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28/12/2009

(UK) Doctor Who, 2009 Christmas Special : The End of Time, part. 1


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Russell T. Davies ne nous a pas habitué à faire dans la sobriété en écrivant les épisodes de fin de saison. Je m'attendais donc à un condensé explosif et intense, pour ce double épisode signant la sortie du showrunner qui a ressuscité Doctor Who, ainsi que de David Tennant. Autant dire que nous sommes servis, car il s'agit d'un épisode dans le plus typique style de Russell T. Davies, avec ses atouts, mais aussi ses faiblesses structurelles récurrentes. Le plus souvent, face à de tels partis pris, on adhère complètement ou pas du tout. Bref, on aime ou on déteste, sans juste milieu. Mais pour ma part, plus de 48 heures après le visionnage de cette première partie, je suis encore incapable de trancher. Ces quelques lignes ne vont donc constituer qu'une première esquisse du réel bilan que l'on sera à même de tirer une fois la seconde partie de l'épisode visionnée.

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Cette première partie d'épisode témoigne d'un foisonnement d'idées impressionnant, souvent désordonné mais porté par un dynamisme communicatif. Convoqué par des Oods assaillis de cauchemars et de visions d'évènements en marche sur notre planète au XXIe siècle, le Docteur, toujours perturbé par les récents évènements de Mars notamment, met quelques temps à leur répondre. Dans le même temps, sur Terre, tous les habitants font les mêmes cauchemars chaque nuit. Mais tous oublient le lendemain le contenu de leurs nuits agitées. Tous sauf Wilf, le père de Donna, conscient de l'imminence d'une catastrophe et qui sait déjà que seul le docteur pourrait sauver la situation.

Globalement, cette première partie de The End of Time souffre tout d'abord de son format. En effet, il est manifeste que ce double épisode a été écrit pour être visionné d'une traite. La coupure arbitraire et artificielle en deux parties de la BBC n'avait pas été prise en compte dans la construction du scénario, si bien qu'au lieu d'avoir une période d'exposition d'une durée classique de quelques minutes, cette dernière prend bien plus de temps, en somme proportionnelle à la durée totale de The End of Time. En résulte un long début manquant de rythme et traînant quelque peu en longueur ; un épisode absolument pas fait pour être jugé indépendamment de sa suite.

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Le Docteur subit les évènements plus qu'il ne les provoque ou canalise dans cet épisode, arrivant trop tard pour empêcher la résurrection du Master... toujours interprété par John Simm. Les scénaristes ont imaginé une étrange histoire mêlant culte, société secrète et rituel magique, pour permettre au Master de revenir sans regénération. Autant dire que ces premières scènes, décalées même pour l'univers who-esque et qui évoquent au téléspectateur l'épisode de la saison 3 avec Shakespeare qui mettait en scène des "sorcières",  ne figurent pas parmi mes préférées. Elles constituent avant tout un prétexte à vite oublier pour ramener l'ennemi intime du Docteur toujours incarné par un vis-à-vis parfait à David Tennant.

Plus globalement, c'est l'ensemble de ce qui tourne autour du Master qui verse dans une surenchère pas toujours maîtrisée. Dès le départ, les scénaristes choisissent d'accentuer toujours plus la folie du Time Lord. John Simm délivre une excellente prestation dans ce rôle instable de personnage incontrôlable et excessif, marqué par une insanité dérangeante toujours plus profonde. Même si ses "festins" m'ont quelque peu pesé sur l'estomac (sans doute était-ce dû à la coïncidence des repas des fêtes), l'aspect qui m'a paru le plus contestable réside dans les étranges "super-pouvoirs" dont le Master se voit affubler. Sauter à des centaines de mètres de hauteur, lancer des éclairs avec ses mains... sont peut-être des effets de sa résurrection interrompue, mais nous n'avons aucune explication et cela me paraît complètement hors de propos dans l'univers de Doctor Who. Hormis permettre à ceux qui sont en charge des effets spéciaux de s'amuser, je ne trouve pas de justification à cette étrange mise en scène : inutile pour accentuer la dramatisation, elle est surtout perturbante pour le téléspectateur rationnel.

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En dépit de ces éléments, les premières confrontations entre le Docteur et le Master vont offrir une scène sortant du lot, un instant d'étrange compréhension mutuelle, où, pour la première fois, un Docteur effrayé entend le fameux roulement constant qui est la source de la folie du Master. Quatre coups qui se répètent à l'infini, plus intenses que jamais. Peuvent-ils avoir une origine réelle ? Ne pas être simplement une manifestation de la maladie du Time Lord ? "He will knock four times" avait dit le Ood ayant annoncé sa mort prochaine au Docteur.

Par ailleurs, on trouve dans cet épisode d'autres scènes particulièrement magistrales, à commencer par celle qui est sans doute une des plus émouvantes et marquantes que nous est offerte la série : celle de l'échange avec Wilf, au café, qui voit la carapace de protection du Docteur brièvement se fissurer sous le regard plus qu'inquiet du père de Donna. David Tennant délivre ici une de ces plus impressionnantes prestations. Pour le téléspectateur également, voir le Docteur craquer et tenter maladroitement de se reprendre occasionne un brusque pincement de coeur et génère une empathie profonde avec ce personnage qui parle déjà si directement de sa mort. Ce passage d'une intensité émotionnelle rare mérite de rester gravé dans les annales de la série.

L'épisode entier est d'ailleurs placé sous une importante symbolique, regorgeant de références et de petits détails qui ne font que souligner plus avant l'importance et la portée quasi-mythique de l'histoire qui nous est contée. Ce ton est d'ailleurs parfaitement illustré dès la première scène de Wilf entrant dans une église, avec le Tardis du Docteur représenté sur un vitrail.

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Parallèlement, sur le fond, Russel T. Davies décide de repousser toujours plus loin les limites du concept de la série, versant dans une surenchère qui s'auto-nourrit. La brève introduction peu travaillée d'un riche père de famille et sa fille, tellement clichés qu'ils prêteraient probablement à sourire à un deuxième ou troisième degré de lecture, sert de prétexte pour replacer le Master en position de force. Ces deux pseudos "méchants", avant tout inconscients, ont récupéré une machine capable de guérir l'ensemble des êtres vivants sur des planètes entières. Leur motivation n'est pas originale : ils sont en quête d'immortalité. Ils réussissent à mettre la main sur le Master et lui font réparer et reprogrammer la machine... Double inconscience qui va être fatale non seulement à eux, mais surtout à la race humaine dans son intégralité : le Time Lord a modifié la machine de façon à "guérir" les humains en les changeant... en Masters. L'épisode se termine ainsi sur la transformation de l'ensemble des habitants de la Terre en milliards de Masters. La race humaine n'est plus ; et le Docteur se retrouve confronté à un ennemi démultiplié. Ce développement peut être perçu comme un nouveau palier franchi dans la folie du Master, manifestation concrète d'une schizophrénie étourdissante.

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Mais cela ne constitue pas encore le point culminant de la conclusion de l'épisode, où se poursuit une escalade des cliffhangers, offrant des dernières minutes à couper le souffle. Tandis que Donna, qui ne s'est pas transformée en Master, tout comme son grand-père, doit faire face à ses souvenirs qui reviennent brusquement, l'heure se termine sur l'introduction de celui dont la voix nous narrait l'histoire depuis le début : un Timothy Dalton, dont la présence rayonne de charisme, qui se tient devant l'assemblée d'une civilisation oubliée que l'on croyait perdue, les Time Lords. Des Seigneurs du Temps qui ne sont manifestement pas animés d'intentions pacifiques et dont le téléspectateur ne sait trop quoi penser, trop occupé à fixer interdit son petit écran, en jubilant intérieurement devant les possibilités et les ramifications incroyables qui s'ouvrent soudain devant lui face à une telle nouvelle. Nous n'avons pour l'instant aucune explication sur leur retour et son origine (est-ce lié à ce que vient de faire le Master ?). Mais la question effleure à peine le téléspectateur qui, pour le moment savoure, encore sous le coup de l'effet d'annonce, reste juste bluffé et trépignant d'impatience en songeant qu'il va falloir patienter une semaine pour avoir la suite.

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And so it came to pass, on Christmas Day, that the human race did cease to exist. But even then, the Master had no concept of his greater role in events for this was far more than humanity's end. This day was the day upon which the whole of creation would change forever. This was the day the Time Lords returned. For Gallifrey ! For victory ! For the end of time itself !

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Bilan : Cette première partie laisse donc une impression mitigée, avec des instants absolument jubilatoires, et d'autres trop excessifs pour être réellement appréciés. Face à cet ensemble foisonnant d'idées désordonnées, mêlant intuitions originales, réelles bonnes idées et scènes qui laissent perplexes, je reste sur la réserve. Dans tous ses excès, l'épisode s'inscrit pleinement dans le style caractéristique de Russell T. Davies, sorte de respect final rendu par le showrunner à la série qu'il a ressuscitée. On ressent à chaque instant, à travers la symbolique extrême sur-utilisée, le fait que nous nous situons à la fin d'un cycle ; Doctor Who tel que nous l'avons connu va se terminer. C'est un autre chapitre, avec des protagonistes entièrement nouveaux, qui va s'ouvrir avec 2010.

Il faut attendre la seconde partie pour savoir si la sortie de David Tennant sera à la hauteur de ce qu'il a apporté à la série au cours des dernières années ; car ce premier épisode servait avant tout de mise en bouche. Il a posé l'ambiance et les enjeux de cette dernière histoire, il reste à espérer que la suite lui permettra de prendre toute sa dimension.


NOTE : En attente de la seconde partie.


La bande-annonce de la seconde partie :

(Diffusion le 1er janvier 2010 sur BBC1)

27/12/2009

(K-Drama) Beethoven Virus : une touchante aventure humaine sur fond de musique classique


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C'est un vrai coup de coeur que je vais vous présenter aujourd'hui dans le cadre de ce dimanche asiatique, en trempant ma plume dans l'encre du prosélytisme pour vous parler d'une série que je ne m'attendais pas à autant aimer : Beethoven Virus. Comme son titre l'indique, elle se déroule dans un cadre de musique classique. J'avais déjà visionné, il y a quelques années, un drama japonais ayant ce même thème, Nodame Cantabile. Si l'ambiance musicale m'avait bien plu dans cette comédie un brin loufoque, agréable à suivre mais sans plus, Beethoven Virus s'inscrit dans un tout autre registre, plus matûre et, en un sens, plus aboutie, qui m'a vraiment séduite. Composée de 18 épisodes, elle fut diffusée à l'automne 2008, sur MBC.

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Beethoven Virus nous raconte l'histoire d'un orchestre improbable. Après s'être fait escroquer l'argent public devant être consacré au financement d'un concert municipal, Du Ru Mi (Lee Ji Ah), une jeune violoniste passionnée, est forcée de tenter de mettre en place un orchestre composé d'amateurs bénévoles. Les auditions voient défiler des individus de tout horizon. Finalement, un groupe est formé. Cependant, le maire a décidé, cette année, de faire appel aux services de Kang Gun Woo (Kim Myung Min), un chef d'orchestre d'élite, dont le talent est reconnu, mais qui jouit d'une très mauvaise réputation en raison de son caractère colérique et souvent blessant, un individu en apparence sans qualité humaine. Ce n'est pas pour rien qu'il est affublé du surnom d' "Orchestra Killer".

C'est un euphémisme que de dire que la collaboration entre des bénévoles encore amateurs et un tel dirigeant commence de façon très chaotique. La réussite de l'orchestre au concert prochain paraît difficilement envisageable. Pourtant, tandis que peu à peu des liens d'amitié et de solidarité se créent entre les musiciens, chacun progresse à son rythme et suivant ses facultés. En leur sein figure notamment un jeune policier (Jang Geun Suk), brillant trompettiste autodidacte portant le même nom que le maestro, Kang Gun Woo, qui manifeste rapidement un véritable don pour la musique. Une bien étrange relation de professeur à élève se noue entre les deux hommes, dont les tempéraments ne pourraient être plus opposés. Leurs rapports sont d'autant plus compliqués qu'au milieu, Du Ru Mi va tisser des liens forts avec chacun d'eux.

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A partir de cette base, la série ne va jamais s'enfermer dans un schéma répétitif, choisissant de faire évoluer ses protagonistes vers de nouveaux objectifs, de les faire affronter des obstacles inattendus, en dépassant rapidement la simple problématique de départ. Elle va ainsi s'intéresser véritablement au devenir des musiciens composant l'orchestre : des réussites aux échecs, des auditions au chômage, elle prend le temps de dépeindre avec humanité la vie des ces amateurs.

En parallèle, Beethoven Virus va aussi s'arrêter sur son trio principal, curieux triangle qui va bien souvent aller à l'encontre des idées reçues. Flirtant parfois avec une forme de comédie romantique non identifiée, cette fiction reste étonnamment rafraîchissante dans son approche, surprenant plus d'une fois le téléspectateur. En somme, la série se réapproprie pleinement, pour les adapter à ses besoins, des schémas relationnels classiques. Car, en dépit de la mise en scène de thématiques connues, Beethoven Virus se forge une identité originale. Elle réside, en premier lieu, dans le ton particulier qui s'en dégage. En effet, le drama réussit habilement, en dosant opportunément chacun de ces moments, à alterner les genres, tour à tour vrai drame humain, puis comédie romantique, fable légère sur l'amitié et évocation émouvante d'instants de vraie solidarité.

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Avec pour base cette humanité souvent touchante, Beethoven Virus se révèle être une série intense en émotions. Elle offre un kaléidoscope impressionnant de sentiments les plus divers, parvenant à toucher, directement au coeur, le téléspectateur captivé, qui vit ainsi le drama de la plus troublante des manières. Illustration de cette empathie, on se surprend à s'impliquer dans les projets des personnages, à vibrer lors de leurs concerts, à chavirer avec eux lors des consécrations, à réprimer un pincement de coeur devant la cruauté de certains des assauts verbaux du maestro, tout en admirant, fasciné, ce personnage conflictuel.

Dans cette perspective, les personnages principaux constituent bel et bien l'âme de la série. Leurs rapports vont atteindre une profondeur ambivalente, insoupçonnable initialement au vu de l'incompatibilité affichée du chef d'orchestre avec ses semblables. Pourtant, si l'attitude du Maestro apparaîtra proprement insupportable à plusieurs reprises, peu à peu, les musiciens, comme le téléspectateur, vont apprendre à comprendre cet homme distant, aux priorités toutes tournées vers la musique. A mesure que le personnage se complexifie, il permet à ceux qui l'entourent de prendre également une dimension supplémentaire, leur proposant finalement une leçon de vie dont aucun ne sortira indemne. La richesse de ces relations humaines tient également au fait que cette influence n'est pas unilatérale : le Maestro lui-même va changer, et peu à peu faire la paix avec lui-même et ses émotions, en fréquentant ces jeunes gens à l'innocence encore tangible et à l'optimisme envers la vie non encore altéré.

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La série s'appuie également de façon inspirée sur une galerie de personnages secondaires qu'elle prend le temps de développer tout au long de la série. Car, au-delà la musique, Beethoven Virus traite avant tout d'une expérience collective d'une intensité rare : une véritable aventure humaine où, ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement l'exercice d'un art et le dépassement de ses limites, c'est aussi l'apprentissage de la vie au sein d'un groupe. A travers cette agitation constante, cet étrange chaos organisé, rythmé par des sautes d'humeur et des soudains moments de tensions ou de détente, la série nous dresse le riche et nuancé portrait d'un ensemble d'individus qui n'ont a priori rien d'autre en commun que leur passion pour la musique classique. Parmi eux, vous trouvez, notamment, une mère de famille étouffée par son mari et ses enfants, un joueur de cabaret qui a toujours rêvé de classique, une lycéenne encore rebelle, un retraité ancien musicien professionnel qui perd peu à peu la mémoire et sombre dans la sénilité... Aussi différents qu'ils soient, l'orchestre va devenir ce lien fort qui les unit, la musique les rapprochant et les soudant plus sûrement que toute autre base d'amitié. Et c'est ce qui fait la richesse humaine de Beethoven Virus : loin de se concentrer uniquement sur son trio principal, la série choisit de s'intéresser sincèrement à ses personnages secondaires, les faisant évoluer les uns au contact des autres, pour conter une véritable histoire humaine.

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Si les personnages constituent le point fort de la série, c'est aussi parce que Beethoven Virus bénéfice d'un excellent casting grâce auquel ils peuvent prendre leur pleine dimension. En premier lieu, c'est Kim Myung Min (White Tower) qui impressionne, incarnant magistralement ce maestro brillant au caractère difficilement supportable et qui constitue le pivot de la série. L'acteur dégage une telle présence à l'écran qu'il exerce une fascination captivante sur le téléspectateur, à mesure que son personnage se nuance, que la glace se fissure et que son jeu se complexifie d'autant. Il est pleinement à la hauteur de la richesse de l'écriture.

Les deux acteurs complétant le trio principal sont à l'image de leur personnage. Je vous ai déjà dis toute l'affection que j'ai pour Lee Ji Ah (The Legend). Dynamique et lumineuse, parfois si émouvante, elle joue parfaitement ce rôle d'une entêtée passionnée, parfois trop impulsive, mais toujours d'une spontanéité touchante et rafraîchissante. Enfin, Jang Geun Suk (auquel vous n'avez pas pu échapper cet automne, si vous suivez un tant soit peu les séries coréennes sur internet, avec le raz-de-marée You're beautiful) capitalise à merveille sur l'innocence et l'inexpérience d'un personnage qui va peu à peu grandir et mûrir. Les trois acteurs parviennent rapidement à un équilibre très complémentaire dans leurs scènes.

Cette alchimie se trouve d'autant plus renforcée que c'est l'ensemble du casting qui se révèle très solide. La série s'appuie fortement sur ses personnages secondaires et elle en est pleinement récompensée par les prestations qu'ils délivrent. Cela donne ainsi l'impression d'un ensemble homogène et soudé.

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Bilan : Beethoven Virus est une série profondément humaine, pleine émotions les plus diverses, tour à tour drôle et émouvante, suprenante et spontanée, qui parvient à toucher le téléspectateur comme rarement. On s'attache facilement à cette aventure collective, rythmée et riche, où chacun va apprendre sur lui-même au contact des autres, permettant à tous les personnages d'évoluer. L'immersion dans la musique classique ajoute une touche particulière à ce drama, qui est ainsi accompagné d'une belle bande-son.

Ce récit d'une histoire finalement simple m'a donc vraiment touchée, me prenant un peu au dépourvu. Il se dégage de Beethoven Virus quelque chose de rare, presque magique, sans doute très subjectif, mais que tout téléspectateur s'immergeant dans la série doit pouvoir ressentir. Si bien que je ne peux que vous conseiller chaudement cette découverte !

NOTE : 8/10

 

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Une brève bande-annonce (avec la dynamique musique de fin des épisodes) :


26/12/2009

(UK) Spooks (MI-5) : series 8, episode 8 (Finale)

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Spooks termine sa huitième saison de la plus explosive et classique des manières, avec un épisode tendu et prenant qui laisse le téléspectateur en suspens, se clôturant sur un de ces cliffhangers insupportables dont la série a le secret.

L'épisode reprend où nous en étions restés précédemment : une tension extrême entre l'Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires sur le point de se déclarer la guerre, faisant peser sur le monde une menace que l'on n'avait plus ressentie de façon aussi aïgue depuis la fin de la guerre froide. Afin d'éviter l'escalade fatale, un sommet est organisé en Angleterre, sensé réunir les chefs des deux Etats potentiellement belligérants, le secrétaire d'Etat américain ainsi que des représentants du gouvernement britannique, dont le Home Secretary dont les relations personnelles pourraient être exploitées dans le cadre de ces négociations. Ces discussions font figure de dernière chance de solution pacifique, tandis que les premières frictions, pour le moment sans conséquence, ont lieu entre les deux flottes armées.

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Face à cette situation, le MI-5 s'efforce, plus isolé que jamais sur ses propres terres et en sous-effectif criant, de sauver ce qui peut encore l'être. Dans cette perspective, la question de la collaboration avec Andrew Lawrence, le nouveau Home Secretary, demeure centrale. S'il fait effectivement partie de la conspiration, sa mission sera bien évidemment de faire échouer cette rencontre et il deviendrait nécessaire de le court-circuiter avant qu'il n'entre en action. Mais si Harry respecte une traditionnelle ligne de conduite de méfiance, habituelle pour lui et souvent salvatrice, Ruth pointe avec justesse qu'ils ne peuvent étayer leurs soupçons. Si le MI-5 a déniché un certain nombre de coïncidences troublantes dans les activités du politicien, au cours des derniers mois, rien qui le désigne formellement comme un traître. Nightingale n'a-t-elle pas autant intérêt, si ce n'est plus, de se contenter de nourrir la suspicion ? Si bien que tandis que le Home Secretary passe, sans le savoir, tous les tests imaginés par le MI-5, Ros s'impose comme leur agent de liaison avec lui. Même en l'absence de certitude, Harry n'accorde pas le bénéfice du doute et garde ses distances.

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Cependant, si Nightingale dispose bien d'agents agissant dans les coulisses du sommet, c'est en priorité du côté américain qu'il faut chercher, cette saison 8 présentant décidément une CIA bien gangrénée. C'est en effet le responsable de l'agence en Europe qui coordonne l'opération, qu'une autre "ex-agent" de la CIA aide à mettre en place. En effet, Sarah est de retour en Angleterre, où elle a introduit une bombe sophistiquée que Nightingale entend utiliser dans un attentat qui servira de dernier catalyseur pour précipiter la guerre, et l'éventuel recours à des armes nucléaires. Les scénaristes ne rechignent pas à utiliser quelques facilités scénaristiques pour mettre le MI-5 sur la bonne voie. Mais si Sarah retombe un peu facilement dans les mains des services secrets britanniques (il faut dire qu'elle a reçu l'ordre de tuer Lucas, et n'y met pas beaucoup de bonne volonté), le téléspectateur a déjà compris que son personnage était en bout de parcours. J'avoue n'avoir jamais réussi à apprécier ce personnage unidimensionnel et fade, introduit cette saison ; ce qui fait que son assassinat prévisible m'a laissée profondément indifférente.

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Avant d'être éliminée, elle leur a cependant délivré quelques indices qui permettent au MI-5 d'identifier l'objectif immédiat de Nightingale : un attentat à la bombe dans un hôtel où se trouvent plusieurs officiels, dont Andrew Lawrence. Ces morts scelleraient la fin de tout espoir de trouver une solution pacifique au conflit. L'épisode s'accélère considérablement dans le final, faisant monter la tension autour de l'impossibilité de désamorcer les explosifs. Il va se conclure sur un cliffhanger classique pour Spooks : si Lucas peut sortir à temps, en portant le responsable pakistanais retrouvé dans une chambre, paralysé, Ros est restée avec Andrew Lawrence qui ne peut pas non plus bouger. Les soupçons du MI-5 l'auront peut-être conduit à moins protéger le Home Secretary et il est manifeste que Ros n'entend pas l'abandonner. La bombe explose et l'épisode se conclut sur cette image impressionnante d'hôtel en feu. Le MI-5 a-t-il perdu sa responsable des opérations ? Le téléspectateur peut commencer à prendre son mal en patience : réponse dans une dizaine de mois.

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Bilan : Un épisode qui regorge de tous les ingrédients classiques de Spooks, de la guerre nucléaire potentielle aux morts froidement abattus, en passant par des personnages encore une fois très éprouvés. C'est efficace et offre ainsi une explosion finale prenante pour une trame scénaristique qui n'aura pas rempli toutes les attentes du téléspectateur au cours de la saison. Rien à redire donc sur cette conclusion, qui nous laisse une fois encore dans l'attente et l'inquiétude : Ros a-t-elle survécu ?

NOTE : 9/10


Bilan global de la saison :

Après l'excellence de la saison 7, les scénaristes auront tenté avec moins de succès de reprendre la recette de l'année précédente. La faute à une intrigue fil rouge pas toujours maîtrisée, manquant singulièrement de subtilité et qui aura affaibli plus que renforcé certains épisodes. Cependant, Spooks reste solide et nous aura proposé une saison dans l'ensemble prenante, avec quelques épisodes magistralement mené, le septième étant sans doute mon préféré.

NOTE GLOBALE (de la saison) : 8,5/10

24/12/2009

Joyeux Noël en séries

Je vous souhaite à tous, chers lecteurs, un joyeux Noël.

Je vous ai préparé quelques petits cadeaux audios et visuels, en provenance de tous les coins du monde (ou plus prosaïquement, des trois pays traités le plus régulièrement sur ce blog : Corée du Sud, Etats-Unis et Angleterre), afin de célébrer cette journée de fête.

 

Tout d'abord, c'est Lee Ji Ah, une rafraîchissante actrice coréenne que j'aime beaucoup et qui joue notamment dans les séries The Legend (dont je vous ai déjà parlé avec enthousiasme) et Beethoven Virus (dont je vous parlerai prochainement avec autant d'engouement), qui vous adresse ses meilleurs voeux.

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Puis, les femmes de Juniper Creek ont également tenu à vous offrir une chanson, dans ce clip issu d'une initiative très opportune de HBO, qui a proposé à l'occasion des fêtes quelques classiques, aménagées pour Big Love, en téléchargement gratuit, sur son site.
Voici donc la chanson Here we come from Juniper Creek :

 

Enfin, parce que demain soir commence en Angleterre le début de la fin dans Doctor Who, j'ai pensé que cette chanson, avec laquelle tout avait commencé, lors d'un Christmas Special de 2005, était la plus appropriée pour rendre hommage à Ten. Elle s'intitule "Song for Ten" et avait été composée pour le premier épisode de David Tennant, The Christmas Invasion (Attention, possibilité de choc nostalgique en visionnant la vidéo qui suit) :


Les paroles :

Well I woke up today
And the world was a restless place
It could have been that way for me

And I wandered around
And I thought of your face
That Christmas looking back at me

I wish today was just like every other day
'Cause today has been the best day
Everything I ever dreamed

And I started to walk
Pretty soon I will run
And I'll come running back to you

'Cause I followed my star
And that's what you are
I've had a merry time with you

I wish today was just like every other day
'Cause today has been the best day
Everything I ever dreamed

So have a good life
Do it for me
Make me so proud
Like you want me to be
Where ever you are
I'm thinking of you oceans apart
I want you to know

Well I woke up today and you're on the other side
Our time will never come again
But if you can still dream
Close your eyes it will seem
That you can see me now and then

I wish today was just like every other day
'Cause today has been the best day
Everything I ever dreamed

I wish today was just like every other day
'Cause today has been the best day
Everything I ever dreamed

 

Joyeux Noël.

(US) Men in Trees (Une fille en Alaska) : une série attachante et rafraîchissante

Avec une semaine hivernale froide et enneigée, coïncidant avec la période des fêtes, l'envie prend soudain au sériephile de se montrer  faussement nostalgique, de mettre à profit la fameuse "trêve hivernale" pour se replonger dans des atmosphères chaleureuses et rafraîchissantes, afin d'échapper au temps morose et aux longues soirées d'hiver. En quête de ce précieux moment d'échappatoire, c'est ainsi que mes pas m'ont de nouveau conduite à Elmo (Alaska), devant les premiers épisodes de Men in Trees.

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Série trop tôt annulée par ABC, au bout de seulement deux saisons (2006-2008), Men in Trees fut un de ces petits rayons de soleil inattendus des  grands networks américains au cours de ces dernières années. Une série simple, absolument pas prétentieuse et profondément attachante. Une série ressuscitant, sans arrières pensées, en forme d'hommage, les vraies comédies romantiques, au sens noble du terme, à des lieues des pompeuses pseudo-aventures citadines artificielles et superficielles des ratées Lipstick Jungle ou Cashmere Mafia. Une série devant laquelle le téléspectateur s'installait pour passer un moment de détente, et finissait l'épisode attendri et surpris par l'atmosphère qui se dégageait d'une production qui semblait avoir oublié le tournant scénaristique moderne, si loin des exigences formatées et sans âme de la plupart des fictions actuelles des grandes chaînes américaines.

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Diffusée en France, sous le titre Une fille en Alaska, cette série nous narre les aventures d'une trentenaire new yorkaise, écrivain à succès, qui débarque un jour dans une petite ville perdue d'Alaska, Elmo, à l'invitation d'un des habitants, un de ses plus fans les plus fervents. Le pilote sert de fondation aux bouleversements que va connaître la vie de Marin : alors que la date de son mariage est déjà prévue, elle découvre que son fiancé l'a trompée. Jusqu'alors experte autoproclamée et reconnue en relations amoureuses, à travers ses ouvrages de conseils sur le sujet, la voilà qui voit toutes ses certitudes s'effondrer. Sentant qu'elle a besoin de changements dans sa vie, elle décide de rester quelques temps à Elmo, afin de faire le point, mais aussi d'écrire son nouveau livre.

En effet, quelle ville pourrait être plus adéquate qu'Elmo pour se reconstruire ? Le charme de la série tient beaucoup à son cadre si particulier, d'où elle dégage une atmosphère unique, d'une façon pas si éloignée, par exemple, d'un Stars Hollow de Gilmore Girls. Dans une région à démographie majoritairement masculine, où le ratio hommes/femmes est de 10 pour 1 et où il tombe même des Roméos potentiels des arbres (cf. le titre), Marin découvre un mode de vie très différent de l'agitation new yorkaise. Un lieu également parfait pour poursuivre ses observations et dissertations sur les représentants du sexe opposé et leur psychologie, pour écrire son prochain livre.

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Le charme de Men in Trees réside d'abord dans la richesse des personnages mis en scène. Les habitants d'Elmo ont tous de fortes personnalités, très différentes mais, en un sens, complémentaires. Ils représentent une galerie éclectique de personnages attachants, incarnant des stéréotypes, mais sans tomber dans une simple caricature sans imagination. Le barman riche à millions, le pilote d'avion chevronné qui permet de désenclaver un peu la bourgade, la femme shérif au besoin maladif de tout contrôler, à commencer par son fils, Patrick, qui est resté un grand enfant, l'épouse asiatique débarquée grâce à un site internet, la mère célibataire obligée de se prostituer... Et le biologiste charmant (après un début mouvementé), Jack, qui va très vite s'imposer comme le pendant parfait de Marin, image de l'homme idéal compréhensif et posé, avec lequel une complicité tendant vers le flirt va naître. Chacun d'eux est une petite pierre incontournable à l'équilibre de la série, une individualité à explorer, qui nous surprendra plus d'une fois. Logiquement, la city girl sophistiquée que constitue Marin détonne d'entrée dans cette galerie de personnages. Elle va pourtant peu à peu s'intégrer et reconsidérer ses priorités.

Exploitant parfaitement cette solide base, la série parvient à créer une ambiance chaleureuse et décalée. Agrémentée de situations cocasses, de gags spontanés qui font naître chez le téléspectateur plus d'un sourire, elle se propose de suivre, avec une bonne humeur contagieuse, la vie quotidienne de cette bourgade, rythmée par les matchs de hockey télévisés et par les romances qui s'esquissent entre les personnages. Le centre névralgique de la ville est un bar où est parfaitement restituée l'atmosphère de la ville, une communauté aux membres si différents, mais profondément soudée au milieu de ces grands espaces de nature. Ce qui fait la force de la série, c'est d'être avant tout profondément et sincèrement humaine, s'intéressant réellement à ses personnages, à leurs histoires passées, comme à leurs craintes du futur, et se concentrant sur leurs sentiments et ce qui les anime.

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Mais, Men in Trees, ce sont aussi des situations uniques auxquelles vous ne vous trouverez confronté dans aucune autre série. Vous découvrirez comment faire sauter tout le courant d'une bourgade en utilisant votre sèche-cheveux à la pointe de la modernité, quelle attitude adopter lorsque vous tombez nez-à-nez avec un ours, ou encore comment prendre votre bain de soupe de tomate après une rencontre a priori innocente avec un putois...

Ce sont également des protagonistes inattendus, amateurs de vêtements de mode new yorkais, croisés dans les recoins de l'unique auberge de la ville... dont le plus digne représentant est :

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Ce sont des paysages uniques, revigorants, qui offrent aux caméras un décor magnifique qui laisse le téléspectateur rêveur...

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Bilan : Rafraîchissant, dépaysant, attachant, sont en fin de compte les adjectifs qui permettent le mieux de décrire Men in Trees. C'est une dramédie simple et rythmée, au bien-être communicatif ; une petite dissertation savoureuse sur les relations humaines, tour à tour émouvante et drôle. Elle prend le téléspectateur par surprise : le touchant comme rarement, à partir d'un concept de départ pourtant si classique. Men in Trees ne se démarque pas des autres fictions par son originalité, mais par son ton, par l'atmosphère chaleureuse qu'elle parvient à créer, et par le fait qu'elle assume parfaitement être une héritière des comédies romantiques légères et divertissantes du petit, comme du grand écran, en reprenant les recettes qui ont fait les succès passés.

Une série revenant aux fondamentaux, comme la télévision n'en fait plus assez... A savourer.


NOTE : 7,5/10


(Source des screen-captures : La Sorcière)