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26/05/2010

(K-Drama / Pilote) Coffee House : ambiance caféinée pour une comédie romantique rafraîchissante


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En ce mercredi asiatique, je vais vous présenter une comédie romantique placée sous le signe d'une délicieuse arôme caféinée, parfum qui évoque toujours dans l'inconscient du téléspectateur quelques bons souvenirs du petit écran sud-coréen. Cette nouvelle série, diffusée sur SBS, les lundi et mardi soir, s'intitule Coffee House. Elle a débuté le 17 mai 2010.

Outre le casting, j'avoue que ce sont surtout les sympathiques affiches promotionnelles, mêlant café et écriture, qui avaient attiré mon attention sur ce drama que j'attendais donc avec une certaine curiosité. Et je crois bien que je n'aurais pas besoin d'aller chercher plus loin mon coup de coeur sucré et rafraîchissant des prochaines semaines, tant ces deux premiers épisodes furent un petit régal, une bulle d'air frais et de comédie légère et dynamique, comme la télévision coréenne sait si bien le faire lorsque les scénaristes parviennent à trouver un juste équilibre dans le canevas de narration classique exploité. Je me suis laissée charmer par cette ambiance, qui, si on s'en réfère aux dramas de cette année 2010, m'a un peu rappelé Pasta ; mais avec un petit quelque chose en plus.

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Coffee House se propose de nous plonger dans le monde de l'écriture, en nous entraînant dans les coulisses très animées d'une maison d'édition. Lee Jin Soo est un écrivain à succès, auteur de plusieurs best-sellers, mais dont les provocations mettent les nerfs de Seo Eun Young, la présidente de la société qui l'emploie, à rude épreuve. Après un énième faux-bond, exaspérée par ses excentricités, elle menace de le renvoyer et de le poursuivre en justice sur la base des multiples incartades qu'elle a dû subir et gérer au cours de la décennie écoulée. Pour aplanir les angles et revenir à un prudent statu quo dans lequel chacun trouve son compte, quoique les deux puissent prétendre à haute voix, Jin Soo soumet à Eun Young une nouvelle idée de roman, non seulement très intéressante, mais aussi potentiellement très rentable. Transigeant, la jeune femme décide alors de lui accorder un sursis de six mois pour lui laisser le temps d'écrire ce projet ; s'il ne parvient pas à respecter ce délai, elle mettra ses menaces d'action en justice à exécution.

Parallèlement, au cours d'une de ses escapades loin de ses obligations professionnelles, Jin Soo s'est réfugié, un jour de pluie, dans le café familial que tient Kang Seung Yeon, une jeune femme qui aide sa famille à s'en occuper en attendant de trouver un emploi. Vivant à travers les aventures romanesques romancées dans ses chers manhwas, Seung Yeun traverse une période difficile. Elle vient de rompre avec son petit-ami et sa famille lui reproche de plus en plus ouvertement de ne pas parvenir à gérer correctement sa vie, puisqu'elle cumule célibat et chômage. Si la première rencontre entre Seung Yeon et Jin Soo se révèle des plus rocambolesques, impliquant scènes de ménage, serrure défectueuse et autres tragiques mauvais timing, quelle n'est pas la surprise de la jeune femme lorsque l'écrivain la recontacte pour lui proposer un poste de secrétaire travaillant sous ses ordres. Grâce à un ami commun qui a su se montrer convaincant auprès de Jin Soo, Seung Yeon décroche un job très bien payé qui semble inespéré et qui devrait durer les six mois accordés par la maison d'édition. Mais la jeune femme va vite découvrir que ce poste n'est pas vraiment ce à quoi elle s'attendait et que, derrière ses apparentes bonnes manières, Jin Soo est un être plutôt invivable.

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La grande force de Coffee House réside incontestablement dans ses personnages. Chacun à leur manière, avec leurs défauts, leurs excès, mais aussi leurs paradoxes, ils se révèlent tous très attachants. Si chacun correspond à un stéréotype bien défini, le téléspectateur est agréablement surpris par la fraîcheur qui émane d'eux. Leurs portraits s'avèrent finalement plus subtiles que ce qu'on aurait pu penser a priori, bénéficiant d'une écriture assez fine et plutôt bien inspirée globalement. Tous ont leur part de dualité, leurs comportements n'étant pas dénués d'ambiguïtés. Cela permet donc d'obtenir des personnages très vivants, absolument pas figés, ni enfermés dans des caricatures.

Jin Soo est un écrivain de talent qui, dans le plus pur respect des canons de la télévision sud-coréenne, n'a pas un caractère des plus faciles. D'un naturel arrogant, perfectionniste frôlant l'obsession sur certains points comme la conception du café, et faisant preuve d'un effarant manque de savoir-vivre dès qu'on prend le temps de le connaître un peu, il présente pourtant à la face du monde une apparence courtoise, cachant ses réelles pensées derrière un faux sourire artificiel qui en trompe plus d'un. Tour à tour incarnation Darcy-esque ou homme arrogant pouvant faire des remarques vraiment blessantes lorsque le masque tombe, la dualité du personnage exerce rapidement une certaine fascination. Si ce type de série nous a habitué à la personnalité rugueuse, parfois très peu avenante, du personnage principal, le fait de jouer sur ces deux facettes (comme dans Pasta par exemple) apporte une nuance supplémentaire à l'ensemble et permet de trouver un équilibre entre les différents protagonistes.

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Au cours des deux premiers épisodes, les deux autres personnages développés sont les deux figures féminines centrales de la série. Seung Yeon, avec cette innocence propre aux héroïnes de comédies romantiques, revendique la naïveté dynamique d'une jeunesse qui n'a eu que peu l'occasion de se confronter à la vie réelle. Pleine de fraîcheur et de volonté, elle évite de tomber dans les excès pour se montrer assez attachante. A l'opposé, Eun Young, la présidente de la maison d'édition, navigue entre la femme d'affaires impitoyable ayant réussi et la jeune femme à la vie amoureuse en ruines, toujours marquée par un abandon de fiancé datant de plusieurs années. C'est aussi un personnage qui fait preuve de beaucoup d'ambivalence, notamment dans ses rapports explosifs avec Jin Soo qui sont une des réussites de ces épisodes. Entre incompatibilité de caractères et amitiés sincères, les deux jeunes gens se côtoient - se supportent, diraient certains - depuis plus de dix ans. Ils se connaissent l'un l'autre, presque plus qu'eux-mêmes ; et la façon, très volatile, avec laquelle leurs rapports sont traités ne manque pas de piment.

Ainsi, Coffee House se révèle comme une comédie fraîche, dont le dynamisme, qui ne se dément pas au fil de ces deux premiers épisodes, transmet au téléspectateur une bonne humeur contagieuse. Exploitant, avec une certaine réussite, un comique de situation dont plusieurs scènes auront réussi à me faire éclater de rire, la série évite d'en faire trop et de tomber dans une surenchère qui l'aurait alourdie, préférant entretenir une légèreté très agréable. Se réappropriant les codes scénaristiques des fictions du genre, elle s'amuse elle-même des ficelles qu'elle emploie. Pour cela, elle utilise notamment, avec parcimonie, la voix off de l'héroïne. Cette dernière, grâce à son imagination débordante et ses parallèles instinctifs avec les histoires des manhwas qu'elle dévore, est une narratrice sympathique, pas envahissante, mais qui permet de se jouer des clichés en les déconstruisant.

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Sur un plan formel, Coffee House est dotée d'une réalisation assez dynamique, n'hésitant pas à recourir à certains effets de style, petits ajouts typiques des comédies du genre. En revanche, la musique ne m'a pas particulièrement marqué pour le moment ; les quelques morceaux récurrents étant assez quelconque et oubliables.

Enfin, le casting, assez prometteur à l'origine, se révèle des plus solides. Les acteurs principaux sont pleinement entrés dans leur personnage dès le départ ; ce qui permet d'asseoir le récit. En tête d'affiche, nous retrouvons Kang Ji Hwan (Capital Scandal, Hong Gil Dong) qui réussit de façon plutôt convaincante à jouer sur l'ambivalence de Jin Soo. A ses côtés, Ham Eun Jung (sans doute plus connue des amateurs de k-pop) s'impose dans un registre rafraîchissant. Energique à souhait, Park Si Yeon (My Girl, Story of a Man) incarne la présidente de la maison d'édition qui emploie Jin Soo. Enfin, Jung Woong In interprète un ex-fiancé plutôt envahissant.

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Bilan : Ces deux premiers épisodes de Coffee House laissent entrevoir une charmante comédie, rafraîchissante et légère. On s'attache quasi-instantanément à des personnages non dépourvus de défauts, mais ayant aussi leurs ambivalences. Il se dégage de l'ensemble une ambiance sucrée et agréable, sur fond de péripéties rythmées, à laquelle il est difficile de ne pas adhérer. Tout en utilisant des ficelles scénaristes classiques, l'écriture de Coffee House se révèle plutôt subtile, avec plusieurs scènes vraiment bien inspirées. Pas de lourdeurs, relativement peu d'exagérations, des passages drôles et des relations entre les personnages volatiles à souhait : un cocktail sympathique comme les sud-coréens savent si bien le faire et qui prend instantanément !


NOTE : 7,5/10


Des bande-annonces de la série :

 

19/05/2010

(K-Drama) Dong Yi : l'irrésistible ascension sociale d'une esclave


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En ce mercredi asiatique, revenons à mes premiers amours téléphagiques de ce continent, les productions en provenance de Corée du Sud. Alors que de nouvelles séries sont ou s'apprêtent à être lancées (Giant, My Country Calls (ou Call of the country), Coffee House ou encore Bad Guy pour ce seul mois de mai - j'aurais l'occasion d'y revenir, suivant la disponibilité de sous-titres et mes affinités), arrêtons-nous aujourd'hui sur une série qui a débuté en mars dernier : Dong Yi. Ce drama appartient au genre des sageuk, c'est-à-dire des kdramas historiques. Qui dit sageuk, dit aussi souvent marathon téléphagique, car vaste fresque épique. Cinquante épisodes sont a priori prévus pour cette série, conduisant la fin de la diffusion de la série à septembre prochain. Il n'est donc pas trop tard pour s'y mettre ! Les "pauses" estivales sont faites pour ça (certes, le terme "pause" est tout relatif par rapport à la situation d'il y a quelques années, mais ce sont des séries qui se suivent toutes seules une fois que l'on est rentré dans l'histoire).

Pour ma part, j'ai pour le moment vu les dix premiers épisodes (un peu trop avancée pour parler de simple critique de "pilote" donc), sur les dix-huit à ce jour diffusés par MBC.

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A priori, Dong Yi est le type-même de drama à l'égard duquel l'addiction du  téléspectateur se construit de façon exponentielle au fil des épisodes visionnés ; une histoire qui s'inscrit résolument dans la durée et dont la pleine dimension s'acquiert dans les détours et la complexité de la réalisation d'une destinée, celle de l'héroïne. Il faut savoir que même si leur nombre d'épisodes effraye plus d'un courageux amateur occidental de kdrama, les sageuk ont plutôt la côte auprès des ménages coréens. L'an dernier, par exemple, Queen Seon Duk avait plusieurs fois dépassé les 40% de part d'audience. En début d'année, dans un style très différent mais toujours historique, Chuno (Slave Hunters) a également cartonné, dépassant allègrement la barre des 30%. Dong Yi, après avoir débuté modestement, tourne actuellement autour de 25% de part d'audience.

Vous savez aussi que, de manière générale, peu importe la nationalité, je garde toujours une affection particulière pour toute fiction touchant à l'Histoire. Il est donc logique que j'apprécie ce genre. Je crois d'ailleurs que c'est le moment où je dois confesser que j'ai acheté, cet hiver, plusieurs livres d'histoire sur la Corée, justement pour mieux cerner la culture et apprécier un peu mieux ce type de dramas. Cependant, précisons quand même que la recette ne prend pas à chaque fois ; à l'automne dernier, je n'avais pas dépassé les 4-5 premiers épisodes de Queen Seon Duk, n'ayant jamais réussi à accrocher aux enjeux du récit et aux personnages. En revanche, avec Dong Yi, l'introduction s'est faite plus aisément, naturellement. Rapidement, je me suis laissée entraîner par cette histoire qui met en scène, à nouveau, une figure centrale féminine forte que nous allons voir mûrir sous nos yeux.

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Se déroulant au XVIIe siècle, ce drama se situe à l'époque de la dynastie du Joseon, plus précisément sous le règne du roi Suk-Jong. Il est basé sur une histoire vraie, celle de Dong Yi, qui, de basse extraction, gravira les échelons sociaux pour devenir concubine royale. Le fils qui naîtra de cette liaison, Yeong-Jo, deviendra le 21e roi de Joseon. C'est donc le récit d'une irrésistible ascension sociale que se propose de nous conter la série, à travers le destin de cette jeune femme finalement lié à celui du royaume. Dong Yi se présente ainsi presque sous les traits d'un faux conte de fée, une ascension sociale fulgurante quand on pense à la rigidité de la hiérarchie sociale dans la société coréenne de cette époque-là.

Logiquement, la série s'ouvre sur certains évènements fondateurs qui vont conditionner la destinée de l'héroïne. Ce sont ainsi des faits tragiques de son enfance qui nous sont d'abord relatés. Il est à noter que cette entrée en matière se rélève particulièrement efficace : rythmée, contenant beaucoup d'action, tout en introduisant une première fois tous les protagonistes, elle s'attache à poser les fondations de l'histoire. Les quatre premiers épisodes sont ainsi consacrés à ce tournant de l'enfance de Dong Yi ; ce qui, sur une série de 50 épisodes, est relativement court et bien dosé. Les ingrédients du récit prennent rapidement : il n'y a pas d'inutile exposition, on rentre immédiatement dans le vif du sujet.

Je précise également que les questions géopolitiques se révèlent plutôt aisées à suivre dans la série, avec des clans assez facilement identifiables et clairement divisés. Le téléspectateur s'y retrouve sans souci ; et nul besoin de garder un schéma à côté de soi, pour se souvenir de tout, comme dans certains dramas historiques (tel Bicheonmu, par exemple).

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Ce drama démarre en utilisant des ficelles classiques. Petite et grande histoires se rejoignent et la vie personnelle de Dong Yi va se retrouver emportée dans le tourbillon des jeux de pouvoir des puissants du Royaume qui se livrent à une lutte d'influence sans merci. La série débute alors que le pays est  ébranlé par les meurtres de plusieurs hauts dirigeants, appartenant à la faction du Sud. Dong Yi découvre l'une des victimes, agonisant sur les berges d'une rivière. Avant de mourir, l'homme a le temps de mimer un étrange signal avec ses mains, dont elle ne comprend pas le sens, et de lui confier une plaque d'identification qu'il a peut-être arraché à son meurtrier. Cette rencontre ne va être que le premier déclencheur de ses malheurs ; car c'est toute la famille de Dong Yi qui est entraînée dans les filets d'un complot, dont ils vont devenir les victimes collatérales autant que les bouc-émissaires. Le père de la petite fille, ancien instructeur de l'actuel chef de la police, se voit en effet confier les corps des dignitaires tués afin de les autopsier, pour aider à la progression de l'enquête.

Or, tous les indices pointent vers une organisation secrète de plus en plus agitée dernièrement, la Fraternité de l'Epée. Composée d'individus appartenant au bas de la hiérarchie sociale, ses membres ont appris à manier les armes et aident les esclaves en fuite à échapper à ceux qui les pourchassent. Ils sont surveillés depuis quelques temps par le chef de la police. Même si l'assassinat de nobles n'a encore jamais fait partie de leurs activités, une attaque de la Fraternité de l'Epée a eu lieu à proximité de l'un des assassinats. Pour appuyer ces soupçons, en coulisses, les vrais responsables tirent habilement les ficelles, orientant l'enquête en semant des indices qui accusent l'organisation.

Si le père de Dong Yi comprend la machination, se reposant sur la confiance du chef de la police, il se trouve malheureusement au centre d'un conflit d'intérêts qui lui sera fatal. En effet, il enquête, certes, pour le compte des autorités ; mais il est également le leader de la Fraternité de l'Epée, cette organisation émancipatrice tant redoutée et à laquelle on finit par attribuer les pires actions. Chaque camp avançant ses pions dans l'ombre, de complots en quiproquos, tout finit dans le sang. Injustement accusés, ces combattants qui rêvaient d'une certaine égalité sociale, parmi lesquels le père et le frère de Dong Yi, seront ainsi exécutés pour des crimes qu'ils n'ont pas commis.

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Dong Yi parviendra à échapper au destin funèbre de ses proches, avec l'aide des derniers fidèles de sa famille. Déjà très obstinée, elle choisira cependant de ne pas s'enfuir, se jurant de mettre à jour cette conspiration qui provoqua une telle tragédie et de découvrir la vérité. Pour cela, son seul indice est le fameux signal que le dignitaire mourant lui indiqua sur la berge de la rivère. Or, quelques jours plus tard, en ville, elle vit une dame du palais reproduire le même geste. Décidée à retrouver cette femme afin de comprendre ce que signifie ce signe, Dong Yi entre au service du palais, comme esclave rattachée au Département Royal de Musique (où travaillait d'ailleurs son frère).

Se concluant sur ses évènements fondateurs tragiques, le drama reprend ensuite le fil de l'histoire six ans après ces faits. Dong Yi entre dans l'âge adulte, devenue une jeune femme encore très immature, mais qui a su se rendre progressivement indispensable auprès des musiciens. Grâce aux connaissances enseignées par son père, qui lui avait notamment appris à lire, elle est beaucoup plus éduquée que ce que son rang d'esclave ne le laisserait penser. Elle dispose ainsi de ressources insoupçonnées, qu'elle va devoir mettre à profit pour se sortir de situations complexes dans un palais où plusieurs camps se livrent une âpre lutte sans merci.

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Si les premiers épisodes avaient laissé une large place à l'action, à partir du moment où l'histoire se recentre sur le palais, le drama renoue avec la tradition des intrigues de Cour les plus classiques.

Au détour des corridors et des différents bâtiments composant la vaste résidence royale, sorte de ville dans la ville, les complots reprennent en effet de plus belle lorsque le roi décide de reconvoquer à ses côtés Lady Jang, une de ses favorites, pour qu'elle devienne une de ses concubines. Nous retrouvons, plusieurs annéess après, les mêmes jeux de pouvoirs entre factions rivales que ceux qui avaient coûté la vie au père de Dong Yi. Au-delà des clans du Sud et de l'Ouest, c'est entre les deux femmes les plus proches du Roi qu'a lieu l'affrontement direct, la Reine mère faisant tout ce qui est en son pouvoir pour piéger Lady Jang et obtenir son renvoi de la Cour. Au milieu de cette lutte que Dong Yi va devoir essayer de ne pas être, une nouvelle fois, sacrifiée, victime collatérale anecdotique du combat des puissants. Faisant preuve d'un esprit vif, d'un sens de l'initiative rarement pris au dépourvu et d'une loyauté obstinée, Dong Yi se fait remarquer à plusieurs reprises, attirant l'attention de Lady Jang, mais aussi du roi...

Si les enjeux sont toujours très élevés dans les intrigues en cours, le téléspectateur amateur d'action risque cependant de trouver certains développements un peu longuet. Nous sommes ici dans un sageuk au sens traditionnel du terme, où tout suit un théâtralisme codifié, avec une réalisation posée, et où les dialogues prennent plus de place que les combats. L'affrontement n'en est pas moins létal ; mais entre gens de Cour, les moyens de parvenir à ce résultat sont plus détournés et compliqués.

Personnellement, mise à part deux ou trois petites baisses de rythme vite rattrapées, je ne trouve rien à redire à ce début : la série trouve le bon dosage entre les complots et le façonnement des relations qui unissent les différents protagonistes.

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Cette dimension plus humaine constitue d'ailleurs sans doute un des atouts majeurs de Dong Yi. Le formalisme relativement figé de ce drama ne l'empêche pas de jouer dans l'émotionnel et de réussir ainsi à faire vibrer le téléspectateur devant les dilemmes et les épreuves que doivent traverser les différents protagonistes. Pour le moment, ce sont surtout - et logiquement - Dong Yi et Lady Jang qui s'imposent, deux figures féminines aux destinées finalement plus proches que leurs différences de statuts actuels ne le laisseraient penser. Lady Jang était elle-aussi de basse extraction sociale, mais éduquée et pleine de ressources, elle est parvenue à gagner sa place auprès du roi. Dong Yi n'est encore qu'une adolescente, souvent naïve et trop spontanée ; mais le drama donne justement envie au téléspectateur de suivre sa progressive mâturation, sa transformation qui va lui permettre d'accomplir une destinée insoupçonnée.

Le personnage du roi a pour le moment laissé entrevoir un potentiel intéressant, qu'il faudra exploiter. S'il est entouré de courtisans comploteurs, sa figure demeure sacrée pour chaque faction. Tous les clans s'affrontent entre eux, mais le roi se situe au-dessus de la mêlée. Se plaçant souvent en arbitre des évènements, essayant d'influer sur les rapports de force au sein de son gouvernement, afin d'atteindre un équilibre précaire, mais nécessaire, dans l'intérêt du royaume, Suk-Jong gouverne en alternant autoritaire reprise en main de ses ministres et action indirecte via quelques fidèles. Il se pose donc en maître de l'échiquier du pouvoir, que le drama symbolise par le biais du Jeu de Go.

J'ai beaucoup apprécié le fait que les rapports entre les différents personnages se révèlent généralement bien caractérisés. Ce que j'ai préféré le plus jusqu'à présent, c'est l'habile contraste proposé par les intéractions très différentes du roi avec les deux autres personnages féminins de la série. Ses relations avec Lady Jang se situent dans un registre très digne, remplies de confiance et de sentiments. Tandis qu'avec Dong Yi, simple esclave qui, surtout, ignore qui il est, pensant côtoyer un simple officier de la garde royale, il y a une spontanéité et une certaine forme d'innocence, le roi se laissant emporter par l'enthousiasme pas toujours mesuré de la jeune femme. Ces différentes facettes contribuent à donner au drama une atmosphère très rafraîchissante, appréciée par le téléspectateur et qui lui permet de s'attacher à ces protagonistes.

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Sur la forme, Dong Yi est une belle série, dotée d'une réalisation classique, mais enrichie par des décors et une reconstitution d'époque très aboutis. Le fait de s'intéresser au Département Royal de Musique permet d'offrir plusieurs belles représentations ; ces spectacles prennent la couleur du folklore par moment. C'est chatoyant et c'est un vrai plaisir pour les yeux. Cela offre un magnifique dépaysement pour le téléspectateur.

La bande-son de Dong Yi est également très bien fournie, en musiques adaptées aux différentes ambiances rencontrées. Quelques balades tristes pour illustrer le deuil, des morceaux épiques pour donner un souffle supplémentaire à certaines scènes d'action... Tout y est, tout en restant suffisamment en retrait pour ne pas empiéter sur l'histoire, évitant d'être trop envahissant.

Enfin, du côté du casting, rien à redire. Dong Yi est interprétée, à l'âge adulte, par Han Hyo Joo, l'héroïne de Brilliant Legacy l'an dernier. Ji Jin Hee (He Who Can't Marry) incarne le roi Suk-Jong. Lee So Yeon (Temptation of an Angel) est Lady Jang Hee Bin. Bae Soo Bin (Temptation of an Angel, Brilliant Legacy, Jumong) joue un ancien membre de la Fraternité de l'Epée à qui Dong Yi doit la vie. Le rôle du chef de la police revient à Jeong Jin Yeong (Kingdom of the Wind). Et, enfin, Park Ha Seon incarne la reine, et épouse officielle de Suk-Jong.

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Bilan : Dong Yi est un beau drama historique, dont les intrigues de cour sont soutenues par une intéressante dimension humaine. La série parvient à jouer sur l'affectif du téléspectateur, en dépeignant avec une certaine finesse les relations entre ses différents personnages. Si les amateurs d'action risquent de rester un peu sur leur fin au vu de ces dix premiers épisodes, les amoureux de belles reconstitutions devraient y trouver leur compte. Il émane de ce drama un souffle rafraîchissant des plus dépaysants.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

Le générique :

14/04/2010

(K-Drama / Pilote) Cinderella's Sister : artifices et complexités au sein d'une famille recomposée


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Diffusée depuis le 31 mars 2010 sur KBS2, Cinderella's Sister est, parmi les nouveautés sud-coréennes de ce printemps 2010, le premier k-drama dont le pilote remplit efficacement son office, c'est-à-dire que sans me faire crier au chef d'oeuvre, il m'a donné envie de découvrir la suite. Même si je n'ai pas encore jeté un oeil à toutes les nouvelles séries qui ont fleuri sur les chaînes sud-coréennes en ce printemps, je ne serais pas loin de penser que Cinderella's Sister peut être considérée comme l'une des plus prometteuses de la saison.

Certes, il convient de nuancer ce premier jugement : cette introduction peut être trompeuse, car, elle a une fonction de pure exposition, l'épisode nous en apprenant finalement relativement peu sur l'évolution future de la série et sur l'orientation que prendront les storylines. Cependant, il installe une situation de départ à l'atmosphère loin d'être manichéenne et plutôt accrocheuse, où un froid pragmatisme teinté de cynisme et dénué de tout artifice se dispute à la ré-écriture moderne de l'utopie d'un conte de fée, pour un résultat à dimension très humaine.

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Comme le titre du drama l'indique, Cinderella's Sister s'inscrit en référence à une histoire bien connue, celle de Cendrillon. La série entend se réapproprier, de façon assez lointaine et moderne, le mythe de ce conte de fées, en choisissant d'évoquer l'histoire d'une famille recomposée, et plus précisément de suivre la vie de deux jeunes filles, devenues soeurs en raison du rapprochement de leurs parents.

Le premier épisode propose de suivre l'installation de cette situation. Il ne donne pas vraiment de pistes sur le futur développement des intrigues, mais permet d'introduire les différents personnages, dotés de personnalités plutôt tranchées, et nous familiarise avec les enjeux qui entourent ces deux familles qui vont s'unir. Le rôle du hasard et la magie de la coïncidence, particulièrement appréciés des scénaristes des dramas asiatiques, jouent pleinement leur rôle pour nous offrir une suite d'évènements qui va conduire à une rencontre imprévue autant qu'improbable, que rien n'aurait pu laisser présager, mais qui va bouleverser le quotidien de chacun des protagonistes. Une nouvelle fois, nous est proposée une exploitation de la thématique du contraste entre des milieux sociaux presque opposés. Mais cet emprunt au conte de fées moderne, affectionné par nombre de dramas et qui n'a rien d'original, n'est pourtant pas central dans ce pilote : il va parvenir à se distinguer par un aspect plus humain et personnel, avec en filigrane le poids du passé de chacun, dictant leurs comportements présents.

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En effet, ce qui m'a le plus interpelé dans ce premier épisode de Cinderella's Sister, c'est le fait qu'elle présente un récit de vie très humain et fort peu aseptisé, plutôt tranchant dans le paysage téléphagique actuellement proposé en ce printemps 2010. La scène d'ouverture est de ce point de vue très révélatrice : elle s'ouvre chez le compagnon actuel de la mère, Song Kang Sook. Tandis que le couple se dispute en arrière-plan, Song Eun Jo prépare à manger à son "frère" du moment, comme si de rien n'était. Les cris montent, l'intensité se change en danger et, au moment où les coups commencent à voler, comme une goutte d'eau qui fait déborder un vase plus que plein, Eun Jo intervient et décide que "trop c'est trop" et qu'il est temps de changer d'air, entraînant sa mère avec elle.

Il est difficile pour le téléspectateur de ne pas instinctivement s'attacher et s'intéresser à cette héroïne qui fait preuve d'un sens de l'initiative et d'un caractère qui s'impose immédiatement à l'écran : derrière son naturel méfiant et presque sauvage, on devine une adolescente qui a dû trop rapidement grandir et qui, ballotée au gré des errances masculines de sa mère, a dû avoir son lot d'expériences qui vous font perdre toute innocence et vous changent en adulte avant même que vous n'ayez goûté à votre enfance. L'utilisation, avec une parcimonie opportune, d'une voix off afin de nous faire partager les réflexions désabusées de la jeune fille à quelques passage clés, comme lorsqu'elle envisage d'abandonner sa mère dans le train, est particulièrement bien pensée ; absolument pas envahissante, cela permet de souligner et de mieux comprendre ce personnage complexe qui nous est présenté.

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Dans la droite lignée de cet aspect qui souligne une part assez sombre de la nature humaine, force est de constater que ce qui domine ce pilote, ce n'est pas tant l'impression d'une appartenance à la mouvance du conte de fées, mais plutôt un certain pragmatisme, teinté de cynisme, qui paraît gouverner l'ensemble des actions des personnages.

Certes, dans la famille riche - le père, entrepreneur à succès et sa fille -, il y a une plus forte propension aux bons sentiments, auxquels demeure rattachée une forme d'insouciance. Mais les drames de la vie ont également laissé leur trace, avec le décès de la figure féminine et maternelle. A la tristesse suscitée par la perte d'une épouse, d'une mère, a succédé ce besoin de la remplacer, de retrouver une présence réconfortante à leur côté ; et ce, même si cette substitution doit avoir une part d'artifice. La nécessité de retrouver quelqu'un conduit à une forme de déni de réalité. Il est aisé de céder à la facilité, en rencontrant finalement une femme qui renvoie l'image tant recherchée et qui pourrait s'immiscer dans le rôle qu'ils souhaiteraient la voir remplir : offrir un remplacement et apaiser leur chagrin. Peu importe qu'il y aient des arrières-pensées de part et d'autre ; que tout cela puisse paraître précipité. Le pragmatisme l'emporte.

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Si ces mécanismes de survie agissent de façon plus inconsciente dans la famille riche, jouant de manière assez implicite sans que le téléspectateur puisse vraiment distinguer entre la part de calcul et les sentiments spontanés, dans l'autre famille, la volonté de s'en sortir est plus clairement affichée. Il faut dire que l'enjeu n'est pas ici cantonné uniquement à de l'émotionnel. Dans ce drame ponctué d'épreuves que constitue la vie, la fin justifie les moyens. La manipulation, plus ou moins instinctive, est alors élevée au rang d'outil nécessaire dont on ne peut faire l'économie. L'attitude de la mère dans la belle maison, à partir du moment où elle apprend que le chef de famille est veuf, est à ce titre particulièrement révélatrice ; tout comme les réactions épidermiques de sa fille, tellement endurcie qu'elle est bien incapable d'envisager un environnement qui ne soit pas hostile.

Pourtant, il semble y avoir un point commun entre tous ces personnages : un désir de continuer à avancer en dépit des traces laissées par une vie déjà pleine de désillusions. Avec des personnages naviguant entre fausse quête en vue d'une hypothétique rédemption et essai hésitant pour parvenir à faire la paix avec soi-même et avec un passé qui dicte chacune de leurs attitudes présentes, le pilote de Cinderella's Sister laisse entrevoir des pistes de réflexion qui confèrent une dimension profondément humaine à la série.

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Côté casting, l'héroïne est jouée avec beaucoup de fraîcheur et un dynamisme bien dosé par Moon Geun Young, croisée l'an dernier dans The Painter of the Wind. C'est surtout elle qui se détache au cours de ce pilote, marqué par de violentes confrontations avec sa mère interprétée par Lee Mi Sook (Great Inheritance). Kim Gab Soo continue d'étaler son don d'ubiquité pour incarner la figure paternelle ; rien que depuis le début de l'année 2010, vous avez pu le croiser dans le petit écran sud-coréen dans pas moins de trois dramas historiques : Chuno, Jejoongwon et Merchant Kim Man Deok. See Woo (Tempted Again) incarne sa fille, affichant pour le moment une innocence émotionnelle presque déstabilisante tant elle est excessive. Du côté des rôles masculins principaux, seul Chun Jung Myun (What's Up Fox?) est introduit dans ce pilote, personnage encore en retrait, un brin effacé. Taecyeon (plus connu des amateurs de Kpop, en tant que membre du groupe 2PM) devrait débarquer par la suite pour son premier drama.

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Bilan : Ré-écriture d'un conte dont elle égare la féérie pour en garder un portrait cynique, finalement très moderne, Cinderella's Sister propose un pilote prometteur, à l'écriture plutôt tranchante. S'il est trop tôt pour savoir de quoi le futur de la série sera fait, ce premier épisode réussit à capter l'attention du téléspectateur qui, tout en s'interrogeant sur la pérennité de cette famille promptement recomposée, se demande si les blessures de la vie que chacun arbore déjà jusqu'au plus profond de son être pourront guérir. La portée profondément humain de ce premier épisode dévoile un potentiel dramatique, mais aussi initiatique, intéressant. A suivre !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :

28/03/2010

(K-Drama / Pilote) Harvest Villa : cocktail détonnant de genres très différents


Mine de rien, ce blog commence à contenir un certain nombre de "tests de pilotes" de séries coréennes ! Et vu la nouvelle vague de nouveautés en train d'arriver avec le printemps, la tendance ne va sans doute pas aller en diminuant. Car, le cercle est pernicieux : la curiosité nourrit la curiosité. Je crois avoir trouvé mes marques dans ce nouveau paysage téléphagique. J'ai intégré la Corée du Sud dans mes habitudes téléphagiques quotidiennes : sélection des sites d'intérêt, inauguration d'une page de flux rss sur mon reader, réflexe de la consulter plusieurs fois par jour... Bref, un fonctionnement sériephile des plus classiques.
Si bien que je suis en train de réfléchir à une réorganisation de la catégorie "Séries asiatiques" : peut-être opérer une distinction, à l'image des séries des autres nationalités, entre les reviews des pilotes et les critiques d'ensemble de séries. Vu que la rubrique commence à être assez remplie, cela permettrait à chacun de s'y retrouver plus facilement.

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Toujours plongée dans les nouveaux dramas ayant débuté au cours de ce mois de mars, ma  découverte de la semaine fut assez étonnante ; je n'ai toujours pas réussi à bien la cerner après le visionnage des deux premiers épisodes. Présentée de façon assez intrigante comme un drama alliant suspense et comédie, le tout saupoudré d'un zeste de drama, Harvest Villa paraissait proposer un mélange des genres potentiellement intéressant, ou du moins assez original pour susciter la curiosité de la téléspectatrice que je suis. Ayant débuté le 5 mars 2010 sur la chaîne câblée sud-coréenne tvN, elle devrait normalement comporter un total de 16 à 20 épisodes.

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La volonté de Harvest Villa apparaît d'emblée de se positionner à un croisement des genres, cherchant à prendre en défaut l'attente du téléspectateur, tout en s'appropriant des ficelles de genres très différents, tellement classiques que l'on pourrait les qualifier de clichés. Cette envie d'impulser une certaine folie se remarque dès la construction, un peu hâchée et brouillonne, du pilote. Ce dernier s'ouvre en effet sur une scène digne d'un drame à suspense : dans une ambiance nocturne et angoissante, alors qu'une tempête fait rage dehors, un meurtre est en train de se commettre. Voulant manifestement obtenir quelque chose de leur victime, trois individus anonymes, encapuchonés, poursuivent et font tomber un vieil homme du toit d'un immeuble, sous les yeux effarés d'un alcoolique, habitant le bâtiment, qui en perd la raison. Le bref aperçu des autres occupants, dans leurs appartements, n'est pas fait pour rassurer le téléspectateur, instantanément intrigué par ce qui se joue sous ses yeux, qu'il ne peut comprendre pour le moment. Une brève scène policière nous indique ensuite que les autorités concluent à un suicide, classant ainsi rapidement l'affaire.

Après cette entrée en matière qui prend à rebours le téléspectateur par la tension et l'ambiance inquiétante distillées dans l'immeuble où le drame s'est produit, l'épisode enchaîne sans la moindre transition sur des scènes tout droit sorties de la plus classique et fleur bleue des comédies romantiques sud-coréennes. Elles vont nous permettre de présenter le fils de la victime dont nous venons d'assister à la mort et qui est le personnage principal de la série. Ici, la série empile les poncifs du genre : coup de foudre à l'égard de la jolie voisine qui vient de s'installer, tentatives de flirt calamiteuse et pseudo-rebondissements, aux ficelles énormes. Cela cherche à être drôle, sans vraiment y réussir. Ou plutôt est-ce une mise en application de la maxime selon laquelle, plus c'est énorme, plus cela peut passer auprès du téléspectateur.

Cette collision des genres peut quelque peu déstabiliser. Reste que ce traitement finalement un peu par l'absurde, en accumulant les stéréotypes, n'éclipse cependant pas complètement le fil rouge que va constituer le meurtre du départ. Car le fils hérite de la propriété de son père, sous la condition de devoir aller y habiter jusqu'à ses 32 ans, qui interviendront dans quelques mois. Mais il est probable que ce qui lui paraît comme être une brève parenthèse l'amènera à creuser ce mystère qui entoure le bâtiment et le soi-disant suicide de son père, qu'il n'avait pas revu depuis des années.

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Le concept clé de Harvest Villa a priori était donc une envie de mêler plusieurs genres très différents. Rester à déterminer quel cocktail tous ces ingrédients allaient produire. En effet, si cette initiative peut apporter un peu de sang neuf à ces concepts, cela pouvait aussi se révéler une ambition potentiellement glissante et déboucher sur un étrange hybride improbable à la narration pas très équilibrée. Le début du drama le place en fait entre ces deux résultats extrêmes. Car c'est au final un bien étrange alliage, assez étonnant, qui ressort de tout cela. Pas désagréable à suivre, mais assez désarçonnant quand même. On obtient une alternance de scènes très diverses, qui empruntent aux stéréotypes des fictions coréennes pour chacun des genres vers lesquelles elles sont censées tendre, le tout s'enchaînant sans la moindre transition. Ainsi, à un passage digne de la plus traditionnelle des comédies romantiques, succède une scène tout droit sortie d'un policier sombre. Cette versatilité dans la tonalité, qui s'opère de façon très rapide, fait qu'il est assez difficile de cerner immédiatement où est-ce que l'on a mis les pieds. Initialement, cela peut laisser quelque peu perplexe le téléspectateur qui est assailli de mille et une interrogations : Où les scénaristes veulent-ils en venir ? Quelle ambiance cherchent-ils vraiment à créer ? Qu'est-ce que c'est que cet O.T.N.I. (object télévisuel non identifié) ?

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Cet emprunt assumé à tous les poncifs des différents genres, presque opposés, parvient, au cours du deuxième épisode, à se stabiliser un peu. Ou du moins le téléspectateur commence-t-il à s'y habituer. Romance, comédie, policier, suspense, presque action... Tout y est. On retrouve même parfois ce mélange au sein d'une seule scène, ou alors c'est la storyline dont elles dépendent qui donne le ton. Une chose est sûre, la série, avec ses clins d'oeil et cette volonté de jouer sur ces clichés, ne se visionne pas au premier degré. Même les instants qui ne sont pas estampillés "comédie", par leur présentation très over-the-top, se regardent avec une nécessaire prise de distance salvatrice. Finalement, Harvest Villa semble être une série cherchant volontairement à provoquer un cocktail détonnant, souhaitant avant tout divertir et encourageant le téléspectateur à s'amuser face aux rebondissements improbables et autres storylines qui s'ajoutent à l'intrigue principale. Car, en dépit de l'impression de beaucoup de disperser, il y a effectivement un fil rouge conservé, à la connotation plus mystérieuse, mais qui, pour le moment, soulève des questions un peu abstraites sur l'imbrication réelle de tous les personnages. Au fond, la déstabilisation initiale du téléspectateur paraît voulue afin de l'encourager à se prendre au jeu.

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En ce qui concerne l'atmosphère globale de la série, en marge d'une réalisation classique qui n'hésite pas à jouer dans le burlesque des comédies asiatiques, le petit plus réside dans la musique. La bande-son est agrémentée par tout un tas de morceaux bien rythmés et très décalés, qui jouent volontairement sur leur caractère entraînant pour accentuer l'impression que nous sommes dans un étrange mélange des genres assez improbable. Le choix se révèle donc plutôt opportun, fidèle à l'image recherchée par le drama.

Du côté des acteurs, Lee Bo Young semble être dotée d'un don d'ubiquité en ce printemps 2010, puisqu'en plus d'assurer le lead-in féminin dans The Birth of The Rich, elle incarne également l'intérêt romantique potentiel dans Harvest Villa. Le héros est interprété par Shin Ha Kyun, que je connaissais pas, mais qui revient aux dramas après une longue période d'absence. Baek Yoon Shik (Hero) joue le plus inquiétant des habitants de l'immeuble, au métier assez particulier. La série bénéficie d'une galerie de personnages très riches, parmi lesquels on retrouve un certain nombre de têtes familières : Kim Chang Wan (Queen of Housewives), Jo Mi Ryung (que vous pouvez croiser actuellement dans Life is beautiful), Kwon Byung Gil ou encore la rafraîchissant Kang Byul (Creating Destiny).

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Bilan : Les débuts de Harvest Villa révèlent donc un certain potentiel, sans pour autant pleinement concrétiser l'essai. Si l'on perçoit bien la volonté de mixer les genres de façon assez détonnante et d'imposer une prise de distance qui peut se révéler sympathique si le téléspectateur joue le jeu, le drama butte sur un certain manque d'homogénéité qualitative que le temps et l'installation claires des intrigues pourront peut-être corriger.


NOTE : 5/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série (avec la petite musique entraînante récurrente, façon folklore russe) :


07/03/2010

(K-Drama / Pilote) The Woman Who Still Wants To Marry : une version coréenne de Sex & The City ?


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Aujourd'hui, un dimanche asiatique plus léger que le précédent.

Hier, j'ai mis à profit ma soirée de libre, retirée loin de toute vie sociale, afin de poursuivre la découverte des séries coréennes de ce début d'année 2010 - un premier trimestre qui aura quand même été plutôt réussi au pays du Matin Calme. Souhaitant me changer les idées, j'ai décidé de me programmer une soirée "girly" devant une de ces comédies romantiques dont la télévision coréenne a le secret, histoire de m'offrir une douce parenthèse après plusieurs semaines consacrées aux séries d'action, voire d'horreur. Suivant la devise, "la diversité est maître mot du téléphage". De plus, Pasta m'a agréablement rappelé qu'il existait d'autres genres, pouvant aussi être attrayants.

C'est ainsi que, après une rapide évaluation de tous les pilotes "en attente de visionnage", je me suis retrouvée devant le premier épisode de The Woman Who Still Wants To Marry (aka Still, Marry Me / City Lovers), une série dont la diffusion a débuté depuis le 20 janvier dernier sur MBC et qui devrait comporter 16 épisodes. Le rouleau-compresseur d'audience qu'est Chuno (Slave Hunters) aura été fatal à son audimat ; ce qui ne signifie pas qu'elle ne mérite pas un petit détour. En fait, ce drama se présente comme la suite d'un drama datant de 2004, intitulée - de manière originale - The Woman Who Wants To Marry. Je ne connaissais absolument pas cette dernière, cependant je n'ai eu aucun problème pour suivre le début de cette nouvelle série. Seul le personnage principal, Lee Shin Young, se trouvait également dans cette prequel. Et si l'on continue à suivre ses (més)aventures amoureuses, l'actrice qui l'incarne n'est en revanche plus la même.

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L'épisode s'ouvre, d'une façon irréelle et féérique qui sonne faux à dessein, sur un dîner romantique, conjuguant, avec une certaine ironie, tous les clichés du genre et se concluant par une demande en mariage du plus bel effet, devant une héroïne, presque incrédule, mais définitivement conquise par ce gentleman qu'elle connaît encore relativement peu. Pensez donc : un homme de son âge, qui n'a que faire du fait qu'elle ait déjà la trentaine bien entamée et qui l'encourage dans l'épanouissement de sa carrière professionnelle, que Shin Young a toujours fait en priorité jusqu'à présent. Cependant, raconter une histoire parfaite n'est évidemment pas l'objectif d'un drama. Au contraire. Ce scénario, tout droit sorti des rêves de célibataire fleur bleue traînant leur mal d'amour, s'enraye donc rapidement. Dès la nuit suivant cette demande en mariage. Shin Young est, en effet, reporter pour la télévision. Retournée travailler un peu plus tard cette soirée-là, elle est appelée pour couvrir un incendie dans un motel. Elle assiste alors au sauvetage de son pseudo fiancé, saute de la plus pathétique des manières par une des fenêtres, afin d'échapper aux flammes, et ce, en charmante (et très jeune) compagnie.

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La suite offre donc un condensé, mélange dynamique entre vraies réflexions existentielles et remises en question, et soirées arrosées entre amies, naviguant entre auto-apitoiement et tendre ironie, le tout bénéficiant d'une dimension humaine et d'une épaisseur psychologique travaillées et appréciables. Ce ton, assez versatile, permet à la série de s'imposer rapidement dans le coeur du téléspectateur, qui s'attache instinctivement aux personnages, et surtout à l'héroïne, dont le drama s'emploie à souligner toute la complexité. Shin Young est une journaliste qui s'est toujours investie pleinement dans sa carrière, ne laissant pas ses amours la brider. Elle a invariablement instauré un ordre des priorités où la vie professionnelle passait en premier. Seulement, désormais bien trentenaire, avec une carrière qui n'est pas non plus devenue ce dont elle rêvait, elle contemple aussi les ruines inachevées de sa vie personnelle : elle se retrouve en porte-à-faux d'une société, aux yeux de laquelle elle a déjà rompu avec les codes implicites, en n'étant pas encore mariée à son âge.

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The Woman Who Still Wants to Marry aurait pu tomber dans la fable moralisatrice sur la gestion d'une vie, avec notamment cette fameuse problématique du choix, supposé impératif, que la femme devrait avoir à faire entre travail et famille. Mais le pilote de ce drama est loin d'être aussi réducteur. Au contraire, il traite de ces questions avec une ambivalence qui sonne finalement très juste, se refusant de présenter le personnage de Shin Young de façon unidimensionnelle. La jeune femme intériorise et symbolise au fond les paradoxes de son époque. Sa versatilité témoigne de l'ambiguïté des attentes de notre société avec une authenticité rafraîchissante. Brillante et professionnelle accomplie, agissant souvent en femme forte à la personnalité affirmée, elle peut soudain se sentir accablée de doutes et se muer en célibataire pathétique. Avec son caractère entier, ses sautes d'humeur spontanées, son personnage a une portée un peu universelle dans lequel il est facile de se retrouver. Bien sûr qu'elle s'interroge sur sa vie, sur les choix qu'elle a pu faire par le passé. Elle est consciente d'aspirer à un équilibre entre deux idéaux à atteindre qui, jusqu'à présent, n'ont pas paru compatibles. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille sacrifier l'un pour atteindre l'autre. Elle se l'avoue elle-même, s'ils étaient à refaire, elle referait probablement les mêmes choix. C'est ce qu'elle est. Elle ne remettra pas en cause son sens des valeurs. Pourtant, elle est aussi parfaitement consciente de cette contradiction sous-jacente entre épanouissement professionnelle et personnelle, qu'elle n'hésite pas à souligner.

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Alliant avec inspiration des tons très différents, la série exploite, avec une certaine habileté, son concept de départ pour offrir une entrée en matière plutôt rafraîchissante. Alternant des scènes au comique burlesque, où nos héroïnes jouent avec une auto-dérision distante sur la figure caricaturale de la célibataire désespérée, l'épisode parvient aussi à nous proposer des scènes où leurs sont assenées des répliques d'une cruauté très amère sur leur vie, auxquelles elles répondent avec une dignité qui force le respect. Ces trois amies ont pris leur vie en main et ne comptent pas perdre ce contrôle, en dépit de leurs moments de doute ou de faiblesse. The Woman Who Still Wants to Marry réussit, sous ses atours de comédie romantique classique, à dresser un portrait très juste de la femme moderne. La série ne se veut pas militante. Elle n'est ni spécialement féministe, ni moralisatrice en référence à des conceptions passéistes. Elle décrit simplement les contradictions existantes dans nos sociétés modernes. Peu importe la vision progressiste que l'on peut avoir, la place des femmes demeure sujette à questionnement, que ce soit par le biais de valeurs culturelles intégrées que l'on reproduit inconsciemment, ou par une pression sociale qui s'exerce de manière insidieuse. Ce drama capte et retranscrit très bien ces éléments sociologiques, tout en utilisant, comme base à ces esquisses de réflexion, le format de la comédie romantique.

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De plus, il faut souligner que les acteurs contribuent à cette agréable impression d'ensemble. Le premier épisode se concentre sur les états d'âme de l'héroïne et de ses deux amies, le casting masculin n'étant introduit, pour une bonne partie, que dans les dernières minutes du pilote. Je ne connaissais aucune des têtes d'affiche féminines, mais elles m'ont vraiment et quasi-instantanément conquise. C'est évidemment surtout Park Jin Hee qui s'impose, en journaliste volontaire et versatile, entre femme de tête et demoiselle au coeur d'artichaud. Aimer l'actrice principale d'un drama est toujours bon signe pour la réception globale de la série. Et le jeu de Park Jin Hee, tout en grâce et relativement sobre pour son rôle et les effets comiques recherchés, colle parfaitement à son personnage. A ses côtés, Uhm Ji Won incarne sa meilleure amie, très volontaire, avec un caractère férocement indépendant qui permet une balance intéressante avec Shin Young. Et Wang Bit Na joue une ancienne connaissance du lycée dont la route professionnelle croise celle de l'héroïne. Toutes trois fonctionnent bien ensemble, et leurs scènes communes, de déprime ou de planification de stratégies improbables, apparaissent toujours très complices.

Si je n'avais encore jamais rencontré aucune des actrices de ce drama, ce n'était pas le cas des acteurs. Si Kim Bum (Boys Before Flowers) est introduit dans les dernières minutes du premier épisode, son rôle sera plus conséquent dans les prochains : un étudiant à l'attitude assez provocatrice, potentiel love interest en pointillé presque atypique, loin des stéréotypes, pour nos héroïnes, puisqu'il est de douze ans leur cadet. A ses côtés, on retrouve également l'immanquable et toujours Choi Chul Ho (doté d'un don d'ubiquité que je lui envie, puisque vu, juste l'année dernière, dans Queen of Housewives, Partner, Hot Blood) et, enfin, Lee Pil Mo (The Sons of Sol Pharmacy House).

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Bilan : The Woman Who Still Wants to Marry se révèle étonnamment rafraîchissante, portée par un trio de femmes attachantes et modernes, entre contraintes sociales et aspirations personnelles. Elle traite de la thématique classique du choix entre vie privée et vie professionnelle, mais, dans ce pilote, elle reste sur un terrain neutre, ne prenant pas partie pour aucun des choix, mettant seulement en scène trois trentenaires de leur époque, pointant avec une certaine ironie les contradictions inhérentes à la société moderne dans laquelle elles vivent, entre émancipation et poids des traditions. Au final, jouant sur un ton assez léger et n'hésitant pas à faire dans l'auto-dérision, ce premier épisode est plutôt convaincant et la dynamique fonctionne.

Le potentiel est là et donne envie de s'investir pour découvrir la suite de leurs improbables aventures et épreuves de la vie. Pour parler au téléspectateur occidental, voici peut-être une sorte de Sex & The City version coréenne
- sans sexe donc -.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce :