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27/01/2013

(UK) The Thick of it, saison 4 : la coalition et l'opposition

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Le 15 janvier 2013 a débuté sur la chaîne Gold une nouvelle version d'une des plus brillantes comédies qu'est produit le petit écran britannique, Yes Minister / Yes Prime Minister. Cette dernière constitue un incontournable, un petit bijou d'humour aux dialogues géniaux, qui démontre combien les Anglais n'ont décidément pas leur pareil pour croquer les dessous de leur vie politique. Si la série d'origine occupe une place de choix dans mon panthéon des séries humoristiques, n'y allons pas par quatre chemins : je vais tâcher d'oublier que cette version de 2013 existe. Le pilote laisse en effet un goût amer, à commencer par un casting raté qui ne fait que rappeler au téléspectateur combien le trio d'origine excellait. 

Et puis il y a des codes formels qui pouvaient être légitimes en 1980, mais que l'on comprend moins dans une oeuvre de 2013. Le genre a en effet été renouvelé depuis. Plus important encore, l'Angleterre a déjà trouvé son Yes Minister de ce début de XXIe siècle : il s'appelle The Thick of It. La dernière fois que j'ai consacré un billet à cette série, créée par Armando Iannucci, c'était il y a plus de trois (!) ans, après la diffusion de la troisième saison à l'automne 2009. Elle nous est finalement revenue après cette longue absence pour une dernière saison proposée par la BBC durant l'automne 2012 (elle s'est achevée le 27 octobre). Cette quatrième saison a encore offert de sacrés moments de télévision et est venue superbement conclure une des meilleures et des plus jubilatoires comédies - toutes nationalités confondues - de ces dernières années. Il était grand temps de lui rendre un ultime hommage.

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Reflétant les aléas de la vie politique anglaise, la saison 4 de The Thick Of It met en scène, après des élections, un gouvernement issu de la formation d'une coalition entre deux partis, une nécessité pour avoir la majorité nécessaire pour gouverner le pays. Une redistribution des responsabilités a donc eu lieu. Peter Mannion dirige désormais le DoSAC, le ministère des Affaires sociales et de la Citoyenneté. Il doit cependant composer avec Fergus Williams, son adjoint du fait de la coalition, avec lequel les relations sont pour le moins tendues. Parallèlement, dans l'opposition, Nicola Murray a été élue leader, essayant tant bien que mal d'apporter une opposition crédible, mais exaspérant au plus haut point Malcolm Tucker.

La construction de la saison 4 permet de suivre en parallèle les deux camps, le gouvernement et l'opposition. A un épisode consacré aux coulisses du ministère, succède le suivant qui nous entraîne dans celles de l'opposition. Cette alternance se poursuit jusqu'à ce qu'une affaire ne ramène des pratiques communes à toute la classe politique - l'orchestration et l'instrumentalisation de fuites dans les médias - sur le devant de la scène, aboutissant à des auditions devant une commission d'enquête à laquelle devront répondre tous les protagonistes.

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Relatant des tranches de vie du quotidien du personnel gouvernant ou d'opposition, The Thick of it est une comédie satirique, au verbe violent, excessif, où se succèdent des répliques et des chutes souvent jubilatoires. Faisant écho ou même anticipant parfois des développements bien réels de la vie politique Anglaise, elle nous plonge sans complaisance dans le vase-clos de ce milieu où s'exercent théoriquement d'importantes responsabilités, en y dressant une suite de portraits au vitriol. Dans son récit des rapports qu'entretiennent les différents protagonistes, elle n'a pas son pareil pour éclairer le règne du cynisme et d'une hypocrise assumés, et pour souligner la manière dont les ambitions personnelles dévorent toutes velléités de projet ou de vision politique. Dressant un tableau résolument sombre des dynamiques du pouvoir, la série semble faire sien le scénario du pire (et nous laisse avec l'impression de le voir trop souvent corroborer par la réalité).

Doté d'un ton mordant et abrasif à souhait, The Thick ot it cultive dans sa mise en scène une spontanéité qui, conjuguée à un effort minimaliste d'exposition des intrigues ou des enjeux, renforce ce ressenti de prise immédiate avec le réel qu'elle renvoie. Cette saison 4 permet d'y retrouver tous ces atouts qui ont fait la réputation de la série. Sa construction en alternance, entre gouvernement et opposition, aurait pu faire craindre un certain déséquilibre, les épisodes où Malcolm fait son show demeurant les grands incontournables. Cependant, la série retrouve vite sa dynamique caractéristique, y compris au sein du DoSAC. L'impossible relation de travail entre Mannion et Williams constitue une source continuelle de micro-crises au sein du ministère ; et la présence de Teri et de Glenn, ce dernier s'offrant même le luxe d'un jubilatoire discours vérité en guise de fin, parachève parfaitement le tableau. Qu'il s'agisse donc des déchirements dans les coulisses de la coalition, ou des restructions internes à une opposition qui peine à se mettre en ordre de bataille, la saison fournit son lot d'échanges jubilatoires.

Par ailleurs, les scénaristes ont aussi pris en compte le fait qu'il s'agissait de proposer une conclusion. Après une première partie où The Thick of it poursuit une approche classique du quotidien politique, les derniers épisodes la voit cette fois se tourner vers le passé, pour revenir sur ces pratiques qu'elle s'est contentée jusqu'alors de mettre en scène. Elle se transforme en tribune : la commission d'enquête, par ses auditions, est l'occasion de pointer et de dénoncer les travers existant dans le fonctionnement de la démocratie, et plus précisément l'art de la communication, avec cette exploitation/instrumentalisation réciproque des politiciens et des journalistes. Cela va être conduire Malcolm à devoir tirer sa révérence, lui permettant d'asséner avec le cynisme qu'on lui connaît quelques vérités qui trouvent ici une résonnance particulière. Au-delà de ses propos tenus devant la commission, la série nous offre surtout une dernière confrontation avec Ollie, ersatz sans envergue du spin doctor, dans laquelle Malcolm se dévoile un peu, créature plus que créateur de ce système qui, de toute façon, perdurera sans lui. La sortie de Malcolm est parfaitement gérée : des acteurs importants du système disparaissent, mais le système lui-même se perpétue avec les successeurs qui se sont construits et ont été façonnés par ces règles.

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Sur la forme, The Thick of It conserve son approche "quasi-documentaire", tournée caméra à l'épaule avec une caméra nerveuse qui tente de suivre les éclats et les gesticulations de chacun des protagonistes. Cela confère à l'ensemble ce parfum d'authenticité caractéristique, renforcé par les ponts avec la réalité qui sont opérés. La série capture ainsi des suites d'instantanés avec un montage minimaliste : cette mise en scène reste parfaite, en totale adéquation avec les ambitions du récit, mais aussi avec sa tonalité.

Quant au casting, il est également au diapason. Tout a déjà été écrit pour saluer la prestation de Peter Capaldi, qui excelle dans son interprétation de Malcolm, avec ses excès de langage, cette présence intimidant et cette vision du milieu politique où il apparaît comme un véritable stratège de guerre. S'il tend à éclipser quelque peu ses vis-à-vis dans les scènes où son personnage intervient, ce qui est naturel, il n'en faut pas moins reconnaître l'homogénité et la solidité du reste du casting qui est également très convaincant. D'ailleurs le fait que le ministère parvienne à conserver une dynamique intéressante loin de Malcolm en est bien le révélateur. Parmi les acteurs principaux de cette saison, on retrouve Chris Addison, Joanna Scanlan, James Smith, Polly Kemp, Rebecca Front, Roger Allam, Will Smith, Olivia Poulet, Vincent Franklin, Geoffrey Streatfeild, Ben Willbond et Rebecca Gethings.

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Bilan : Après trois ans d'absence, The Thick of it n'a rien perdu ni de son cynisme, ni de son mordant légendaire, nous proposant une savoureuse ultime saison de celle qui restera comme une grande comédie politique satirique. Portrait désillusionné de la classe dirigeante du pays, sa mise en scène et ses répliques font d'elle une fiction, teintée d'humour noir, particulièrement jubilatoire. Si elle a parfaitement réussi sa sortie, s'adaptant au nouveau paysage politique Anglais, tout en soignant l'évolution de Malcolm, elle laisse le téléspectateur chérir un secret espoir : celui de retrouver un jour cet univers à l'occasion d'un bref special pour continuer de suivre les changements du pays (ou rêvons même d'une saison)... Cette saison 4 aura en tout cas rappelé pourquoi The Thick of it est bel et bien une série incontournable du petit écran anglais. Si elle ne conviendra pas à tous les publics, elle mérite certainement la curiosité de tout sériephile.


NOTE : 8,75/10


Une bande-annonce de la saison :

Un extrait marquant - Malcolm devant la commission d'enquête :

19/04/2012

(Dossier) Les séries & la politique : Part. 1, Actualités et références passées de la série politique

Avec un dimanche à venir placé sous le signe de la politique (premier tour de l'élection présidentielle française, lancement de Veep sur HBO), c'est l'occasion ou jamais d'évoquer ce sujet qui m'est cher : les séries politiques.

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Cela fait six ans que The West Wing s'est conclue. Une éternité. La source politique ne s'est pas tarie avec celle qui représente l'apogée de ce genre. En effet, depuis, de nombreuses séries ont vu le jour sur le sujet. Dans le versant dramatique, on pense notamment à Borgen (Danemark, 2010-..), President (Corée du Sud, 2010-2011), Daemul (Corée du Sud, 2010), Les Hommes de l'Ombre (France, 2012), Korean Peninsula (Corée du Sud, 2012), Boss (Etats-Unis, 2011-..), Yaldey Rosh Ha-Memshala (Israël, 2011-..), Ekipa (Pologne, 2007), Party Animals (Angleterre, 2007)... De plus, les comédies ne sont pas en reste avec des séries comme At Home with Julia (Australie, 2011), Polishok (Israël, 2009), The Hollowmen (Australie, 2008-..), Change (Japon, 2008), City Hall (Corée du Sud, 2009), The Thick of it (Angleterre, 2005-..), Parks & Recreation (Etats-Unis, 2009-..), Battleground (Etats-Unis, 2012), Veep (Etats-Unis, 2012), L'Etat de Grâce (France, 2007)... A l'exception d'At Home with Julia, qui fictionnalise la vie de la première Ministre d'Australie, et à un degré moindre et indirect de Yaldey Rosh Ha-Memshala dont la particularité est d'avoir pour scénariste la petite-fille de Yitzhak Rabin, nous sommes face à des fictions (non directement inspirées de faits réels).

Cette liste peut sembler longue. Elle n'a pourtant rien d'exhaustif. On pourrait encore y inclure Forbrydelsen (Danemark, 2007-..) ou The Wire (les dernières saisons) (Etats-Unis, 2002-2008) qui, à la jonction de différents genres, y auraient légitimement leur place. Ce bref exposé montre une chose : l'intérêt du petit écran pour la chose publique n'est pas un phénomène localisé (si j'avais pris le temps de faire des recherches, je suis persuadée que l'on aurait pu trouver des exemples sud-américains, voire africains). Cela semble correspondre à une réelle demande du public, peut-être tout simplement inhérente à la dynamique démocratique de nos sociétés (car si parler politique n'est pas garantie de succès, Borgen, Daemul ou encore Les Hommes de l'Ombre ont chacune rencontré leur public dans leur pays respectif). Certaines de ces fictions sont réussies, d'autres non ; elles ont toutes des partis pris narratifs différents, mais elles conservent pour point commun leur sujet de départ. Dans la catégorie "séries politiques", on retrouvera ainsi mêlées celles qui nous immergent dans le milieu politique, celles qui mettent en scène des thématiques politiciennes, ou même celles qui s'engagent, fictions citoyennes ou critiques.

J'ai toujours été profondément fascinée par le thème de la politique ; le rôle déterminant qu'a joué The West Wing dans la construction de ma passion pour les séries n'est pas un hasard. Dans ce dossier - en deux parties au vu de sa longueur -, j'aimerais essayer de vous expliquer à quoi correspond pour moi la série politique et les raisons pour lesquelles elle éveille mon intérêt. Pour commencer, il me semble nécessaire de rappeler que les premières grandes lettres de noblesse sériephiles de ce genre ne datent pas du XXIe siècle (I). Puis, dans une deuxième partie à venir, j'évoquerai les grandes thématiques explorées par quelques-unes de ces séries représentatives du genre (II).

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I. L'Angleterre, terre de fictions politiques : la décennie fondamentale des années 80

The West Wing s'est réapproprié le genre politique, elle ne l'a pas inventé. Le pays où la tradition de la série politique me semble la plus implantée est l'Angleterre. En terme de liberté de ton, d'acuité dans l'approche de ce milieu particulier et de traitement des thèmes qui transcendent le genre, mais aussi sur le plan de la réactivité par rapport aux évènements réels (le récent téléfilm On Expenses l'a encore une fois rappelé, relatif au scandale des notes de frais), la télévision anglaise n'a jamais hésité à aborder la question politique frontalement, sous toutes ses facettes et en empruntant toutes les tonalités. Et ce très tôt, sans doute parce que le genre s'est développé en s'inscrivant dans la lignée d'autres traditions narratives bien implantées.

Pour évoquer ces pionnières politiques du petit écran qui ont joué un rôle déterminant, la décennie marquante à retenir est celle des années 80-début 90, soit la décennie du gouvernement de Margaret Thatcher en Angleterre. On y croise quelques-unes des comédies politiques les plus réussies ayant durablement marqué les esprits, parmi lesquelles je retiendrais deux séries cardinales : Yes Minister (1980-84) / Yes Prime Minister (1986-88), et The New Statesman (1987-92). Précisons qu'elles ne sont pas les seules à l'époque - mais d'autres sont plus anecdotiques comme, par exemple, sur ITV, No job for a lady (1990-92). Par ailleurs, dans un registre très différent, les mini-séries politiques dramatiques ont également su se faire une place et s'essayer à l'exercice de la politique-fiction : A very British coup (1988) ou encore GBH (1991), voire même Edge of Darkness (1986), n'ont pas laissé indifférent, sachant que la grandiose House of Cards (1990-95) est, elle, venue refermer magistralement l'ère Thatchérienne.

L'attrait du petit écran pour la politique, tout comme la pertinence et la qualité pour l'évoquer, ne sont donc pas nés avec les années 2000.

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La série qui représente à mes yeux la quintescence de la fiction politique, ayant durablement imprégné les esprits, mais aussi la manière de concevoir la politique et ses ressorts (bien au-delà du seul petit écran anglais), reste Yes Minister / Yes Prime Minister. Rythmée par des dialogues délicieusement ciselés, maniant un humour froid souvent très drôle, cette série nous décrit les coulisses d'un cabinet ministériel (et puis, promotion oblige, du 10 Downing Street), en s'intéressant plus particulièrement aux relations entre les fonctionnaires en place au sein de l'administration et l'homme politique censé les diriger. Offrant à ses personnages des numéros de duettistes aux répliques jubilatoires qui resteront cultes, Yes Minister est une brillante comédie satirique qui, tout en sachant garder une distance par rapport à son sujet, fait preuve de beaucoup de finesse et de perspicacité pour capturer et décrire les dynamiques à l'oeuvre dans les coulisses gouvernementales. Demeurée une référence en matière d'écriture politique, elle a connu de nombreux remakes à travers le monde. Un retour au petit écran a même récemment été annoncé, les créateurs de l'original (Jonathan Lynn et Antony Jay) reprenant leur plume après une incursion au théâtre en 2010.

L'autre grande comédie politique de l'époque est The New Statesman. S'inscrivant dans un registre plus sombre, volontairement corrosive, cette série met en scène un MP (représentant à la Chambre des Communes) nouvellement élu du parti conservateur, Alan B'Stard. Arriviste ambitieux, arrogant et amoral, s'affranchissant de toutes limites et assumant toutes les prises de position sans sourciller, ce personnage provocateur (qui doit aussi beaucoup à la performance de Rik Mayall pour l'interpréter) reste une des figures les plus marquantes du petit écran britannique (que l'on peut éventuellement rapprocher d'autres anti-héros "détestables" de la comédie de l'époque, comme Blackadder). Dotée de dialogues très cinglants, se complaisant dans un humour aussi noir que savoureux, cette comédie particulièrement irrévérencieuse dresse en filigrane un portrait au vitriol du monde parlementaire, tout en entraînant son personnage principal dans toutes sortes d'histoires et plans improbables, y compris à l'étranger. Signe de son impact durable, le nom d'Alan B'Stard parle toujours aux Anglais et reste à l'occasion utilisé par ses créateurs, des années après la fin de la série, pour signer des éditoriaux dans certains journaux britanniques.

(Le générique de The New Statesman)


Aujourdhui, dans les séries actuelles, il existe toujours des héritières s'inscrivant dans la lignée ainsi tracée par leurs prédécesseurs. En 2009, la comédie israëlienne Polishok s'inspirait encore directement de la voie ouverte par Yes Minister (dont j'ai aussi parlé d'ailleurs du renouveau futur annoncé). Mais, ces dernières années, c'est sans aucun doute l'excellente The Thick of It qui apparaît comme la plus grande et digne représentante de cette tradition (qui s'exporte jusqu'au grand écran, avec In the loop). Elle a su adapter et intégrer des exigences modernes, notamment avec son approche mockumentary, tout en préservant les acquis satiriques consacrés précédemment.

Signe d'un filon inépuisable, le créateur de The Thick of It, l'Ecossais Armando Iannucci (qui, en 2005, décrivait sa série comme la rencontre de Yes Minister avec The Larry Sanders Show), lance ce dimanche sur HBO une nouvelle comédie Veep très attendue, mettant en scène une vice-présidente américaine interprétée par Julia Louis-Dreyfus. Cette nouveauté est à surveiller de près et montre que ce créneau qui s'est construit sur plusieurs décennies demeure porteur pour le petit écran.


La suite : Part. 2, Les grandes thématiques parcourant les séries politiques les plus représentatives.


[Ce premier article inaugure une nouvelle catégorie sur le blog : les Dossiers. Jusqu'à présent My Télé is Rich! a toujours été très centré sur les reviews - avec deux/trois billets d'humeur exceptionnels -, j'aimerais l'élargir à des billets un peu plus transversaux. Histoire de pouvoir prendre un peu de recul avec la production télévisuelle. N'hésitez donc pas à réagir (aussi ^^) sur cette idée.]

28/08/2010

[TV Meme] Day 2. A show that you wish more people were watching.

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The Thick of it

(2005 - .. , BBC4 -  BBC2)

 

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Parce que The Thick of it est sans doute une des meilleures comédies actuellement en production en Angleterre (voire dans le monde) ; et qu'on ne le dit pas assez (voire pas du tout).
Parce qu'elle est le croisement parfait, conciliant la tradition satirique britannique d'un traitement au vitriol de la politique et le format des comédies modernes, héritière de la vague mockumentary lancée par The Office.
Parce que Malcolm. Et qu'il est impensable de vivre sa téléphagie sans avoir jamais croisé ce personnage hors norme du petit écran.
Parce que, par un effet de vases communicants fascinant, The Thick of it saura vous détendre comme aucune autre : plus Malcolm est énervé, plus le téléspectateur jubile intérieurement.
Parce qu'elle repousse les limites de l'humour noir, à la tonalité corrosive savoureuse, avec une maîtrise bluffante.
Parce que vous soignerez un autre pan trop négligé de vos compétences linguistiques anglophones : vous finirez par croire que le f* word et ses dérivés sont un verbe auxiliaire. (On va suggérer que la raison pour laquelle la série n'a jamais franchi la Manche jusqu'à présent, c'est justement parce que les doubleurs ont pris peur.)
Parce que la folle dynamique, parfois tellement absurde, des coulisses d'un cabinet ministériel n'aura jamais semblé aussi vivante et si bien retranscrite à l'écran.

Parce que In the loop fut le film le plus drôle de 2009.
Parce que, vraiment, pour que moi et mon allergie aux comédies, on vous en conseille une, c'est que cette dernière mérite le détour et défie les conventions.


Quelques extraits


Parce qu'il n'y a rien de plus savoureux qu'assister, en spectateur, aux mises au point de Malcolm :


Parce que si les membres du cabinet ont tous The West Wing (A la Maison Blanche) en tête, le fossé de médiocrité les séparant de l'idéal présenté par la série américaine se fait chaque jour plus grand. Mais Josh reste une idole, même de ce côté-ci de l'Atlantique !


Parce qu'un Malcolm qui perd un instant le contrôle, cela donne toujours des confrontations marquantes :

 

Pour rappel : La critique que j'en avais faite il y a quelques temps : The Thick of it, une satire politique moderne incontournable.

04/01/2010

(Ma DVDthèque idéale) Dix comédies des années 2000


Je dois avouer que j'ai beaucoup de mal à m'investir dans la durée dans les comédies. Si je peux regarder avec plaisir un ou deux épisodes par-ci, par-là, il est en revanche très rare qu'une série de ce genre parvienne à me fidéliser, et encore plus à figurer parmi mes séries préférées lors des bilans de fin d'année. J'ai donc regroupé les quelques raretés que ma mémoire téléphagique retient de ces dix dernières années, toutes nationalités confondues.

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Arrested Development [Fox (US), 2003-2006]

Arrested Development est une comédie désopilante, mettant en scène la vie compliquée d'une famille sortant de l'ordinaire, habituée à mener un grand train de vie, qui se retrouve ruinée, suite à l'arrestation pour magouilles financières du père de famille. La série capitalise pleinement sur des personnages hauts en couleur, jouant sur les décalages et le ridicule des situations. Elle se complaît dans une autodérision souvent très inspirée, aidée notamment par la voix d'un narrateur extérieur qui accentue ces effets de scénario. Marquée par le souci du détail, la comédie conclut ses épisodes sur de faux extraits de l'épisode futur. Dans l'ensemble très drôle, bénéficiant de dialogues avec plusieurs niveaux de lecture, qui sont une mine d'or en petites piques implicites ou autres jeux de mots, il s'agit d'une de mes comédies préférées de cette décennie. A voir, revoir et savourer.

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Black Books [Channel 4 (UK), 2000-2003]

Comédie décalée, excessive, alcoolisée et souvent absurde, Black Books parvient à créer une ambiance inimitable, par bien des aspects inqualifiables, où le burlesque et l'humour corrosif, typiquement britannique, contaminent le téléspectateur, sans que ce dernier parvienne à véritablement cerner la série. Elle tire son nom de la librairie "Black Books", tenue par le personnage principal, Bernard Black, un alcoolique asocial qui cultive sa marginalité et son caractère désagréable, dont la fainéantise n'a d'égale que son inventivité constamment renouvelée pour en faire le moins possible. Il est entouré de deux amis, au potentiel comique parfaitement complémentaire, une gérante d'un magasin de déco et un ex-comptable engagé à la suite d'un enchaînement de qui pro quo dont la série a le secret. Si elle ne dispose pas de réelles storylines, s'apparentant souvent plus à une succession de sketchs, cette sitcom parvient à une créer une atmosphère d'ébriété unique en son genre, qui permet au téléspectateur de passer un bon moment en oubliant tous ses soucis. A consommer avec modération.

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Friends [NBC (US), 1994-2004]

Symbole des années 90, je ne vous ferais pas l'affront de prendre le temps de vous présenter Friends. Les cinq dernières saisons de la série s'étant quand même déroulées au cours de la décennie évoquée, il n'était pas envisageable d'oublier cette sitcom qui a marqué toute une vaste génération de sériephiles, et bien plus encore. Revisionnage conseillé pour soigner tous les petits instants de déprime.

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How I Met Your Mother [CBS (US), 2005-..]

"It's gonna be legen... wait for it... dary !"

La petite soeur spirituelle et géographique de Friends raconte la vie d'un groupe d'amis new yorkais. Si ses saisons sont de qualité fluctuante, elle reste attachante, souvent divertissante, et bénéficiant d'un ensemble de répliques devenues cultes, parfait pour briller devant la machine à café. Se regarde de temps en temps, pour se mettre de bonne humeur et retrouver un groupe d'amis aux dynamiques plaisantes à suivre.

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La Petite Mosquée dans la Prairie (Little Mosque on the Prairie) [CBC (CAN), 2007-..]

Sitcom divertissante, d'intérêt public, Little Mosque on the Prairie exploite et se moque des incompréhensions entre musulmans et non-musulmans, choisissant d'éduquer par l'humour ses téléspectateurs. Dotée d'une galerie de personnages aux caractères bien définis, auxquels il est facile de s'attacher, elle évoque avec légèreté des sujets très actuels, maniant avec une certaine habileté, des thématiques culturelles et religieuses potentiellement polémiques, avec pour but de dédramatiser et finalement d'établir à terme un dialogue nécessaire. Légère, tranquille, tablant sur un humour fédérateur, c'est un divertissement agréable.

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The Big Bang Theory [CBS (US), 2007-..]

Symbole de l'exploitation par l'humour de la galaxie geek, The Big Bang Theory est une série sympathique, qui s'amuse d'une caste d'individus devenus familiers au téléspectateur depuis quelques années. Nous offrant quelques situations inimitables, portée par le personnage de Sheldon, dont les habitudes de raisonnement et les remarques constituent les moments phares de chaque épisode, elle se suit avec plaisir. En somme, un divertissement sans conséquence, pour passer 20 minutes de détente.

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The IT Crowd [Channel 4 (UK), 2006-..]

Pauvre Jen, jeune cadre ambitieuse, qui décroche le poste de manager du service informatique de son entreprise : elle atterrit dans un bureau glauque, au sous-sol, avec pour collègues de travail deux geeks dont le seul but semble être de travailler le moins possible. The IT Crowd est LA sitcom qui parle aux informaticiens, mais aussi à un public bien plus large. Arrivée dans le paysage sériephile en avant-première de la "vague geek" de 2007, cette comédie, souvent désopilante, enchaîne, avec rythme, les situations professionnelles et/ou personnelles les plus improbables. L'alchimie entre les trois personnages principaux prend bien, la série grossissant les différences de caractères. Même si cela n'est pas toujours des plus fins, cela produit des échanges toujours enlevés, souvent absurdes, toujours drôles. The IT Crowd se regarde avec beaucoup de plaisir (surtout les deux premières saisons).

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The Office UK [BBC (UK), 2001-2003]

Fondatrice d'un concept décliné depuis, avec de multiples variantes, dans de nombreux pays à travers le monde, The Office UK a marqué la décennie par la révolution des codes scénaristiques de la sictom qu'elle a introduite. Elle a modernisé les comédies britanniques, proposant une nouvelle approche et un nouveau traitement de l'humour dans le petit écran. En nous plongeant dans le quotidien d'une entreprise, sur un ton neutre de quasi-documentaire qui est beaucoup plus marqué que nombre de ses variantes étrangères, The Office a posé ainsi un nouveau cadre d'expression, aux possibilités si vastes, pour les sitcoms. L'humour fonctionne à froid, assez noir, et d'une sobriété qui peut décontenancer a priori le téléspectateur. Une série à prendre le temps d'apprécier. Indispensable.

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The Office US [NBC (US), 2005-..]

Déclinaison romancée et américanisée, moins abrupte et probablement plus facile d'accès que l'originale, The Office US mettra une saison pour trouver ses marques ; mais elle parviendra au cours de sa deuxième saison à se forger une identité originale qui mérite le détour. Elle bénéficie de personnages hauts en couleur, dont les associations ou oppositions fonctionnent parfaitement à l'écran. Elle reste pour moi particulièrement symbolique de par le couple Jim/Pam, en nous ayant offert un des meilleurs traitements d'esquisse de relation amoureuse qui ait été proposé dans le petit écran, au cours des saisons 2 et 3.

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The Thick of It [BBC (UK), 2007-..]

Satire politique, brillamment corrosive, qui joue sur un humour noir savoureux pour le téléspectateur, The Thick of it est une des héritières actuelles de la révolution initiée au début de la décennie par The Office. Jouant sur un ton pseudo-documentaire, servie par une réalisation nerveuse et des dialogues très vifs qui résonnent avec une authenticité presque désarmante, cette série exploite à merveille l'univers politique des coulisses du gouvernement britannique, dans lesquelles elle nous plonge sans ménagement, aux côtés d'un directeur de la communication déchaîné, Malcolm Tucker. L'une des meilleures comédies britanniques du moment.

J'en ai déjà parlé sur ce blog : The Thick of It, une satire politique incontournable.

22/12/2009

(UK) The Thick of It : une satire politique moderne incontournable


Ce billet du jour pourrait faire office de suite à la note consacrée, il y a quelques semaines, à l'excellente Yes Minister / Yes Prime Minister. En effet, si la politique a toujours exercé un attrait certain chez les scénaristes britanniques, The Thick of It est le digne héritier spirituel de ce savoir-faire, illustration de la continuité de cette source d'inspiration. Cette série propose ainsi une vision (et un ton) moderne de ces mêmes coulisses ministérielles.

The Thick of It fait partie de ma dernière fournée (pour limiter les frais de port) de coffrets DVD achetés "en aveugle" sur un site UK. Je connaissais vaguement la fiction de réputation, mais un billet, qui y avait été consacré sur Critictoo fin octobre, m'avait décidée à l'ajouter sur ma pile de séries à découvrir et donc à budgétiser l'investissement. Cette expérience (modérément aventureuse, a priori, le sujet comme le style pouvant difficilement me déplaire, au vu de mes antécédents) s'est révélée très concluante.

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Si la saison 3 a été diffusée au cours de cet automne sur BBC2, les débuts de The Thick of It remontent à 2005. Son profil de diffusion pour le moins curieux mérite une brève explication. Cette comédie s'est ouverte avec deux saisons, composées de trois épisodes chacune, diffusées sur BBC4 à six mois d'intervalle au cours de cette année-là. Il y eut ensuite un hiatus de plus d'une année, pour un retour sous forme d'épisodes spéciaux lors du premier semestre de l'année 2007. En avril 2009, un film In the loop, que l'on pourrait qualifier de sorte de spin-off, est sorti au cinéma (on y retrouve Peter Capaldi qui reprend son rôle emblématique de Malcolm ; mais aussi d'autres figures bien connues des sériephiles, tel James Gandolfini (The Sopranos) - bref, un must-seen du grand écran). Enfin, cet automne a vu la diffusion d'une troisième saison sur BBC2, composée de 8 épisodes. Vous suivez toujours ?

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Cette installation saccadée n'a en rien perturbé la qualité de The Thick of It qui se révèle être une brillante satire politique. Elle nous plonge avec talent dans les coulisses ministérielles des hautes sphères de la politique britannique. Au cours des deux premières saisons, nous suivons plus spécifiquement le ministère des Affaires sociales. A sa tête, Hugh Abbot, caricature pathétique du politicien sans envergure, s'efforce de gérer les secousses médiatiques avec pour seule ambition, la conservation de son poste. Il est entouré d'une équipe de conseillers, cyniques pragmatiques aux capacités d'adaptation à toutes situations sur-développées, mais qui créent souvent plus de crises qu'ils n'en résolvent. Dans cette gestion de leur médiocrité quotidienne, ils doivent régulièrement subir les foudres et assauts verbaux du tout puissant directeur de la communication du 10 Downing Street, Malcolm Tucker. Directement inspiré d'une figure bien réelle, Alastair Campbell, spin-doctor controversé du gouvernement travailliste pendant un temps, Malcolm est le coeur de The Thick of It. Souvent déchaîné, évacuant par des explosions de colère et autres excès un trop plein d'énergie constant, Malcolm gère les diverses situations d'une main de fer, effrayant journalistes comme ministres. Cette satire politique, à travers son exposé de petites tranches de vie quotidienne, prend véritablement toute son ampleur lorsque Malcolm débarque, devenant jubilatoire pour le téléspectateur.

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La richesse de The Thick of It réside dans la noirceur de l'humour dans laquelle elle se complaît. Nous immergeant dans des coulisses où règnent une hypocrisie assumée, servie par des personnages aux compétences discutables parmi lesquels Malcolm surnage, cette satire excelle dans son utilisation d'un ton corrosif à souhait, offrant un visage guère reluisant de ce milieu où la médiocrité semble être maîtresse. C'est une série pleine, qui maintient une forme d'équilibre faussement précaire dans sa narration, exploitant parfaitement son aspect mockumentary. Ses dialogues très vifs, ciselés avec soin et toujours directs, ne sont jamais enjolivés et sonnent ainsi très authentiques ; au milieu des petites piques qui fusent et autres traîtrises, les personnages usent et abusent d'un langage fleuri, où le f* word est intégré à la langue commune comme simple mot de liaison qui permet de traduire tous les sentiments possibles.

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Bilan : Brillamment corrosive, maniant un humour noir savoureux pour le téléspectateur, The Thick of It est une comédie dans la droite ligne des excellents mockumentary britanniques de ces dernières années. Digne héritière d'une tradition ayant réalisé une synthèse admirable entre Yes Minister et The Office (UK), cette série se démarque par une quête constante de réalisme, des dialogues ciselés à l'authenticité éprouvée et une réalisation nerveuse mettant efficacement en scène ce côté pseudo-documentaire.

Certes, j'ai conscience que, aussi enthousiaste que je puisse être à son égard, The Thick of It n'est sans doute pas à mettre en toutes les mains. Il y a peu de chance que ceux qui n'ont pas apprécié le ton de la version originale de The Office (très différente de ce qu'est devenue sa consoeur américaine plus connue) soient conquis par le style de cette comédie extra. Mais, s'il y a parmi vous quelques curieux chez qui cette présentation a éveillé un intérêt, n'hésitez pas ! Ce que j'appelle "saison 1" (techniquement les series 1 et 2, soit les 6 premiers épisodes) est disponible en DVD en Angleterre, avec bonus et VOSTA.


NOTE : 8,5/10


Un petit extrait représentatif, avec Malcolm dans tous ses états et le ministre Abbot, une nouvelle fois dans une situation difficile :