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15/12/2013

(FR) Un Village Français, saison 5 : dans la Résistance de 1943

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Un Village Français est incontestablement une des séries françaises actuelles les plus abouties. Mieux, elle est l'exemple qui me vient toujours en tête quand je veux montrer combien une fiction peut bénéficier de la durée, avec une écriture qui mûrit au fil de l'expérience et une exploitation du format télévisé qui devient de plus en plus engageante. N'ayant pas pu suivre la diffusion sur France 3 cet automne, c'est par les DVD que j'ai découvert (et rapidement visionné) cette saison 5 fin novembre : l'occasion de se rendre compte que, en effet, les épisodes s'enchaînent tout seuls dans le petit écran, et qu'elle n'a décidément rien à envier à ses consœurs pour faire céder le téléspectateur aux sirènes du "binge-watching".

[La review qui suit contient des spoilers sur des évènements de cette saison 5.]

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Cette saison 5 ne manquait pourtant pas de défis à relever. Suivant le schéma chronologique désormais bien établi, la série progresse d'une année par rapport à la saison 4, et nous plonge dans les problématiques de 1943, en France, face au Service du Travail Obligatoire (STO), mais aussi face aux rapports de force en train de changer au sein de la guerre qui se joue à l'échelle mondiale. Pour continuer de nous conter le conflit à l'échelle de Villeneuve, Un Village français doit trouver chaque saison le juste équilibre entre ses personnages historiques et l'introduction de nouvelles figures qui représentent les grands thèmes traités au cours des douze épisodes. Elle doit accepter -et faire accepter par le téléspectateur- de reléguer au second plan certains, pour conserver la cohésion d'un récit dont l'ambition narrative dépasse les seules destinées personnelles.

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La première des réussites de cette saison est d'avoir justement su intégrer ses nouveaux protagonistes et impliquer le téléspectateur à leurs côtés. Le refus du STO conduit vers les maquis de jeunes hommes qui ne s'étaient jusqu'à présent jamais engagés. Ils se tournent vers une résistance, dont le terme large recouvre une réalité éclatée d'organisations embryonnaires, manquant chroniquement de moyens. L'un des enjeux de la saison est ainsi la formation d'un groupe, mais aussi l'affirmation d'un leader, Antoine, qui prend en main ces jeunes gens désœuvrés qui se cachent. Plus que jamais, l'époque est aux choix. Les circonstances poussent d'ailleurs à la radicalisation de part et d'autre... tandis que les opportunistes sentent le vent tourner et songent déjà à négocier l'après-guerre.

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Un des éléments intéressants de la saison est la justesse de l'équilibre trouvé dans la tonalité du récit. Derrière les accents de tragédie d'un récit au sein duquel les victimes ne manqueront pas, l'écriture s'attache à capturer l'humanité de chacun, avec ses failles, ses instants de solidarité, ses principes inébranlables portés en étendard ou ses moments de lâcheté... L'ordinaire confronté à l'extraordinaire reste le leitmotiv... Les circonstances et les épreuves changent chacun, quel que soit son camp, emporté toujours plus loin dans un tourbillon qu'il ne maîtrise pas. Illustrant cette approche, la mise en scène du maquis des réfractaires au STO se retrouve associée à un thème inattendu : le théâtre. Cette passion d'un des amis d'Antoine se superpose étonnamment aux drames qui se jouent, introduisant un décalage, une parenthèse, qui apparaît comme une éphémère échappatoire.

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Initialement, le fil rouge théâtral tend parfois à occuper un peu trop de temps par rapport au reste, mais ce parti se retrouve justifié a posteriori par sa conclusion, qui achève la saison sur une scène, métaphore aussi déchirante que magistrale, qui laisse des frissons au téléspectateur. Il faut dire que la mort plane sur tous ces épisodes, qu'il s'agisse des coups d'éclat de la résistance ou bien des passages à l'intérieur de la prison, dans cette cellule froide salle d'attente pour une mort promise devant le peloton d'exécution. A ce titre, il était logique que des figures historiques finissent par tomber, elles aussi, sur ce champ de bataille. Ce sera un des personnages les plus engagés, Marcel, celui qui, dès le départ, s'est toujours battu pour ses convictions. L'amère ironie de le voir fusillé aux côtés de celui qui représente la collaboration la plus zélée apporte d'ailleurs une dimension supplémentaire à cette exécution.

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Bilan : Si Un Village français a eu besoin de quelques épisodes pour reconstruire son équilibre entre personnages historiques et nouvelles figures au cours de cette saison 5, la série a conservé intacte la force de son récit. Toujours très humaine, c'est dans un versant émotionnel et poignant qu'elle acquiert toute sa dimension, face aux drames, aux arrestations et aux dilemmes auxquels doivent faire face les différents personnages. Comme dans les deux saisons précédentes, le rythme narratif exploite aussi pleinement le format sériel, capable d'accélérer et de maintenir en suspens la tension qui convient pour s'assurer que le téléspectateur sera au rendez-vous pour la suite.

Un Village français continue donc de mûrir, de se renouveler et de se construire épisode par épisode pour reconstituer son époque... Je reste une fidèle. Rendez-vous pour la saison 6 !


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la saison 5 :

09/06/2013

(FR) Fabien de la Drôme : un western français sous la Révolution

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Parmi les projets au long court de ce blog figure l'exploration du petit écran français des décennies précédentes. Il s'agit plus précisément de ce que j'avais appelé le cycle ORTF qui, de la fascinante Brigade des Maléfices à l'enthousiasmant Voyageur des Siècles (notez qu'un épisode de cette dernière sera proposé au Comic Con' Paris le mois prochain !), en passant par Les Rois Maudits, nous a déjà permis de naviguer et de découvrir quelques jolies perles de la télévision française des années 60-70. Aujourd'hui est une petite exception puisque je vous propose de dépasser cette période : la série sur laquelle je vais revenir est plus récente, l'ORTF n'existant alors déjà plus. Sa diffusion, sur Antenne 2, date en effet de décembre 1983 : ce fut un succès puisqu'elle réunit 44% de part de marché. Comptant 7 épisodes de 50 minutes environ, elle est actuellement disponible en DVD chez Koba Films

Fabien de la Drôme est une série historique d'aventures derrière laquelle on retrouve deux scénaristes habitués du genre, Jean Cosmos (dont nous avons déjà pu apprécier le travail avec Ardéchois Coeur Fidèle) et Stellio Lorenzi (Jacquou le Croquant). Si plusieurs éléments l'avaient placée sur ma liste d'oeuvres à découvrir, la période (révolutionnaire) et son lieu d'action n'en sont pas les moindres. Comme son titre l'indique, elle se déroule en effet dans la Drôme, plus précisément la Drôme provençale. Je ne nierais pas mon affection toute particulière pour ces paysages qui m'ont vue naître et grandir. Outre ce plaisir personnel de voir transposer à l'écran un cadre qui m'est très cher, Fabien de la Drôme m'intriguait car elle était présentée, dans tous les articles que j'avais pu lire, comme un "western français". Une incursion dans un tel genre aiguisait assurément la curiosité.

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Fabien de la Drôme se déroule à la fin de la période révolutionnaire, quelques mois avant le coup d'Etat de brumaire. Nous sommes au printemps 1799 sous le Directoire. Le sort de la République apparaît une fois de plus très incertain. Sa situation militaire s'est considérablement dégradée en quelques mois, devant faire face à une nouvelle coalition européenne et aux réticences de la population à contribuer à la guerre. A l'intérieur, cela suscite un regain de troubles et d'insécurités. L'agitation royaliste se réveille, et les campagnes sont parcourues par des bandes armées aux allégeances troubles. Le régime républicain lui-même a perdu toute crédibilité : depuis sa création, le Directoire est rythmé par les coups de force et les remises en cause de sa (très relative) démocratie. C'est justement dans l'effervescence de la préparation des élections législatives de l'an VII que s'ouvre la série.

Après deux précédentes tentatives avortées, l'ambitieux Colinart a déménagé dans le sud de la Drôme. Fort de l'appui de dignitaires du régime, parmi lesquels le directeur Barras, il entend bien parvenir à entrer au Conseil des Cinq-Cents, une des deux assemblées législatives créées par la constitution de l'an III. Affairiste ayant su tirer pleinement profit des bouleversements de la décennie écoulée pour s'enrichir, il ne reculera devant aucune machination pour satisfaire ses intérêts. C'est dans ce contexte qu'un inconnu, se présentant sous le seul prénom de Fabien, arrive dans ce coin de campagne drômoise. Habile tireur et solide combattant, il se fait vite remarquer dans un coin où les échauffourées sont monnaie courante. Peu causant et solitaire, il poursuit ses propres projets : retrouver une bande royaliste qui a sévi récemment de l'autre côté du Rhône, en Ardèche...

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Le charme de Fabien de la Drôme tient tout d'abord à la manière dont la série se réapproprie habilement les codes familiers du western pour les transposer dans la France de la fin de la décennie révolutionnaire. Le cadre du Directoire sied parfaitement à un tel projet, avec ses troubles et un pouvoir central qui peine à s'imposer pour maintenir une paix intérieure lui échappant. Dix années de bouleversements juridiques et sociaux ont de plus laissé un pays profondément marqué et divisé. La série aura l'occasion d'introduire chaque camp, mettant en exergue leurs antagonismes politiques : des jacobins aux royalistes, en passant par les thermodoriens pragmatiques qui se cramponnent au pouvoir. Outre ce décor, la fiction emprunte également aux westerns quelques passages emblématiques, telles, dès le premier épisode, une attaque de diligence et les fusillades qui l'accompagnent. Enfin, le héros correspond aussi aux canons du genre. Il est un solitaire qui s'est autrefois battu pour ses idéaux : ancien de la guerre d'Indépendance américaine, c'est un babouviste compromis dans la conjuration des égaux, donc un proscrit du régime actuel. S'il débarque dans ce coin reculé de campagne drômoise, c'est pour assouvir une vengeance : il traque les responsables de la mort de sa femme et de son fils, tués par une des bandes qui effraient les locaux.

La manière convaincante dont Fabien de la Drôme se réapproprie tous les ressorts narratifs du western, avec un soin du détail appréciable, ne laissera certainement pas insensible un téléspectateur appréciant ce genre. Les scénaristes ont ici réalisé un intéressant travail de transposition. De plus, tout en bénéficiant d'une intrigue prenante, la série prend le temps de construire son ambiance, marquée par ce soleil déjà de plomb au milieu du printemps. L'histoire qu'elle déroule au cours de ses 7 épisodes est sans véritable surprise, mais elle comporte un cocktail engageant et plaisant à suivre. Oscillant entre quête de vengeance et de justice, elle se caractérise par des séquences d'action, des amitiés qui se forgent, et même des esquisses sentimentales - même si ces dernières resteront les plus expédiées par le scénario. On peut sans doute lui reprocher quelques longueurs perceptibles vers la fin, mais rien qui n'entame les qualités premières de la fiction : elle est une vraie fresque d'aventures. Et par-delà les libertés historiques prises, un effort de reconstitution et de remise en contexte existe et parachève l'immersion du téléspectateur, grâce aux figures secondaires, tel l'ancien maire montagnard, et par quelques parenthèses parlantes de leur époque, comme les négociations sur le comptage des portes et fenêtres que requiert l'impôt récemment créé, ou encore le symbole représenté par la plantation d'arbre de la liberté, invariablement fauché par des expéditions royalistes.

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Sur la forme, le réalisateur, Michel Wyn, emprunte à son tour un certain nombre des codes traditionnels des westerns, usant de travelling, de zooms, avec une mise en scène accélérant brusquement lors des affrontements... La bande-son réveille aussi chez le téléspectateur le souvenir d'oeuvres se déroulant dans l'Ouest américain : qu'il s'agisse du thème instrumental récurrent, ou de l'accompagnement musical qui s'emballe lors des phases d'action, la fiction revendique ici pleinement son inscription dans la lignée des westerns. Si la transposition est réussie, c'est aussi parce que la caméra capture à merveille les décors sauvages, à l'herbe jaunie par le soleil, que parcourent à cheval les protagonistes. Avec ces paysages, mais aussi toutes ces sonorités qui nous immergent dans une campagne bruyante bercée par le chant des cigales, la série respire un parfum marqué de Drôme provençale (avec des incursions dans le Vaucluse). Pour l'anecdote, retenez qu'elle a notamment été tournée autour du village de Saint-May.

Enfin, Fabien de la Drôme bénéficie d'un casting homogène. Nombre des seconds rôles interprétant des locaux ont cet accent chantant du sud qui convient. C'est à un Jean-François Garreaud impeccable qu'a été confié le rôle du taciturne Fabien, incarnation du héros vengeur qui se laisse malgré lui toucher par certaines de ses rencontres, s'impliquant peu à peu dans la vie locale, sa volonté de justice le conduisant à dépasser ses seuls plans initiaux. A ses côtés, on retrouve notamment Stéphane Aznar, Béatrice Avoine, Claude Bauthéac, Gabriel Cattand, Maurice Chevit, Françoise Dorner, Pierre Vernier, Bernard Fresson, Michel Melki ou encore Catherine Ménétrier.

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Bilan : Entremêlant les codes du western traditionnel et ceux de la fresque historique dans ce cadre français emblématique qu'est celui de la Révolution, Fabien de la Drôme est une expérience télévisuelle aussi intéressante que réussie. L'ensemble est prenant et plaisant à suivre, bénéficiant d'un personnage central intriguant qui oscille entre la figure du vengeur et celle du justicier. La place octroyée aux décors contribue à construire une ambiance qui happe le téléspectateur, avec des paysages superbement mis en valeur. D'aucuns y trouveront une jolie occasion de dépaysement. Personnellement, c'est surtout l'impression d'être chez moi qui a prédominé, tant cette fiction respire le coin de Drôme provençale dans lequel elle se déroule. En résumé, avis aux amateurs de récits d'aventures, Fabien de la Drôme mérite assurément une (re)découverte.


NOTE : 7,75/10


Les premières minutes d'ouverture de la série :

01/06/2013

(FR) Alias Caracalla : au coeur de la Résistance

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Je vous propose aujourd'hui de délaisser les contrées exotiques, puisque c'est le petit écran français qui va être à l'honneur. Je voudrais en effet en profiter pour revenir sur une fiction diffusée sur France 3 le week-end dernier, les samedi et dimanche soirs : Alias Caracalla. Il s'agit d'un téléfilm, comportant deux parties de 90 minutes chacune. Transposant à l'écran les mémoires de Daniel Cordier, résistant qui passa presque une année au service de Jean Moulin, le sujet s'annonçait très intéressant.

Comme trop souvent avec la fiction française, j'étais passée complètement à côté de la diffusion durant le week-end (j'ai conscience du paradoxe qu'il y a à maîtriser les grilles des programmes de pays lointains tout en restant malheureusement dans une relative ignorance de sa télévision nationale). J'ai donc profité de pluzz.fr pour rattraper cette négligence durant la semaine. Je ne l'ai pas regretté, car ces 3 heures denses et bien menées m'ont agréablement surprise, entraînant le téléspectateur dans les coulisses de la Résistance. 

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Alias Caracalla est le récit du parcours de Daniel Cordier durant la Seconde Guerre Mondiale. Il couvre trois années, de 1940 à 1943. En juin 1940, il est alors un jeune militant énergique à l'Action française, maurrassien et antisémite dans la lignée de l'éducation qu'il a reçue. Refusant la défaite et l'armistice demandée par le maréchal Pétain, il embarque dans les jours qui suivent sur un bâteau pour gagner les forces françaises d'Afrique du nord. Mais le navire est dérouté vers l'Angleterre. C'est finalement dans les forces françaises libres londoniennes qu'il s'engage. Après deux années d'entraînement, il est parachuté en France en 1942.

Débute alors la deuxième partie du récit : il devait être le radio de Georges Bidault, il devient finalement le secrétaire de l'envoyé du général De Gaulle à Lyon, Jean Moulin. Au contact de ce républicain aux opinions diamétralement opposées, Daniel Cordier apprend beaucoup, évoluant peu à peu politiquement. Il va être le témoin privilégié des tensions et des rapports de force constants qui divisent alors les mouvements de Résistance, assistant aux efforts réalisés pour les unifier et créer le Conseil National de la Résistance. Ce dernier sera réuni pour la première fois fin mai 1943. Quelques semaines plus tard, Jean Moulin est arrêté à Caluire.

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Choisir d'évoquer la Résistance de la perspective de Cordier, c'est permettre à Alias Caracalla de se réapproprier la vivacité de son jeune protagoniste principal : la narration est dès le départ très dynamique, sans temps mort, accompagnée d'une réalisation tout aussi nerveuse. Impulsif et campé sur ses certitudes, Cordier a des opinions antirépublicaines très tranchées qu'il revendique ouvertement et n'hésite pas à partager. Le premier intérêt du récit est d'assister à son évolution au cours de ces trois années : ses certitudes vont d'abord être confrontées à la défaite et aux réactions de chacun devant une armistice qui redessine les camps, puis il apprend ensuite beaucoup au contact de celui dont il devient le secrétaire.

Tout en soulignant les différences entre l'ancien préfet et celui qui fut militant à l'Action française, le téléfilm éclaire l'influence que va avoir le premier sur le second : Moulin, que Cordier ne connaît que par ses fonctions actuelles et un pseudonyme, ne lui apporte pas seulement une autre grille de lecture politique, il lui ouvre plus généralement de nouveaux horizons, à l'image de leurs conversations sur la peinture. Insistant sur les rapports de travail, mais aussi humains, qu'entretiennent les deux hommes, Alias Caracalla se montre intéressant, tout particulièrement parce que la figure de Jean Moulin est très bien caractérisée. Le récit lui restitue une vraie complexité et une nuance, rejetant toute tentation d'une représentation monolithique d'une icône de la Résistance. Cela est sans conteste la grande réussite de ce téléfilm.

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Dans le même temps, Alias Caracalla nous fait pénétrer dans la Résistance des années 1942-1943. Il la raconte du point de vue des envoyés de Londres. Suivre les pas de Cordier n'est pas une histoire de faits d'armes. C'est un récit besogneux, celui d'un travail de secrétariat et de coordination d'une organisation éclatée que l'on tente d'unifier et de rendre cohérente. De cet éclairage de la gestion quotidienne de la direction d'une lutte clandestine, le téléspectateur retient les enjeux autour de la distribution des fonds londoniens, mais aussi les tensions idéologiques et les batailles d'égos entre les dirigeants des mouvements, qui transforment chaque réunion en rapports de force permanents.

Toute la deuxième partie du téléfilm relate la difficile gestation et création du Conseil National de la Résistance. Le récit s'y fait didactique, avec une volonté manifeste de privilégier l'essentiel, refusant d'alourdir le récit de détails non nécessaires à la compréhension globale de ce qui se joue. Si la tension n'en souffre pas, ce choix amoindrit quelque peu la force de la reconstitution historique : il aurait pu être intéressant d'enrichir ce tableau, en expliquant plus précisément la réalité des situations et les nuances liées aux positions de chacun. Le téléfilm fait le choix de suivre son fil rouge, avec une approche restreinte à ce cadre. Comme la période est suffisamment bien connue du téléspectateur, ces réserves restent anecdotiques ; d'autant que ce parti pris fonctionne bien à l'écran, légitimé par une narration efficace.

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Enfin, une autre des forces de Alias Caracalla repose sur la performance d'ensemble d'un casting très solide. Dans un rôle de jeune impulsif aux idées radicales qui, progressivement mûrit et évolue, Jules Sadoughi délivre une prestation vive et énergique, pleine de l'aplomb de la jeunesse. Il capture et partage à merveille l'intensité de Cordier et de ses convictions. L'autre acteur à se démarquer de façon notable au fil de ces trois heures est un très convaincant Eric Caravaca dans le rôle de Jean Moulin : son jeu est nuancé et sobre, tout en apportant dans le même temps une présence particulière à l'écran à chacune de ses apparitions. L'association de ces deux personnalités aux parcours très différents est mise en scène de façon convaincante. A leurs côtés, on retrouve notamment Nicolas Marié, Jean-Michel Fête, Léo-Paul Salmain, Julie Gayet, Louis-Do de Lencquesaing, Laurent Stocker, Grégory Gadebois, Thierry Hancisse, Lou de Laâge, François Loriquet, Géraldine Martineau, Lazare Herson-Macarel, Olivier Chantreau et François Civil.

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Bilan : Récit dynamique, Alias Caracalla est l'histoire prenante d'un parcours personnel atypique en des temps extraordinaires que sont ceux d'une guerre. L'angle est intéressant : il permet d'esquisser, en allant à l'essentiel, un portrait d'une Résistance des années 1942-1943 désunie et tiraillée par les ambitions, tout en éclairant plus particulièrement la figure de Jean Moulin, dont la caractérisation est une des réussites du téléfilm. C'est donc un visionnage que je recommande : outre la dimension historique, c'est une solide fiction bien menée qui saura retenir l'attention d'un public au-delà de ceux qui s'intéressent à la Deuxième Guerre Mondiale. Elle est encore disponible pour quelques heures sur pluzz.fr ; sinon notez la sortie prochaine du DVD. De mon côté, je vais tenter de mettre la main sur les mémoires dont ce téléfilm est l'adaptation !


NOTE : 7,5/10


Pour un aperçu, deux extraits :

29/04/2013

(Pilote FR) Odysseus : une relecture de l'Odyssée

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Vendredi soir avait lieu au Festival Séries Mania la projection en avant-première des premiers épisodes de la prochaine série d’Arte, prévue pour juin prochain et très attendue après Ainsi soient-ils : Odysseus. Le sujet auquel la série s’attaque s’annonçait ambitieux : oser se réapproprier l’univers de l’Illiade et l’Odyssée d’Homère est en soi un premier défi de taille ; parvenir à reconstituer cette période historique particulière et porter à l’écran le cadre de l’Antiquité (grecque) l’est tout autant. Ce sont ces challenges que le créateur, Frédéric Azémar, s’est efforcé de relever, pour un résultat intéressant mais avec ses limites.

[La version originale de ce billet a été rédigée et pré-publiée pour le blog du Festival SeriesMania. Cette critique porte sur les 3 premiers épisodes de la série.]

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Odysseus n’entend pas relater les exploits de celui qui fut un héros de la guerre de Troie, ni même évoquer les épreuves qui parsemèrent son lent retour à Ithaque après la guerre. La série adopte un autre point de vue, celui de cette île qui, justement, se languissait de son roi et l’attendait impatiemment, sombrant peu à peu dans l’anarchie en raison de son absence. Lorsque la série débute, cela fait déjà 20 ans qu’Ulysse a quitté les siens pour Troie. La situation devient chaque jour plus difficile pour sa famille. Pénéloppe, son épouse fidèle, inébranlable, a conservé la certitude que son mari est toujours en vie et rentrera, mais elle est cernée de prétendants qui la poussent à choisir parmi eux un nouvel époux que ce mariage couronnerait roi. Télémaque, son fils, ne connaît ce père absent que par les exploits et autres légendes narrés par d’autres. Sur-protégé par sa mère, le jeune homme a encore tout à prouver pour s’affirmer digne du nom et de l’héritage si lourd à porter d’Ulysse.

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Au terme des trois premiers épisodes (c'était un marathon de six épisodes qui était proposé sur grand écran ; mais mon lever le vendredi matin à 5h a eu raison de ma curiosité), la richesse des thématiques qu’un tel sujet permet d’aborder est évidente. En effet, la série recelle de figures de tragédie, de personnages forts et marquants dont les vies, faites d’épreuves, se prêtent si bien à un récit de fiction. Un tel synopsis a le potentiel pour facilement acquérir une dimension romanesque, voire épique : de Pénéloppe, reine inaccessible, ne tenant que grâce à cette conviction profonde – déraisonnable ? – qu’elle s’est forgée qu’Ulysse n’est pas mort, à Télémaque, écrasé par l’ombre de son père et qui doit trouver sa voie. De plus, Ithaque est aussi le siège d’aspirations moins nobles, plus pragmatiques : tous ces guerriers ambitieux rassemblés ne rêvent que de la main de la reine et donc du trône. Les premiers épisodes nous intoduisent dans le fragile statu quo de l’équilibre du pouvoir à Ithaque que chaque jour passé rend plus précaire. Par conséquent, Odysseus ne manque pas de thèmes intéressants, et entreprend de les explorer en recourrant à des ressorts narratifs qui ont fait leur preuve : l’amour, l’initiatique…

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Cependant, à partir de ce potentiel indéniable, les premiers épisodes ne remplissent pas toutes les attentes suscitées, se heurtant à un certain nombre de limites qui empêchent Odysseus d’être la fiction de référence à laquelle son ambition de départ – qu’il faut bien saluer – aurait pu conduire. La série met du temps à prendre son envol, démarrant sur un faux rythme. Si son pilote permet de nous présenter les différents protagonistes et de nous introduire sur cette île d’Ithaque, nous laissant prendre la mesure de tous les enjeux de cette histoire, il lui manque quelque chose pour vraiment captiver. Le premier épisode cède à des dynamiques assez stéréotypées, tout en confirmant malgré tout le potentiel de départ. En fait, la série semble d’abord chercher son ton : on retrouve dans les dialogues beaucoup d’échanges aux consonnances modernes, mais l’ensemble manque de naturel. Pareillement, tous les acteurs ne trouvent pas non plus immédiatement leurs marques et certains choix du casting n’ont toujours pas emporté mon adhésion au terme des trois premiers épisodes. Ce problème d’homogénéité est source d’inégalités : si certains passages sont bien négociés, d’autres bonnes idées laissent des regrets, n’étant pas exploitées comme elles auraient pu.

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Pour autant, une progression encourageante se perçoit au cours ces débuts : au fil des épisodes, on retrouve une meilleure maîtrise de l’intensité et de l’univers en général. C’est d’autant plus intéressant pour la suite de la série qu’Odysseus sait bel et bien retenir l’attention du téléspectateur, notamment avec des fins d’épisodes particulièrement soignées, se terminant invariablement par une accélération de l’histoire et un tournant en forme de cliffhanger auquel il est difficile de résister. Durant la présentation qui a précédé la projection, il a été insisté sur le fait que Odysseus constituait une oeuvre construite pour s’apprécier comme un ensemble. La manière dont elle débute, avec ses limites mais aussi la progression perceptible, encourage donc à penser qu’il s’agit d’une fiction qui va gagner en ampleur à mesure qu’elle avance dans sa saison.

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Bilan : Les débuts d’Odysseus laissent au final une impression mitigée. La série est une oeuvre riche, au potentiel indéniable. Et pour exploiter cet univers, elle assume et revisite des ressorts narratifs classiques qui ont fait leurs preuves. Cependant, elle a aussi des limites qui l’empêchent d’acquérir la dimension à laquelle elle pourrait prétendre. Pour vraiment s’affirmer, il lui est notamment impératif qu’elle capture ce souffle dramatique qu’elle laisse entrevoir et qui est assurément à sa portée.

Elle n’en reste pas moins efficace en tant que série : elle sait entretenir la curiosité du téléspectateur, et après trois épisodes, j’ai envie de voir la suite (ce qui est le principal). C’est donc une fiction qui mérite qu’on lui laisse sa chance.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

24/02/2013

(FR) Les Rois Maudits : "the original game of thrones"

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La saga littéraire de Maurice Druon a été qualifiée par George R.R. Martin, comme "the original game of thrones" : "Iron kings and strangled queens, battles and betrayals, lies and lust, the curse of the Templars, the doom of a great dynasty – and all of it (well, most of it) straight from the pages of history, and believe me, the Starks and the Lannisters have nothing on the Capets and Plantagenets." Publiés dans les années 50, comprenant six tomes initialement - un septième et dernier se rajoutera en 1977 -, ces livres ont fait l'objet de deux adaptations à la télévision française. Je ne m'étendrai pas sur la dispensable plus récente, datant de 2005, et vais m'arrêter aujourd'hui sur la première.

Diffusée du 21 décembre 1972 au 24 janvier 1973 sur la deuxième chaîne de l'ORTF (c'est donc l'occasion de poursuivre le cycle ORTF), Les Rois maudits est une mini-série qui compte six épisodes d'1h40 chacun environ. Réalisée par Claude Barma, d'après une adaptation de Marcel Jullian, elle est disponible en DVD depuis 2005. Avec sa mise en scène théâtrale, ses acteurs plus que convaincants et cette Histoire qu'elle romance si bien, elle fait partie de ces quelques séries que je re-visionne régulièrement avec un plaisir toujours intact. C'est généralement vers la fin de l'hiver que me prend l'envie de sortir mon coffret DVD. Cette année n'aura pas dérogé à ce visionnage quasi-rituel. Mais, cette fois, je me suis dit qu'il était grand temps que j'écrive quelques mots sur cette oeuvre !

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Les Rois maudits raconte à sa manière la fin du "miracle capétien", lequel avait, depuis 987, placé la couronne de France à l'abri des problèmes successoraux. La mini-série s'ouvre en 1314 avec la fin des procès menés contre l'Ordre du Temple, anéanti sept années auparavant par le roi de Fer. Jacques de Molay, dernier grand maître, est alors conduit sur le bûcher après de longues années de procédures menées par les légistes de Philippe le Bel. Ses derniers mots seront une malédiction qui va résonner tout au long des six épisodes et servir de fil rouge à l'ensemble de l'histoire. Avant un an, il cite à comparaître devant le tribunal de Dieu les désignés responsables de la chute de son ordre et les maudit sur treize générations. Le pape Clément V et Philippe le Bel trépassent dans les mois qui suivent. Le roi de Fer a alors trois fils adultes, mais aucun petit-fils, et des brus infidèles qui, à défaut d'héritier mâle, offrent aux princes - pour deux d'entre elles - une paire de cornes.

De 1314 à 1337, la mini-série suit les intrigues des puissants et autres jeux de cour létaux qui vont précipiter les royaumes de France et d'Angleterre dans ce que l'on appellera la "Guerre de Cent Ans", dernier acte d'un conflit commencé deux siècles auparavant, lorsqu'une duchesse d'Aquitaine, par ailleurs épouse du roi de France, s'était éprise d'un Plantagenêt qui allait devenir roi d'Angleterre. Parmi les complots et les vengeances ourdis dans les coulisses du pouvoir, on suit tout particulièrement les manigances de Robert d'Artois, tout entier consacré à sa revanche contre sa tante Mahaut face à laquelle il a perdu son procès en héritage. De 1314 à 1328, les trois fils de Philippe le Bel se succèdent, sans laisser aucune descendance mâle. Les règles successorales se forgent face aux périls. Le principe de l'exclusion des femmes posé à la mort de Louis le Hutin est complété en 1328 du principe d'exclusion des descendants par les femmes, rejetant hors du trône celui qui était le plus proche parent du dernier roi... et qui avait contre lui de porter déjà une autre couronne, celle de l'Angleterre.

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Mené sans temps morts, Les Rois Maudits n'a pas son pareil pour romancer deux décennies d'intrigues de palais. Les complots et les assassinats s'y enchaînent ; les vengeances s'y trament ; et les alliances se concluent au gré des rapports de force et des opportunités. L'ensemble est présenté comme un vaste engrenage létal vers la Guerre de Cent Ans. On assiste à une partie d'échecs qui voit les rois tomber les uns après les autres, victimes pour certains de la main des hommes, pour d'autres de celle du destin. La malédiction de Jacques de Molay traverse ainsi le récit en y trouvant une résonnance particulière. Chaque épisode est consacré à un roi : en France, à partir de 1314, succèdent ainsi à Philippe IV le Bel, Louis X, Jean Ier (le Posthume) pour quelques jours, Philippe V, Charles IV et, enfin, Philippe VI, prenant le relais des Capétiens directs. L'Angleterre n'est pas en reste avec le renversement d'Edouard II, puis l'avènement du jeune Edouard III qui écarte du pouvoir sa mère et son amant. Empruntant l'accent des grandes tragédies, la mini-série nous relate l'affrontement des puissants, avançant leurs pions pour servir leurs propres intérêts, et décrit comment se font et se défont les rois et les papes en ce début de XIVe siècle. Elle éclaire aussi le rôle de gens de naissance plus humble, des banquiers Lombards, qui, par leur proximité avec le pouvoir, se retrouvent aussi au coeur des intrigues.

Par-delà les ambitions, les égos et le sort qui semble devoir s'acharner sur ces derniers Capétiens directs, ce sont surtout l'antagonisme de deux figures et la haine qu'elles se vouent, qui vont attiser les flammes du conflit à venir. Tout tourne ici autour d'une autre querelle de succession, où aucune couronne royale n'est en jeu, celle de l'Artois. Robert et Mahaut se disputent âprement ce comté. Ou plutôt, ayant perdu le procès mené contre sa tante qui apparaît plus en cour que jamais, Robert, s'estimant spolié, s'active en coulisses pour la perdre. C'est ainsi que tout débute par une première machination qui va contribuer aux problèmes de descendance des fils de Philippe le Bel. Car Mahaut a marié deux de ses filles aux princes. Mais, en 1314, Robert vole vers l'Angleterre et la reine Isabelle afin d'exposer au grand jour les infidélités des princesses insouciantes. Dans les turbulences et les déchirements qui suivront, dès que l'un choisira un camp, l'autre embrassera immédiatement celui adverse pour s'affairer à anéantir les projets de son opposant. Leurs joutes oratoires resteront toujours particulièrement jubilatoires. Et cette obsession pour l'Artois les perdra tous deux, car ils refuseront jusqu'au bout obstinément la moindre concession, même celles ordonnées par des rois. Ironiquement, ils trépasseront des armes dont ils ont usé et abusé, le poison pour l'une, la guerre pour l'autre. Ils s'éteignent ainsi comme s'embrase le conflit qu'ils auront contribué à faire naître, dernier acte et chute-transition parfaite de la tragédie qu'ils auront façonnée.

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Bénéficiant d'une histoire d'envergure, captivante sur le fond, une partie du charme des Rois Maudits repose également sur la manière dont Claude Barma a su composer avec les contraintes matérielles. Si la mini-série est une fresque épique, son décor est minimaliste, se composant de teintures peintes en arrière-plan. Aucun paysage, aucun extérieur n'est filmé. L'ensemble tient en réalité d'une vraie pièce de théâtre, assumant cette mise en scène jusque dans la manière dont les tableaux s'agencent et se jouent devant la caméra, avec des personnages s'avançant ou se fondant en arrière-plan, voire s'expliquant parfois directement face à la caméra. La mini-série n'en conserve pas moins toute l'intensité des enjeux relatés. Pour accompagner sa narration, elle bénéficie d'une bande-son composée par une référence en la matière, Georges Delerue, qui saura proposer un thème principal notamment particulièrement adéquat (cf. la deuxième vidéo ci-dessous). Et surtout, la force des dialogues et le cinglant des répliques, jamais pris en défaut, reposent sur un grand casting qui sait retenir justement toute l'attention, se sublimant et habitant les rôles qui leur sont confiés.

La grandiloquence d'un Jean Piat magnétique en Robert d'Artois resteront longtemps gravés dans la mémoire du téléspectateur ; mais il faut reconnaître que ce sont tous les acteurs qui sont au diapason et qui défilent au rythme des tragédies. Face à Jean Piat, se tiendra presque jusqu'au bout Hélène Duc, une Mahaut sèche et autoritaire, rivale d'envergure dans l'art des complots. Louis Seigner interprète Tolomei, homme d'affaires si au fait des secrets des hauts dignitaires du royaume. On retrouve également Jean-Luc Moreau, jeune Lombard qui côtoiera bien des puissants, et Catherine Rouvel, en inquiétante empoisonneuse. Philippe le Bel est joué par Georges Marchal, tandis que ses enfants le sont respectivement par Georges Ser, José-Maria Flotats, Gilles Béhat et Geneviève Casile, la si froide Louve de France. Parmi leur entourage, Jean Deschamps incarne l'intriguant frère cadet de Philippe le Bel, tandis que les brus de ce dernier sont jouées par Muriel Baptiste, Catherine Rich et Catherine Hubeau. La liste serait encore longue à égréner, retenez donc seulement ceci : l'attrait des Rois Maudits doit beaucoup à l'interprétation de chacun, et à la force qu'ils mettront dans leurs répliques et confrontations.

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Bilan : Fresque historique soignée autant que tragédie du pouvoir, Les Rois Maudits est une mini-série captivante et fascinante, rythmée par des jeux de trônes létaux, où complots, morts et alliances se succèdent. Nous racontant la fin du "miracle capétien" avec en arrière-plan la pesante menace que fait planer la malédiction lancée de son bûcher par le grand maître de l'Ordre du Temple, elle romance l'Histoire - s'octroyant les libertés qu'il convient - avec un souffle narratif et tragique jamais pris en défaut. Portée par un grand casting, cette fresque adopte la rigidité, mais aussi le charme, d'une mise en scène théâtrale qui n'amoindrit en rien la force de son récit. En résumé, voilà du très grand art.

Les Rois Maudits reste une oeuvre incontournable du petit écran français.


NOTE : 9/10


L'introduction du premier épisode et un extrait :


Le thème principal de la série :