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17/02/2011

(US) Justified, saison 2 : immuable Kentucky

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En ce début d'année 2011, les séries américaines ont (un peu) réinvesti mon petit écran. Oh, j'ai bien conscience que ce phénomène n'est qu'une illusion. Car c'est un chapitre de ma vie téléphagique US qui s'achève. La belle aventure humaine qu'a constitué Friday Night Light s'est terminée tout récemment. Je savoure avec une lenteur calculée chaque visionnage d'un nouvel épisode de Big Love, sachant qu'il s'agit de la toute dernière ligne droite. Heureusement, je trouve quand même quelques séries américaines encore jeunes. Et ce mercredi 9 février 2011, c'était mon marshall favori du petit écran qui signait un retour remarqué : débutait en effet sur FX la deuxième saison de Justified.

Perfectible certes, mais avec un charme et une identité propres qui séduisaient, telle était l'impression que m'avait laissée la première saison. Comme une bouffée téléphagique d'air frais, ce season premiere m'a rappelé tout l'attachement que j'éprouve pour l'ambiance confusément anachronique qui règne dans cette fiction. Je pourrais dire que je suis la première surprise de constater que les recettes investies par Justified marchent si bien sur moi, mais il y a quand même une certaine logique. Je ne suis pas loin de penser qu'on pourrait décalquer géographiquement les séries américaines susceptibles de me plaire : surtout installer l'action loin de ces côtes surannées (Est comme Ouest), loin des grandes villes (Treme étant à la fois une confirmation et une exception)...

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Ce season premiere s'inscrit dans la droite ligne de l'esprit de la série. Il s'ouvre directement sur la suite de la fusillade fatale qui avait conclu la saison 1, conséquence explosive des inimitiés que Raylan est toujours si prompt à se créer. Décidé à solder une fois pour toute ses comptes avec la Floride et ce passé qui le poursuit en mettant en danger ses proches, notre héros en interrompra même la quête de vengeance de Boyd pour débarquer chez le commanditaire de tous ses récents maux avec ce fameux aplomb teinté d'une diffuse arrogance nonchalante dont il est coutumier. A Miami, tout se règlera d'une manière aussi expéditive qu'efficace, le temps d'un pré-générique qui constitue la chute finale du fil rouge qui aura marqué la première saison. Choisissant de ne pas s'appesantir outre mesure sur une histoire qui a déjà été très exploitée et a connu son lot de rebondissements, Justified préfère donc refermer sans tarder ce chapitre pour mieux se lancer dans une nouvelle saison qui s'annonce sous des auspices très similaires à la précédente, et tout aussi intrigants.

Si Raylan retourne dans son cher Kentucky natal avec lequel il entretient des rapports si ambivalents, il le fait cette fois volontairement, refusant la proposition d'être réintégré dans son job de Floride. La signalisation des agissements suspects d'un délinquant sexuel va être l'occasion d'échapper au supplice d'une paperasse qui n'en finit plus, tout en offrant l'opportunité de replonger dans ce Sud profond qui fait l'identité de la série, ces bourgs reculés dans lesquels il faut avoir grandi pour vraiment comprendre les ressorts qui les animent et les font vivre. Rondement menée, avec son lot de jeu de pistes, ponctué par un soubresaut de suspense, l'enquête sert surtout de prétexte pour introduire un autre clan familial prospérant en marge de la loi, les Bennett, régis par une matriarche qui va d'emblée s'imposer, avec un style propre, comme un adversaire plein de potentiel. Certes, comme les Crowder la saison passée, ce sont de vieilles connaissances de Raylan, dans cet arrière-pays où tout le monde se connaît. Mais c'est de façon bien moins ostentatoire et plus subtile, une sorte de poigne de fer dans un faux gant de velours, que Martindale régente son petit monde. Pour autant, la fin de l'épisode nous informe qu'elle n'en est pas moins impitoyable. Un twist parfait pour retenir l'attention et la curiosité du téléspectateur.

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Avec ce retour, la série capitalise donc sur ses atouts, s'inscrivant dans une certaine routine narrative où le téléspectateur retrouve immédiatement ses marques. Pour moi, le charme de Justified réside avant tout dans l'atmosphère atypique qui s'en dégage. C'est une série se construisant et se nourrissant des ambivalences qu'elle sait parfaitement mettre en scène. Quoi de plus fascinant que le plongeon qu'elle permet dans ce Kentucky profond qui donne parfois l'impression d'évoluer déconnecté du reste du pays, presque hors du temps, apparaissant comme un coin reculé chérissant plus que tout une indépendance anarchique face une société moderne qui ne semble pouvoir l'atteindre. Quoi de plus attrayant et d'étonnamment savoureux que ce mélange de codes scénaristiques qui n'innovent pas mais forment un cocktail détonnant, entre western et fiction contemporaine, saupoudré d'une pincée de cop show universel. La force de Justified est de parvenir à se réapproprier des traditions télévisuelles du petit écran américain que d'aucuns jugeraient d'un autre âge, tout en les dépoussiérant et les remettant au goût du genre par le jeu d'un anachronisme qui en devient finalement rafraîchissant. Tout en sachant conserver une certaine distance d'où n'est pas absente une pointe d'autodérision, Justified donne parfois l'impression d'avoir le goût d'un classique sans en avoir l'âge.

De plus, si le concept s'épanouit de manière aussi convaincante, il le doit aussi à la dimension humaine que la série cultive avec soin. Elle n'a pas son pareil pour prendre le temps de construire, en quelques scènes clés, la personnalité des criminels, même si ces derniers ne sont de passage que pour un bref épisode. On a rarement, voire jamais, l'impression d'être face à des protagonistes déshumanisés et interchangeables dans Justified. C'est pourquoi elle renvoie l'impression si agréable et satisfaisante d'une oeuvre réellement finalisée, loin du pré-formatage mécanisé d'autres fictions du genre. Et puis, en pivôt central, il y a bien sûr le personnage de Raylan. Alors même qu'il aurait pu si aisément glisser dans la caricature facile d'une figure rigoriste à la gâchette facile, il s'insère au contraire parfaitement dans la tonalité générale de la série, symbolisant justement l'ambiguïté de ce Kentucky, jouant sur une assurance théâtrale, jamais prise en défaut, que permet de contrebalancer une décontractation qui confine parfois à la fausse nonchalence. Ne commettant jamais l'erreur de se prendre trop au sérieux, Timothy Olyphant excelle dans ce genre de rôle.

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Bilan : Justified est une de ces séries d'ambiance que l'on retrouve toujours avec plaisir. Savoureusement anachronique, c'est une fiction moderne qui s'inscrit dans les grandes traditions du petit écran américain, tout en sachant conserver une tonalité quelque peu décalée qui lui permet de trouver le juste équilibre et de se bâtir une identité propre. Elle n'innove pas, mais le mélange qu'elle propose aboutit à un résultat aussi dépaysant que fascinant. Certes, on pourra sans doute lui reprocher un certain manque d'homogénéité dans ces saisons qui prennent leur temps pour réellement démarrer, construites pour aller crescendo. Mais en ce qui me concerne, je reste définitivement sous le charme.


NOTE : 7,5/10


Un teaser de cette saison 2 (sans spoiler) :


Le générique de la série :


12/12/2010

(US) Boardwalk Empire, saison 1 : entre gangster et politique dans les eaux troubles d'Atlantic City

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Si vous êtes des lecteurs plus ou moins réguliers de My Télé is Rich!, vous connaissez ce relatif désamour avec les productions en provenance des Etats-Unis qui aura marqué mon année 2010. J'ai déjà fait suffisamment de billets pour tenter d'expliquer cet étrange désintérêt, en rupture avec les fondements de ma téléphagie. Le constat de ce dernier trimestre a été encore en deça de ce que je pressentais déjà cet été. C'est bien simple, en cet automne qui s'achève, j'ai regardé avec régularité et suis allée au bout de la saison d'une seule série venue d'outre-Atlantique : Boardwalk Empire.

Pour une raison ou pour une autre, par manque de temps comme de motivation, je n'ai retrouvé aucune de mes anciennes séries - alors même que je considère aimer Sons of Anarchy ou Friday Night Lights. De même, la suite de la saison 1 de The Walking Dead m'attend également (et j'avoue être assez curieuse de découvrir le résultat au vu des bilans si mitigés que j'en lis un peu partout sur la blogosphère). Mais je ne ressens pourtant ni le besoin, ni l'envie, de m'installer devant.

Il y aurait sans doute matière à rédiger un de ces posts de crise que j'affectionne (vous n'y échapperez sans doute pas, j'avoue en avoir déjà fait un brouillon cette semaine), mais en attendant, prenons au moins le temps de revenir sur LA perle rare de cette automne : une série américaine qui a su capter mon attention durant toute sa saison ! 

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Comme je l'avais fait remarquer lors de ma review (poisitive) du pilote, Boardwalk Empire avait a priori tout pour me plaire : son thème, son époque, son casting et même sa chaîne de diffusion (je suis une retardataire qui n'est pas encore passée sur AMC). Le pilote était enthousiasmant, dévoilant un potentiel indéniable qui ne demandait qu'à être exploité. Le tout était donc de, justement, réussir à le faire éclore, pour ne pas rester une énième déclaration d'intention non concrétisée. Or, écrire que les débuts de Boardwalk Empire ont engendré une attente particulière dès les premiers épisodes, serait très exagéré. En effet, cette fiction s'est d'abord placée sous le signe du paradoxe, sorte d'écho à cette dichotomie que l'on retrouve parfois entre la série que l'on juge objectivement de qualité et celle que l'on va effectivement aimer.

Pendant la première partie de la saison, Boardwalk Empire a semblé constamment tourner autour de ce petit déclic nécessaire qui lui permettrait de véritablement s'imposer dans le paysage téléphagique. Cette impression ambivalente se traduisait par une intense frustration devant une reconstitution travaillée mais parfois trop distante, de laquelle on aurait aimé ressentir de réelles émotions, couplée par une absolue fascination jamais démentie devant la fresque ainsi dépeinte. Elle naviguait donc dans un entre-deux téléphagique pas pleinement satisfaisant : assez solide pour gagner sa place dans les programmes du téléspectateur, mais insuffisamment affirmée pour en trouver une dans son coeur. Or une série sans empathie, aussi soignée soit-elle, ne peut retenir l'attention à moyen ou long terme.

Reste que, finalement, c'est dans la durée que Boardwalk Empire aura su progressivement me conquérir, et c'est au cours du dernier tiers de la saison que j'ai vraiment commencé à attendre avec une relative impatience chaque épisode. Parce que oui, j'ai aimé cette première saison. 

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Le premier atout que Boardwalk Empire aura su efficacement exploiter dès le départ est une immersion riche et attrayante dans une certaine Amérique du début des années 20. Au-delà des moeurs débridées des milieux d'Atlantic City que nous suivons, par-delà des thématiques plus nationales comme le vote des femmes, c'est avant tout ce règne des faux-semblants qui, rapidement, fascine dans ce portrait. Le clinquant des apparences n'est que prétexte à tenter de donner le change. De la corruption généralisée, touchant tous les rouages d'un pouvoir assimilable à une marionnette fantoche dont d'autres, dans l'ombre, tirent les ficelles, à une violence qu'exacerbe la montée des enjeux financiers, nous est dépeint un milieu chargé d'ambivalences. Derrière le vernis policé, se révèle une pièce de théâtre impitoyable, faite de rapports de forces constants entre des protagonistes passés maître dans l'art de la mise en scène. Les masques n'y tombent qu'exceptionnellement, mais lorsqu'ils le font, l'instant est d'autant plus fort.

Car voilà bien le point fort de Boardwalk Empire : elle a cette spécificité d'être une série de gangsters tout autant qu'une fiction politique ; et c'est cela qui fait son originalité autant que sa richesse. La notion de "respectabilité" n'aura jamais semblé aussi creuse, aussi vaine, mais en même temps aussi indispensable et vitale, que dans les milieux que l'on y découvre. L'époque permet une confusion particulièrement poussée des genres, quasiment schizophrène par moment, au sein des élites de ces deux sphères du pouvoir, composées d'individualités appartenant à un même microcosme où tous se côtoient. Ce mélange autorise la série à s'approprier tant les codes narratifs de la fiction de gangster (entre règlements de comptes et développement d'activités illégales) et du politique (entre discours mielleux et élections truquées). Une sorte de Brotherhood sans ligne de démarcation. Le résultat est atypique parce que le récit joue sur de multiples tableaux habituellement beaucoup plus cloisonnés.

Cette dichotomie, entre les comportements socialement attendus de milieux aisés et les moyens utilisés pour maintenir cette influence, au sein de personnages désensibilisés à toutes les extrêmités de la violence, symbolise sans doute le mieux ce que représente la série et la perspective particulière qu'apporte ce cadre des années 20. 

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Si l'intérêt du téléspectateur ne s'est jamais démenti pour ce décor des plus passionnants, en revanche, c'est plus dans sa dimension humaine que l'histoire va mettre du temps à trouver son équilibre. Certes, la figure qui résume à elle-seule l'esprit de Boardwalk Empire s'est immédiatement imposée à l'écran sans contestation possible. En effet, Nucky Thompson représente, voire personnifie, à merveille toute l'ambiguïté de cette fiction : derrière son bagoût naturel et son pragmatisme assumé, se cache un maître de la manipulation, prêt à tout pour parvenir à ses fins. Dans ce jeu de pouvoirs permanent où tout n'est qu'apparence, le téléspectateur en est réduit à cette interrogation constante et malhabile, se demandant où commence le vrai Nucky et où finit l'homme d'affaires.

Cependant Boardwalk Empire a longtemps semblé un peu déséquilibré, son personnage central empêchant de réellement s'investir dans le sort des autres protagonistes, non pas en les occultant, mais plutôt parce qu'ils apparaissaient trop prévisibles, trop unidimensionnels, par rapport à cette figure tutélaire écrasante qu'incarne Nucky. C'est le temps qui a su corriger cela, avec la découverte progressive de différentes facettes de leur personnalités, se révélant dans la confrontation face à des situations inattendues. A mesure qu'ils gagnaient en épaisseur et en ambivalence, la série devenait plus homogène, permettant au téléspectateur de se sentir vraiment impliqué par le sort et les storylines de chacun. A un degré moindre, c'est d'ailleurs toute la galerie de personnages qui connaît cette maturation, les rêves parisiens brisés de la femme de Jimmy n'étant qu'un exemple parmi d'autres de la capacité de la série a peu à peu atteindre le plein potentiel de ses protagonistes.

Seule la transformation de l'agent fédéral ne m'aura pas convaincue : ce personnage excessivement monolithique m'aura laissée avec une impression de malaise contant durant toute la saison. A la différence des autres, ses erreurs et son hypocrisie ne l'humanisent jamais, continuant de le placer en porte-à-faux par rapport au téléspectateur.

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Si sur le fond, la solidité de Boardwalk Empire n'aura jamais été démentie, en dépit d'une dimension humaine qui laissa un temps dans l'expectative, sur la forme la série aura parfaitement répondu aux attentes. Sans trop en faire, ni vouloir éblouir inutilement le téléspectateur, la caméra se sera finalement attachée à la mise en scène d'une reconstitution appliquée mais, somme toute, relativement sobre. La photographie fut ainsi travaillée et soignée, mais sans un esthétique trop clinquant. L'utilisation de chansons d'époqus, en particulier pour conclure les dernières scènes des épisodes, est restée récurrente, ajoutant un certain charme assez plaisant à cette immersion dans les années 20.

Côté casting, il n'y a aucun reproche à formuler. Comblé par des scénaristes inspirés qui lui ont réservé quelques scènes incontournables, Steve Buscemi a enfin l'occasion de pleinement nous démontrer tout son talent et il y réussit assurément avec brio. Pour ma part, si j'aimais déjà beaucoup Kelly Macdonald, la série a été l'occasion de redécouvrir Michael Pitt. Mon absence de cinéphilie fait que je ne l'avais pas recroisé depuis Dawson - qui n'était pas non plus une série dans laquelle je m'étais vraiment investie -, mais je l'ai trouvé très bon en personnage qui cherche sa place, entre une aspiration à une certaine normalité de vie famille et cette facette de tueur désensibilisé par les atrocités de la Première Guerre Mondiale. Le seul acteur à l'égard duquel j'émettrais quelques réserves serait sans doute Michael Shannon, mais il est probable que cela soit au moins en partie dû à la manière dont l'agent fédéral qu'il doit incarner est écrit.

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Bilan :   Boardwalk Empire n'aura donc pas été une révélation immédiate, mais plutôt une fiction qui se sera construite par et grâce au format de série qu'elle a adopté. Elle échappe à l'écueil d'une relative déshumanisation qui aurait pu l'affaiblir à moyen terme et réussit, dans sa deuxième partie de saison, une conciliation convaincante entre ce mélange des genres admirablement maîtrisés des codes de gangster et du politique, et une dimension humaine qui s'épanouit pleinement dans les figures ambiguës de ses personnages principaux qui n'auront cessé de gagner en épaisseur tout au long de la série, conduit par un Nucky Thompson absolument fascinant.

Cette première saison aura en un sens rappelé les fondements du format télévisé et sa différence fondamentale par rapport au cinéma. Une bonne série, c'est celle qui saura grandir et mûrir au fil de sa saison et ne se contentera des bases, aussi chatoyantes soient-elles, entre-aperçues au cours du premier épisode. En cela, Boardwalk Empire aura su assumer ses ambitions et poursuivre sa construction ; et c'est à saluer.  


NOTE : 8/10


Le générique de la série :


15/08/2010

(US) Gilmore Girls : Welcome to Stars Hollow.

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Un 15 août pluvieux et froid, je crois qu'il n'y a rien de plus morose. C'est dans ces moments-là que, coincée sur mon canapé, avec ma tasse de café encore fumante sur l'accoudoir, je plonge dans un rayonnage particulier de ma DVDthèque, un petit coin précieusement préservé. S'y trouve rangée avec soin mon arme téléphagique combattant les coups de blues et autres instants de déprime : Gilmore Girls.

Il s'agit d'une des séries les plus chères à mon coeur. Elle représente, pour moi, un moment de communion téléphagique unique, touchant et faisant vibrer une fibre émotionnelle, devenue peut-être aussi nostalgique avec le temps, dont elle est la seule à connaître le secret. C'est bien simple, le seul fait d'entendre retentir le générique d'ouverture suffit généralement à déposer sur mes lèvres un léger sourire insouciant et rêveur, oubliant brièvement mauvais temps et soucis.


Le générique :


Se déroulant dans une petite bourgade de Nouvelle-Angleterre du nom de Stars Hollow, Gilmore Girls nous plonge dans le quotidien de Lorelai et Rory Gilmore. Résumé volontairement succinct à l'excès, tant il apparaît bien difficile de retranscrire en mots la richesse d'une série qui va bien au-delà des simples attentes que la lecture du seul synopsis auraient générées. Ce n'est pas seulement l'histoire d'une complicité entre une mère et sa fille. Ce n'est pas juste un récit des angoisses d'une adulte gérante d'auberge ou des ambitions universitaires d'une adolescente qui voit loin, le tout saupoudré d'une vie sentimentale à construire ou reconstruire, de blessures à refermer et de projets à réaliser...

Gilmore Girls, c'est une série d'ambiance, profondément chaleureuse, légèrement sucrée, tellement attachante. Elle se crée, dès le pilote, un univers à elle, avec un environnement ayant ses propres codes, qu'il fait bon de retrouver à chaque épisode. C'est une fiction qui, tout en abordant des thèmes classiques, adolescents et adultes, sur la vie en général ou sur l'amour en particulier, saura se montrer tour à tour, drôle, absurde, émouvante, authentique et touchante. Une dramédie dans toute la noblesse que ce terme implique et qui a toujours rendu cette série inclassable à bien des égards. Elle propose ainsi une alternance naturelle des tonalités. Si elle s'apprécie autant, c'est en grande partie grâce à son écriture fine, servie par de délicieux dialogues, d'une richesse rare, au débit aussi vertigineux qu'exaltant, et qui se savourent comme autant de perles, gourmandises sucrées offertes par des scénaristes inspirés.

Gilmore Girls, c'est aussi une série profondément humaine, qui soigne tout particulièrement les relations entre ses personnages. Ces derniers forment un ensemble attachant, aux personnalités hautes en couleurs et clairement affirmées, dont les différences constituent la richesse. Les rapprochements, les conflits, les réconciliations rythment un quotidien aux thématiques somme toute classiques, mais auxquels la mise en scène confère des accents atypiques et étonnants, qui sonnent de façon tellement unique.

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Gilmore Girls, ce n'est pas une série sur laquelle je peux rédiger une critique ou une analyse classique. C'est une fiction dont les épisodes savent me toucher en plein coeur, m'égayer, me divertir ou m'émouvoir, comme aucune autre. C'est un moment d'osmose, un instant diffus de plénitude téléphagique, forcément très personnel, que tout téléphage va chérir lorsqu'il aura la chance de le rencontrer. Je ne "regarde" pas un épisode de Gilmore Girls, je le "ressens". Il s'y opère une magie dont le charme se réinvente constamment au rythme de mes revisionnages.

On a tous notre série baume au coeur, choisie par notre coeur de façon très subjective sans que la raison intervienne. Celle qui demeurera à part. Vous connaissez désormais mon refuge secret. Jusqu'à présent, je n'en ai jamais  croisé aucune autre rentrant dans cette catégorie, au cours de mes explorations téléphagiques.

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13/07/2010

(US) Justified, saison 1 : le charme atypique d'une série entre western et cop-show (Bilan)


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Si j'ai la critique facile envers les productions d'outre-Atlantique, il serait faux d'affirmer que je n'ai pas trouvé nouveautés téléphagiques à mon goût sur les ondes américaines depuis le début de l'année 2010. Je me suis considérablement attachée à plusieurs productions, à commencer par une série qui aura beaucoup navigué à vue, se construisant et s'affirmant progressivement au fil des 13 épisodes qui composèrent sa première saison : Justified.

Ce nouveau programme de FX, débuté sur un pilote aussi ambitieux qu'avare en indication sur la suite de la fiction (cf. ma critique publiée au mois de mars : Justified, héros anachronique d'un polar hors du temps), aura peu à peu atteint un rythme de croisière et une tonalité prenante et divertissante, pas forcément celle attendue, mais incontestablement accrocheuse ; suffisamment, en tout cas, pour que j'éprouve beaucoup de plaisir à la suivre.

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Si Justified a marqué les esprits, c'est tout d'abord grâce à l'atmosphère que les scénaristes sont parvenus à installer. Étrangement indéfinissable, entre dramaturgie théâtrale et second degré salvateur, elle se sera aisément détachée de la simple série policière, embrassant une originalité attrayante et assumée. Plus que ses protagonistes majeurs, c'est dans ses personnages secondaires et ses invités d'un jour, que la série aura trouvé cette tonalité un peu atypique. Par exemple, loin de faire de ses bad guy d'un épisode des prétextes unidimensionnels et sans âme, rapidement évacués, dont le seul objectif serait de mettre en valeur ses héros, Justified aura, au contraire, soigné sa dimension humaine de la plus intrigante des manières.

S'attachant à caractériser et individualiser toutes les figures croisées au cours d'une enquête, la série s'est révélée sans égale pour humaniser ses méchants, à travers deux ou trois petites scénes à la tonalité aussi décalée que détonnante, qui auraient été des détails anecdotiques dans n'importe quel autre show. Jouant sur cette ambiance versatile, essayant beaucoup sans toujours réussir, Justified a ainsi eu le mérite de rompre avec la tentation d'une énième déclinaison de série policière. Maniant avec habileté une autodérision revendiquée, exacerbant certains poncifs ou faisant preuve d'une surprenante subtilité à l'occasion, elle aura gagné, à travers ses expériences narratives, un style qui lui est propre et qui tranche singulièrement dans le paysage téléphagique apathique actuel.

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Au-delà de cette atmosphère qui aura souvent réservé des scènes jubilatoires au téléspectateur, la saison n'aura pas démenti mon qualificatif de "western anachronique" employé pour le pilote. La série aura conservé et exploité, avec un enthousiasme communicatif, quelques-uns de ses repères fondateurs. On y retrouvera, tout au long de la saison, des héros à la gâchette facile, une ambiance très redneck s'épanouissant dans le cadre d'un Kentucky profond qui n'aura sans doute jamais paru aussi sauvage et autonome. Elle sera ainsi parvenue à s'installer crânement dans un créneau, qui aura constitué une de ses attractions les plus solides, loin de tout environnement policé ; d'aucuns diraient "civilisé".

Pourtant, l'enjeu réel de cette première saison aura finalement été ailleurs. Justified aura en effet été parcourue d'une hésitation récurrente sur le format à adopter. Le pilote posait un ton, laissait entrevoir des potentialités, mais n'avait pas résolu une question fondamentale : formula show ou série feuilletonnante ? Une enquête par épisode, ou bien des fils rouges s'imbriquant dans le récit ? Cette problématique aura monopolisé les scénaristes tout au long d'une saison, qui aura été remplie d'hésitations et d'essais plus ou moins concluants sur le sujet. Débutée sur les bases d'un formula show traditionnel, où seule sa tonalité tranchait, la série délaissera progressivement ce schéma pour se tourner vers une approche plus feuilletonnante, où les fils rouges prirent le pas sur les "affaires d'un jour".

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Cette importante fluctuation narrative aura été l'occasion d'être le témoin privilégié d'une expérience scénaristique rare. Le téléspectateur aura en effet assisté à toutes les tergiversations d'écriture qu'aura connues une série dont le cadre n'était manifestement pas strictement fixé dès le départ. De tâtonnements hésitants en ajustements progressifs, Justified sera ainsi passée des stand-alones aux épisodes feuilletonnant. A travers cette évolution, l'enjeu était de savoir comment exploiter au mieux l'univers posé. L'option de facilité aurait consisté à simplement s'enfermer dans des stand-alones, saupoudré d'une pointe de fil rouge, prétexte à retenir l'attention des tééspectateurs sur le long terme, d'une façon très "CBS-like". Mais finalement - et heureusement ! -, les scénaristes auront su adopter une construction narrative plus ambitieuse, et, en cela, beaucoup plus satisfaisante pour le téléspectateur.

En effet, peu à peu, l'arc majeur, reprenant les thématiques notamment familiales déjà entre-aperçues dans le pilote, aura pris le pas sur tout le reste. Hautement symbolique, la boucle se referme superbement avec la conclusion de la saison, reflet de tous les évènements qui auront marqué les 12 épisodes précédents. L'explosion finale apparaît comme une conséquence, aussi directe que logique, des différents choix faits par les principaux protagonistes. Des alliances de circonstances aux étincelles des clashs, les rapports entre les personnages auront fluctué au fil de la saison. Cependant, par-delà cette volatilité humaine constante, avec les décisions prises par les uns et les autres, on se dit que Justified n'aurait pu terminer d'une autre manière sa première saison, tant finalement tout s'emboîte en une vaste confrontation inévitable, entérinant des désunions comme des retrouvailles qui coulent de source.

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Bilan : Cette première saison de Justified n'aura pas été parfaite, loin de là. Hésitante jusque dans les schémas narratifs à adopter, elle aura été le théâtre de nombreux essais et expériences de le part de scénaristes qui n'auront tranché que progressivement entre le formula show et le feuilletonnant, optant finalement opportunément pour la seconde option.

Pourtant, Justified aura séduit et m'aura procuré beaucoup de plaisir. Par sa richesse humaine et la dynamique rafraîchissante utilisée pour l'exploiter. Par sa tonalité décalée, naviguant entre une pointe de dramaturgie et une touche d'autodérision. Elle aura investi ce créneau indéfinissable du western anachronique avec classe et assurance, ne recherchant jamais un rigoureux réalisme. Tout ne fut pas pleinement maîtrisé, mais elle aura toujours mis un entrain communicatif à tenter des choses, réussissant à rendre certains passages jubilatoires.

S'il faudra voir comment la série recyclera ou progressera dans les thèmes abordés au cours de ces 13 premiers épisodes, les scénaristes pourront peut-être profiter de leur expérience pour faire que la saison 2, déjà commandée, soit plus aboutie et maîtrisée, pour permettre à la série de franchir un palier supplémentaire.


NOTE : 7,5/10


Le générique (classe !) de la série :


05/06/2010

(Bilan) Petit état des lieux de la saison 2009-10 sur les grands networks US


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Tordons le cou aux idées reçues : je n'ai rien contre les grands networks américains, encore moins contre leurs séries. Certes, après une tendre lune de miel initiatique qui aura duré une bonne décennie, notre relation s'est quelque peu dégradée. Quantitativement parlant, leur part dans mes programmes téléphagiques n'a cessé de décroître au cours de ces quatre dernières années. L'émergence de nouvelles puissances n'y est certes pas étrangère ; mais il faut bien se dire aussi que si j'ai traversé un océan supplémentaire pour aller jusqu'en Asie, c'est aussi parce qu'une partie de la production américaine (hors câble) ne me suffisait plus, ne m'apportait plus ce que j'attendais du petit écran. Cependant, si je parle assez peu de ces séries sur ce blog, ce n'est pas forcément que je ne les regarde pas, c'est aussi un choix éditorial : je considère qu'il existe suffisamment de très bonnes critiques dans la blogosphère francophone les concernant.

Reste que le mois de juin s'ouvrant, le soleil et le ciel bleu se rappellent à notre bon plaisir. C'est summertime comme le dit Ladytelephagy, l'heure des séries-cocktails, rafraîchissantes et chaleureuses (en résumé, c'est la période dorée de USA Network). Et donc, en parallèle, cette transition vers la prochaine saison nous fait nous arrêter un instant pour regarder en arrière. C'est bien connu, le téléphage est un passioné à l'organisation pointue : il aime ses classements, ses bilans. Il  va donc s'efforcer de tirer quelques enseignements de cette année sériephile 2009-2010 qui s'achève sur les grands networks US.

Les questions existentielles se succèdent alors : Qu'ai-je suivi, qu'est-ce que j'ai aimé, détesté, oublié ? Quelle(s) série(s) retenir de cette saison qui ne fut pas particulièrement transcendante ? Quelle est la nouveauté qu'il ne fallait pas rater en septembre dernier ? Quelle est celle si vite oubliable que je n'ai plus souvenir de l'avoir testée ? Quels sont les grands buzzs que j'ai (encore) ratés ?

Avant de s'atteler aux différents bilans d'ensemble et de rédiger de longues critiques "constructives" (que j'essaierai de vous proposer tout au long de l'été), voilà donc ma vision synthétique de la saison 2009-2010... Cela n'a rien d'exhaustif, ni de très rigoureux, mais voici ce que ma mémoire téléphagique très biaisée a retenu. (C'est un peu plus décalé que mes billets habituels, ne m'en veuillez pas, il fait 30°, c'est la pause-détente.)

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Les nouveautés de la saison sur les grands networks US :


Le vrai (legal) drama réussi qu'il ne fallait pas rater : The Good Wife.

La résurrection du teen-show attachant : Life Unexpected.

La saga familiale que tu as envie de regarder juste pour son casting : Brothers & Sisters Parenthood.

La nouveauté dont le buzz ne s'explique rationnellement que parce que les téléspectateurs doivent couper le son de leur télévision : Glee.

La touche bit-lit version The CW (non interdite aux moins de 16 ans - pour l'inverse s'adresser à HBO) : The Vampire Diaries.

Le rip-off mythologique déjà oublié : Flash Forward.

Le remake de trop qui a détruit le mythe des lézards : V.

Le remake de trop que tu n'as pas regardé de toute façon : Melrose Place.

Le spin-off inutile qui prouve qu'il y a vraiment quelque chose de cassé au royaume des dirigeants des grandes chaînes US : Criminal Minds:Suspect Behaviour NCIS L.A. (Criminal Minds: Suspect Behaviour a déjà réservé la place pour la saison prochaine)

La comédie qui est, paraît-il, super mais que tu as ratée parce que tu ne regardes pas les comédies : Community.

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Les séries qui avaient déjà quelques saisons derrière elles :


L'Apocalypse m'a tuer : Supernatural, saison 5.

La série dont il fallait juste regarder le season finale : Fringe, saison 2.

La série que tu regrettes d'avoir abandonné à cause du season finale : Grey's Anatomy, saison 6.

La série que tu ne regrettes pas d'avoir abandonné, tant pis pour le series finale sur lequel tu as été spoilée sans rien demander en plus : Lost, saison 6.

La série que tu as abandonnée depuis longtemps, et dont même le series finale ne t'intéresse pas : 24, saison 8.

Les séries que tu regardes juste pour la discussion "séries" de la machine à café au boulot... Un épisode sur deux : The Big Bang Theory, saison 3.

... Un épisode sur trois : How I Met Your Mother, saison 5.

Les séries dont tu as laissé la diffusion filer mais qui vont être tes devoirs de vacances d'été afin de les rattraper d'ici septembre : House, saison 6 ; Brothers & Sisters, saison 4.

Les séries tombées au champ d'honneur du cap de la deuxième saison, que tu as abandonnées sans faire exprès mais que tu ne rattraperas pas : The Mentalist, saison 2 ; Castle, saison 2.

La série dont tu as appris qu'elle était encore diffusée le jour de l'annonce de son annulation : Heroes, saison 4.

 

Et vous, que retiendrez-vous de cette saison 2009-2010 ?