27/12/2009
(K-Drama) Beethoven Virus : une touchante aventure humaine sur fond de musique classique
C'est un vrai coup de coeur que je vais vous présenter aujourd'hui dans le cadre de ce dimanche asiatique, en trempant ma plume dans l'encre du prosélytisme pour vous parler d'une série que je ne m'attendais pas à autant aimer : Beethoven Virus. Comme son titre l'indique, elle se déroule dans un cadre de musique classique. J'avais déjà visionné, il y a quelques années, un drama japonais ayant ce même thème, Nodame Cantabile. Si l'ambiance musicale m'avait bien plu dans cette comédie un brin loufoque, agréable à suivre mais sans plus, Beethoven Virus s'inscrit dans un tout autre registre, plus matûre et, en un sens, plus aboutie, qui m'a vraiment séduite. Composée de 18 épisodes, elle fut diffusée à l'automne 2008, sur MBC.
Beethoven Virus nous raconte l'histoire d'un orchestre improbable. Après s'être fait escroquer l'argent public devant être consacré au financement d'un concert municipal, Du Ru Mi (Lee Ji Ah), une jeune violoniste passionnée, est forcée de tenter de mettre en place un orchestre composé d'amateurs bénévoles. Les auditions voient défiler des individus de tout horizon. Finalement, un groupe est formé. Cependant, le maire a décidé, cette année, de faire appel aux services de Kang Gun Woo (Kim Myung Min), un chef d'orchestre d'élite, dont le talent est reconnu, mais qui jouit d'une très mauvaise réputation en raison de son caractère colérique et souvent blessant, un individu en apparence sans qualité humaine. Ce n'est pas pour rien qu'il est affublé du surnom d' "Orchestra Killer".
C'est un euphémisme que de dire que la collaboration entre des bénévoles encore amateurs et un tel dirigeant commence de façon très chaotique. La réussite de l'orchestre au concert prochain paraît difficilement envisageable. Pourtant, tandis que peu à peu des liens d'amitié et de solidarité se créent entre les musiciens, chacun progresse à son rythme et suivant ses facultés. En leur sein figure notamment un jeune policier (Jang Geun Suk), brillant trompettiste autodidacte portant le même nom que le maestro, Kang Gun Woo, qui manifeste rapidement un véritable don pour la musique. Une bien étrange relation de professeur à élève se noue entre les deux hommes, dont les tempéraments ne pourraient être plus opposés. Leurs rapports sont d'autant plus compliqués qu'au milieu, Du Ru Mi va tisser des liens forts avec chacun d'eux.
A partir de cette base, la série ne va jamais s'enfermer dans un schéma répétitif, choisissant de faire évoluer ses protagonistes vers de nouveaux objectifs, de les faire affronter des obstacles inattendus, en dépassant rapidement la simple problématique de départ. Elle va ainsi s'intéresser véritablement au devenir des musiciens composant l'orchestre : des réussites aux échecs, des auditions au chômage, elle prend le temps de dépeindre avec humanité la vie des ces amateurs.
En parallèle, Beethoven Virus va aussi s'arrêter sur son trio principal, curieux triangle qui va bien souvent aller à l'encontre des idées reçues. Flirtant parfois avec une forme de comédie romantique non identifiée, cette fiction reste étonnamment rafraîchissante dans son approche, surprenant plus d'une fois le téléspectateur. En somme, la série se réapproprie pleinement, pour les adapter à ses besoins, des schémas relationnels classiques. Car, en dépit de la mise en scène de thématiques connues, Beethoven Virus se forge une identité originale. Elle réside, en premier lieu, dans le ton particulier qui s'en dégage. En effet, le drama réussit habilement, en dosant opportunément chacun de ces moments, à alterner les genres, tour à tour vrai drame humain, puis comédie romantique, fable légère sur l'amitié et évocation émouvante d'instants de vraie solidarité.
Avec pour base cette humanité souvent touchante, Beethoven Virus se révèle être une série intense en émotions. Elle offre un kaléidoscope impressionnant de sentiments les plus divers, parvenant à toucher, directement au coeur, le téléspectateur captivé, qui vit ainsi le drama de la plus troublante des manières. Illustration de cette empathie, on se surprend à s'impliquer dans les projets des personnages, à vibrer lors de leurs concerts, à chavirer avec eux lors des consécrations, à réprimer un pincement de coeur devant la cruauté de certains des assauts verbaux du maestro, tout en admirant, fasciné, ce personnage conflictuel.
Dans cette perspective, les personnages principaux constituent bel et bien l'âme de la série. Leurs rapports vont atteindre une profondeur ambivalente, insoupçonnable initialement au vu de l'incompatibilité affichée du chef d'orchestre avec ses semblables. Pourtant, si l'attitude du Maestro apparaîtra proprement insupportable à plusieurs reprises, peu à peu, les musiciens, comme le téléspectateur, vont apprendre à comprendre cet homme distant, aux priorités toutes tournées vers la musique. A mesure que le personnage se complexifie, il permet à ceux qui l'entourent de prendre également une dimension supplémentaire, leur proposant finalement une leçon de vie dont aucun ne sortira indemne. La richesse de ces relations humaines tient également au fait que cette influence n'est pas unilatérale : le Maestro lui-même va changer, et peu à peu faire la paix avec lui-même et ses émotions, en fréquentant ces jeunes gens à l'innocence encore tangible et à l'optimisme envers la vie non encore altéré.
La série s'appuie également de façon inspirée sur une galerie de personnages secondaires qu'elle prend le temps de développer tout au long de la série. Car, au-delà la musique, Beethoven Virus traite avant tout d'une expérience collective d'une intensité rare : une véritable aventure humaine où, ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement l'exercice d'un art et le dépassement de ses limites, c'est aussi l'apprentissage de la vie au sein d'un groupe. A travers cette agitation constante, cet étrange chaos organisé, rythmé par des sautes d'humeur et des soudains moments de tensions ou de détente, la série nous dresse le riche et nuancé portrait d'un ensemble d'individus qui n'ont a priori rien d'autre en commun que leur passion pour la musique classique. Parmi eux, vous trouvez, notamment, une mère de famille étouffée par son mari et ses enfants, un joueur de cabaret qui a toujours rêvé de classique, une lycéenne encore rebelle, un retraité ancien musicien professionnel qui perd peu à peu la mémoire et sombre dans la sénilité... Aussi différents qu'ils soient, l'orchestre va devenir ce lien fort qui les unit, la musique les rapprochant et les soudant plus sûrement que toute autre base d'amitié. Et c'est ce qui fait la richesse humaine de Beethoven Virus : loin de se concentrer uniquement sur son trio principal, la série choisit de s'intéresser sincèrement à ses personnages secondaires, les faisant évoluer les uns au contact des autres, pour conter une véritable histoire humaine.
Si les personnages constituent le point fort de la série, c'est aussi parce que Beethoven Virus bénéfice d'un excellent casting grâce auquel ils peuvent prendre leur pleine dimension. En premier lieu, c'est Kim Myung Min (White Tower) qui impressionne, incarnant magistralement ce maestro brillant au caractère difficilement supportable et qui constitue le pivot de la série. L'acteur dégage une telle présence à l'écran qu'il exerce une fascination captivante sur le téléspectateur, à mesure que son personnage se nuance, que la glace se fissure et que son jeu se complexifie d'autant. Il est pleinement à la hauteur de la richesse de l'écriture.
Les deux acteurs complétant le trio principal sont à l'image de leur personnage. Je vous ai déjà dis toute l'affection que j'ai pour Lee Ji Ah (The Legend). Dynamique et lumineuse, parfois si émouvante, elle joue parfaitement ce rôle d'une entêtée passionnée, parfois trop impulsive, mais toujours d'une spontanéité touchante et rafraîchissante. Enfin, Jang Geun Suk (auquel vous n'avez pas pu échapper cet automne, si vous suivez un tant soit peu les séries coréennes sur internet, avec le raz-de-marée You're beautiful) capitalise à merveille sur l'innocence et l'inexpérience d'un personnage qui va peu à peu grandir et mûrir. Les trois acteurs parviennent rapidement à un équilibre très complémentaire dans leurs scènes.
Cette alchimie se trouve d'autant plus renforcée que c'est l'ensemble du casting qui se révèle très solide. La série s'appuie fortement sur ses personnages secondaires et elle en est pleinement récompensée par les prestations qu'ils délivrent. Cela donne ainsi l'impression d'un ensemble homogène et soudé.
Bilan : Beethoven Virus est une série profondément humaine, pleine émotions les plus diverses, tour à tour drôle et émouvante, suprenante et spontanée, qui parvient à toucher le téléspectateur comme rarement. On s'attache facilement à cette aventure collective, rythmée et riche, où chacun va apprendre sur lui-même au contact des autres, permettant à tous les personnages d'évoluer. L'immersion dans la musique classique ajoute une touche particulière à ce drama, qui est ainsi accompagné d'une belle bande-son.
Ce récit d'une histoire finalement simple m'a donc vraiment touchée, me prenant un peu au dépourvu. Il se dégage de Beethoven Virus quelque chose de rare, presque magique, sans doute très subjectif, mais que tout téléspectateur s'immergeant dans la série doit pouvoir ressentir. Si bien que je ne peux que vous conseiller chaudement cette découverte !
NOTE : 8/10
Une brève bande-annonce (avec la dynamique musique de fin des épisodes) :
08:31 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : k-drama, beethoven virus, mbc, lee ji ah, kim myung min, jang geun suk | Facebook |