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23/03/2011

(K-Drama / Pilote) Crime Squad (Detectives in trouble) : série policière captivante et efficace sur fond de drame personnel

 

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En jetant un oeil sur les différents billets asiatiques publiés depuis le début de l'année, je me suis surprise à constater qu'une forme d'alternance s'installe dans cette rubrique, rythmée par des aller-retours entre le Japon et la Corée du Sud. Ainsi, en 2011, j'ai pour l'instant évoqué 6 séries sud-coréennes, 4 japonaises et 1 originaire de Hong-Kong. Le quasi monopole sud-coréen de 2009-début 2010 s'est errodé, et mes programmes se réouvrent au Pays du Soleil Levant après un ou deux ans de relative prise de distance. Je me dis que ce rééquilibrage est sans doute bon signe : je suis en train de trouver progressivement un équilibre dans ma consommation téléphagique asiatique.

Cependant, si cette tendance amorcée l'été dernier se confirme chaque mois un peu plus, n'allez pas croire pour autant que j'en délaisse le petit écran sud-coréen. Je m'y disperse sans doute moins que l'an dernier ; mais j'ai toujours ma (longue) liste de dramas passés à découvrir (dans laquelle j'avance lentement). De plus, ce pays reste sans doute celui dont je suis le plus près les informations (probablement à égalité avec l'Angleterre), et je conserve des attentes fortes à l'égard de certains projets. C'est ainsi qu'en ce mois de mars, une nouveauté avait plus particulièrement retenu mon attention : Crime Squad (a.k.a. Detectives in trouble / Homicide), qui rejoint la thématique policière de ces derniers mercredis.

Diffusé sur KBS2 depuis le 7 mars 2011 (lundi/mardi soir), les 3 premiers épisodes de ce drama n'ont pas encore balayé toutes mes réserves initiales (il faudra sans doute attendre la fin pour cela), mais ces débuts ont retenu toute mon attention. Et vous ne pouvez imaginer à quel point cela m'a fait plaisir de retrouver Song Il Gook dans un rôle consistant !

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Si Crime Squad nous présente le quotidien d'une unité relevant de la Seoul Gangnam Police Homicide Division, les évènements qui ont forgé l'explosive situation interne dans laquelle nous sommes plongés se sont déroulés il y a plusieurs années. A l'époque, Jung Il Do, un policier tentant d'intercepter un criminel, n'avait pas hésité à ouvrir le feu sur le véhicule prenant la fuite. La voiture avait terminé sa course dans la vitrine d'un café, provoquant deux morts parmi les clients. Park Se Hyuk, jeune père de famille qui y avait laissé sa fillette pour quelques minutes, ne put qu'assister impuissant au drame. Si Jung Il Do s'en tira sans la moindre conséquence disciplinaire, assumant pleinement le choix qu'il fit ce jour-là, Park Se Hyuk ne se remit jamais de la perte de son enfant. Cherchant à comprendre les motifs de cette fusillade fatale, tout en essayant de trouver un exutoire dans l'arrestation des criminels, il quitta tout pour s'engager dans la police.

Cinq ans après, Se Hyuk est devenu un policier impulsif et combatif, prompt à délaisser les règles pour parvenir à ses fins, n'hésitant pas à user de méthodes à la limite de légalité. Élément aussi incontrôlable qu'autodestructueur, il est cependant un officier efficace. Jusqu'à présent protégé par son supérieur hiérarchique qui faisait office de figure paternelle, ce dernier quitte ses fonctions. Mais qu'elle n'est pas la stupeur de Se Hyuk lorsqu'il découvre l'identité de son nouveau patron, qui n'est autre que Jung Il Do, toujours aussi inflexible sur ses positions. Un temps tenté de démissionner, il faut, malgré tout, travailler ensemble, en dépit de la tension évidente entre les deux hommes. Leurs différences de styles veient en effet s'ajouter au douloureux passé commun, Se Hyuk n'a pas pour autant tourné la page. D'autant que certaines découvertes viennent le conforter dans l'idée qu'il y a peut-être dans cette tragique fusillade des zones d'ombre à éclaircir - notamment qui protégea à l'époque Jung Il Do ? -.

Tout en conservant en toile de fond ces évènements tragiques à l'esprit, Crime Squad va aussi nous plonger dans les enquêtes souvent mouvementées de l'unité et des protagonistes qui gravitent autour, notamment une jeune journaliste qui semble avoir un lien particulier avec Park Se Hyuk.

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Crime Squad est une série policière qui se veut à la fois orientée vers un réalisme moderne empruntant aux derniers cop show occidentaux, tout en conservant ce mélange des tonalités propre aux séries sud-coréennes, pour lesquelles la dimension humaine, plus personnelle, est toute aussi déterminante. A la différence d'autres récents essais trop artificiels pour intéresser un public qui n'y retrouvait ni l'efficacité des intrigues, ni l'âme des kdramas, les débuts de Crime Squad trouvent rapidement un équilibre intéressant. Non seulement l'alternance de priorités entre des enquêtes mouvementées et un émotionnel plus intime est bien gérée, mais les différences de tons se succèdent et se mêlent avec beaucoup de naturel. L'utilisation de certains seconds rôles permet ainsi d'offrir quelques scènes opportunément plus légères, même s'il règne cependant dans la série une tension constante qui l'oriente sans doute vers un registre plutôt dramatique.

Si elle n'évite pas toujours l'écueil de certains passages un peu brouillons (notamment l'entrée en matière des 10 premières minutes), la construction narrative de Crime Squad tend à démontrer que les scénaristes savent où ils vont. La série débute en effet de manière opportune par une première affaire qui touche personnellement les membres de l'unité, puisque c'est un proche de l'autre victime de la fusillade fatale qui entreprend de se venger, visant donc Jung Il Do. En plus d'avoir le mérite d'introduire efficacement les enjeux, posant une forme de fil rouge qui va fidéliser le téléspectateur, ces deux premiers épisodes permettent aussi de cristalliser l'opposition entre Park Se Hyuk et Jung Il Do, exacerbant leurs différences de styles. Leur confrontation a ceci d'attrayant (et d'original) qu'elle est certes intense, mais pas dénué de nuances : les choix finalement faits par Park Se Hyuk, en sauvant la vie de Jung Il Do, l'illustrent bien.

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C'est d'ailleurs cette dimension humaine qui va se révéler être l'atout le mieux maîtrisé de Crime Squad. Loin d'avoir des personnages unidimensionnels qui s'enfermeraient dans leurs oppositions, la série va au contraire s'attacher à mettre en scène leurs ambivalences. Peu à peu, grâce à cette ambiance qui fluctue de l'action au drame, en passant par des pointes plus orientées vers la comédie, s'esquissent des figures complexes, et donc intéressantes. Dans ce registre, c'est incontestablement sur le personnage de Park Se Hyuk que repose le drama. Vivant toujours dans l'ombre de la mort de sa fille, sa détresse se mêle à une rage qui apporte au personnage une ambiguïté très intrigante. Sa croisade contre le crime apparaît autant comme une forme de vengeance par substitution que comme une voie d'expiation pour n'avoir pas empêché la mort de sa fille. L'alternance d'explosion de violence incontrôlée et d'autres moments plongés dans un auto-apitoiement presque pathétique confère une épaisseur psychologique à ce personnage vraiment crédible de père endeuillé.

Réussissant ainsi à susciter immédiatement l'empathie du téléspectateur, Crime Squad va parvenir à jouer efficacement sur les différents tableaux qu'elle investit. Si la crédibilité manque parfois à certaines scènes d'action, la série a le mérite de ne jamais verser dans un excès de sérieux démesuré. Bénéficiant d'un rythme de narration rapide, elle sait insuffler une dynamique, et plus généralement une fraîcheur, dans sa dimension policière, qui apporte une fluidité à ses intrigues. Cette consistance sur le fond est parachevée grâce à ces enjeux plus personnels, navigant entre relationnel et émotionnel, qui donne vraiment envie de s'investir dans l'histoire.

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Sur la forme, Crime Squad est un drama qui semble surtout apprécié la sobriété, évitant de trop en faire dans l'action (même si on n'échappe pas à quelques mises en scène parfois un brin exagérées). Dotée d'images versant dans une teinte plutôt claire, la série exploite et bénéficie favorablement de cette simplicité de style qui correspond à ses ambitions et pour lesquelles elle est à la hauteur. Je serais en revanche un peu plus réservée sur la bande-son, notamment concernant l'OST dont la première chanson se révèle sans réelle identité et peine un peu à capturer vraiment la tonalité ambiante de la série. La seconde, plus mélancolique, sonne déjà plus juste.

Enfin, le casting du drama n'est pas étranger à l'affectif que sait toucher Crime Squad. Vous savez déjà combien j'apprécie Song Il Gook (The Kingdom of the Wind, Lobbyist), l'amoureuse des sageuk qui est en moi, et qui a vécu pleinement l'expérience de visionnage du "marathon" Jumong, ne peut que garder une affection particulière pour cet acteur. Et le retrouver dans ce drama m'a fait d'autant plus plaisir qu'il y délivre une performance intense et juste, particulièrement convaincant pour incarner cet officier impulsif, au comportement frôlant l'autodestruction, brisé par le drame de la mort de sa fille. Face à lui, le responsable indirect de cette situation, également son supérieur hiérarchique, est joué par Lee Jong Hyuk (Chuno). Ce dernier n'a pas son pareil pour afficher une forme d'impassibilité un peu dédaigneuse propre à son personnage, mais j'ai un peu peur que son jeu un brin monolithique (et, a fortiori par contraste avec Song Il Gook, vraiment inexpressif) ne devienne lassant à la longue. A leurs côtés, on retrouve notamment Song Ji Hyo (Goong, Jumong), Park Sun Young (Winter Bird, The Sons of Sol Pharmacy House, 101st Proposal, 18 vs 29), Jang Hang Sun (Jejoongwon, Baker King Kim Tak Goo), Sung Ji Roo (Lobbyist, The Birth of the Rich), Sun Woo Sun (Queen of Housewives), Kim Joon (Boys Before Flowers) ou Lee Min Woo (Life is Beautiful).

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Bilan : Série rythmée et très vivante, Crime Squad est un cop show qui bénéfice de l'art sud-coréen de mêler les tonalités et les thématiques. Ainsi, au-delà d'une dynamique orientée vers l'action à l'occasion des enquêtes, on y retrouve également une dimension émotionnelle surprenante d'intensité, avec certaines scènes très poignantes. Si la maîtrise des histoires policières reste sans doute à affiner, ces débuts révèlent un réel potentiel, accentué par l'empathie que suscite très vite ce drama et porté par un casting solide au sein duquel Song Il Gook est magistral.

Si on ne pourra juger de la qualité d'ensemble qu'à la fin, au vu des fils rouges introduits, Crime Squad apparaît en tout cas comme une série, parfois un peu brouillonne mais toujours consistante, qui donne envie au téléspectateur de s'investir. Voilà qui fait plaisir !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST (ending) :

20/03/2011

(UK) Being Human, saison 3 : la fin des illusions

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La saison 3 de Being Human s'est terminée dimanche dernier sur BBC3. D'ores et déjà renouvelée pour une saison 4, elle s'est clôturée sur un épisode aussi éprouvant nerveusement qu'émotionnellement, conclusion logique des différents arcs qui auront formé ces 8 épisodes. Mais si j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour cette série que j'ai souvent défendue, au terme de cette troisième saison, pour la première fois peut-être, je m'interroge sur son avenir. 

Comme d'habitude serais-je tentée de dire, Being Human aura su alterner le bon, le prometteur et le plus brouillon, parvenant toujours  à rappeler et à exploiter l'affectif que le téléspectateur a noué avec ces personnages à la faillibilité tellement humaine. Mais au cours du glissement progressif de cette saison 3 vers une atmosphère plus sombre que les précédentes, c'est en partie son concept de départ que la série a remis en cause. En entérinant l'échec que la dernière saison avait mis en scène, ce sont les frontières de cette quête d'humanité initiale qui ont été redéfinies. Par là-même, la question laissée en suspens demeure celle-ci : en perdant définitivement toute innocence, dans cette spirale de désillusion, Being Human pourra-t-elle se réinventer ? Saura-t-elle éviter les écueils que la dernière scène pose sur sa route pour la suite ?

[SPOILERS WARNING : La suite du billet contient des informations sur des évènements de la saison 3. A lire à vos risques & périls.]

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Cette saison 3 n'aura ménagé que peu de répit au téléspectateur comme aux différents protagonistes. Mais en bien des points, elle se situe dans la parfaite continuité de l'évolution amorcée durant la saison 2. Consciente de la précarité intenable de la situation de notre quatuor, la série ne va pas tergiverser. Les évènements passés ont laissé une trace indélébile et ce sont ses conséquences qui vont être traitées. Pour cela, la répartition des tonalités demeure inchangée, les loup-garous représentant cette parenthèse d'espoir possible, se permettant à l'occasion d'offrir des passages plus légers, tandis que les vampires concentrent les drames et s'imposent comme les adversaires. La seule nuance à ce tableau relativement manichéen, désormais bien installé, viendra du deuxième épisode de la saison.

Représentant l'avenir, George et Nina poursuivent leur relation grâce à l'équilibre désormais trouvé. Ils demeurent plus que jamais l'embryon de normalité dans l'univers de Being Human. C'est vers le futur qu'ils se tournent en franchissant une étape supplémentaire : avoir un enfant. Si la grossesse n'est pas programmée, elle a le mérite de permettre à la série de poursuivre l'exploration de ses thématiques fétiches, entremêlant surnaturel et vie humaine. Si les incertitudes liées à leur état de loup-garou sont bien traitées, leurs états d'âme liés à leurs rapports avec leurs parents cèderont à quelques clichés, sans remettre en cause cette humanisation d'un couple solide, dont la dynamique sonne juste.

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 Parallèlement, comme un écho opposé à cet espoir incarné par les deux loup-garous, Mitchell va poursuivre une lente, mais inéluctable, descente aux enfers. On se situe ici dans la suite immédiate de la saison passée, au cours de laquelle le vampire paraissait avoir définitivement franchi le point de non retour avec le terrible massacre du train. Cet évènement va d'ailleurs rester un des fils rouges les plus imperturbables de la saison 3. Dès le départ, le téléspectateur le sait avec certitude : Mitchell ne peut, ne saurait, se remettre des évènements. Sauver Annie du purgatoire ne va faire que repousser une échéance que chacun pressent inéluctable.

Pour arriver jusqu'à la fin de cette intrigue, les scénaristes conservent ce style volontairement sans éclat propre à la série. C'est ainsi que Being Human va jouer, tout au long de la saison, avec les codes narratifs d'une construction mythologique et les attentes du téléspectateur, sans jamais pour autant abandonner la sobre rationnalité qui la sous-tend. En effet, à la manière de la découverte finale de l'amateurisme et des limites de la mystérieuse organisation de la saison passée, la prophétie de Lia ne sera qu'illusoire poudre aux yeux, tout en servant pourtant pareillement de catalyseur déterminant à l'issue finalement choisie.

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Car la promesse de Lia, faisant office d'épée de Damoclès, biaise forcément notre analyse de la situation, tandis que l'inquiétude de Mitchell grandit. Dans cette perspective, c'est bien toute la saison qui va servir à exacerber les tensions entre vampires et loup-garous. Très feuilletonnante, elle en profite pour faire intervenir de nouveaux protagonistes, mais aussi pour faire revenir d'anciennes figures clés. Si cette gestion du surnaturel demeure intéressante, avec des passages très émotionnels, elle laisse aussi parfois un arrière-goût d'inachevé un peu frustrant.

De manière générale, il faut saluer le fait que Being Human a incontestablement gagné en maturité pour traiter de cas auxquels seul un épisode va être consacré. Le vampire adolescent de l'épisode 2 ou encore la "zombie" de l'épisode 3 rappelleront au téléspectateur le parfum encore un peu innocent des débuts de la série, abordant avec tact et nuance ces destinées précaires. Si les histoires brèves seront donc plutôt bien maîtrisées, en revanche, c'est encore une fois dans la gestion globale de ces arcs que Being Human pèche. La série n'hésite pas à céder à certaines facilités un peu dommageables, comme la façon dont sont traitées les différentes étapes du retour de Herrick. Dans l'ensemble, si on perçoit bien la recherche fréquente de symbolique, on n'échappe pas toujours à un sentiment de mise en scène un peu artificielle.

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La qualité globale de la saison fut fluctuante. Mais la fin pose surtout question sur la suite de la série, et la pérennité de ce concept de départ porté par cette idée un brin utopique de quête d'humanité. Jusqu'à présent, l'équilibre avait reposé sur ce trio rassemblant trois types de créatures surnaturelles. Certes Mitchell avait amplement démontré à quel point cet objectif initial paraissait inaccessible à ceux de son espèce, mais on continuait de le suivre dans ces tentatives, même vouées à mal finir. Sauf que, dans cette saison 3 plus que dans aucune autre, la césure vampires/reste des créatures surnaturelles semble définitivement consacrée. Et au fil de ce glissement, ce sont les bases mêmes de la série qui ont évolué. La quête de l'humanité est devenue presque secondaire face à une réalité surnaturelle à laquelle on ne peut désormais plus échapper, et qui s'oriente cette fois vers un Bien vs Mal dans lequel la série devra faire attention de ne pas perdre sa spécificité.

L'échec de Mitchell, ce n'est pas le massacre du train de la saison 2. Son échec, c'est sa reconnaissance symbolique de son impossibilité, du fait de sa nature de vampire, d'envisager cette humanité à laquelle il aspirait. Ce constat scelle l'échec de l'utopie initiale résumée dans le titre de la série. La scène finale, avec la mort de Mitchell, en présence de cet ancien vampire qui nourrit les illusions de grandeur commun à sa race, opère sous nos yeux un re-équilibrage qui laisse songeur sur la suite de la série. Le nouveau trio (Nina, George, Annie) faisant front commun avec l'ennemi, est-ce la dynamique désormais centrale ? Est-ce que la rupture définitive avec les vampires est ainsi entérinée, la suite se construisant dans une opposition officialisée ? Ce tableau manichéen avait jusqu'à présent toujours été nuancé par la présence de Mitchell, aussi fluctuante qu'elle ait pu être. La série saura-t-elle se réinventer sur ces bases, ou bien le début de la saison 4 opèrera-t-il un retour à un équilibre plus classique ?

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Bilan : Avec cette saison 3, Being Human aura entériné la fin des rêves d'humanité qui avaient fondé la série. Plus sombre que les précédentes, elle a perdu ses derniers pans d'innocence, permettant ainsi de tourner la page de certaines illusions que l'on percevait sans doute de plus en plus intenables. Maîtrisée et toujours très humaine et pleine de tact dans les histoires plus anecdotiques qui entourent ses grands arcs, elle aura encore une fois eu recours à des raccourcis narratifs et à des chutes parfois un peu frustrantes en ce qui concerne ses grands fils rouges, affaiblissant une force symbolique pourtant perceptible et indéniable. Désormais, à elle de savoir se réinventer. L'évolution suivie s'est toujours inscrite dans une logique cohérente, mais cela ne réduit en rien les difficultés qui vont se poser pour la saison 4. Wait & see.


NOTE : 6,5/10

19/03/2011

[TV Meme] Day 29. Current TV show obsession.

Après s'être replongé dans le passé la semaine dernière, pour cet avant-dernier jour du TV Meme, c'est dans le présent que nous repartons. Notons quand même que le terme "obsession" est sans doute un peu disproportionné ;  en grandissant, à mesure que l'on gagne en expérience et en recul sur les productions que l'on voit, à l'emballement des premières découvertes du temps de l'adolescence, succèdent des impressions toujours aussi passionnées, mais quand même plus nuancées.

Réfléchir à ce jour du TV Meme, ça a été l'occasion de dresser un état des lieux des séries actuellement visionnées et/ou en cours de production. Quelle est donc la fiction qui se rapproche le plus de cette fascination prenante que seule la sériephilie parvient à faire naître en moi ? Celle dont j'ai une envie irrépressible de lancer l'épisode suivant lorsque le générique de fin retentit ? Celle, surtout, qui me fait me torturer les méninges en guise de debriefing sitôt l'écran éteint ?

J'avoue n'avoir pas vraiment hésité sur ma réponse : il y a en ce moment dans mes programmes une oeuvre particulière qui s'impose en effet naturellement.

C'est une série dont j'ai commencé le visionnage de la saison 1 au début du mois de février. Elle date de 2007. J'avais raté sa diffusion française au printemps dernier sur Arte. Comme j'hésitais à attendre le remake américain prévu sur AMC le mois prochain,  BBC4 aura finalement eu la très bonne idée de la programmer pour sa soirée du samedi (avec succès) depuis le 22 janvier 2011, à raison de deux épisodes par semaine. Cela a en plus eu l'avantage de m'offrir la possibilité de la voir en VOST. Si bien qu'en dépit du logo ornant les screen-captures ci-dessous, la série du jour n'est pas anglaise, mais bien danoise : il s'agit de Forbrydelsen (The Killing).

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Qui a tué Nana Birk Larsen ? Voilà la question autour de laquelle tourne ma téléphagie depuis plusieurs semaines. Forbrydelsen, c'est un vrai polar au sens classique et noble du terme. Le genre qui vous fascine et vous obsède. Loin du préformatage des procedural show, c'est la résolution d'une seule et même affaire qui va nous occuper pendant les 20 épisodes que compte cette première saison. Multipliant les points de vue, des enquêteurs à la famille de la victime, mettant en scène les confrontations d'intérêts si divergents qui nous conduisent à nous immiscer jusque dans le jeu politique local et des élections municipales qui se profilent, Forbrydelsen est une série captivante qui se nourrit des fausses pistes sur lesquelles elle nous entraîne.

Semblable à ces polars noirs desquels on ne peut se détacher avant d'avoir lu la dernière page, elle s'inscrit dans la tradition policière de ces fictions venues du froid des pays scandinaves. D'une sobriété et d'une rigueur jamais prise en défaut, elle installe une atmosphère bien à elle, vaguement dépaysante de par son cadre géographique et culturel. Elle parvient à retranscrire une tension palpable sans jamais verser dans la moindre surenchère, distillant patiemment, et tellement efficacement, un mystère qui va croissant.

Si le format des séries feuilletonnantes leur confère logiquement une portée et un impact autrement plus important, cela faisait des années que je n'avais pas été ainsi happée devant mon petit écran pour un même fil rouge aussi intensément vécu. Actuellement, j'ai tout juste dépassé la moitié de la saison 1 ; et Forbrydelsen s'est imposée ces dernières semaines comme mon rituel téléphagique dominical. Je savoure chaque week-end ma progression dans cette histoire dont la complexification ne semble pas avoir de fin, bénéficiant d'une maîtrise narrative impressionnante (Soit dit en passant, je préviens que je ferais s'abattre le marteau de Thor sur quiconque osera laisser traîner le moindre spoiler en commentaire de ce billet).

Je vous en reparlerai plus précisément ultérieurement pour un bilan d'ensemble, une fois ce visionnage achevé. Mais si vous n'y avez pas encore goûté, n'hésitez pas une seule seconde, vous ne regretterez pas l'expérience ! (Et puis, cette série a aussi conforté mes envies d'exploration des séries scandinaves.)

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16/03/2011

(J-Drama) BOSS : une série policière versatile et attachante

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Comme annoncé, le mois de mars sera bien en partie policier. En attendant de pouvoir jeter un oeil à plusieurs épisodes d'une nouveauté sud-coréenne, Crime Squad, dont la diffusion a commencé la semaine dernière, c'est au Japon que nous conduit ce troisième mercredi asiatique de mars, avec une critique sous forme de bilan d'un drama qui figurait sur ma liste de "séries à rattraper" dressée en début d'année, en partie pour les échos positifs que j'avais pu glaner, mais également pour la présence d'acteurs que j'apprécie beaucoup dans son casting : BOSS.

Diffusée au printemps 2009, sur la chaîne Fuji TV, sa première saison comporte 11 épisodes, de 45 minutes chacun (sauf pour le premier et le dernier d'une durée d'1h). La série fait également partie de ces quelques dramas qui obtiennent un renouvellement (disposer d'une deuxième saison reste une exception au Japon). La saison 2 était initialement annoncée pour ce printemps, à partir du mois d'avril ; l'actualité obligeant à mettre ceci au conditionnel. (EDIT : La diffusion de la saison 2 est officiellement annoncée pour le 14 avril prochain.)

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BOSS se propose de nous plonger dans le quotidien et les enquêtes d'une unité spéciale de la police japonaise. La série s'ouvre en effet sur la création d'une équipe annoncée et présentée aux médias comme une formation d'élite destinée à répondre à l'inquiétude suscitée par l'augmentation de crimes particulièrement violents. Osawa Eriko est nommée à sa tête, bénéficiant du soutien d'un des dirigeants de la police qui est un ancien de sa promotion. Cette femme de poigne au caractère bien trempé rentre tout juste d'une formation aux Etats-Unis. Très compétente, sa vie professionnelle a malheureusement souffert de sa vie privée, ce qui explique cet exil américain temporaire. Si elle revient avec des ambitions intactes, elle va cependant vite déchanter en découvrant la réalité du projet dont elle obtient la direction.

En effet, la supposée unité d'élite se révèle n'être qu'une maladroite façade médiatique. Loin de la promesse de se voir assigner les plus brillants éléments des différents services, ce sont au contraire les officiers posant problème, les "moutons noirs" dont on souhaite se débarrasser, qui lui ont été envoyés. C'est donc une équipe dans laquelle on a regroupé tous les agents dont personne ne voulait. Sans être foncièrement incompétents, par leur attitude ou leur façon de concevoir leur métier, ces derniers sont loin de représenter le stéréotype du policier idéal tel que le conçoit l'institution, navigant entre rébellion, défiance de l'organisation ou difficulté à réagir comme un officier. Eriko va non seulement devoir diriger et résoudre les enquêtes qui lui sont confiées, mais elle va aussi apprendre à créer et construire une solidarité et un esprit d'équipe qui apparaît illusoire au premier abord. Affaires policières et gestion humaine, voici donc les deux grandes thématiques que BOSS va investir. 

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Fidèle à son genre, BOSS démarre sur les bases d'un procedural (cop) show classique : elle va tout d'abord mettre en scène des enquêtes ayant vocation à seulement durer le temps d'un épisode. N'hésitant pas à relater des crimes très violents, la série cède souvent à une recherche de sensationnalisme parfois un peu excessive. Cependant, au fur et à mesure que la saison avance, le drama va progressivement glisser vers un feuilletonnant qui s'avère plus consistant et satisfaisant pour le téléspectateur. Un fil rouge finit d'ailleurs même par apparaître, permettant ainsi de conclure tous les arcs de façon autrement plus ambitieuse dans le dernier épisode.

Dans l'ensemble, en dehors de quelques cas plus finement traités, les affaires policières se laissent globalement suivre sans forcément retenir pleinement l'attention. Mais il est important de souligner que, au fil de la série, cette dernière gagne incontestablement en maîtrise dans la gestion de ces storylines, mais aussi en subtilité lorsqu'elle parvient à l'occasion à se détacher de la dynamique d'opposition manichéenne entre le criminel et la police. Cependant, si ce cadre policier sert la série, l'atout de BOSS est ailleurs. En effet, il va résider dans la dimension humaine que va être capable d'investir la série.

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Car si BOSS marque le téléspectateur, c'est sans doute prioritairement dans le domaine de l'affectif. Conduite par une Eriko à la présence particulièrement charismatique, la série bénéficie d'une galerie de personnages secondaires, extrêmement colorée et bigarrée, dont la diversité n'empêche pas une complémentarité efficace et des intéractions aussi pimentées que convaincantes. La dynamique d'ensemble fonctionne bien, tant dans l'opposition initiale que dans les relations qui se nouent peu à peu. Les liens entre chacun des protagonistes ne vont d'ailleurs jamais se figer, se consolidant avec le temps. Chacun finit ainsi, à sa manière, par trouver sa place au sein de cette unité atypique.

Si certains n'échappent pas à la caricature - mais c'est le lot des seconds rôles des comédies -, ils sont tous extrêmement attachants, et c'est avec un vrai plaisir que le téléspectateur les suit dans des enquêtes dont la finalité semble autant être d'attraper le criminel, que de servir de révélateurs à des personnages qui gagnent en épaisseur à mesure que l'image qu'ils renvoient se nuance. Comment rester insensible au manque d'estime de Kimoto qui cherche encore sa voie et pour laquelle la figure tutélaire d'Eriko va être déterminante ? Comment ne pas vouloir en savoir plus sur les non-dits et blessures du passé qui ont conduit Katagiri dans cet état désillusionné, où il a perdu toute foi en son métier ? Et puis, en dehors de l'équipe, comment ne pas se laisser séduire par les flirts incessants et la légèreté cultivée et mise en scène de Nodate ? Tous ces éléments sont autant de fils rouges à connotation humaine que l'on suit avec un intérêt presque plus prononcé que pour l'enquête policière du jour.

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Enfin, au-delà des thématiques classiques ainsi portées à l'écran, il faut souligner que BOSS n'est pas dénuée d'une identité propre. Son originalité va venir de la tonalité adoptée par la série. Si j'insiste dessus, c'est que rarement aura-t-on vu un ton aussi volatile et versatile que celui cultivé avec beaucoup de soin dans ce drama. Face à cette alternance constante et entêtante, entre comédie et cop show plus dramatique, le téléspectateur reste aux premiers abords un peu décontenancé, se demandant si les scénaristes n'ont pas des difficultés pour choisir son genre. Mais au contraire, loin d'être une problème de tergiversation narrative, c'est dans cette résistance à toute catégorisation que BOSS s'affirme et se distancie de ses modèles d'inspiration plus traditionnels.

Bénéficiant d'un rythme d'ensemble très énergique, la série pourra ainsi nous proposer des scènes fortes émotionnellement à l'intensité avant tout dramatique, tout en enchaînant quelques minutes plus tard sur des répliques décalées, parfois vraiment jubilatoires, qui sauront susciter plus d'un sourire. D'ailleurs, elle n'hésite pas à utiliser les codes de la comédie, versant parfois dans un certain burlesque ou une légèreté qui permettent de prendre de la distance par rapport aux intrigues plus pesantes. Pour autant, elle peut aussi en un instant redevenir autrement plus sérieuse, nous faisant assister à un meurtre ou à de vraies confrontations entre les protagonistes. BOSS reste donc comme une fiction entre deux tons, défiant obstinément toute catégorisation.

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Si la tonalité attrayante de la série marque sur le fond, il est intéressant de noter que la forme s'efforce de se mettre au diapason. La réalisation est extrêmement dynamique, multipliant les effets de style à l'écran. D'images saccadés qui accentuent surtout les passages les plus comiques à des split screen qui permettent de suivre la même scène de différentes perspectives, le réalisateur expérimente beaucoup. Même si certains effets ne sont pas complètement maîtrisés, avec notamment une tendance à recourir à certains gros plans pas toujours opportuns, tout ce travail insuffle un réel dynamisme. Une fois passée la surprise initiale, le téléspectateur s'habitue rapidement. 

De plus, cette impression de fraîcheur orientée vers la comédie est renforcée par une bande-son sympathique, composée de petits interludes musicaux entraînants. La chanson utilisée dans l'ending (My Best of my life de superfly - dont le pv est disponible à la fin de ce billet) apparaît finalement comme un pendant bienvenu plus calme et posé, par rapport au reste de l'épisode.

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Enfin, BOSS n'atteindrait sans doute pas le degré d'attachement qu'elle parvient à susciter sans la présence d'un casting rarement pris en défaut, dont les premiers comme les seconds rôles méritent vraiment d'être salués. Si j'avoue que je partais avec un a priori très positif pour plusieurs d'entre eux, ayant déjà pu apprécier leur performance dans d'autres dramas, mes attentes n'ont pas été déçues. Tout d'abord, Amami Yuki (Last present, Fumo Chitai, GOLD) s'impose de manière convaincante dans ce rôle de dirigeante de l'unité, femme de poigne dont la compétence frôle à l'occasion l'arrogance. Mais si BOSS parvient à trouver un équilibre et une homogénéité au sein de ses personnages, c'est aussi parce que tous les autres acteurs qui l'entourent se révèlent à la hauteur. Takenouchi Yutaka (Fumo Chitai, Nagareboshi) trouve instantanément (dès la scène d'ouverture) une dynamique parfaite avec Eriko, vraiment excellent en directeur flirtant constamment.

Parmi les membres de l'équipe, j'ai beaucoup aimé Toda Erika (beaucoup plus que dans LIAR GAME), parfaite en scientifique qui se cherche et qu'Eriko va prendre sous son aile. J'ai aussi tout particulièrement apprécié retrouver Tamayama Tetsuji (je confesse soupçonne que sa seule présence pourrait me faire suivre n'importe quel drama) (Sunao ni Narenakute), en policier solitaire ayant perdu sa confiance en l'institution depuis un incident il y a quelques années. A leus côtés, on croise également Mizobata Junpei (Shinzanmono), Kichise Michiko (Mousou Shimai), Kendo Kobayashi, Nukumizu Youichi, Shiomi ansei, Hasegawa Hiromi, HILUMA, Mitsuishi Ken, Aijima Kazuyuki ou encore Maruyama Tomomi.

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Bilan : Série policière à la tonalité volatile, alternance pimentée de comédie et de drama procédural classique, BOSS est une fiction attachante et plaisante à suivre. Particulièrement rythmé, le drama cultive un dynamisme qui se ressent tant sur le fond que sur la forme, et qui sait capter et retenir l'attention d'un téléspectateur aisément charmé par cette ambiance particulière. Si certaines enquêtes policières n'échappent pas toujours aux sirènes d'un sensationnalisme un peu naïf, la série gagne en consistante et en nuance au fil des épisodes, l'aspect feuilletonnant parachevant de manière convaincante cette maturation. BOSS s'impose donc comme un agréable divertissement que j'ai pris beaucoup de plaisir à visionner.


NOTE : 7,25/10


La chanson de l'ending de chaque épisode (My best of my life, par superfly - PV) :


13/03/2011

(Pilote UK) Monroe : un chirurgien qui ne laisse pas indifférent

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S'il y a des sujets qui vont toujours exercer un attrait au moins théorique sur ma curiosité de téléphage, il en est d'autres qui me laissent au mieux dans une relative et polie indifférence. Les medical drama appartiennent à cette seconde catégorie. Certes, comme tout le monde, j'ai eu mes rendez-vous hebdomadaires ritualisés au Cook County, j'ai passé quelques saisons auprès du docteur House, et même au Seattle Grace Hospital. Mais si je ne suis pas insensible à la chronique sociale que fut Urgences, ou aux mélanges des codes scénaristiques de House MD, une chose est sûre : le genre médical en tant que tel n'est pas vraiment ma tasse de thé.

Si bien que le dernier projet d'ITV, Monroe, n'avait a priori retenu mon attention qu'en raison de la présence de James Nesbitt ; laquelle suffisait à me motiver pour le retrouver dans un autre cadre que le sous-marin dans lequel je l'avais lâchement abandonné l'été dernier. C'est peut-être parce que je n'avais aucune attente, mais tout compte fait, j'ai été plutôt agréablement surprise par le pilote de Monroe, diffusé le 10 mars 2011 sur ITV1. Tout en restant très classique, des efforts ont été faits pour ne pas se être juste une simple énième déclinaison de medical drama. Des efforts expérimentaux plus ou moins inspirés, mais qui sont à saluer.

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Il règne incontestablement un parfum familier - mais pas désagréable - sur les bases de cette nouvelle série qui s'est choisi pour cadre principal le service de chirurgie de l'hôpital St Matthew. Travaillant dans cet établissement (qui offre un joli décor, soit dit en passant), Gabriel Monroe est un brillant neurochirurgien. Si sa gestion des relations humaines sur son lieu de travail tend souvent à se résumer à des réparties grandiloquentes et à un art de la provocation assumée envers ses collègues, derrière son masque d'arrogance haut affiché, il se révèle cependant autrement plus attentif à ses patients dont il se préoccupe sincèrement et avec lesquels il n'hésite pas nouer des rapports de confiance étroits.

Autour de ce personnage central, Monroe se propose de nous faire vivre le quotidien de ce service. Ayant à leur disposition toutes les grandes dynamiques qui fondent les séries médicales, entre espoir et drame, les six épisodes que comptera cette saison seront rythmés par les traitements des patients du jour, mais aussi par la gestion des relations parfois compliquées au sein du personnel, tout allant jusqu'aux imbrications, inévitables, entre vie privée et vie professionnelle. Il faut dire que l'on assiste à l'effondrement de la vie personnelle de Monroe au cours de ce pilote : tandis que son fils quitte le domicile familial pour l'université, sa femme ayant patiemment attendu cette échéance lui annonce dans la foulée qu'elle souhaite le quitter.

Beaucoup de thématiques à gérer et à exploiter pour une série très humaine et non dépourvue d'émotions.

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Si Monroe nous propose donc une recette relativement connue dans un genre au sein duquel il est sans doute illusoire de tenter d'innover, la série démarre pourtant sur des bases solides. Dans ce pilote conduit de façon particulièrement rythmée, il règne un dynamisme communicatif diffus et accrocheur, qui tient en premier lieu à l'attractivité indéniable du personnage principal. Si les médecins à l'égo sur-dimensionné ont envahi notre petit écran depuis fort longtemps, Monroe a surtout pour lui des répliques cinglantes inspirées qui sont autant de piques que le téléspectateur savoure, comptant les points lors de certains échanges. Ces dialogues très pimentés constituent sans doute la valeur ajoutée la plus maîtrisée de ce pilote. Car au-delà de cet art de la mise en scène des storylines, on descelle une autre ambition, qui reste encore à travailler : une dimension humaine que Monroe souhaite à l'évidence investir.

La série se concentrant sur Gabriel Monroe, ce pilote lui est dédié, nous offrant un aperçu des différentes facettes d'un personnage dont les certitudes professionnelles ne peuvent masquer les échecs plus intimes, du destin de sa fille à ses problèmes de couple. Seulement si Monroe a incontestablement les épaules pour supporter le poids de la série, et un potentiel certain pour retenir la fidélité du téléspectateur, en revanche, pour ce qui est de la galerie de personnages qui l'entourent, tout est encore à construire. Coincés entre des rôles peu affriolants de faire-valoir et des figures assez unidimensionnelles dont on ne sait trop quoi penser, il faudra que la série trouve plus d'homogénité entre tous ces protagonistes. Les one man show ont tendance à lasser s'ils sont invariablement unilatéraux. Mais ce premier épisode n'avait sans doute pas pour objet de développer cet aspect. D'autant que la dimension humaine semble être quand même une des préoccupations des scénaristes, l'approche de la trame médicale du jour étant là pour en témoigner. Les relations que Monroe établit avec sa patiente, mais aussi son petit ami, laisse sur une bonne impression quant au tact et à la subtilité de ces histoires toujours chargée d'humanité.

Si bien qu'au terme de ce pilote, on ressort intrigué par l'ambivalence de ce chirurgien brillant, professionnel aguéri qui n'hésite pas à s'investir auprès de ses patients, trouvant un étonnant équilibre entre arrogance de circonstances et humanité non reniée.

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Cependant, c'est incontestablement sur la forme que Monroe expérimente le plus, ne ménageant pas ses efforts pour dégager une esthétique d'ensemble qui lui soit propre. Confiée pour ces trois premiers épisodes à Paul McGuigan (Sherlock), la réalisation est dynamique, prompte à verser dans tous les effets de style plus ou moins opportuns, notamment ce floutage des contours du cadre dont je ne suis personnellement pas la plus grande fan. Les teintes colorées sont en tout cas agréables à l'oeil, et le soin du détail est perceptible sur le résultat. Pour compléter ce visuel, Monroe bénéficie en plus d'une bande-son omni-présente, petite musique instrumentale entraînante qui couvre les transitions et s'assure que le rythme global se maintient. Si cette relative omniprésence musicale ne se départit pas d'une certaine impression d'artificialité et semble parfois un peu excessive, le téléspectateur finit par s'habituer à ce style au fil de l'épisode.  

Enfin, le casting de Monroe se révèle dans l'ensemble solide, composé d'un certain nombre de têtes familières du petit écran britannique, emmené par un James Nesbitt (Jekyll, Occupation) qui n'aime rien mieux que pouvoir s'exprimer sur ces réparties ciselées sur lesquels surfent les dialogues de la série. A ses côtés, on retrouve notamment Tom Riley (Lost in Austen, Bouquet of Barbed Wire), Sarah Parish (Mistresses, Les Piliers de la Terres), mais aussi Manjinder Virk, Susan Lynch (Bodies), Luke Allen-Gale (The Promise / Le Serment), Michelle Asante ou encore Kitty Wilson.

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Bilan : C'est un pilote d'exposition efficace et dynamique que nous propose Monroe, nous présentant une figure centrale qui a assurément les épaules pour être le coeur de la série. S'inscrivant dans la longue lignée des séries médicales, sans innover dans l'approche classique de toutes les thématiques que le genre offre, il règne cependant un parfum assez rafraîchissant sur l'épisode, en grande partie du aux dialogues bien ciselés qui s'enchaînent, mais aussi à une réalisation "interventionniste". Il reste à la série à trouver son équilibre et surtout une consistance qui lui manque encore en installant plus solidement le reste des protagonistes.

Je ne suis pas une amatrice des séries médicales, mais je jetterai sans doute un oeil à la suite par curiosité.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :