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28/02/2010

(K-Drama) Coma : soirée d'horreur à l'hôpital

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Mise à part quelques lectures de romans de Stephen King dans ma jeunesse, s'il est bien un genre que je n'ai jamais ressenti le besoin d'explorer plus avant, c'est celui de l'horreur. De tempérament instinctivement sensible, je n'ai jamais compris cette envie de jouer à se faire peur qu'éprouvent certains. D'autant qu'avec mon imagination débordante, il est très aisé de réussir à me traumatiser pour plusieurs semaines, après le visionnage inconséquent de "vrais" films d'horreur.

Donc, a priori, la découverte de Coma n'allait pas de soi. Jusqu'à présent, dans le cadre des dramas asiatiques, le seul que j'avais eu la curiosité de visionner était une série japonaise, Chakushin Ari (One Missed Call), une fiction qui se base plus sur la suggestion et une tonalité assez diversifiée, avec de la tension certes, mais aussi des parenthèses légères et pas vraiment de vraies frayeurs. Reste que ma témérité s'en était jusqu'à présent satisfaite. Cependant, toujours en quête de nouvelles expériences, j'étais tombée, notamment sur le blog d'Ageha ou celui de Lynda, sur des reviews positives d'un k-drama a priori assez original par rapport aux classiques : Coma.

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Se démarquant sur le fond par l'histoire proposée, ce drama se distingue aussi sur la forme, puisqu'il s'agit en fait, techniquement, d'une mini-série. Elle comporte en effet seulement 5 épisodes, d'une heure chacun. Nous sommes loin des histoires diluées à la durée se comptant en plusieurs dizaines d'épisodes ! Datant de 2005, elle fut diffusée sur la chaîne câblée sud-coréenne ONC. Intriguée par ce format atypique, mais aussi par le synopsis, j'ai profité de quelques jours passés, ce mois-ci, dans une maison où je n'étais pas seule (nécessité afin de neutraliser mon imagination débordante) pour me plonger dans ce k-drama.

Coma part de bases classiques, pour développer un récit propice à générer des angoisses. Le drama se déroule au sein d'un hôpital qui s'apprête à fermer prochainement ses portes. La plupart des formalités et des transferts ont déjà eu lieu, ne reste à évacuer qu'une dernière patiente, Lee So Hee, qui est dans le coma depuis plusieurs années. Seuls quelques membres du personnel sont encore dans l'établissement. Yoon Young, une jeune agent d'assurance, est envoyée sur place pour un travail a priori normal : régler les derniers détails avant la fermeture. Mais, le passé va ressurgir : derrière les portes de l'hôpital, des secrets depuis longtemps dissimulés vont revenir à la surface, alors que d'inquiétants phénomènes se produisent.

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Pour mon premier "vrai" drama d'horreur, j'avoue que l'utilisation de ressorts scénaristiques assez classiques a pleinement fonctionné avec moi. Ayant très peu vu de fictions de ce genre, je n'ai pas les références culturelles nécessaires pour opérer des comparaisons pertinentes et éclairer la façon choisie pour exposer les intrigues. De mon point de vue de profane, a priori, il m'a semblé que la mise en scène de l'histoire ne se démarquait pas par son originalité, ré-utilisant les ficelles traditionnelles de l'horreur asiatique. Pour autant, dans cette perspective, la mini-série bénéficie grandement de son format. En effet, ses cinq épisodes correspondent finalement à cinq petits films distincts. Ils sont portés à l'écran par des réalisateurs différents (seul le 1er et le dernier épisodes disposent du même), et tous ont opté pour des styles qui leur sont propres. Si bien que Coma ne forme pas un simple bloc homogène : certains épisodes misent plus sur le suggestif et des effets de caméra et de musique, tandis que d'autres, plus directs, entretiennent une atmosphère très glauque, à la limite du gore. Ce ne sont donc pas exactement les mêmes angles de traitement qui nous sont proposées. Si cela peut générer une fluctuation qualitative assez importante, le point positif incontestable est que cela permet de confèrer une identité à chaque épisode. Parmi les cinq, le quatrième m'apparaît comme étant le plus abouti.

De plus, si les ingrédients source d'horreur sont des classiques -même s'ils ne sont pas toujours exploités de la même façon-, le format permet également à la mini-série d'adopter une narration originale, capitalisant justement sur le fait qu'il s'agisse d'une mini-série et tranchant donc avec tout parallèle cinématographique. En effet, c'est la même soirée que nous revivons dans chacun des cinq épisodes, mais l'histoire nous est racontée, à chaque fois, en suivant le point de vue d'un personnage différent. Par conséquent, on revit cette même soirée cauchemardesque cinq fois de suite, mais avec une nouvelle perspective pour chaque épisode. C'est particulièrement intéressant de voir ainsi exploiter ce format télévisuel, car c'est un choix qui ajoute une certaine tension et rend l'histoire plus captivante que s'il s'était agi d'une simple narration linéaire. A noter que cela n'empêche pas certains réalisateurs de prendre quelques libertés avec leurs prédécesseurs, générant de petites discontinuités entre les épisodes qui ne nuisent pas à la cohérence globale de l'ensemble.

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Le format particulier du récit sert plutôt bien l'histoire. Le drama n'a aucune peine à créer une atmosphère angoissante, presque oppressante par moment, pour laquelle les couloirs et salles sombres de l'hôpital sont un décor parfait. Il y a un côté assez glauque, voire morbide, qui est plus ou moins exploité suivant les épisodes, mais qui parvient à vous tenir en haleine devant votre écran sans difficulté. La suggestion fonctionne aussi très bien, réussissant à nous inquiéter dans des scènes où il ne se passe -pour le moment- rien de particulier : la simple potentialité, alliée à une musique de circonstance, suffit. L'histoire est assez lente à démarrer, cependant le téléspectateur ressent instantanément cette sensation désagréable de non-dit : il perçoit qu'un drame s'est déroulé derrière ses murs, sans qu'il ait besoin de savoir ce qu'il s'est passé. L'intrigue se reconstitue un peu comme un puzzle, en raison de la narration éclatée adoptée, mais tout se rejoint de façon convaincante au final. Dans cette optique, le drama est bien supporté par les personnages mis en scène, tous très différents et tous liés d'une façon ou d'une autre : qu'il s'agisse de l'agent d'assurance, des infirmières, de la médium ou encore du médecin (le Dr Jang m'a un peu traumatisé), tous parviennent à s'imposer à l'écran et à ne pas laisser indifférent le téléspectateur. Dans cette galerie, le point faible correspond peut-être à l'inspecteur de police du troisième épisode, avec lequel j'ai eu un peu plus de difficulté.

Le casting se révèle également assez solide, les actrices m'ayant peut-être plus séduite. Lee Se Eun (Fly high) est très convaincante dans son rôle de l'agent d'assurance revenant sur son passé ; mais mon coup de coeur va peut-être à celle qui incarne la médium, Lee Young Jin (Fight). Les seules que j'avais déjà croisées étaientt Cha Soo Yun (Hot Blood, Time between Dog and Wolf) qui incarne Lee So Hee, et puis Myung Ji Youn (IRIS), l'infirmière Kang. A leurs côtés, on retrouve Lee Jung Hun, en docteur très inquiétant, ainsi que d'autres acteurs que je n'avais jamais croisés, comme Lim Won Hee et Bae So Yeun.

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Bilan : Âme sensible vivant seule dans une maison ? S'abstenir !
Sur le fond, l'histoire se révèle très prenante, permettant, après un premier épisode plus d'exposition, de nous immerger véritablement dans une atmosphère angoissante, qui aboutira à un "toutélié" efficace, même si certaines incohérences dans la continuité du récit pourront un peu gêner. Si l'on reste dans des ingrédients classiques, le téléspectateur n'a aucun mal à se prendre au jeu et se faire quelques frayeurs. L'originalité de cette mini-série réside dans son format, dont elle parvient avec une certaine réussite à mettre en valeur son potentiel, avec cette même soirée vécue en changeant de perspective. Cela reste donc une expérience intéressante à tenter - pour profiter en plus de la brièveté du drama - mais il faut mieux apprécier un peu ce style a priori !

En conclusion, je précise que, n'ayant pas énormément d'expérience dans le domaine de l'horreur, il m'a été assez difficile de rédiger cette critique ; d'autant que ce genre se prête assez peu, dans mon esprit, à la prise de distance nécessaire à la rédaction d'une review. Mais  j'aurais essayé.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

21/02/2010

(K-Drama) Time between Dog and Wolf : NIS, Triade et vengeance personnelle

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Semaine un peu relâche côté dramas asiatiques. Outre ceux qui sont en cours de diffusion (déjà assez nombreux), je me suis seulement traumatisée en regardant une mini-série d'horreur, Coma. La review viendra quand j'aurais tout digéré, même si, je l'avoue, j'ai toujours beaucoup de mal à écrire un billet sur les fictions de ce genre-là ; il en faut peu pour m'effrayer. Et une fois ce constat dressé, l'analyse est vite réduite au minimum. En attendant de parvenir à m'armer de tout mon courage pour cette tâche, je vais, en ce dimanche asiatique, évoquer un k-drama visionné il y a quelques temps déjà, mais dont je n'avais jamais encore trouvé l'occasion de vous parler, sans doute en raison de l'impression mitigée qu'il m'avait laissée : il s'agit de Time between Dog and Wolf.

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Je suis tombée sur Time between Dog and Wolf au cours d'une période où je cherchais à m'éloigner des classiques romances coréennes, tournant un regard curieux vers des dramas plus orientés action. Si je souhaitais naïvement rompre un peu avec les habituels stéréotypes d'un certain genre, mal m'en a pris, car cette série se révéla en être un vivier sans fin. Il reste que j'ai quand même globalement apprécié l'ensemble des 16 épisodes que compte ce drama, datant de 2007, une fois une prise de distance salvatrice acquise face au scénario.

Time between Dog and Wolf s'ouvre à Bangkok, en Thaïlande, au coeur d'une guerre contre le crime organisé, menée par les services officiels thaïlandais, derrière lesquels opèrent le NIS (l'agence coréenne des services de renseignement). Lee Soo Hyun, dont le père est décédé dans des circonstances floues il y a plusieurs années, est élevé par sa mère, qui travaille au bureau du procureur à Bangkok. Gentil mais dissipé, il fait la connaissance, au cours d'une de ses escapades avec des amis, de la belle Seo Ji Woo, une adolescente du même âge que lui, avec qui il va nouer une relation particulièrement intense : elle sera son premier amour. Mais un drame va les séparer, les ramenant, chacun de leur côté, en Corée du Sud. En effet, la mère de Lee Soo Hyun a repris à son compte la croisade de son époux, pourchassant une organisation criminelle particulièrement puissante, Cheongbang. Devenue trop dangereuse pour cette Triade, elle est malheureusement assassinée sous les yeux de son fils, qui n'a que le temps de garder en mémoire le tatouage qui marquait le bras du meurtrier.

Adopté par un responsable du NIS, Kang Joong Ho, et devenu un membre à part entière de sa famille, Lee Soo Hyun grandit au côté de son frère adoptif, Kang Min Ki, avec lequel il noue une réelle complicité. Tous les deux marchent vers un choix de carrière tout tracé au sein de l'agence de renseignements. Mais les tragédies passées de Thaïlande refont un jour surface. Alors qu'il retrouve, par hasard, Seo Ji Woo, Lee Soo Hyun recroise l'assassin de sa mère au cours d'une mission. Jusqu'où son désir de vengeance le conduira-t-il ? Quels sacrifices est-t-il prêt à faire pour mener à bien ce projet ?

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Time between Dog and Wolf est donc un drama aux allures de thriller, qui navigue entre fiction policière et histoire d'espionnage, sur fond de revanches personnelles, avec une dose très légère de romances potentielles. Capitalisant sur ce genre, il entretient une ambiance paranoïaque assez intrigante qui reste, cependant, globalement relativement manichéenne. La série utilise, avec un entrain contagieux parfois un peu naïf, les différentes thématiques propres à ce type de récit : l'infiltration d'agents doubles, au sein des deux camps s'affrontant, est ainsi une de ses dynamiques principales. Par ce biais, elle n'hésite pas à aller très loin dans la mise en scène de l'ambivalence des rapports entre les personnages : les ennemis d'un jour deviennent, de façon parfois très surprenante, les alliés du lendemain. Cependant, dans cette toile d'araignée où tout n'est que manipulation, il apparaît clairement que le subterfuge reste roi, au sein d'une atmosphère particulièrement ambiguë. Si chacun semble mener une partie d'échecs létale, dont l'identité de ceux qui tirent réellement les ficelles n'est pas toujours claire, les scénaristes affichent, eux, un plaisir évident à jouer avec les loyautés et les nerfs de leurs personnages. Un plaisir tel qu'ils donnent parfois l'impression de trop en faire.

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En effet, le récit, se découpant en deux parties, se caractérise par une progressive immersion dans une surenchère de plus en plus marquée, au fur et à mesure que le tourbillon d'évènements s'enchaîne. Si les k-dramas misent classiquement sur des ressorts narratifs quasi-invariables, Time between Dog and Wolf n'hésite pas à aller très loin sur cette voie. Assumant pleinement l'utilisation de ficelles scénaristiques assez énormes, qu'elle met en scène avec un aplomb certain, la série accumule les recours à des schémas stéréotypés, rythmés par des revirements constants qui soulignent la versatilité nerveuse de l'écriture. Avec une assurance parfois quelque peu déstabilisante, elle repousse sans cesse les limites de la crédibilité de l'intrigue à leur maximum, recherchant goulûment à accroître la portée des réactions et des effets désirés. Le tournant qui frappe le héros à la mi-saison, le plus marquant, illustre parfaitement cette philosophie affichée par les scénaristes. Pour apprécier Time between Dog and Wolf, il apparaît donc nécessaire de dépasser la gêne réflexe que peut éprouver le téléspectateur rationnel confronté à cette avalanche de clichés. Il faut oublier ses scrupules et partir du postulat que ce drama est un divertissement cherchant simplement à exploiter à tous les niveaux, pleinement et de façon très efficace, son concept de départ.

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Si les poncifs du scénario, assumés de façon presque enthousiaste par la série, conduisent le téléspectateur à prendre ainsi plutôt au second degré certains éléments en apparence sérieux, la dynamique et la tension d'ensemble du récit n'en souffrent pas. Il reste aisé de s'immerger et de s'impliquer dans l'histoire, notamment en raison de la galerie de personnages très humains qui la servent. La plupart sont, soit attachants, soit intrigants, si bien qu'aucune inimité ne naît. Concernant cet aspect, il faut souligner que, sans que cela porte préjudice à l'intérêt du drama, les scénaristes n'ont pas fait le choix de l'homogénéité dans la répartition des rôles ; le face-à-face orchestré entre Lee Soo Hyun et l'assassin de ses parents est traité d'une manière un brin indirecte, ne se retrouvant pas au coeur d'un intense affrontement qui conditionnerait tout le reste. Un aspect qui se retrouve souvent dans d'autres dramas ayant pour sujet la vengeance. Time between Dog and Wolf est une série vraiment centrée sur son protagoniste principal, de sorte que l'entourage de ce dernier sert, très souvent, surtout de faire-valoir. Les actions des autres protagonistes tournent autour du personnage principal, plus qu'ils ne font preuve d'initiative par eux-mêmes. Ce déséquilibre est recherché : il y a une volonté manifeste, tout au long du drama, de mettre en avant le héros. Personne ne lui volera la vedette. Le téléspectateur n'a cependant aucune peine à se rallier à ce schéma.

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Si sur le fond, Time between Dog and Wolf a ses atouts, mais aussi ses faiblesses, soyons honnête, une partie de la renommée de la série provient incontestablement de son casting. Ou plutôt, je soupçonne la relative bonne réputation de ce drama d'être, au moins un peu, liée à la seule présence de son acteur principal, Lee Jun Ki (Iljimae, Hero). Ce dernier a à son crédit d'être un des rares acteurs coréens que je n'ai pas découvert par le biais des dramas, mais, au cinéma -ce qui, vu ma culture cinéphile parcellaire, est un fait suffisamment exceptionnel pour être souligné-, dans un film historique relativement marquant, Le roi et le clown. Depuis, j'ai conservé pour lui une bonne partie de l'affection née au détour de cette salle obscure, si bien que j'ai beaucoup apprécié le découvrir dans un registre complètement différent à travers ce drama. D'autant que c'est, je pense, dans Time between Dog and Wolf que son jeu d'acteur m'a le plus convaincu. Je suis un peu plus réservée sur ses performances dans les autres dramas où j'ai pu le croiser.

A ses côtés, les deux autres acteurs du trio principal s'en tirent de façon très honnête. J'ai beaucoup aimé Jung Kyung Ho (Smile, you, Ja Myung Go) qui joue, avec une fraîcheur communicative très agréable, le frère adoptif, au caractère assez pliable, de Soo Hyun. Tandis que Nam Sang Mi (Gourmet) incarne la figure féminine qui focalise l'intérêt romantique. Le casting secondaire se révèle aussi globalement solide, composé de plusieurs têtes souvent croisées : Kim Gab Soo (vu récemment dans JeJungWon ou encore Chuno) en patron manipulateur, Choi Jae Sung (Empress Chun Chu) en gangster pragmatique, Lee Ki Young (Goong S) en père impliqué, ou encore Suh Dong Won...

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Bilan : Du suspense, de l'action, de la vengeance, des histoires de famille impossibles et improbables, le tout saupoudré d'une touche d'amours contrariés qui n'est pas envahissante, Time between Dog and Wolf exploite, avec un enthousiasme un peu naïf parfois, mais toujours revendiqué et finalement communicatif, un cocktail très condensé de tous les schémas scénaristiques du k-drama classique. L'ensemble se révèle entraînant, et l'intrigue prenante. Le bémol vient du fait que les ingrédients de ce mélange apparaissent par moment un peu trop condensés, nuisant à la crédibilité de la trame principale au fur et à mesure que le drama progresse. Dans cette optique, la seconde partie de la série et ses multiples retournements et situations improbables peut déstabiliser un téléspectateur un peu rigoureux. Cependant, il est assez aisé de se convaincre de dépasser cette première réaction réflexe.

Time between Dog and Wolf se révèle alors être un bon divertissement, à la tonalité aguichante d'un thriller assez rythmé. Centré sur l'action et la vengeance, il laisse les romances au second plan. Au final, c'est un drama parfait pour se changer les idées, qu'il faut apprécier pour ce qu'il a offrir, sans scrupule, ni arrière-pensée.


NOTE : 6,25/10

 

La bande-annonce de la série :


Le clip d'une des chansons récurrentes accompagné de quelques images du drama :

07/02/2010

(K-Drama) Jumong (The Book of Three Han) : fresque épique sur la fondation d'une nouvelle nation



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Je ne vous cache pas m'être sentie plutôt contente en visionnant le dernier épisode de Jumong. Non que la lassitude me gagnait, la série sachant se renouveler constamment pour poser de nouveaux enjeux, mais il s'agit, de loin, du plus long drama asiatique que j'ai regardé jusqu'à présent : 81 épisodes. C'est que, mine de rien, cela demande un certain investissement (pas seulement en temps) ! Si bien qu'une fois l'histoire terminée, le sentiment de vide, en quittant un univers désormais trop bien connu, se dispute à la satisfaction d'avoir suivi et apprécié jusqu'au bout cette longue, mais fascinante, épopée.

Toujours est-il que je pense quand même attendre quelques mois avant d'attaquer Kingdom of the Winds, histoire de laisser reposer un peu tout cela ; et je vais probablement plutôt me concentrer sur des dramas contemporains dans les prochaines semaines.

Voici donc pour ce dimanche asiatique, une critique complète de Jumong (garantie sans spoilers). *Je dois vous avouer que l'heure tardive à laquelle je poste ce billet s'explique en grande partie en raison du terrible dilemme auquel j'ai dû faire face : condenser tout ce que j'aimerais écrire sur ce drama en une seule note !*

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Cette série, également intitulée The Book of Three Han : The Chapter of Jumong, se propose de nous raconter la fondation du royaume de Goguryeo (Koguryŏ), au Ier siècle avant J.-C., par Jumong. Ce royaume fut ensuite un des trois, avec Baekje (Paekche) et Silla, à dominer la péninsule coréenne durant plusieurs siècles, au cours d'une période que l'on désigne aujourd'hui sous le nom des Trois Royaumes de Corée. Avec ce récit, nous revisitons donc un des mythes fondateurs de ce pays.

Au Ier siècle avant J.-C., le territoire, divisé en de nombreux clans et tribus, subit l'influence chinoise de la dynastie des Han, qui a notamment conquit le Josun Antique. Ses habitants, désormais persécutés et appelés les "migrants", ont été réduits en esclavage par leurs conquérants. Cependant, leur espoir fut ranimé par un chef de guerre devenu légendaire, Hameosu, qui leva une armée, l'armée du Damul, pour combattre les Han et remporta plusieurs victoires contre l'Armée de Fer. Allié au prince héritier du royaume de Puyo, Kumhwa, Hameosu fut cependant trahi par le père de ce dernier avant de mener la dernière bataille.

Ce héros de la lutte pour les migrants considéré comme mort, Kumhwa recueillit à Puyo l'amante de son ami, Yuwha, afin qu'elle devienne sa concubine. Yuwha était alors déjà enceinte de Hameosu. Fidèle à sa promesse, Kumwha accepta d'élever l'enfant, appelé Jumong  ("grand archer") en hommage à son père, comme son fils. Il reçut une éducation royale aux côtés des deux autres garçons du roi. Mais, l'âge adulte approchant pour les trois jeunes hommes, l'enjeu successoral devient progressivement central. Tandis que les rivalités de personnes s'enveniment, la destinée de chacun va se mettre en marche. Le rêve de Hameosu de fonder une nouvelle nation et de restaurer le Josun Antique, en repoussant les Han, pourra-t-il voir le jour ?

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Jumong est un drama historique au sens traditionnel du terme. Si la série n'a aucune peine à maintenir une tension constante qui retient l'attention du téléspectateur, elle le fait en utilisant les codes très classiques de ce genre. La narration passe ainsi par une mise en scène théâtrale, ce qui donne donc des scènes relativement figées. Pour autant, paradoxalement, l'intensité émotionnelle des tragédies et de l'Histoire en mouvement n'est en rien amoindrie par ce traitement platonique des intrigues. L'empathie pour les personnages est bien réelle ; et le téléspectateur n'a aucun mal à ressentir, lui aussi, les foudres de la politique et de la passion qui s'abattent et s'affrontent.

Dans les différents types du genre historique, Jumong pourrait sans doute être classé comme une série d'intrigues de Cour. Certes, les batailles sont bien présentes et plusieurs arcs fondamentaux ont lieu en extérieur. Mais dans l'ensemble, ce sont dans les recoins des divers palais royaux, de Puyo à Hyunto, en passant par Keru, que se joue le sort des personnages. Sans se priver de phases d'action, le drama trouve rapidement un dosage convaincant, parvenant à trouver un équilibre entre complots de couloirs et parenthèses de combats décisives.

Il se dégage de l'ensemble un véritable souffle épique dans lequel le téléspectateur n'a aucun mal à se laisser emporter, pleinement conscient de l'importance des enjeux. Avouons-le, je craignais a priori un peu la longueur de cette série. Mais Jumong s'est révélé en fait prenant de bout en bout, quasiment sans temps mort. Ce drama s'apparente en réalité à une vaste épopée, que l'on pourrait comparer à un épais roman découpé en chapitres... C'est ce qui donne une impression de densité au récit, de laquelle il est difficile de se détacher une fois happé par l'histoire. La construction des intrigues accentue d'ailleurs ce sentiment : se déroulant toujours sur plusieurs niveaux, jouant sur les intéractions de diverses sphères de personnages, elles ne sont pas confinées sur un seul épisode. Par ce biais, la série se rapproche d'une chronique, divisée en un certain nombre de grands arcs scénaristiques (les chapitres).

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De plus, une autre qualité indéniable du fond, qui contribue également à maintenir l'attention du téléspectateur, c'est l'évolution constante des histoires. Allant toujours vers l'avant, les enjeux, comme les priorités, changent constamment, aucune situation ne restant jamais acquise. Si la lutte de pouvoirs demeure centrale, de nouvelles préoccupations viennent régulièrement bouleverser les alliances préconstituées, parvenant à renouveler les problématiques posées. Si bien que jamais la série ne donne l'impression de tourner en rond. Il faut le souligner, car c'est très impressionnant, pour le téléspectateur, d'observer la façon dont ce vaste récit se façonne et prend peu à peu toute sa dimension, découvrant des rouages et des ressorts scénaristiques insoupçonnés. Grâce à cette belle maîtrise, ces jeux de pouvoirs s'avèrent ne pas être du tout répétitifs, même s'ils s'étendent sur plus de 80 épisodes.

En fait, la série ne se déroule pas d'une seule traite. Au contraire, elle enchaîne de vastes arcs, regroupant plusieurs storylines, entre lesquelles se glissent de brefs épisodes de transition, qui servent de base pour permettre le lancement de l'arc suivant. Schématiquement, on peut diviser le drama en deux grandes parties. La première a une connotation plutôt initiatique, suivant un développement assez classique. Initialement jeune prince hédoniste et privilégié, profitant de la vie sans se soucier des conséquences de ses actes, Jumong va devoir faire face à ses premières douloureuses expériences de la vie, devenant peu à peu un guerrier accompli. A la frivolité des débuts succède la prise de conscience du poids de la destinée qui pèse sur lui, alors qu'il découvre l'héritage laissé par son vrai père. Cette première partie se déroule principalement à Puyo, sur fond de concurrence exacerbée entre les différents princes pour s'imposer comme l'héritier désigné du roi Kumhwa. Les intrigues de Cour ont ici une importance prépondérante.

La seconde partie marque l'émancipation véritable de Jumong. Il se décide finalement à embrasser la voie tracée par son père. S'assignant un rôle de protecteur des migrants du Josun Antique, il quitte Puyo pour fonder une nouvelle nation, coupant ainsi ses liens avec le royaume où il a grandi. D'une concurrence interne de succession, le coeur du drama se déplace alors vers un conflit entre tribus et nations. Recréant l'armée du Damul, Jumong se pose en adversaire des Han affaiblis dans la péninsule et va peu à peu conquérir un territoire qui deviendra à terme Goguryeo, un nouveau royaume devenu adversaire de Puyo. N'ayant plus rien de l'innocence inconsciente des premiers épisodes, Jumong est désormais un meneur d'hommes et un chef de guerre accompli.

La force du récit est de nous permettre d'apprécier l'évolution de toute une galerie de personnages très divers. A mesure que chacun doit faire face à de nouvelles épreuves que la vie place devant lui, la tonalité de l'histoire prend un tour plus mature, l'importance des enjeux étant démultipliée.

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Cette évolution de l'atmosphère du drama, de l'insouciance de la jeunesse jusqu'aux difficiles décisions nécessaires, prises grâce à l'expérience acquise, est une des raisons pour laquelle suivre Jumong dans la continuité se révèle particulièrement passionnant. Le téléspectateur est finalement le témoin privilégié de cette progressive maturation des différents personnages. Nous voyons la façon dont leurs propres choix les construisent peu à peu, les menant sur un chemin qui va leur permettre d'accomplir de grandes choses. Je dois dire que c'est un sentiment très agréable de voir ainsi parfaitement récompensé son investissement devant cette longue fresque historique, en observant la réalisation de ces différentes destinées.

Outre l'ampleur du récit, ce qui retiendra l'attention, cela va être aussi l'attachement du téléspectateur à l'égard des différents personnages. Jumong offre en effet une galerie très hétéroclyte de personnalités diverses, pour lesquelles il est facile de ressentir une empathie spontanée. Le format long devient ici une opportunité : il permet de mettre chacun en valeur, ne se cantonnant pas à la poignée de personnages principaux. Si bien que tous les personnages récurrents - les morts étant finalement - paradoxalement - assez rares dans les deux premiers tiers de la série - ont des occasions de s'illustrer, tant en bien qu'en mal, suivant le camp dans lequel ils se trouvent. Tous deviennent rapidement des piliers presque immuables, dont les allégeances peuvent fluctuer, mais qui demeurent des points de repères solides pour le téléspectateur.

Plus anecdotique, mais tout aussi appréciable, la longueur de la série est aussi une occasion de retenir la plupart des noms propres utilisés, des personnes comme des clans en cause ; l'histoire est alors plus facilement accessible que dans des dramas plus condensés, où le téléspectateur peut se perdre.

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Jumong exploite donc pleinement les 81 épisodes qui lui sont alloués. Cette durée permet au récit d'alterner les ambiances. L'écriture mûrit avec ses personnages. La densité de ses storylines lui offre la possibilité d'alterner les genres et de proposer une palette très riche au téléspectateur. Ce drama apparaît, par bien des aspects, assimilable à un récit initiatique. Mais s'y mêlent aussi la passion et l'irrationnalité d'histoires d'amours impossibles, malmenées par les évènements. Les luttes de pouvoir bouleversent régulièrement toutes les certitudes, ne faisant jamais oublier qu'elles sont à l'origine de tout et que c'est d'elles dont dépendent tous les personnages. Ces luttes politiques prennent parfois (voire même souvent) un tour militaires, la série traversera ainsi plusieurs guerres. Mais, plus que tout, Jumong contient toute la symbolique de la fondation d'une nation nouvelle. Tout le drama tend vers cette finalité, les personnages surnageant dans le tourbillon de l'Histoire et du destin.

Il est donc difficile de classer Jumong de façon arrêtée : la série mélange les genres, faisant se succéder des storylines aux tonalités très différentes. C'est incontestablement un des aspects les plus enrichissants pour le téléspectateur qui, finalement, trouvera logiquement toujours des éléments scénaristiques qui lui conviendront. Seule une fresque aussi imposante peut offrir cette extrême diversité. De plus, ce constat renforce le sentiment que la série forme véritablement un tout complet, qui a su exploiter pleinement l'ensemble de son potentiel.

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A partir du caractère assez théâtral du contenu de la série, il est logique que la forme s'y adapte : la réalisation est logiquement assez figée, surtout pour les scènes se déroulant en intérieur. On identifie ainsi plusieurs lieux clés qui vont s'imposer comme les pièces incontournables où les discussions les plus déterminantes auront lieu (qu'il s'agisse de la salle du trône ou des diverses chambres des principaux protagonistes). En extérieur (une bonne partie du drama s'y déroule quand même), les batailles sont correctement chorégraphiées, de façon assez sobre, sans effets de style inutiles. L'image est moins chatoyante et contrastée que dans des dramas historiques plus récents (la série date pourtant seulement de 2006-2007), mais un soin certain a été apporté tant aux décors qu'aux costumes ; ce qui assoit de façon convaincante l'univers ainsi recréé. En somme, en dépit d'un classicisme un peu pesant par moment et qui peut paraître daté par certains aspects, la réalisation est très correcte et sert bien l'histoire.

Mais le véritable point fort de Jumong réside dans sa bande-son. Comme dans beaucoup de dramas coréens, celle-ci se révèle superbe, avec plusieurs chansons ou musiques particulièrement marquantes qui ne pourront laisser pas indifférent le téléspectateur. Qu'il s'agisse de refléter la tonalité épique du moment, la tragédie d'amours brisés ou le deuil engendré par la perte d'êtres chers, tous les instants clés de la série bénéficient d'accompagnements musicaux d'excellente facture. J'ai d'ailleurs récupéré les 2 volumes de l'OST, indépendamment du drama, et les musiques s'écoutent également seules, sans perdre ni leur charme, ni leur attrait.

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Enfin, terminons cette présentation sur le casting. Si le jeu des acteurs apparaît, dans certaines scènes, dans la continuité du style théâtral choisi, un brin figé, la série bénéficie cependant d'excellentes performances de la part de l'ensemble de ses acteurs, à commencer par celui qui incarne le héros : Song Il Gook (Emperor of the Sea, Lobbyist, Kingdom of the winds). S'il s'agit du premier drama dans lequel je le croise, j'avoue avoir été vraiment fascinée par la progressive métamorphose qu'il est capable de retranscrire, de la naïveté teintée d'insouciance des premiers épisodes, jusqu'au leader marqué par les drames, sur lequel pèsent toutes les épreuves qu'il a dû traverser. Qu'il s'agisse de jouer dans un registre léger plutôt comique ou d'imposer sa présence dans des moments véritablement dramatique, Song Il Gook est vraiment convaincant et parvient à faire naître instantanément l'empathie du téléspectateur à l'égard de son personnage. A ses côtés, la belle Han Hye Jin (JeJoongWon) incarne avec beaucoup d'autorité et une certaine froideur, la troublante Soh Suh No, la fille du chef de Keru, un important marchand, dont la destinée semble liée à celle de Jumong ; leur amour réciproque se heurtera constamment aux aléas de leur vie tumultueuse.

Derrière ce couple phare, la galerie particulièrement riche de personnages est, comme je l'ai déjà évoqué, très bien mise en valeur grâce au format : la longueur de la série permettant d'offrir un temps d'antenne important à chacun. Les rôles féminins, dont les manigances en coulisses sont peut-être encore plus déterminantes que celles de leurs époux, sont parfaitement tenus, qu'il s'agisse de Lady Yuwha, incarnée par Oh Yun Soo (The Queen returns), de l'insupportable reine Wan Hoo, jouée par Kyun Mi Ri, ou encore de la douce, mais si déterminée, Yesoya (Song Ji Hyo, vue dans Goong). Le concurrent principal de Jumong, le prince Daeso, dont les crises de colère sont souvent fatales, est incarné efficacement par Kim Seung Soo (dernièrement dans Good Job, Good Job). Enfin, l'ambivalent roi Khumwa est interprété par Jun Kwang Ryul (Swallow the sun).

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Bilan : Jumong est une véritable épopée au sens noble du terme. Traditionnel tant sur la forme que sur le fond, il s'agit d'un drama historique composé d'ingrédients classiques, mais dont le mélange prend vraiment bien. Doté d'une mise en scène assez théâtrale, imposant une certaine distance avec les protagonistes, le téléspectateur n'en est pas moins emporté par le souffle épique qui traverse ce grand récit. En dépit de sa longueur, le scénario se révèle solide dans la durée, s"exécutant sans temps mort et offrant ainsi une belle récompense pour l'investissement du téléspectateur. Construit en plusieurs grands arcs, bénéficiant de phases où l'histoire s'accélère considérablement, rendant intenable toute attente pour regarder l'épisode suivant, ce drama est admirablement bien maîtrisé sur le plan narratif.

Si j'ai bien conscience que la longueur peut a priori quelque peu rebuter, je dois avouer qu'il n'en est que plus gratifiant de suivre un récit qui ne déçoit pas et prouve que la réalisation de ces 81 épisodes se justifiait pleinement. Jumong n'est pas une série à "engloutir" d'une traite. Il s'agit d'un investissement de plusieurs mois, qu'il faut prendre le temps de savourer, et que l'on regardera en parallèle d'autres dramas, en y consacrant une soirée par semaine, par exemple. Si vous n'avez rien contre les dramas historiques, vous ne regretterez certainement pas l'aventure : laissez-vous prendre au jeu de cette grande fresque !


NOTE : 7,5/10


Un aperçu de l'OST avec la superbe chanson clôturant chacun des épisodes :


Un MV reprenant des images des premiers épisodes :

31/01/2010

(K-Drama / Pilote) JeJoongWon : médecine, tradition et modernité dans une fin de XIXe siècle troublée


En ce dimanche consacré à mes explorations dans les contrées téléphagiques asiatiques, je vais vous parler d'une série qui constitue pour moi, de par l'originalité et le traitement de son sujet, une des très agréables surprises de cette rentrée hivernale : JeJoongWon. Diffusée depuis le 4 janvier 2010 sur SBS (Corée du Sud), elle devrait a priori compter 36 épisodes.

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A priori présenté comme un drama historique, JeJoongWon se révèle être bien plus que cela, mêlant médical et Histoire, en nous plongeant au coeur d'une période de profond bouleversement, celle de la fin du XIXe siècle. "JeJoongWon" renvoie au nom du premier hôpital moderne qui fut établi en Corée, par un missionnaire américain, en avril 1885. Il introduisit au pays du matin calme, la médecine occidentale ainsi que de nouvelles disciplines, telle la chirurgie, dans une société où les classes populaires avaient encore recours aux traditionnels shamans et aux exorcistes pour guérir certains malades. L'hôpital initia la formation d'une poignée de jeunes Coréens aux sciences médicales à partir de 1886.

Débutant en 1884, c'est la vie de plusieurs personnages qui vont fréquenter cet établissement que ce drama se propose de suivre. Ces différents protagonistes, provenant de milieux très divers, ont pour point commun de souhaiter apprendre les techniques occidentales de guérison. Parmi eux, figure Hwang Jung (Park Yong Woo) : issu d'un milieu pauvre,  fils d'un boucher, la maladie de sa mère va le conduire à s'intéresser à ce pan encore inconnu des sciences étrangères. A l'opposé, Baek Do Yang (Yeon Jung Hoon), de naissance noble, sera prêt à sacrifier son statut pour pouvoir apprendre cette nouvelle discipline. Tandis que la figure centrale féminine, Yoo Seok Ran (Han Hye Jin), a, elle, été élevée au contact de la culture occidentale par le biais de son père.

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Ce qui marque immédiatement dans ce premier épisode d'exposition, ce n'est pas tant les brefs aperçus de techniques de médecine "moderne" -offrant un double décalage historique et culturel au téléspectateur- que la confrontation sous-jacente et exacerbée entre tradition et modernité ; c'est l'éternel débat entre Anciens et Modernes. Cette thématique s'impose rapidement comme centrale, les histoires personnelles s'imbriquant en fait dans la dualité mise en scène, servant tant à expliquer qu'à souligner cette opposition. Car l'aspect médical prédominant du drama n'occulte pas le contexte particulièrement troublé de cette époque. Au contraire.

Le début de la série prend judicieusement le temps de bien exposer la situation ; de façon à ce que le téléspectateur comprenne quels sont les enjeux véritables posés par cette question, simple seulement en apparence, de la réception de la médecine moderne occidentale. En effet, sur fond de fortes tensions sociales et politiques, l'histoire se déroule dans les dernières années, difficiles, de la Corée du Choson (Joseon), alors écartelée par de profonds chocs culturels, entre le respect de ses traditions et la modernité des nouveaux modes de vie introduits par les étrangers. Le pays se fracture entre conservateurs, partisans d'une ligne dure intransigeante, et les tenants d'une certaine modernité qui délaissent peu à peu les anciens cloisonnements historiques de la société coréenne. De plus, à ces problèmes internes, s'ajoutent les luttes d'influences que se livrent, sur place, les puissances étrangères, à commencer par les pressions d"un Japon impérial de plus en plus pressant.

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Pour illustrer et humaniser ces bouleversements profonds, la série choisit de s'intéresser au destin de plusieurs personnages, dont la diversité des origines permet de souligner les changements en cours. Le pilote prend le temps d'exposer la situation de départ de chacun d'entre eux, permettant au téléspectateur de s'attacher rapidement aux trois figures principales.

La fascination de Hwang Jung pour la médecine s'explique par la maladie minant peu à peu sa mère. D'origine très modeste, fils de boucher dans une société où chacune des corporations professionnelles est encore régie de façon très stricte, il se retrouve coincé entre le poids des traditions et des codes que son père souhaite le voir perpétuer et la conscience de l'existence de nouvelles conceptions, apportant tant des techniques de guérison révolutionnaires qu'une vision très différente du monde qui l'entoure. Ces idées, sapant l'ordre établi, irriguent de plus en plus le pays, en dépit des mesures gouvernementales pour empêcher leur diffusion.

L'épisode regorge de nombreux parallèles symboliques permettant de souligner ces tensions. Au-delà des vêtements portés, entre costumes traditionnels et habits occidentaux, il propose également un contraste particulièrement marquant entre la mise à mort de la vache, ritualisée et empreinte d'une certaine forme de sacralité, par la corporation des bouchers et le banquet noble, tenu à la "mode occidentale", où des étrangers sont invités. Si Hwang Jun se démène pour fournir des médicaments à sa mère -son père faisant, lui, venir un shaman-, l'argent devient rapidement un obstacle insurmontable pour qui souhaite se voir prodiguer des soins modernes. En témoigne son passage dans l'hôpital japonais. Cela conduit le jeune homme sur des sentiers dangereux...

A l'opposé, Baek Do Yang est un jeune noble, fils d'un important dignitaire du régime. Il nourrit une véritable passion pour la science occidentale, n'hésitant pas à se procurer, pour les étudier, des livres d'anatomie humaine interdits. Un intérêt allant ouvertement à l'encontre de la volonté politique du gouvernement et pouvant apporter bien des ennuis, auxquels il échappe pour le moment en utilisant son rang et le nom de son père. Doté d'une soif d'apprendre jamais rassasiée, qui l'amène toujours plus loin dans ses explorations, sa situation d'équilibriste ne pourra probablement pas perdurer très longtemps...

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Le casting apparaît solide. J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Han Hye Jin, l'incontournable Sohsuhno de Jumong, en figure féminine centrale autour de laquelle s'esquisse déjà un triangle amoureux inévitable. Le personnage principal, Hwang Jung, fils de boucher initialement enfermé sous le poids de la rigidité sociale, est joué par Park Yong Woo (Terms of Endearment). Enfin, Yun Jung Hoom (East of Eden) incarne Baek Do Yang, un jeune noble, prêt à rompre avec les traditions de son statut, pour se consacrer à l'apprentissage de la médecine occidentale. Pour le moment, qu'il s'agisse du casting principal ou des acteurs secondaires, parmi lesquels on croise plusieurs têtes familières, telles Won Ki Joon (le prince Young Po dans Jumong), tous apparaissent convaincants.

Sur la forme, JeJoongWon se présente comme une série très classique. La reconstitution historique est soignée, tant concernant les décors que les costumes, servie par une réalisation appliquée. De ce point de vue-là, le drama n'offre pas d'innovation particulière, s'inscrivant dans la lignée des séries de ce genre. La bande-son ne m'a, pour le moment, pas marqué. A la différence, par exemple, de l'autre drama historique du moment, Chuno (Slave Hunters), JeJoongWon apparaît avant tout privilégier le fond ; ce qui est tout autant appréciable, si la solidité du scénario, entrevue dans ce premier épisode, se confirme par la suite.

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Bilan : Drama médical historique, JeJoongWoo mélange de façon originale et très intéressante les genres. Il nous offre une plongée dans une période troublée de la Corée, une époque de transition où la société est alors traversée par de violentes tensions et oppositions entre tradition et modernité. Cette thématique générale va servir de toile de fond à une série évoquant la médecine du XIXe siècle, en suivant l'apprentissage de plusieurs protagonistes au parcours très différent. Captant aisément l'attention du téléspectateur curieux, le pilote de JeJoongWoo pose efficacement les bases d'une fiction originale, intrigante et instructive à suivre.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce :

24/01/2010

(K-Drama / Pilote) Pasta : destins croisés culinaires et romantiques


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Dans le cadre de ce dimanche asiatique, poursuivons la découverte des nouvelles séries sud-coréennes de ce mois de janvier 2010. (Pas de bilan global cette semaine, car je n'ai eu le temps de finir aucun nouveau drama. Il faut dire que, dernièrement, je me suis attaquée aux grandes fresques historiques et à leurs dizaines et dizaines d'épisodes ; même en regardant des dramas plus courts à côté, j'ai logiquement moins de temps à leur consacrer. Ne m'en veuillez pas, parce que je prends bien trop de plaisir devant ces grands dramas historiques et dévore actuellement, avec beaucoup de délice, Jumong.)

Cependant, je reste évidemment fidèle au rendez-vous du dimanche, et souhaite vous faire partager ma passion "pilotovore". Ainsi donc, en cette rentrée hivernale, après le mitigé God of Study et l'enthousiasmant Chuno (dont je vous ai parlé, exceptionnellement, en semaine), laissez-moi vous présenter Pasta, une série jouant a priori sur une thématique de comédie romantique ultra-classique, mais dont le résultat se trouve être pourtant étonamment rafraîchissant.

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Pasta se déroule dans les cuisines d'un restaurant italien réputé, La Sfera. Seo Yoo Kyung (Gong Hyo Jin) rêve de devenir un chef cuisinier spécialisé dans la cuisine italienne ("A Pasta chef"). Persévérante, la jeune femme a passé les trois dernières années à s'occuper des tâches d'appoint, au rang le plus bas de l'équipe préparant les repas de La Sfera. Cependant, elle vient d'être promue comme assistante et devrait pouvoir -enfin- réellement cuisiner, s'occupant elle-aussi des commandes des clients. Seulement, au vu des difficultés financières et d'une réputation culinaire qui se flétrit peu à peu, le chef cuisinier est débarqué par les dirigeants du restaurant, qui embauchent, pour le remplacer, quelqu'un de plus jeune, aux prétentions salariales moindres, Choi Hyun Wook (Lee Sun Gyun). Arrogant, sûr de lui et un brin misogyne, ce dernier entend remodeler son staff suivant ses conceptions de la cuisine. Il utilise, pour cela, des techniques de management très critiquables, ponctuées de colères mémorables. Si bien qu'il va rapidement bouleverser la routine des autres employés. Cela va-t-il marquer la fin des rêves de Seo Yoo Kyung ?

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Ce synopsis confirme bien que les coulisses des cuisines des restaurants demeurent un cadre sûr pour concevoir la base d'un certain nombre de dramas asiatiques, même si, pour ma part, je n'ai encore jamais eu l'occasion de regarder les Bambino (j-drama de 2007, évoquant également la cuisine italienne) et autres Gourmet (k-drama de 2008). Pour ma première incursion dans les milieux culinaires, Pasta propose a priori un grand classique de la comédie romantique, typiquement coréenne en bien des points.

Dans cette optique, le pilote répond parfaitement à ce que le téléspectateur pouvait attendre a priori d'une telle fiction. Aucune surprise scénaristique, ni prise de risque, mais une installation efficace de l'univers du drama, avec une ambiance qui s'inscrit parfaitement dans le créneau visé. L'entrée en scène de chaque personnage est bien calibrée ; les différents protagonistes se voient immédiatement attribuer un rôle clairement identifié. D'une part, il y a l'héroïne, droite, travailleuse, aspirant à réaliser son rêve, et, d'autre part, le supérieur, colérique et arrogant. Dès le départ d'ailleurs, la série prend les devants sur l'imagination du téléspectateur, esquissant la potentialité d'une relation amoureuse entre ces deux opposés, en organisant une première rencontre improbable autour du sauvetage de poissons rouges. En parallèle, les deux autres personnages principaux, plus secondaires, restent pour le moment en retrait, pour permettre d'être en priorité bien familiarisé avec ce duo majeur à l'intérêt scénaristique plus marqué, étant à l'évidence le plus explosif et volatile.

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Tout dénué d'originalité que ce drama paraisse, pour autant, Pasta surprend agréablement. En effet, il règne dans ce pilote une forme de dynamisme contagieuse, en un sens très rafraîchissant, qui happe le téléspectateur sans que ce dernier en ait pleinement conscience. L'épisode est rythmé, prête plusieurs fois à sourire. Sans que l'on s'attache déjà aux personnages, aucune inimitié ne naît : c'est plutôt bien pensé d'avoir d'abord introduit le nouveau chef de façon informelle, pour souligner dès le départ le fait que c'est un personnage à multi-facettes, permettant d'éviter d'aliéner le téléspectateur lorsque son côté le plus tyrannique ressort avec force. L'exploitation du concept se révèle donc divertissante et plutôt bien inspirée.

De plus, le casting est a priori sympathique. Gong Hyo Jin (Hello my teacher, Thank you) y joue l'aspirante souhaitant devenir chef cuisinier. Lee Sun Gyun (The 1st Shop of Coffee Prince, Triple) lui donne la réplique, servant de vis-à-vis, parfait en tyran des fourneaux, effrayant ses employés. Pour compléter ce duo, on retrouve la belle Lee Ha Nui (aka Honey Lee) (Partner) qui incarne une présentatrice d'émissions culinaires télévisées. Le quatuor est complété par Alex (Finding Love), client habituel qui a ses entrées à La Sfera.

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Bilan : Dotée d'un concept de départ on ne peut plus classique, comédie romantique sur fond de confrontations en cuisine, je n'attendais a priori pas grand chose de Pasta. Pourtant, j'ai été surprise de l'ambiance rafraîchissante qui y est immédiatement instaurée. Emporté par ce dynamisme contagieux, le téléspectateur se laisse prendre au jeu sans s'en rendre compte. Si bien qu'au final, Pasta s'impose comme un divertissement loin d'être désagréable, qui se suit facilement et un peu sans conséquence.
Sans marquer, ni révolutionner son genre, cette série pourrait permettre de passer quelques heures sympathiques si elle concrétise ce que le potentiel que ces premiers épisodes laissent entrevoir.


NOTE : 6,5/10


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