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02/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 5

Spooks continue sur la voie tracée par cette saison 8 : des ingrédients efficaces, présentés avec pas mal de précipitation, si bien qu'il manque ce petit plus, cet esprit particulier, que la série était parvenue à créer au cours de la saison précédente. Mais il faut bien avouer que les bouleversements de casting y sont pour beaucoup dans cet équilibre encore précaire, manquant d'homogénéité, qui s'est instauré au sein de notre équipe du MI-5.

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Ce cinquième épisode reprend immédiatement après la conclusion marquante du précédent. Celui qui coordonnait les activités de la CIA en Angleterre est passé par-dessus la balustrade dans leur QG, s'écrasant quelques dizaines de mètres plus bas. Une question s'impose : suicide ou meurtre ? Si la CIA semble présenter la thèse du suicide, Sarah fournissant des prétextes, Harry nourrit des suspicions très différentes. Il avait eu une discussion peu avant son décès avec l'agent, concernant ses avancées dans l'enquête sur la fameuse réunion de Bâle. Les cartes sont encore plus brouillées lorsqu'un autre officiel américain meurt d'une crise cardiaque, après qu'on lui ait injecté un poison. Le MI-5 prend donc les choses en main pour se renseigner sur ces évènements ; en commençant par déterminer si ces morts sont liées ou non.

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A partir de cette situation de départ, l'épisode va décliner bonnes et moins bonnes idées. Tout d'abord, il se concentre cette fois sur Ros, toujours admirable de maîtrise, et nous donne l'occasion d'en apprendre un peu plus sur elle et sa formation, car nous rencontrons son mentor, Jack Coleville, qui l'a recrutée. Cela offre un nouvel éclairage très enrichissant sur le personnage. Malheureusement cette introduction du mentor se révèle liée à la trame principale des divers agents officiels qui sont tués. Si bien que le scénario transforme tous ces éléments en toutélié quelque peu artificiel qui ne convainc pas pleinement. Approfondir Ros était un objectif louable, très réussi, mais cela aurait été mieux servi par un scénario plus équilibré et moins précité. L'intrigue est insuffisamment travaillée, si bien que même si on suit Ros avec intérêt, il est difficile pour le téléspectateur de s'immerger dans cette histoire où les scénaristes ne prennent pas le temps d'humaniser réellement Coleville, figure prétexte pour s'intéresser à Ros et constituant un effet dilatoire parfait pour retarder l'explosion d'évènements liés à Bâle et au nouvel ordre mondial. Ros aurait mérité mieux.

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Pour autant, l'épisode ne traîne pas sur ce grand fil rouge de la saison. En effet, comme la mort du responsable de la CIA n'est initialement pas distinguée des autres décès, le MI-5 s'intéresse de près aux évènements qui se sont produits dans leur QG ; d'autant que Harry révèle ce qu'il sait pour le moment à Ros et Lucas. Passage qui peut d'ailleurs amener à s'interroger sur la continuité avec l'épisode précédent, où Lucas avait entendu explicitement parlé de Bâle, mais où Harry avait tout nié en bloc... Si cette mort est belle et bien liée à cette conspiration, cela ne devrait-il pas amener à Harry à être doublement suspicieux ? Reste que si Sarah tente bien, timidement et de manière peu convaincante, de les orienter vers la thèse du suicide d'un agent qui était véreux et sur le point de tomber, Harry n'y croit pas une seule seconde. Finalement assez aisément, grâce à une Ruth toujours très débrouillarde, ils apprennent que parmi les personnes qui se trouvaient dans l'immeuble à l'heure de la mort du responsable, figure Sarah... Révéler aussi rapidement son double jeu au MI-5 est un choix scénaristique qui s'inscrit dans l'optique de cette saison : les choses évoluent très rapidement -parfois de manière un peu précipitée. Comme rien n'est figé, les rapports de force changent vite et cela permet de ne pas laisser une situation pourrir. Cette fois, pour la scène finale (absolument surréaliste d'ailleurs, avec Lucas qui informe Ros au téléphone des mensonges de Sarah, tandis qu'en arrière-plan, cette dernière dort dans le lit...), c'est Lucas qui a les atouts en main. Pour autant, cet épisode souligne aussi les faiblesses de ce fil rouge : Sarah manque singulièrement d'envergure pour être une taupe crédible. Et cette histoire peine toujours à décoller pleinement.

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Bilan : Ce cinquième épisode, centré que Ros, est un bel hommage mérité pour ce personnage d'une solidité et d'une maîtrise à toute épreuve. Cependant, il est dommage que l'intrigue, insuffisamment travaillée, donne parfois l'impression d'être quelque peu téléphonée et artificielle ; ce qui plombe la portée du récit. Mais l'ensemble reste efficace et prenant ; la situation relative à la conspiration mondiale continue d'évoluer en attendant une future confrontation. En somme, beaucoup de choses très bien ; mais des maladresses scénaristiques à corriger.


NOTE : 7,5/10

23/11/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 4

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Si la bande-annonce avait laissé penser que l'on aurait droit à un épisode d'action, il se concentra en réalité sur ses personnages et leurs relations. Ce qui n'est pas plus mal après un éprouvant début de saison. La question de la confiance -ou de son absence- est au coeur des enjeux, tandis que le fil rouge relatif au complot mondial pour bouleverser l'ordre actuel prend peu à peu de l'ampleur dans la narration, et que ses ramifications se dévoilent.
 
Alors que Ros est occupée à regagner un équilibre précaire, ressassant sans fin les évènements tragiques de l'épisode précédent, ce sont les nerfs de Lucas qui sont mis à rude épreuve dans l'intrigue du jour. Le responsable des interrogatoires (comprendre : tortures) du FSB est arrivé en Angleterre. Il prend contact avec Lucas, qu'il a passé quatre années à torturer durant son passage dans les prisons russes ; mais avec lequel il a surtout lié une étrange relation, déclinaison nuancée du syndrome de Stockholm. Le Russe a récemment interrogé un extrémiste soudanais qui l'a informé d'une attaque terroriste en préparation, dans Londres. Y voyant une possibilité de monnayer cette information, l'officier propose un marché à Lucas : le lieu prévu de l'attaque contre un passeport britannique et un million de livres.
 
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Comme je l'ai dit, l'enjeu de l'épisode ne réside pas dans le nouveau sauvetage in-extremis de Londres par le MI-5, mais plutôt dans la psychologie des personnages.

L'épisode s'intéresse tout d'abord aux rapports entre Lucas et son ancien tortionnaire, soulignant les séquelles psychologiques et le traumatisme qui demeurent chez l'agent du MI-5. Nous en avions déjà eu des aperçus ; mais cela permet aux scénaristes d'humaniser à nouveau Lucas, qui était apparu très froid depuis le début de la saison. Au-delà de ces recherches de domination réciproque, la force de cette storyline est symbolisée par le moment où les rapports de force s'inversent. Lorsque Lucas le convainc de lui donner les informations pour empêcher l'attentat, sur la seule foi d'une hypothétique "confiance" établie entre eux. Confiance chimérique, puisque Lucas l'abandonne juste après au FSB, venu rechercher son renégat. Certes, le Russe avait appuyé l'attaque terroriste une fois qu'il l'avait apprise, dans le but d'obtenir de l'argent du gouvernement britannique, mais il reste que ce fragile lien entre les deux officiers se rompt sur une étrange ambiguité.

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Par ailleurs, nous sommes encore une fois témoin, avec la scène d'ouverture, de la complicité rapidement reconstruite entre Harry et Ruth, les deux personnages interagissant comme si Ruth n'était jamais partie. Dans la même perspective, les scénaristes ré-introduisent un léger flirt entre le duo le plus emblématique du MI-5. Ils auront probablement besoin de ce lien pour survivre aux évènements qu'ils vont devoir affronter. Car Harry continue de creuser la question de la réunion qui a eu lieu en Suisse, entre notamment divers officiers de renseignements de l'Ouest, mais aussi Chinois. Il en informe même son vis-à-vis de la CIA. Mais qui dit membres des services secrets présents à cette réunion, implique logiquement l'existence de traîtres infiltrés au sein des différents services. Harry se montre d'une prudence à toute épreuve, n'informant personne hormis Ruth. Il va même jusqu'à mentir à Lucas en le regardant droit dans les yeux, lorsque ce dernier évoque ce complot mondial dont lui a parlé l'interrogateur du FSB. Signe supplémentaire de la confiance limitée de Harry en son subordonné, quelque chose de brisé qui n'a jamais été vraiment réparé depuis la saison dernière. Mais si Harry fait preuve d'une sage paranoïa, raison de sa longévité à son poste, son confrère américain se montre moins mesuré, prompt à nourrir des soupçons contre les agents britanniques, mais en oubliant ses propres services. Ce qui lui sera fatal.

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Car la confiance est un vain mot. Surtout dans le milieu du renseignement. Voici la morale de l'épisode. Sarah aura passé l'épisode à osciller entre les rôles de petite amie compréhensive, agent de la CIA obéissant et... finalement... sa vraie nature : un traître infiltré qui est impliqué dans ce vaste complot pour bouleverser l'ordre mondial. La scène de fin, où elle tue brutalement son supérieur qui a eu l'inconscience de l'informer qu'il tenait une piste, vient comme une surprise. Du pur Spooks. Sobre et violent. Voilà qui rehausse mon intérêt pour cette blonde Américaine, nous promettant d'intéressants doubles jeux à l'avenir. Les manipulations sont toujours plus attractives à l'écran que les romances caricaturales.

Enfin, au milieu de tout cela, traversant l'épisode vaillamment et avec professionnalisme, il y a Ros, encore profondément marquée par la tragédie de l'épisode précédent. Elle n'en dort plus, tandis que l'image de Jo la hante. Entre elle et Lucas, le MI-5 dispose de deux agents de terrain quand même relativement brisés psychologiquement. A voir s'ils pourront tenir toute la saison dans cet équilibre précaire.

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Bilan : Un épisode plus posé que les précédents, où le fil rouge de la saison commence à apparaître et à venir nourrir la paranoïa du téléspectateur, comme aux plus grandes heures de la série. La méfiance instinctive de nos espions se renforce ; même entre collègues, la confiance n'est pas automatiquement de mise. Il faudra choisir ses confidents avec beaucoup de prudence. Sinon, l'intrigue de l'épisode est efficace. S'intéressant plus aux réactions des personnages et à la façon dont ils intéragissent qu'à l'enjeu de l'attentat en lui-même, dont on ne doute jamais vraiment qu'ils parviendront à le stopper.

Cet épisode pose en tout cas de solides jalons pour la suite de la saison. Spooks est définitivement reparti sur de bons rails. A suivre !


NOTE : 8,5/10

20/11/2009

(Mini-série UK) Tinker, Tailor, Soldier, Spy : looking for the mole


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Je vous ai déjà confié mon petit penchant pour les histoires d'espionnage. Je ne pouvais donc pas ne pas vous parler des célèbres adaptations faites par la BBC, à partir d'une suite de romans du maître de ce genre, John Le Carré. Elles font partie des grands classiques qui méritent d'être vus au moins une fois dans une vie de téléphage, surtout si on apprécie ces thématiques. Certes, je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, car elles commencent à dater un peu. Mais, si l'image et la réalisation sont d'époque, la force du récit et de la narration est proprement intemporelle. Tinker, Tailor, Soldier, Spy, la première de ces mini-séries, remonte à 1979. Puis, en 1982, la BBC diffusera Smiley's People (dont je vous reparlerai ultérieurement sans doute). Les deux font partie des Smiley novels, un ensemble de livres mettant en scène le célèbre personnage de George Smiley, officier du MI-6 et anti-James Bond par excellence, qu'il concurrence au panthéon des espions britanniques de fiction.

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Tinker, Tailor, Soldier, Spy, c'est une histoire classique, somme toute indémodable : en pleine Guerre Froide, la recherche d'un agent soviétique infiltré dans les instances dirigeantes du MI-6 britannique. Au sein d'un Circus déstabilisé (nom donné au MI-6), la mission d'identifier cet individu qui menace les fondations des services de renseignements de Sa Majesté échoit à un officier mis en retraite forcée quelques mois plus tôt, George Smiley. Le téléspectateur plonge rapidement avec lui dans une ambiance de paranoïa, tandis que l'on suit la partie d'échecs très complexe qui se déroule sous nos yeux. Pour écrire ce roman publié en 1974, John Le Carré, lui-même ancien agent du MI-6, s'est basé sur ses propres souvenirs et des faits réels, s'attachant à retranscrire l'atmosphère qui régnait dans les années 50 et au début des années 60 au sein de l'organisation, et faisant référence, derrière cette chasse à la taupe, à la figure d'un traître bien réel, Philby (Mais si, souvenez-vous, je vous en ai déjà parlé, il était le plus célèbre des Cambridge Five. Pour vous rafraîchir la mémoire, cf. mon billet sur la mini-série Cambridge Spies).

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Tinker, Tailor, Soldier, Spy comporte sept épisodes, que le téléspectateur enchaîne avec une fébrilité croissante, au fil de la complexification des intrigues. Pourtant, ne vous y trompez pas, ce n'est pas une mini-série d'action. A l'exception de quelques rares scènes de course-poursuites ou de fusillades, la plupart des moments-clés se joue entre quatre murs, dans des endroits souvent clairs-obscurs, versant dans le sombre, en diverses entrevues et autres réunions informelles. Des discussions déterminantes, parfois longues, parfois à plusieurs niveaux de compréhension, mais desquelles on ne décroche pourtant pas. Le ciselage des dialogues entretient la curiosité du téléspectateur, dont l'intérêt pour la façon dont l'intrigue globale se construit et se dénoue ne se dément jamais. La compréhension n'est pas toujours aisée, mais c'est la conséquence de la richesse du scénario, à laquelle les flashbacks pavant cette enquête méthodique contribuent. Car la fiction est à l'image de son générique, un jeu d'apparence où des poupées russes se dévoilent les unes après les autres...

La force de Tinker, Tailor, Soldier, Spy réside aussi dans le fait de réussir à jouer sur plusieurs tableaux. En effet, il s'agit, d'une part, d'une mini-série d'investigation qui trempe avec finesse, et surtout beaucoup de réalisme, dans les rouages de l'espionnage international. Mais c'est aussi une fiction teintée de nostalgie, à dimension très humaine. A travers son personnage principal, elle jette un regard désabusé sur la vie et la nature des hommes. Au-delà de son intrigue, elle traite à mots couverts des idéaux oubliés, des certitudes brisées. Vies personnelles et vies publiques s'entremêlent. La simple question "How is Ann ?" posée de façon récurrente à George Smiley n'est pas une formule de politesse pour s'enquérir de la santé de sa femme, mais une façon cruelle pour son interlocuteur de pointer ses faiblesses en tant qu'époux, les infidélités de Ann étant de notoriété publique. Finalement, cette mini-série constitue un étrange mélange des genres parfaitement équilibré, un drame humain, suscitant un suspense intense, tout en étant capable de développer des interrogations plus subtiles sur les ressorts de ce théâtre qu'il met en scène.

Les ambivalences de la mini-série se trouvent personnifiées dans le personnage de George Smiley. La performance d'Alec Guinness (que vous connaissez forcément sous les traits d'Obi-Wan Kenobi dans une célèbre trilogie fondatrice de la même époque) y est pour beaucoup. Absolument magistral, il n'incarne pas seulement Smiley : il est ce personnage toute en nuances, désenchanté et désillusionné, sur la vie en général comme sur le monde de l'espionnage, ne se départissant jamais d'un flegme tout britannique qui lui permet de conserver une certaine réserve vis-à-vis des évènements et une contenance quasiment jamais prise en défaut. Dans l'ensemble, c'est d'ailleurs tout le casting qui vaut plusieurs étoiles : Michael Jayston, Anthony Bate, George Sewell, Ian Richardson... tous délivrent des prestations très solides.

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Bilan : Tinker, Tailor, Soldier, Spy est un grand classique britannique des fictions d'espionnage. Dotée d'un scénario complexe et très dense, cette mini-série se révèle rapidement passionnante. Peu importe que les images apparaissent quelque peu datées (1979) pour notre regard de moderne, les ressorts de l'histoire sont indémodables et la force des dialogues fait toujours mouche.
C'est sans aucun doute un must-seen de la télévision britannique, et probablement la plus convaincante adaptation télévisée d'un des romans les plus aboutis de John Le Carré.


NOTE : 8,5/10


Petit bonus nostalgique, la superbe chanson de fin :


16/11/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 3

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Ce troisième épisode continue sur la lancée du précédent : pas de réelle originalité, mais une efficacité jamais démentie, d'où se dégage une sourde tension qui laissera le téléspectateur happé par l'histoire, jusqu'au dénouement et au dernier choc final. En résumé, Spooks fait du Spooks dans ce que la séria a de plus éprouvant : tout y est, de la situation de crise à la mort d'un des personnages principaux, nous abandonnant essouflés et le coeur serré en fin d'épisode.

It feels like old times, non seulement en raison du scénario, mais aussi parce que Ruth est officiellement de retour au MI-5. Quasi-instantanément, c'est la reconstitution du duo qu'elle formait avec Harry, qui s'empresse de lui confier déjà des secrets qu'il n'a pas encore partagé avec le reste de son équipe. Leur relation a toujours été particulière ; et, avec cet épisode, on revient un peu à son fondement. J'aime beaucoup la façon dont cette complicité se recrée presque naturellement à l'écran. Et vu toutes les épreuves que l'équipe doit traverser depuis quelques épisodes, j'avoue que retrouver Ruth apporter une certaine stabilité qui n'est pas pour me déplaire. S'adapter aux nouveaux personnages est toujours un processus plus long que de reconnecter avec des anciens, auxquels on s'était déjà attaché. Bref, au sein d'un MI-5 un peu déshumanisé par ses pertes, cela apporte une touche appréciable pour le téléspectateur.

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Mais le retour de Ruth va pourtant se dérouler dans, sans doute, les pires conditions que l'on pouvait imaginer. Harry, décidé à enquêter discrètement sur les bruits entendus par le ministre britannique concernant des réunions secrètes entre gens importants souhaitant apporter un changement radical à l'ordre mondial tel qu'il existe actuellement, a envoyé Ros surveiller la rencontre, à Londres, d'un groupe non-officiel, le Bendorf group, composé des plus puissants industriels. Mais, sans avertissement de menace préalable, la situation échappe rapidement à tout contrôle : des assaillants armés prennent tous les participants en otage. Ils s'enferment alors dans la panic room construite par le propriétaire des lieux, dans le but de tenir une série de simulacres de procès, censés juger les actions répréhensibles et immorales de ces hommes d'affaires peu scrupuleux, prêts à sacrifier la stabilité politique d'un pays et le sort de ses populations pour mener à bien leur business.

Si le concept de la prise d'otage a déjà été traité dans Spooks (les épisodes 5.06 et 5.07 reviennent notamment très vite à l'esprit), l'originalité réside ici dans les moyens d'exécution du plan des kidnappeurs. Non contents de prétendre s'ériger en tribunal de l'opinion, ils diffusent les séquences du procès à charge grâce aux technologies modernes et appellent les internautes à voter sur la culpabilité ou l'innocence de l'homme dont ils exposent les torts, produisant des documents particulièrement compromettants qui vont rapidement inquiéter d'autres gouvernements, à commencer par les Etats-Unis. Les scénaristes jouent sur les codes de la télé-réalité, exacerbant le voyeurisme malsain du public en ligne, qui non seulement assiste aux évènements par la vidéo, mais en plus y participe activement en "votant" pour le verdict. Coupable ou Innocent. Taper 1, taper 2. Le tout sous le regard impuissant des autorités.

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Mais plus, que cette tension prenante, ce que l'on retiendra de l'épisode, ce sont des histoires humaines ; celles de nos héros, encore une fois touchés de plein fouet par la tragédie. Les agents du MI-5 réussissent en effet de justesse à empêcher un bain de sang et à sauver une partie des otages. Le chef des kidnappeurs, le plus déterminé d'entre eux, n'entendait cependant pas permettre une issue heureuse. Il avait fait poser des bombes dans le sous-sol, de façon à conclure tout cela dans le sang, si jamais cela tournait mal. Lorsque son entreprise bien huilée se désagrège, grâce au travail de sape de Ros et à l'intervention posée de Jo, il se saisit de la commande de contrôle des explosifs. La scène qui suit paraît alors durer une éternité, comme si le temps s'était arrêté. Devant son poste, on oublie de respirer. Ros n'a d'autre choix que d'abattre l'extrémiste à bout portant, tandis que ce dernier est immobilisé par une Jo intuitive, qui a eu une réaction réflexe pour essayer de le neutraliser, mais qui n'a pu lui enlever la commande. La balle tuant le criminel transperce également Jo qui s'effondre, elle-aussi, morte sur le coup. Le dernier regard échangé entre Ros et Jo, qui ont fait la même analyse de la situation, est d'une telle intensité, qu'il bouleverse le téléspectateur avant même que le choc de la brutalité de la scène ne nous atteigne et vienne nous briser le coeur. Une mort violente, nous prenant au dépourvu, dans la  plus pure tradition de la série. Et donc encore une perte pour le MI-5, au sein d'une équipe qui se dissout sous nos yeux.

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Bilan : Un épisode nerveux et tendu, qui recycle la situation déjà connue de la prise d'otage, en ajoutant un élément dramatique supplémentaire avec ce jugement via internet dont la sentence est immédiatement exécutée. Mais ce que l'on retiendra surtout de l'ensemble, ce sont ces dernières minutes et cette scène où tout s'est arrêté une seconde, tandis que Jo et Ros échangeaient un dernier regard. Spooks fait du Spooks, avec beaucoup de sérieux. Sans être exceptionnel, l'épisode est solide et très éprouvant. Les dernières minutes, d'une intensité rare, qui resteront gravées dans nos mémoires, suffisent à nous laisser choqués et interdits devant le petit écran.


NOTE : 8/10

10/11/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 2

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La nouvelle saison de Spooks démarre vraiment avec ce deuxième épisode qui, tout en restant en terrain (très, voire trop ?) connu, exploite efficacement une intrigue solide, somme toute assez classique, où toutes les parties se livrent à un jeu d'échecs mortel, où chaque camp manipule l'autre et où les Britanniques sont, pour une fois, assez peu inspirés, un brin dépassés par les évènements, marionnettes indirectes d'une partie où CIA (Etats-Unis) et FSB (Russie) mènent la danse en coulisses.

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Les ennuis Britanniques débutent avec l'explosion d'une importante usine de gaz. Cette catastrophe remet en cause tout l'approvisionnement gazier du pays, menaçant de le plonger dans une crise énergétique sans précédent. Il est donc nécessaire et urgent de signer un nouveau contrat d'acheminement de cette matière première avec un des gros exportateurs de gaz. Malheureusement, seuls deux pays sont en mesure de répondre à la demande Anglaise : les Russes, qui réclament un prix déraisonnable, décidés à exploiter la précarité de leur situation ; et les... Tazbeks. Régime de fer, le Tazbekstan est une dictature où les droits de l'homme ne sont que chimère et où les pires excès ont lieu. Laissant de côté toute considération humanitaire, se voulant "pragmatiques", c'est donc vers les officiels Tazbeks que les Britanniques se tournent, espérant conclure un accord rapide avec un régime qui a besoin d'appuis internationaux. Mais les choses vont rapidement évoluer hors de contrôle.
 
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En effet, complexifiant la situation, un des membres de la délégation Tazbek, Urazov, une caricature du "méchant" (meurtrier et violeur), joue sur de multiples tableaux, venant considérablement compliquer la tâche du MI-5. D'une part, il profite de son passage à Londres pour tenter d'achever une vendetta contre une famille dont il a exterminé les membres dans son pays, à l'exception d'une jeune femme, Bibi. D'autre part, il mise sur son propre agenda et vise à assouvir ses ambitions de pouvoir. Face à une unité du MI-5 pas encore pleinement remis des derniers évènements, avec notamment un Harry qui repousse les limites de la morale bien plus loin qu'à l'habitude, tout devient rapidement confus. Sacrifiant tout principe dans le but d'obtenir le contrat de gaz, le MI-5 semble plus ou moins décider à laisser une marge d'action, normalement inacceptable, à Urazov. Un journaliste est tué. Bibi échappe de justesse à une tentative d'enlèvement.
 
Mais derrière les ambitions d'un seul homme, l'enjeu du gaz Tazbek est en réalité bien plus complexe qu'une simple question d'énergie. Derrière les Britanniques, les grandes puissances Américaines et Russes font pression pour maintenir le régime dictatorial dans l'isolement et éviter qu'il ne trouve un point d'appui en Europe. Les Etats-Unis, à travers leur nouvelle agent de la CIA, Sarah, font un travail de sape silencieux. Ils distillent des informations sur les négociations en cours à la presse. Ayant peu apprécié la petite manipulation du premier épisode, Sarah profite de ce conflit d'intérêts entre les deux pays pour remettre les points sur les "i" et s'imposer comme une source d'ennuis, tout autant qu'une alliée indispensable. A ce jeu de poker menteur, les Britanniques, omnubilés par le gaz, se laissent manipuler, réagissant sans jamais retrouver l'initiative. Le MI-5 finit par orchestrer le meurtre d'Urazov, devenu trop gênant, instrumentalisant Bibi, pour se retrouver finalement exposé par une opération du FSB qui force les Tazbeks à rompre les relations. En fin de compte, il faudra adresser une supplique aux "amis" Américains, pour s'adresser aux "amis" Russes, et passer l'accord gazier avec eux, aux conditions de prix Tazbek et, au passage, en échange du plan de vol du président Tazbek quittant l'Angleterre...
 
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Cette clôture sur un étrange pseudo "gagnant-gagnant" laisse un arrière-goût un peu amer, mais permet à l'Angleterre, aux Etats-Unis et à la Russie d'obtenir chacun ce qu'il désirait, au terme d'un jeu d'échecs passionnant aux multiples rebondissements. Cette intrigue est rondement menée et se révèle très plaisante à suivre, à défaut d'être bien originale. C'est du pur Spooks, de ces manipulations obscures jusqu'à cette fin qui nous brise le coeur pour Jo, la jeune femme assistant impuissante au suicide de Bibi après la mort d'Urazov. Par vraiment de happy end donc, comme d'habitude, simplement la mise en place d'un nouvel équilibre entre grandes puissances, avec des pions sacrifiés pour l'atteindre.
 
L'aspect le plus réussi de l'épisode réside sans doute dans le traitement des conséquences de l'épisode précédent. Ruth n'est pas repartie ; elle a laissé son beau-fils retourner en famille. A travers quelques scènes, l'ambiguïté de sa relation avec Harry est particulièrement bien dépeinte : de la colère froide, cet impossible pardon pour avoir pris la décision ayant conduit à l'exécution de son mari ; mais aussi du réalisme, une analyse de situation où Ruth est bien consciente de l'alternative qui s'offrait à Harry. Pas de pardon, mais pas de haine ouverte non plus. Ils sont tous les deux très secoués ; Harry se montrant jusqu'au-boutiste comme jamais pour décider du sort de Bibi, qu'il est d'abord prêt à sacrifier sur l'autel énergétique du gaz. Les plaies ne se guériront pas en quelques jours. Et finalement, les scénaristes réussissent ici, bien mieux que pour les retrouvailles de la semaine passée, à introduire une subtilité et une valse d'hésitation qui sonnent justes à l'écran.
 
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Du côté des personnages, justement, l'équipe apparaît désunie comme jamais. Il manque un esprit d'équipe, la cohésion passée, le tout ayant été rompu par tous ces bouleversements de personnel. Face à ce besoin de main d'oeuvre, c'est un remplacement pour Malcolm qui est introduit, Tariq (Shazad Latif). La trentaine, et un visage plutôt frais, pas encore marqué par toutes les tragédies que l'on peut lire dans les regards lourds des autres agents, on retrouve en lui une innocence et un enthousiasme que l'on n'avait plus vu depuis pas mal de temps au QG du MI-5. Ce n'est pas un mal.
 
Mais c'est une autre rapide évolution qui m'a fait lever les yeux au ciel d'exaspération. Une histoire sentimentale que l'on sentait venir avec la subtilité et la délicatesse d'un éléphant évoluant dans un magasin de porcelaine, mais que je n'osais pas imaginer se concrétiser si vite. Les scénaristes profitent en effet de la fin de l'épisode pour nous parachuter l'officialisation d'une relation plus seulement professionnelle entre Lucas et Christine 2.0 Sarah. Quelques brèves rencontres, agrémentées d'un flirt anodin, auront donc rapidement conduit à l'hôtel. A mes yeux, le duo manque pour l'instant d'alchimie ; ajoutons à cela l'antipathie à l'égard de Sarah, nourrie tout au long de l'épisode, accentuée par cet air d'arrogance dont elle semble ne jamais se départir, et j'ai pour le moment beaucoup de mal à trouver une crédibilité à cette histoire. Les scénaristes ont précipité une situation qui ressemble surtout à une romance sur papier glacé, complètement déshumanisée. On est loin des errements amoureux, mais aux implications sentimentales toujours très fortes, d'un Tom des premières saisons, par exemple. Cet aspect reste peut-être corrigible, mais, pour le moment, je suis sceptique.
 
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Bilan : Un épisode à la fois solide et très classique, du pur Spooks comme la série sait si bien le faire, sans réelle originalité, mais avec une trame forte, à rebondissements multiples et sans manichéisme. Un petit coktail prenant qui nous skotche devant notre petit écran pour tout l'épisode, grâce à des jeux d'espions à leur apogée, dans une partie d'échecs mortelle où les Britanniques sont, cette fois-ci, assez peu réactifs, subissant les évènements, plutôt que les influençant.
Sans être exceptionnel, l'épisode remplit donc son contrat sans pour autant que le téléspectateur ne parvienne à se départir de cette impression lancinante de "déjà vu". Si on ajoute en plus à cela cette petite dose de flirt inter-agences, on se promène vraiment sur des sentiers connus. Cependant, plus enthousiasmant que le précédent, il ne faut pas bouder notre plaisir !


NOTE : 8,5/10