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05/12/2009

(Pilote UK) Cast offs : une originale télé-réalité fictive

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Les Britanniques aiment décidément bien associer les concepts de télé-réalité à leurs séries. Souvenez-vous, l'année dernière, avec Dead Set, transposant Big Brother à la sauce des fictions d'horreur. C'est encore le cas en cette fin d'automne avec Cast offs.

Diffusée depuis le 24 novembre 2009, par Channel 4, cette série bénéficie d'un pitch de départ a priori original et louable. Dans la droite lignée des dramedy-mockumentary typiquement british, cette fiction se déroule sur une île, dans le cadre fictif d'une émission de télé-réalité du même nom. Six adultes ont accepté de participer à l'aventure. Mais la particularité du concept réside dans les personnes qui ont été castés : chacune souffre d'un handicap qui a une incidence sur son rapport au monde ; aveugle, sourd, paraplégique, atteint de nanisme, de malformation (due au thalidomide) ou de chérubisme. Cast offs choisit donc de se concentrer sur des individus qui, d'habitude, ne se voient offert qu'un accès marginal au petit écran. En initiant une réflexion sur la différence, la normalité et le regard des autres, la série s'aventure sur un terrain original qui mérite d'être souligné.

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Le fil narratif de la série se révèle sans doute son point fort majeur. Chaque épisode choisit de se concentrer sur un personnage. En fil rouge, nous suivons la vie sur l'île des six exilés volontaires, avec les aléas de la cohabitation auxquels s'ajoutent quelques péripéties, conséquences du pleine air, plus ou moins anecdotiques. Mais l'intérêt réel des épisodes réside dans le portrait qui y est dépeint. En effet, les caméras de l'émission de télé-réalité se sont immiscées dans l'intimité des différents protagonistes au cours des mois précédant le début de l'aventure. Cela permet de jouer sur une alternance entre flashbacks et présent.

Les retours en arrière s'avèrent des plus intéressants pour affiner la psychologie des personnages, par le récit d'un quotidien qui expose les thématiques attendues de la vie avec un handicap, tout en démystifiant volontairement les préjugés éventuels du téléspectateur. Car la série, et la mise en scène proposée, semblent avoir surtout un but : souligner à quel point,les préoccupations de nos héros se rapprochent de celles de tout un chacun, avec, simplement, un obstacle supplémentaire à franchir. De ce point de vue, l'objectif est pleinement rempli, tant dans les portraits dressés de chacun des personnages que dans leurs intéractions entre eux, sur l'île.

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Cette réussite s'explique en partie par le fait que la série ne verse pas dans les bons sentiments à outrance. Dans une ambiance où se mêlent humour noir et autodérision, typique des séries britanniques de ce genre où les répliques  ont plusieurs degrés de lecture, tout sonne très authentique. La série n'hésite pas à dépeindre ses personnages sous un jour peu reluisant suivant les situations. Il n'y a pas de traitement adouci : simplement une démonstration implacable de leur humanité et du fait qu'ils sont simplement comme tout un chacun, en bien comme en mal, ce qui les rend en fin de compte avant tout attachants.

La complexification de la psychologie des personnages, grâce à l'épisode qui est consacré à chacun d'eux, les rend d'autant plus crédibles. A ce titre, le choix de commencer la série sur un pilote centré sur le personnage peut-être le plus accessible humainement au téléspectateur est une bonne idée pour l'introduire dans Cast Offs. En effet, il est facile de ressentir de l'empathie pour Dan. Avec ses doutes et ses principes, il n'a pas le cynisme de certains de ses compagnons. C'est un sportif, devenu récemment paraplégique à la suite d'un accident, qui n'a pas encore pleinement accepté sa condition, toujours dans une phase d'adaptation progressive. Pour lui, l'île est une nouvelle étape.

Cependant, la série échoue à prendre une dimension supplémentaire. La réussite de la caractérisation des personnages ne permet pas d'occulter le rythme relativement lent et l'impression lancinante que tout le cadre n'est qu'un prétexte creux pour mettre en scène ce groupe. Oui, cette fiction part d'un objectif louable. Mais elle ne dépasse pas son intention première, ne s'appropriant jamais pleinement son concept.

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Bilan : Cast offs se révèle intéressante dans son traitement d'une thématique assez peu abordée dans le petit écran. Fiction aux dialogues directs, à l'humour noir (pas toujours très perceptible) et dotée d'une écriture spontanée, elle s'attache à démontrer à quel point chacun de ses personnages est comme tout un chacun, les dépeignant sur un jour positif, mais aussi négatif. Refusant de sombrer dans l'angélisme ou le misérabilisme, son ton apparaît avant tout réaliste.

Cependant, la série ne parvient pas à trouver son rythme de croisière, peinant à maintenir l'attention du téléspectateur tout au long d'un épisode. Le format fictif de télé-réalité reste très secondaire, tout en offrant des facilités scénaristiques un peu aisées parfois. Si bien que l'on s'intéresse souvent plus aux petits flashbacks des mois précédents, plutôt qu'aux pseudo-storylines du présent. En somme, on a parfois l'impression d'une fiction prétexte dont la seule valeur ajoutée est un sujet courageux. Ce qui n'est peut-être pas suffisant... Mais c'est à découvrir.


NOTE : 6/10

04/12/2009

(US) Earth Final Conflict (Invasion Planète Terre)


C'est une incursion dans mon histoire téléphagique personnelle que je vous propose aujourd'hui.

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Earth Final Conflict est une de ces séries à la réputation brouillée. Entre objet culte initial et raté désespérant pour la suite, le téléphage ne sait pas trop comment définir la relation qu'il entretient avec elle. En effet, cette série connut un brusque changement de cap à la fin de la saison 1, bouleversant son équilibre scénaristique et égarant quelque peu son identité et son âme. Si bien que Earth Final Conflict reste, dans l'esprit du téléphage, un symbole télévisuel majeur de promesse non tenue, mais dont la promesse a conservé son charme et son potentiel.

J'avoue que la série, qui dura quand même cinq saisons, demeure à mes yeux une incontournable de la science-fiction. C'est très subjectif, j'en conviens. Car c'est la nostalgie qui parle. Je pense que cela s'explique par sa place dans mon histoire sériephile. A une époque où l'accès aux fictions était compliqué, n'ayant jamais disposé de chaînes câblées, elle fut une de mes premières vraies rencontres suivies avec de la pure SF (s'inscrivant en continuité avec la seule que je connaissais vraiment à l'époque, V). Un vrai coup de coeur que cette découverte inattendue, un été, au détour d'une diffusion sur Canal + en clair (!! - vous n'imaginez pas à quel point ce détail change tout). Ce fut également, aussi intensément que le coup de foudre initial, ma première déception téléphagique marquante ; ces fameux lendemains qui déchantent que je n'avais pas encore eus l'occasion d'expérimenter.

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Earth Final Conflict est une création "posthume" de Gene Roddenberry, au même titre qu'Andromeda (à partir de quelques esquisses et notes de brouillon, laissées par le fameux créateur des Star Trek). Diffusée de 1997 à 2002, elle s'inscrit dans un genre classique de la science-fiction : l'invasion extraterrestre (remise au goût du jour dernièrement par ABC et son remake de V). La série débute trois ans après l'arrivée sur Terre des Taelons. Ils sont venus en affichant leur désir de paix et un humanisme profond. Ainsi, ils se sont attelés à la tâche de régler divers maux terrestres, des maladies à la malnutrition, en passant par la situation géopolitique, ils guérissent bien des anciens fléaux, qui ont désormais en partie disparu.

Pour coordonner ses rapports avec les humains, le haut conseil Taelon (le Synod) a délégué un de ses représentants à chacun des continents, désigné par le terme "compagnon". En Amérique, c'est ainsi Da'an qui est le délégué du Synod. Cependant, l'influence des Taelons sur les prises de décisions des dirigeants des différents pays n'est pas sans créer quelques réactions au sein de certaines franges méfiantes de la population. Les Taelons sont-ils bien venus en paix, comme ils le prétendent, ou nourrissent-ils une arrière-pensée qui n'a pas encore été révélée ? Certains humains sont persuadés qu'ils ne sont pas animés des meilleures intentions ; d'où la fondation d'un réseau secret de résistance qui s'organise et infiltre les extraterrestres, dont nous allons suivre les aventures de certains de ses membres.

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Aujourd'hui, lorsque l'on me parle d'Invasion Planète Terre, la première chose qui me vienne à l'esprit, c'est l'ouverture de la série. Ou plutôt la musique qui retentissait en arrière-plan, à classer instantanément parmi les plus belles mélodies de générique de séries. Superbe de pureté, il suffit de fermer les yeux pour qu'elle opère un dépaysement instantané et exerce une réelle fascination sur le téléspectateur. Cette musique occupe toujours une place à part dans mon coeur. Elle fait vibrer ma fibre nostalgique, avec une émotion inégalée, comme aucune autre. Le fond musical de la série constitue de manière générale une de ses forces majeures, qui demeure inaltérée. A l'époque, j'avais même acheté la bande-originale ! Ce fut d'ailleurs le premier CD issu d'une série dans lequel j'ai investi.

Sur le fond, comme je l'ai dit, Invasion Planète Terre va connaître une succession de changements d'orientation scénaristique, qui finiront par complètement dénaturer le concept original. Je confesse d'ailleurs n'avoir jamais achevé la série. Pourtant, divertissement de science-fiction efficace et intriguant, la première saison reste un modèle du genre qui mérite, à elle seule, un petit détour, même si cette série semble désormais quelque peu oubliée dans la mémoire collective. En dépit d'un synopsis de base quelque peu similaire, cette production n'a jamais eu une ambition similaire à V. L'ambiance y est très différente. Ne cherchant pas à théoriser, ni réfléchir sur les questions de totalitarisme ou de résistance, il s'agit avant tout d'une invitation à la découverte de nouvelles frontières, qu'il faut prendre comme telle. Le mystère entourant la venue des Taelons, comme le fonctionnement de leur société, constitue un des fils rouges centraux. De plus, la transposition d'un cadre de science-fiction directement sur une Terre actuelle offre également des perspectives originales, très intéressantes.

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Bilan : Earth Final Conflict occupera toujours une place à part dans mon coeur de téléphage, tour à tour coup de foudre inattendu, puis déception sériephile. Elle gardera à jamais son potentiel inachevé et des promesses non tenues. Mais elle fut aussi un divertissement prenant et intriguant, reprenant la thématique classique de l'arrivée d'extraterrestres avec une pointe de spécificité. En effet, la série débute à un moment où la Terre a déjà enregistré toutes les conséquences de l'arrivée des Taelons. La vie a continué en intégrant ces éléments de science-fiction. Cela confère au décor global un intérêt supplémentaire.

J'ai conscience que ce billet comprend une telle part de subjectivité qu'il peut difficilement s'apparenter à une réelle critique. Mais Earth Final Conflict exercera toujours sur moi un attrait que je ne saurais traduire en mots ; une fascination abstraite, intellectualisée, qui semble ancrée en moi. Simplement, elle fut une découverte qui a posé les bases de ma passion pour la science-fiction, tout comme elle a contribué, plus généralement, à asseoir ma téléphagie. Et c'est déjà beaucoup.


NOTE : Les disparités de qualité au sein de la série rendent impossible une note moyenne globale. Simplement, elle mérite l'attention du sériephile curieux, car ses bases étaient passionnantes. Peu importe qu'elle "jumped the shark" par la suite...


Le générique de la saison 1 en VO :


Le générique de la saison 2 en VF :


Le trailer de la saison 1 :

03/12/2009

(UK) Wire in the blood (La fureur dans le sang) : entrez dans la tête d'un serial killer


ITV
est généralement une chaîne associée à une qualité de fictions souvent en dents de scie, se côtoient du bon (classiquement Prime Suspect, actuellement The Fixer...) et du moins bons (Demons...), avec beaucoup de productions oscillant dans la zone grise entre les deux. Cependant, un certain nombre de ses fictions sont parvenues à me fidéliser à cette chaîne. Parmi lesquelles figure La Fureur dans le sang (Wire in the blood), proposée par Canal + en France. Certes, je considère que sa qualité a quelque peu baissé à partir de la saison 4 et, étrangement, la série ne s'est jamais pleinement remise du départ de Hermione Norris, même si elle a continué d'offrir des saisons relativement solides dans l'ensemble, dont il est difficile de décrocher. Il reste que Wire in the blood, adaptation des romans de l'écrivaine écossaise Val McDermid, reste un vrai classique du traitement des serial killer par le petit écran qui mérite vraiment le détour. La série comprend 6 saisons, diffusées de 2002 à 2008.

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Wire in the blood est une série policière, mettant en scène le Docteur Tony Hill (Robson Green), psychologue réputé spécialisé dans les pathologies des tueurs en séries. Il est amené à collaborer avec la police sur les enquêtes de crimes particulièrement violents ou potentiellement en série, dans un rôle proche de ce que l'on qualifierait de profiler aux Etats-Unis. Il essaye en effet de dresser le profil psychologique et les caractéristiques (sexe, âge, background social, etc...) du criminel recherché, à partir de l'analyse des victimes, du lieu des meurtres et de leurs mises en scène. La collaboration avec la police ne se passe pas toujours bien, leurs méthodes, comme leurs approches, divergeant très souvent ; mais Tony noue cependant une relation particulière avec celle qui dirige l'unité d'enquête de la police, Carole Jordan (Hermione Norris). Après le départ de cette dernière, Alex Fielding (Simone Lahbib), prendra la relève, pour offrir un vis-à-vis de caractère au psychologue.

Wire in the blood doit une partie de son attrait aux affaires qu'elle traite. Jamais avare de mises en scène macabres et de détails sanguinolents, sans jamais pour autant verser dans la surenchère, la série nous immerge dans une ambiance très sombre, parfois glauque et souvent glaçante. Elle donne l'impression de passer de l'autre côté du miroir des apparences pour étudier la face obscure de la nature humaine. Mais cette abondance de détails s'inscrit toujours dans une recherche de réalisme et d'authenticité, souvent perceptible, qui confère une dimension supplémentaire à la série, crédibilisant ses intrigues. Les enquêtes sont d'ailleurs généralement très fouillées, tout en restant globalement classiques. Bref, on est aisément happé par cette atmosphère de polar noir, très bien retranscrite, où l'on met à jour les modes de raisonnement de meurtriers ordinaires ou effroyables. Rarement une série aura aussi bien soigné cette approche psychologique du crime, sous un jour aussi rigoureusement scientifique ; ce qui la rend incontournable pour toute personne que Hannibal Lecter a fasciné au cinéma.

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Outre la qualité de ses enquêtes, ce qui confère son originalité à Wire in the blood, c'est le rapport de forces qui s'établit entre les deux personnages principaux. La série bouleverse la répartition classique des rôles dans ce genre de fiction. Carol, policière aux méthodes expéditives, toujours pragmatiques, se retrouve confronté à un homme plus proche de la figure du professeur Tournesol que du redresseur de torts que l'on a coutume de voir dans ce type d'association. Tony Hill a souvent un sens des réalités un brin distordu, que son entourage peine à comprendre. Sa vie sociale se résumerait presque, au départ, à ses visites quotidiennes à ses patients, des criminels enfermés dans un asile. Le décalage entre les deux personnages offre d'excellents échanges, entre brusque remise au point et exaspération teintée d'humour, suivant la situation. A mon sens, c'est avec Carol Jordan que l'alchimie fonctionne le mieux et que cet équilibre est parfaitement mis en place. Dotés de personnalités complexes et recherchées, avec ses forces et ses faiblesses, chacun des personnages se révèlent en plus attachant. Le téléspectateur retrouve donc ce duo d'enquêteurs avec beaucoup de plaisir au fil des enquêtes. (Hermione Norris jouera dans les trois premières saisons.)

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Bilan : Wire in the blood est une série policière sombre et intelligente, aux personnages bien loin des stéréotypes classiques de ce genre de fiction. Le duo principal brise ainsi les clichés traditionnels, lui conférant un équilibre original et une identité propre. Dotée d'intrigues fortes, c'est à travers la psychologie qu'elle nous immerge dans cet univers des serial killer. Les saisons étant courtes et les épisodes longs (1h30), son intensité n'a pas le temps de faiblir, tout en ayant l'occasion de bien construire ses intrigues.

Voici une série policière de référence qui devrait piquer l'intérêt du plus grand nombre.


NOTE : 8/10


La bande-annonce :


02/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 5

Spooks continue sur la voie tracée par cette saison 8 : des ingrédients efficaces, présentés avec pas mal de précipitation, si bien qu'il manque ce petit plus, cet esprit particulier, que la série était parvenue à créer au cours de la saison précédente. Mais il faut bien avouer que les bouleversements de casting y sont pour beaucoup dans cet équilibre encore précaire, manquant d'homogénéité, qui s'est instauré au sein de notre équipe du MI-5.

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Ce cinquième épisode reprend immédiatement après la conclusion marquante du précédent. Celui qui coordonnait les activités de la CIA en Angleterre est passé par-dessus la balustrade dans leur QG, s'écrasant quelques dizaines de mètres plus bas. Une question s'impose : suicide ou meurtre ? Si la CIA semble présenter la thèse du suicide, Sarah fournissant des prétextes, Harry nourrit des suspicions très différentes. Il avait eu une discussion peu avant son décès avec l'agent, concernant ses avancées dans l'enquête sur la fameuse réunion de Bâle. Les cartes sont encore plus brouillées lorsqu'un autre officiel américain meurt d'une crise cardiaque, après qu'on lui ait injecté un poison. Le MI-5 prend donc les choses en main pour se renseigner sur ces évènements ; en commençant par déterminer si ces morts sont liées ou non.

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A partir de cette situation de départ, l'épisode va décliner bonnes et moins bonnes idées. Tout d'abord, il se concentre cette fois sur Ros, toujours admirable de maîtrise, et nous donne l'occasion d'en apprendre un peu plus sur elle et sa formation, car nous rencontrons son mentor, Jack Coleville, qui l'a recrutée. Cela offre un nouvel éclairage très enrichissant sur le personnage. Malheureusement cette introduction du mentor se révèle liée à la trame principale des divers agents officiels qui sont tués. Si bien que le scénario transforme tous ces éléments en toutélié quelque peu artificiel qui ne convainc pas pleinement. Approfondir Ros était un objectif louable, très réussi, mais cela aurait été mieux servi par un scénario plus équilibré et moins précité. L'intrigue est insuffisamment travaillée, si bien que même si on suit Ros avec intérêt, il est difficile pour le téléspectateur de s'immerger dans cette histoire où les scénaristes ne prennent pas le temps d'humaniser réellement Coleville, figure prétexte pour s'intéresser à Ros et constituant un effet dilatoire parfait pour retarder l'explosion d'évènements liés à Bâle et au nouvel ordre mondial. Ros aurait mérité mieux.

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Pour autant, l'épisode ne traîne pas sur ce grand fil rouge de la saison. En effet, comme la mort du responsable de la CIA n'est initialement pas distinguée des autres décès, le MI-5 s'intéresse de près aux évènements qui se sont produits dans leur QG ; d'autant que Harry révèle ce qu'il sait pour le moment à Ros et Lucas. Passage qui peut d'ailleurs amener à s'interroger sur la continuité avec l'épisode précédent, où Lucas avait entendu explicitement parlé de Bâle, mais où Harry avait tout nié en bloc... Si cette mort est belle et bien liée à cette conspiration, cela ne devrait-il pas amener à Harry à être doublement suspicieux ? Reste que si Sarah tente bien, timidement et de manière peu convaincante, de les orienter vers la thèse du suicide d'un agent qui était véreux et sur le point de tomber, Harry n'y croit pas une seule seconde. Finalement assez aisément, grâce à une Ruth toujours très débrouillarde, ils apprennent que parmi les personnes qui se trouvaient dans l'immeuble à l'heure de la mort du responsable, figure Sarah... Révéler aussi rapidement son double jeu au MI-5 est un choix scénaristique qui s'inscrit dans l'optique de cette saison : les choses évoluent très rapidement -parfois de manière un peu précipitée. Comme rien n'est figé, les rapports de force changent vite et cela permet de ne pas laisser une situation pourrir. Cette fois, pour la scène finale (absolument surréaliste d'ailleurs, avec Lucas qui informe Ros au téléphone des mensonges de Sarah, tandis qu'en arrière-plan, cette dernière dort dans le lit...), c'est Lucas qui a les atouts en main. Pour autant, cet épisode souligne aussi les faiblesses de ce fil rouge : Sarah manque singulièrement d'envergure pour être une taupe crédible. Et cette histoire peine toujours à décoller pleinement.

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Bilan : Ce cinquième épisode, centré que Ros, est un bel hommage mérité pour ce personnage d'une solidité et d'une maîtrise à toute épreuve. Cependant, il est dommage que l'intrigue, insuffisamment travaillée, donne parfois l'impression d'être quelque peu téléphonée et artificielle ; ce qui plombe la portée du récit. Mais l'ensemble reste efficace et prenant ; la situation relative à la conspiration mondiale continue d'évoluer en attendant une future confrontation. En somme, beaucoup de choses très bien ; mais des maladresses scénaristiques à corriger.


NOTE : 7,5/10