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18/12/2011

(US) Rawhide : un western classique qui a conservé toute sa saveur

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Rollin', rollin' rollin',
Rollin', rollin' rollin',
Keep movin', movin', movin',
Though they're disapprovin',
Keep them dogies movin',
Rawhide!
Don't try to understand 'em,
Just rope, throw and brand 'em,
Soon we'll be livin' high and wide!
My heart's calculatin',
My true love will be waitin',
Be waiting at the end of my ride!
Move 'em on, head 'em up, head 'em up, move 'em on,
Move 'em on, head 'em up, Rawhide!
Let 'em out, ride 'em in, ride 'em in, let' em out, cut 'em out,
Ride 'em in, Rawhide!

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Petite digression "oldies" en ce dimanche enneigé, à l'occasion de laquelle je vous propose de remonter dans la mémoire sériephile. Si vous êtes des lecteurs un peu régulier de ce blog, vous connaissez sans doute ce penchant naturel que je nourris pour les westerns. De cette époque bénie que fut l'âge d'or de ce genre à la télévision américaine (50s'-60s'), je vous ai notamment déjà raconté combien j'appréciais une série comme Au nom de la loi (Wanted dead or alive). Le week-end dernier, dans le cadre de la préparation à un podcast auquel je participe, j'ai pu élargir un peu mes horizons téléphagiques. Le thème de l'émission était les westerns ; l'opportunité était donc parfaite pour découvrir une série sur laquelle j'avais eu des échos très intéressants, mais jamais vraiment l'occasion de la caser dans mon planning : Rawhide.

Sans qu'elle puisse prétendre faire vibrer en moi une quelconque fibre nostalgique, puisque je la voyais pour la première fois plus de cinquante ans après la diffusion de son pilote, cette série a pourtant vraiment retenu mon attention. Pour la présenter rapidement, précisons que Rawhide est la cinquième série western la plus longue du petit écran américain. Elle compte 8 saisons qui furent diffusées sur CBS, le vendredi soir, de 1959 à 1965, pour un total de 217 épisodes en noir et blanc. Produite par Charles Marquis Warren, elle rassemble devant la caméra un casting emmené par Eric Fleming et Clint Eastwood (quand je vous disais que c'était un vrai western !).  

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Rawhide se déroule dans la décennie 1860, quelques années après la fin de la guerre de Sécession. La série est un pur western qui s'intéresse à de vrais cowboys, au sens premier du terme, puisqu'elle va nous permettre d'accompagner une vingtaine d'hommes, des vachers dirigés par Gil Favor, navigant entre le Texas et le Missouri, et qui conduisent un troupeau qui peut parfois comporter plusieurs milliers de vaches. N'allez cependant pas croire que les épisodes vont se concentrer sur la gestion dudit bétail.

Si cette activité principale n'est pas exempte de péripéties, elle constitue surtout le prétexte narratif parfait pour justifier le déplacement continuel des protagonistes qui vont ainsi au devant de nouvelles aventures. Schématiquement, une histoire typique de Rawhide adopte une construction presque immuable : sur la route qu'ils font emprunter à leur troupeau, les cowboys croisent ou sont sollicités par d'autres voyageurs, voire s'aventurent dans des villages aux alentours dans lesquels ils tombent sur des situations à problème qu'il va leur falloir régler.

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Les amoureux des westerns retrouveront dans Rawhide tous les ingrédients qui ont pu leur faire aimer ces aventures dans l'Ouest américain du XIXe siècle. Parfaitement représentative du savoir-faire d'une époque (50s-60s'), on perçoit instantanément dans la série, dès le pilote, la saveur et l'ambiance caractéristiques des classiques de cette période. Il faut dire qu'elle se réapproprie avec beaucoup de maîtrise les codes narratifs du genre. Fiction nomade qui suit ses protagonistes au fil de leur voyage, un de ses atouts réside justement dans la diversité des histoires qu'elle va pouvoir offrir, revisitant pour l'occasion tous les grands thèmes associés aux westerns.

Certes les développements pourront parfois paraître relativement prévisibles aux yeux du téléspectateur moderne, mais ses épisodes n'en demeurent pas moins fluides et consistants. Car si Rawhide se découvre et s'apprécie avec un enthousiasme intact aujourd'hui, elle le doit à la solide assise que lui confère la richesse de son portrait de l'Ouest. Non seulement son univers n'est pas manichéen - et la série n'hésitera pas à traiter de sujets tels que le racisme ou les séquelles de la guerre de Sécession -, mais en plus, un soin tout particulier est accordé à l'ensemble des personnages, même les plus secondaires rencontrés pour un seul épisode. Si ces derniers précipitent invariablement nos héros dans de nouveaux ennuis, ils sont hauts en couleur, et rarement interchangeables, contribuant chacun à leur manière à forger l'identité de la série. Ce sont tous ces éléments qui expliquent que la série réussisse vraiment à capturer l'attention d'un téléspectateur sous le charme.

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Par ailleurs, pour renforcer son atmosphère de western, Rawhide bénéficie d'une solide réalisation, avec une caméra qui maîtrise parfaitement son sujet. Elle est de plus accompagnée d'une bande-son très riche au sein de laquelle retentissent des musiques caractéristiques du genre qui contribuent grandement à construire l'ambiance générale. La chanson la plus représentative restera sans conteste celle du générique, qui retentit au début et à la fin, que vous pouvez écouter dans la première vidéo ci-dessous. Composée par Dimitri Tiomkin, et chantée pour l'occasion par Frankie Laine, elle va non seulement continuer de vous trotter dans la tête longtemps après l'avoir entendu, mais elle place aussi le téléspectateur dans les meilleures dispositions possible pour pleinement apprécier l'histoire qui va suivre. En somme, c'est le genre de générique qui sait vraiment marquer la tonalité de la série qu'il ouvre.

Enfin, si vous cherchez encore un dernier argument pour vous convaincre d'être curieux, vous le trouverez certainement du côté du casting rassemblé par la série. Au sein des acteurs principaux, c'est Eric Fleming qui incarne celui qui dirige les manoeuvres parmi les cowboys. Cependant Rawhide reste sans doute surtout la série qui a permis à un tout jeune acteur d'attirer l'attention de quelques grands, notamment de Sergio Leone : Clint Eastwood. C'est donc l'occasion de redécouvrir ce dernier dans un de ses premiers rôles, la diffusion de la série débutant en 1959. De plus, Rawhide permet aussi de croiser toute une galerie de guest-stars de luxe, de Robert Culp à Charles Bronson, en passant par Leslie Nielsen, qui sont autant de bonnes raisons de se lancer dans sa découverte !

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Bilan : Classique à la saveur inaltérée, qui se visionne toujours avec beaucoup de plaisir un demi-siècle après sa première diffusion, Rawhide est une série vraiment représentative du savoir-faire américain de ces décennies glorieuses pour le western. Les amateurs d'Ouest sauvage devraient y trouver leur bonheur. De plus, elle intéressera également tous les passionnés des fictions du petit écran, qui découvriront là une production aboutie occupant incontestablement une place de choix dans le panthéon sériephile.

En résumé, ce billet pour vous dire : après tant d'années inscrite sur ma liste interminable des "séries à voir", j'ai enfin découvert Rawhide : et c'est une bonne résolution sériephile de remplie !

A noter : Les premières saisons de la série sont disponibles en France en DVD.


NOTE : 7/10


Le générique :


Une bande-annonce :

17/12/2011

(UK) Garrow's Law, saison 3 : un legal drama toujours aussi passionnant

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Parmi les rendez-vous sériephiles auxquels je tiens tout particulièrement devant le petit écran anglais, pour accompagner les fins d'automne, Garrow's Law s'est peu à peu taillée une place de choix. Certes le mélange de legal et de period drama a trouvé en moi une téléspectatrice pré-conquise à ce cocktail des genres. Mais il faut également saluer le soin avec lequel les scénaristes ont entrepris d'exploiter ce récit romancé de la vie d'un juriste anglais de la fin du XVIIIe siècle. Par ailleurs, les saisons de Garrow's Law ont également pour elles d'être toujours très courtes : quatre épisodes, ce qui permet d'aller à l'essentiel et de ne jamais risquer de lasser le téléspectateur. Suivant le même schéma que les précédentes, BBC1 a donc diffusé les dimanche soirs, du 13 novembre au 4 décembre 2011, la troisième saison de cette toujours intéressante série.

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La grande force de Garrow's Law, sa marque de fabrique, reste de savoir habilement mêler le drame judiciaire et des enjeux plus personnels. Le premier volet donne à la série l'occasion d'exploiter pleinement son cadre historique : les affaires traitées par William Garrow entendent toujours représenter une époque, avec ses moeurs et sa justice. Dans ce registre, la saison 3 s'inscrit dans la droite lignée des précédentes, abordant une nouvelle fois des sujets très diversifiés : certains sont lointains, comme les abus d'autorité et des dérives dans des lointaines colonies, d'autres touchent plus directement Londres et l'évolution du pays.

Je demeure toujours admirative devant la façon dont la série parvient à connecter ses cas d'espèce très particuliers à des problématiques plus générales du temps, offrant plusieurs niveaux de lecture. Ainsi, la tentative d'assassinat sur le roi sera une occasion de s'interroger sur la définition de l'irresponsabilité pénale en cas de trouble mental. De même, une presque banale affaire de meurtre permettra de nous plonger dans les coulisses létales de la politique, de ses oppositions, et la manière brutale dont les élections pouvaient être menées. Autant de thèmes très différents qui permettent d'affiner et de préciser ce tableau dense et riche, toujours passionnant, de l'Angleterrre de cette fin du XVIIIe siècle.

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Parallèlement, Garrow's Law est aussi une série qui cherche à nous investir émotionnellement aux côtés de ses personnages. La saison 3 s'inscrit dans la continuité de la précédente, toujours centrée sur les rapports tumultueux de Lady Sarah et de son époux, alors même que la jeune femme s'est désormais officiellement installée chez William Garrow. Réussir à échapper à une condamnation infamante à des dommages et intérêts qui auraient été exorbitants n'a cependant pas apporté le bonheur au jeune couple : en effet, le fils de Sarah, Samuel, reste entre les mains de son mari.

Si la saison 2 avait déjà permis d'établir le déséquilibre des droits existant au sein d'un couple, cette fois-ci, c'est en adoptant le point de vue d'une mère dévastée par cette perte que la série explore un peu plus le droit de la famille de l'époque. Arthur Hill, toujours piqué dans son honneur, s'enferme dans cette caricature de vilain, trop manichéenne pour être pleinement crédible, que seul l'ultime twist final permettra de nuancer opportunément. Si la détresse de Sarah aura été bien traitée, il est à souhaiter que l'alliance concluant la saison aura définitivement scellée la fin de la vendetta obsessionnelle d'Arthur Hill. C'est une page qui aura peut-être mis un peu trop de temps à se tourner, mais qui doit désormais l'être (si saison 4 il y a).

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Au-delà des combats de William Garrow, des épreuves de Lady Sarah, c'est une autre lutte, plus intime, qui aura marqué cette saison 3 : celle que va mener Southouse contre la maladie qui le condamne inexorablement. Plus que jamais, ce dernier se sera imposé auprès de ses jeunes amis comme la figure du mentor et du conseiller bienveillant, les soutenant autant qu'il pouvait dans leurs démarches, jusqu'à apporter à Sarah une aide financière importante.

L'épisode de sa mort, le troisième de la saison, est sans conteste le plus déchirant et triste proposé par la série depuis ses débuts. Southouse aura connu une fin à la hauteur de son personnage, avec une lente déchéance physique éprouvante qui aura fait souffrir le coeur du téléspectateur. Tout en saluant son rôle, cela permet dans le même temps à la série de faire évoluer la dynamique de travail de William Garrow. Privé de la figure tutélaire qui l'a guidé depuis ses débuts, c'est avec un nouvel associé qu'il aborde le dernier cas : le neveu de Southouse, un jeune homme certes très débrouillard mais qui n'a pas l'influence que pouvait avoir son oncle sur l'avocat. 

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Bilan : Toujours très plaisante à suivre, bénéficiant d'une richesse dans les thématiques abordées qui demeure inchangée, Garrow's Law aura proposé une troisième saison à la hauteur des attentes, conservant son équilibre aussi fragile que précieux entre legal et period drama. Pour autant, si une saison 4 devait voir le jour, il pourrait être opportun de voir la série évoluer, cette saison ayant d'ailleurs posé des bases intéressantes pour l'avenir, au-delà même de la perte de Southouse, en introduisant dans son quatrième épisode des enjeux politiques très concrets qui dépassent le seul cadre du tribunal... Pourquoi ne pas poursuivre ainsi la route du biopic de William Garrow au-delà de sa seule carrière de barrister ? A suivre donc (en croisant les doigts).


NOTE : 7,75/10


Le générique :


Une bande-annonce de la saison 3 :

15/12/2011

(Pilote US) Luck : une immersion ambitieuse dans les coulisses des courses hippiques

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Comme un cadeau de Noël avant l'heure, HBO a proposé ce dimanche, à la suite du season finale de Boardwalk Empire, le pilote d'une de ses nouveautés très attendues de 2012, dont la diffusion débutera le 29 janvier prochain : Luck. Sur le papier, le pedigree de cette série sonne particulièrement impressionnant : créée par David Milch (Deadwood, John from Cincinnati), avec un premier épisode réalisé par Michael Mann, elle rassemble également un casting cinq étoiles emmené par Dustin Hoffman.

En fait, Luck, c'est la série que David Milch, passionné de courses hippiques, a toujours voulu porter à l'écran. C'est donc un univers particulièrement complexe qu'elle dévoile en ce premier épisode. Mes seules connaissances de ce milieu remontant à mes visionnages d'antan de L'Etalon Noir, les dialogues, surtout ceux liés aux enjeux d'argent, m'ont paru parfois très cryptiques. Seulement, il y a aussi quelque chose dans l'ambiance de ce pilote qui vous scotche devant votre écran, et vous donne vraiment envie d'apprendre à comprendre la série.

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Luck nous plonge dans le milieu des courses de chevaux, en s'intéressant plus particulièrement aux vies de tous ceux qui gravitent autour des intérêts financiers que brasse cet univers. Qu'ils soient simples amateurs de courses en quête de sensations, entraîneurs, propriétaires, jockeys ou encore parieurs à temps plein, ce pilote prend son temps pour esquisser les premiers traits et installer une riche galerie de protagonistes, transposant à l'écran, dans toute sa diversité, la population bigarrée fréquentant les hippodromes. L'argent aiguise logiquement les appétits de chacun, et l'épisode ne cache pas la part d'ombre de ce milieu.

C'est sur la sortie de prison de "Ace" Bernstein que le pilote s'ouvre ; cela va être l'occasion de le voir renouer avec ses anciennes connaissances pour lesquelles il a accepté sans les trahir sa sentence. Son chauffeur a déjà organisé les bases de son retour, prenant une licence de propriétaire de chevaux à son propre nom ; il servira de couverture pour son patron. Tout en suivant les premiers jours à l'air libre de Ace, l'épisode éclaire également tout le quotidien d'un hippodrome, se concentrant sur tous les participants à ce milieu, et notamment sur un groupe de parieurs qui mise très gros en ce jour de course, visant rien moins que le prix de 2 millions de dollars.

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Le pilote de Luck marque tout d'abord par sa faculté à retranscrire l'atmosphère très particulière qui entoure les courses hippiques. Tout en introduisant une galerie de personnages vite identifiables, qu'il restera ensuite à développer, sa grande réussite est de savoir parfaitement capturer la fièvre et toutes les tensions qui règnent au sein d'un hippodrome. Car le monde des turfistes se résume à deux centres d'intérêt qui fusionnent, grâce aux paris, lorsque la course est lancée : les chevaux et l'argent. Si ce milieu a des codes et un langage qui lui sont propres, le pilote n'en transmet pas moins au téléspectateur leur fébrilité caractéristique. Et c'est ainsi qu'à travers le regard des protagonistes, on se laisse gagner par l'excitation de la course, se surprenant à vibrer ou à frémir devant ces scènes qui rythment la vie d'un hippodrome.

En filigrane cependant, un glissement plus sombre s'opère : le dollar finit par éclipser les animaux, et c'est vers l'envers des jeux d'argent que nous conduit la série. Car les enjeux financiers assouplissent la moralité de bien des ambitieux. Au-delà du groupe de parieurs qui entend rafler le gros lot lors de la prochaine journée de courses, le pilote esquisse en arrière-plan une toile plus complexe d'intérêts contradictoires. Au plus près du terrain, la sincérité même de la compétition est questionnée dès lors que des personnes qui connaissent intimement les animaux font eux-mêmes des paris. A l'autre extrêmité, il faut aussi évoquer tous les commanditaires et organisateurs de ce business lucratif qui brasse tant d'argent. L'épisode reste pour le moment évasif sur ce plan, mais suivre le personnage de Ace permet aux premières pièces de ce tableau plus global de se mettre en place. Et la bande-annonce qui conclut l'épisode laisse entendre que c'est vers ces sujets aux thématiques presque mafieuses que s'orientera la suite de la saison.  

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Si la curiosité du téléspectateur est piquée, il faut cependant reconnaître le second trait de ce pilote est assurément sa complexité. Les dialogues y sont souvent assez cryptiques, et les tenants et aboutissants des intrigues un peu abstraits. Luck est une série devant laquelle le téléspectateur, étranger à l'univers dépeint, a le sentiment d'être réduit au statut frustrant de simple profane. Cependant, paradoxalement, cette approche singulière n'amoindrit pas l'intérêt que va susciter le milieu des courses. Elle confère au contraire au récit une impression d'authenticité et une forme de légitimité qui donnent au téléspectateur une envie supplémentaire de s'investir dans cette fiction. Car si le sujet est d'approche compliquée, sa richesse apparaît évidente.

Plus généralement, il faut se souvenir que l'opacité des débuts des oeuvres de David Milch reste une de leurs caractéristiques, c'est pourquoi l'introduction un peu abrasive de Luck ne doit pas rebuter : si l'écriture du scénariste fonctionne comme il se doit, ce sera au fil de la saison, à mesure que les épisodes vont passer, que tout se connectera et que le plein potentiel de l'histoire sera complètement dévoilé et exploité. Pour le moment, on l'entrevoit dans certaines scènes, et on le perçoit bien présent en arrière-plan. Une fois ce pilote terminé, le téléspectateur n'a au fond qu'un seul souhait : ouvrir en grand cette porte d'entrée que l'épisode se contente de seulement entrouvrir, afin d'apprécier pleinement la découverte, incontestablement ambitieuse, d'un milieu hippique très prenant. 

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Si Luck réussit si bien l'installation de son atmosphère, il le doit aussi beaucoup à sa forme. L'esthétique d'ensemble est à la hauteur de la réputation de Michael Mann. La réalisation est superbe, et la photographie très soignée. La caméra, nerveuse, nous fait véritablement prendre le pouls de ce milieu et percevoir les dynamiques qui le traversent. Le terme "immersion" acquiert tout son sens. Après, peut-être est-ce l'amatrice d'équitation qui parle ici, mais je dois avouer que les reconstitutions sur l'hippodrome m'ont vraiment coupé le souffle ; au-delà des courses, la seule scène d'entraînement dont nous sommes le témoin, de ce cheval qui peu à peu accélère, capture à merveille l'osmose du cavalier et de sa monture, pour un spectacle presque magique. J'en ai eu des frissons devant mon écran. De plus, Luck dispose également d'une bande-son travaillée qui contribue à construire l'ambiance, avec notamment un superbe générique dont la musique permet de démarrer la série dans les meilleures dispositions.

Enfin, Luck bénéficie d'un impressionnant casting, et ses acteurs ne demandent qu'à pouvoir pleinement s'exprimer à partir de toutes les thématiques à explorer dont recèle la série. Outre Dustin Huffman, passant pour l'occasion du grand au petit écran, on retrouve également Dennis Farina (New York Police Judiciaire), John Ortiz, Richard Kind (Spin City), Kevin Dunn (Samantha Who), Michael Gambon, Ian Hart (Dirt), Richie Coster, Jason Gedrick (Windfall), Kerry Condon, Gary Stevens, Tom Payne (Waterloo Road), Jill Hennessy et Nick Nolte. Luck étant une série chorale, cette solidité est un important atout ; à elle de savoir bien l'exploiter.

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Bilan : Projet original ambitionnant de plonger le téléspectateur dans le milieu des courses hippiques, ce pilote d'exposition capture à merveille la fébrilité et l'atmosphère qui règnent aussi bien dans les coulisses que sur la piste d'un hippodrome. Cette réussite s'explique par une écriture dense, mais aussi par la superbe réalisation, parfaitement maîtrisée, qui l'accompagne. L'impression d'authenticité est renforcée par la complexité de l'univers dans lequel le téléspectateur est introduit sans transition, ni effort d'explication. C'est un parachutage qui peut un instant dérouter, mais la richesse qui transparaît éveille la curiosité, en dépit du manque d'accessibilité immédiate.

Par conséquent, le reproche qui pourra être formulé à l'encontre de Luck sera sans doute qu'elle démarre en réclamant de la patience au téléspectateur. Mais si tout fonctionne, l'investissement sur les moyen et long termes méritera assurément le détour. C'est une série qui s'inscrit dans la durée. A découvrir en connaissance de cause ; mais comptez-moi dans le lot des curieux !   


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :

Le générique :

14/12/2011

(K-Drama / Pilote) The Empress : la vengeance d'une femme

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Si ce mercredi asiatique est l'occasion d'un retour en Corée du Sud, je vous avoue que j'ai un peu de mal à trouver, dans les k-dramas contemporains de ces derniers mois, la série qui saura véritablement me passionner. Mais si j'ai préféré en 2011 les rattrapages européens et japonais, je compte bien en 2012 essayer de me re-consacrer plus au petit écran coréen, mais antérieur (comme j'avais pu le faire fin 2009/début 2010), quitte à laisser filer le visionnage "en direct". Et la bonne nouvelle, c'est que cette résolution porte déjà ses fruits, puisque mon coup de coeur actuel est justement un de ces "k-drama classiques", dont je ferai prochainement un bilan d'ensemble.

En attendant, c'est d'une nouveauté du câble dont nous allons parler aujourd'hui : The Empress est diffusé sur la chaîne E-Channel, depuis le 1er octobre 2011, tous les samedi soir à 23 heures. La série comportera un total de 13 épisodes, et s'achèvera le 24 décembre prochain en Corée du Sud. Si l'histoire peut vous sembler familière, c'est qu'il s'agit d'une adaptation du manga de Ryo Kurashina, Jotei Kaoruko, qui avait lui-même déjà fait l'objet d'un version live au Japon. L'intérêt de cette série tient à sa thématique de vengeance, à laquelle s'ajoute un éclairage des coulisses d'un bar à hôtesses, et des liens sulfureux entre puissants et courtisanes.

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Les premiers épisodes de The Empress nous narrent la progressive descente aux enfers d'une jeune étudiante, Seo In Hwa, qui va, par un enchaînement de circonstances tout perdre de sa vie bien rangée. Inscrite dans une université prestigieuse, elle y est victime de harcèlement sexuel de la part d'un de ses professeurs. Mais ses accusations sont balayées d'un revers de main par la police. Son petit ami d'alors, Park Hyung Il, héritier du groupe Chun Sung et aspirant procureur, préfère sa carrière plutôt que de témoigner en sa faveur. Rapidement, la réputation de In Hwa est détruite, et c'est finalement elle qui passe devant le conseil de discipline qui l'exclut purement et simplement. La jeune femme quitte alors Seoul pour partir se ressourcer chez sa mère, qui tient un petit bar à hôtesses en province.

Une fois sur place, In Hwa découvre cependant que d'autres ennuis guettent sa famille : le groupe Chung Sung entend récupérer les locaux où sont installés les petits commerçants, recrutant pour cela au sein de la pègre locale. Or sa mère mène la révolte contre ces tentatives d'intimidation. Le dernier affrontement tourne mal : prisonnière des flammes, sa mère est grièvement blessée, sauvée sur le moment par un des membres de gang embauché pour les effrayer, Jung Hyuk ; ce dernier étant tombé sous le charme de sa fille au premier regard. Mais In Hwa est contrainte de s'endetter pour payer une opération chirurgicale qui ne sauvera malheureusement pas sa mère, laquelle succombe à ses brûlures. Folle de rage, In Hwa va une dernière fois provoquer l'élite politico-industrielle qui a provoqué cette tragédie. Le père de Park Hyung Il ne lui pardonnera pas : pour rembourser sa dette, In Hwa est enlevée et contrainte de travailler pour un bar à hôtesses.

Dans ce milieu hostile, elle en découvre plus sur elle-même et sur ses origines pour finalement se fixer un objectif : devenir une des hôtesses les plus influentes et se venger de tous ces puissants qui ont détruit sa vie.

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La lecture de ce rapide résumé des premiers épisodes suffit pour montrer que The Empress est une série de vengeance, aux thématiques classiques, qui n'hésite pas à en faire beaucoup pour nous sensibiliser à la destinée de In Hwa. Descendre le plus bas possible, à la situation la plus dégradante, pour entreprendre ensuite une remontée implacable, endurcie par les épreuves, c'est ce que va nous proposer ce drama. La série va parvenir à susciter une certaine empathie pour cette héroïne innocente, ne lésinant guère sur l'ampleur des épreuves tragiques qu'elle doit affronter. C'est d'ailleurs sur cet aspect que le drama mise principalement pour fidéliser le téléspectateur et l'investir émotionnellement : en effet, être témoin de la lente et nécessaire transformation de In Hwa, c'est partager avec elle son désir de revanche sur tous ceux qui ont causé sa perte.

The Empress suit une trajectoire bien connue, ces premiers épisodes mélodramatiques permettant de légitimer toutes les actions que le protagoniste principal prendra ensuite pour parvenir à ses fins. C'est généralement lorsque ces séries quittent le confort de l'univers manichéen initial qu'elles prennent leur réelle ampleur : une fois que l'héroïne n'est plus enfermée dans un rôle de victime devenu trop limité, mais qu'elle se place sur un pied d'égalité avec ses adversaires, souhaitant user des mêmes moyens qu'eux. Mais s'il est trop tôt pour être catégorique sur la qualité définitive de la série, la manière dont est gérée cette période préalable de victimisation et les maladresses qui l'accompagnent ne rassurent pas sur la maîtrise par les scénaristes de leur sujet.  

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En effet, The Empress peine à véritablement s'approprier le potentiel de son concept. Schématiquement, deux reproches principaux peuvent lui être adressés. Le premier, qui est sans doute l'aspect le plus perfectible, tient à ses personnages : ces derniers sont très binaires et unidimensionnels, reflet de stéréotypes dont les réactions, mécanisées, ne surprennent jamais au cours des premiers épisodes. La déchéance d'In Hwaa est certes logique, puisque sa renaissance doit offrir un parfait constraste. Mais les autres protagonistes sont pareillement enfermés dans un carcan frustrant, jouant une partition connue d'avance. La distribution des rôles s'opère dès le départ a minima, trop bien huilée pour être un enjeu narratif possible. Sans nuance, ni spontanéité, cette galerie de personnages manque singulièrement de relief, mais d'identité.

A cela s'ajoute un second problème plus général et structurel, qui est sans doute le premier des maux de ce drama : son écriture excessivement académique ne fait guère dans la subtilité et a trop souvent tendance à bannitr toute subtilité de l'histoire. N'hésitant pas à recourir à des ficelles narratives trop rebattues, la série donne l'impression d'une récitation mécanique du cahier des charges du genre, sans jamais s'approprier par elle-même les thèmes qu'elle met en scène. Si elle remplit un objectif de divertissement de manière honnête, The Empress manque de liant et, surtout, d'une réelle consistance, posant son sujet de manière trop superficielle pour dépasser le stade du drama vite vu, vite oublié.

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Limitée sur le fond, The Empress ne compense pas ses défauts par une forme insuffisamment travailléee. La réalisation, surtout dans les deux premiers épisodes, propose une photographie trop claire, un peu saturée pour faire ressortir les couleurs, ne correspondant pas vraiment à l'ambiance que l'on pouvait attendre d'une série de vengeance. Il y a quelque chose de clinquant, mais d'inachevé dans ce drama qui se retrouve également dans la bande-son. Celle-ci est très (trop?) présente, mêlant tous les genres possibles sans réelle réflexion : on y croise aussi bien des morceaux de musique classique se lançant à tout propos, une petite mélodie pour souligner les passages les plus dramatiques ou quelques chansons pop très vite oubliées.

Enfin, ce n'est pas non plus le casting qui va vraiment parvenir à conférer cette dimension manquante à la série. Les acteurs sont dans leurs rôles, assumant les clichés qui les accompagnent et souffrant des limites du scénario. Si nul ne dépareille, nul ne s'impose non plus vraiment devant la caméra. Jang Shin Young (I am Legend) personnifie certes parfaitement l'innocence, mais elle a une palette d'expression assez réduite, et elle peine à dépasser cette première image renvoyée. A ses côtés, Kang Ji Sub (Women of the sun) fait ce pour quoi il a été embauché : prendre un air sombre et distant, et porter des tee-shirts moulants, aucune de ces deux tâches ne nécessitant un trop grand investissement. Pour compléter ce duo au sein duquel la tension naît dès le premier coup d'oeil, on retrouve également Jun Se Hong et Choi Phillip.

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Bilan : Drama entièrement dédié à ce thème prisé de la vengeance, The Empress use de ficelles narratives classiques à l'excès pour installer son univers. Il parvient à impliquer émotionnellement un téléspectateur qui ne saurait rester indifférent au sort de l'héroïne, au vu de la déchéance qu'elle subit. Le milieu des hôtesses et des rapports avec les puissants auraient pu permettre d'introduire une problématique de courtisanes, apportant quelque chose en plus par rapport aux simples histoires de revanche personnelle. Cependant, faisant rarement dans la nuance ou la subtilité, le drama se cantonne dans ces premiers épisodes dans un récit beaucoup trop superficiel, proposant un univers unidimensionnel dans lequel les personnages ne dépassent pas leurs stéréotypes. Cela n'incite guère à l'optimisme pour la suite.


NOTE : 4,5/10


La bande-annonce de la série :

10/12/2011

(Mini-série US) Neverland : une préquelle à Peter Pan manquant de magie

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Invitation à se divertir, les fêtes de fin d'année arrivent toujours avec leur lot de programmations spéciales, des fictions qui tentent de réveiller l'âme d'enfant du téléspectateur et de lui insuffler un peu de magie en adéquation avec cette période. Aux Etats-Unis, SyFy tente régulièrement d'apporter sa contribution à ces grilles téléphagiques festives. Avec plus ou moins du succès, il faut l'avouer. La dernière mini-série du genre que j'ai appréciée remonte à The Lost Room. En 2006 donc...

Cette année, la chaîne américaine poursuit son adaptation libre de classiques prompts à l'émerveillement. Après Tin Man (en 2007), Alice (en 2009), Nick Willing s'est cette fois attaqué à un autre mythe ayant bercé notre jeunesse, Peter Pan. Diffusée les 4 et 5 décembre 2011, cette mini-série comporte deux parties d'environ 1 heure 30 chacune. Malheureusement, le résultat s'essoufle trop vite pour remplir les 3 heures de divertissement promises.

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Neverland débute à Londres, en 1906. Peter est un orphelin qui dirige une bande de jeunes voleurs détroussant les privilégiés dans les rues. Ces gamins ont été recueilli par Jimmy, un homme tombé en disgrâce au sein de la bonne société et qui survit désormais en donnant des leçons d'escrime. Mais ce dernier n'a tourné le dos à son passé, et il espère toujours récupérer son ancien statut. Pour cela, il n'hésite donc pas à accepter la mystérieuse mission que lui confie un puissant individu : celle de voler un objet bien particulier dans un magasin d'Antiquités.

Souhaitant démontrer à son bienfaiteur les talents et la matûrité de leur groupe, Peter décide d'anticiper le vol, s'introduisant par la ruse, avec ses compagnons, dans le lieu protégé. Si Jimmy les y surprend, tout se passe bien jusqu'à ce qu'ils se saisissent de l'objet convoité : une boule de verre, lumineuse, qui fait disparaître une partie de la maison et ceux qui s'y trouvaient dans un grand éclair. Jimmy, Peter et ses amis, se retrouvent alors dans un autre monde, peuplé de pirates et d'indiens, infestés de crocodiles, et où, surtout, le temps ne s'écoule pas... Neverland.

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L'idée de se plonger à la genèse du mythe de Peter Pan aiguisait logiquement la curiosité d'un téléspectateur familier de l'histoire d'origine, ou du moins d'une des multiples déclinaisons qui ont pu être proposées depuis la création du personnage au début du XXe siècle. La mini-série avait en effet une ambition principale : comment Peter Pan ou encore le Capitaine Crochet sont-ils devenus ce qu'ils sont, comment sont-ils arrivés à Neverland ?

Pour nous entraîner au pays imaginaire, Neverland emprunte à d'autres fictions du genre afin de partir sur les bases connues mais efficaces d'un récit d'aventure à dimension initiatique. La découverte de ce monde à travers les yeux des nouveaux arrivants, avec ses règles, ses enjeux et ses rencontres improbables s'opère certes sans surprise, mais le sujet parle au téléspectateur et suit un rythme de narration très soutenu - parfois presque trop au vu de l'utilisation abusive de certains raccourcis - qui permet de ne pas s'ennuyer. Cependant si la mini-série bénéficie d'abord de l'envie du téléspectateur de jouer le jeu pour chercher à entrer dans l'histoire, elle ne va faire illusion qu'un temps. 

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Nous sommes en effet loin d'une oeuvre sachant s'adresser à l'imaginaire du téléspectateur. Neverland épuise progressivement le crédit et l'attrait dont disposait a priori son concept de départ, échouant à recréer et à s'approprier l'univers de Peter Pan. Une partie du problème tient à l'exécution du scénario : non seulement la narration confond trop souvent vitesse de développement et précipitation, mais elle est surtout trop prévisible et trop calibrée. Les facilités de l'histoire se suivent dans un premier temps avec une part de second degré au vu des grosses ficelles utilisées, mais l'effort requis finit par lasser.

Si on pourrait objecter que Neverland s'attache à respecter les canons du genre au risque de tomber dans un excès d'académisme, malheureusement, la mini-série perd dans le même temps l'essentiel : elle y sacrifie cette pointe de magie inhérente et légitimement attendue d'une telle histoire. Au fond, elle tombe en réalité dans le travers principal que risque toute déconstruction d'un mythe, celui de proposer une vision trop terre à terre venant briser la fragile osmose d'origine. Le traitement même du personnage de Peter Pan est assez symptomatique : l'évolution qu'il connaît, du garçon souhaitant grandir et faire ses preuves à celui de la dernière scène qui correspond à l'image connue, n'est pas présentée de manière consistante et satisfaisante.

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Sur la forme, si Neverland s'inscrit dans la lignée des mini-séries SyFy, avec les limites que cela implique, elle est cependant assez décevante. Si je ne lui tiens pas rigueur de ses effets spéciaux et plus particulièrement de ses tentatives d'incrustations/reconstitutions de décor, qui ont une origine plutôt budgétaire, la faiblesse des moyens n'interdit pas toute prise d'inititaive. Or la réalisation, timorée, se contente en effet trop souvent d'en faire le minimum, sans jamais tenter de recréer sur la forme cette magie dont le fond est déjà trop dépourvu.

Enfin, Neverland bénéficie d'un casting qui laisse une impression mitigée. J'ai plutôt bien apprécié les performances des enfants, à commencer par Charlie Rowe en Peter Pan. En revanche, les adultes m'ont moins convaincu, qu'il s'agisse de Rhys Ifans ou d'Anna Friel (Pushing Daisies) ; seul Charles Dance (Game of Thrones) a vraiment tenu son rang au cours des quelques scènes dans lesquelles il apparaît.

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Bilan : Divertissement d'aventure fantastique de saison, Neverland est une mini-série qui doit se regarder avec une âme d'enfant. Le jeune public devrait d'ailleurs être plus facilement enclin à l'apprécier, d'autant plus que l'histoire bénéficie d'un rythme de narration soutenu qui permet de ne jamais s'ennuyer. Malheureusement d'importants défauts de conception plombent ce récit qui partait sur des bases honnêtes et finissent par l'emporter sur l'attrait du mythe d'origine. Les ficelles trop grosses du scénario, et sa façon de déconstruire le mythe, prive en effet Neverland d'une spontanéité et d'une magie vitales. 


NOTE : 5/10


La bande-annonce de la mini-série :