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28/11/2010

(UK) Garrow's Law, series 2 : un passionnant legal drama au XVIIIe siècle


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Ce mois de novembre était synonyme de retour pour plusieurs séries que j'avais pris plaisir à suivre l'an dernier. Si je partage plus souvent sur ce blog mes réactions au sujet des dernières nouveautés téléphagiques, il faut y voir plus l'excitation de la découverte (et un arbitrage brise-coeur pour choisir les sujets des critiques) qu'un désintérêt pour ces séries entamant leur deuxième, voire plus avancée, saison. A la télévision britannique, ce sont les inédits de deux fictions extrêmement différentes que j'attendais avec une relative impatience ; l'ambiance inimitable, vaguement déglinguée, des héros de Misfits et l'atmosphère embrumée des prétoires du XVIIIe siècle, théâtres des passes d'armes initiées par William Garrow, avec Garrow's Law.

On parle pas mal de la première sur les réseaux sociaux que je fréquente, beaucoup moins de la seconde, ce qui m'attriste bien. En ce qui me concerne, je ne vous cache pas que j'avais actuellement sans doute plus besoin d'un solide legal drama dans lequel m'investir. C'est donc l'occasion ou jamais de rappeler la série à notre bon souvenir. D'autant plus que, quoi de plus opportun que de mettre le XVIIIe siècle à l'honneur cette semaine ? Car vendredi prochain marque le retour d'une des séries françaises que j'attends et aime à savourer toujours avec beaucoup de plaisir : Nicolas le Floch.
 

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Au cours des dernières semaines, j'ai pu lire ou assister, voire prendre part, à certains débats sur l'opportunité des reconstitutions historiques télévisées (notamment au sujet de Boardwalk Empire). Je ne vous cache pas que je reste dans une certaine incompréhension face aux enjeux de cette problématique qui ferait des séries se déroulant dans le passé une sorte de sous-genre, où la valeur-ajoutée scénaristique se réduirait au seul aspect folklorique des décors, subterfuge censé aveugler le sens critique de ses téléspectateurs. A défaut de comprendre tous les arguments, j'ai au moins pu cerner un des reproches adressés à cette catégorie, qui pourrait se schématiser ainsi : faire de l'historique, pour de l'historique, en oubliant de construire une histoire. Face à ces critiques, j'ai envie de simplement revenir sur ce premier épisode de la saison 2 de Garrow's Law, qui a été diffusé le 14 novembre dernier sur BBC1.

Reprenant avec maîtrise son fil narratif, la série réintroduit efficacement chacun de ses personnages dans leur vie personnelle et professionnelle, retrouvant rapidement un équilibre entre ces deux sphères, dans la droite continuité de la saison passée. Tandis que Lady Sarah Hill renoue avec son époux, miné par la gangrène d'une jalousie dévorante qui l'amène à se persuader que l'enfant de Sarah n'est pas le sien, mais le fruit des fidélités de sa femme avec William Garrow, des assureurs de Liverpool contacte ce dernier pour une question de fraude à l'assurance touchant un commerce particulier : la traite d'esclaves. Un navire s'est en effet débarrassé de 133 esclaves, les jetant à la mer, après avoir risqué d'être à court d'eau potable. Mais cette perte financière, indemnisée initialement et conséquence d'un voyage plus long que prévu, serait due à la faute du capitaine, non aux intempéries maritimes.

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S'il est une chose qu'il faut saluer dans Garrow's Law, ce n'est pas seulement la rigueur avec laquelle elle s'attache à faire revivre le parfum des prétoires du londonien Old Bailey, mais c'est aussi la manière dont elle réussit à nous dépeindre l'esprit d'une époque et les raisonnements qui y ont cours. Le tribunal s'apparente à une scène de théâtre, où les acteurs judiciaires présentent un spectacle dans lequel le public, omniprésent par ses réactions, occupe également une place centrale. Dans cette optique, tout en nous dépeignant des procès, dont certains s'assimileraient plus à une parodie amère de justice, la série s'est toujours beaucoup attachée à nous relater les rouages d'un système judiciaire, socialement discriminatoire, où la défense est le plus souvent privée de tous droits.

Par ce fait qu'elle va mettre en lumière un autre équilibre entre les acteurs judiciaires, où les différences procédurales par rapport aux legal dramas contemporains sauteront aux yeux du téléspectateur, Garrow's Law trouve une résonnance particulière, bien plus moderne que les pourfendeurs des séries historiques ne pourraient l'imaginer. Qu'est-ce que le droit, si ce n'est un mouvement de balancier permanent, symptomatique d'arbitrages incessants et de recherches d'équilibres entre des intérêts divergents. En relatant cette genèse de la prise en compte de nouvelles figures sur la scène judiciaire, en assistant à l'introduction de préoccupations jusqu'alors inexistantes, la série nous invite certes à découvrir un processus historique que les réflexions du tourbillonnant XVIIIe siècle ont amorcé. Mais elle permet aussi, par contraste, de révéler des enjeux fondamentaux, inhérents à tout système judiciaire ; des bases sur lesquelles les séries modernes ne prennent pas forcément le temps d'insister, tout simplement parce qu'elles les considérent, à tort ou à raison, comme de simples acquis anecdotiques. 

Garrow's Law n'est pas seulement une reconstitution historique, c'est une déconstruction et mise au grand jour des rouages de la justice ; un apport intemporel, bien loin de ces idées "folklores télévisés costumés" dans lesquels certains tendent à réduire ces fameuses séries historiques. 

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A ce titre, ce premier épisode de la saison 2 propose un retour solide, en offrant un éclairage, non pas tant sur des questions de procédure, que sur le statut de l'esclave. Le gouffre entre l'atrocité des faits commis et l'angle juridique proposé dans l'affaire du jour jette incontestablement un voile moral trouble sur l'affaire, William Garrow étant mandaté pour plaider une simple fraude à l'assurance, qualification juridique profondément déshumanisée qui laisse le téléspectateur glacé, alors que ce sont 133 êtres humains qui ont été jetés, sans arrière-pensée, à la mer. Ces morts ne sont prises en compte que sur un plan strictement patrimonial, tandis que viennent se greffer, en toile de fond, des enjeux commerciaux et géopolitiques qui amènent des personnalités politiques à intervenir. Comme attendu, le procès prend une tournure particulière à partir du moment où Garrow essaye de replacer dans les débats cette notion d'humanité obstinément exclue par le droit. Mais la conclusion sera à l'image de cette première affaire à l'arrière-goût désagréable.

Si la thématique du jour se révèle pesante, tout en étant traitée de manière rythmée et très convaincante, ne laissant aucun répit à un téléspectateur dont l'attention ne faiblit jamais, la force de Garrow's Law, c'est aussi le fait de ne pas oublier d'apporter une touche humaine à ce tableau de la justice anglaise du XVIIIe siècle, en s'intéressant à la vie personnelle de ses personnages. Non qu'il y ait une réelle originalité dans le traitement des relations qu'elle met en scène, mais cela a le mérite d'offrir un pendant au judiciaire, permettant des parenthèses bienvenues. Cependant, dans l'épisode du jour, l'atmosphère y est tout aussi lourde, abordant peut-être un point de non-retour dans les chaotiques aspirations amoureuses de William Garrow. Car voilà Lady Hill en fâcheuse posture, possiblement ruinée financièrement et socialement, si son mari poursuit la procédure de séparation particulière qu'il semble avoir choisie. Ce volet de la narration risque de ne pas être très reposant non plus dans les prochains épisodes.

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Si le fond est solide, bénéficiant d'un sujet passionnant, la forme ne dépareille pas. La photographie, soignée mais dont les couleurs restent d'une sobriété travaillée, est à l'image, un peu grise, vaguement terne, de cette justice ambivalente ainsi mise en scène. La réalisation est travaillée, proposant des plans intéressants. Sans avoir pour objectif d'être un de ces costume drama censés éblouir, Garrow's Law offre une immersion qui sonne juste et une reconstitution sérieuse à saluer.

Enfin, le dernier atout fondamental de la série réside incontestablement dans son casting, à commencer, surtout, par son acteur principal, Andrew Buchan (Party Animals, Cranford, The Fixer), que ce rôle aura vraiment consacré à mes yeux. Son interprétation de cet avocat qui, au-delà de ses idéaux, n'hésite pas à s'investir pleinement et à se battre judiciairement pour ce en quoi il croit, est vraiment très convaincante. A ses côtés, on retrouve d'autres têtes familières du petit écran britannique, comme Alun Armstrong (Bleak House, Little Dorrit), Lyndsey Marshal (Rome, Being Human), Rupert Graves (Midnight Man, Sherlock, Single Father), Aidan McArde (All about George, Beautiful People) ou encore Michael Culkin (Perfect Strangers).

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Bilan : Garrow's Law dispose de tous les attributs qualitatifs d'un solide legal drama, son atout supplémentaire - et par là même, sa pointe d'originalité - étant que la série se déroule au XVIIIe siècle. Sans opérer de révolution narrative particulière, elle s'attache avec beaucoup de soin à dépeindre une époque judiciaire particulière, sujette à des mutations fondamentales, et où de nouvelles préoccupations apparaissent, reflet des tourbillonnements idéologiques de cette période.

Au final, si elle ne peut sans doute pas être qualifiée d'incontournable, elle remplit de façon convaincante les objectifs non démesurés qu'elle s'était fixée : une reconstitution déconstruisant, avec une résonnance à la fois historique et intemporelle, les rouages d'un système judiciaire. C'est amplement suffisant pour mériter le détour.


NOTE : 7,5/10



Le générique de la série :

(Merci à Critictoo)


La bande-annonce de la saison 1 :


27/11/2010

[TV Meme] Day 15. Favorite female character.

Le TV Meme se poursuit en explorant donc les figures téléphagiques qui nous ont marqué. Si la semaine dernière, j'avais eu toutes les peines à dégager un seul personnage masculin, aujourd'hui, la réponse s'est imposée comme une évidence. Je ne dis pas que je n'aurais pas pu en citer d'autres qui l'auraient, sans doute tout autant mérité, de CJ Cregg (The West Wing / A la Maison Blanche) à Veronica Mars (Veronica Mars) - oui, j'ai toujours eu un faible pour les femmes de tête. Cependant, en passant rapidement en revue toutes celles qui me venaient à l'esprit, un choix m'a immédiatement paru sans discussion à la lecture de ce thème.

Cela semble d'autant plus approprié que ce jour du TV Meme ne pouvait sans doute guère mieux tomber. En effet, hier, lorsque sont arrivés les premiers flocons de la saison, comme chaque année, je me suis remémorée un instant l'émerveillement enfantin que manifeste la figure féminine à l'honneur, aujourd'hui, à chaque retour de ce glacé manteau neigeux, et j'ai moi-aussi murmuré : 

Welcome, friend...

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Lorelai Gilmore

Gilmore Girls (2000 - 2008 ; WB, puis The CW)

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Lorelai et moi partageons un seul point commun, une addiction profonde à la cafféine qui m'a probablement, dès la première scène de la série, instinctivement rapproché d'elle. Pour autant, dans Gilmore Girls, le phénomène d'identification aux personnages a toujours été limité, en ce qui me concerne, à Rory. Parce que je partageais plus d'un trait de caractère avec l'adolescente aimant bouquiner et rêvant de grandes études, et aussi parce que j'ai en quelque sorte grandi avec elle, puisque nous avions "fictivement" le même âge. Mais si j'ai toujours apprécié Rory, en dépit de ses prises de décisions et choix qu'elle a pu faire en grandissant, le personnage phare de la série est toujours resté à mes yeux la figure incontournable de Lorelai.

Par son extrême vitalité, son énergie toujours débordante, son tempérament bien trempé, son pragmatisme prêt à entrer en action en toute circonstance, il est impossible de ne pas vénérer cette self-made woman capable d'illuminer l'écran, comme de toucher profondément le téléspectateur. Lorelai pétille et s'impose dans chaque scène où elle apparaît, avec son charme naturel et spontané, souvent désarmant, et son débit de paroles vertigineux. Et puis, l'interprétation de la génialissime Lauren Graham (actuellement dans Parenthood) n'est sans doute pas non plus étrangère à cette image que renvoya pendant 7 saisons un des plus entraînants personnages du petit écran qu'il m'ait été donné de croiser.

25/11/2010

(Pilote UK) Accused : un crime drama réduit à sa plus sobre expression


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Spooks
à peine terminée, depuis le 15 novembre 2010, les lundis soirs de BBC1 sont désormais occupés par un crime drama, signé Jimmy McGovern : Accused. Cette série a la particularité de présenter des histoires indépendantes, chaque épisode se concentrant sur un personnage différent. Le nom du scénariste, auquel s'ajoutait un casting très alléchant, suffisait à aiguiser l'intérêt et la curiosité d'un téléspectateur quand même très intrigué, d'autant que visionner le pilote n'engageait pas sur toute la série. Et puis, Accused a aussi fait parler d'elle ces derniers jours en Angleterre à cause d'une controverse née autour de son deuxième épisode et de son traitement de l'armée.

Pour ce premier épisode, j'avoue sans peine que la présence de Christopher Eccleston ne fut pas étrangère à mon visionnage. De la même façon que j'aurais bien envie d'aller jeter un oeil aux épisodes où apparaîtront Peter Capaldi ou encore Warren Brown. Pour autant, le pilote d'Accused n'aura su que modérément me convaincre, proposant une histoire relativement solide, sous un angle narratif assez original, mais en échouant à réellement s'affranchir des codes du genre.

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Chaque épisode d'Accused s'ouvre au moment où le tribunal s'apprête à rendre son verdict, le prévenu montant les marches qui le conduisent jusqu'au banc des accusés. Sans autre information, le téléspectateur découvre dans ces premières images les protagonistes de l'histoire qui s'apprête à lui être racontée. Puis, le récit enchaîne sur un flashback, remontant le temps pour revenir au moment où tout a débuté, à cette journée où tout a commencé à déraper, pour conduire presque inéluctablement à la commission de l'infraction pénale dont le personnage principal du jour est accusé. Le laissant ainsi suspendu à son sort, attendant que soit prononcé son acquittement/relaxe ou sa condamnation, l'épisode va nous relater, sans parti pris, les faits tels qu'ils se sont réellement produits. En somme, la narration d'Accused se résume en deux points : l'infraction et le verdict, accompagné éventuellement de la sanction. Le crime drama réduit à sa plus sobre expression.

Ce premier épisode va ainsi nous raconter l'histoire de Willy Houlihan. Comment ce plombier, père de famille marié depuis 25 ans, menant en apparence une vie rangée, a-t-il pu se retrouver sur le banc des accusés, à attendre stoïquement sa sentence ? Sans plus d'indice, le téléspectateur est invité à découvrir l'engrenage des évènements et décisions qui vont le mener à cette première scène de l'épisode.

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L'atout principal d'Accused réside incontestablement dans le concept narratif que la série choisit de suivre, nous présentant le prévenu à la fin de son procès pour ensuite nous conter ses dernières actions qui l'auront mené devant ce tribunal. Cet angle d'attaque original fournit à la fiction une relative originalité qu'elle va s'attacher à pleinement exploiter. En effet, tranchant avec le modèle traditionnel, le suspense ici ne réside pas dans la question de savoir qui a commis le crime, mais dans le fait de découvrir de quel crime il s'agit. "Quels sont donc les faits de l'espèce ?", voici la question qui résonne de façon presque obsessionnelle dans la tête du téléspectateur pendant la majeure partie de l'épisode.

Avec beaucoup d'habileté, la série mise sur un suggestif des plus accrocheurs. Tout au long des deux premiers tiers de l'épisode, on se perd en conjectures, concluant fatalement au pire dès que Willy se retrouve dans une situation ambiguë, imaginant y voir telle ou telle indication sur ce que le futur lui réserve, alors que le personnage s'enfonce peu à peu dans des problèmes domestiques et financiers rapidement inextricables. L'imagination fertile, prompte à toutes les extrapolations, le téléspectateur se prend facilement à ce jeu scénaristique, au final presque plus piquant qu'un crime drama à la narration traditionnelle.

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Cependant, après avoir si bien stimulé notre inventivité et encouragé à suivre mille et une (fausses) pistes, Accused se rabât, au final, de façon assez frustrante, sur des sentiers très balisés, proposant un dernier tiers somme toute excessivement classique. Cela donne un peu l'impression d'avoir beaucoup promis pour n'offrir qu'une conclusion à la prise de risque minimale, où tout rentre dans l'ordre en s'achevant sur une sortie d'un classicisme soudain trop abrupt pour le téléspectateur.

Il y a un contraste assez déconcertant, un peu déstabilisant, entre l'ambition affichée initialement et la manière dont l'histoire se termine, comme si la fiction avait soudain été trop timorée pour réellement s'affranchir des codes narratifs attachés à ce genre. Si bien que sans remettre en cause les spécificités qui ont séduit lors de la première partie de la narration, cela laisse cependant comme un arrière-goût d'inachevé. Une sorte d'essai non transformé. 

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Sur la forme, Accused présente une réalisation aboutie, plutôt soignée, mais qui ne marque pas particulièrement hormis par quelques plans plus inspirés. Elle se situe globalement dans le standing habituel (plutôt élevé, donc) de la chaîne.

Enfin, comme je l'ai déjà souligné, une partie de l'intérêt de la série - et sans doute beaucoup de la curiosité qu'elle peut susciter a priori - réside dans son casting. Si ce premier épisode se concentrait sur le toujours excellent Christopher Eccleston (Doctor Who), que je retrouve chaque fois avec beaucoup de plaisir dans mon petit écran, la suite offre des noms également très alléchants, comptant parmi les valeurs sûres de la télévision d'outre-Manche. Devraient ainsi apparaître Mackenzie Crook (The Office UK), Juliet Stevenson, Peter Capaldi (The Thick of It), Marc Warren (State of Play, Hustle), Naomie Harris (The Tomorrow People), Warren Brown (Dead Set, Luther, Single Father), ou encore Ben Smith. Au final, quelques bonnes raisons de vérifier si la série saura faire preuve de plus d'ambitions !

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Bilan : Avec sa structure narrative qui recentre l'enjeu de l'épisode sur l'infraction pénale qui sera commise et non sur le coupable, Accused s'impose comme un crime drama intrigant, qui tranche avec les codes traditionnels du genre. Mais si le téléspectateur se prend aisément à ce jeu scénaristique qui mise beaucoup sur le suggestif, Accused échoue à mener jusqu'au bout cet essai. Manquant de témérité dans sa conclusion, elle retombe alors sur des sentiers très balisés pour finalement abandonner l'expérimental et renouer avec le classique judiciaire. Si on se dit alors qu'on aurait pu légitimement en attendre un peu plus, cela n'enlève rien à ce pilote qui permet quand même de passer une heure prenante devant son petit écran. A défaut de vraiment révolutionner le genre, Accused s'avère solide. Son casting devrait achever de convaincre les derniers récalcitrants.    


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :

24/11/2010

(K-Drama / Pilote) Secret Garden : comédie romantique aussi pimentée que charmante

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Ne m'en veuillez pas, je crois bien qu'il va falloir patienter encore une semaine pour vous parler de Mary Stayed Out All Night (devenu entre temps Marry me, Mary). La critique était pourtant initialement prévue. J'ai bien regardé le deuxième épisode ; tout s'y met progressivement en place... Mais dimanche soir, pour ma soirée sud-coréenne de fin de week-end, la lecture d'un post de Saru (c'est entièrement sa faute) a trop aiguisé ma curiosité. N'y tenant plus, je me suis lancée dans un des dramas dont j'attendais beaucoup en cette fin d'année, diffusé depuis le 13 novembre 2010 sur SBS : Secret Garden... Sauf qu'ensuite, une fois visionnés les deux premiers épisodes , comment vouliez-vous que je me retienne plus de dix jours avant de vous en parler ?

Car voyez-vous, voilà bien un des rares dramas dans lequel je suis immédiatement tombée amoureuse... de l'héroïne (certes, cette série marquait le retour de Ha Ji Won, qui est une actrice que j'aime plus que tout). Une figure féminine rafraîchissante, dépassant l'archétype classique du genre, tout en étant absolument charmante, cela s'applaudit haut et fort. S'appropriant les codes narratifs de la romance sud-coréenne, tout en jouant sur les attentes du téléspectateur, les débuts de Secret Garden n'ont pas été ce que j'avais imaginés à la lecture du synopsis, le drama prenant finalement son temps pour introduire son fameux twist annoncé. Mais c'est tant mieux car il s'assure en amont d'une réelle consistance. En résumé, j'ai fini la soirée avec le sourire aux lèvres et une sacrée envie d'enchaîner sur les épisodes suivants. Qui sait, un coup de foudre ?

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Si l'originalité du concept annoncé tenait en une pointe de fantastique intrigante, un "échange de corps" entre les deux personnages principaux, dont on se régale déjà d'avance des qui pro quo et autres péripéties que cela devrait générer, la série préfère sagement ne pas tout miser sur ce seul twist. Elle s'attache tout d'abord à forger son univers. Un drama qui ne sacrifie pas sa construction narratif au profit de son concept, c'est une initiative à saluer car elle va donner le temps au récit d'acquérir une une réelle épaisseur. Tout en conservant une certaine distance et en faisant preuve de beaucoup d'habileté, Secret Garden va s'approprier les codes scénaristiques classiques des romances sud-coréennes, tout en y mêlant un ton très libre et dynamique, se jouant parfois des attentes du téléspectateur.

L'histoire emprunte ici quelques routes immuables de ce genre, puisque les deux jeunes gens mis en scène appartiennent à deux sphères sociales qui n'ont rien de commun. Kim Joo Won est l'héritier d'une puissante famille. Il préside sa propre compagnie, avec un arbitraire qui n'a d'égal que sa relative excentricité. Mais derrière son masque d'arrogance et cette fausse apparence de perfection parfaitement contrôlée, le jeune homme cache cependant des failles plus handicapantes, comme son incapacité à prendre un ascenseur, pour lesquelles il consulte un psy. C'est par une rencontre impromptue, née d'un malentendu, que Joo Won rencontre sur un tournage, Gil Ra Im. Dès son introduction, dans ce salon si huppé où le contraste était encore plus flagrant, la jeune femme avait tranché avec bien des idées préconçues. Cascadeuse de son état, évoluant dans un milieu principalement masculin dont elle a pris certains traits pour s'intégrer, elle présente un côté presque "garçon manqué" que complète un sacré tempérament. Pour autant, l'ingénuosité de l'écriture est de réussir à proposer un personnage entier, ne reniant jamais une féminité - et une certaine douceur - qui ressort dès qu'elle abaisse ses défenses.

Assistant à la scène d'un combat à l'épée où elle double l'actrice principale, Joo Won reste absolument fasciné par la jeune femme. Mais entre son absence de manières, ses difficultés relationnelles et la méfiance instinctive de Ra Im, leurs premiers échanges se révèlent surtout excessivement pimentés et plus qu'animés.

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Alors que Secret Garden paraissait devoir attirer l'attention par son twist fantastique annoncé, le drama réussit le tour de force de s'imposer et de charmer ses téléspectateurs avant même d'entrer dans le vif du sujet, laissant donc de bien belles promesses en suspens sur ce qu'il nous réserve pour l'avenir. Si la dynamique d'ensemble capte si bien notre attention, elle le doit tout d'abord à ses personnages, ou plus précisément, à son duo principal. Joo Won et Ra Im se complètent en effet parfaitement et trouvent instantanément une réelle alchimie à l'écran. Mais, surtout, tant dans la mise en scène de leurs rapports que dans leur personnalité, la série va habilement parvenir à jouer sur les codes du genre, mélant une tradition romantique parfaitement maîtrisée et des ingrédients originaux qui apportent une fraîcheur piquante à l'ensemble. Le drama propose ainsi des personnages complets, non dénués d'une ambivalence sonnant juste, qui, tout en s'inscrivant dans les canons du genre, vont réussir plus d'une fois à surprendre, prenant les attentes du téléspectateur à contre-pied.

Cette synthèse se retrouve parfaitement dans l'atout premier de Secret Garden : son héroïne à la fraîcheur et au charme communicatifs. Ra Im incarne à merveille cette versatilité de tonalités qu'investit la série. Avec ses allures de faux garçon manqué, son pragmatisme tranche agréablement avec la trop classique figure féminine excessivement ingénue des débuts de ce genre de fiction. Pour autant, ce tempérament affirmé ne la dessert pas auprès du téléspectateur. Au contraire. Car derrière cette apparence froide, conçue comme une protection lui permettant d'évoluer dans son milieu professionnel, transparaissent par intermittence une étonnante douceur naturelle et une forme de naïveté sentimentale très touchante, dont le contraste est d'autant plus accentué avec l'image assurée qu'elle renvoie. Il est ainsi impossible de rester insensible devant Ra Im. Par ailleurs, suivant une construction un peu similaire, son vis-à-vis, Jo Woon, se présente aux premiers abords comme l'archétype du jeune héritier, gérant d'une main de fer une compagnie confiée par une figure parentale absente et ayant intégré tous les codes sociaux de son milieu. Pourtant, encore une fois, le personnage s'avère loin d'être unidimensionnel, dévoilant des difficultés dans ses rapports avec ce qui l'entoure qui le montre sous un autre jour, plus vulnérable (même s'il ne se l'avouerait jamais).

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S'ils sont pour l'instant les seuls à bénéficier d'un tel soin d'écriture et d'un tel travail sur leurs personnalités, les personnages plus secondaires restant en retrait, cela permet à ces figures centrales de susciter déjà un intérêt par elles-mêmes. Et les étincelles instantanées qui vont jaillir lorsqu'elles vont être associées achèvent alors de conquérir un téléspectateur déjà charmé. Car le traitement de leur relation suit une même ambiguïté d'écriture, volontairement explosive et pareillement divertissante. Elle se révèle même être une source de petites jubilations savoureuses lorsque la série s'amuse à inverser les rôles, la spontanéité et le côté casse-cou de Ra Im tranchant singulièrement avec le besoin de contrôle et l'instinct de conservation prudent de Joo Won. Offrant une forme d'avant-goût des plus prometteuses de la suite du drama, cette maîtrise narrative témoigne aussi d'une certaine maturité d'écriture et d'une capacité à se jouer des codes, vraiment plaisante à suivre.

Au final, il flotte un doux parfum de comédie romantique adulte dans Secret Garden, où prédomine cette indéfinissable forme d'innocence sentimentale propre aux fictions sud-coréennes, capable de toucher une fibre sensible dans l'inconscient émotionnel du téléspectateur. Il y a en effet quelque chose d'assez touchant à suivre les réactions de Joo Won, comprenant qu'il n'est pas indifférent à Ra Im, mais incapable de rationaliser ses sentiments, ou encore moins de les exprimer en termes cohérents qui ne passeraient pas pour des directives unilatérales. Le jeune homme apparait comme subissant de plein fouet, sans pleinement l'appréhender, la force de sentiments qu'il ne comprend pas ; ses hallucinations lorsqu'il est seul chez lui en sont la parfaite illustration. L'impression est également renforcée par Ra Im, qui semble tout autant déconnectée de cette sphère sentimentale, aveugle aux attentions particulières de son patron. Ainsi prompte à éveiller l'émotion du téléspectateur, la série s'impose avec beaucoup d'aplomb dans ce registre romantique.

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Parallèlement à un contenu des plus solides, Secret Garden bénéficie d'une réalisation soignée, assez traditionnelle, mais qui se démarque globalement par sa belle esthétique d'ensemble, se traduisant surtout par certains plans de paysages particulièrement beaux. Les décors en extérieurs, chez Joo Won notamment, sont superbement mis en valeur. Sa bande-son se révèle également assez intéressante. Exploitant dès le départ la chanson phare de son OST, elle mêle immédiatement quelques passages clés de ses débuts aux premières notes de cette musique plutôt plaisante et que j'ai fini par bien apprécier. La recette est des plus classiques, servant à souligner l'émotionnel en sublimant certains passages ; mais il s'agit d'un procédé que j'apprécie beaucoup lorsqu'il est fait sans excès.

Enfin, le casting parachève ces bons débuts. Si je nourris, depuis presque toujours, une profonde affection pour Ha Ji Won - puisque c'est une des premières que j'ai nouée avec le monde des k-dramas, car elle date de Damo et de What happened in Bali -, les débuts de Secret Garden l'ont portée à un nouveau niveau. J'aimerais tant la voir plus souvent à la télévision sud-coréenne ! D'une fraîcheur et d'une classe naturelles, elle illumine véritablement l'écran. A ses côtés, on retrouve une autre valeur sûre du petit écran, Hyun Bin (My Name is Kim Sam-Soon, The Snow Queen, Worlds Within, Friend Our Legend) que, en dépit de sa longue filmographie, je n'avais encore jamais eu l'occasion de croiser. Pour compléter les dynamiques relationnelles entre les différents protagonistes, on retrouve également Yoon Sang Hyun (Queen of Housewives), en cousin de Joo Won, accessoirement chanteur à succès sous contrat avec la société de ce dernier, et qui ne m'a pas encore pleinement convaincue ; Kim Sa Rang (Thousand Years of Love, A Love to Kill, Tokyo Shower) en riche héritière potentielle fiancée ; et enfin Lee Philip (The Legend, Story of a Man), fidèle à lui-même, qui joue le patron de Ra Im.

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Bilan : Il est plutôt rare que les débuts d'un k-drama suscite un tel enthousiasme chez moi, la construction des séries sud-coréennes ayant tendance à faciliter une immersion progressive dans leur univers. C'est d'autant plus rare lorsque j'attends avec impatience ladite fiction. Mais, ne boudons pas notre plaisir, car ces débuts de Secret Garden auront déjoué toutes mes réserves éventuelles pour me faire passer une soirée proche d'un coup de foudre téléphagique qui ne demande que confirmation dans les prochains épisodes.

Sachant aussi bien surprendre que charmer le téléspectateur, ce drama réussit à pleinement s'imposer avant même que n'intervienne le fameux twist à venir. La complexité de protagonistes hauts en couleurs, non dénués d'une ambivalence qui leur confère des personnalités pleines et entières, se dégageant des clichés du genre, est mise au service d'un relationnel dynamique, tout en confrontation, d'où pointe rapidement un émotionnel touchant qui achève de vous conquérir. La série m'ayant en plus rappelé combien j'appréciais Ha Ji Won, sans tomber dans un excès d'optimisme, j'ai très envie de croire qu'elle peut être mon k-drama phare de fin d'année, si elle poursuit sur ces bases. 


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la série :


La chanson principale de l'OST :

20/11/2010

[TV Meme] Day 14. Favorite male character.

Choix excessivement cornélien en ce 14e jour du TV Meme. Comment espérer choisir parmi toute cette galerie si riche et si dense qu'offre le petit écran, une seule figure masculine emblématique qui s'imposerait comme ma favorite ? On combine ici une part de rationnel, mais aussi un profond affectif, fluctuant au fil du temps. Mon parcours téléphagique a été marqué par plusieurs rencontres qui sont restées gravées dans ma mémoire. Cependant, à la différence de la figure féminine, aucune ne s'impose rétrospectivement comme une évidence en ce jour, tant ils n'ont rien en commun, si ce n'est d'avoir correspondu à une époque de ma passion.


D'un point de vue chronologique tout d'abord, en y réfléchissant bien, aussi loin que remonte ma mémoire téléphagique, je pense que le premier personnage à avoir su me fasciner était une figure relativement secondaire qui n'est pas apparue dans tant d'épisodes que cela de la série en question (mais, grâce aux multiples rediffusions dont elle fit l'objet, je m'étais enregistrée sur VHS une sélection intégrale de tous les épisodes où il apparaissait - et uniquement ceux-là). Par l'ambiguïté inhérente à son comportement toujours très versatile, tranchant avec la tonalité globalement manichéenne de la série (cf. Les cavaliers de l'Apocalypse), par sa complexité que nous n'étions pas toujours en mesure d'appréhender et l'aura mythique qu'il savait si bien exploiter, le premier personnage de série à m'avoir proprement fasciné fut Methos, dans Highlander. C'est d'autant plus vrai que c'est par ce fandom que j'ai découvert, durant mon adolescence, le phénomène chronophage, mais ouvrant tant de perspectives, des fanfictions. Paradoxalement, j'ai sans doute passé plus de temps à lire ces histoires anglophones qu'à regarder la série en elle-même. Mais la qualité d'écriture de certaines avait cette caractéristique propre à une poigne de séries dans lesquelles certains fans sont capables de dépasser les limites de la fiction d'origine, pour proposer des explorations dans la mythologie globale créée absolument fascinantes. Au-delà des épisodes de Highlander dans lesquels il est apparu, c'est peut-être aussi le personnage de ces fanfictions si réussies que j'ai gardé en mémoire, dont certains auteurs se sont pleinement réappropriés tous les mystères pour construire véritablement cette légende autour de Methos.

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Puis les années 2000 sont arrivées. J'ai grandi devant le petit écran, en confirmant peut-être cet attrait naturel pour des personnages qui n'étaient pas principaux. Etait-ce un moyen inconscient de laisser à cette figure fictive une part de mystère, des non-dits qui laissaient place à la libre imagination du téléphage, à la différence des protagonistes principaux dont la série va s'attacher à nous dresser un portrait plus détaillé, qui versera moins dans le suggestif et pourra donc peut-être plus décevoir les attentes à terme ?

Dans cette optique, il est un personnage qui a fait plus que me fasciner, un incontournable du petit écran : il s'agit d'Omar dans The Wire (Sur Ecoute). Acteur atypique des rues de Baltimore, défiant bien des conventions et à l'indépendance chèrement défendue, il traversera la série en figure solitaire, attaché à son propre code de l'honneur et à ses valeurs. Un outsider, faux héritier de cette tradition des justiciers hors-la-loi du Far West dans ce violent décor citadin, qui gardera jusqu'au bout cette aura atypique et dont la mort, chargée de ce goût amer de l'anecdotique, sera à l'image finalement du parcours du personnage.

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Mais aujourd'hui, mon personnage masculin favori... Celui qui est en mesure de me faire passer par tous les états, du rire aux larmes, du plus léger des passages comiques à l'émotionnel intense d'une scène bouleversante... Cette figure dont la part d'idéalisme profondément humaniste, toujours chevillée au corps, se complexifie et se nuance par son passé et sa nature de Time Lord, c'est bien sûr le Docteur (Doctor Who). Capable de faire preuve d'une compassion et d'une tolérance inaltérables, mais aussi d'être parfois impitoyable, c'est un personnage au potentiel presque sans limite qui s'offre aux scénaristes. Si je ne l'ai rencontré qu'à partir de Nine, ce dernier, puis Ten, et enfin Eleven, ont tous su me conquérir. Chacun incarnant l'esprit de ce Seigneur du Temps tout en introduisant des spécificités personnelles propres à chacun. Et si je "trichais" en choisissant de faire d'eux ce qu'ils sont par la continuité de cette fiction, c'est-à-dire une même figure ? Car c'est, à chaque régénération, une nouvelle facette de ce personnage fascinant, immuable par certains aspects, toujours marqué ses mêmes blessures passées, tout en étant en constante évolution, se construisant et se reconstruisant au fil de ses rencontres, qui nous est proposée. Et si la source de cette fascination venait aussi de là : de ces possibilités infinies ainsi ouvertes, au-delà même de ces lignes temporelles troublées qui l'entourent ? La magie du concept de Doctor Who n'est-elle pas aussi de savoir justement défier le temps ?

Cette scène où Eleven (Matt Smith) clame en quelque sorte son héritage pour s'imposer comme le nouveau Docteur, lors du premier épisode de la saison 5, résume, à mon sens, à merveille toutes ces dimensions qui font de ce personnage mon favori actuel :

Doctor Who, S5 E01, Eleventh Hour
"Is this world protected ?"