitant à dépasser ce pilote.


NOTE : 4,5/10

 

La bande-annonce de God of Study :

03/01/2010

(K-Drama) IRIS : plongeon au coeur d'une vaste conspiration


irisposter.jpg

En ce premier *dimanche asiatique* de 2010, nous allons clôturer un kdrama pour lequel je vous avais promis un bilan global il y a quelques semaines. Je vous avais parlé à l'époque des débuts d'une intrigante série d'action et d'espionnage, qui a fait d'excellentes audiences lors de sa diffusion en Corée du Sud cet automne. J'étais assez enthousiaste de découvrir une série coréenne qui, sur la forme comme sur le fond, faisait entrer la production télévisée dans une autre dimension, notamment en raison d'un très important budget. Pour vous remettre à l'esprit tout cela, ma note de fin novembre : IRIS : jeux mortels d'espions.

Depuis, j'ai donc poursuivi ma découverte de cette série qui s'est achevée en décembre 2009 (il existe des rumeurs concernant une possible saison 2, mais pour le moment, rien de concret) et dont j'ai fini le dernier épisode (le 20ème) cette semaine. Si j'ai un peu plus nuancé mon premier jugement, reste que je ne regrette pas ce visionnage.

irisb10.jpg
 
L'attrait principal de IRIS réside dans son concept de base, mettant en scène une complexe histoire de conspiration et d'espionnage qui parvient dans ses meilleurs moments, à insuffler un souffle de paranoïa et de suspicion digne d'un classique occidental comme 24. Les premières minutes de la série, qui voient l'assassinat du premier ministre nord-coréen par le héros, donnent immédiatement le ton et les enjeux internationaux majeurs qui vont être au centre de cette fiction. La trahison et la division des loyautés vont s'imposer comme un des thèmes forts, d'une histoire qui se complexifie rapidement. En effet, au-delà des oppositions entre services de différents pays, IRIS dépasse les simples contingences nationales, en leur superposant un deuxième niveau de lecture, qui redistribue les rôles : l'existence d'une organisation secrète, du nom d'IRIS, transnationale, qui dispose d'agents hauts placés dans la hiérarchie de chacun des pays en cause et qui tire les ficelles dans l'ombre.
 
Apparaissent ainsi progressivement les contours d'une vaste conspiration, dont on ne perçoit pas a priori tous les tenants et aboutissants, mais qui modèle à sa guise la géopolitique et les rapports de force de la région, en fonction de ses propres intérêts. Sévissant depuis des décennies, elle utilise tous les moyens, même les plus extrêmes, pour parvenir à ses fins, à commencer par des assassinats de personnalités importantes. Pour maintenir un certain équilibre, elle influe notamment sur les programmes nucléaires qu'ont, ou ont pu avoir, les deux Corées. Dans l'histoire qui nous préoccupe, IRIS s'oppose à la politique du président sud-coréen, qui souhaiterait initier le processus de une réunification des deux pays. Pour cela, l'organisation est prête à tout : à avoir recours à des attentats utilisant des armes nucléaires, à renverser des gouvernements ou des dictateurs dans le cadre de coup d'Etat, mais aussi à précipiter ces nations dans une guerre fratricide.
 
irisb2.jpg

Tous ces aspects conspirationnistes sont dans l'ensemble bien exploités et constituent les éléments les plus réussis de la série. Ils lui offrent une solide base scénaristique, qui maintient l'attention pleine et entière du téléspectateur, assurant une fidélité renforcée par des cliffhangers réguliers. Seuls quelques maladresses d'écriture entraînent parfois une certaine confusion et des problèmes de cohérence en ce qui concerne l'évolution des personnages, qui grippent un peu cette machine pas aussi bien huilée que les apparences le laisseraient croire a priori.

Car IRIS se révèle être d'une qualité très fluctuante, passant trop souvent de moments intenses et passionnants à de longues scènes interminables à l'utilité discutable. Outre une gestion parfois insuffisamment rigoureuse de l'intrigue principale, égarant un peu le téléspectateur, la série souffre surtout de ruptures de rythme qui viennent briser l'homogénéité d'ensemble du récit. C'est particulièrement flagrant dans la première partie de la série. En parallèle de sa dominante action, IRIS, comme toute série sud-coréenne qui se respecte, se sent obliger d'inclure des romances. Ce ne sont pas les relations amoureuses en elles-même, ou les timides triangles qui les pimentent, qui posent problème. Mais plutôt, l'excessive longueur et le pseudo-romantisme qui s'imposent dans certains passages. N'étant pas du tout une amatrice de ce genre de fiction, j'ai bien cru ne pas arriver au bout d'un ou deux épisodes. De plus, entre l'assassinat de l'officiel nord-coréen à Budapest et la reprise réelle de l'intrigue en Corée du Sud, avec un dévoilement progressif des enjeux, la série souffre d'un long flottement de 2 ou 3 épisodes, où l'utilité et/ou l'intérêt de certaines scènes sont très discutables. Cela vient plomber l'histoire de façon assez dommageable.

irisb4.jpg
 
Pourtant, en dépit de quelques doutes sur le moment, je ne regrette vraiment pas d'avoir persévéré. En effet, le téléspectateur qui dépasse ses quelques hésitations d'installation est justement récompensé, car la deuxième partie de la série offre une intensité beaucoup plus constante et vraiment très prenante. La méfiance qui monte progressivement au sein du NSS, l'agence de renseignements à laquelle appartenait le héros, et qui a été infiltrée jusqu'à certains postes de hautes responsabilités par IRIS, est digne de la tension des meilleurs moments de la CTU. Les retournements de situation, et le caractère international de la conspiration, conduisent à des alliances les plus improbables. Si les menaces sont classiques (terrorisme, nucléaire, etc...), le cadre géopolitique, très différent de celui auquel un téléspectateur occidental est habitué, offre un dépaysement rafraîchissant et efficace. J'ai bien aimé la superposition des différents intérêts en jeu, ce qui entraîne, finalement, une alliance entre tous ceux qui entendent faire obstacle au plan d'IRIS, provoquant une coopération entre sud et nord-coréens, loin de toute approche manichéenne d'opposition entre les deux pays.

irisb3.jpg
 
Mitigée sur le fond, mais entrecoupée d'excellents moments qui en donnent pour leur argent au téléspectateur, la série suit ce même schéma concernant ses acteurs. Au sein du casting où figurent beaucoup de têtes connues, les acteurs principaux s'en tirent diversement. Parmi les points positifs, il faut évidemment commencer par évoquer la performance de Lee Byung Hun (Kim Hyun Joon), qui interprète de façon très convaincante un héros entraîné dans un enchaînement d'évènements qui le dépasse. Il impose une forte présence à l'écran, et maîtrisera de manière convaincante, tant les scènes d'action que les séquences d'émotions, assurant parfois à lui seul la solidité de certains passages à l'écriture quelque peu douteuse.
 
A ses côtés, ce sont finalement les acteurs incarnant les deux agents nord-coréens, qui vont pleinement tirer leur épingle du jeu. Si elle s'enferme parfois dans une passivité étrangement impassible, sans doute en partie due à l'écriture de son personnage, Kim So Yeun (Kim Sun Hwa) délivre dans l'ensemble une interprétation pleine et offre un pendant convaincant à Lee Byung Hun, avec lequel elle fait équipe une bonne partie de la série. Tandis que Kim Seung Woo (Park Chul Young) joue, de façon très posée et sobre, son supérieur hiérarchique, parfaitement en adéquation avec l'image que renvoie son personnage, à la fois pragmatique et calculateur. Il y a d'ailleurs quelque chose d'assez paradoxal à ce que le personnage de la série le plus versé dans la fidélité à certains idéaux et idées de la nation soit un Nord-Coréen. Mais cette impression doit venir de ma vision biaisée par toutes les fictions d'espionnage occidentales, dans lesquelles les Nord-Coréens sont rarement dans le bon camp.
 
irisb13.jpg

Mais à côté de ce trio efficace, les trois acteurs restant (si tant est que l'on puisse objectivement y inclure la participation marginale et plutôt anecdotique de TOP) le sont beaucoup moins. A leur décharge, il faut quand même préciser qu'il s'agit aussi des trois personnalités les plus faibles scénaristiquement, tant en terme d'envergure du personnage que de cohérence d'ensemble. Reste que je crois pouvoir annoncer officiellement que Kim Tae Hee, en plus de ne pas savoir jouer, ni de parvenir à faire naître chez le téléspectateur la moindre émotion, est devenue une de ces actrices qui fait naître en moi un profond énervement qui va croissant au fil des épisodes. De la même façon que j'avais fini par la détester dans Gumiho (Nine Tailed Fox), j'ai fini par la trouver insupportable dans IRIS. Absolument pas crédible dans son rôle d'espionne avec des responsabilités, il émane d'elle une telle fragilité que le téléspectateur s'attend à tout moment à ce qu'elle se brise en mille morceaux. Ajoutons à cela une expression monolithique qui est invariable, quelque soit le sentiment exprimé, et je crains de l'avoir vraiment et définitivement prise en grippe cette fois-ci.

L'acteur qui incarne son vis-à-vis au NSS, ex-"meilleur ami" de Kim Hyun Joon, Jin Sa Woo, sombre dans des travers quelque peu similaires. Mais ici, c'est sans conteste l'écriture du personnage qui pose problème. Jung Jun Ho ne parvient en effet jamais à prendre la mesure de son rôle, paraissant la plupart du temps ailleurs, naviguant entre émotions contradictoires qu'il exprime, plus ou moins maladroitement, de façon sporadique. Il n'a probablement pas plus compris Jin Sa Woo que le téléspectateur. Enfin, TOP, crédité au casting principal, nous gratifie de quelques brèves apparitions qui ne justifient pas un tel statut, lequel a sans doute surtout été accordé dans le but de capter quelques fans du chanteur. Avec un personnage créé artificiellement, dispensable, et dont les lignes de dialogue sont réduites à portion congrue, il n'y avait pas grand chose à faire pour TOP. Mais même en en faisant le minimum, la seule impression qu'il laisse au téléspectateur est une perplexité constante, ponctuée d'un oubli rapide.

irisb7.jpg

Finalement, c'est probablement sur la forme que IRIS va fédérer sans doute le plus ses téléspectateurs. Son budget permet en effet de proposer une réalisation efficace et soignée. L'image est parfois très belle, avec des grands plans qui permettent de profiter pleinement de certains cadres superbes. Les passages à Akira, au Japon, notamment, sont très réussies. De manière générale, d'ailleurs, ce sont tous les voyages de cette série résolument tournée vers l'international qui sont bien exploités et dont les changements de décors sont accueillis avec plaisir : à partir de la Corée du Sud, nous sommes ainsi amenés à faire des incursions au Japon, en Chine, en Hongrie et en Corée du Nord. De plus, les scènes d'action sont bien mises en scène, qu'il s'agisse des combats ou des fusillades. Ce qui leur confère une crédibilité très appréciable, qui n'est pas toujours présente dans les dramas coréens. La bande-son est fournie et permet plutôt bien de souligner la portée de certaines scènes, sans trop en faire. IRIS tient donc parfaitement son rang et ses promesses sur la forme.

irisb8.jpg

Bilan : Chargée de toutes ses contradictions, IRIS laisse une impression mitigée. Le téléspectateur reste admiratif devant la tension atteinte dans certains épisodes, nous plongeant dans un degré de paranoïa et de double jeu au sein d'agences de renseignements qui s'imposent en dignes héritiers de 24. La forme est particulièrement soignée, en particulier la réalisation. Mais cela ne peut faire oublier les moments où l'écriture du scénario prend un tour vraiment faible, confus, brisant le rythme de la série. Même constat du côté des acteurs, entre d'excellentes performances d'une part, et de très pauvres d'autre part, on reste sur la réserve.
Si bien qu'en fin de compte, IRIS se révèle être une série d'action prenante, à voir notamment pour la modernisation de certains codes de dramas coréens qu'elle introduit, mais elle laisse aussi un téléspectateur quelque peu frustré et partagé, en ne concrétisant pas toutes les ambitions affichées au départ.


NOTE : 6,5/10


Une preview, sous-titrée en anglais, de la série :