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23/08/2010

Le téléphage et les remakes : entre rejet et ambiguïté.

Si vous suivez un tant soit peu l'actualité téléphagique, vous connaissez le point commun entre Shameless et Being Human. Ce sont toutes deux des productions en cours en Angleterre, et qui s'apprêtent à tenter de conquérir le public américain, par le biais d'un remake, proposé respectivement par Showtime et SyFy.

"Remake", le mot fatidique est lâché. Et la téléphage que je suis entretient des rapports très ambigüs avec lui.

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Bien sûr, cette tendance à faire voyager à travers l'Atlantique des concepts à succès n'est pas nouvelle, de Queer as Folk à Life on Mars, un certain nombre s'y sont risqués, avec plus ou moins de succès (généralement plutôt "moins"). Au vu de l'exaspérante mode actuelle consistant à faire des remake de leurs propres séries, il est logique que les scénaristes américains puisent également dans les viviers des créations étrangères. Cela a toujours existé. L'Angleterre n'est pas un cas isolé, d'Israël jusqu'en France, en passant par l'Amérique du Sud, les chaînes ne font pas de complexes géographiques. Sauf que lorsque HBO porte In Treatment à l'écran, en ce qui me concerne, je n'ai jamais eu l'occasion de visionner la version originale israëlienne. L'adaptation devient alors un moyen de diffusion du concept à travers le monde et finalement une forme de promotion pour le vivier créatif de départ (Envie d'aller faire un tour en Israël ?). Mais lorsque les chaînes américaines adaptent des séries anglo-saxonnes, elles s'adressent déjà à un public plus proche, qui a plus de chance d'avoir visionné la première version. Et, dans ces cas-là, il est fréquent que ces projets me posent un cas de conscience téléphagique.

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J'ai même tendance à leur opposer une fin de non recevoir péremptoire. Sans aller jusqu'à parler de boycott de principe, disons que j'ai vraiment beaucoup de réticence à me lancer dans de telles séries. Pourtant, les "remakes" qui trouvent une identité propre existent. Et puis, Le destin de Lisa et Ugly Betty sont deux déclinaisons complètement différentes (je ne m'aventurerai pas sur le terrain qualitatif) d'un même concept. Au-delà des nombreux ratés regrettables, il y a aussi des adaptations où les nouveaux scénaristes apportent une réelle valeur ajoutée, et qu'il n'est pas inintéressant de regarder.

Le principal défi du remake réside en fait surtout dans la transposition de l'esprit et de l'ambiance du concept original. Chaque pays va retrouver ses propres réflexes télévisuels (je laisse volontairement de côté toute la problématique asiatique, qui pourrait avoir droit à un article complet, par exemple sur le cas Hana Yori Dango). Même avec une culture proche, il existe des fossés insurmontables, qui, s'il faut créer un pont entre les deux, génèreront des difficultés importante qu'il faudra contourner. Pour parler du cas qui m'intéresse aujourd'hui, le rapport Angleterre-Etats-Unis, les deux exemples les plus représentatifs qui me viennent à l'esprit, sont sans doute Queer as Folk et The Office. Connaissant trop insuffisamment le premier, je vais me concentrer sur le second. Cette création britannique, mise en image par Ricky Gervais pour la BBC, s'est exportée à travers le monde, chaque pays déclinant ce format à sa sauce (de la France jusqu'à la Chine). La version américaine a connu un joli succès et poursuit sa route sur NBC depuis plusieurs années. Or, elle constitue justement un cas d'école pour les faiseurs de remake, de ce qu'il faut éviter comme de ce qu'il faut réussir. Car The Office US ne décolle véritablement qu'au cours de sa deuxième saison. Pourquoi ? Parce que la première constitue en fait une sorte de copier-coller maladroit de la première saison britannique. Intrigues et répliques très proches, américanisées pour la circonstance, mais sans en changer véritablement l'esprit. Cela donnait une forme d'ersatz sans saveur, avec un scénario proche, mais privé de la noirceur cynique du mockumentary britannique. Le contenu, mais sans l'ambiance d'origine, cela sonnait désespérément creux. La deuxième saison, en revanche, opère un tournant créatif : elle s'affranchit complètement de sa grande soeur. L'aspect romancé s'accentue, les personnages et les histoires ne cherchent plus à "adapter", mais investissent et se ré-approprient le concept d'origine - cela est d'autant plus aisé qu'il a la particularité de se prêter à cette possible prise d'indépendance. Ce n'est plus une américanisation, c'est une pure série américaine qui est désormais devant nous. Et ce n'est pas pour rien que nombre de personnes aimant la version américaine ont pu être complètement déstabilisés en s'aventurant devant la version britannique. Parce qu'elle correspond à un autre état d'esprit, et sans doute à un téléspectateur plus familier des fictions anglaises.

Donc, même si cela reste rare qu'un remake parvienne à trouver le juste équilibre, pour concilier l'héritage de la série d'origine avec ses propres spécificités culturelles, cela est cependant possible.

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Sauf que lorsque l'on m'annonce des adaptations de Being Human ou de Shameless, mon premier réflexe demeure un refus clair et net. Oh, j'argumenterai un peu, en pointant le manque de créativité et d'innovation des scénaristes. Et si jamais je m'installe devant le pilote, j'effectuerai des comparaisons entre les deux ; je blâmerai la perte qualitative, le caractère inadaptable de telle ou telle ambiance qui faisait la série d'origine. Mais derrière cela, si le mot "remake" me fait tant frémir, c'est avant tout dans l'hypothèse où je connais et où je me suis attachée à la série originale. Ce n'est pas véritablement la peur d'un gâchis qualitatif (les ratés, les programmes télévisés n'en manquent pas), mais c'est une réaction défensive instinctive. Quand ABC m'avait annoncé qu'elle voulait adapter Life on Mars - que je n'ai jamais pu regarder -, pourquoi ai-je réagi aussi violemment contre cette série, sans lui laisser la moindre chance ? Parce que ce type de remake me donne l'impression d'être une basse manoeuvre de la part de la nouvelle pour essayer de voler la place de l'ancienne. Je le ressens comme une tentative maladroite de capitaliser sur un affectif qu'elle n'a aucun droit de revendiquer. Que cela soit voulu ou non, c'est ainsi que je l'interprète.

Par conséquent, lorsque l'on me parle du Shameless ou du Being Human US (autant les fictions aseptisées et prévisibles de SyFy m'exaspèrent et ne m'encouragent pas à être optimiste, autant je pense objectivement que Showtime peut sans doute faire quelque chose de Shameless), mon problème n'est pas tant ce chaotique voyage Angleterre/Etats-Unis, à l'opportunité discutable et à la réussite très incertaine, mais plutôt mon attachement à la série originale. Et, croyez-moi, c'est l'obstacle le plus efficace pour m'empêcher de leur laisser la moindre chance, qu'elles le mérite ou non. Peut-être suis-je une téléphage trop bornée...

04/07/2010

(Téléphagie) Consommation en séries et culture en général : une crise, quelle crise ?


Les questions téléphagiques existentielles de Livia, le retour... Cela faisait quelques mois que je ne vous avais plus ennuyés avec elles ! Cependant, ma tentative de rédiger l'édito de ce mois de juillet m'a plongée dans une nouvelle introspection sur le sujet. Rappelez-vous, en décembre, je vous parlais de "crise téléphagique". Je me lamentais à l'époque sur la pauvreté des nouveautés de la saison 2009-2010 aux Etats-Unis. Depuis, j'ai l'impression d'avoir atteint un nouveau stade dans ma téléphagie mais, peut-être aussi, d'y voir un peu plus clair.

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Ce mois de juin a été propice, aux Etats-Unis, au lancement de multiples séries de mi-saison, qu'il s'agisse des fonds de tiroirs des grands networks ou des dernières nées de chaînes câblées. Persons Unknown, Scoundrels, Pretty Little Liars, Huge, etc... je les ai bien vues passer, j'ai même parcouru quelques critiques sur ces diverses nouveautés. L'offre était donc bien là. Pourtant, je n'ai regardé, en tout et pour tout, qu'un seul pilote américain au cours du mois de juin : il s'agissait de Rubicon. Parallèlement, si on fait les comptes, dans la même période, j'ai visionné 5 pilotes de séries ou mini-séries britanniques, y compris les "essais" de BBC3, 5 pilotes de séries sud-coréennes et 1 pilote de série japonaise (qui a dit que je n'étais pas pilotovore ?). Vous comprenez ma préoccupation : ma consommation américaine a chuté au niveau de la japonaise. Et pour que vous cerniez bien l'étendue de cette désaffection, il faut préciser que je ne regarde, actuellement diffusée, qu'une seule série américaine par semaine (merci True Blood). Et la seule reprise que j'attends, en ce mois de juillet, venue d'outre-Atlantique, c'est White Collar. Pourtant, si on prend mon visionnage de séries dans sa globalité, le niveau se maintient.

Bref, les Etats-Unis et moi, nous sommes un peu en train de voir nos routes téléphagiques s'éloigner de plus en plus. Que se passe-t-il ? Où est passée cette hégémonie qui a construit ma sériephilie au cours des quinze dernières années ? Est-ce une question de goûts qui évoluent, d'attentes désormais différentes ? Les séries américaines seraient-elles devenues "nulles" ? Pourtant, dans la blogosphère et sur les forums dédiés au sujet, j'ai l'impression que mon cri retentit dans un vide sidéral, comme si j'étais seule confrontée à ces doutes, tout le monde poursuivant son quotidien téléphagique sans le moindre grain de sable pour ébranler ses certitudes (même si certains n'ont pas été tendres avec les dernières nouveautés). Le problème viendrait-il donc de moi, non de l'offre téléphagique proposée ?

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Alors je me pose des questions : pourquoi n'ai-je même pas eu envie de tester tel ou tel pilote américain en ce mois de juin ? Ce n'est pas un souci de qualité, puisque je n'ai même pas souhaité visionner les pilotes. En y repensant, il y a tout un tas de raisons qui me viennent à l'esprit, très différentes suivant les cas. Par exemple, il y a ces séries des grands networks que l'on devine, avant même leur programmation, déjà condamnées. Prenons Persons Unknown. Honnêtement, l'histoire aurait potentiellement pu me plaire, le casting également. Mais pourquoi aurais-je envie d'aller m'investir dans une série déjà virtuellement abandonnée, en laquelle personne ne parait croire ? Cela ne me donne aucune motivation pour tenter l'aventure, peu importe que les scénaristes aient prévu de boucler l'ensemble en 13 épisodes réglementaires. Ne vous moquez pas, non, je ne suis pas devenue allergique au fonctionnement de la télévision américaine, j'ai juste maintenant un peu de mal à cautionner certaines pratiques. Je deviens peut-être conservatrice, mais j'ai l'impression d'avoir désormais besoin d'une part de certitude. Une mini-série britannique (ou une saison de 6 épisodes), ou bien une série asiatique, vous savez généralement d'avance où vous mettez les pieds et dans quoi vous allez vous s'investir. Il y a un contrat pré-établi et univoque avec la chaîne de diffusion.

Sauf que, si ce besoin de sécurité agit effectivement à la marge chez moi, vous allez m'objecter à juste titre que j'ai pourtant testé les pilotes de séries "potentielles" de BBC3, pour lesquelles aucune certitude n'existe. Et à partir de là, je crois qu'on touche à un second problème, structurel celui-là, que je suis en train de percevoir de plus en plus clairement. J'ai longtemps été plus que fascinée par ce vaste pays que sont les Etats-Unis, par sa diversité, ses paradoxes, sa culture et son histoire. Or, désormais, il faut le reconnaître : cet intérêt a faibli. Ne vous méprenez pas, il y a des aspects qui exercent toujours chez moi une véritable fascination : le Sud profond, l'histoire passée ou certains milieux plus atypiques. En revanche, les surannés New York ou Los Angeles me laissent à présent presque de marbre.

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On aurait tort de voir en la "sériephilie" une passion indépendante et de vouloir cloisonner ses diverses activités culturelles. Mon attrait pour les séries a toujours été conçu comme partie intégrante d'une vie culturelle plus globale. Finalement, est-ce un hasard si, au cours des quinze dernières années, les romans que j'ai le plus lus étaient écrits par des auteurs américains, si les films que j'allais le plus voir au cinéma étaient américains ? Il ne faut pas y voir là qu'une simple question d'offre dominante. Or, aujourd'hui, si je fais un bilan plus général de ce début d'année 2010, quels livres ai-je lus dernièrement (histoire de faire quelques parallèles) ? L'ombre des armes, de Hwang Sok Yong, Là-bas, sans bruit, tombe un pétale de Ch'oe Yun, L'éternel Empire de Yi In Hwa, Le pendule de Foucault d'Umberto Ecco... Pour tout vous dire, le dernier auteur américain que j'ai lu en 2010, c'était Cormac McCarthy, vous visualisez donc le genre.

J'ai souvent l'habitude de dire que la téléphagie fonctionne par cycle, avec un mouvement de balancier incessant, mais je pense aussi qu'elle s'inscrit dans une curiosité culturelle globale, avec laquelle elle intéragit. Elle est un reflet de centres d'intérêts plus profonds. J'avoue avoir longtemps pensé qu'il y avait quelque chose de déterminant dans le seul format télévisuel. Le postulat de base, moteur de tout, serait l'affirmation suivante : "j'aime les séries". Naïvement, j'imaginais que, au-delà des frontières, le label "série" serait ce dénominateur commun qui expliquerait, seul, cette volonté constamment renouvelée de toujours faire de nouvelles découvertes. C'est une vision des choses à laquelle je ne crois plus vraiment ; ou, du moins, je pense que c'est très réducteur d'apprécier ainsi son identité téléphagique.

Chacun a un rapport propre au petit écran, qui lui est personnel, par conséquent, mes vues sont très subjectives. Mais, de façon plus prononcée qu'auparavant, j'ai l'impression que ce qui me motive à pousser toujours plus loin la découverte de nouveaux horizons téléphagiques, ce n'est pas seulement la sériephilie en tant que telle, c'est un mouvement plus vaste. Ce n'est probablement pas un hasard si ma baisse d'intérêt pour les productions américaines coïncide avec ma baisse d'intérêt pour l'Amérique en général. Pour moi, les séries ont toujours constitué un vecteur d'ouverture vers une culture, vers une société. Leur visionnage a pu être la conséquence d'un intérêt pré-existent pour tel ou tel pays, ou bien il a pu aussi générer une fascination pour de nouvelles destinations. Je ne me serais sans doute jamais véritablement arrêtée sur la culture asiatique si je n'avais pas eu le prisme des séries pour m'y introduire. Pourtant, désormais, mon attrait dépasse de loin ce seul média télévisuel. Il existe une intéraction entre tous les aspects de cette vie culturelle que je n'avais jamais perçue aussi clairement qu'actuellement.

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Certes, à trop essayer de comprendre le pourquoi du comment, j'en viens peut-être à tirer des conclusions excessives, mais je pense avoir mis à jour certaines dynamiques téléphagiques, dont je n'avais jusqu'à présent jamais pleinement pris conscience.

Au fond, peut-être que mon problème avec les séries américaines, surtout celles des grands networks, ce n'est pas un souci de qualité, de style ou même de politique de diffusion... Peut-être que mon réel problème vient surtout du fait qu'elles racontent une Amérique, ou du moins une facette de celle-ci, qui ne m'intéresse plus désormais ?

J'avoue que c'est plus une hypothèse qu'une certitude, mais c'est un peu comme cela que je comprends ma sériephile actuellement. Mon amour des séries ne semble pas remis en cause, j'en veux pour preuve le temps que je passe toujours devant elles... Alors, serait-ce une forme de maturation d'une passion qui, elle, demeure intacte ? Est-ce grave, docteur ?


Et vous, chers lecteurs, rassurez-moi, avez-vous déjà expérimenté ce type de "crise téléphagique" ? Les nouvelles productions des grands networks US vous fascinent-elles toujours autant ?

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PS : Tout cela ne veut pas dire que je ne parlerai plus de séries américaines sur ce blog, mais il fallait que je vous confie un peu mes doutes et essaye de vous expliquer pourquoi je parle de ces fictions proportionnellement assez peu, par comparaison à la place prise par les séries britanniques ou coréennes.

05/02/2010

(Téléphagie) Jalousie : chronique téléphagique perdue en terres lost-iennes


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Depuis plusieurs semaines, voire quelques mois, j'ai assisté, avec un recul teinté de fascination, à la construction méthodique d'un fabuleux buzz autour de la dernière saison d'une des séries phares de la chaîne américaine ABC. Une fin en forme d'apothéose, de consécration médiatique pour cette création fantastique de J. J. Abrams, qu'est Lost. On nous promet la résolution, enfin, après des années de théories mythologiques complexes, scabreuses, farfelues, aux divagations infinies... On met même en scène ce retour au-delà de la sphère de l'entertainment, nous annonçant Lost plus fort que le discours sur l'Etat de l'Union d'Obama... Bref, ce début 2010 est Lost-ien. Série incontournable, générationelle, portée aux nues. On y consacre des éditions spéciales dans la blogosphère sériephile, on redécore les blogs, et même Ladytelephagy y consacre son billet audio/podcast du jour (dont l'écoute a finalement été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, expliquant le billet qui suit).


Face à ce gigantesque phénomène médiatique, la téléphage qui sommeille en moi se retrouve partagée entre deux sentiments contradictoires. Tout d'abord, il y a une forme de perplexité devant l'ampleur du buzz. En observant cette bulle médiatique qui s'auto-nourrit, j'avoue avoir été un peu prise au dépourvu. Non que j'aie perdu de vue la série au fil des ans, mais je n'avais pas pris conscience de l'effet boule de neige qu'avait eu sa dense mythologie. Bref, j'en ai été réduite à me demander quand est-ce que Lost avait acquis une telle dimension et comment j'avais pu rater ça.

Parce que disons-le franchement, j'ai abandonné Lost il y a longtemps. Si longtemps que je ne me souviens plus exactement quand le décrochage s'est opéré. Au cours de la saison 2 ou de la saison 3, je crois. Dans ma mémoire très floue, j'en garde le souvenir d'une fiction assez divertissante, mêlant les genres, avec une qualité des épisodes très fluctuante, tout comme mon intérêt pour les storylines. Je ne sais plus vraiment pourquoi j'ai arrêté. Etait-ce une forme de lassitude devant une histoire dont les enjeux n'étaient pas clairement posés ? Même pas. Peut-être était-ce un peu lié au fait que je n'ai jamais éprouvé le moindre attachement pour des personnages qui m'insupportaient pour la plupart, que je tolérais au mieux ou détestais au pire. Un jour, les aléas de la programmation ont fait que j'ai simplement raté un épisode. Le déclic fatal. Je n'ai jamais rattrapé. Et j'ai laissé filer les saisons sans moi. Sans aucun regret. Pour vous dire le faible impact que la série avait eu sur moi, l'idée ne m'était d'ailleurs même pas venue à l'esprit d'essayer de retenter un plongeon dans cet univers, avant le raz-de-marée subi depuis le début de l'année. Lost n'était pour moi qu'un épiphénomène, existant en toile de fond de ma sphère téléphagique, une anecdote dont je suivais l'évolution au gré de mes flux rss.

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Seulement, au cours des dernières semaines, succédant à cette indifférence polie, un second sentiment est né en moi : la jalousie. Oui, face à ce gigantesque buzz dont je ne suis qu'une observatrice extérieure, comment ne pas être curieuse et envieuse en assistant à cette belle communion unanimiste ? Comprenez-moi bien : je n'ai rien contre la vie solitaire du sériephile qui poursuit en pèlerin obstiné ses découvertes obscures qui, de toute façon, ne pourront intéresser qu'une poignée de passionnés. Mais Lost offre cette opportunité si rare - et si précieuse - d'une expérience téléphagique collective. Rompant avec la réclusion habituelle du sériephile qui le confine à une certaine consanguinité communautaire, Lost réconcilie et unifie un public plus vaste sous sa bannière. Qu'y-a-t-il de plus grisant que d'avoir le sentiment d'appartenir à une grande collectivité, qui brise les barrières traditionnelles et acquiert une dimension qui va bien au-delà de la simple "série à succès" ? N'est-ce pas génial de voir ainsi récompensée, par une telle consécration, sa fidélité pour une série que l'on suit depuis six ans maintenant ? N'est-ce pas galvanisant que de pouvoir jouer sur ce buzz, de l'enrichir soi-même, de s'en amuser, en ayant conscience d'y appartenir ?

Alors oui, je suis jalouse. Je n'ai pas honte de l'admettre. J'aimerais moi-aussi connaître ces moments-là, avoir cette opportunité de partager avec le plus grand nombre, comme Lost le permet actuellement. Parce que si la confidentialité n'est pas un problème en soi, ce besoin quasi-viscéral de partager est bien toujours là. C'est ce même besoin, au fond, qui amène les téléphages à créer des blogs comme celui-ci ou à hanter les forums de spécialistes. La sériephilie est une passion qui ne peut se vivre en autarcie.

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Donc, fans ou simples amateurs de Lost, profitez, savourez cette saison 6. Je ne prétends pas comprendre l'ampleur de ce phénomène médiatique et j'ai des dizaines de séries qui m'appellent avant même d'envisager un jour une éventuelle redécouverte de Lost, mais je vous envie !

15:55 Publié dans (Téléphagie) | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : lost, buzz, abc |  Facebook |

29/01/2010

(Comparaisons en séries) Chocs culturels : séries et nudité, des orgies aux petits nuages...


Parce que la comparaison des petits écrans téléphagiques peut être une source d'études souvent drôles, pour un téléspectateur témoin des pratiques opposées les plus extrêmes, pourquoi ne pas vous relater les plus cocasses anecdotes de mes aventures en terres sériephiles ?

Vous savez qu'en apprentie téléphage travaillant le caractère éclectique de ses goûts, j'aime à regarder des séries télévisées de toute provenance. Suivant cette voie d'exploration, on se trouve parfois confronté à des clashs de culture téléphagique pouvant remettre en cause bien des préconceptions. Décalés ou exaspérants, ces "chocs culturels" ne laissent pas indifférents.

Comme je sais que tout le monde n'a pas le temps de s'offrir de telle ballade, laissez-moi vous faire le récit de quelques contrastes télévisuels. 


En guise d'inauguration, je vais vous parler d'un sujet "porteur", à la problématique plus universelle (ou presque) que racoleuse : le rapport du petit écran à la nudité. Logiquement, le traitement varie énormément suivant la chaîne de diffusion, le public ciblé... ou encore la nationalité de la série. Si je laisserai de côté l'extrême chasteté traditionnelle des dramas japonais, mes voyages sériephiles m'ont conduit, ce mois-ci, à observer les positions les plus diamétralement opposées. Si bien que la comparaison entre plusieurs séries m'a semblé trop marquante (et rigolote) pour que je ne la partage pas avec vous.

Jugez par vous-même...

D'une part, je vous présente Spartacus : Blood & Sand ; une série que l'on pourrait aisément rebaptiser Spartacus : Blood & Sex. Toujours prompte à souligner la grande libéralité des moeurs romaines, la télévision américaine câblée avait déjà quelques antécédents en la matière. Il faut dire que les reconstitutions historiques de certaines époques s'y prêtent facilement. Mais, en l'espèce, le pilote de la série en oublie d'ailleurs son scénario... Là n'est cependant pas l'enjeu de ce billet.
Pour illustrer mon propos, voici une screen-capture (esthétique) issue du premier épisode :

Lien direct (Site de screen-captures)


D'autre part, la tendance inverse peut être illustrée par deux autres séries. Deux fictions coréennes, qui - Ciel ! - laissent entrevoir des bouts de peau dénudée, voire dont les scenarii impliquent (théoriquement ?) des moments de nudité complète, suffisamment provocateurs pour potentiellement déstabiliser le téléspectateur. Si, d'habitude, il est plus facile de contourner la difficulté en écartant ce type de scènes, la libéralisation moderne des moeurs (le simple visionnage de Chuno prouve bien qu'un certain cap a été franchi dans cette série de ce point de vue-là) amène les scénaristes à faire de savants compromis. Dans cette zone grise aux contours fluctuants, tout repose alors sur les épaules des responsables des images (réalisateurs et autres intervenants a posteriori) qui, confrontés à cet inextricable dilemme, ne manquent jamais de ressources. Ils sont même très forts... pour déboucher sur des situations plutôt étranges, vu d'un regard extérieur.

Tout d'abord, prouvant une fois de plus que l'enfer est pavé de bonnes intentions, pensez que, par leurs techniques, ils parviennent à rendre quasiment suggestive une scène qui, a priori, ne l'était pas plus que ça...

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(Chuno (Slave Hunters) (2010), Episode 7)

... en réussissant à flouter la poitrine d'une demoiselle qui est pourtant bel et bien habillée d'un haut blanc (cf. dessous le floutage)...


Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines. Des scénaristes retors les confrontent parfois à des situations encore plus tendancieuses. Il faut alors savoir faire preuve d'un véritable esprit d'initiative. Reconnaissons leur, une fois encore, une inventivité particulièrement louable, qui conduit à des résultats visuels quelque peu inattendus... Voyez vous-même :

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(You're Beautiful (2009), Episode 3)

... le chaste reflet dans le miroir, capturé par la caméra, prouvant d'ailleurs toute l'inutilité de ces ravissants petits nuages... puisqu'il  n'y a même pas ici de nudité proprement dite !

 

Ainsi, pour résumer : nous avons, d'un côté, l'instrumentalisation gratuite d'une nudité exposée sans tabou ; de l'autre, l'utilisation de stratagèmes inventifs, et finalement suggestifs, afin de dissimuler une nudité... inexistante...


J'aime ces chocs culturels téléphagiques. On ne s'ennuie jamais en voyageant dans le petit écran (même s'il est parfois difficile d'en conserver son sérieux) !

01/01/2010

Où l'on est amené à s'interroger sur la santé mentale du sériephile


*Tranche de vie sériephile*

(Je compte sur votre compréhension pour ne pas porter de jugement définitif sur ma santé mentale une fois la lecture de ce billet un peu particulier achevée.)

Le sériephile aime ses séries. Il chérit ses coffrets DVD. Il lit avec avidité tous les articles et interviews qui en traitent. Avec son sens inné pour les petits plus collectors, il lorgne avec intérêt et curiosité sur les produits dérivés qui le narguent sur ebay, en pensant comment réorganiser la nouvelle décoration de son salon en conséquence.

Et, parfois, le sériephile a des amis qui le connaissent trop bien. Des amis assez attentifs pour se souvenir des objets que le sériephile avait admirés avec des yeux pétillants sur internet. Des amis suffisamment compréhensifs pour envisager de commander des choses étranges qui feraient froncer des sourcils de perplexité à l'écrasante majorité de la population. Des amis très débrouillards qui réussiront à acheter et faire importer des Etats-Unis lesdits objets pour les offrir en cadeaux au sériephile.

Un enchaînement de circonstances et d'évènements qui a conduit hier à une scène entre émotion et semi-hystérie dans le living room dudit ami, quand la sériephile que je suis a ouvert son cadeau...

Solidement empaqueté dans un grand colis "US import", j'ai à moitié défailli en voyant soudain apparaître une seconde boîte, dont les inscriptions sur les côtés donnaient une indication déterminante de son contenu...

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(C'est que même le carton est collector. Je ne vais jamais pouvoir le jeter...)

A l'intérieur, soigneusement rangé...
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Un magnifique pack d'une boisson unique en son genre :

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*Yeux qui brillent*

*Admire, soupèse, observe sous tous les angles*

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Le pack de True Blood est composé de quatre lourdes bouteilles, en verre. J'avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'elles soient si grandes et finalement si imposantes (*se demande bien où elle va pouvoir les exiber dans son minuscule appartement*). Elles sont d'une contenance de 14 once chacune.

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Le plus important est bien sûr le contenant. Rien à redire : le design est particulièrement soigné, jusqu'au moindre petit détail, arborant fièrement, sur le devant, la marque de la boisson, avec les petits caractères japonais au milieu, et la précision nécessaire qui fait toute la différence : le groupe sanguin proposé, avec un "O positif" qui trône en haut. Autant dire que c'est un magnifique objet de collection : le produit dérivé unique en son genre, vraiment spécifique à cette série.

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Concernant le contenu, évidemment, ce n'est pas du vrai "sang synthétique" à l'intérieur. Le liquide sanguin présent correspond plutôt à un coktail de produits chimiques plus ou moins identifiés, dont le mélange est sensé donner une boisson au goût d'orange, au sujet de laquelle l'étiquette de derrière nous montre bien en quelle estime les fabricants tiennent les acheteurs de cette boisson. Puisqu'ils se sentent obligés de préciser : "These statements have not been evaluated by the Food and Drug Administration. This product is not intended to diagnose, treat, cure, or prevent any disease, or to provide any dietary benefits". (*Se sent rassurée sur la perception que l'on peut avoir de sa santé mentale*)

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A noter que le verre est vraiment épais. Et, en haut de la bouteille, se trouve même gravé dans le verre le nom "True Blood" ; tandis qu'au niveau du goulot, juste avant l'ouverture noire métallisée, figurent des petits signes japonais (Ce sang synthétique a été mis au point par une entreprise japonaise).


Bref, voilà un magnifique objet de collection. Original. Classe. Design. Parfait symbole de la série. (Impeccable pour le placer juste à côté du poster publicitaire de la marque, commercialisé un peu partout, et achever de ruiner toute réputation en recevant des amis dans son salon.)

Reste que, désormais, je peux inviter des vampires à boire un verre à la maison. *Le temps de retrouver le numéro de téléphone d'Eric*


Je ne sais pas si cette note vous a vraiment rassuré sur ma santé mentale ; mais je me devais de partager avec vous ce petit moment de bonheur et jubilation sériephiles que j'ai vécu hier soir.
Oui, la sériephilie est une passion qui se vit bien au-delà du simple visionnage d'épisodes ! Et voilà comment entamer la nouvelle année en beauté.