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17/07/2013

(K-Drama / Pilote) Empire of Gold : ton univers impitoyable

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En ce mercredi asiatique, je vous propose de rester en Corée du Sud. Il est en effet temps de jeter un oeil aux nouveautés de ces dernières semaines, et plus précisément, sur celle qui, comme je vous l'avais annoncée, aiguisait le plus ma curiosité : Empire of Gold et ses promesses de confrontations implacables, parsemées de twists.

Ce drama est diffusé sur SBS, les lundi et mardi soirs, depuis le 1er juillet 2013. Côté coulisses, on retrouve à l'écriture Park Kyung Soo, à la réalisation Jo Nam Kook, et à la production Lee Hyun Jik. Ces derniers n'en sont pas à leur coup d'essai ensemble, puisqu'il s'agit de l'équipe à qui l'on doit The Chaser, un drama diffusé l'an dernier également sur SBS. L'occasion de me rappeler que je n'ai toujours pas vu The Chaser... Mais il figure en bonne place parmi ma liste sud-coréenne à visionner ! Une envie de rattrapage d'autant plus accentuée par les débuts très prometteurs que signe Empire of Gold : c'est aussi sombre et impitoyable qu'attendu, mais c'est aussi très prenant en dépit de l'aridité du monde des affaires dans lequel le téléspectateur est entraîné.

[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des 4 premiers épisodes de la série.]

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Empire of Gold s'ouvre au début des années 90. Jang Tae Joo est alors un simple étudiant, issu d'un milieu modeste. Son père, travailleur infatigable, espérait pouvoir ouvrir un petit restaurant, objectif pour lequel il a travaillé toute sa vie. Malheureusement, un mauvais investissement immobilier le laisse ruiné, pion impuissant dans une bataille d'enjeux financiers autour de la reconstruction de quartiers. Dans les incidents qui émaillent les protestations qui suivent, il est mortellement brûlé. Tae Joo sacrifiera vainement son avenir pour quelques liquidités qui devaient permettre de lui offrir un traitement nécessaire à sa survie. Avec une mère et une soeur endeuillées et devant se débrouiller seules, Tae Joo se retrouve en prison. Cet enchaînement d'évènements va le conduire à redéfinir ses priorités et à reconsidérer les opportunités qui méritent d'être saisies...

Le puissant groupe Sungjin qui a broyé la famille de Tae Joo dans ces affaires immobilières appartient à la famille Choi, mais, dévorée par les ambitions et les égos de chacun, l'entente est loin d'y régner en interne. Tandis que le patriarche décline et doit affronter la maladie, tous les coups sont permis entre cousins, voire même entre frères et soeurs, pour prévaloir, avec des décisions prises qui seront fatales à certains. Fille de l'actuel président, Choi Seo Yoon l'assiste armée d'une détermination sans faille. Son principal rival est son cousin, Choi Min Jae : les deux perpétuent la relation conflictuelle de leurs pères respectifs. Min Jae est justement celui qui était responsable du projet immobilier qui a brisé la famille de Tae Joo.

Lorsqu'il sort de prison en exploitant un drame dans la famille Choi, Tae Joo décide de se glisser à son tour dans le monde des affaires immobilières, se montrant aussi audacieux que résolu. Il bâtit une entreprise qui le conduit à se heurter aux différents représentants de la famille Choi...

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Empire of Gold démarre sur un ressort narratif le plus classique qui soit dans le petit écran sud-coréen : celui de l'antagonisme social entre riches et pauvres, puissants et faibles. Mais à partir de cette base de départ, il se démarque vite en ne s'enfermant pas dans une approche manichéenne. C'est un drama résolument sombre, impitoyable dans tous les sens du terme, dans lequel aucun personnage n'incarnera une figure de chevalier blanc. Tandis que les Choi s'affrontent pour les commandes du groupe dans une lutte où tous les coups sont permis, Tae Joo intègre vite les codes de ce milieu qu'il abhorre. Mieux, il se prend au jeu de l'adrénaline et des confrontations. Il lui aurait été possible de se retirer après un premier coup réussi, ayant offert à sa mère le restaurant dont elle rêvait tant. Mais il ne peut se résoudre à se détourner de cette voie qui a le potentiel de lui ouvrir les sommets. Poussant le parallèle jusqu'au bout, les affaires immobilières sont ici assimilées aux jeux d'argent : les projets sont autant de paris où on peut, à chaque fois, perdre entièrement sa mise initiale, voire bien plus.

Décidé à prendre sa destinée en main, Tae Joo évolue à partir du moment où il goûte au parfum de la force et du pouvoir. Il peut certes un temps opposer à ses détracteurs qu'il a, lui, conscience du mal qu'il est capable de faire aux plus faibles pour avoir été dans leur situation, seulement il dérive rapidement vers la même gestion brutale que celle de ses adversaires. De manière générale, Empire of Gold est en effet une fiction dure qui présente la vie comme un rapport de forces permanent : il s'agit d'écraser ou d'être écrasé. Dès le quatrième épisode, la compromission définitive de Tae Joo semble actée par une confrontation symbolique avec une jeune femme dont il vient de briser la vie du père : il est renvoyé dos à dos avec les Choi. La noirceur ambiante domine donc véritablement l'ensemble du drama. Chaque protagoniste agit par calcul, selon ses intérêts et sans le moindre scrupule même familial, avec un apparent détachement émotionnel qui n'est remis en cause que lors d'une poignée de situations exceptionnelles.

Fiction presque désensibilisée par le décor ainsi posé, Empire of Gold doit en plus composer avec l'aridité du monde des affaires dépeint. Les jeux immobiliers, entre spéculations et manipulations, sont des problématiques peu accessibles à l'observateur extérieur. La réussite du drama est de savoir les intégrer à la tension ambiante, avec des enjeux et des confrontations qui sont, eux, clairement identifiés. Le téléspectateur s'implique donc, happé par un rythme de narration très vif, qui ne laisse aucun temps mort. Il faut vraiment saluer une écriture qui fait preuve d'une intensité jamais prise en défaut. Les numéros de duettistes et autres confrontations s'enchaînent, parfaitement orchestrés. C'est d'ailleurs dès les premières scènes de l'épisode 1 que la série avait frappé fort et placé la barre très haut. Le contrat est par conséquent parfaitement rempli pour ce qui est de retenir l'attention. Un seul bémol sur ces développements, ou plutôt un avertissement : Empire of Gold doit se méfier du sur-régime et de la tentation d'une surenchère que ces 4 épisodes, solides, frôlent parfois. A elle de savoir s'inscrire dans la durée.

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Si l'écriture est homogène et convaincante, avec plusieurs passages mêmes franchement enthousiasmants, Empire of Gold reste extrêmement académique sur la forme. La réalisation a tendance à privilégier les plans serrés, et il y a peu d'initiatives de la part de la caméra. Le drama retrouve cependant du souffle et une ampleur grâce à son ambiance musicale : il bénéficie d'une bande-son riche en instrumentaux, avec quelques envolées de musique classique qui accompagnent parfaitement la montée des tensions. En résumé, c'est un drama musicalement happant, mais visuellement un peu plat.

Enfin, côté casting, au sein du trio principal, on retrouve tout d'abord Go Soo (My Fair Lady, Will it snow for Christmas ?), à qui est confié le rôle de Tae Joo. Il a la présence qu'il faut à l'écran pour imposer son personnage - et il le prouve dès la marquante scène d'ouverture avec la confrontation face au politicien et puis sa gestion des conséquences. Je vous avoue en plus que c'est un acteur que j'ai tendance à apprécier : cela me fait donc plaisir de le retrouver ! Face à lui, Son Hyun Joo (The Chaser) est impeccable : glaçant en adversaire imperturbable et machiavélique, mais aussi capable de souligner les déchirements auxquels il se résout, notamment dans sa vie maritale. Lee Yo Won (Queen Seon Deok, 49 days) reprend, elle, le rôle de l'héritière, pour l'instant froide et déterminée, pour lequel elle délivre une interprétation honnête qu'il faudra juger dans la durée. Parmi les rôles plus secondaires, on croise également notamment Ryu Seung Soo (Sirius), ou encore Jang Shin Young (The Empress), en associée de Tae Joo, deux acteurs qui figuraient également dans The Chaser

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Bilan : Plongeant le téléspectateur dans une atmosphère aussi sombre que prenante, Empire of Gold signe des débuts convaincants. L'écriture est assurée, et le rythme narratif rapide, avec une bonne exploitation des diverses rivalités. L'intensité du récit et la noirceur ambiante contrebalancent efficacement l'aridité certaine des affaires immobilières mises en scène. Dans ce milieu calculateur où les émotions semblent comme proscrites et où les sentiments ne sont pas une donnée prise en considération, le flashforward du début du premier épisode annonce un développement (un mariage) qui aiguise la curiosité sur ses motivations réelles, d'autant que pour le moment Tae Joo et Seo Yoon sont au mieux indifférents l'un l'autre, au pire adversaires. En résumé, ce sont là des débuts prometteurs qui savent retenir l'attention du téléspectateur. A surveiller... en espérant que le drama assure dans la durée !


NOTE : 7,25/10


Une bande-annonce de la série :

14/12/2011

(K-Drama / Pilote) The Empress : la vengeance d'une femme

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Si ce mercredi asiatique est l'occasion d'un retour en Corée du Sud, je vous avoue que j'ai un peu de mal à trouver, dans les k-dramas contemporains de ces derniers mois, la série qui saura véritablement me passionner. Mais si j'ai préféré en 2011 les rattrapages européens et japonais, je compte bien en 2012 essayer de me re-consacrer plus au petit écran coréen, mais antérieur (comme j'avais pu le faire fin 2009/début 2010), quitte à laisser filer le visionnage "en direct". Et la bonne nouvelle, c'est que cette résolution porte déjà ses fruits, puisque mon coup de coeur actuel est justement un de ces "k-drama classiques", dont je ferai prochainement un bilan d'ensemble.

En attendant, c'est d'une nouveauté du câble dont nous allons parler aujourd'hui : The Empress est diffusé sur la chaîne E-Channel, depuis le 1er octobre 2011, tous les samedi soir à 23 heures. La série comportera un total de 13 épisodes, et s'achèvera le 24 décembre prochain en Corée du Sud. Si l'histoire peut vous sembler familière, c'est qu'il s'agit d'une adaptation du manga de Ryo Kurashina, Jotei Kaoruko, qui avait lui-même déjà fait l'objet d'un version live au Japon. L'intérêt de cette série tient à sa thématique de vengeance, à laquelle s'ajoute un éclairage des coulisses d'un bar à hôtesses, et des liens sulfureux entre puissants et courtisanes.

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Les premiers épisodes de The Empress nous narrent la progressive descente aux enfers d'une jeune étudiante, Seo In Hwa, qui va, par un enchaînement de circonstances tout perdre de sa vie bien rangée. Inscrite dans une université prestigieuse, elle y est victime de harcèlement sexuel de la part d'un de ses professeurs. Mais ses accusations sont balayées d'un revers de main par la police. Son petit ami d'alors, Park Hyung Il, héritier du groupe Chun Sung et aspirant procureur, préfère sa carrière plutôt que de témoigner en sa faveur. Rapidement, la réputation de In Hwa est détruite, et c'est finalement elle qui passe devant le conseil de discipline qui l'exclut purement et simplement. La jeune femme quitte alors Seoul pour partir se ressourcer chez sa mère, qui tient un petit bar à hôtesses en province.

Une fois sur place, In Hwa découvre cependant que d'autres ennuis guettent sa famille : le groupe Chung Sung entend récupérer les locaux où sont installés les petits commerçants, recrutant pour cela au sein de la pègre locale. Or sa mère mène la révolte contre ces tentatives d'intimidation. Le dernier affrontement tourne mal : prisonnière des flammes, sa mère est grièvement blessée, sauvée sur le moment par un des membres de gang embauché pour les effrayer, Jung Hyuk ; ce dernier étant tombé sous le charme de sa fille au premier regard. Mais In Hwa est contrainte de s'endetter pour payer une opération chirurgicale qui ne sauvera malheureusement pas sa mère, laquelle succombe à ses brûlures. Folle de rage, In Hwa va une dernière fois provoquer l'élite politico-industrielle qui a provoqué cette tragédie. Le père de Park Hyung Il ne lui pardonnera pas : pour rembourser sa dette, In Hwa est enlevée et contrainte de travailler pour un bar à hôtesses.

Dans ce milieu hostile, elle en découvre plus sur elle-même et sur ses origines pour finalement se fixer un objectif : devenir une des hôtesses les plus influentes et se venger de tous ces puissants qui ont détruit sa vie.

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La lecture de ce rapide résumé des premiers épisodes suffit pour montrer que The Empress est une série de vengeance, aux thématiques classiques, qui n'hésite pas à en faire beaucoup pour nous sensibiliser à la destinée de In Hwa. Descendre le plus bas possible, à la situation la plus dégradante, pour entreprendre ensuite une remontée implacable, endurcie par les épreuves, c'est ce que va nous proposer ce drama. La série va parvenir à susciter une certaine empathie pour cette héroïne innocente, ne lésinant guère sur l'ampleur des épreuves tragiques qu'elle doit affronter. C'est d'ailleurs sur cet aspect que le drama mise principalement pour fidéliser le téléspectateur et l'investir émotionnellement : en effet, être témoin de la lente et nécessaire transformation de In Hwa, c'est partager avec elle son désir de revanche sur tous ceux qui ont causé sa perte.

The Empress suit une trajectoire bien connue, ces premiers épisodes mélodramatiques permettant de légitimer toutes les actions que le protagoniste principal prendra ensuite pour parvenir à ses fins. C'est généralement lorsque ces séries quittent le confort de l'univers manichéen initial qu'elles prennent leur réelle ampleur : une fois que l'héroïne n'est plus enfermée dans un rôle de victime devenu trop limité, mais qu'elle se place sur un pied d'égalité avec ses adversaires, souhaitant user des mêmes moyens qu'eux. Mais s'il est trop tôt pour être catégorique sur la qualité définitive de la série, la manière dont est gérée cette période préalable de victimisation et les maladresses qui l'accompagnent ne rassurent pas sur la maîtrise par les scénaristes de leur sujet.  

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En effet, The Empress peine à véritablement s'approprier le potentiel de son concept. Schématiquement, deux reproches principaux peuvent lui être adressés. Le premier, qui est sans doute l'aspect le plus perfectible, tient à ses personnages : ces derniers sont très binaires et unidimensionnels, reflet de stéréotypes dont les réactions, mécanisées, ne surprennent jamais au cours des premiers épisodes. La déchéance d'In Hwaa est certes logique, puisque sa renaissance doit offrir un parfait constraste. Mais les autres protagonistes sont pareillement enfermés dans un carcan frustrant, jouant une partition connue d'avance. La distribution des rôles s'opère dès le départ a minima, trop bien huilée pour être un enjeu narratif possible. Sans nuance, ni spontanéité, cette galerie de personnages manque singulièrement de relief, mais d'identité.

A cela s'ajoute un second problème plus général et structurel, qui est sans doute le premier des maux de ce drama : son écriture excessivement académique ne fait guère dans la subtilité et a trop souvent tendance à bannitr toute subtilité de l'histoire. N'hésitant pas à recourir à des ficelles narratives trop rebattues, la série donne l'impression d'une récitation mécanique du cahier des charges du genre, sans jamais s'approprier par elle-même les thèmes qu'elle met en scène. Si elle remplit un objectif de divertissement de manière honnête, The Empress manque de liant et, surtout, d'une réelle consistance, posant son sujet de manière trop superficielle pour dépasser le stade du drama vite vu, vite oublié.

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Limitée sur le fond, The Empress ne compense pas ses défauts par une forme insuffisamment travailléee. La réalisation, surtout dans les deux premiers épisodes, propose une photographie trop claire, un peu saturée pour faire ressortir les couleurs, ne correspondant pas vraiment à l'ambiance que l'on pouvait attendre d'une série de vengeance. Il y a quelque chose de clinquant, mais d'inachevé dans ce drama qui se retrouve également dans la bande-son. Celle-ci est très (trop?) présente, mêlant tous les genres possibles sans réelle réflexion : on y croise aussi bien des morceaux de musique classique se lançant à tout propos, une petite mélodie pour souligner les passages les plus dramatiques ou quelques chansons pop très vite oubliées.

Enfin, ce n'est pas non plus le casting qui va vraiment parvenir à conférer cette dimension manquante à la série. Les acteurs sont dans leurs rôles, assumant les clichés qui les accompagnent et souffrant des limites du scénario. Si nul ne dépareille, nul ne s'impose non plus vraiment devant la caméra. Jang Shin Young (I am Legend) personnifie certes parfaitement l'innocence, mais elle a une palette d'expression assez réduite, et elle peine à dépasser cette première image renvoyée. A ses côtés, Kang Ji Sub (Women of the sun) fait ce pour quoi il a été embauché : prendre un air sombre et distant, et porter des tee-shirts moulants, aucune de ces deux tâches ne nécessitant un trop grand investissement. Pour compléter ce duo au sein duquel la tension naît dès le premier coup d'oeil, on retrouve également Jun Se Hong et Choi Phillip.

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Bilan : Drama entièrement dédié à ce thème prisé de la vengeance, The Empress use de ficelles narratives classiques à l'excès pour installer son univers. Il parvient à impliquer émotionnellement un téléspectateur qui ne saurait rester indifférent au sort de l'héroïne, au vu de la déchéance qu'elle subit. Le milieu des hôtesses et des rapports avec les puissants auraient pu permettre d'introduire une problématique de courtisanes, apportant quelque chose en plus par rapport aux simples histoires de revanche personnelle. Cependant, faisant rarement dans la nuance ou la subtilité, le drama se cantonne dans ces premiers épisodes dans un récit beaucoup trop superficiel, proposant un univers unidimensionnel dans lequel les personnages ne dépassent pas leurs stéréotypes. Cela n'incite guère à l'optimisme pour la suite.


NOTE : 4,5/10


La bande-annonce de la série :

25/08/2010

(Pilote / K-Drama) I am Legend : la reprise en main d'une vie sur fond musical


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Après quatre mercredis asiatiques consécutifs à se promener à travers l'Asie sans vous parler de k-dramas, il était quand même grand temps de repartir en Corée du Sud. D'autant que ce n'est pas parce que je ne vous en parle pas que je cesse mes découvertes et explorations coréennes ; les sujets potentiels s'amoncellent et, malheureusement, il va falloir trier. Si j'aurais bien quelques bilans à dresser (peut-être revenir sur Coffee House ou JeJungWon), s'il faudrait aussi que je vous parle d'autres rattrapages de séries plus anciennes, comme Capital Scandal, commençons cependant par l'actualité la plus récente. C'est que plusieurs nouveautés ont investi les programmes depuis le début du mois d'août.

Tandis que je croise les doigts pour avoir l'occasion de découvrir Secret Investigation Record (en continuant de regarder une fois par jour la bande-annonce avec un froncement de sourcil toujours aussi perplexe), penchons-nous aujourd'hui sur la première série arrivée chronologiquement : I am Legend. Ce drama est diffusé sur SBS, les lundi et mardi soir, depuis le 2 août 2010. Et au vu de ces deux premiers épisodes, même si je reste encore réservée, il laisse cependant entrevoir un potentiel pas inintéressant.

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Les deux premiers épisodes de I am Legend donnent le ton, en choisissant de se concentrer résolument sur l'héroïne, laissant peu de place aux autres protagonistes. Cette entrée en matière est une invitation à suivre la reprise en main d'une jeune femme qui se révèle des plus rafraîchissantes et est rapidement attachante. Il faut dire que Jun Seol Hee détonne quelque peu dans le milieu où on la découvre dans ce pilote, milieu qu'elle a embrassé par mariage. Cha Ji Wook, son époux, brillant avocat récemment promu et qui caresse le doux rêve de se lancer en politique, est en effet issu d'une famille de haut standing, respectant des moeurs encore très traditionnelles. Loin de cette classe sociale, Jun Seol Hee aurait pu être un simple flirt sans conséquence... si elle n'était pas tombée enceinte. L'ignominie d'un enfant hors mariage n'étant pas concevable, la famille de Ji Wook s'empressa de les marier. A défaut d'approuver l'épouse, l'enfant à naître serait un héritier potentiel. Malheureusement, Seol Hee fit une fausse-couche dans les semaines qui suivirent la cérémonie.

Le ressentiment de sa belle-famille explosa avec cette tragédie. Traitée désormais ouvertement comme une source permanente d'embarras, exibée devant les photographes et dans les médias pour construire un mythe aux vagues allures de Cendrillon, Seol Hee est constamment brimée en privée, enjointe à obéir et à se taire, cantonnée dans un rôle de figuration où elle doit faire le moins de vague possible. Sa belle-mère, en particulier, se montre la plus véhémente, blessante et humiliante. L'hostilité familiale déteint progressivement sur Ji Wook, de plus en plus distant avec une épouse aux priorités manifestement peu en rapport avec ses ambitions. L'indifférence froide de ce dernier reste le plus dur à supporter pour Seol Hee. Tandis qu'il lui est, en plus, constamment rappelée qu'elle doit donner des héritiers à la famille, alors que Ji Wook semble à présent plutôt marié à son travail.

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Compartimentant sa vie avec soin, Seol Hee suit donc une voie à la précarité évidente. S'éclipsant parfois pour fréquenter ses amies, notamment pour continuer leurs petites répétitions avec leur groupe de musique, elle aime aussi profiter pleinement des avantages de son nouveau statut social et ne s'en prive pas. Mais jusqu'où ces considérations matérialistes peuvent-elles lui faire oublier son mal-être constant ? La goutte d'eau qui va faire déborder un vase déjà bien trop plein est le sort de sa soeur. Révélant son cancer, ses chanes de survie sont liées à une possible greffe de moelle osseuse. Or, Seol Hee est la seule personne qui lui reste dans sa famille, seul donneur compatible immédiatement trouvable. La jeune femme va passer outre l'égoïste interdiction imposée par sa belle-mère, pour finalement prendre conscience de sa vie actuelle et commencer à réfléchir et à remettre en cause ses priorités... Pour commencer vraiment à vivre ?

Étonnamment, alors qu'au vu des thématiques abordées lors de ses débuts, I am Legend aurait facilement pu sombrer dans un pathos excessif, aux relents lacrymaux indigestes, ce qui se dégage de la série, c'est plutôt une impression diffuse de fraîcheur. Loin de se réduire à s'apitoyer sur le sort de Seol Hee qui a fait ses choix et paraît en un sens les assumer, même si elle admet qu'ils étaient peut-être erronés, ce drama se présente plutôt comme une invitation, résolument tourner vers l'avenir, à assister à la révolution intérieure d'une jeune femme qui redéfinit ses priorités sous nos yeux. Cela est en grande partie dû à la caractérisation réussie de l'héroïne, qui se détache des clichés attendus. Cette dernière n'est aucunement présentée comme une simple victime. Elle alterne les humeurs. Si elle étouffe et peine, elle se laisse aussi aller à savourer ce statut social qu'elle a acquis, sans s'en cacher. Son fort caractère lui octroie une liberté de ton très rafraîchissante qui permet de mettre en valeur l'ambivalence du personnage et d'explorer la complexité de ses motivations et des hésitations qui la troublent. Si bien que ce portrait plus subtile qu'il n'y paraît, dressé avec une certaine finesse, l'impose véritablement comme l'atout majeur et réussi de la série dans ces premiers épisodes, concentrant tant l'attention que l'intérêt du téléspectateur.

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En dépit du contexte excessivement dramaturgique du premier épisode, il faut souligner que ces évènements ne constituent qu'un catalyseur afin d'inviter Seol Hee à aller de l'avant. Sa soeur se remet ainsi rapidement et est expédiée - par la ficelle scénaristique la plus classique des k-dramas - "en convalescence" vers le fameux mirage Etats-Uniens. I am Legend, ce n'est pas seulement une série sur l'émancipation d'une jeune femme, c'est plus que cela. C'est un drama à forte dimension humaine et aux thématiques adultes, nous proposant une galerie de personnages avec leurs doutes, amenés à réfléchir sur leurs priorités, sur les décalages entre la vie menée et les rêves que l'on pouvait nourrir dans sa jeunesse. L'ambiance alterne efficacement les tonalités, souvent légères, parfois poignantes et pesantes.

Cependant, si I am Legend laisse entrevoir des choses intéressantes et un potentiel indéniable, ses deux premiers épisodes montrent aussi, par éclipse, quelques risques de dérives possibles. L'attractivité du personnage principal ne peut entièrement masquer le creux qui l'entoure, avec des protagonistes au caractère pour le moment  unidimensionnel à l'excès et peu intéressants. Cet aspect peut s'expliquer par le fait que les scénaristes se sont surtout attachés à introduire Seol Hee et ont donc moins travaillé les autres, mais il faudra corriger ce déséquilibre dans les prochains épisodes. A noter également que les figures féminines s'en sortent globalement bien mieux que leurs homologues masculins. Autre élément à surveiller, les ruptures de rythme occasionnées par certains passages, avec quelques longueurs qui viennent enrayer par moment la dynamique globale de la série, dont l'atout demeure ce ressenti diffus de fraicheur qu'elle doit soigner. Elle doit d'autant plus y prendre garde que semble poindre à l'horizon un carré "amoureux" potentiel, dont les ingrédients paraissent pour le moment pouvoir s'orienter aussi bien vers un habile portrait humain et adulte de ces jeunes trentenaires qui repensent leur vie, que tomber dans des poncifs indigestes, caricature soporifique d'un quatuor déséquilibré. I am Legend a donc du potentiel, mais il reste encore à faire pour confirmer.

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Sur la forme, la série bénéficie d'une réalisation lumineuse classique. Elle se déroule dans un cadre musical - le groupe de Seol Hee -, sans que la musique soit omni-présente. Au contraire, le drama semble plutôt bien géré cet aspect, en témoignent les dernières minutes du premier épisode. Une balade douce et mélancolique de Seol Hee y accompagne la prise de décision qu'elle vient de faire et la rupture annoncée, puis l'épisode se conclut sur une reprise de Killing me softly par le groupe. Des chansons qui correspondent parfaitement à la tonalité du passage et permettent de lui donner une dimension encore plus forte, preuve une fois encore de l'art sud-coréen d'allier musique et contenu dans leurs dramas.

Enfin, le casting reflète pour le moment l'image renvoyée par les personnages. Kim Jung Eun (Lovers) est superbe, particulièrement rafraîchissante et au diapason de son personnage, tour à tour digne, meurtrie ou exultante. Les autres acteurs ont moins l'occasion de se mettre en valeur, en partie à cause du moindre intérêt que les scénaristes leur réservent pour le moment. Kim Seung Soo (Jumong) incarne le froid époux de Seol Hee ; Lee Joon Hyuk (City Hall, Three Brothers), le ténébreux guitariste Tae Hyun ; et Jang Young Nam, une proche collège de travail de Ji Wook, ayant un passé avec Tae Hyun. Enfin, Jang Shin Young, Hong Ji Mi, Hyun Jyu Ni (Beethoven Virus, IRIS) et Go Eun Mi (Loving you a thousand times) sont les amies du groupe de Seol Hee.

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Bilan : Si I am Legend réussit plutôt bien son entrée en matière auprès du téléspectateur, elle le doit en grande partie à la surprenante fraîcheur de son héroîne, dont l'envie et le dynamisme tranche avec la prévisibilité des autres protagonistes, aux personnalités pour le moment peu explorés. On s'attache quasi instantanément. La thématique d'une émancipation, d'une reprise en main d'une vie, en retrouvant une passion un peu mise au placard en entrant dans l'âge adulte, la musique, a un potentiel indéniable, piquant l'intérêt du téléspectateur.

Cependant, l'équilibre paraît dans le même temps relativement fragile. Quelques longueurs, quelques recours à des poncifs relationnels trop éculés, viennent troubler la fraîcheur d'ensemble. I am Legend donne l'impression qu'il suffirait d'un rien pour qu'elle bascule dans une des deux facettes qu'elle laisse entre-apercevoir : oui, elle a le potentiel pour nous conter une belle histoire d'affirmation de soi, avec un cadre musical en arrière-plan, mais attention, elle peut tout aussi bien sombrer dans le mélo poussif avec un carré amoureux prévisible. Pour le moment, le fait qu'elle capitalise sur le dynamisme de son personnage principal joue pour elle, mais il faudra nécessairement explorer plus en avant les autres protagonistes. Reste que si elle s'épanouit bien dans cette direction, ce drama pourrait s'avérer très intéressant à suivre !


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce :


La chanson de fin du premier épisode, une reprise de Killing me softly :