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31/10/2010

(UK) Spooks (MI-5) : series 9, episode 6

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Certes, j'avais dit que je ne relèverais, de cette saison 9, que les épisodes marquants dans le bon sens du terme, avant de faire un bilan global à la fin. Le cinquième l'était et avait donc eu droit à une review la semaine dernière. Seulement, face à ce sixième épisode, après avoir, au cours de la semaine écoulée, exprimé et partagé mon opinion sur probablement tous les lieux d'échanges internet relatifs à la série, l'intense frustration née de ce visionnage n'était toujours pas apaisée. Il fallait donc que le billet du jour serve d'exutoire...

Car les scénaristes se sont engagés sur une voie qui semble sans retour pour construire le fil rouge de la saison. Façon maladroite, mais expéditive, de soigner la sortie d'un personnage ? Retournement artificiel reflétant un cruel manque d'inspiration ? Je ne sais pas quel diagnostic faire des problèmes dont souffre cette saison 9, mais les symptômes apparaissent désormais avec évidence. Spooks serait américaine, ne serait-on pas loin de dire qu'elle flirte avec le "jump the shark" ?

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En dépit du twist de l'épisode précédent, où Lucas découvrait l'ampleur de la manipulation entreprise à son égard par cette ancienne connaissance qui fait ressortir tous ses fantômes depuis le début de la saison, l'histoire du jour ne commence pas si mal, traitant cette fois de cyber-espionnage/terrorisme et nous entraînant sur un autre front, moins souvent mis en scène, celui qui se joue par le biais des technologies et de l'informatique. Si les enjeux de mise à jour et de protection des codes demeurent un peu abstrait, la crise au siège du MI-5 sera elle se montrer plus tendue et intéressante pour le téléspectateur. Des hackers se sont en effet introduits dans le système informatique des services de sécurité britanniques. Ils ont ainsi accès à toutes les données et surveillent tous les gestes des agents de la section D. Tarik s'en apercevant rapidement, c'est un jeu de faux-semblant que Harry et ses hommes vont jouer avec leurs assaillants.

Ce renversement narratif de redistribution des cartes, en allant porter le danger jusqu'au QG du MI-5, la série l'a déjà utilisé  à plusieurs reprises, de manière généralement efficace. C'est non seulement un angle d'attaque direct qui remet en cause l'intouchabilité théorique - mais combien de fois violée ? - de ce lieu, mais c'est aussi un rappel désagréable qui légitimise toute la paranoïa ambiante naturelle aux services d'espionnage. Au final, ce cadre de huis clos forcé n'a pas été sans m'évoquer le finale de la saison 4 ("Diana"). Si cela peine un peu à décoller, les efforts pour abuser leurs opposants, puis pour s'échapper, des membres de la section se laissent suivre sans déplaisir. Le point positif que j'y ai personnellement trouvé est de poursuivre, dans la continuité du précédent épisode, l'affirmation du personnage de Dimitri, qui trouve beaucoup plus naturellement ses marques au sein de la section et incarne un héritage Spooks-ien qui sonne bien plus juste que Beth, en dépit des multiples chances que cette dernière s'est vue offrir depuis le début de la saison. Ce ne sont que quelques petites prises d'initiatives, mais dans cette saison qui manque cruellement d'humanité (cette dimension ne tenant que grâce à Harry et Ruth), Dimitri est une bouffée d'air frais. En espérant qu'il survive aux évènements à venir.

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En effet, l'explosion finale se prépare (il ne reste que deux épisodes), et les développements du jour paraissent en poser les derniers jalons, Lucas ayant, cette fois, définitivement franchi le Rubicon, basculant désormais hors de contrôle dans une traîtrise aux motivations floues. De manière hautement symbolique, c'est d'ailleurs seul, séparé du reste de l'équipe, qu'il va vivre l'aventure du jour. Cédant au chantage de cette ancienne connaissance qui le harcèle depuis le début de la saison, pour tenter de sauver les beaux yeux d'une dulcinée qu'il avait perdue de vue il y a tant d'années, dans cette "autre vie", le voilà à la recherche d'un dossier top secret. Devant en même temps assurer sa mission, qui est la protection d'une jeune spécialiste informatique américaine, il tente de concilier les deux, mais finit par donner la priorité à cette nouvelle trahison qu'il s'apprête à commettre. Certes, ce n'est pas lui qui tirera la balle fatale à la jeune femme, mais il a en partie provoqué indirectement cette situation, ne serait-ce qu'en semant de manière abusive son escorte de sécurité et en faisant ce fameux détour pour récupérer le dossier...

Consacrant d'ailleurs sa traîtrise, c'est chez une ancienne figure familière du MI-5 que Lucas doit aller chercher ce document : Malcolm. Un face-à-face trompeur et faussement anodin qui entérine, presque publiquement, la hiérarchie des priorités de l'agent. Le téléspectateur en reste perplexe devant son petit écran. Comment expliquer de manière crédible cette transformation survenue en Lucas depuis le début de la saison ? L'évolution semble renier toute continuité avec les deux saisons précédentes qui avaient entrepris de construire et d'explorer un personnage qui apparaît désormais complètement méconnaissable. Tout sonne faux, artificiel, dans ce fil rouge qui ne prend décidément pas. Certes, j'attends la résolution de l'intrigue et la fameuse explication sur cette "double vie" esquissée pour essayer de comprendre ce que les scénaristes ont eu en tête en se lançant sur cette voie, mais il est à mon avis trop tard pour rattraper et légitimer des errements narratifs trop parachutés pour que le téléspectateur puisse y adhérer.

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Bilan : Si l'intrigue du jour a le mérite de souffler sur les braises de cette ambiance paranoïaque dans laquelle Spooks aime à se complaire et a toujours excellé, l'épisode consacre une évolution du personnage de Lucas bien trop incohérente pour crédibiliser ce fil rouge qui n'a toujours pas décollé alors que s'amorce la dernière ligne droite de la saison. Au vu des ingrédients traditionnels actuellement manquant à Spooks, la série doit faire attention à ne pas, elle-aussi, franchir le Rubicon derrière Lucas.


NOTE : 6/10

22/10/2010

(UK) Spooks (MI-5) : series 9, episode 5

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Avec ses hauts et ses bas, la neuvième saison de Spooks (MI-5) poursuit actuellement sa diffusion sur BBC1. Rassemblant un public de fidèles lui permettant de se maintenir au-dessus des 5 millions de téléspectateurs, elle s'est même offert le luxe,  lundi dernier, de repasser devant sa concurrente directe depuis 15 jours, Whitechapel, qui héberge un de ses anciens piliers, mais qui s'avère incapable de retrouver les sommets d'audience que sa première saison avait connus.

Pas de review chaque semaine, cette année, sur ce blog, par manque de temps malheureusement, mais j'avais promis de mettre en lumière les éventuels épisodes qui sortiraient du lot. Or c'est le cas de ce cinquième épisode de la saison, diffusé lundi dernier en Angleterre. Car si cette intrigue exploite une thématique et suit une dynamique, toutes deux des plus classiques, avec un scénario maîtrisé qui sonne comme un écho à une certaine tradition Spooks-ienne avec laquelle il est toujours agréable de renouer, la série délivre sans doute son plus convaincant épisode, jusqu'à présent, dans la saison.

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Classique, cet épisode l'est par ses enjeux : des pourparlers de paix secrets relatifs au Moyen-Orient, organisés à Londres, sous la tutelle du président des Etats-Unis, et dont il faut assurer la sécurité. Tout en s'occupant des délégations israéliennes et palestiniennes, la section D du MI-5 découvre que des informations relativement à ce projet de rencontre ont fuité... Ce n'est pas seulement une journaliste anglaise qui en a eu vent, sa source se révélant située au Liban. Rapidement, il apparaît clair que certaines personnes seront prêtes à tout pour faire échec au sommet. Au milieu de camps instinctivement opposés et sur leurs gardes, alors que c'est une menace directe contre la vie du président des Etats-Unis qui paraît se préciser, le MI-5 va avoir fort à faire pour tenter de stopper l'irréparable.

Classique dans son sujet, l'épisode l'est aussi dans sa construction narrative, usant et abusant de cet art du retournement et du rebondissement si cher à la série. L'intrigue est menée promptement, sans temps mort, l'enquête progressant tout autant que se perdant en conjectures, au fil d'un épisode fort prenant. La multiplicité des intérêts en cause et l'apparition d'acteurs dont l'implication vient troubler un peu plus l'illusoire frontière manichéenne entre partisans de la paix et "terroristes", sont gérées de main de maître, portées par une tension allant crescendo. Si, avec le temps, l'art de prendre le téléspectateur à contre-pied de Spooks est devenu plus prévisible - il suffit de se demander quel twist peut paraître à la fois le plus improbable mais logique a priori, si bien que j'avais vu juste dès le départ pour l'affaire du jour -, la recette n'en demeure pas moins diablement efficace.

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Ce qui m'a le plus enthousiasmé dans cet épisode, c'est ce diffus, mais toujours savoureux, parfum de "old Spooks" qui semblait régner sur l'intrigue du jour, dans ses thèmes comme dans la gestion de sa progression où les réflexes et les déductions instinctives des agents sont mis à rude épreuve. Plus l'histoire avance, plus elle se complexifie, l'ambition du projet final allant bien au-delà du simple empêchement de mener à bien ces pourparlers de paix. Comme toujours dans Spooks, les lignes de démarcation a priori traditionnelles sont faites pour être bouleversées ; rien n'est noir ou blanc, tout est gris et sujet à caution. Si certains rebondissements de l'intrigue peuvent paraître un peu gros, le téléspectateur se prend facilement au jeu de la tension ambiante. En effet, l'histoire est construite de telle façon qu'elle permet une escalade du suspense et des enjeux vraiment très entraînante.

L'épisode a de plus l'avantage de continuer d'installer les deux dernières recrues de la section D, Beth et Dimitri (ce dernier n'ayant guère eu l'occasion de briller pour le moment) étant envoyés sur le terrain auprès des délégations palestiniennes et israéliennes. L'ensemble propose ainsi une approche assez chorale, offrant un peu de développement à chacun des personnages. Plutôt que de se concentrer sur un seul, faisant de ceux qui l'entourent des faire-valoirs commodes, je préfère ce traitement plus égalitaire qui a l'avantage d'être homogène et de faire ressortir une forme d'esprit d'équipe qui était un des atouts traditionnels de la série.

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Cependant, au-delà même de l'intrigue du jour, si l'épisode m'a autant plu, c'est aussi parce qu'il laisse un peu de côté l'intrigue actuellement en cours de développement, concernant les mystères de l'identité passée de Lucas, ses secrets et la dangereuse voie vers la trahison qu'il semble suivre depuis le début de la saison. Je dois bien avouer ne pas être enthousiasmée - c'est un euphémisme traduisant ma perplexité - par cette maladroite tentative de création de fil rouge pour laquelle a opté cette neuvième saison. Semblant se superposer de manière excessivement artificielle aux histoires de chaque épisode, ces questionnements sur Lucas peinent à trouver une crédibilité à mes yeux. Ils suscitent également peu d'intérêt, tant les quelques bribes d'informations, offertes au téléspectateur, le laisse dans un flou très abstrait quant à la réelle situation de l'agent du MI-5.

Au final, j'ai surtout l'impression que les scénaristes continuent de s'entêter à essayer de reproduire le coup de maître de leur saison 7, malheureusement sans en avoir matériellement les moyens au niveau des twists à leur disposition. Pour le moment, cette histoire est trop invraisemblable - tout comme la relation amoureuse parachutée pour créer une dimension émotionnelle et qui, au mieux, ne suscite qu'un désintérêt relatif. Le supposé twist de fin d'épisode m'a ainsi surtout fait lever les yeux au ciel. Peut-être que lorsque nous en saurons plus sur les tenants et aboutissants de tout cela, ces éléments disséminés tout au long de ce début de saison prendront tout leur sens et je les saluerais a posteriori... Mais pour le moment, avec ce cinquième épisode, j'ai surtout envie d'applaudir le fait que l'intrigue du jour ne se laisse pas parasiter par ces préoccupations extérieures.

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Bilan : Classique dans les enjeux mis en scène, comme dans sa construction narrative riche en redistribution des cartes et autres rebondissements, ce cinquième épisode s'inscrit parfaitement dans une certaine tradition Spooks-ienne qu'il est toujours plaisant de retrouver ainsi mise en avant de manière convaincante. La tension va crescendo, exploitant toutes les ressources humaines de la section D. Cela donne au final un résultat particulièrement prenant et globalement bien maîtrisé, qui se concentre sur l'essentiel (les pourparlers) et délaisse ce qui semble le plus expérimental cette saison (le fil rouge).

Bref, j'ai vraiment passé un bon moment devant ma télévision !


NOTE : 8/10

26/09/2010

(UK) Spooks (MI-5) : series 9, episode 1

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Lundi dernier marquait un retour que j'attendais tout particulièrement : le début de la saison 9 de Spooks (MI-5) sur BBC1. Mine de rien, il s'agit de la plus ancienne série en production que je suis actuellement. Depuis ses débuts en 2002, elle a considérablement changé, pas seulement concernant ses protagonistes. Pourtant il y a aussi quelque chose d'immuable dans cette fiction, une ambiance particulière dans laquelle on s'immerge chaque année avec une fascination constamment renouvelée. Sans doute la longueur de saison, couplée aux constants changements de personnel et aux prises de risque des scénaristes, permettent-ils à la série de savoir évoluer, sans tomber dans des schémas qui seraient répétitifs à l'excès. Tant que le phare de cette série, le pilier indéboulonable, à savoir Harry Pearce, sera là, l'âme de la série sera conservée.

L'an dernier, j'avais reviewé épisode par épisode la saison 8. Malheureusement, cette année, je manque de temps libre pour me lancer dans une telle entreprise. Cependant, s'il y a des lecteurs qui sont réellement intéressés par une critique épisode par épisode, qu'ils n'hésitent pas à se manifester et je verrais si je peux distendre un peu mon emploi du temps et proposer des reviews un peu plus light, mais quand même hebdomadaire. Sinon, outre ce premier épisode, vous aurez au minimum droit à un bilan d'ensemble complet et détaillé de cette saison 9 à la fin de la diffusion.

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Ce premier épisode de la saison 9 s'ouvre sur une scène à laquelle on a sans doute déjà trop assisté depuis les débuts de Spooks : une messe d'enterrement. L'explosion sur laquelle s'était conclu le season finale, l'an passé, n'avait pas laissé de doutes sur le destin de Ros, roc solide de la section depuis plusieurs saisons et qui aura finalement réalisé le sacrifice ultime en refusant d'abandonner le ministre dans cet immeuble piégé. Pour autant, ce premier épisode laisse peu de place au deuil. Seuls les états d'âme de Harry se chargeront de nous rappeler combien toute l'équipe a été affectée par les évènements. Car les comptes se soldent rapidement, avec une certaine impitoyabilité propre à la série. Harry règlera ainsi, avec méthode, le sort de l'ancien ministre démissionnaire, qui se révéla être un autre traître impliqué dans cette vaste conspiration qui faillit ébranler l'ordre mondial. La scène, filmée de manière faussement casuelle, impose une froide distance émotionnelle d'apparat, à la fois troublante et fascinante, qui rappelle toute l'essence de la série.

Cependant, l'épisode ne va pas s'appesantir trop longtemps sur le passé, nous replongeant rapidement dans l'action par le biais d'une intrigue relativement bâteau (tout est dans le jeu de mots), vue et revue cent fois. Une menace terroriste contre l'Angleterre, un agent à éliminer, des imprévus qui viennent bouleverser les plans et, au final, un choix impossible à faire pour un sauvetage de dernière minute au cours duquel Harry doit prendre une décision difficile en son âme et conscience. L'ensemble est rythmé, mais les rebondissements s'enchaînent de manière relativement prévisible, ne laissant que peu de place à un suspense distendu qui empêche le téléspectateur de vraiment se prendre au jeu. Cela fait surtout office de retrouvailles musclées - avec un Lucas complètement détaché de toutes contingences émotionnelles - afin de faire repartir la série sur ses bases traditionnelles.

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En réalité, le principal mérite de cette histoire va être de servir d'introduction à deux nouveaux protagonistes qui ont rejoint ou vont rejoindre les rangs du MI-5 cette saison. Jeune femme blonde aguerrie au contact des services de sécurité privés, Beth s'impose de facto, avec sa répartie facile et une certaine arrogance, comme un pendant naturel à Lucas. Elle n'a pas froid aux yeux, tergiverse peu et débarque dans la section avec une culture du secteur privé prononcée et assumée. Reste à Sophia Myles (Moonlight) à s'affirmer dans ce rôle abrasif, car j'avoue que durant ce premier épisode, son interprétation ne m'a encore pleinement convaincue. L'autre recrue est un ancien des forces spéciales, Dimitri. C'est donc un homme d'action et de terrain dont la présence devrait permettre de renforcer un peu les rangs dépeuplés de la section D au cours des opérations. Il est incarné par Max Brown. Si ce dernier m'avait laissée des impressions mitigées dans The Tudors ou encore Mistresses, il réussit très bien son entrée dans ce premier épisode.

Réglé comme du papier à musique quant au traitement de la menace terroriste du jour, l'épisode se charge dans ces dernières minutes d'amorcer la trame de la saison, nous faisant assister à une rencontre aussi cryptique que mystérieuse entre un homme inconnu, qui lui remet une valise, et Lucas. Le seul sous-entendu parfaitement clair pour le téléspectateur, c'est que l'identité utilisée par ce dernier serait fausse... Serait-il un agent infiltré auprès du MI-5 ? Qui seraient ses commanditaires ? Tout cela semble évoquer des faits très lointains. En attendant, l'épisode se clôt sur ces mille et une questions ainsi créées. A suivre...

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Si tous ces ingrédients donnent un épisode des plus honnêtes, les aspects les plus intéressants et les plus solides de ce début résident dans le duo qui symbolise et incarne plus que jamais l'esprit de Spooks : Ruth et Harry. Leur complicité semble n'avoir jamais été aussi fusionnelle que lors de ce dialogue final, teintée d'une émotion retenue mais dont l'intensité est pourtant pleinement ressentie par le téléspectateur. Marqué par la mort de Ros et la trahison d'un homme qu'il a considéré comme un ami, Harry s'interroge sur son futur, fatigué de ces inextricables dilemmes que, chaque jour, il doit trancher. Il envisage la démission, tout en se raccrochant à celle qui signifie tout pour lui, Ruth.

Les diverses scènes que les deux partagent dans cet épisode soulignent, encore une fois, à quel point ils se complètent, naturellement, sans plus vraiment y faire attention. Chacun se contrebalaçant et, surtout, canalisant les réactions de l'autre, lorsque ce dernier est déstabilisé. La demande en mariage est sans doute maladroite, mais elle correspond au personnage de Harry, traduisant de la lassitude profonde qui achève d'ébranler ses certitudes. Tandis que la réponse de Ruth, dans sa déclaration finale, sonne d'une étonnante justesse au milieu du cadre du MI-5, à la fois troublante et touchante, qui caractérise parfaitement la nature particulière de leur relation, reflet d'un fragile équilibre dont les subtilités illuminent pourtant l'écran.

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Bilan : Spooks signe un retour correct qui, suivant un schéma bien établi, solde les comptes du passé, tout en posant les bases de la saison à venir, introduisant de nouveaux personnages et faisant naître, par son twist final, de nouveaux doutes à l'encontre d'un membre de la section D. L'intrigue terroriste est trop calibrée pour vraiment marquer, mais elle a le mérite de permettre un lancement efficace et musclé. Par contraste, les moments les plus marquants de l'épisode seront, eux, plus intimes ; c'est incontestablement toute la relation et les échanges entre Ruth et Harry, bénéficiant d'une finesse d'écriture à saluer, qui constituent le point d'orgue de ce series premiere.  


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de cette saison 9 :

20/06/2010

(Pilote US) Rubicon : invitation aux extrapolations conspirationnistes


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A la suite du season finale de Breaking Bad, AMC avait choisi de profiter du lead-in d'une de ses séries phares pour dévoiler à ses téléspectateurs la première heure du pilote d'une nouvelle de ses productions, très attendue, Rubicon. Une façon de proposer un petit aperçu intrigant afin de fixer un rendez-vous au coeur de l'été, la diffusion officielle de la série devant débuter au mois d'août.

J'avoue que la thématique conspirationniste mise en valeur, ainsi que les quelques échos critiques croisés ci et là sur le web, avaient retenu mon attention. Ma curiosité téléphagique aura finalement eu raison de mes hésitations à découvrir un "demi-pilote" quasiment deux mois avant que la série ne soit officiellement lancée (surtout si cette fiction repose sur une trame de fond complexe liant l'ensemble). Mais j'ai donc finalement regardé ce premier épisode de Rubicon. Et, si je dois reconnaître être très bon public, voire même friande de ce type d'histoire, mon verdict est enthousiaste : j'ai adoré cette première incursion dans l'univers de la série.

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Comme son titre ne l'indique pas, il n'est pas question d'Antiquité romaine dans cette série contemporaine se déroulant aux Etats-Unis, de nos jours. Rubicon se présente sous les traits aguicheurs d'un thriller conspirationniste dans la plus belle tradition du genre, prompt à aiguiser la paranoïa de son personnage principal, comme celle des téléspectateurs. En résumé, elle est présentée comme une invitation à nous plonger dans l'envers du décor, dans les coulisses d'un pouvoir réel derrière des dirigeants fantoches et les ressorts apparents aux yeux du public. En attendant de découvrir la réelle ampleur de ce qui se trame en arrière-plan, ce premier épisode de Rubicon sert avant tout d'exposition. Il introduit ses protagonistes et va être un catalyseur expliquant les évènements qui suivront.

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Will Travers travaille à l'American Policy Institute. Il analyse l'intelligence fournie par divers services de renseignements, notamment de sources gouvernementales. Son travail consiste donc à établir des liens entre des données sans rapport apparent entre elles, en les recoupant de façon à en faire apparaître, au fil des déductions, le tableau global des situations qui leur sont soumises. Ce quotidien est une routine un peu léthargique pour Will qui ne s'est jamais remis des décès de sa femme et de sa fille dans les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center. Considéré comme un des éléments les plus brillants du service, il a conservé sa position en partie pour son supérieur hiérarchique direct qui était le père de son épouse.

Un jour, Will recoupe par hasard les grilles de mots croisés de divers journaux et y découvre d'étranges références. Intrigué, il en parle à son beau-père qui balaie d'un revers de main, sur le ton de la plaisanterie, ses interrogations. Pourtant, peu après, ce dernier lui remet, en guise de cadeau d'anniversaire, les clés d'une moto, sous forme d'invitation à partir se ressourcer ailleurs. Il ne tiendra jamais sa promesse de tout lui expliquer le lendemain : le train qu'il prend pour se rendre au travail subit en effet une terrible collision. Des non-dits, d'étranges détails qui n'ont aucun sens, conduisent Will à s'interroger sur la réalité de ce drame. Avec l'idée d'enquête flottant dans un coin de sa tête et après avoir longtemps hésité, l'analyste accepte finalement la promotion qui lui est offerte et succèder à son beau-père.

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Thriller conspirationniste soigné, Rubicon s'approprie avec classe tous les codes scénaristiques du genre. Les interrogations progressives de Will, au fil de l'épisode, à mesure que des détails étonnants retiennent son attention, constituent une première immersion efficace. Les enjeux de la série sont clairement posés, au-delà du mystère contenu dans les mots croisés, la mort du beau-père va constituer l'élément moteur des investigations du personnage principal. Le pilote pose donc des fondations solides pour pouvoir construire sur cette base toute la série. Il bénéficie également d'une atmosphère parfaitement en adéquation avec le récit : l'ambiance y est lourde et sombre peu à peu dans une paranoïa latente où le moindre inconnu croisé sur un quai de gare désert attirera sur lui une attention teintée d'inquiétude.

De manière astucieuse, les scénaristes, étant conscients que nous ne sommes qu'au début, et donc que, pour le téléspectateur, les choses sont encore plus floues que pour Will, distillent avec parcimonie juste assez d'indices permettant de bien suggérer qu'un tableau plus complexe existe en arrière-plan. A défaut d'avoir l'implication émotionnelle de Will pour se lancer dans cette quête, notre curiosité est donc savamment aiguisée par ces quelques passage un peu en aparté. La première scène de l'épisode, un suicide, donne d'ailleurs immédiatement un ton grave qui souligne la profondeur des ramifications à découvrir, tandis que la scène finale ne fait que confirmer cette information, attisant un peu plus l'intérêt d'un téléspectateur de toute façon déjà pleinement entré dans la série.

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Le téléspectateur se glisse donc sans difficulté dans l'ambiance de Rubicon, presque plus happé par ce qu'il pressent ou perçoit, que par ce dont il est véritablement témoin. Car ce pilote, en plus d'être doté d'un scénario solide et efficace, bénéficie d'une écriture assez ambitieuse, où les scénaristes ne pèchent jamais par excès d'informations. Tout n'est pas livré clef en main, même si la mise en scène soupçonneuse laisse peu de place à une ambivalence réellement subtile Le contenu est dense, les informations nombreuses ; et, finalement, on a l'impression que le téléspectateur est comme invité à entrebâiller, aux côtés du héros, la porte donnant sur des coulisses dissimulées, afin découvrir des connexions formant un toutélié déstabilisant.

Parallèlement à ce contenu des plus stimulants, la dimension humaine de la série n'est pas pour autant négligée. Le pilote insiste surtout sur le personnage principal de Will. Il sera le repère du téléspectateur. C'est un homme fatigué, quelque peu déconnecté par moment, qui est encore en deuil et fonctionne suivant un quotidien plus ritualisé qu'autre chose. Si la routine est brisée dans ce pilote, des mots croisés jusqu'à la mort de son beau-père, l'épisode s'attache à décrire avec beaucoup d'humanité les deux facettes du personnage, la lassitude comme l'excellence de ses facultés d'analyses, au cours desquels il s'anime. Aussi usé soit-il, Will a en effet une capacité étonnante pour établir des connexions entre des éléments d'informations a priori sans rapport. Il se coule donc sans problème dans l'atmosphère de la série, figure logique dans une telle thématique conspirationniste.

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Sur un plan formel, Rubicon ne prend pas de risque particulier. La réalisation se situe dans la moyenne haute ; sans proposer d'initiative particulière, la caméra nous offre quand même quelques plans soignés. Le style, comme les teintes des images, sont en harmonie avec la tonalité du récit.

Côté casting, les téléspectateurs américains retrouveront James Badge Dale, tout juste sorti de la mini-série printanière de HBO, The Pacific. A ses côtés, figurent également Jessica Collins (The Nine), Arliss Howard, Dallas Roberts (The L Word), Miranda Richardson, Christopher Evan Welch ou encore Peter Gerety.

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Bilan : Tout en se dévoilant peu, Rubicon intrigue, piquant la curiosité d'un téléspectateur ne pouvant rester insensible à cette ambiance chargée de mystères et de non-dits que ce pilote parvient immédiatement à instaurer. La série bénéficie d'une écriture ambitieuse, où rien n'est pré-mâché pour un téléspectateur invité à plonger dans un récit exploitant pleinement tous les ressorts d'une fiction conspirationniste. On se laisse donc prendre au piège des questions soulevées, des suggestions générées par certaines scènes, rapidement pris dans la toile d'araignée de ce vaste mystère dont nous ne pouvons que pressentir les ramifications, aux côtés d'un personnage principal pour lequel on éprouve rapidement une certaine affection.

Ce pilote d'exposition remplit donc efficacement sa mission, dévoilant un potentiel pour faire de Rubicon un thrilller passionnant. La curiosité aiguisée, il sera difficile au téléspectateur de ne pas prendre rendez-vous pour les semaines à venir. De mon côté, tout en reconnaissant mon penchant naturel pour de telles histoires, me voilà d'avance scotchée à ma télévision pour la suite !


NOTE : 8,5/10


La bande-annonce de la série :

16/06/2010

(J-Drama) Gaiji Keisatsu : jeux de dupes, jeux d'espions, au sein de l'antiterrorisme japonais


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Aujourd'hui, pas de test de pilote, mais le bilan d'une série entière. Mon coup de coeur asiatique de la semaine est une découverte inattendue en provenance du Japon, une immersion dans les services de lutte antiterroriste de la police de ce pays : Gaiji Keisatsu. En bien des points, je serais tentée de dire qu'il s'agit d'un drama juste parfait pour mettre l'été à profit afin d'élargir son horizon téléphagique et découvrir (enfin) une série asiatique. Pourquoi ? Pour vous situer son genre, essayons-nous à l'exercice des parallèles : sobre et magistralement menée, Gaiji Keisatsu traite de menaces sur la sécurité intérieure avec la paranoïa et la maîtrise d'un Spooks (MI-5) des grands jours. De plus, autre atout pour achever de convaincre les derniers récalcitrants : c'est une série courte. Son format lui permet de ne pas s'étaler inutilement et de maintenir constante la tension qui y règne, car elle ne compte en effet que six épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun.

Adaptation d'un roman éponyme d'Aso Iku, diffusée par NHK du 24 novembre au 19 décembre 2009, Gaiji Keisatsu (6 x 50') s'est donc révélée être l'excellente surprise de ce mois de juin dans mes programmations sériephiles. En résumé, c'est un peu ce qu'un drama comme IRIS aurait pu être, si ses scénaristes avaient mieux maîtrisé leur sujet.

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Gaiji Keisatsu nous plonge au coeur d'une branche à part des forces de police japonaise, celle qui s'occupe des Affaires étrangères, surveillant notamment les allées-venues sur le territoire national. En charge de la sécurité publique du pays, elle est celle qui lutte contre toutes les menaces internationales, tel que l'espionnage ou le terrorisme. Elle agit généralement de concert avec le bureau de la CIA basé à l'ambassade américaine, qui a historiquement été longtemps le donneur d'ordres de ce service. L'agence de renseignements américaine leur fournit d'ailleurs toujours des renseignements. Elle informe ainsi le directeur, Ariga Shotaro, d'une menace terroriste potentielle qui pèserait sur eux. Un mystérieux mercenaire très dangereux, connu sous le pseudonyme de "Fish", aurait infiltré le pays. L'enjeu est d'autant plus important que le Japon doit accueillir une cible de choix : une importante conférence internationale liée à l'antiterrorisme va prochainement s'y tenir.

Mais l'air n'est pas au tout sécuritaire, notamment au sein du gouvernement qui voit d'un mauvais oeil tous les crédits engloutis chaque année dans la division des Affaires étrangères. Le Japon n'a pas de tradition dans les services de renseignements. Mais, de toute façon, existe-t-il encore des menaces extérieures concrètes pour lui ? L'ambitieuse ministre aspire surtout à réduire le budget, quitte à privatiser une partie des forces de sécurité. Elle ne croit pas une seule seconde que le Japon puisse être une cible terroriste potentielle. Ne disposant pas d'éléments suffisants, le directeur Agira Shotaro n'insiste pas, mais il décide de poursuivre les investigations en cours afin d'identifier ce mystérieux "Fish" et savoir ce qu'il prépare. Pour cela, il a confié cette mission à l'unité dirigée par Sumimoto Kenji, un vétéran qui s'est longtemps occupé de démasquer les espions russes, avec des méthodes pas toujours très orthodoxes, mais généralement efficaces.

Parallèlement, Matsuzawa Hina est une jeune officier de police. Après un premier contact mouvementé avec l'unité de Sumimoto, alors qu'elle souhaitait interroger un étranger dans une affaire de viol, elle est transférée dans cette unité. Elle va rapidement découvrir que cette division agit à un niveau très différent des autres départements de police. Quand l'intérêt public est en jeu, l'intérêt des particuliers est facilement sacrifié ; d'autant plus que son supérieur hiérarchique, maître manipulateur, ne semble reculer devant rien pour mener à bien leur mission.

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Gaiji Keisatsu se révèle être un thriller de haut standing, admirablement maîtrisé sur la forme comme sur le fond. En nous plongeant dans une intrigue de lutte contre le terrorisme, la série se réapproprie dans le même temps les codes scénaristiques des fictions d'espionnage. On y retrouve, particulièrement bien exploités, tous les ingrédients classiques du genre : de l'organisation secrète tirant les ficelles et obéissant à des objectifs plus lointains, aux trahisons et défections dans les deux camps, en passant par des double-jeux quotidiens et la gestion des "collaborateurs", informateurs au statut particulier de la police japonaise. Tout cela se déroule avec en toile de fond des menaces contre la sécurité du pays. Même l'omniprésente CIA vient se mêler à la bataille, pour des passages au fort accent anglophone. Au final, cela donne un cocktail explosif mis en scène de façon très convaincante.
 
Évoluant dans une ambiance très sombre, Gaiji Keisatsu va prendre plaisir à déstabiliser le téléspectateur par son imprévisibilité. Le drama glisse peu à peu dans une sourde paranoïa de circonstances qu'il va entretenir au fil des épisodes. Rapidement, c'est un tableau d'une complexité fascinante qui se dessine sous nos yeux. Riche en ambivalences et en contradictions, la situation se complique chaque jour davantage, à mesure que les enjeux réels se dévoilent. Car, si l'enquête visant la menace terroriste progresse lentement, dans ce terrain trouble sur lequel se déroule la série, le danger provient tout autant de l'extérieur que de l'intérieur même du service. C'est d'autant plus vrai que les frontières entre les camps ne sont pas figées, les loyautés fluctuant dangereusement au gré des opportunités.

Même la trahison semble y être une notion toute relative. Nous nous retrouvons dans un milieu où la fin justifie les moyens. Le sort personnel des individus impliqués s'efface, victimes collatérales de la raison d'État, pions sacrifiables dans cette vaste partie d'échec où ce sont les enjeux nationaux et les ambitions des plus hauts responsables qui dictent les règles du jeu. L'intérêt public prétendu semble souvent bien insaisissable. Dans un cadre où tout n'est que faux-semblants, il faut intégrer ce mode de fonctionnement ou risquer d'être broyé. La manipulation y est élevée au rang d'art, si bien qu'elle en devient une technique de management utilisée au sein même de l'unité d'investigation. Matsuzawa Hina devra rapidement rayer le mot "confiance" de son vocabulaire : jusqu'où ira-t-elle sur la voie impitoyable où elle s'est engagée sans s'y perdre elle-même ?
 
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En plus de parvenir à créer une atmosphère des plus intrigantes, Gaiji Keisatsu dispose d'un scénario très solide. A chaque épisode viennent se greffer de nouvelles complications et de nouvelles pièces du puzzle sont révélées, troublant la compréhension globale du téléspectateur qui ne conservera qu'un temps seulement Hina comme point d'ancrage sur lequel se reposer. La série se révèle admirable de maîtrise, construisant une tension sourde qui prend à peu le pas sur tout le reste. Chaque action indépendante finit par s'emboîter dans le complexe puzzle de l'intrigue principale, dévoilant un magistral "toutélié" qui retient toute l'attention du téléspectateur.
 
Ce drama forme un tout, avec un fil rouge qui s'étend tout au long des six épisodes : il s'agit de déjouer les projets du mystérieux "Fish" et surtout de découvrir ses commanditaires. C'est dans ce cadre que chaque épisode va marquer une avancée, ou un développement particulier pour accomplir cette mission. Mais les premières réponses obtenues paraissent presque vaines ; car à mesure que la série prend peu à peu toute son ampleur, elle révèle une complexité aussi déstabilisante que passionnante.
 
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Pour autant, aussi attrayant que soit le suspense principal, un des atouts de Gaiji Keisatsu est de ne pas négliger de développer sa dimension humaine. C'est aussi à travers les blessures intérieures de ses personnages que la série acquiert une véritable épaisseur. Ici, le thriller se conjugue avec la mise en scène de drames humains. C'est parfois dur, voire même poignant. Les scénaristes prennent le temps de s'interroger sur les motivations de chacun, explorant ses personnages avec beaucoup de soin. Tout cela permet au téléspectateur de s'investir émotionnellement dans ce drama.
 
De manière générale, les protagonistes de Gaiji Keisatsu s'inscrivent la droite lignée du scénario global, reflétant cette absence déconcertante de manichéisme et défiant toute classification trop rapide. Ils évoluent au fil de la série, gagnant en nuances et montrant d'autres facettes de leur personnalité. Si Hina fait au début figure d'innocente plongée dans un monde dont elle n'a pas encore les clés, repère solide du téléspectateur, elle intègre peu à peu les exigences de son nouveau travail. Encore versatile, en quête de certitudes, l'élève dépassera-t-elle le maître ? C'est ce dernier, Sumimoto Kenji, qui constitue le véritable personnage phare de la série. Froid et calculateur aux premiers abords, il pourrait paraître antipathique s'il n'était pas immédiatement aussi fascinant. Et le trouble le concernant va grandissant au fur et à mesure que la série progresse. De plus en plus ambivalent, le téléspectateur apprend à le connaître. A travers ses failles, on découvre un autre pan du personnage, plus émotionnel que l'image qu'il aime renvoyer.
 
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Sur la forme, Gaiji Keisatsu est au diapason de la tonalité de son contenu. La réalisation est volontairement nerveuse. Elle change souvent de styles, allant jusqu'à utiliser des plans pris caméra à l'épaule qui contribuent à dynamiser l'ensemble. Cependant, on reste à l'écran dans une sobriété toute japonaise. L'image est assez sombre (parfois même, peut-être un peu trop), allant du pastel au noir et évitant toute couleur chatoyante. La musique est utilisée avec beaucoup de retenue, uniquement lors de certains passages la justifiant. Il n'y a aucune chanson. Seulement des morceaux musicaux qui viennent souligner les moments de tension.
 
Enfin, le casting se révèle quant à lui très convaincant. D'une sobriété prenante, sans aucun sur-jeu, le téléspectateur n'en ressentira pas moins l'intensité émotionnelle de certains passages. Watabe Atsuro délivre une performance absolument magistral pour incarner le si troublant Sumimoto Kenji. Ono Machiko joue la jeune policière catapultée dans ce milieu si déstabilisant de l'antiterrorisme. A leurs côtés, on retrouve également Ishida Yuriko, Endo Kenichi, Yo Kimiko ou encore Ishibashi Ryo.

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Bilan : Gaiji Keisatsu est un petit bijou d'espionnage. Un thriller au scénario admirablement bien maîtrisé. La série nous plonge dans un univers de faux-semblants, sans aucun manichéisme, où les vrais enjeux demeurent longtemps cachés danss l'ombre. Tout est ambivalent dans cet univers trop sombre et impitoyable, où chacun manipule l'autre, suivant son propre agenda. La réussite de ce drama est aussi de ne pas se contenter seulement du suspense qu'il génère, mais d'investir une dimension humaine qui ajoute à la richesse, mais aussi aux ambivalences, de l'histoire. Gaiji Keisatsu est une série dense qui joue ainsi sur plusieurs tableaux. 

En somme, voici un drama à découvrir de toute urgence !


NOTE : 8,75/10


Un extrait vidéo des cinq premières minutes du premier épisode :