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30/09/2011

(Pilotes US) Mini-reviews : Pan Am, Terra Nova

Après une première semaine de rentrée US ratée, pour cette deuxième édition des mini-reviews de pilotes, celle qui s'achève aura un peu nuancé la tendance. Un peu seulement, car si certains pilotes ont pu me donner envie de revenir, soyons franc : ce visionnage de tant de séries des grands networks US en si peu de temps - après une année où je n'en avais regardé aucune - n'aura fait que souligner les maux et confirmer les griefs que j'adresse à ces productions depuis plusieurs saisons. Certes, il y a toujours de fugitives étincelles, mais dans l'ensemble, ce n'est plus une télévision qui éveille mon intérêt.

Des étincelles, justement, avec la première nouveauté de la saison à m'avoir séduite :

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Pan Am (ABC)

Prenez place dans le cockpit, attachez vos ceintures, et accompagnez la série dans le quotidien de la compagnie aérienne Pan Am, leader dans son domaine durant les sixties. Au programme, voyages à travers le monde en suivant la vie de son personnel, hôtesses de l'air glamour perpétuellement entre deux aéoroports de grandes capitales mondiales.

Au jeu de l'immersion dans les années 60, proposé en cette rentrée par les grands networks, entre The Playboy Club et Pan Am, c'est indéniablement la seconde qui aura su tirer son épingle du jeu. Ce pilote a été ma bonne surprise de la semaine, sans doute aussi par contraste avec le reste indigeste des pilotes testés. Proposant un premier épisode dynamique, à l'ambiance sacrément jazzy, la série pose d'emblée sa tonalité, entre légèreté et drama, en investissant le registre du divertissement-carte postale de son époque. Elle assume et joue sur le côté parfois un peu artificiel de sa reconstitution historique, avec des images tout droit sorties d'un papier glacé publicitaire. C'est rythmé, plaisant à suivre, avec une réalisation maîtrisée qui accompagne efficacement le tout.

Profitant du cadre aéroportuaire qui est le sien, le pilote navigue entre incontournables peines de coeur et des enjeux plus typiques en pleine période de Guerre Froide. L'introduction des protagonistes est efficace, pas forcément toujours nuancée, mais l'important est qu'elle se révèle attachante. Car Pan Am est une des rares nouveautés de la rentrée US qui a compris que pour fidéliser le téléspectateur, le seul concept de départ ne suffit pas : c'est sur les personnages que va reposer une bonne partie de l'attrait de la série. Aucune originalité particulière dans les portraits des quatre hôtesses et des deux pilotes que l'on suit, mais quelques grandes lignes qui permettent d'envisager les intrigues futures. Et puis, certains se démarquent déjà : la dynamique entre les deux soeurs, si différentes l'une de l'autre, se nuance agréablement au fil de l'épisode. Et l'aînée, recrutée en tant qu'espionne, est celle qui s'impose le plus au cours de ces quarante minutes.

Sympathique surprise, Pan Am propose un pilote rafraîchissant et dépaysant, dont l'ambiance donne envie de revenir. A voir si la série saura se construire à partir de son cadre aérien, sans nous rendre claustrophobe dans son avion, ni abuser des flashbacks.

NOTE : 6,5/10

Verdict : Embarquement à bord de cette première saison.

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Terra Nova (Fox)

En 2149, la planète Terre arrive au bout de ses ressources, au bord du cataclysme écologique. La pollution hypothèque tout futur pour une race humaine qui peine à entrevoir un futur. C'est peut-être dans le passé que celui-ci se trouvera : une faille temporelle et dimensionelle ouvre la possibilité de coloniser une Terre encore luxuriante quelques 85 millions d'années en arrière, au temps des dinosaures... Le salut pour l'humanité ?

Série de divertissement familial, mêlant action et science-fiction, Terra Nova avait logiquement attiré l'attention dans une période où les séries de SF se sont trop raréfiées. En dépit du retard accumulé et des échos mitigés qui l'accompagnaient, elle disposait d'un concept attrayant, au potentiel certain : l'abandon d'un monde devenu presque inhabitable, et la colonisation sur une Terre qui n'est pas adaptée à la vie humaine, à l'ère où dominent les dinosaures. Derrière des allures de fable écologique assumé, qui reflète bien l'air du temps, la série touchait à des thématiques qui ouvraient de nombreuses possibilités et de quoi être ambitieux : le traumatisme de tout quitter pour reconstruire une nouvelle civilisation... avec la dimension exotique du cadre (des dinosaures !). Pour autant, dire que je fondais de grands espoirs sur Terra Nova serait bien excessif : j'avais surtout beaucoup de craintes, que ce pilote aura en grande partie malheureusement confirmé.

Le pilote de Terra Nova fait preuve, au cours de ses 1h30, d'une incapacité constante et frustrante à prendre la mesure de son potentiel. Tout d'abord, il rate l'introduction des enjeux : un passage exprès dans le futur dont on ne saura que quelques grandes lignes, prenant le parti de limiter l'histoire aux seuls éléments qui préoccupent la famille principale que l'on va suivre. Puis, c'est le débarquement 85 millions d'années dans le passé, sans réelle solennité, se concentrant non sur le poids symbolique du passage dans la faille, mais sur un suspense artificiel pour savoir si tout le monde passera (ce qu'aucun téléspectateur ne doute une seule seconde). Le fonctionnement de Terra Nova, menée par un leader charismatique, avec ses rebelles mystérieux, permettant de saupoudrer l'ensemble d'une vague mythologie, parachève cette impression dominante de prévisibilité (avec un arrière-goût lancinant de déjà vu). Mais le pire, ce n'est pas tant ce cadre classique que le choix des protagonistes principaux : une famille inintéressante et sans relief, où la distribution des rôles est encore plus caricaturale, de l'ancien flic avec ses instincts à l'adolescent tête à claque à sauver... Ce ne sont certainement pas eux qui donneront envie au téléspectateur de revenir.

Pour autant, ce serait excessif de dire que j'ai détesté Terra Nova. Ce pilote est incontestablement du pain béni pour les critiques qui peuvent lui adresser bien des reproches... Reste que l'attraction du concept demeure, et l'illusion d'un potentiel entre-aperçu aussi. Ca se passe toujours 85 millions d'années en arrière, et il y a des dinosaures - du gentil herbivore au méchant carnivore - (l'adolescente que j'étais, fascinée par Jurassic Park, sommeille toujours en moi)... C'est atypique dans le paysage télévisuel actuel. Juste pour ces raisons, j'ai envie de donner une brève chance à la suite.

NOTE : 5/10

Verdict : Laissera (peut-être) à la série quelques épisodes pour voir comment elle va se développer.

28/09/2011

(J-Drama) Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei (Princess Hiro) : la dernière princesse de Chine


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En ce mercredi asiatique, poursuivons l'alternance avec la Corée du Sud, et prenons la direction du Japon pour un drama historique qui m'a vraiment fait vibrer et passionnée : Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei, aussi connu sous le nom de Princess Hiro (La Dernière Princesse de Chine). C'est une fiction qui devrait notamment intéresser ceux qui ont apprécié le film Le Dernier Empereur, puisqu'elle relate des évènements proches, suivant la destinée de l'épouse japonaise du prince cadet de la famille impériale.

Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei est un tanpatsu (un téléfilm) d'une durée globale d'environ 4h30 (visionné en quatre parties). Ce drama, que l'on pourrait qualifier de mini-série, a été diffusé sur TV Asahi en novembre 2003, à l'occasion du 45e anniversaire de la chaîne. Nous plongeant dans l'Histoire tumultueuse du Japon et de la Chine, des années 30 au début des années 60, il exploite habilement ce sujet très intéressant, tout en gardant un volet plus intimiste, en s'intéressant à un couple principal formé et malmené par les évènements.

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Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei débute en 1936. Le Japon impérial a envahi la Mandchourie au début de la décennie. Elle en a fait un Etat, officiellement indépendant, mais qui dans les faits demeure contrôlé par l'armée japonaise, qui a placé à sa tête comme chef de l'exécutif, le dernier Empereur de la dynastie Qing, Aixinjueluo Puyi. La tutelle japonaise s'exerce jusqu'à la maîtrise du destin de la famille impériale chinoise, à laquelle est lié le contrôle du territoire. Puyi n'ayant pas d'héritier, son jeune frère, Pujie, officier dans l'armée japonaise, est fortement encouragé à se choisir une épouse lors de ses études au Japon. Si un fils pouvait naître de cette union, cela permettrait d'asseoir durablement l'influence et la légitimité japonaise sur la région.

Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei raconte l'histoire de ce couple originellement né de la raison d'Etat et de considérations géostratégiques qui les dépassent. Ce mariage initialement politique, entre un prince chinois et une jeune noble japonaise, apparentée de manière éloignée à l'Empereur du Japon, deviendra une véritable union, fondée sur un amour réciproque inébranlable. C'est ainsi que la relation de Hiro et Puije va réussir à traverser, en dépit des difficultés, tous les tumultes politiques et militaires qui vont marquer leurs pays respectifs : les exactions japonaises en Mandchourie, la Guerre du Pacifique et la défaite japonaise, la révolution communiste chinoise, la rééducation en camp...

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Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei dispose de deux grands atouts. Il s'agit tout d'abord d'une très intéressante fresque historique qui, de 1936 à 1961, va nous faire vivre, directement ou indirectement, les destins croisés du Japon et de la Chine. Les bouleversements sont nombreux, et l'Histoire foisonnante permet un récit très riche. Loin de présenter une photographie figée, ce drama propose au contraire un portrait très vivant, souvent poignant, de cette époque troublée et des soubresauts qui la rythment. C'est logiquement sur le sort de la Mandchourie que s'arrête plus particulièrement ce drama. Dans cet Etat pantin (Mandchoukouo) où le gouvernement est une marionnette entre les mains du Japon, les tensions et la fracture sino-japonaise sont marquantes et de plus en plus tragiques. La mise en scène de la série souligne bien les paradoxes d'une situation chargée d'anachronismes, comédie des apparences où chacun suit le rôle qui lui a été donné. Des traditions d'une dynastie restaurée mais fantoche, aux ingérences et aux abus japonais, le drama n'occulte aucune facette de son sujet.

En plus d'un éclairage passionnant sur la grande Histoire, la réussite de Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei va être de savoir intégrer à cette toile de fond troublée une belle histoire personnelle. C'est celle d'un couple réuni par des préoccupations politiques extérieures, au sein duquel les deux époux vont apprendre à se connaître pour construire un véritable mariage d'amour très solide. La magie des sentiments s'opère sous nos yeux, inéluctablement et irrémédiablement en dépit du contexte très difficile et du déchirement provoqué par la situation en Mandchourie. Le récit touche et émeut sans jamais tomber dans le mélodrama. Si ces destinées marquent autant, c'est sans doute aussi parce que la lueur d'espoir ne s'éteindra jamais pour ce couple balayé par l'Histoire sans qu'il ait jamais été vraiment maître de son destin. Hiro et Pujie resteront unis dans l'adversité, malgré tout ce qui aurait dû et pu les opposer. La distance d'une séparation liée à la guerre ne brisera pas leur lien... une patience finalement récompensée en 1961, le régime communiste chinois autorisant leurs retrouvailles. 

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Solide sur le fond, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei atteint une autre dimension grâce à sa forme. Sa réalisation est soignée. La photographie met en valeur les qualités esthétiques d'une reconstitution historique appliquée, offrant des contrastes très intéressants en mêlant notamment costumes traditionnels impériaux et habits modernes des années 30 et 40. De plus, ce drama bénéficie d'une superbe OST, avec des thèmes musicaux qui savent parfaitement guider la narration et accentuer la dimension émotionnelle d'un drama qui va toucher une corde sensible, sans jamais en abuser. Le thème instrumental principal notamment, teintée d'une douce mélancolie qui semble au fil du récit de plus en plus déchirante et pesante, est une musique à laquelle la série demeurera toujours associée dans mon esprit.

Enfin, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei dispose d'un casting très solide, porté par deux acteurs principaux dont les performances ne laissent pas indifférents (même si je ne vous garantis pas en revanche que leur mandarin soit irréprochable). Tokiwa Takako (Long Love Letter, Tenchijin) propose une prestation pleine de vitalité et de fraîcheur pour incarner cette jeune femme au caractère affirmé qu'est Hiro. A ses côtés, j'ai eu le plaisir de retrouver, dans un registre très différent des dramas dans lesquels j'avais pu le voir jouer, Takenouchi Yutaka (Rondo, Fumou Chitai, BOSS) : d'une sobriété à toute épreuve, il incarne avec simplicité ce prince réfléchi, confronté à des évènements sur lesquels il n'a que l'illusion d'une emprise. Je peux sans doute dire au terme de cette série que cet acteur est définitivement entré dans ma courte liste des acteurs japonais à suivre. Outre ce couple phare qui retient l'attention, on retrouve également Hayase Erina, Ichikawa Yui, Esumi Makiko, Amami Yuki, Sorimachi Takashi, Nogiwa Yoko, Kimura Yoshino, Takenaka Naoto ou encore Danta Yasunori.

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Bilan : Bénéficiant d'une forme soignée, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei est une belle oeuvre, homogène, qui mêle habilement la grande et la petite histoire. Fresque historique appliquée et passionnante proposant l'instantané d'une époque troublée en Asie, le drama ne néglige pas non plus une dimension émotionnelle, souvent touchante, en nous plongeant dans les destinées chaotiques d'un couple principal entraîné dans les soubresauts de l'Histoire. Le téléspectateur se laisse ainsi captiver par cette histoire, porteuse d'espoir à sa façon en ouvrant un pont entre les peuples, entre la Chine et le Japon.


NOTE : 8,25/10


Une présentation avec quelques images :

Le thème musical principal de la superbe OST :

Un extrait, Amami Yuki chante "When shall you return" (en mandarin) :


26/09/2011

(Pilote US) Revenge : pourquoi la série aurait pu être écrite pour la télévision sud-coréenne (et la raison qui la fait échouer)


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[Ceci est un exercice de review un peu particulier, mais Revenge s'y prêtait. A noter que l'article a été conçu de manière à pouvoir être lu par tous les lecteurs, familiers ou non des petits écrans auxquels il est fait référence.]


On a souvent l'habitude d'écrire des critiques de séries à travers un prisme de références américaines... Et si on changeait l'angle d'approche ?


Ce billet est né à la suite d'échanges sur twitter après le visionnage du pilote de Revenge. En cours d'épisode, j'avais parlé des grandes similitudes de recettes avec une série sud-coréenne "type" de vengeance. Par curiosité, je suis allée ensuite vérifier ce qu'en avaient pensé d'autres blogueurs disposant de bases similaires sur ces deux cultures télévisuelles. Vérification faite chez Lady, où c'est la thématique même de la vengeance qui est associée au petit écran sud-coréen. Tandis que chez Eclair, s'il concentre sa critique sur l'épisode en lui-même, il ne peut cependant pas s'empêcher de le comparer aux références du genre et finit donc par citer... un k-drama. Le réflexe est naturel.

En effet, si le téléspectateur pense instinctivement "série sud-coréenne" devant le pilote de Revenge, c'est tout d'abord en raison du thème. Certes, il existe des séries occidentales sur la notion de vengeance, mais c'est une thématique qui ne s'est pas systématisée dans le petit écran américain, à l'exception peut-être des soap. Or le paysage est très différent en Corée du Sud, pour diverses raisons aussi bien culturelles qu'historiques (Lecture complémentaire : The Korean Quest for revenge). Dans son cinéma, la vengeance est ainsi un sujet particulièrement exploré - le dernier film sud-coréen sorti en France cet été, J'ai rencontré le diable, l'illustre bien, au-delà de tous les classiques que l'on pourrait citer (la trilogie de Park Chan Wook en étant sans doute l'exemple le connu). A la télévision, le thème de la vengeance est moins influent dans un petit écran qui demeure le terrain privilégié des mélodramas et autres RomComs où l'amour apparaît comme la dynamique centrale. Pour autant, la vengeance reste là-aussi une constante récurrente, bien plus qu'ailleurs. Chaque année, on retrouve en Corée du Sud des dramas qui explorent et déclinent à leur manière le revenge thriller, suivant des approches très différentes. Parmi les plus récents, on peut citer de manière non exhaustive, des séries comme : Sorry I love you (2004), A love to kill (2005), Time between Dog and Wolf (2007), Story of a man / The Slingshot (2009), Bad Guy (2010), et en 2011, City Hunter sur les grandes chaînes, Little Girl K pour le câble. Et ce, sans mentionner les (nombreuses) séries où le sujet est plus incident, mais néanmoins bien présent (aussi bien dans les séries contemporaines que dans les sageuk - séries historiques).

Par conséquent, c'est sans surprise que l'idée à la base de Revenge peut être associée naturellement dans l'esprit du téléspectateur à des références sud-coréennes. Cependant, ce qui m'a interpellé sur le moment, c'est que le pilote va plus loin qu'un simple partage du thème principal : on y retrouve aussi une construction narrative et une présentation qui pourraient avoir été écrites pour la télévision sud-coréenne. Mais, et c'est sans doute sur ce point que la comparaison trouve son intérêt, Revenge a aussi des spécificités qui la distingue fondamentalement d'un k-drama. De manière assez révélatrice, c'est précisément l'aspect par lequel elle se démarque qui va sceller l'échec de cette introduction.

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I. Pourquoi Revenge aurait pu être écrite par un scénariste sud-coréen (et respecte tous les codes du cahier des charges classiques des k-dramas) :

Commençons par le premier parallèle proposé par ce pilote, qui constitue un emprunt culturel évident : le choix d'ouvrir l'épisode sur une phrase, pleine de sagesse, posant d'emblée la tonalité de la série. La citation qui s'affiche est de Confucius. Si les écrits du philosophe chinois et tous les courants de pensée qui s'en sont réclamés par la suite sont deux choses différentes, l'influence des valeurs (néo)confucéennes est historiquement importante dans la société sud-coréenne, et demeure une réalité.

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Poursuivons plus avant dans ce pilote, en étudiant la construction-même du récit. L'épisode débute par un flashforward, évoquant une situation irréversible : la mort d'un des personnages principaux, sans que ces quelques minutes ne lèvent le mystère sur ce qui a abouti à cette situation. Puis, c'est le retour dans le présent, quelques mois plus tôt au début de l'été. L'héroïne retrouve la maison de son passé et va faire ses première rencontres avec les différents protagonistes. Pour nous expliquer la situation, le pilote a recours à de multiples flashbacks qui viennent idéaliser les souvenirs de l'enfance perdue de la jeune femme, avant que sa vie familiale ne soit brisée. Utiliser toute la palette des fils temporels à leur disposition pour introduire les enjeux de l'histoire - les emmêlant parfois excessivement - demeure un mécanisme scénaristique qui vient naturellement au scénariste sud-coréen. Parmi les séries citées plus haut, Bad Guy par exemple adopte la même approche.

Outre la construction de l'histoire, il y a les thèmes qui conduisent à faire des parallèles. L'objectif est le suivant : Emily veut se venger de la destruction de la vie et de la réputation de son père, et donc par ricochet avoir brisé sa propre vie. Contre qui agit-elle ? Il y a différents responsables, mais plus particulièrement une famille riche et influente (dans une série sud-coréenne, ce serait une famille de chaebol) qu'elle entend donc faire payer. Cela permet de nous immerger dans le milieu de ces gens aisés, si clinquant et brillant en apparence, mais tellement grangréné en réalité, les manipulations et les trahisons y étant un quotidien normal. Le tout se déroule dans les Hamptons, offrant donc un décor luxueux toujours prisé dans les k-dramas.

De quels moyens dispose Emily pour parvenir à ses fins ? Se glisse ici une dimension sentimentale. Au cours du pilote, l'héroïne croise en effet deux prétendants potentiels manifestes. D'une part, il y a l'héritier de la famille à détruire, lequel a tous les attributs du jeune riche (lourd passif d'arrogance, abus). D'autre part, il y a un jeune homme de milieu plus modeste qui, cerise sur le gâteau, l'a connue enfant. Les deux étaient proches (à ce moment-là, le voyant *premier amour d'enfance, flamme éternelle* clignoterait dans tout drama sud-coréen normalement constitué, puisque c'est ici un ressort narratif qui transcende tous les genres de séries), la vie les a séparées, il ne la reconnaît pas mais n'y est pas insensible, elle le reconnaît et préfère l'éviter... S'esquisse donc un triangle amoureux possible (fondation nécessaire de nombre de séries sud-coréennes), avec les sentiments et l'amour comme arme de vengeance au long cours pour réussir à atteindre l'objectif suprême. Le flashforward du début ne faisant qu'insister sur l'importance de ces trois-là.

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Si tous ces éléments expliquent ma réaction devant le pilote, pour autant Revenge est aussi très éloignée d'une série sud-coréenne.

 

II. Pourquoi Revenge se différencie irrémédiablement d'une production sud-coréenne (et rate son introduction) :

Au cours de ce premier épisode, alors même que tous les ingrédients sont bien là, la recette universelle et calibrée du revenge thriller dérape. Le pilote échoue dans sa mission de proposer une introduction intrigante, car Revenge reste en effet une enveloppe vide, un papier glacé dénué d'émotions. Une partie du problème vient sans doute d'un casting qui reste en retrait, Emily VanCamp n'ayant peut-être pas la carrure du personnage qui lui est confiée, mais une grosse part de responsabilité pèse sur l'écriture. Car s'il est souvent possible de reprocher un certain manque de rigueur narrative dans la gestion des k-dramas, en revanche, le point fort de ces productions réside dans l'empathie que vont savoir susciter les personnages. La recette miracle qui fidélise le téléspectateur, l'implique dans le sort des protagonistes et l'amène à s'investir dans la série, c'est un ressenti particulier qui va recouper une dimension émotionnelle, difficilement quantifiable. Or, dans le pilote de Revenge, on ne ressent rien. Nulle compassion face au récit de l'enfance d'Emily. Aucun lien ne se crée avec elle.

On touche ici à la limite du sur-calibrage de ces recettes scénaristiques millimétrées : on ne reprochera pas à une série d'employer des ingrédients éprouvés, simplement parce qu'ils sont excessivement classiques. En revanche, on le lui reprochera si elle devient un ensemble mécanisé et déshumanisé, d'où rien n'émane si ce n'est l'impression de visualiser des rouages savamment huilés, sans parvenir à s'intéresser à l'ensemble en tant que création. Si les k-dramas se permettent une sur-exploitation de certaines ficelles narratives, c'est parce que, jusqu'à présent, ils ont globalement su généralement conserver leur lien avec le public, en se rappelant leur force : savoir toucher une fibre émotionnelle. Mais le jour où la réutilisation des mêmes pots et le poids du cahier des charges feront oublier l'âme que doit avoir toute création, le système s'effondrera. C'est pourquoi le pilote de Revenge est un échec : il a des recettes qui pourraient indéniablement marcher, peu importe qu'elles paraissent surannées, mais le cahier des charges prend le pas sur l'histoire, et ce pilote reste une enveloppe policée, mais creuse et sans identité propre.

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Conclusion :

Sur bien des aspects, le pilote de Revenge, à partir du genre particulier que sont les séries de vengeance, semble surtout être le parachèvement et le produit d'une forme de standardisation et de mondialisation culturelles plus globale, dont le processus tend à s'accentuer en raison des nouvelles technologies, de l'abolition des frontières de la création. C'est un phénomène qui joue sur les créateurs, mais aussi sur le public - le simple téléspectateur lambda - qui a désormais un accès beaucoup plus large à tous ces contenus. Au-delà des origines et influences de Revenge (de la littérature classique aux soap américains), il reste le constat amusant et indéniable d'un parallèle évident, d'une promiscuité certaine, entre cette série et des recettes qu'on pourrait qualifier de "canoniques" au sein la production télévisuelle sud-coréenne. Une belle illustration de cette fameuse culture mainstream mondialisée.

Dommage que l'essai soit ici un échec.


Pour conclure sur une note de prosélytisme bien ordonné : si une série de vengeance vous tente vraiment, jetez un oeil à celle qui reste un modèle du genre et une des plus abouties de ces dernières années : Story of a man / The Slingshot.

24/09/2011

(UK) Doctor Who, season 6, episode 11 : The God Complex

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Un grand hôtel vide, un clown... bienvenue chez Stephen King !

J'aime décidément beaucoup cette seconde partie de saison 6, notamment grâce aux thématiques plus introspectives qui sont explorées, c'est-à-dire non pas les enjeux mythologiques en tant que tels, mais plus simplement la relation du Docteur avec ses compagnons. Ce onzième épisode, The God Complex, vient finalement offrir un complément parfait à l'épisode précédent, en allant cette fois-ci beaucoup loin. Dans The Girl who waited, c'était la dangerosité des voyages avec le Docteur, mais aussi l'influence qu'il peut avoir sur les vies de ses compagnons, qui interpellaient. Dans cet épisode 11, c'est cette fois l'idée-même d'une fin dans la dynamique du trio qui est évoquée.

Pour aboutir à ce résultat, l'aventure du jour les conduit dans un lieu qui s'apparente à un gigantesque hôtel terrien. Seulement, ce n'est pas un repos mérité que les innombrables chambres proposent : elles offrent derrière leurs portes closes des retrouvailles avec les peurs les plus viscérales qui se cachent dans nos coeurs. Le principe est qu'il y a une chambre pour chacun ; et ouvrir celle qui vous est destiné bouscule et perturbe toutes les certitudes que l'on peut avoir, faisant peu à peu sombrer dans une folie autodestructrice qui amène à se sacrifier à la créature générant ce labyrinthe hôtelier, aux couloirs sans fins se remodelant constamment, un minotaure. Le Docteur et ses compagnons vont devoir trouver une échappatoire à cette prison, en essayant non seulement de se sauver eux-mêmes, mais aussi de protéger les quelques personnes prisonnières des lieux comme eux.

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The God Complex débute comme un classique stand alone à la croisée des genres : sommes-nous sur Terre, dans le passé ? Sommes-nous dans l'espace ? Rapidement l'image du mystérieux hôtel s'obscurcit, semblant tout droit sortie d'un livre de Stephen King et faisant plonger l'épisode dans un thème semi-horrifique avec pour objet central : les peurs les plus primitives de chacun. S'appropriant parfaitement tous les codes de ce genre, cette première partie se montre très efficace et plutôt inventive, tout en restant classique. Elle doit beaucoup au groupe bigarré de personnages également coincés avec le Docteur. C'est à souligner car il est assez rare qu'un épisode parvienne, ou recherche, à nous impliquer pour le sort de simples guest-stars, souvent sacrifiées sans arrière-pensée. Or ici, la dynamique prend instantanément, notamment grâce au personnage de Rita dont la mort reste une des scènes émotionnelles les plus fortes de l'épisode.

Pour autant, The God Complex n'est pas un simple épisode d'horreur. En effet, c'est dans un autre registre qu'il va se révéler : le véritable enjeu se situe à un niveau différent qui dépasse de loin la notion de peur : c'est celui de la foi. La créature du labyrinthe se nourrit de la croyance de ses victimes, les faisant basculer progressivement dans une folie adorative, sapant toutes leurs certitudes grâce à la peur qu'il réveille. Un seul des voyageurs du Tardis nourrit une foi assez grande ayant pu retenir l'attention : celle d'Amy... dans le Docteur. Car en dépit des épreuves, des abandons et des déceptions, Amy reste toujours au fond d'elle l'innocente Amelia Pond : cet enfant, aux certitudes et à la confiance inébranlables, qui a tant attendu l'homme un peu fou à la boîte bleue qui devait l'emmener voyager dans les étoiles. Pour sauver Amy, le Docteur va devoir détruire cette première attache, cette forme d'inféodation originelle fondatrice.

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The God Complex offre ainsi au Docteur et à Amy l'occasion de refermer la boucle ouverte lors de sa regénération il y a deux saisons et laissée en suspens depuis. Les implications du discours qu'il délivre à une Amy redevenue logiquement enfant dépassent la seule aventure à laquelle ils doivent survivre. Il faut certes briser ce lien dans l'immédiat pour la sauver du minotaure, mais c'est une autre prise de conscience, autrement plus symbolique, qui a lieu : il faut rompre cette relation pendant qu'ils le peuvent encore, pendant qu'Amy et Rory ont encore une vie et un futur qu'ils peuvent construire sur Terre. En filigrane en effet, c'est sa dangerosité que le Docteur admet et reconnaît. S'il fera toujours tout ce qui est en son pouvoir pour préserver ces compagnons, le Time Lord lui-même a ses limites. C'est pourquoi la conclusion de l'épisode va apparaître particulièrement logique et satisfaisante.

Le lien entre Amelia Pond et le Docteur, cette "foi" forgée durant leur première rencontre, est une réminescence de l'enfance de la jeune femme. Or si voyager avec le Docteur doit rester quelque chose de temporaire, qui ne peut durer éternellement, ce n'est pas seulement parce que ces aventures ont un impact important sur la vie de ses compagnons (et peuvent les terminer abruptement), c'est aussi parce qu'il s'agit normalement d'une simple parenthèse dans le cours de leur existence. Pour Amy, ces quelques mois initiatiques auprès du Docteur s'apparentaient à une forme de passage à l'âge adulte. Son mariage avec Rory l'avait en apparence parachevé, mais en apparence seulement, car subsistait toujours le lien originel qui inféodait la jeune femme au Time Lord. Ce voyage de noces qui s'éternisait en était la preuve. Mais désormais, l'initiation est bien terminée. Il ne convient plus de suspendre et de remettre au lendemain le retour au quotidien terrien, car ce serait hypothéquer définitivement la possibilité de le reprendre un jour.

En prenant conscience de toutes ces implications, ramener Amy et Rory sur Terre pour les sauver est la chose la plus responsable que puisse faire le Docteur. Mais avec toute la mythologie et les forces à l'oeuvre dans l'ombre, cette décision n'intervient-elle pas déjà trop tardivement ?

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Bilan : The God Complex est un épisode prenant et efficace qui prouve une nouvelle fois que Doctor Who ne se réduit pas à sa seule mythologie, et que la série peut être brillante lorsqu'elle prend le temps de s'intéresser à ses dynamiques fondatrices : à savoir la relation du Time Lord et de ses compagnons. Le temps n'est plus à l'insousciance, les parenthèses plus légères sont derrière soi. La destruction de cette foi ancrée en Amelia Pond demeure purement symbolique : elle ne remet pas en cause la confiance que Amy, adulte, a dans le Time Lord. Mais elle permet des prises de conscience et des réévaluations que l'on pressentait et qui apparaissaient de plus en plus inévitables. C'est donc un épisode très convaincant qui nous a été proposé, nous rapprochant peu à peu du final tant attendu de la saison.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de l'épisode :

23/09/2011

(Pilote UK) The Fades : une série fantastique intrigante

"The Fades are coming."

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Cette rentrée, j'ai fait des grands efforts d'ouverture. J'ai visionné des pilotes diffusés jusque sur les networks américains que je n'aurais d'habitude pas tenter, attendant patiemment de trouver la perle rare, celui qui me donnerait envie de revenir la semaine suivante. Les deux premiers tiers du mois déjà passés, je commençais à m'inquiéter, quand, enfin, un pilote a retenu mon attention et éveillé ma curiosité : The Fades. Oui, je sais, cette série est... anglaise.

Imaginée par Jack Thorne, un scénariste qui a travaillé sur This is England '86, Skins ou encore Cast Offs, The Fades (un temps intitulée Touch) est une nouvelle série fantastique lancée par BBC3, le jeudi 21 septembre 2011, et coproduite avec BBC America. La saison 1 comprendra six épisodes. BBC3 poursuit là ces explorations du genre fantastique dont Being Human reste le porte-étendard. Si ce premier épisode de The Fades est un peu brouillon, il est efficace pour poser un cadre mythologique au potentiel indéniable.

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Paul est un lycéen, anonyme dans la foule des adolescents de son âge, mais dont la vie quotidienne est de plus en plus perturbée par des évènements dont il ne peut comprendre la portée. Il voit des choses, ou plus précisément des êtres, qu'il est le seul à percevoir, et ses nuits sont hantées par de terribles cauchemars sur un monde apocalyptique où la Terre a été réduite en cendres. Logiquement inquiète, sa mère l'envoie consulter un psy, qui n'est pas vraiment en mesure de l'aider, tandis que son meilleur ami, Mac, fait office de soutien moral indéfectible, sa culture geek lui permettant d'être ouvert à toutes les hypothèses.

Une nuit, alors que les deux adolescents traînent dans un vieux centre abandonné, Paul assiste à une fusillade et à l'agression d'un homme par une bien effrayante et étrange créature. L'homme va être la première personne qu'il rencontre en mesure de lui expliquer ses aptitudes particulières. Ces créatures qu'il voit sont appelées des Fades, il s'agit de morts qui n'ont pas pu quitter la Terre (pour lesquels le processus de "l'Ascension" n'a pas pu avoir lieu pour une raison qui n'a rien à voir avec le Mal ou le Bien). Ils sont bloqués dans ce monde où nul ne les perçoit et où ils ne peuvent intéragir avec les vivants.

Mais l'un d'entre eux à trouver un moyen de briser la frontière séparant les vivants et les morts ; et avec cette intrusion sur notre Terre, c'est un avenir apocalyptique qui se profile à l'horizon. Les cauchemars prophétiques de Paul sont en marche, et le sort de l'humanité repose sur les quelques humains qui peuvent voir les Fades.

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Pour introduire un univers fantastique avec ses codes et ses enjeux propres, le scénariste peut faire le choix de tout proposer clé en main au téléspectateur, à travers une rapide mise au point dès le départ, ou il peut opter pour un chemin de traverse, plus périlleux sans doute, plus flou probablement, mais aussi plus intrigant si cela est bien exécuté. The Fades opte pour la seconde option : le pilote nous plonge directement dans l'action, avec une scène d'ouverture marquante qui donne d'emblée le ton du récit, et va ensuite s'intéresser au quotidien des différents protagonistes. L'épisode suggère beaucoup - une silhouette inquiétante, des visions de cendres inexpliquées -, et distille ses explications avec parcimonie, seules deux scènes entre Paul et Neil pouvant vraiment être qualifiées d'initiatiques.

Le pilote de The Fades garde donc volontairement sa part de mystères, soulevant plus de questions qu'il n'offre de réponses, au risque d'être parfois volontairement un peu brouillon, voire confus. Cependant cela ne gêne absolument pas pour s'intéresser à un univers qui se dévoile peu à peu. Cultivant une toile de fond apocalyptico-fantastique dont les ingrédients sont relativement classiques mais très efficaces, l'épisode se charge de délivrer les premières clés d'une mythologie que l'on devine plus vaste. La mort est une thématique que le fantastique a beaucoup exploré mais qui n'a pas perdu son attrait : notons en plus qu'ici, il ne s'agit ni de zombie, ni de vampire, mais des Fades, esprits errant sur Terre mais qui demeurent - normalement - strictement séparés du monde des vivants. Et, évidemment, une Armaggeddon à empêcher reste un des enjeux les plus communs, mais aussi les plus sûrs pour s'assurer d'une tension dramatique solide.

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Parallèlement à cette immersion mythologique progressive, The Fades a le mérite de réussir l'introduction de ses personnages. S'il n'y a aucune originalité dans la dynamique du duo principal, les clichés ayant la vie dure, on se surprend pourtant à s'y attacher très rapidement. Paul a tous les attributs de l'anti-héros lycéen classique, des pouvoirs qu'il rejette, n'aspirant qu'à une paisible normalité, jusqu'à une soeur populaire embarassée par ce fardeau fraternel. En proie aux doutes existentielles d'une adolescence compliquée par ces visions, il peut compter sur le soutien de son meilleur ami, fidèle et confident. Ce dernier va apporter son lot de références continuelles à la pop-culture geek. Aussi classique que cette présentation puisse sonner, c'est sans doute dans les échanges entre ces deux-là que The Fades a achevé de me rallier à elle : en effet, les réparties des deux amis introduisent un second degré typiquement anglais, s'assurant une certaine distance avec les évènements en cours et occasionnant des passages plus légers à l'humour bien dosé, auxquels il est difficile de résister.

De manière générale, on retrouve en fait dans The Fades une partie du charme des fictions fantastiques anglaises qui fonctionnent, c'est-à-dire une façon de ne pas trop en faire et surtout de ne pas se prendre excessivement au sérieux, tout en ne négligeant jamais de cultiver un sens certain de la dramatisation et de soigner l'ambiance. Le pilote mêle d'ailleurs plutôt habilement normalité et surnaturel, de manière à toujours conserver un cadre familier. C'est ainsi que, même si tout n'est pas parfaitement maîtrisé dans cet épisode à la narration parfois un peu expérimentale et aux tonalités changeantes, l'essentiel est atteint : le téléspectateur, la curiosité piquée, se prend au jeu, perçoit le potentiel des intrigues esquissées et prend rendez-vous pour la suite, voulant en savoir plus. 

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Sachant suggérer et introduire une ambiance fantastico-inquiétante qui s'insinue dans le quotidien terriblement typique du héros lycéen, The Fades est également solide sur la forme. On y retrouve quelques scènes horrifico-sanguinolantes qui n'auraient pas dépareillé dans Being Human, mais aussi sa part de combats mortels, mis en image plutôt sobrement, jusqu'à une opération d'un oeil qui n'ira pas sans crisper quelque peu le téléspectateur. La photographie est soignée, la réalisation bien maîtrisée s'inscrit dans la lignée des autres fictions de la chaîne. De plus, cerise sur le gâteau, la série bénéficie même d'un court générique. 

Enfin, The Fades dispose d'un casting sympathique qui permet au téléspectateur de rapidement s'investir dans l'histoire. C'est Iain de Caestecker (River City, Coronation Street) qui incarne Paul, l'adolescent qui se retrouve malgré lui au coeur de cette apocalypse en devenir. Il joue parfaitement le anti-héros propulsé sur le devant d'une scène fort dangereuse. A ses côtés, Daniel Kaluuya (Skins, Psychoville) est son meilleur ami. Johnny Harris (This is England 86') est un combattant endurci qui va initier le héros au monde des Fades ; Tom Ellis (Miranda), pour le moment le moins bien exploité, incarne un prof dont la femme, jouée par Natalie Dormer (The Tudors) et qui possédait le même don que Paul, décède dans le pilote. On croise également Daniela Nardini (This Life), Claire Rushbrook ou encore Lily Loveless (Skins).

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Bilan : Introduction parfois un peu brouillonne mais efficace, parvenant à poser rapidement des enjeux mythologiques qui retiennent l'attention tout en ménageant une part de mystère, le pilote de The Fades dévoile des bases fantastiques intrigantes au potentiel certain. A défaut de réelle originalité, la série se réapproprie un savoir-faire éprouvé, distribuant classiquement les rôles et s'offrant en toile de fond une fin du monde à empêcher qui retient l'attention. Aussi classique que puisse paraître une recette, l'essentiel est qu'elle fonctionne. Ce pilote de The Fades a ses atouts et donne envie de découvrir la suite, et c'est bien le principal. A confirmer ! 


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :