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26/07/2010

(Pilote / Mini-série US) The Pillars of the Earth : la construction d'une cathédrale, au coeur d'une vaste fresque médiévale

 

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La première fois que j'ai entendu parler du projet d'adapter à l'écran le roman de Ken Follett, cela m'avait paru comme un doux rêve. Attrayant certes. Cependant, réussir la transposition de cette dense fresque historique au format télévisuel me semblait aussi ambitieux que difficilement réalisable. Les écueils sont nombreux, en partie inhérents à toute adaptation littéraire : ne pas trop condenser, rester fidèle à l'histoire, tout en se ré-appropriant ce matériel de base de façon à ce qu'il devienne le fondement d'un scénario vivant, destiné à une série. Reste que ces craintes ne pouvaient obscurcir le caractère absolument passionnant du sujet, suffisant seul à intéresser la téléphage amoureuse d'Histoire que je suis.

De plus, outre son thème, The Pillars of the Earth (Les Piliers de la Terre) présente d'autres atouts aussi attrayants. Car il faut bien que je vous avoue qu'une raison supplémentaire, très différente mais toute aussi justifiée, expliquait mon attente impatiente de cette mini-série : son casting. En effet si une série me propose de réunir, autour d'un même projet, des acteurs comme Matthew MacFadyen, Ian McShane, Rufus Sewel, etc., elle s'assure d'office ma présence de téléspectatrice dès ses débuts.

The Pillars of the Earth, co-production internationale, est une mini-série qui sera composée de huit épisodes et dont la diffusion a débuté, aux Etats-Unis, vendredi dernier, sur la chaîne câblée Starz.

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The Pillars of the Earth se déroule au XIIe siècle. Cette importante fresque qui couvre, dans sa version littéraire, un demi-siècle, nous plonge dans une Angleterre déchirée par une guerre civile de succession, au cours d'une période que certains nommeront plus tard "l'Anarchie". La mini-série reprend les principaux évènements historiques de cette époque, de façon à établir précisément le contexte global. Elle s'ouvre en 1120 par le naufrage de la "Blanche-Nef", où périt le seul fils légitime du roi Henri Ier. A la mort de ce dernier, ne lui reste comme descendante légitime que sa seule fille, Mathilde. Profitant des réticences des barons à porter une femme au pouvoir, Etienne de Blois, le neveu du roi, un petit-fils de Guillaume le Conquérant, s'approprie finalement le trône d'Angleterre, avec le soutien de l'Eglise, dont il s'engage à promouvoir les intérêts. Il précipite ainsi Mathilde dans une résistance qui va conduire les deux camps à la lutte armée.

Ces différents évènements, qui se déroulent en arrière-plan de la trame principale, mais sur lesquels le pilote prend le soin de s'arrêter de façon à poser un cadre clair au téléspectateur, constituent une toile de fond violente qui accentue le chaos régnant dans le royaume, tout en influant plus ou moins fortement sur la vie des différents protagonistes, qui seront parfois entraînés dans ce tourbillon de trahisons. Si la lutte pour le trône n'est pas le sujet principal, le coeur de The Pillars of the Earth se situe bien dans des conflits d'intérêts et de pouvoirs, entre idéalistes et ambitieux, nobles, hommes d'église et gens du commun, se concentrant sur un enjeu hautement symbolique, qui mêle toutes ces thématiques : la construction d'une cathédrale.

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Parce que The Pillars of the Earth est une fresque particulièrement dense, dotée d'une galerie très riche en personnages, le premier épisode va opportunément prendre le temps de soigner l'introduction du téléspectateur dans cet univers. Il présente progressivement chacun des protagonistes, tout en posant les fondations de la grande, comme des petites, histoires. Il s'agit avant tout de bien se familiariser avec le cadre de cette société moyen-âgeuse, avec ses moeurs, mais aussi avec les motivations, altruistes ou très égoïstes, des différents personnages.

C'est ainsi que le premier épisode va offrir une combinaison intéressante d'éléments de contextualisation, tout en permettant au téléspectateur de trouver ses points de repère afin d'embarquer dans cette fresque l'esprit clair. Outre les évènements historiques, ce pilote est l'occasion de suivre plusieurs protagonistes clés. Il y a Tom, un bâtisseur, qui mène sa famille de chantier en chantier, survivant par des emplois plus ou moins précaires, en attendant de décrocher ce dont il rêve tant : le projet de construction d'une cathédrale. Sa femme, Agnès, meurt en couches au cours de l'épisode ; le bébé, abandonné sur la tombe de sa mère, sera finalement recueilli par un futur moine. Toujours accompagné de ses enfants, Martha et Alfred, Tom rencontre Ellen et son fils, Jack, un jeune homme doué en art, qu'un traumatisme dans l'enfance a rendu quasiment muet. Leur histoire est chargée de secrets, mais Tom accepte de les voir se joindre à eux.

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Parallèlement, l'épisode s'intéresse aux jeux de pouvoirs - tout aussi létaux que la lutte pour le trône - au sein de l'Eglise. Tandis que le père Waleran intrigue pour devenir évêque, l'abbaye de Kingsbridge perd son prieur. Les soutiens réciproques entre un moine idéaliste, Philip, et le machiavélique Waleran, leur permettront, par le truchement d'élections orientées, d'accéder à la qualité convointée par chacun. Le pilote ne néglige pas non plus les storylines laïques, tout aussi chargées en politique, mais à connotation plus locale que celles de la lutte pour le trône, à travers les enjeux d'un titre de noblesse et des terres qui lui sont associées. Les parvenus Hamleigh nourrissent en effet des ambitions sur un comté, envisageant notamment un mariage entre leur fils et la fille aînée, héritière, Aliena. Le rejet par cette dernière va les amener à recourir à des solutions plus drastiques.

A la lecture de ce résumé, déjà fortement condensé, il est aisé de deviner où se situait le premier écueil auquel ce pilote devait faire face : il s'agissait de ne pas se laisser submerger par la richesse de l'univers à mettre en place. Il fallait réussir à introduire tous ces enjeux si diversifiés et ces personnages très différents. D'autant que les intéractions entre ces derniers conduisent souvent à d'éphémères alliances de circonstances, qui troublent un peu plus la lisibiité des motivations de chaque protagoniste. Un juste équilibre devait, de plus, être trouvé entre des scènes de pure exposition, contextualisant l'histoire, et le récit véritable qui s'amorce, en s'attachant au destin de plusieurs individualités, dans ce tourbillon chaotique ambiant.

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A la fin de ce premier épisode, l'objectif de départ est, pour ainsi dire, rempli : le téléspectateur situe chaque personnage et tous les enjeux apparaissent désormais clairs, ce qui permet ainsi de partir sur de solides fondations, en attendant les développements futurs. Les scénaristes ont, à dessein, pris leur temps pour bien introduire cette vaste fresque. C'est pourquoi le pilote monte progressivement en puissance et gagne en épaisseur, à mesure qu'il appréhende l'ambitieuse dimension du récit envisagé. C'est aussi pourquoi, en dépit des si nombreux personnages et de toutes leurs histoires personnelles, cette immersion ne paraît pas trop abrupte.

S'il faut une première demi-heure d'ajustement, en acceptant de ne pas percevoir immédiatement le tableau d'ensemble, la patience du téléspectateur est récompensée. Au final, si la tâche était rude, ce pilote s'offre une introduction fluide et maîtrisée qu'on peut qualifier de réussie. J'apporterai cependant un bémol, sous forme de précision, à mon jugement : cette introduction m'a semblée, personnellement, menée de façon efficace, mais j'étais déjà familière avec cet univers pour avoir lu le livre d'origine. Par conséquent, une personne qui plongerait dans l'inconnu avec ce premier épisode n'aurait peut-être pas la même perception.

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Au-delà de la question de l'accessibilité immédiate de l'histoire, ce pilote expose déjà très clairement quelles seront les grandes thématiques de The Pillars of the Earth. Alternant petites histoires et grande Histoire, destinées personnelles et sort de tout un royame, la minisérie mêle habilement ces différents enjeux, pour s'offrir un cadre d'une complexité aussi fascinante qu'intrigante. Au coeur de ces jeux de pouvoirs, où l'intrigue est maître et où les ambitions se révèlent, la politique, comme la religion, sont des moyens d'atteindre ses objectifs, tandis que les sentiments viennent troubler certaines positions. Du plus machiavélique au plus idéaliste des personnages, tous maîtrisent - et n'hésitent pas à s'en servir - les clés des rouages des grandes institutions qui régentent cette société féodale.

Si tout cet effort fait dans le pilote afin de donner sa tonalité à la mini-série s'avère efficace, l'épisode n'oublie pas d'essayer d'humaniser ses personnages, de façon à retenir l'attention du téléspectateur sur les destins individuels, pas seulement sur ce vaste tableau médiéval d'arrière-plan. C'est sans doute le personnage de Tom, qui s'en sort le mieux. Le pilote prend le temps de nous introduire dans son quotidien, peut-être le plus simple et directement accessible au téléspectateur : celui d'un bâtisseur, déménageant de chantiers en chantiers. Ses rêves de cathédrale et sa tragédie familiale, avec la mort de son épouse, sont des éléments concrets qui touchent instantanément.

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Ambitieuse dans son contenu, en conservant la densité de l'histoire originale, The Pillars of the Earth est également très aboutie sur un plan formel. Elle bénéficie d'une belle réalisation, largement au-dessus de la moyenne, utilisant notamment des plans larges assez inspirés. Mais c'est surtout par la photo que la mini-série se démarque. L'esthétique est très travaillé, choisissant de faire ressortir les couleurs, avec une forme de sobriété qui les rend faussement chatoyantes. Si on est loin des superbes images un peu glacées des period dramas britanniques, cette mini-série impose, avec une certaine réussite, un style qui lui est propre, et qui n'est pas déplaisant à découvrir à l'écran.

Outre son visuel, The Pillars of the Earth dispose également d'une bande-son en adéquation à ses thématiques, qui renforce la tonalité médiévale. Tout en en faisant une utilisation sobre, les quelques pistes musicales mélangent des sonorités associées dans l'imaginaire collectif à cette époque, entre chants grégoriens et musiques sacrées.

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Enfin, même si je l'ai déjà brièvement évoqué, je me dois de m'arrêter à nouveau sur le casting proposé par cette mini-série. Composé de valeurs sûres (principalement britanniques pour les têtes d'affiche) du petit écran, il se révèle à la hauteur des ambitions de la vaste reconstitution envisagée, point de répère immédiat d'un téléspectateur découvrant la riche galerie des différents personnages.

On y retrouve non seulement, Rufus Sewel (Charles II, Eleventh Hour), en bâtisseur rêvant de cathédrale, Ian McShane (Deadwood), en prêtre intrigant, accédant à la dignité d'évêque, Matthew MacFadyen (Spooks, Little Dorrit), en prieur idéaliste souhaitant reformer l'abbaye de Kingsbridge, mais également Eddie Redmayne (Tess of the D'Ubervilles), en jeune homme, surdoué dans les arts, dont les circonstances de sa naissance interrogent, Hayley Atwell (The Prisoner) en femme noble passionée, Donald Sutherland (Dirty Sexy Money), David Oakes, Natalia Wörner, Anatole Taubman, Alison Pill (In Treatment) ou encore Sam Claflin.

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Bilan : The Pillars of the Earth se présente comme une vaste fresque historique ambitieuse, dont la complexité et la richesse de son histoire vont constituer ses atouts principaux, solidement soutenus par un casting cinq étoiles. Ce pilote, péchant parfois en raison de son excès de contenu, prend son temps dans l'exposition de la situation. L'écriture est dense, cependant, le téléspectateur ne s'y perd jamais et sa patience initiale est récompensée par la mise en place progressive des intrigues et des enjeux qui se précisent. Au final, sont introduits de nombreux éléments très intéressants, tant du côté de la grande Histoire que des petites histoires sur lesquels le récit futur va se concentrer. Ainsi, il est difficile de ne pas être se trouver captivé par ce que cette première immersion laisse entrevoir : le premier contact est convaincant, reste à The Pillars of the Earth à confirmer !


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la mini-série :

Commentaires

J'ai trouvé le premier épisode juste correct (je n'ai pas encore vu le 2e donc mon avis n'est pas du tout touché par la possible bonne ou mauvaise évolution de la série).

Cela jongle difficilement entre les personnages et certains sont grossièrement écrits (les acteurs ne sont pas toujours aidé par leur lignes et le montage).
Et je n'ai pas trouvé que c'était techniquement mémorable, c'est correct. Forcément, un meilleur montage les aiderait. Ouais, j'insiste lourdement, mais quand je me demande comment on en est arrivé là, c'est rarement bon signe.

Enfin, il y a du potentiel, et je trouve que le personnage de Rufus Sewell s'impose bien dans la seconde partie de l'épisode. Même s'il ne dit pas un mot, j'ai bien aimé Eddie Redmayne aussi (il a de ses yeux, d'ailleurs, je me fais la réflexion à chaque fois lol). Mais, il y a bcp de monde et certains ont dû mal à trouver leur place (Alison Pil tire le bon numéro d'ailleurs, elle fait ce qu'elle peut mais elle n'est pas aidée).

Écrit par : Carole | 27/07/2010

je ne connais pas du tout le roman, par contre l'adaptation me tente beaucoup, notamment en raison du casting. Il faut que je me lance.

Écrit par : Eirian | 27/07/2010

@ Carole : Je n'ai pas eu le temps de lire d'autres critiques, hormis celle sur Critictoo, mais ça ne m'étonnerait pas de savoir que j'ai été plus indulgente et bon public que la moyenne des réactions, dans ma critique (je n'ai pas encore visionné la suite non plus). Il faut bien avouer qu'on se situe totalement dans un créneau téléphagique dont je raffole ! (On a tous nos petits points faibles ;-) )


@ Eirian : Je pense aussi que le casting est en effet un argument de poids. O:-)

Écrit par : Livia | 27/07/2010

Mais voyons, tu n'as pas besoin de lire d'autres critiques, à partir du moment où tu lis celle de Critictoo :D

Personnellement, j'avoue être totalement incapable d'être plus indulgente. Mon cerveau ne le conçoit pas tout simplement. Je ne sais pas comment le dire autrement. Ecrire une review plus gentille ou plus méchante, ça m'arrive, mais j'avoue qu'être plus sympathique envers une œuvre pour cause d'affinités avec le sujet ou de casting, je ne sais pas comment on fait. Il y aura toujours une petite voix au fond de moi pour me dire que je me mens à moi-même. Cela explique sûrement mon incapacité à être une fangirl (mais une vraie passionnée, qu'on ne se trompe pas!). Mais là, je me suis quelque peu égarée du sujet de base (et comment fonctionne mon cerveau n'est pas ce qu'il y a de plus passionnant, j'en conviens).

Écrit par : Carole | 27/07/2010

Nous voilà rentrer dans des débats hautement philosophiques sur la part de subjectif et d'objectif dans une review :D (C'est aussi très intéressant ^_^)


En fait, ce dont je parlais, ce n'est pas tant une indulgence consciente ou un aveuglement volontaire qui amènerait à masquer les défauts, mais cela jouerait plus à un niveau inconscient. Ce n'est pas une histoire de sympathie.
Je m'explique (mon cerveau n'est pas non plus des plus passionnants, et en plus, il a la manie d'être compliqué). Autant pour un casting, cela ne va pas fonctionner (il peut me motiver à regarder une série, mais n'influencera pas ma perception globale de la fiction ; ce sera plutôt une "cherry on the cake" si jamais celle-ci est bonne), en revanche, je crois avoir remarqué que lorsqu'un sujet m'intéresse vraiment, mon esprit aura tendance à moins faire attention à certains éléments. Ainsi, dans la grille de lecture d'un épisode, les priorités vont fluctuer ; et le "barème" ne sera pas toujours identique. C'est peut-être là où les affinités (ou le manque de) vont jouer : si le thème d'une série ne m'intéresse absolument pas, il est probable que je m'ennuie, l'épisode sera peut-être construit correctement, mais la critique ne pourra être positive si je n'ai absolument rien ressenti.

Si je pointe le côté histoire médiévale des Piliers de la Terre, c'est parce que je m'étais fait cette remarque au printemps relativement aux séries françaises. A l'époque, j'essayais de répondre à la question suivante : pourquoi la majeure partie des séries français que je parviens à regarder jusqu'au bout appartiennent toutes à un genre très particulier : historique ? (oui, on tourne en rond. lol)


Au-delà de ce cas particulier, il y a d'autres éléments différents que tu soulèves dans ton commentaire, notamment sur "comment le cerveau d'un critique fonctionne". Je me souviens que lorsque j'ai commencé ce blog, avec sans doute un côté "naïve blogueuse encore au stade de l'apprentie critique" (que je n'ai pas quitté. lol ^^), je distinguais a priori deux voies différentes pour rédiger une review. _ Soit déconstruire un épisode en l'analysant suivant une sorte de cahier des charges, faisant fi du ressenti que l'on a pu avoir devant. _ Soit partir du ressenti émotionnel (on l'a apprécié ou non) pour ensuite essayer d'expliquer pourquoi on a eu une telle impression.
Certes, c'est complètement artificiel et arbitraire d'opérer cette distinction aussi schématique car, dans les faits, les deux se mélangent fatalement. Mais il y a un équilibre qui va être atteint, consciemment ou inconsciemment, entre ressenti et analyse (n'allons pas jusqu'au cliché, "entre coeur et raison" ^^). Et il n'est pas toujours identique. Suivant la série, une facette peut prendre le pas sur l'autre.
Après, est-ce du fangirlism de rédiger une review en essayant de mettre des mots sur un ressenti émotionnel subjectif et de retranscrire ainsi la façon dont on a vécu l'épisode ? Je répondrais non. :)

Sur ce blog, j'ai fait un choix "méthodologique" conscient, a priori : ne jamais sacrifier l'émotionnel à l'analytique. Parce que je chéris trop les émotions et j'aurais peur de briser la magie en ne m'occupant que des rouages. Si bien que je n'ai pas l'impression de me mentir à moi-même, parce que c'est toujours la façon dont j'ai perçu l'épisode que j'essaye de rationaliser. Et donc, à aucun moment, je ne me sens en porte à faux.


Au-delà de ces grandes questions téléphagiques existentielles, on se situe sans doute plus simplement sur une ligne trouble, personnelle à chacun. Il y avait un article intéressant sur Critictoo aujourd'hui (bon, je te préviens, je vais bientôt exiger un pourcentage. lol) sur les "trois visages" d'une série (je crois d'ailleurs que c'est toi qui l'a écrit, donc tu dois visualiser de quoi je parle O:-) ). Un review c'est, par définition, "ce qu'on pense qu'une série est", avec notre bagage et notre parcours...


Enfin, tout ça pour dire qu'il y a, à mon avis, différentes choses, toutes intéressantes, à distinguer dans ta réponse.


Bon, reste qu'après tout ça, j'ai presque envie d'aller regarder une nouvelle fois ce sacré pilote qui nous aura conduit bien loin. lol. O:-)

Écrit par : Livia | 27/07/2010

"Ouah" a du être ma réaction quand j'ai vu la taille de ton commentaire. Par où je prends le texte, moi ? lol !

>> En fait, ce dont je parlais, ce n'est pas tant une indulgence consciente ou un aveuglement volontaire qui amènerait à masquer les défauts, mais cela jouerait plus à un niveau inconscient. Ce n'est pas une histoire de sympathie.

D'une certaine façon, quand tu l'écris comme cela - et au vu de la suite -, cela reste de la sympathie (même si le terme sonne très générique mais il n'a pas de connotation péjorative, tu parlais toi même d'indulgence). Ce n'est pas parce que c'est inconscient que cela le dénature. Ton cerveau choisit volontairement (ou non qu'importe) de changer son angle d'approche critique à cause de ton affinité pour le genre (phénomène assez mystérieux vu qu'on a tendance a être naturellement plus critique quand c'est notre domaine d'expertise). Après, il n'y a rien de négatif à cela, je sais juste que je ne fonctionne pas du tout comme cela, mais il y a des critiques qui se laissent séduire par des noms ou qui sont plus sévère avec certains types d'oeuvres. On est critique, pas robots lol !

>> Après, est-ce du fangirlism de rédiger une review en essayant de mettre des mots sur un ressenti émotionnel subjectif et de retranscrire ainsi la façon dont on a vécu l'épisode ? Je répondrais non. :)

On s'est peut être mal compris sur le fangirlism. Je ne parlais pas franchement de cela, mais juste du fanboy/fangirl en général et de mon incapacité à en être car à la base tu ne peux l'être qu'en perdant forcément ton objectivité. Or, un avis est peut-être subjectif, mais il se doit de rester objectif. Je suis incapable de cette vénération que certains ont avec des oeuvres et des auteurs, car je ne peux perdre de vue les multiples composantes - réussites et échecs. Le fanboy/girl fait le choix de fermer les yeux ou il ne les voit tout simplement pas (je ne peux pas crier au génie, même les Sopranos dans son excellence a ses moments de faiblesses. Toujours au-dessus du lot, mais selon ses propres standards fort élevés, il y a des hauts et des bas).

>> Sur ce blog, j'ai fait un choix "méthodologique" conscient, a priori : ne jamais sacrifier l'émotionnel à l'analytique.

Méthodologique est le bon mot je trouve. Mais je l'aurais plus appliqué à la structure, à la forme qu'au fond.


>> Il y avait un article intéressant sur Critictoo aujourd'hui (bon, je te préviens, je vais bientôt exiger un pourcentage. lol) sur les "trois visages" d'une série (je crois d'ailleurs que c'est toi qui l'a écrit, donc tu dois visualiser de quoi je parle O:-) ). Un review c'est, par définition, "ce qu'on pense qu'une série est", avec notre bagage et notre parcours...

C'est toujours intéressant Critictoo (et c'était bien de moi!) lol. à la base, le critique est là pour donner un avis (ce qu'on pense qu'une série est donc), mais son avis (expérience oblige) vaut plus et il doit en découler d'une certaine façon le "ce qu'est réellement la série". On la juge pour ce qu'elle est à la base, c'est le bagage et le parcours qui fait qu'on sait mieux que le lecteur (je ne suis pas de nature arrogante, mais il faut être réaliste, si je ne donnais pas de valeur à mon avis, j'aurais depuis longtemps claqué la porte, bien qu'étrangement, j'ai fini par arriver à cela à force de m'en prendre dans la gueule mais à ne pas quitter mon écran!).

Enfin, dans tout cela, The Pillars Of The Earth .... lol ! (et j'ai du faire long aussi pour le coup! En espérant ne pas trop ennuyer et ne pas être trop confuse).

Écrit par : Carole | 28/07/2010

Si je peux me permettre de m'immiscer dans votre intéressante conversation...

Je pense que quand on s'intéresse de près à un domaine comme les séries télévisuelles, que l'on y accorde beaucoup de temps et d'énergie, que l'on se sert d'internet pour s'informer et critiquer, on arrive assez rarement totalement vierge devant une nouvelle série. Inévitablement, on aborde une nouvelle oeuvre avec des attentes. Je pense aussi qu'il est assez inévitable que ces attentes soient de nature différentes selon le degré d'affinité a priori que l'on ressent par rapport à la série (en fonction de son genre, de son créateur, de la chaîne sur laquelle elle est diffusée,...).
Même si l'on prend la peine de décortiquer la série de manière analytique, il me semble difficile de penser que le degré de sympathie plus ou moins grand généré par l'attente n'influe nullement sur le regard que l'on choisira de porter sur elle, tant sur ses défauts que ses qualités.
Pour ma part, je sais par exemple que je suis plus enclin à accepter certains défauts sur une série qui possède des qualités que j'estime essentielles que des défauts mineurs sur une série dont les qualités me paraissent moyennes.
Il y a des tas de variables subjectives qui influencent la perception que l'on pourra avoir d'une série.
Le travail du chroniqueur me parait être d'entamer une réflexion à partir de cette base subjective pour dégager, au-delà de celle-ci (mais sans la renier), les enjeux présents dans l'oeuvre, enjeux narratifs, thématiques, formels,... Par cette démarche, il opère une certaine objectivisation de l'expérience de vision forcément subjective.
D'une part, cela permet de conserver le côté vivant de l'expérience et d'autre part, cela introduit des éléments qui décrivent ce qu'est la série de manière plus rationelle et construite.
De cette manière, on dépasse le stade stérile et sans intérêt du "j'aime/j'aime pas" tout en conservant de la vie dans le texte.
En résumé, on informe sans ennuyer.

Et si ce blog est devenu depuis quelques semaines un passage obligé de mes pérégrinations sur la toile, c'est parce que je pense y retrouver tout ce que je viens d'écrire...

Bon sinon, The pillars of the earth, a priori, ça me botte plutôt moyen. :)

Écrit par : Fred | 29/07/2010

The Pillars of the Earth aura au moins permis des échanges intéressants sur la conception de critique ! :-)


@ Carole : C'est marrant (et assez instructif) de voir que chacun a sa vision propre finalement de la fonction de critique et de la façon dont il doit mener à bien sa "mission". Il doit exister autant de conceptions différentes qu'il existe de blogueurs sur le web.
Après, peut-être aussi que le fait que je rédige sur un espace personnel assez confidentiel me permet d'insuffler plus d'aspect personnel à mes reviews, contrairement à un grand site comme Critictoo. C'est une question d'équilibre.
Pour l'assurance du critique, ça doit aussi venir avec l'expérience, je pense. Une fois que l'on maîtrise l'exercice et qu'on a un passé téléphagique suffisamment conséquent.

(J'en profite pour glisser que je continue à trouver The Pillars of the Earth intéressant, en ayant continué le visionnage. lol. ^_^)


@ Fred : Merci pour cet apport de vue complémentaire ! Je me retrouve assez dans ce que tu écris, notamment le côté vivant du visionnage à essayer de retranscrire. C'est, peut-être que l'analyse, la touche propre à chacun.
Et puis heureuse de savoir que j'ai quelques lecteurs réguliers. ;-)

Écrit par : Livia | 02/08/2010

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