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11/11/2009

(Humeur) Crise de foi téléphagique

Les jours fériés sont un cadeau empoisonné. Ils nous offrent un peu de temps loin du boulot. Et sans prévenir, notre cerveau désoeuvré opère un plongeon introspectif. Je suis tombée en arrêt devant les billets écrits pour ce blog au cours des deux dernières semaines, qui résument assez bien mes habitudes télévisées actuelles. Je me suis toujours considérée comme sériephage, amoureuse de la durée et de la complexification des intrigues, par opposition au caractère éphémère et à la brièveté d'un film. J'ai toujours préché pour cette chapelle. Pourtant, au cours de l'année écoulée, pas mal de mes certitudes se sont fissurées.

Bref, cher lecteur, me voilà assaillie de doutes. En pleine crise de foi téléphagique.

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Epargnez-moi un laïus sur l'évolution. Oui, il est normal de ne pas attendre la même chose de son petit écran lorsque l'on sort de l'adolescence et lorsque l'on a un pied dans la vie active et un joli bagage téléphagique derrière soi. De la vie d'étudiante à celle de salariée. Du modem 56k (ô antiquité!) jusqu'au haut débit. Des nuits d'insomnie pour guetter l'obscure diffusion d'une série inconnue sur une chaîne française (France 2 et ta case "Millenium-esque", je te salue) au programme à la carte que je me concocte désormais. Ma consommation de séries a considérablement changé au cours des dernières années. Mon rapport au petit écran également. Bien loin de la fiancée idéale, fidèle et prête à pardonner les errements, je suis devenue une croqueuse de séries sans pitié.

J'ai toujours cette passion. Animée par une curiosité inassouvie, par un besoin compulsif de découvertes, je garde un extrême plaisir dans un bref flirt, appréciant le visionnage d'un pilote pour combler l'ennui d'une soirée hivernale. Puis, je pousse parfois la "découverte" aux deux, trois épisodes suivants, histoire de voir la direction de la série... Mais au-delà, une barrière se dresse et l'affaire paraît se compliquer. Que dire ? Je suis devenue infidèle. Je ne m'engage plus. Ou, du moins, très difficilement. J'ai perdu le compte du nombre de séries abandonnées en cours de route, entre lassitude et perte d'intérêts, alors que je les suivais depuis plusieurs saisons. Certes, il m'arrive encore de parvenir à la fin d'une première saison, surfant sur la prime à la nouveauté. Seulement, au moment de la reprise, lorsque vient la saison 2, l'effet nouveauté ne joue plus, la curiosité s'est muée en ennui, et je ne sais plus que faire. Avant je mettais un point d'honneur à conclure la plupart des productions que je suivais ; maintenant, c'est l'exception.

Désormais, je crois que la durée idéale d'une saison de série comporte, à mes yeux, entre 10 et 13 épisodes. Pas plus. Car, quelles sont les séries que j'ai le plus de mal à suivre avec assiduité ? Les séries des grands networks américains. Même pour celles que j'aime, à un moment donné dans la saison, je finis invariablement par m'octroyer des pauses et mes saisons se terminent plus souvent en août ou septembre qu'en mai. Ma consommation de séries diffusées sur ces chaînes-là s'est d'ailleurs réduite comme peau de chagrin, est-ce une coïncidence ? Regardons concrètement, parmi les séries déjà existantes la saison précédente, ce que je regarde encore. Ou du moins ce que je considère n'avoir pas (encore?) abandonné. House MD, Brothers & Sisters, Supernatural, The Mentalist. Mais... Je n'ai pas encore recommencé la saison 6 de House MD, ni la saison 2 de The Mentalist (d'ailleurs ici, je ne suis pas certaine de reprendre, le cap saison 2 n'étant pas encore surmonté). J'ai plusieurs épisodes de retard pour Supernatural. Je n'ai pas fini la saison précédente de Brothers & Sisters. En parallèle, il m'arrive de regarder un épisode de The Big Bang Theory ou de How I Met Your Mother, dans les moments de blues. Ce n'est alors qu'un flirt occasionnel qui ne suit pas l'ordre de diffusion. Sympathique, mais sans engagement. Je picore, mais ne m'arrête pas. C'est grave, docteur ?

A côté, deuxième constat : j'ai beaucoup moins de difficultés à suivre les séries des chaînes câblées, moins nombreuses, mais pour lesquelles je suis à jour dans les diffusions. Qu'il s'agisse de Dexter, Sons of Anarchy, Mad Men, Breaking Bad, Big Love, True Blood... et même du cas particulier de Friday Night Lights, ex-grand network ovni-esque. Vous me direz que ce sont peut-être (probablement) des séries d'un autre calibre dans le paysage sériephile actuel, il reste que franchir la limite des 13 épisodes m'apparaît désormais difficile. Poussons plus loin la réflexion, en englobant toutes mes habitudes sériephagiques. Certains diraient sans doute que j'ai un léger penchant britannique. Or, qu'est-ce que l'on retrouve outre-Manche ? Des saisons classiquement comprises entre 6 et 13 épisodes ; et l'existence de tout un tas de mini-séries dotées de 4 à 6 épisodes, toutes aussi prenantes. Au-delà de l'attrait culturel qu'exercent sur moi les fictions britanniques (c'est un autre débat), il est logiquement plus facile d'arriver au bout de saison, correspondant à un quart d'une saison complète américaine. Ainsi, la série la plus ancienne que je suis toujours aujourd'hui avec assiduité est Spooks (MI-5), qui vient d'entamer sa huitième saison.

Suis-je devenue capricieuse, prompte à rechercher l'étincelle immédiate et refusant de diluer mon temps et mon énergie dans un investissement sur le long terme ? Ma rupture avec les séries des grands networks est-elle fondée sur des raisons qualitatives et d'affinité, ou le problème provient-il du format proposé, de ces saisons interminables qui s'étalent, sans fin, sur l'année ? Je recherche une constance dans l'intensité de la narration que ne m'apporte plus de longues saisons. Mon sentiment prédominant à l'égard des productions des grandes chaînes américaines n'est même pas un agacement devant un manque de subtilité ou d'aboutissement dans l'écriture, c'est juste un profond désintérêt. Ce ne sont pas quelques exceptions qui viendront bouleverser cette vision des choses. Et, à qualité égale, j'opterais toujours pour la série dont la saison comporte seulement 10 épisodes, par opposition à un programme qui dépasse les 20.

Au cours de cette rentrée, en seulement trois épisodes (dont le dernier ponctué d'avances rapides et de soupirs de suppliciée), Flashforward a réussi à m'écoeurer de toute envie de tenter de poursuivre l'aventure. Je n'ai pas saisi l'intérêt d'Eastwick (déjà annulée), j'ai trouvé Glee ridicule et je me suis endormie devant Vampire Diaries. Je serais presque tentée de continuer avec The Good Wife, une des rares nouveautés dramatiques sortant du lot, mais pour le moment, les épisodes en retard traînent... Il paraît que la rentrée 2009 est celle du renouveau des comédies américaines. Mais je n'ai pas encore trouvé la motivation de leur donner une chance ; étant assez peu portée sur ce genre de manière générale.

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Quand on commence à dresser des listes de séries inutiles, à regarder d'un oeil distant les news sur les projets US en cours en pariant sur la rapidité de leur annulation prochaine, est-ce que cela n'est pas renier sa nature première de sériephage ? La téléphagie n'a jamais été synonyme d'exhaustivité, certes. Mais en parcourant les discussions toujours aussi enflammées sur les forums, les critiques et analyses pointues de la blogosphère sériephile, j'ai l'impression de me retrouver isolée, perdue dans mes égocentriques questions existentielles. Et, au fond de moi, revient alors cette lancinante hantise ; celle de rester fermement enracinée sur le quai de la gare, en vieille relique qui observe le train télévisuel partir, tout en chérissant ses fictions cultes de temps révolus.

Donc, cher lecteur, je te confie une mission de veille sanitaire. Tu voudras bien tirer la sonnette d'alarme si jamais tu constates ma dérive vers ce futur cauchemardesque ?


Ma crise de foi téléphagique n'est peut-être que le reflet une évolution ; et mes nouvelles habitudes, une forme d'adaptation à de nouveaux goûts et  attentes. Car, concrètement, je continue d'explorer un univers téléphagique avec enthousiasme, mais c'est un univers au contenu bien différent de celui que je vénérais il y a 3 ou 4 ans.
Pour autant, est-ce que cela cesse de faire de moi une "sériephile" ?