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31/10/2010

(UK) Spooks (MI-5) : series 9, episode 6

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Certes, j'avais dit que je ne relèverais, de cette saison 9, que les épisodes marquants dans le bon sens du terme, avant de faire un bilan global à la fin. Le cinquième l'était et avait donc eu droit à une review la semaine dernière. Seulement, face à ce sixième épisode, après avoir, au cours de la semaine écoulée, exprimé et partagé mon opinion sur probablement tous les lieux d'échanges internet relatifs à la série, l'intense frustration née de ce visionnage n'était toujours pas apaisée. Il fallait donc que le billet du jour serve d'exutoire...

Car les scénaristes se sont engagés sur une voie qui semble sans retour pour construire le fil rouge de la saison. Façon maladroite, mais expéditive, de soigner la sortie d'un personnage ? Retournement artificiel reflétant un cruel manque d'inspiration ? Je ne sais pas quel diagnostic faire des problèmes dont souffre cette saison 9, mais les symptômes apparaissent désormais avec évidence. Spooks serait américaine, ne serait-on pas loin de dire qu'elle flirte avec le "jump the shark" ?

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En dépit du twist de l'épisode précédent, où Lucas découvrait l'ampleur de la manipulation entreprise à son égard par cette ancienne connaissance qui fait ressortir tous ses fantômes depuis le début de la saison, l'histoire du jour ne commence pas si mal, traitant cette fois de cyber-espionnage/terrorisme et nous entraînant sur un autre front, moins souvent mis en scène, celui qui se joue par le biais des technologies et de l'informatique. Si les enjeux de mise à jour et de protection des codes demeurent un peu abstrait, la crise au siège du MI-5 sera elle se montrer plus tendue et intéressante pour le téléspectateur. Des hackers se sont en effet introduits dans le système informatique des services de sécurité britanniques. Ils ont ainsi accès à toutes les données et surveillent tous les gestes des agents de la section D. Tarik s'en apercevant rapidement, c'est un jeu de faux-semblant que Harry et ses hommes vont jouer avec leurs assaillants.

Ce renversement narratif de redistribution des cartes, en allant porter le danger jusqu'au QG du MI-5, la série l'a déjà utilisé  à plusieurs reprises, de manière généralement efficace. C'est non seulement un angle d'attaque direct qui remet en cause l'intouchabilité théorique - mais combien de fois violée ? - de ce lieu, mais c'est aussi un rappel désagréable qui légitimise toute la paranoïa ambiante naturelle aux services d'espionnage. Au final, ce cadre de huis clos forcé n'a pas été sans m'évoquer le finale de la saison 4 ("Diana"). Si cela peine un peu à décoller, les efforts pour abuser leurs opposants, puis pour s'échapper, des membres de la section se laissent suivre sans déplaisir. Le point positif que j'y ai personnellement trouvé est de poursuivre, dans la continuité du précédent épisode, l'affirmation du personnage de Dimitri, qui trouve beaucoup plus naturellement ses marques au sein de la section et incarne un héritage Spooks-ien qui sonne bien plus juste que Beth, en dépit des multiples chances que cette dernière s'est vue offrir depuis le début de la saison. Ce ne sont que quelques petites prises d'initiatives, mais dans cette saison qui manque cruellement d'humanité (cette dimension ne tenant que grâce à Harry et Ruth), Dimitri est une bouffée d'air frais. En espérant qu'il survive aux évènements à venir.

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En effet, l'explosion finale se prépare (il ne reste que deux épisodes), et les développements du jour paraissent en poser les derniers jalons, Lucas ayant, cette fois, définitivement franchi le Rubicon, basculant désormais hors de contrôle dans une traîtrise aux motivations floues. De manière hautement symbolique, c'est d'ailleurs seul, séparé du reste de l'équipe, qu'il va vivre l'aventure du jour. Cédant au chantage de cette ancienne connaissance qui le harcèle depuis le début de la saison, pour tenter de sauver les beaux yeux d'une dulcinée qu'il avait perdue de vue il y a tant d'années, dans cette "autre vie", le voilà à la recherche d'un dossier top secret. Devant en même temps assurer sa mission, qui est la protection d'une jeune spécialiste informatique américaine, il tente de concilier les deux, mais finit par donner la priorité à cette nouvelle trahison qu'il s'apprête à commettre. Certes, ce n'est pas lui qui tirera la balle fatale à la jeune femme, mais il a en partie provoqué indirectement cette situation, ne serait-ce qu'en semant de manière abusive son escorte de sécurité et en faisant ce fameux détour pour récupérer le dossier...

Consacrant d'ailleurs sa traîtrise, c'est chez une ancienne figure familière du MI-5 que Lucas doit aller chercher ce document : Malcolm. Un face-à-face trompeur et faussement anodin qui entérine, presque publiquement, la hiérarchie des priorités de l'agent. Le téléspectateur en reste perplexe devant son petit écran. Comment expliquer de manière crédible cette transformation survenue en Lucas depuis le début de la saison ? L'évolution semble renier toute continuité avec les deux saisons précédentes qui avaient entrepris de construire et d'explorer un personnage qui apparaît désormais complètement méconnaissable. Tout sonne faux, artificiel, dans ce fil rouge qui ne prend décidément pas. Certes, j'attends la résolution de l'intrigue et la fameuse explication sur cette "double vie" esquissée pour essayer de comprendre ce que les scénaristes ont eu en tête en se lançant sur cette voie, mais il est à mon avis trop tard pour rattraper et légitimer des errements narratifs trop parachutés pour que le téléspectateur puisse y adhérer.

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Bilan : Si l'intrigue du jour a le mérite de souffler sur les braises de cette ambiance paranoïaque dans laquelle Spooks aime à se complaire et a toujours excellé, l'épisode consacre une évolution du personnage de Lucas bien trop incohérente pour crédibiliser ce fil rouge qui n'a toujours pas décollé alors que s'amorce la dernière ligne droite de la saison. Au vu des ingrédients traditionnels actuellement manquant à Spooks, la série doit faire attention à ne pas, elle-aussi, franchir le Rubicon derrière Lucas.


NOTE : 6/10

30/10/2010

[TV Meme] Day 11. A show that disappointed you.

C'est le jour des regrets du TV Meme. Par leur format même, les séries connaissent des variations qualitatives qui leur sont parfois fatales. Qu'il s'agisse d'un coup de coeur d'une saison qui se révèle incapable de confirmer la suivante, ou bien  le constat d'une prise de distance avec le concept d'origine, pour s'adapter au public, aux exigences de la chaîne de diffusion, voire aux nouvelles lubies du showrunner, on a tous en tête de nombreux exemples de séries abandonnées en cours de route par le téléphage qui n'y trouvait plus ce qu'il avait pu apprécier en elles à l'origine. On pourrait encore y ajouter le cas des fictions qui s'avèrent incapables de proposer une résolution mythologique à la hauteur des attentes, ou bien encore ces séries, usées jusqu'à la moelle, qui ont tout simplement trop vécu et qu'il aurait fallu euthanasier il y a déjà 2 ou 3 saisons.

En ce qui me concerne, c'est ma première réelle déception téléphagique qui me vient à l'esprit dans cette catégorie.

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Earth Final Conflict
(Invasion Planète Terre)
(1997 - 2002)

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Je pense que la déception suscitée par Earth Final Conflict fut à la hauteur de l'émerveillement, probablement quelque peu naïf mais grisé par la nouveauté, qui accompagna sa découverte. Pour la téléphage que j'étais, elle constitua la première rencontre télévisée avec de la pure science-fiction. Je m'en souviens encore comme si c'était hier : nous étions en été, Canal+ diffusait certaines séries de son catalogue en clair, vers midi. Les vacances aidant, j'avais ouvert de grands yeux fascinés la première fois que je suis tombée, par hasard, sur cette série. La musique du générique résonnait comme une invitation à pénétrer dans un autre univers. Car si j'ai toujours aimé la science-fiction, à l'époque, je n'avais jamais eu l'occasion de suivre de tels récits dans mon petit écran - les horaires ou les chaînes de diffusion maintenaient ce genre obstinément hors de ma portée. Ce fut donc un coup de foudre.

Malheureusement, après une première saison où Earth Final Conflict esquissa tant de promesses et construisit un environnement cohérent, une succession de changements d'orientation scénaristique, de bouleversements des enjeux et des personnages, va considérablement brouiller son esprit, pour achever de la dénaturer complètement. Trop rapidement presque méconnaissable, cette façon de souffler le chaud et le froid a laissé graver en moi une profonde nostalgie, idéalisant, sans doute de manière disproportionnée, les débuts de la série. Elle demeure pour moi une référence un peu abstraite (je n'ai jamais revu d'épisodes, ni ne l'ai jamais finie), dont les souvenirs continuent d'exercer une fascination inaltérable.

Finalement, Earth Final Conflict, au-delà d'une occasion gâchée désormais quelque peu oubliée de la mémoire collective de la communauté sériephile, restera probablement surtout pour sa soundtrack, une des plus belles qui ait jamais été composée pour le petit écran.

 

 Le  générique (et son thème) - Saison 1, VO :

28/10/2010

(UK) Whitechapel, series 2 : un polar noir étrangement intemporel

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Ce lundi soir s'achevait, sur ITV1, la saison 2 de Whitechapel. Comme la première saison, un succès public considérable qui fut diffusé durant l'hiver 2009 (je signale au passage qu'un an et demi d'écart entre deux saisons, c'est beaucoup trop long pour ma mémoire), elle fut en tout composée 3 épisodes, formant un seul arc narratif, et ramenant à la vie la légende d'une figure de l'histoire criminelle britannique. A la différence de la première saison, l'audience fut moins au rendez-vous, tout en restant très honorable. La série a cependant été dominée par sa concurrente directe programmée sur BBC1, Spooks (MI-5).

Pour le reste, Whitechapel reprenait les mêmes ingrédients qui avaient fait la spécificité et la réussite (certes, avec ses défauts et maladresses) de son précédent cycle, qui avait été consacré à Jack l'Eventreur (The Ripper). On y retrouve donc tant cette atmosphère assez fascinante, vaguement intemporelle, que la dimension humaine qui en avaient fait le piquant. Ne bénéficiant plus de l'effet de surprise de la première, cette saison 2 s'affranchit sans sourciller de certaines contraintes narratives qui peuvent laisser une impression mitigée. Pourtant, dans l'ensemble, il est difficile de ne pas se laisser happer par ce récit.

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Si la diffusion de la saison 1 remontait à plus d'un an et demi, c'est dans la continuité immédiate de celle-ci que s'ouvre cette seconde saison. Les conséquences et séquelles de l'affaire du copycat de Jack l'Eventreur sont encore visibles et les références à ces évènements parsèment tout l'arc. Cet héritage à assumer explique en partie la difficulté initiale à laquelle sont confrontés les scénaristes : réussir à introduire de façon crédible, et sans paraître sur-exploiter artificiellement le concept de base de Whitechapel, l'idée que, dans ce même quartier, des meurtres semblent, une nouvelle fois, être le fait de personnes se référant à d'anciennes gloires criminelles, et cherchant à se faire un nom. La série n'y parvient que de façon mitigée, s'empressant de repartir sur des bases similaires à l'excès, en faisant intervenir très tôt (peut-être un peu trop tôt) l'historien/documentariste qui les avait secondés dans leur précédente affaire. La légende des jumeaux Kray n'ayant pas forcément aussi bien traversé la Manche que Jack l'Eventreur, l'attrait mythique joue moins et il faut une partie du premier épisode pour véritablement se glisser dans les enjeux de la saison.

Les scénaristes se révèlent cependant plutôt astucieux. En effet, si c'est le cadavre, rejeté par la Tamise, d'un détenu échappé qui met les enquêteurs sur cette première piste qu'ils vont s'entêter à suivre jusqu'au bout, les transformations du paysage criminel londonien et le début d'évènements troublants remontent à plusieurs mois déjà. Et c'est en fait tout un quartier qui paraît vivre dans la peur au quotidien, confronté à une explosion de violences dont l'origine demeure protégée par une prudente loi du silence appliquée consciencieusement. Mais, à mesure que le DI Chandler et le DCI Miles, duo désormais parfaitement complémentaire, progressent dans leur investigations, ce sont des ramifications sans précédent, allant au-delà de  la rue et des gangs, qui se dévoilent peu à peu. Ils vont soudain se sentir bien seuls dans cette guerre qu'ils initient contre un véritable système de compromission criminelle qui s'est mis en place. Peuvent-ils vraiment lutter contre ces fantômes des "jumeaux Kray" ? Le prix à payer ne sera-t-il pas trop élevé ?

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Si cette saison 2 de Whitechapel laisse une impression ambivalente au téléspectateur, elle le doit au relatif manque de crédibilité de l'histoire mise en scène. Car il y a quand même une différence majeure dans la structure narrative par rapport à la saison 1. En effet, transposer l'oeuvre d'un serial killer d'un siècle à l'autre, hormis la prise en compte des progrès de la police scientifique, cela ne pose pas a priori de problème d'adaptation insurmontable. En revanche, tenter de faire revivre, en ce début de XXIe siècle, l'ambiance de la rue et du crime organisé des années 50 afin de consacrer des chefs de gangs d'un autre temps, c'est plus problématique. En un demi-siècle, c'est toute le réalité criminelle qui s'est profondément transformée. Pourtant, la série ne va pas hésiter à dépeindre un Londres de l'ombre quasi unifié sous la férule des Kray... Au-delà de cette homogénéité criminelle, le portrait de la police qui est dressé, aussi peu flatteur qu'il soit, renvoie également à des moeurs de compromission et de corruption dont les dynamiques émanent clairement d'une autre époque. Certaines scènes n'auraient ainsi pas dépareillé dans un épisode de Life on Mars.

Cependant, presque paradoxalement, si on peut lui reprocher ce côté irréel, vaguement déconnecté, c'est aussi cela qui fait de cette série une fiction policière à part. Car Whitechapel reste avant tout, plus que jamais dans cette seconde saison, un polar noir classieux, où règne une étrange intemporalité. Il y a comme un parfum diffus d'anachronisme latent, probablement recherché, qui exerce une véritable fascination. Peu importe finalement le manque de crédibilité de l'histoire. Les scénaristes ne demandent pas au téléspectateur de croire en la réalité de ce récit, mais simplement de se laisser happer par cette indéfinissable atmosphère décalée et en dehors du temps. En somme, par ses thématiques et sa narration, Whitechapel s'impose en prudente héritière des polars noirs se déroulant dans les troubles du milieu du XXe siècle. Le cadre est certes transposé de manière anachronique, mais l'attractivité du sujet demeure intacte. 

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Au-delà de cette question majeure relative à l'ambiance, l'autre réel point fort de Whitechapel, peut-être le plus solide, réside incontestablement dans ses personnages, ou plutôt dans la dynamique de son duo principal d'enquêteurs. Passés la rencontre et les ajustements des débuts, les voilà toujours aussi antinomiques, mais désormais beaucoup plus proches, recherchant tant bien que mal un équilibre précaire dans leur relation de travail. Ce qui a changé par rapport à la défiance de la saison 1, c'est qu'ils partagent à présent une certaine compréhension réciproque, des forces comme des faiblesses de l'autre. Si leurs clashs sont inévitables, leurs rapports n'en sont pas moins basés sur une confiance inébranlable.

Ce respect, plus ou moins perceptible suivant leurs échanges, les autorise à plus se dévoiler, conférant à leurs personnages une dimension humaine supplémentaire, plus touchante et personnelle, aux yeux du téléspectateur. Cet aspect est d'autant plus intéressant à explorer que l'affaire va les pousser dans leurs derniers retranchements, voire même au-delà. Les jumeaux Kray appartiennent à l'histoire encore récente de la ville ; et c'est à des blessures personnelles du passé que Miles va être confronté. Tandis que le DI Chandler voit son enquête peu à peu lui échapper. Ses insécurités ressortent, accompagnées des rituels qui tentent maladroitement de les contenir pour ramener une vaine illusion de contrôle. Voir ces personnages à ce point secoués et remis en cause permet de jouer efficacement sur l'empathie du téléspectateur.

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Sur la forme, cette saison 2 de Whitechapel s'avère toujours aussi appliquée, consciencieusement investie dans une recherche d'esthétique propre. Si, encore une fois, on reste parfois dans le domaine de l'expérimental plus ou moins réussie, dans l'ensemble, c'est un travail de bonne facture qui est proposé. Capitalisant beaucoup sur l'atmosphère que les images peuvent générer, la série soigne sa réalisation et n'hésite pas à jouer avec les teintes de la photographie. Le rendu visuel est ainsi très agréable à l'oeil et donne une réelle classe à la série.

Enfin, le très solide casting permet de conférer une légitimité supplémentaire à Whitechapel. Rupert Penry-Jones (Cambridge Spies, Spooks) est parfait pour retranscrire toute la complexité de son personnage, entre force et faiblesse, doté une volonté de fer vaguement idéaliste emprisonnée dans des compulsions échappant à son contrôle. A ses côtés, Philip Davis (Bleak House, Collision) propose l'abrasivité adéquate pour incarner le pendant complémentaire afin d'équilibrer le duo. On retrouver également à l'affiche des valeurs sûres comme Steve Pemberton (The League of Gentlemen, Blackpool), Alex Jennings (The State Within, Cranford), ou encore Sam Stockman, George Rossi, Ben Bishop, Christopher Fulford et Peter Serafinowicz.

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Bilan : A défaut de crédibilité du scénario mis en scène, cette saison 2 de Whitechapel offre une ambiance assez fascinante, quelque peu irréelle et intemporelle, qui capte le téléspectateur peut-être presque aussi efficacement qu'une histoire qui aurait été vraisemblable. La série investit avec une certaine jubilation tous les codes du polar noir, adoptant des ressorts narratifs issus d'un autre âge. Cela lui donne une étrange ambivalence, quelque peu anachronique, mais elle va assumer finalement jusqu'au bout cette spécificité tranchant avec toutes les autres fictions policières du moment. Certes on pourra aussi regretter que la série ait sans doute trop souvent tendance à céder à une relative facilité, dans ses rebondissements comme dans l'avancée de l'enquête. Pourtant, au-delà de ces maladresses ou faiblesses dont le téléspectateur est parfaitement conscient, il est difficile de ne pas être happé par Whitechapel.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la saison :

27/10/2010

(Blog) My Tele is Rich! souffle sa première bougie !

Oyez, oyez chers lecteurs !
Aujourd'hui est un jour spécial sur ce blog...


En ce 27 octobre 2010, My Télé is Rich! fête son premier anniversaire. Pour l'occasion, exceptionnellement, pas de mercredi asiatique, mais une célébration (tout le monde est invité, téléphages de tous horizons) accompagnée d'un bilan de cette première année d'existence et de pistes pour le futur.

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"A party ? Did I hear party ?
"


Bilan de l'année écoulée :

Au cours des 12 derniers mois, ce sont 230 notes qui ont été publiées. Le rythme d'un billet par jour n'était pas tenable, mais j'ai réussi à respecter mon objectif de 3 à 4 articles par semaine. Plus précisément, c'est un total de 141 séries, de 9 nationalités différentes, qui ont été traitées. Ont été ainsi abordées, par ordre décroissant : 56 séries anglaises, 37 séries sud-coréennes,
31 séries américaines, 10 séries japonaises, 2 séries canadiennes, 2 séries françaises, 1 série chinoise, 1 série néo-zélandaise et 1 série italienne. Certes on est encore loin d'une "sériephilie sans frontières" idéale, mais il y a quand même eu des efforts d'ouverture. A l'origine conçu pour être centré sur la télévision britannique, le blog aura, tout en respectant ce cahier des charges initial, largement dépassé ce seul cadre.

En ouvrant My Télé is Rich!, si c'était un espace de téléphage que j'envisageais, j'avais un peu en tête d'essayer de mettre l'accent sur des productions un brin moins à l'honneur dans la blogosphère sériephile. Mon anglophilie m'appelait sur la voie d'un prosélytisme british. Mais finalement, c'est paradoxalement le fait même de tenir ce blog qui m'a conduite sur des sentiers téléphagiques que je n'avais pas anticipés. Le désir de partage de découvertes appelant toujours plus la curiosité, l'année s'est construite grâce à des rencontres enrichissantes par le biais de blogs (dont vous avez un aperçu dans la colonne de gauche), à des échanges sur twitter (qui s'est révélé un outil très utile à plus d'un titre), mais aussi sur un forum (Inn of Lambton - où il s'avère que j'y ai sans doute plus parler d'Asie que d'Angleterre). Avec de nouveaux horizons à explorer, la ligne éditoriale du blog s'est considérablement élargie. Si le temps me manque pour mener à bien tous les projets dont je rêverais, celui qui m'a tenu très à coeur depuis l'hiver dernier et que je n'aurais jamais envisagé a priori, c'est cette journée hebdomadaire consacrée à l'Asie. Un continent que je ne pensais pas pouvoir redécouvrir avec une passion renouvelée, après une année 2009 où j'avais délaissé ces fictions.

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Sortez le champomy...


L'état des fronts téléphagiques (ou "ligne éditoriale") :

Vive l'Angleterre : Quand on vous propose dans l'année des nouveautés du calibre de Sherlock et Downton Abbey, c'est quand même une belle récompense pour qui aime la télévision anglaise et le dit "haut et fort". Et le superbe automne télévisuel que l'on est en train d'y vivre ne fait que confirmer tout le bien que je peux en penser. J'ai aussi toute une pile de DVD de séries anglaises plus ou moins récentes, plus ou moins cultes, qui m'attendent. J'espère avoir l'occasion de poursuivre les explorations des années 90, 80 et même 70, comme ce fut le cas cette année de House of Cards à Yes Minister, en passant par Tinker, Tailor, Soldier, Spy.

Hallyu & Asian culture : C'est probablement la thématique que je maîtrisais - et que je maîtrise toujours - le moins, même si je pense m'être améliorée au fil des mois. Mais c'est aussi paradoxalement la catégorie dont je suis la plus satisfaite. Initialement, un rendez-vous hebdomadaire pour vous parler séries asiatiques, cela m'avait semblé franchement utopique à tenir sur le long terme... Une folie passagère qui s'expliquait par mes quelques coups de foudre téléphagiques de fin 2009 (The Legend, Story of a man). Et bien, depuis décembre dernier, seule la dernière semaine de juin -pour des raisons particulières- (et aujourd'hui) aura fait défaut. Au début programmé le dimanche, le billet aura déménagé au mercredi au cours du printemps, pour cause de coexistence Whonesque. Mais au final, sans discontinuité, ce sont 48 séries différentes qui auront été abordées... Ce que j'ai envie de vous proposer, c'est donc d'essayer de poursuivre sur cette voie. Encore un ou deux ans, et je serais au point !

L'Amérique : Qui aime bien, châtie bien, dit la sagesse populaire... Je râle souvent, mais ça ne m'a pas empêché de vous parler de plus de 30 séries en provenance des Etats-Unis et de partager mon enthousiasme plus d'une fois (de Justified à Treme, de Rubicon  à Boardwalk Empire). Un jour, les grands networks retrouveront une inspiration. En attendant, le câble est là... Et The Walking Dead arrive !

L'Europe continentale : Bizarrement, dernièrement, je rêve de pays nordiques. Mais si un jour, il est fort probable de croiser par ici une review de Wallander (version suédoise), je crois bien qu'il va falloir allumer un cierge dans l'espoir d'une meilleure diffusion de ces productions. En attendant, plus près de chez nous, la saison 2 de Romanzo Criminale commence en novembre en Italie. Pour le reste, j'avoue mon ignorance en terme de productions télévisuelles... D'autant qu'en dehors de l'Italie, je n'ai jamais été trop intéressée culturellement par les autres pays d'Europe occidentale, ce qui fait qu'en plus de la barrière linguistique, j'ai peur d'avoir du mal à trouver la motivation d'explorer ces contrées pourtant pas si éloignées.

L'Océanie : L'Australie, la Nouvelle-Zélande... tant de terres inexplorées ! L'expérience positive de This is not my life devrait faire des émules, il faut juste trouver du temps, un synopsis qui donne envie, un écho d'un téléphage attentionné parce que je ne sais trop où chercher des informations. Mais l'intérêt est là.

Et le reste du monde ? On va quand même essayer d'être raisonnable. Les journées ne font que 24h. Je suis ouverte à toute suggestion, mais pour couvrir plus avant le globe, je m'en remets à vous.

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...et les confettis !


Les perspectives futures :

Toujours moins de temps libre, toujours plus de séries à voir... voici de quoi seront faits les prochains mois. Le rythme étant plus ou moins rodé désormais, je pense poursuivre sans transformation pour le quotidien du blog : le mercredi reste asiatique, le samedi appartient au TV Meme, le reste de la semaine suit l'actualité des diffusions et de mes éventuelles découvertes DVD. Et l'Angleterre garde la main. En somme, tâchons de poursuivre sur la voie tracée au cours de cette première année.

Certes, la bannière et ce fier Union Jack en fond apparaissent peut-être ne plus refléter le contenu précis du blog. Mais après quelques hésitations, j'ai décidé de la conserver. Tout d'abord parce que la thématique anglaise reste la plus importante, ensuite parce que mes talents photoshopesques se rapprochent dangereusement du néant et que cette bannière constitue une forme de parachèvement de mes compétences en la matière, enfin, parce que je suis amoureuse de ce fanart auquel je tiens tout particulièrement. Quant aux nouveaux lecteurs, il n'est pas très difficile de se rendre compte que le blog s'étend au-delà des îles britanniques.


Enfin, les remerciements indispensables :

Parce que sans vous ce blog ne serait qu'un vain monologue, merci à tous, lecteurs occasionnels ou réguliers, anonymes ou non, pour vos visites et vos lectures de ces billets d'horizons si diversifiés mais qu'un lien unit : la téléphagie. Avec une pensée toute particulière pour tous ceux qui ont laissé et/ou laissent toujours une trace de leur passage, de temps à autre, dans les commentaires, ainsi qu'à ceux qui ont mis un lien vers ce petit espace téléphagique dans leur blogroll ou re-tweet certaines critiques.


Le discours étant terminé...

 

So let's party, folks !

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(Kang Ji Hwan - Cafe in)

 

Happy Blog Anniversary !

25/10/2010

(Pilote / Mini-série UK) Single Father : veuf et père de famille... mais ensuite ?


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J'ai finalement trouvé le courage durant le week-end de regarder le premier épisode de la mini-série dominicale diffusée sur BBC1 depuis 15 jours : Single Father. Le "courage", voilà bien l'expression adéquate. Non, ce n'est pas mon goût prononcé pour le théâtralisme qui s'exprime. Car si la présence de David Tennant dans le rôle principal n'est pas étrangère au buzz qui l'a accompagnée, son sujet, particulièrement difficile, retenait également l'attention. Et si le visionnage de Single Father fut si difficile, cela n'a rien à voir avec sa qualité indéniable, loin de là. C'est plutôt la conséquence directe d'un thème très éprouvant qui ne peut laisser le téléspectateur insensible devant son petit écran.

Par ricochet, c'est également la rédaction même d'une review qui s'avère compliquée. Submerger par cette dimension émotionnelle, il est difficile de prendre du recul par rapport à ce premier épisode, sur les quatre que va compter la mini-série. Je ne vous cache pas avoir, au cours de ce pilote, construit méticuleusement une pyramide de mouchoirs qui, au bout d'une heure, n'était plus si loin de faire concurrence, en hauteur, à sa consoeur de Giseh. Comment reviewer une fiction où le ressenti est si fort qu'il écarte toute possibilité de raisonnement rationnel ? C'est ce que j'ai tenté de faire dans cette critique.

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Dès les premières minutes, il apparaît évident que Single Father est un drame humain qui sera placé sous le signe de l'authenticité. L'épisode nous plonge immédiatement dans le quotidien animé d'une famille de la classe moyenne britannique. Avec ses cris, ses disputes et ses réconciliations, rien de plus banal finalement que les situations portées à l'écran. Rien de plus reconnaissable pour tout un chacun aussi, que les frustrations et les apaisements ainsi dépeints. C'est donc en premier lieu par cette simplicité presque désarmante que Single Father pose les bases de la tragédie qui va suivre. Car l'enjeu est bien là : la perte de ce cocon confortable, de cette normalité presque stéréotypée, lorsque va se produire un drame qui vient tout bouleverser. Il aura suffi d'une voiture de police, girophare allumé mais sans sirène, grillant un feu rouge à un carrefour pour briser net ce fragile bonheur dont on ne prend généralement pleinement conscience, qu'une fois qu'il s'est enfui.

Rita, mère et épouse, est tuée sur le coup suite à cet accident, laissant derrière elle, épleurés, un mari et quatre enfants, dont l'aînée a 15 ans. C'est désormais sur les épaules de Dave que repose la responsabilité de toute cette petite tribu. Comment continuer à vivre, faire face à son veuvage et à sa propre solitude, tout en étant capable de s'occuper et d'être là pour des enfants ayant perdu leurs repères. Car si les plus jeunes s'échappent de leurs pensées sombres en ayant encore cette capacité d'évasion qui leur est propre, pour s'émerveiller et rester dans leur monde, comment peut réagir une adolescente qui n'est pas la fille biologique de Dave, mais le fruit d'une liaison antérieure de Rita ? Si les amis, la famille, sont là pour aider, est-il seulement possible, dans de telles circonstances, de se reconstruire et de repartir vers l'avant ? Et si oui, de quelle manière cela peut-il se réaliser ?

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Ce qui frappe tout d'abord devant cet épisode, c'est qu'au-delà du tourbillon émotionnel qu'il soulève, il est d'une sobriété rigoureuse et appliquée qui lui apporte une réelle sincérité. Tout au plus Single Father semble-t-il céder une seule fois aux sirènes du lacrymal, par sa gestion temporelle de l'introduction qui amène à une répétition de l'accident fatal, nous faisant vivre deux fois ce fameux moment. Mais dans l'ensemble, c'est avec une retenue presque pudique que l'histoire est mise en scène. Il y a quelque chose de profondément intimiste et de très personnel dans la manière dont les caméras accompagnent ce deuil éprouvant. Des attitudes jusqu'aux dialogues, en passant par les silences et les non-dits, Single Father réussit à raconter avec beaucoup d'authenticité une histoire tellement sensible et difficile à retranscrire.

Pour autant, aucun doute là-dessus : l'épisode est excessivement éprouvant pour le téléspectateur. Mais, si les nerfs des personnages lâchent sporadiquement et légitimement, jamais la mini-série ne verse dans un pathos théâtral qui était l'obstacle le plus difficile à éviter. Pas de capitalisation sur l'empathie et les larmes du téléspectateur, c'est simplement une histoire, tragique certes, mais aussi atrocement simple. Et c'est justement cette proximité que l'on ressent avec les personnages qui accentue la force de Single Father. Les scénaristes ont trouvé le juste équilibre dans ce mélange paradoxal, porté à l'écran, d'exceptionnel et de banalité. De cette impressionnante maîtrise dramatique, on retient une matûrité d'écriture incontestable dont beaucoup de fictions gagneraient à s'inspirer.  

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Si Single Father négocie avec tact le tournant du décès de Rita, l'enjeu va ensuite être de réussir à raconter le deuil de chacun et finalement comment la vie peut continuer après une telle tragédie. Comme le titre l'indique, c'est à travers Dave que va nous être narrée cette reconstruction vers l'avenir. Comment continuer à vivre  en dépit de la douleur menaçant à tout instant de submerger ? C'est une question sous-jacente qui reste informulée, en arrière-plan, et sur laquelle il n'a pas le loisir de réfléchir. Il réagit, recadre, se laisse porter par le quotidien animé que proposent toujours ses enfants. Des plus jeunes n'ayant pas forcément conscience de tout ce qui se passe à l'adolescente ébranlée qui doit désormais en plus faire face à cette crise identitaire qui achève ses dernières certitudes, chacun réagit à sa manière. Une des forces de cette mini-série est de prendre le temps de les individualiser, leur conférant ainsi également une vraie légitimité dramatique.

En effet, toutes les réactions, tous ces échanges, ont une constante : cette impression de sincérité, presque désarmante, mais aussi très poignante, qui émane de chaque scène. La dimension humaine de Single Father doit  beaucoup à la manière dont elle réussit à décrire la dynamique existant au sein de cette petite famille. Le soutien de l'entourage, avec la présence des amis, bénéficie du même traitement narratif. C'est d'ailleurs parmi eux que se trouve peut-être le salut de Dave, alors qu'il se rapproche peu à peu de celle qui partage une douleur aussi profonde que lui, l'ancienne meilleure amie de sa femme... La reconstruction d'une vie a un prix, mais ne sera-t-il pas trop élevé ?

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Bénéficiant d'une réalisation à la sobriété toute aussi maîtrisée, Single Father peut en plus s'appuyer sur un solide casting qui a les épaules pour porter un tel drame émotionnel à l'écran et qui est emmené par un David Tennant (Doctor Who, Blackpool) impeccable : il parvient à jouer dans un registre très émotionnel, avec beaucoup d'empathie, mais sans jamais trop en faire. A ses côtés, on retrouve des valeurs sûres du petit écran britannique : Suranne Jones (Five Days, Harley Street, Coronation Street), Warren Brown (Dead Set, Luther), Isla Blair (House of Cards : The Final Cut), Rupert Graves (Sherlock, Midnight Man, Charles II : The Power & The Passion), Mark Heap (Green Wing, Desperate Romantics, Lark Rise to Candleford) ou encore Neve McIntosh (Bodies). A noter également que Rita, énergique et rafraîchissante, était interprétée par Laura Fraser (Lip Service).

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Bilan : Ce premier épisode de Single Father se révèle impeccable à plus d'un titre dans la manière dont il construit sa narration, presque fascinant dans sa maîtrise. Ne cédant pas à la tentation d'en faire trop dans un pathos qui s'impose de lui-même, il se dégage au contraire beaucoup de justesse et d'authenticité des situations et des échanges mis en scène. Adoptant une tonalité intimiste qui colle parfaitement au drame, Single Father reste d'une sobriété louable qu'il faut souligner. Certes, le visionnage est éprouvant. Je pense que cette mini-série s'adresse à un public averti. Je sais que je suis une téléspectatrice naturellement émotionnelle, mais j'ai trouvé certains passages vraiment difficiles à regarder. En résumé, Single Father est intéressante, elle est d'une intensité troublante et mérite d'être vue, mais pas dans n'importe quelles circonstances et conditions.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la mini-série :


Une scène extraite du premier épisode :