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31/08/2011

(K-Drama / Pilote) Protect the Boss : une rom-com dynamique avec du caractère

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En ce dernier mercredi asiatique d'août, c'est l'occasion de vous parler d'un drama qui aura sans doute été ma bonne surprise du mois. Initialement, je n'étais pourtant même pas certaine de donner sa chance à Protect the Boss. Rien ne me prédisposait à tomber sous le charme de cette série : un synopsis en apparence déjà vu et revu, un casting avec des acteurs que je connaissais peu et d'autres que je n'appréciais pas. Mais la magie des rom-com sud-coréennes opère souvent en suivant des voies impénétrables... Après quatre épisodes visionnés, me voilà en effet sous le charme.

Protect the Boss a débuté sur SBS le 3 août 2011. Diffusée les mercredi et jeudi soirs, elle devrait comporter en tout 16 épisodes. Ayant succédé à City Hunter, on peut dire qu'elle a su suivre le chemin de son prédécesseur en se stabilisant autour d'une audience à deux chiffres plutôt bonne. Au fond, si je me suis si bien laissée embarquer par cette histoire, c'est que Protect the Boss a réussi là où peu de séries parviennent : elle a su me faire rire aux éclats dès son premier épisode. Avec un duo principal attachant et un sens du burlesque drôlement bien maîtrisé, je suis conquise.

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Protect the Boss, c'est l'histoire d'une association inattendue. No Eun Seol n'a jusqu'à présent guère eu de chance dans son parcours professionnel. Ne s'étant jamais pleinement consacrée à ses études, diplômée d'une université de seconde zone, la jeune et énergique femme ne manque certainement pas de qualités et d'un sens de la débrouillardise des plus développés, mais son CV suffit à effrayer tous les recruteurs potentiels. Elle échoue donc plus souvent dans des milieux douteux, où son caractère la place en porte-à-faux par rapport à des employeurs peu scrupuleux. Adepte des arts martiaux, elle n'hésite d'ailleurs pas à user de la force physique pour exposer ses vues. C'est dans le contexte d'une rixe qu'elle a provoquée qu'elle va ainsi croiser pour la première fois, de manière incidente, Cha Ji Heon.

Ce dernier est l'héritier d'une famille de chaebol. Aussi immature que caractériel, le jeune homme est très mal considéré au sein de l'entreprise de son père, dont il est pourtant le successeur présomptif, généralement catalogué comme étant un incompétent incapable de gérer la société. Il faut dire que son anxiété, qu'exacerbe tout contact avec une foule, le rend inopérent pour expliquer une simple présentation de projet en petit comité. Sans savoir qu'elle est la jeune femme qui a causé bien des problèmes à la compagnie du fait de la bataille rangée à laquelle elle a mêlé Ji Heon, Eun Sol est cependant embauchée comme secrétaire. Son profil atypique laisse espérer qu'elle réussira à supporter les caprices de Ji Heon et même peut-être à lui inculquer un peu de bon sens !

Les débuts de leur relation professionnelle sont aussi difficiles qu'explosifs. Cependant, à mesure qu'une forme de complémentarité et de compréhension se développent entre eux, d'autres problèmes les obligent à faire front, menaçant leur situation. En effet, tout le monde ne voit pas d'un bon oeil la volonté du patriarche de faire de Ji Heon son successeur, et derrière une apparence affable, le cousin de ce dernier, Cha Moo Won, nourrit des ambitions bien aiguisées par sa mère. Des prétentions que tous les défauts de Ji Heon paraissent presque légitimer...

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Si l'histoire ne présente a priori guère d'originalité, installant les bases et reprenant les confrontations que l'on croise classiquement dans une rom-com sud-coréenne, Protect the Boss dispose de plusieurs atouts qui vont retenir l'attention du téléspectateur. Bénéficiant d'une écriture très vive et d'un rythme de narration qui ne laisse aucun temps mort, elle s'impose tout d'abord avec brio dans le registre de la vraie comédie. Cultivant les réactions les plus inattendues de la part de personnages dont elle s'amuse à brouiller, voire à inverser, les rôles, soignant les chutes inattendues, cédant quand il le faut à un comique de situation allant jusqu'à verser dans un burlesque assumé, le dynamisme et la bonne humeur qui émanent de ce drama, même lorsque les protagonistes broient du noir, collent ainsi un grand sourire au téléspectateur.

Dès le premier épisode, la série démarre de la plus efficace des façons. On y retrouve cette dose d'ambivalence caractéristique et nécessaire à toute bonne rom-com : la tonalité est volontairement versatile, capable de passer naturellement du drôle absurbe à un émotionnel authentique en un clin d'oeil. Le récit se construit en jouant sur une dualité constante qui transcende toute l'histoire : tandis que certaines scènes, par leur caractère improbable où se mêlent un aplomb et une spontanéité rafraîchissante, font franchement rire aux éclats, d'autres dévoilent des facettes intimes des personnages, plus touchantes, qui font prendre un tournant plus pesant, voire doux amer, à ces scènes. Car Protect the Boss est aussi un drama empreint d'une sourde incompréhension : celle d'un père face à un fils, le seul qui lui reste encore en vie et qui semble si loin de ses attentes. Incompréhension toujours pour ce fils, Ji Heon, qui non seulement ne se comprend pas lui-même, frustré de ses réactions, mais qui laisse aussi ses mécanismes de défense se charger de faire le vide autour de lui, comme une forme de fuite en avant permanente. C'est en développant cette dimension humaine que l'attachement du téléspectateur pour cette série va se forger irrémédiablement.

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Au-delà d'une narration vive et efficace, qui cultive l'humour à bon escient, Protect the Boss charme en effet également grâce à ses personnages. C'est sur (et par) leurs ambiguïtés que l'histoire se bâtit de manière très intéressante. En effet, la série sait non seulement exploiter la recette classique découlant de la rencontre d'un jeune héritier chaebol arrogant et d'une employée spontanée venant bousculer l'ordonnancement de son monde, mais elle va aussi rapidement aller au-delà de cette trop simple caractérisation. No Eun Seol a beau ne pas être diplômée d'une université prestigieuse et ne pas avoir intégré tous les codes sociaux du milieu dans lequel son poste de secrétaire la propulse, elle conserve toujours une assurance inébranlable. A l'opposé, Cha Ji Heon a beau tout avoir sur le papier et être promis à un poste important, il a fini par se juger comme chacun le perçoit, un incapable paralysé par ses peurs et sa certitude d'échouer. Ses crises d'anxiété en public ne font qu'accentuer cette absence de confiance, mal dissimulée derrière des réflexes puérils d'un autre âge.

C'est dans l'association de ces deux êtres très différents que réside le coeur de la série. Confrontés aux exigences d'un quotidien professionnel avec sa dose d'adversité, les rapports de subordination et de dépendance s'inversent peu à peu. Si l'équilibre est tout d'abord très vacillant, un surprenant, presque hésitant, lien de confiance, mais aussi de compréhension, se noue entre Eun Seol, qui n'a jamais froid aux yeux, et Ji Heon, entravé par son naturel excessivement craintif. De plus, pour bien forcer les traits, à cette opposition de caractère, se sur-ajoute aussi un aspect tangible plus physique : tandis que Ji Heon blêmit dès qu'on lève simplement la main sur lui, Eun Sol pratique les arts martiaux et ne manque pas de répondant. La réussite de Protect the Boss va être ainsi de savoir insuffler une ambiguïté aussi bien dans ses personnages, à l'image de l'arrogance teintée de vulnérabilité de Ji Heon, que dans les situations auxquelles elle va les confronter.

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Sur la forme, Protect the Boss est une de ces comédies colorées qui s'épanouit avec une photographie agrémentée de couleurs chatoyantes. La réalisation épouse et accompagne le dynamisme d'ensemble qui parcourt ce drama, la caméra restant plutôt nerveuse, sans jamais en faire trop. Pour accentuer les décalages humoristiques, mais aussi les passages plus émotionnels, la série fait très bon usage de sa bande-son musicale. Plus que les chansons qui sont assez plaisantes, ce sont ses interludes extrêmement rythmées, uniquement instrumentales (utilisant notamment le violon) qui se détachent : elles concluent une scène ou soulignent l'importance d'une confrontation avec un sens de la narration vraiment bien maîtrisé.

Enfin, le casting était sans doute ma plus grande incertitude avant d'entamer le drama. Or il n'y a rien de plus agréable que d'avoir la surprise de tomber complètement sous le charme du duo principal. Ma révélation personnelle, c'est certainement Ji Sung. C'est la première fois que je le croise dans une série qui me plaît (il jouait bien dans Royal Family en début d'année, mais les deux premiers épisodes m'avaient trop peu intéressé pour que je poursuive le visionnage). Dans Protect the Boss, il investit le registre de la comédie avec beaucoup d'aplomb, tellement expressif dans sa façon d'être effrayé d'un rien qu'il vous fera rire spontanément dans les situations les plus improbables. A ses côtés, la sobriété très terre à terre de Choi Kang Hee offre vraiment le pendant parfait, l'actrice trouvant le juste équilibre entre une force intérieure inébranlable et un naturel plus doux. Pour compléter le quatuor principal, on retrouve deux autres acteurs à l'égard desquels je savais que je serais plus mitigée. L'an dernier (certes, en japonais), Hero Jaejoong n'avait pas été très convaincant dans Sunao ni Narenakute, même si l'écriture de son personnage n'y était pas pour rien. Dans Protect the Boss, il est toujours assez limité en terme de jeu d'acteur, manquant singulièrement d'expressivité. Mais la caractérisation de son personnage fait que cela n'est pas rédhibitoire. Quant à Wang Ji Hye (President), elle reste dans son registre habituel, devant pour le moment jouer un personnage qui fait plus office de faire-valoir assez unidimensionnel.

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Bilan : Toujours très dynamique, souvent franchement drôle, à l'occasion aussi désarmante qu'attachante, Protect the Boss est une de ces rom-coms qui fonctionne parfaitement en misant sur la dualité et les ambivalences de ses personnages et des situations auxquelles ils doivent faire face. Le téléspectateur se laisse ainsi charmer par un récit très vif et rythmé qui dispose d'un vrai sens de la comédie, tout en parvenant à rapidement nous impliquer sur le devenir de ses protagonistes. Pour les amateurs du genre.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

Le générique :


Une chanson de l'OST :

05/05/2010

(J-Drama / Pilote) Sunao ni Narenakute : du virtuel à la rencontre IRL, portrait d'une socialisation moderne



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Un "mercredi asiatique" original aujourd'hui : ce n'est pas en Corée du Sud mais au Japon que je vous emmène pour explorer cette saison 2010 et ses nouveautés. Car ma téléphagie a connu un nouveau tournant, parmi les cycles qui l'animent. Cela devait faire plus d'un an que je n'avais plus regardé de j-dramas. Et bien, je vous annonce qu'après de longs mois d'hibernation, il semblerait que mon intérêt pour le Japon se soit soudain réveillé au cours de la semaine passée. En somme, il est fort probable que ce pays ne soit plus une destination si exceptionnelle que ça, dans le cadre du mercredi asiatique (même si la Corée du Sud demeure privilégiée).

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Il faut dire que je passais trop de temps à lire des reviews de séries japonaises, en quête de la petite étincelle, pour échapper éternellement au prosélytisme d'un internaute qui me convaincrait de sauter le pas et de rompre cette distance prise avec le petit écran du pays du Soleil Levant. Le tournant s'est donc produit la semaine passée : sur le blog Ladytelephagy (une mine d'or, notamment en découvertes de pilotes de tous les horizons, que je soupçonne constituée grâce à l'utilisation d'une machine à voyager dans le temps pour réussir à regarder tout cela en le reviewant), la critique proposée sur un des nouveaux dramas de ce printemps a aiguisé ma curiosité : elle concernait Sunao ni Narenakute. Série présentée a priori un peu comme la rencontre improbable de classiques comme Last Friends et Densha Otoko, je suis ressortie très satisfaite de cette découverte.

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Sunao ni Narenakute est un drama diffusé depuis le 14 avril 2010 sur Fuji TV. Projet assez ambitieux à la base, disposant d'un casting accrocheur, la série a la particularité d'avoir choisi comme concept de départ, un outil très actuel : twitter. Cette inspiration n'est pas le propre du Japon, puisque des scénaristes aux quatre coins de la planète (aux Etats-Unis, par exemple) commencent à s'intéresser au potentiel narratif se cachant derrière ces micro-messages du quotidien  et leurs frustrants 140 caractères. Cependant, plus qu'un drama sur cet outil de communication particulier, Sunao ni Narenakute s'empare d'une thématique relativement générale : celle de la place du virtuel dans la construction du lien social au sein de nos sociétés modernes, initiant par ce biais une réflexion sur ses rapports avec la vie réelle. La représentation de twitter dans ce drama le rapproche d'ailleurs un peu d'une forme d'ersatz de chat privé, tant les différents followers paraissent former une communauté fermée (même si la suite du drama nous montre que ce n'est, malheureusement peut-être pour certains, pas le cas).

Sunao ni Narenakute
nous introduit donc dans les vies compliquées de plusieurs jeunes adultes, habitués à échanger leurs dernières réactions sur leur vie via internet. Un quotidien personnel qu'ils présentent évidemment sous un jour biaisé, cédant facilement à la tentation de l'embellir ou de ne sélectionner que certaines informations à partager avec leurs followers. Cependant, le maintien facile de cette fiction, générée par la distance, va voler en éclat le jour où l'un d'entre eux propose une rencontre IRL ("in real life"). La série va alors explorer cette composante spécifique des relations humaines entretenues sur internet, la présentant avec une sobriété et une justesse qui sonnent profondément authentiques. Ne perdant pas de temps en introduction inutile, le pilote présente immédiatement les enjeux. S'y déroule ainsi la première réunion, dans la vraie vie, entre Nakaji (Keisuke), Haru (Tsukiko), Doctor (Seonsu), Linda (Kaoru) et Peach (Hikaru), une amie de Haru se laissant entraîner par l'enthousiasme de cette dernière.

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Le premier attrait de ce drama réside dans la mise en valeur de sa dimension humaine. Signe de la maturité de son écriture, la série aborde des thèmes adultes, n'hésitant pas à traiter de sujets difficiles. Si l'amour demeure invariablement une dynamique centrale, il se place loin d'une présentation fleur bleue idéalisée. Et, surtout, viennent s'y greffer des maux modernes, entravant bien plus sûrement que le jeu des sentiments, le quotidien de chacun des personnages. Certes les premiers épisodes n'évitent pas toujours le recours aux accents du mélodrame. Pour autant, la série ne verse jamais dans un pathos excessif dans lequel l'ambiance se ferait trop pesante. Agrémentée de scènes plus légères, où le collectif soudé permet d'alléger l'ensemble en se tournant résolument vers l'avenir, Sunao ni Narenakute se révèle souvent touchante, voire émouvante. Elle propose une exploitation pleine et entière de toute la large palette d'émotions humaines. Le mélange de ces différents ingrédients fonctionne : il se dégage de l'ensemble une véritable vitalité communicative.

Les scénaristes parviennent instinctivement à un équilibre fragile, mais convaincant, pour le moment, entre les diverses tonalités, réussissant à alterner le drame et les moments d'éclaircie marqués par ce besoin irrépressible d'aller de l'avant. Dans cette perspective, une des forces de Sunao ni Narenakute, qui assoit sa portée, reste d'avoir choisi une approche frontale et explicite pour nous relater les problèmes rencontrés par ses héros. Car, au sein de cette galerie de personnages très différents, rapprochés par une solitude que les rapports virtuels ne peuvent pleinement compenser, leur point commun semble être la façon dont la vie a pu, ou continue de, les abîmer. Nous sommes en effet face à des individus plus ou moins brisés, plongés dans des situations difficiles, voire intenables, pour lesquels cette rencontre IRL va peut-être pouvoir être une bouée de sauvetage. Apprendre ou re-apprendre l'amitié, l'amour... Sunao ni Narenakute, c'est aussi une réponse à l'isolement de l'homme moderne dont le salut passe par la force du collectif.

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Il faut dire que nos héros ont bien besoin de tirer parti de la maxime suivant laquelle "l'union fait la force". Car ils doivent face fae à de vrais problèmes, à bien des égards insolubles. Ainsi, Haru est une jeune professeur qui découvre son métier. Son absence de confiance en elle, qui se manifeste par un manque d'assurance chronique, rejaillit dans sa vie professionnelle, mais aussi personnelle. Nakaji, lui, se rêve artiste-photographe ; mais il navigue pour le moment entre un rôle d'assistant et réalisateur de photos de charme. Plus précaire encore, Doctor a immigré de Corée du Sud il y a quelques années. S'étant créé une identité de médecin dans le monde virtuel, il se heurte en réalité à l'environnement professionnel hostile des commerciaux, subissant quotidiennement humiliations et brimades de la part de ses supérieurs (une forme de racisme ?). Dans cette catégorie "très compliquée", il est également possible d'y classer la vie de Peach, laquelle semble avoir perdu tout sens. Mal dans sa peau, la jeune femme a l'impression d'être cernée de toute part. Entretenant une liaison sans futur possible avec un homme marié, elle pense être enceinte. Cherchant un exutoire dans l'automutilation, c'est un appel au secours qu'elle lance à ses nouveaux amis. Enfin, prouvant que les apparences peuvent être trompeuses, Linda paraît avoir la vie professionnelle la plus épanouie. Mais le jeune homme est confronté aux avances de plus en plus pressantes de sa supérieure hiérarchique. Une situation de harcèlement qui n'arrange pas ses problèmes physiques rencontrés lors de l'acte sexuel lui-même.

En somme, nous voilà donc aux prises avec des personnages bien écornés, parfois de façon irrémédiable. Le flirt avec une issue tragique est continuel. Le flashforward d'ouverture du premier épisode, spoiler dispensable mais qui pose un enjeu majeur, ne fait que souligner une évidence, que Peach mettra la première en acte. En dépit de ce cadre guère festif, Sunao ni Narenakute évite l'écueil de l'apitoiement : c'est un message où perce l'espoire que véhiculent les premiers épisodes de la série, posant finalement les bases optimistes d'une possible amitié. Le drama est d'autant plus dense qu'aucun de ses personnages ne se réduit à ses seules difficultés. Chacun présente plusieurs facettes, que le pilote ne permet que d'entre-apercevoir. Il esquisse des personnalités complexes, très loin d'être unidimensionnelles. Conservant ainsi l'attention du téléspectateur, ce sont autant de promesses pour les épisodes à venir, et de développements potentiels que l'on attendra avec curiosité.

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L'autre grande problématique évoquée par Sunao ni Narenakute correspond à ce portrait de socialisation moderne que le drama introduit. Sa description du passage du virtuel à la rencontre IRL sonne d'ailleurs très juste : sont exposés les différents stades de ce processus, au sein desquels le téléspectateur familier d'internet s'y retrouve aisément, des hésitations initiales jusqu'aux petits flottements et nécessaires ajustements à réaliser lorsque l'on se côtoie ensuite dans la vraie vie. La série est une occasion de permettre l'initiation d'une réflexion sur les rapports nés des réseaux sociaux. Plus globalement, elle traite de la socialisation des générations actuelles, mais aussi de la solitude engendrée par le rythme de vie d'une société qui s'agite autour de chaque individu, sans se préoccuper des sorts particuliers. A ce titre, il faut souligner certains dialogues particulièrement bien écrits, aux accents très authentiques, notamment les moments où les personnages exposent les raisons pour lesquelles chacun a éprouvé le besoin d'échanger sur twitter, puis de se rencontrer dans la réalité. Ces passages intéressants touchent une fibre sensible.

Au-delà des lourds problèmes individuels introduits, Sunao ni Narenakute met en exergue des maux plus profonds dont souffrent les sociétés modernes, soulignant cette déstabilisante perte de repères, conséquence d'une rupture du lien social au sein de milieux pourtant surpeuplés comme l'espace des grandes villes. Chacun s'y croise, mais personne ne se voit, en témoigne la scène du début où Haru et Nakaji traversent le même pont sans échanger un regard. Instinctivement, l'être humain recherche des palliatifs, pour corriger ce sentiment d'isolement. La série est aussi une invitation pour découvrir jusqu'où nos outils de communication et toute cette technologie peuvent nous conduire et nous aider sur cette voie, peut-être aussi à double tranchant.

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Sur un plan formel, la série se révèle des plus solides. La réalisation reste classique, mais offre quelques bons plans. A l'occasion, le découpage de l'écran et les balayages de changement de scènes s'insèrent sans souci dans la narration globale. La bande-son est plutôt sympathique et plaisante, collant bien à l'ambiance générale ; il faut cependant noter la forte présence de chansons anglophones.

Enfin, si tous ces arguments déjà énoncés ne vous ont pas encore convaincu de laisser sa chance à Sunao ni Narenakute, son casting devrait lui attirer les faveurs de quelques téléspectateurs supplémentaires, au vu des têtes connues qui s'y pressent. On retrouve en effet à l'affiche un couple phare composé de Eita et Ueno Juri (ce qui ne fait, certes, que renforcer la tentation du téléspectateur de faire des parallèles avec Last Friends). Pour assurer une touche d'international, le chanteur coréen Hero JaeJoong (membre de DBSQ) est venu pratiquer son japonais. Tamayama Tetsuji et Seki Megumi complètent ce casting assez homogène et plutôt solide.

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    Bilan : Série aux premiers abords assez sombres, Sunao ni Narenakute dresse le portrait désenchanté du quotidien d'une génération plongée dans une société où le lien social s'est dilué. S'intéressant à un nouvel outil de socialisation (twitter), elle esquisse une réflexion sur ces réseaux sociaux capables de faire naître des relations qui, à terme, peuvent devenir tout aussi tangibles et solides. Fable sur l'amitié, tout autant que questionnement sur les rapports et la place du virtuel et du réel, ce drama se rélève très riche en émotions les plus diverses, alternant scènes poignantes et instants d'éclaircie salvateurs. Ses premiers épisodes remplissent efficacement leur office, permettant de s'attacher aux différents protagonistes et donnant envie au téléspectateur de s'investir.


    NOTE : 7,5/10


    Une brève présentation de la série :