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23/01/2010

(US) Sleeper Cell : incontournable série sur le difficile thème du terrorisme

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France 4 a débuté en ce mois de janvier la diffusion d'une des plus abouties séries de la chaîne câblée américaine Showtime, courte avec seulement 2 saisons, mais incontournable : Sleeper Cell. Composée de 18 épisodes au total, mettant en scène un solide casting, avec notamment Michael Ealy et Oded Fehr, sa première saison fut diffusée au cours du mois de décembre 2005 aux Etats-Unis.

Sleeper Cell appartient à ces fictions post-11 septembre qui ont entrepris de traiter du terrorisme, et plus globalement des peurs qu'il engendre. Pourtant, à partir de la thématique classique des cellules terroristes dormantes, la série s'est d'abord imposée par le contraste offert. Alors qu'en début d'année 2005, la Fox proposait ce qui allaient sans doute être les heures les plus noires (en terme de message véhiculé à l'écran) de la série 24, en creusant l'image d'un terrorisme familial, caricatural à outrance, prompt à faire basculer vers une paranoïa irréfléchie, Showtime allait opter pour un angle de narration radicalement différent sur un sujet pourtant similaire. Nul besoin, ici, de diffuser, durant la pause publicitaire, un message "apaisant" pour rappeler aux téléspectateurs que les musulmans américains condamnent également le terrorisme, comme cela avait été le cas pour 24.

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Construite initialement pour une saison, Sleeper Cell propose donc un arc complet, se suffisant à lui-même, au cours de ses 10 premiers épisodes. La saison 2, faisant office de suite, tout en allant au-delà du concept de départ, sans être aussi réussie que la première, ne dépareillera pas l'ensemble.

La série met en scène l'agent du FBI, Darwyn Al-Hakim (Michael Ealy), qui reçoit la mission d'infiltrer un réseau terroriste dormant, et plus précisément une cellule islamiste, infiltrée aux Etats-Unis et constituée autour d'un leader d'origine saoudienne, Farik (Oded Fehr). Ce groupe, que la première saison va nous présenter, capte immédiatement l'attention du téléspectateur par sa diversité, tant pour les origines nationales de chacun des membres, que pour leurs parcours personnels. Ce n'est pas un portrait uniforme et unidimensionnel qui nous est proposé. L'extrémisme mis en scène n'est pas uniforme, les motivations sont très différentes. En cela, il s'agit d'un des atouts majeurs de la série : de se détacher de toute idée préconçue pour dresser des portraits ambivalents, loin des simples clichés, avec une cellule composée, donc, d'un Saoudien, d'un Bosniaque ayant vu sa famille massacrée par les Serbes lors de la guerre, d'un Français, ancien skin-head converti à l'Islam, et d'un Américain de classe relativement aisée, désabusé par son pays et qui a trouvé un nouveau sens à sa vie. Cette volonté de se tourner vers l'international, de ne pas s'enfermer dans les stéréotypes, est presque ressenti comme une bouffée d'air frais par le téléspectateur, qui peut suivre sans arrière-pensée l'efficace déroulement des évènements de cette fiction polyglotte.

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Sleeper Cell alterne de façon convaincante des phases d'action et d'attente, sur fond de tension psychologique constante, usant les personnages comme le téléspectateur. Fiction à suspense, elle reprend à son compte les ressorts scénaristiques classiques de ce genre : la mission d'infiltration de Darwyn satisfera pleinement tous les amateurs de récits d'espionnage, mêlant paranoïa nécessaire et enquête policière, entrecoupées de scènes chocs et de passages particulièrement tendus. Cette série doit être visionnée par un public averti ; le premier épisode donne d'ailleurs immédiatement le ton : le téléspectateur assiste à l'exécution d'un traître, par le biais d'une glaçante mise à mort par lapidation. Mais si les intrigues de fond constituent une réussite, ce n'est pas là que réside la particularité de Sleeper Cell. En effet, ce qui rend son visionnage incontournable, c'est que grâce au recul et à la distance qu'elle est capable de prendre par rapport à son difficile sujet, elle se démarque radicalement de nombre de fictions sur le terrorisme, bâclées et ayant trop souvent cédé à une facilité en bien des aspects condamnables.

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Sleeper Cell n'est pas une énième série sur le terrorisme. Au fil des épisodes, les scénaristes ne se cantonnent pas uniquement dans une optique sécuritaire, à travers la préparation des attentats. La série esquisse, certes modestement, mais avec une volonté louable et plutôt bien inspirée, des questions plus complexes, moins évidentes. Parmi les thématiques abordées, il y a par exemple celle de la religion, de son instrumentalisation idéologique, nationaliste, ou encore guerrière, par des individus s'en réclamant. A plusieurs reprises, la série rappelle que cette "war against terror" n'est pas une guerre contre une croyance, comme certains la réduiraient de façon caricaturale, mais c'est une guerre au sein même de cette croyance. Ce combat est d'ailleurs symbolisé par la mise en scène de l'affrontement entre les deux figures centrales que sont Darwyn et Farik (mais se retrouve aussi dans des épisodes fondamentaux, comme Scholar (1.03)). Tous deux musulmans, intimement persuadés d'être dans le vrai, qui justifient des prises de position et des actes opposés, derrière un voile religieux qui porte le même nom.

De plus, Sleeper Cell est une série particulièrement riche et intéressante, non seulement pour les nuances et les ambivalences qu'elle n'hésite pas à dépeindre, mais aussi parce qu'elle n'impose jamais une vision manichéenne au téléspectateur. La caméra reste comme en retrait, se contentant de proposer des pistes de réflexion, refusant de trancher de façon péremptoire des problématiques bien trop compliquées pour relever d'un univers utopique où tout serait, ou tout noir, ou tout blanc. Il est nécessaire de dépasser cela.

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Bilan : Sleeper Cell est une des séries, abordant le difficile sujet du terrorisme islamiste, les plus réussies et abouties des années 2000. Offrant une vision nuancée, proposant des pistes de réflexion, tout autant que s'imposant comme un thriller efficace entre espionnage et enquête policière, elle demeure une oeuvre incontournable, à plusieurs niveaux de lecture pour le téléspectateur. A découvrir.


NOTE : 8,5/10


Le générique de la première saison :

 

Un extrait de la saison 1 (en VF) :

 

24/12/2009

(US) Men in Trees (Une fille en Alaska) : une série attachante et rafraîchissante

Avec une semaine hivernale froide et enneigée, coïncidant avec la période des fêtes, l'envie prend soudain au sériephile de se montrer  faussement nostalgique, de mettre à profit la fameuse "trêve hivernale" pour se replonger dans des atmosphères chaleureuses et rafraîchissantes, afin d'échapper au temps morose et aux longues soirées d'hiver. En quête de ce précieux moment d'échappatoire, c'est ainsi que mes pas m'ont de nouveau conduite à Elmo (Alaska), devant les premiers épisodes de Men in Trees.

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Série trop tôt annulée par ABC, au bout de seulement deux saisons (2006-2008), Men in Trees fut un de ces petits rayons de soleil inattendus des  grands networks américains au cours de ces dernières années. Une série simple, absolument pas prétentieuse et profondément attachante. Une série ressuscitant, sans arrières pensées, en forme d'hommage, les vraies comédies romantiques, au sens noble du terme, à des lieues des pompeuses pseudo-aventures citadines artificielles et superficielles des ratées Lipstick Jungle ou Cashmere Mafia. Une série devant laquelle le téléspectateur s'installait pour passer un moment de détente, et finissait l'épisode attendri et surpris par l'atmosphère qui se dégageait d'une production qui semblait avoir oublié le tournant scénaristique moderne, si loin des exigences formatées et sans âme de la plupart des fictions actuelles des grandes chaînes américaines.

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Diffusée en France, sous le titre Une fille en Alaska, cette série nous narre les aventures d'une trentenaire new yorkaise, écrivain à succès, qui débarque un jour dans une petite ville perdue d'Alaska, Elmo, à l'invitation d'un des habitants, un de ses plus fans les plus fervents. Le pilote sert de fondation aux bouleversements que va connaître la vie de Marin : alors que la date de son mariage est déjà prévue, elle découvre que son fiancé l'a trompée. Jusqu'alors experte autoproclamée et reconnue en relations amoureuses, à travers ses ouvrages de conseils sur le sujet, la voilà qui voit toutes ses certitudes s'effondrer. Sentant qu'elle a besoin de changements dans sa vie, elle décide de rester quelques temps à Elmo, afin de faire le point, mais aussi d'écrire son nouveau livre.

En effet, quelle ville pourrait être plus adéquate qu'Elmo pour se reconstruire ? Le charme de la série tient beaucoup à son cadre si particulier, d'où elle dégage une atmosphère unique, d'une façon pas si éloignée, par exemple, d'un Stars Hollow de Gilmore Girls. Dans une région à démographie majoritairement masculine, où le ratio hommes/femmes est de 10 pour 1 et où il tombe même des Roméos potentiels des arbres (cf. le titre), Marin découvre un mode de vie très différent de l'agitation new yorkaise. Un lieu également parfait pour poursuivre ses observations et dissertations sur les représentants du sexe opposé et leur psychologie, pour écrire son prochain livre.

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Le charme de Men in Trees réside d'abord dans la richesse des personnages mis en scène. Les habitants d'Elmo ont tous de fortes personnalités, très différentes mais, en un sens, complémentaires. Ils représentent une galerie éclectique de personnages attachants, incarnant des stéréotypes, mais sans tomber dans une simple caricature sans imagination. Le barman riche à millions, le pilote d'avion chevronné qui permet de désenclaver un peu la bourgade, la femme shérif au besoin maladif de tout contrôler, à commencer par son fils, Patrick, qui est resté un grand enfant, l'épouse asiatique débarquée grâce à un site internet, la mère célibataire obligée de se prostituer... Et le biologiste charmant (après un début mouvementé), Jack, qui va très vite s'imposer comme le pendant parfait de Marin, image de l'homme idéal compréhensif et posé, avec lequel une complicité tendant vers le flirt va naître. Chacun d'eux est une petite pierre incontournable à l'équilibre de la série, une individualité à explorer, qui nous surprendra plus d'une fois. Logiquement, la city girl sophistiquée que constitue Marin détonne d'entrée dans cette galerie de personnages. Elle va pourtant peu à peu s'intégrer et reconsidérer ses priorités.

Exploitant parfaitement cette solide base, la série parvient à créer une ambiance chaleureuse et décalée. Agrémentée de situations cocasses, de gags spontanés qui font naître chez le téléspectateur plus d'un sourire, elle se propose de suivre, avec une bonne humeur contagieuse, la vie quotidienne de cette bourgade, rythmée par les matchs de hockey télévisés et par les romances qui s'esquissent entre les personnages. Le centre névralgique de la ville est un bar où est parfaitement restituée l'atmosphère de la ville, une communauté aux membres si différents, mais profondément soudée au milieu de ces grands espaces de nature. Ce qui fait la force de la série, c'est d'être avant tout profondément et sincèrement humaine, s'intéressant réellement à ses personnages, à leurs histoires passées, comme à leurs craintes du futur, et se concentrant sur leurs sentiments et ce qui les anime.

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Mais, Men in Trees, ce sont aussi des situations uniques auxquelles vous ne vous trouverez confronté dans aucune autre série. Vous découvrirez comment faire sauter tout le courant d'une bourgade en utilisant votre sèche-cheveux à la pointe de la modernité, quelle attitude adopter lorsque vous tombez nez-à-nez avec un ours, ou encore comment prendre votre bain de soupe de tomate après une rencontre a priori innocente avec un putois...

Ce sont également des protagonistes inattendus, amateurs de vêtements de mode new yorkais, croisés dans les recoins de l'unique auberge de la ville... dont le plus digne représentant est :

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Ce sont des paysages uniques, revigorants, qui offrent aux caméras un décor magnifique qui laisse le téléspectateur rêveur...

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Bilan : Rafraîchissant, dépaysant, attachant, sont en fin de compte les adjectifs qui permettent le mieux de décrire Men in Trees. C'est une dramédie simple et rythmée, au bien-être communicatif ; une petite dissertation savoureuse sur les relations humaines, tour à tour émouvante et drôle. Elle prend le téléspectateur par surprise : le touchant comme rarement, à partir d'un concept de départ pourtant si classique. Men in Trees ne se démarque pas des autres fictions par son originalité, mais par son ton, par l'atmosphère chaleureuse qu'elle parvient à créer, et par le fait qu'elle assume parfaitement être une héritière des comédies romantiques légères et divertissantes du petit, comme du grand écran, en reprenant les recettes qui ont fait les succès passés.

Une série revenant aux fondamentaux, comme la télévision n'en fait plus assez... A savourer.


NOTE : 7,5/10


(Source des screen-captures : La Sorcière)

04/12/2009

(US) Earth Final Conflict (Invasion Planète Terre)


C'est une incursion dans mon histoire téléphagique personnelle que je vous propose aujourd'hui.

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Earth Final Conflict est une de ces séries à la réputation brouillée. Entre objet culte initial et raté désespérant pour la suite, le téléphage ne sait pas trop comment définir la relation qu'il entretient avec elle. En effet, cette série connut un brusque changement de cap à la fin de la saison 1, bouleversant son équilibre scénaristique et égarant quelque peu son identité et son âme. Si bien que Earth Final Conflict reste, dans l'esprit du téléphage, un symbole télévisuel majeur de promesse non tenue, mais dont la promesse a conservé son charme et son potentiel.

J'avoue que la série, qui dura quand même cinq saisons, demeure à mes yeux une incontournable de la science-fiction. C'est très subjectif, j'en conviens. Car c'est la nostalgie qui parle. Je pense que cela s'explique par sa place dans mon histoire sériephile. A une époque où l'accès aux fictions était compliqué, n'ayant jamais disposé de chaînes câblées, elle fut une de mes premières vraies rencontres suivies avec de la pure SF (s'inscrivant en continuité avec la seule que je connaissais vraiment à l'époque, V). Un vrai coup de coeur que cette découverte inattendue, un été, au détour d'une diffusion sur Canal + en clair (!! - vous n'imaginez pas à quel point ce détail change tout). Ce fut également, aussi intensément que le coup de foudre initial, ma première déception téléphagique marquante ; ces fameux lendemains qui déchantent que je n'avais pas encore eus l'occasion d'expérimenter.

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Earth Final Conflict est une création "posthume" de Gene Roddenberry, au même titre qu'Andromeda (à partir de quelques esquisses et notes de brouillon, laissées par le fameux créateur des Star Trek). Diffusée de 1997 à 2002, elle s'inscrit dans un genre classique de la science-fiction : l'invasion extraterrestre (remise au goût du jour dernièrement par ABC et son remake de V). La série débute trois ans après l'arrivée sur Terre des Taelons. Ils sont venus en affichant leur désir de paix et un humanisme profond. Ainsi, ils se sont attelés à la tâche de régler divers maux terrestres, des maladies à la malnutrition, en passant par la situation géopolitique, ils guérissent bien des anciens fléaux, qui ont désormais en partie disparu.

Pour coordonner ses rapports avec les humains, le haut conseil Taelon (le Synod) a délégué un de ses représentants à chacun des continents, désigné par le terme "compagnon". En Amérique, c'est ainsi Da'an qui est le délégué du Synod. Cependant, l'influence des Taelons sur les prises de décisions des dirigeants des différents pays n'est pas sans créer quelques réactions au sein de certaines franges méfiantes de la population. Les Taelons sont-ils bien venus en paix, comme ils le prétendent, ou nourrissent-ils une arrière-pensée qui n'a pas encore été révélée ? Certains humains sont persuadés qu'ils ne sont pas animés des meilleures intentions ; d'où la fondation d'un réseau secret de résistance qui s'organise et infiltre les extraterrestres, dont nous allons suivre les aventures de certains de ses membres.

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Aujourd'hui, lorsque l'on me parle d'Invasion Planète Terre, la première chose qui me vienne à l'esprit, c'est l'ouverture de la série. Ou plutôt la musique qui retentissait en arrière-plan, à classer instantanément parmi les plus belles mélodies de générique de séries. Superbe de pureté, il suffit de fermer les yeux pour qu'elle opère un dépaysement instantané et exerce une réelle fascination sur le téléspectateur. Cette musique occupe toujours une place à part dans mon coeur. Elle fait vibrer ma fibre nostalgique, avec une émotion inégalée, comme aucune autre. Le fond musical de la série constitue de manière générale une de ses forces majeures, qui demeure inaltérée. A l'époque, j'avais même acheté la bande-originale ! Ce fut d'ailleurs le premier CD issu d'une série dans lequel j'ai investi.

Sur le fond, comme je l'ai dit, Invasion Planète Terre va connaître une succession de changements d'orientation scénaristique, qui finiront par complètement dénaturer le concept original. Je confesse d'ailleurs n'avoir jamais achevé la série. Pourtant, divertissement de science-fiction efficace et intriguant, la première saison reste un modèle du genre qui mérite, à elle seule, un petit détour, même si cette série semble désormais quelque peu oubliée dans la mémoire collective. En dépit d'un synopsis de base quelque peu similaire, cette production n'a jamais eu une ambition similaire à V. L'ambiance y est très différente. Ne cherchant pas à théoriser, ni réfléchir sur les questions de totalitarisme ou de résistance, il s'agit avant tout d'une invitation à la découverte de nouvelles frontières, qu'il faut prendre comme telle. Le mystère entourant la venue des Taelons, comme le fonctionnement de leur société, constitue un des fils rouges centraux. De plus, la transposition d'un cadre de science-fiction directement sur une Terre actuelle offre également des perspectives originales, très intéressantes.

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Bilan : Earth Final Conflict occupera toujours une place à part dans mon coeur de téléphage, tour à tour coup de foudre inattendu, puis déception sériephile. Elle gardera à jamais son potentiel inachevé et des promesses non tenues. Mais elle fut aussi un divertissement prenant et intriguant, reprenant la thématique classique de l'arrivée d'extraterrestres avec une pointe de spécificité. En effet, la série débute à un moment où la Terre a déjà enregistré toutes les conséquences de l'arrivée des Taelons. La vie a continué en intégrant ces éléments de science-fiction. Cela confère au décor global un intérêt supplémentaire.

J'ai conscience que ce billet comprend une telle part de subjectivité qu'il peut difficilement s'apparenter à une réelle critique. Mais Earth Final Conflict exercera toujours sur moi un attrait que je ne saurais traduire en mots ; une fascination abstraite, intellectualisée, qui semble ancrée en moi. Simplement, elle fut une découverte qui a posé les bases de ma passion pour la science-fiction, tout comme elle a contribué, plus généralement, à asseoir ma téléphagie. Et c'est déjà beaucoup.


NOTE : Les disparités de qualité au sein de la série rendent impossible une note moyenne globale. Simplement, elle mérite l'attention du sériephile curieux, car ses bases étaient passionnantes. Peu importe qu'elle "jumped the shark" par la suite...


Le générique de la saison 1 en VO :


Le générique de la saison 2 en VF :


Le trailer de la saison 1 :

14/11/2009

(US) V, le remake : I'm disappointed. Always.

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Mes difficultés pour me fidéliser aux nouvelles séries de la rentrée ont encore frappé. Après seulement deux épisodes, je suis déjà à deux doigts d'abandonner en route la découverte d'une des nouveautés américaines les plus attendues, V. Le premier visionnage du pilote m'avait laissé une impression très mitigée. Hier soir, son revisionnage (avec un ami retardataire) a encore plus mis en exergue ses faiblesses. Puis, l'enchaînement avec le deuxième épisode, plus lent, et surtout tellement creux, une fois l'exposition de la situation achevée, a presque anéanti toute ma motivation.

Non exempt de défauts, le pilote avait finalement une seule qualité majeure : la force liée à l'introduction d'une situation exceptionnelle et au défilé des personnages, le tout au pas de charge, ce qui permettait de conférer un souffle artificiel à l'ensemble, porté par la nostalgie du téléspectateur qui a gardé dans un coin de son coeur le souvenir de la série originale. Seulement, une fois la présentation achevée, lorsqu'il a fallu rentrer véritablement dans l'histoire en amorçant l'évolution de storylines, le soufflet est aussitôt retombé. Ne sont restés que les défauts, inchangés et si criants. Lors du deuxième épisode, j'ai eu l'impression, à la fin, d'avoir passé les quarante minutes à attendre que cela commence... C'était long et, surtout, tellement creux. La seule chose que cela a éveillé en moi, c'est une interrogation naïve. Quand est-ce que les scénaristes des grands networks ont décidé qu'ils s'adressaient à un public d'abrutis, incapables de la moindre réflexion, ni de retenir des éléments du scénario d'une semaine à l'autre ? Le rappel par flashback de scène de l'épisode précédent, le zoom si suggestif  de la caméra sur le visage de certains personnages pour souligner de pseudo-doutes ou une relation naissante, la musique qui s'emballe en échouant tristement à créer une pseudo ambiance paranoïaque, le téléspectateur est mis sous tutelle... De la caractérisation des personnages à l'écritude des dialogues, tout est tellement stéréotypé que l'on pourrait probablement réciter certains échanges avant même que la scène ait lieu. La subtilité semble être une notion bannie de la conception de la série, où chaque personnage est un cliché ambulant.

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Cela donne l'impression de visionner une fiction créée à partir d'un cahier des charges calculé par un ordinateur. Cet outil informatique génère les dialogues et les situations, en utilisant la statistique pour répondre à la question : quelle réaction, quel protagoniste, quelle situation est-il le plus commun d'attendre dans ce type de fiction ? En découle une production très huilée, mais sans âme. A la manière des blockbusters cinématographiques américains, tous les poncifs du genre s'accumulent en une écriture cliché. Alors, quelque part au milieu de cette vaste caricature, dès lors que la série baisse son rythme pour essayer de dérouler ses storylines, le friable équilibre que le pilote créait s'écroule. Seul reste ces défauts de conception et un ennui profond...

Cette perplexité semble être partagée par des acteurs assez peu rentrés dans leur sujet. Le couple leader de la future résistance, Elizabeth Mitchell (Lost) et Joel Gretsch (Les 4400) a bien du mal à se montrer crédible. Elizabeth Mitchell en particulier, notamment dans les scènes avec son fils, stéréotype de l'adolescent en pleine rébellion. Parmi les rares points positifs, figure Morena Baccarin (Firefly), si détachée et figée, toujours armée de ce léger sourire en coin que l'on finit par trouver inquiétant. Et le seul à avoir réussi à me tirer de ma léthargie lors du deuxième épisode, c'est Chad Dekker, le journaliste. Mais je pense que c'est aussi dû au fait que j'apprécie beaucoup Scott Wolf depuis Everwood.

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Bilan : V a une histoire. V représente un pan de la série de science-fiction auquel on s'est forcément attaché, devant lequel j'ai grandi. Et en cela, la téléphage qui est en moi ne peut la renier sans un pincement de coeur, imaginant ce que cela fut, ce que cela aurait pu être... Je ne sais pas si je continuerai ; je doute que la série puisse gommer une partie de ses défauts et redresser la barre, tant certains paraissent inhérent à sa conception-même. Mais, ce que je sais avec certitude, c'est que si la série ne s'appelait pas V, elle aurait déjà attéri dans ma corbeille des séries à oublier sans le moindre remord. Et c'est sans doute cela, la pire des déceptions. L'effet nouveauté et le mythe original peuvent la protéger un temps. Chacun veut lui donner sa chance, mais ma mansuétude a ses limites.

En tout cas, V et moi, si jamais on se retrouve un jour, ce sera dans quelques mois ou années. Pas avant.
Je crois que je vais plutôt acheter le coffret DVD de la mini-série originale.

Cette saison téléphagique est vraiment déprimante. I'm disappointed. Always.


NOTE (moyenne des 2 premiers épisodes) : 3,5/10

06/11/2009

(US) Firefly : I'm still free, you can't take the sky from me...

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Je vous ai déjà parlé de mon esprit de contradiction. V a tellement buzzé au cours des derniers jours qu'il a été impossible d'échapper au phénomène. Alors, certes, je suis une amatrice de science-fiction. J'ai adoré la série originale, elle qui fut la première "grande" série de SF que je suivis, en ces temps téléphagiques reculés où je m'efforçais d'assimiler l'ensemble des programmes tv. J'attends ce remake avec une certaine impatience, mêlée de crainte. Et oui, aussi, les posters promos en plus de décliner de sympathiques destinations touristiques sont très beaux. Oui, les premières minutes offertes par ABC en avant-première piquaient la curiosité juste comme il fallait. Mais, de mon côté, lorsque vous me proposez un épisode cumulant à l'écran les présences de Morena Baccarin (qui fait partie du casting principal, incarnant Anna, la nouvelle Diana) et Alan Tudyk, quelle réaction cela suscite chez moi ? Non pas celle de foncer en rédiger une belle review (mitigée, soit dit en passant). Mais une brusque envie de me replonger dans Firefly !

Et comme je suis incapable de résister à ce type de tentation soudaine... Hier soir, j'ai logiquement cédé à l'appel de ma DVDthèque, redécouvrant quelques épisodes avec le même plaisir qu'au premier visionnage. (Et c'est comme ça que vous vous retrouvez avec un billet consacré à Firefly, et non à V... Never mind.)

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Firefly, c'est une de ces séries à la durée de vie inversement proportionnelle au culte qu'elle peut susciter sur la toile. Elle restera pour une grande part dans l'irréalisé, victime martyre sacrifiée par la Fox sur l'autel de l'audience. En dépit des mausolées d'adoration qu'on lui consacre sur le web, je ne peux me départir de l'idée qu'il demeure aisé de vénérer quelque chose qui aurait pu être, bien plus qu'elle n'a été. Car, avec seulement 14 épisodes et un film en forme de conclusion, le téléspectateur reste forcément quelque peu sur sa faim. Si j'ai l'habitude de me contenter de peu (avec toutes les séries british que je regarde), il reste que la série a besoin de quelques épisodes pour bien s'installer. Au final, l'univers créé est seulement esquissé. L'équilibre entre les personnages et dans leurs relations a tout juste le temps d'être trouvé de façon précaire. Et ce fameux "rythme de croisière", idéal du téléphage, n'a pas encore pu se confirmer. Comme la série n'avait pas vocation à avoir une durée de vie si éphémère, il manque quelque chose pour qu'elle puisse prétendre au statut auquel on l'a élevé (film de conclusion ou non).

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Pour autant, n'allez pas croire que je n'aime pas Firefly. Au contraire. Avant même de parler des intrigues, c'est d'abord l'univers créé par JossWhedon qui m'a séduite. Ce concept fascinant qui mêle les codes du space-opéra classique et ceux du western a quelque chose de particulièrement attrayant, surtout pour une téléphage qui apprécie les deux genres comme moi.

Nous sommes en 2517. L'humanité s'est étendue. Elle a colonisé de nouvelles planètes. Logiquement, des tensions sont apparues pour garder le contrôle politique de ces vastes nouveaux horizons. Il y eut une guerre d'indépendance : les rebelles perdirent et l'unité des planètes fut imposée par l'Alliance, le gouvernement central. Au début de la série, nous nous trouvons quelques années après la fin de la guerre. Les cicatrices sont toujours vivaces, et les divisions au sein de la population provoquent facilement des rixes. Nous sommes introduits sur un vaisseau spatial, le Serenity (qui suit la règle posée par le Faucon Millenium de Star Wars dans les années 70 : ne pas juger la puissance d'un appareil uniquement par son apparence, même si vous vous demandez comment il parvient à voler !), commandé par un ancien combattant pour l'indépendance, Malcolm Reynolds. Très rapidement, le téléspectateur s'installe à ses côtés, entre efforts pour faire profil bas et ne pas s'attirer d'ennuis avec les autorités, et une fière indépendance se manifestant sous la forme d'une attraction constante pour la liberté. L'équipage du Serenity vivotte gràce à de petites missions, entre contrebande et transport de marchandises ou de passagers. Ces voyages, qui se transforment bientôt en fuite par la force des circonstances, sont l'occasion de visiter des planètes très diverses. Ce mélange de science-fiction et de western permet, au gré des épisodes, de nous entraîner tant dans la bordure du monde civilisé, au milieu de hors-la-loi, qu'au coeur de l'Alliance. Beaucoup de dépaysements, plaisants pour le téléspectateur, par lesquels Firefly exploite pleinement son concept initial.

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Du côté des intrigues, la vie semi-aventureuse, mais finalement relativement calme du Serenity, prend un tour bien plus dangereux lorsque le vaisseau accueille à son bord plusieurs passagers, dont Simon Tam. Recherché par les forces de l'Alliance, Simon a laissé derrière lui sa vie de médecin pour secourir sa soeur, River, petite surdouée envoyée dans une institution très particulière gérée par le gouvernement et qui l'a considérablement changée. Déconnectée et traumatisée, la jeune femme alterne les phases de déphasage et quelques moments de lucidité où ses interventions, notamment dans le feu de l'action, se révèlent décisives. Pris entre deux feux, l'équipage du Serenity se retrouve contraint d'échapper aux autorités et Malcolm finit par accepter, temporairement, d'héberger à son bord les deux fugitifs. La mythologie est ainsi posée à travers une trame globale, le destin de River, qui va donc constituer l'enjeu global de la série.

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Cependant, si le mystère de River et les ennuis provoqués par sa recherche ont toujours constitué un fil rouge intéressant, suffisant pour la durée de vie de la série, c'est ailleurs que se trouve le charme de Firefly. En effet, si les diverses péripéties dont doivent se sortir nos héros sont dans l'ensemble divertissantes, menées de façon rythmée et s'approfondissant au fil des épisodes (Ariel étant pour moi un des épisodes du genre les plus aboutis), elles utilisent des thématiques relativement classiques. La valeur ajoutée de la série se situe ailleurs : sa force est de s'appuyer sur un concept intriguant, parfois grisant, sans se réduire à son synopsis de départ (Ce qui est le reproche que l'on peut adresser à la plupart des séries actuelles des networks US : l'incapacité à voir au-delà de l'idée initiale). Dans Firefly, on s'attache aux interactions entre les personnages ; à leurs relations et à la façon dont elles évoluent. On est happé par cet équilibre précaire qui se crée au sein de l'équipage du Serenity, entre des protagonistes si différents, qui n'ont a priori quasiment rien en commun. C'est ce frisson pour l'aventure, une vie de risque, par choix ou nécessité, qui passe à l'écran. Cette étrange solidarité, qui peu à peu se développe en dépit des hésitations,voire des trahisons, intrigue. Au final, c'est une impression que tout téléphage chérit que l'on ressent : celle de se dire que cette série a une âme, une identité propre. Et pour cela, c'est un petit joyau qu'il est très facile d'apprécier.

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La force de Firefly réside donc, d'une part, dans l'ambiance créée grâce aux personnages, une atmosphère nerveuse, dans laquelle les intrigues ne priment pas sur l'intérêt porté aux différents protagonistes qui mûrissent au fil des péripéties, sous l'oeil de la caméra. Firefly est une série très humaine, ce qui la rend particulièrement attachante. D'autre part, elle réussit à construire et exploiter les codes d'un univers cohérent, parvenant à insuffler un réel souffle au récit en très peu d'épisodes. Au fond, c'est du Joss Whedon dans ce qu'il sait faire de mieux, c'est-à-dire créer une dynamique de groupe et se réapproprier de nouveaux codes pour régir un milieu inventé.

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Côté casting, on retrouve des acteurs bénéficiant d'un joli capital de sympathie, à commencer par le sémillant Nathan Fillion (actuellement dans Castle) qui incarne Malcolm Reynolds, le capitaine du Serenity, un vétéran de la guerre d'indépendance, vaguement contrebandier à ses heures et surtout amoureux de la liberté... Mais ressentant également une irrésistible attirance pour la belle Inara (Morena Baccarin), "dame de compagnie" de luxe accueillie à bord du vaisseau pour pouvoir traiter ses affaires en voyageant. L'équipage du vaisseau se compose également de Zoé (jouée par Gina Torres, bien connue du petit écran), qui a combattu aux côtés de Malcolm lors de la guerre et qui lui fait office de second. Cette dernière est l'épouse de Wash (Alan Tudyk), le pilote attitré du vaisseau. Ils ont également engagé un mercenaire à la loyauté ambigüe, Jayne (l'imposant Adam Baldwin). Jewel Staite incarne une mécanicienne spontanée et délurée, à laquelle on s'attache instantanément. Enfin, les passagers par qui une bonne part des ennuis du vaisseau est arrivée : Summer Glau (The Sarah Connor Chronicles) est parfaite en une River troublante, désarticulée et déconnectée, sur laquelle on interroge ; tandis que l'on ne parvient pas toujours à décider si on doit supporter ou non son frère Simon (Sean Maher), médecin qui a tout sacrifié pour la sauver, mais qui navigue entre arrogance et une certaine naïveté.

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Bilan : Firefly est une série de science-fiction attachante, transcendant les genres en créant le "space-western". Plus que l'intrigue principale, c'est le dynamisme d'ensemble, porté par des personnages hauts en couleurs, qui confère à Firefly ses lettres de noblesse, en dépit d'une durée de vie éphémère. Tout amateur de science-fiction devrait y trouver son compte. Personnellement, je la revois toujours avec beaucoup de plaisir !

 

NOTE : 7,5/10


Un autre atout de la série, son superbe générique absolument magnifique :

Take my love, take my land
Take me where I cannot stand
I don't care, I'm still free
You can't take the sky from me
Take me out to the black
Tell them I ain't comin' back
Burn the land and boil the sea
You can't take the sky from me
There's no place I can be
Since I found Serenity
But you can't take the sky from me...