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04/05/2011

(K-Drama) Conspiracy in the Court (Seoul's Sad Song) : destinées personnelles sur fond de réforme impossible

 
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En ce premier mercredi asiatique de mai, je reviens à mes amours coréano-sériephiles, avec la review d'un sageuk qui m'a longtemps intriguée avant que je ne trouve le temps de m'y lancer. Outre les échos positifs que j'avais pu croiser, le trailer et le synopsis m'évoquaient un peu le parfum d'une autre série historique que je chéris tout particulièrement, Damo. Et c'est vrai que l'on retrouve dans Conspiracy in the Court un parfum particulier qui le rapproche de ce drama plus ancien (d'ailleurs j'aime beaucoup son second titre anglais, qui me semble refléter parfaitement l'âme de cette histoire : Seoul's Sad Song)

Diffusée sur KBS2 au cours du mois de juillet 2007, cette série n'est pas sans évoquer, par sa tonalité et son format, des séries du câble sud-coréen. Non seulement elle diffère des dramas historiques "traditionnels" par sa manière de vouloir nous plonger dans une époque sans prétendre faire le biopic d'un personnage célèbre ayant véritablement existé, mais elle est également très brève (et donc accessible) puisque la version Director's Cut ne comporte que 8 épisodes, dont la durée varie pour chacun entre 1h et 1h15.

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Conspiracy in the Court s'ouvre dans une période troublée, à la toute fin du XVIIIe siècle, sur fond de tension entre la volonté de modernisation d'un souverain, qui forme le projet de déplacer la capitale du royaume afin de refonder une cité plus juste qui offrira du travail et de la nourriture aux plus humbles souffrant de la famine, et des factions politiques qui luttent pour préserver leur pouvoir ou un statu quo précaire qui leur bénéficie. Derrière ces confrontations entre le maintien des traditions et une volonté de rompre avec certaines rigidités héritées du passé, des forces s'agitent dans l'ombre afin de voir leurs vues prévaloir, quelqu'en soit le prix. Au sein même de la population, des troubles grandissent tandis que s'esquisse une timide forme d'aspiration à une justice sociale qui apparaît révolutionnaire dans cette société de tradition confucéenne à l'ordre social rigide.

Dans ce contexte compliqué, la série va suivre le destin de trois jeunes gens, happés dans ce tourbillon létal des luttes d'influence qui s'exercent dans les coulisses du pouvoir. Lee Na Young, fille d'un ministre déchu et exécuté pour trahison, a embrassé avec résolution le chemin de la vengeance. Décidée à faire payer le prix du sang à ceux qui ont détruit sa famille, elle a accepté de suivre un entraînement et assassine désormais sans sourciller. Elle a depuis longtemps perdu de vue son ancien flirt d'adolescence, Park Sang Kyu, le fils illégitime d'un haut dignitaire officiel. N'ayant toujours pas trouvé sa place par rapport à ses origines sociales particulières - sa mère étant esclave -, ce dernier s'est engagé auprès d'un des bureaux de police de la capitale. Enfin, Yang Man Oh, un ancien serviteur de la famille de Lee Na Young, a poursuivi son chemin au service de ses ambitions personnelles, teintées d'aspirations idéalistes pour mettre fin aux problèmes d'approvisionnement en denrées. Il est devenu un marchand influent aspirant à prendre le contrôle du commerce de la ville.

Nos trois personnages principaux vont se retrouver, certains volontairement, d'autres malgré eux, pris dans la toile d'araignée d'une conspiration qui étend son ombre sur la cour, décidée à empêcher toute réforme d'aboutir et à maintenir le système de classes tel qu'il existe jusqu'à présent. Dans cette partie de trahisons et de complots, que vaut une vie face à aux intérêts des puissants ?

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Conspiracy in the Court est un drama historique à part, dont le premier atout va résider dans le style choisi et l'ambiance extrêmement sombre dans laquelle elle nous immerge dès les premières scènes, au cours desquelles le téléspectateur est témoin d'un assassinat. Le ton est immédiatement donné ; la hauteur des intérêts en jeu également. Empruntant ses techniques narratives plutôt aux dramas contemporains qu'aux sageuk, la série nous plonge directement dans l'action : il n'y aura aucun passage d'exposition, les personnages ainsi que leur rôle nous sont introduits au fil du premier épisode, sans ralentir les intrigues que nous prenons en cours.

La complexité du scénario peut déstabiliser un instant, mais la densité narrative et l'ambition scénaristique évidente captent instanément l'attention du téléspectateur. Car c'est une histoire soignée et d'une grande richesse qui est mise en scène, multipliant les protagonistes et les intérêts divergents pour offrir un tableau complexe et nuancé. L'ensemble sonne étonnament authentique, donnant une réelle consistance et crédibilité à un récit qui, même s'il se déroule sur une durée finalement plutôt brève, n'en parvient pas moins à acquérir une intensité marquante, accentuée par ses accents fatalistes caractéristiques.

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Cette impression de rigueur réaliste s'explique également en raison des thématiques traitées. Conspiracy in the Court n'est pas une simple série sur des jeux de pouvoirs létaux. En effet, elle trouve la pointe d'ambivalence attendue pour mêler et confronter intérêts personnels et intérêt supérieur, lequel demeure cette justification ultime invoqué par chacun, avec parfois une forme d'aveuglement troublant. Quoi de plus révélateur, par exemple, que les choix faits par Yang Man Oh, pourtant sans doute le plus clairvoyant du trio principal. Le jeune marchand reprend, presque sans en avoir conscience, la même rhétorique que les usuriers d'hier avec lesquels il entend rompre. Seulement, pour résoudre son problème du moment (l'enjeu du monopole commercial), affamer le peuple de la même manière que ses prédécesseurs semble être la solution légitime sur le long terme. Cela ne l'empêche pas dans le même temps de se proclamer le garant des plus humbles, lesquels sont toujours les premiers sacrifiés de ces luttes entre puissants.

De façon troublante, les attitudes de chacun semblent se nourrir de leurs ambiguïtés. Derrière ces agitations, Conspiracy in the Court, c'est en fait l'histoire d'une idée nouvelle, par encore pleinement formulée, ni vraiment comprise : celle d'une justice sociale que la rigidité de classes rend utopique. Le téléspectateur suit avec une fascination grandissante cet instantané social loin d'être manichéen, qui gagne en complexité à mesure que les ressorts dans l'ombre se dévoilent. Les apparences s'effritent, chaque camp se nuance... Mais à la fin, derrière ce tourbillon politique, c'est à une lutte bien plus simple que tout finit par se réduire : il s'agit avant tout de survivre.

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Au-delà de ces enjeux politiques, si Conspiracy in the Court pose un cadre sombre qui pourrait paraître de prime abord déshumanisé, au fil de la progression de l'histoire, son développement des personnages montre qu'il n'en est rien. La série va en réalité jouer de façon très troublante sur le contraste entre le volet des complots en cours et celui d'une étrange pureté sentimentale, bulle hors d'atteinte dans laquelle les trois personnages principaux sont unis ; les sentiments des deux hommes pour Lee Na Young ne vascillent jamais. De manière originale, c'est d'ailleurs elle, figure féminine que les deux autres révèrent, qui est l'assassin et représente ce qu'il y a de plus noir dans leur trio. Le contexte particulier permet au drama de se détacher des ressorts narratifs stéréotypés des triangles amoureux, préférant opter pour une forme d'idéalisation émotionnelle qui surprend le téléspectateur et tranche considérablement avec la noirceur ambiante. Cette dimension sentimentale que rien ne semble pouvoir atteindre ou ternir, même pas les agissements voire les oppositions de chacun, se révèle très touchante. 

Globalement, Conspiracy in the Court parvient à trouver un équilibre entre, d'une part, des conspirations politiques excessivement noires, et d'autre part, une touche de mélodrama étonnamment pure. Ce contraste des tonalités peut quelque peu déstabiliser à certains moments, mais au fur et à mesure que la série progresse, cette approche prend peu à peu tout son sens. Ce recours a priori presque excessif à une naïveté revendiquée et assumée pour dépeindre les liens unissant ces trois jeunes gens n'est pas un artifice creux pour rallier une plus large audience. Au contraire. L'idée de jouer sur l'antinomie entre le pragmatisme des uns et la force des sentiments des autres apporte une dramatisation qui confère au récit une dimension supplémentaire. Ce qui est mis en exergue, c'est le refus de renier ses aspirations, aussi idéalistes et hors de propos qu'elles puissent paraître dans ce monde impitoyable. Au fond, si Conspiracy in the Court a toutes les caractéristiques d'une tragédie du pouvoir bien huilée, sa dimension humaine demeure son vrai moteur : en cela, elle reste porteur d'un message d'espoir qui tranche avec la noirceur ambiante.

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Forte de sa complexité narrative aboutie, Conspiracy in the Court bénéficie également d'une forme tout particulièrement soignée. Quand je la rapprochais des séries du câble sud-coréen, c'était en partie justement pour la réalisation quasi-cinématographique qu'elle propose. La caméra est nerveuse, l'image jamais figée est loin du théâtralisme un peu rigide des sageuk traditionnels. La teinte restera volontairement sombre, sans jamais sacrifier des couleurs naturelles au sein desquels le rouge sang prédomine, dans les tenues jusque dans les rouges à lèvres de certaines courtisanes. Par ailleurs, la série dispose également d'une superbe OST qu'il convient de saluer. Non seulement elle va imposer quelques chansons récurrentes, souvent poignantes, jamais envahissantes, mais en plus sa bande-son comporte également quelques morceaux instrumentaux plus rythmés parfaits pour faire transparaître la tension ambiante. Il s'agit donc d'un drama pleinement travaillé qui se savoure aussi bien visuellement que musicalement.

Enfin, l'histoire est portée par un casting composée d'acteurs pas forcément très connus, mais qui délivrent ici une solide performance d'ensemble qui crédibilise le récit et sa portée. Le trio principal s'avère particulièrement crédible. Je serais tentée de dire que c'est Lee Chun Hee (Smile, Gloria), en marchand ambitieux et pragmatique, qui arrive le mieux à faire vibrer cette détermination froide couplée d'une fibre émotionnelle touchante. Peut-être est-ce parce que son personnage, d'origine plus modeste, a également plus conscience que les deux autres de ce qu'il y a à sacrifier au bout du chemin. Cependant Jin Yi Han (A Good Day for the Wind to Blow) et Kim Ha Eun (Chuno, Thorn Birds) proposent aussi des performances solides et convaincantes. A leurs côtés, on retrouve également Ahn Nae Sang (Royal Family), en roi réformateur, Jung Ae Ri (Women of the Sun), Kim Young Ae, Sa Hyun Jin, Kim Kyung Ryong, Jang Hyun Sung, Kim Ki Hyun, Jun Il Bum, Han Jung Soo ou encore Park Sun Young.

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Bilan : Drama abouti et assurément ambitieux, Conspiracy in the Court est plus qu'une simple série historique. Elle parvient à fasciner et à retenir l'intérêt du téléspectateur, tant par sa narration complexe et travaillée, que par la richesse de ses thématiques politiques et sociales qu'elle va aborder de manière nuancée en leur donnant un écho universel qui transcende les âges. Bénéficiant de son format court, l'histoire est maîtrisée de bout en bout. Ainsi, derrière son parfum semblable à une pièce shakespearienne, c'est une tragédie du pouvoir et de l'amour qui se joue, à la fois extrêmement sombre et d'une pureté émotionnelle poignante. A découvrir.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :


23/03/2011

(K-Drama / Pilote) Crime Squad (Detectives in trouble) : série policière captivante et efficace sur fond de drame personnel

 

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En jetant un oeil sur les différents billets asiatiques publiés depuis le début de l'année, je me suis surprise à constater qu'une forme d'alternance s'installe dans cette rubrique, rythmée par des aller-retours entre le Japon et la Corée du Sud. Ainsi, en 2011, j'ai pour l'instant évoqué 6 séries sud-coréennes, 4 japonaises et 1 originaire de Hong-Kong. Le quasi monopole sud-coréen de 2009-début 2010 s'est errodé, et mes programmes se réouvrent au Pays du Soleil Levant après un ou deux ans de relative prise de distance. Je me dis que ce rééquilibrage est sans doute bon signe : je suis en train de trouver progressivement un équilibre dans ma consommation téléphagique asiatique.

Cependant, si cette tendance amorcée l'été dernier se confirme chaque mois un peu plus, n'allez pas croire pour autant que j'en délaisse le petit écran sud-coréen. Je m'y disperse sans doute moins que l'an dernier ; mais j'ai toujours ma (longue) liste de dramas passés à découvrir (dans laquelle j'avance lentement). De plus, ce pays reste sans doute celui dont je suis le plus près les informations (probablement à égalité avec l'Angleterre), et je conserve des attentes fortes à l'égard de certains projets. C'est ainsi qu'en ce mois de mars, une nouveauté avait plus particulièrement retenu mon attention : Crime Squad (a.k.a. Detectives in trouble / Homicide), qui rejoint la thématique policière de ces derniers mercredis.

Diffusé sur KBS2 depuis le 7 mars 2011 (lundi/mardi soir), les 3 premiers épisodes de ce drama n'ont pas encore balayé toutes mes réserves initiales (il faudra sans doute attendre la fin pour cela), mais ces débuts ont retenu toute mon attention. Et vous ne pouvez imaginer à quel point cela m'a fait plaisir de retrouver Song Il Gook dans un rôle consistant !

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Si Crime Squad nous présente le quotidien d'une unité relevant de la Seoul Gangnam Police Homicide Division, les évènements qui ont forgé l'explosive situation interne dans laquelle nous sommes plongés se sont déroulés il y a plusieurs années. A l'époque, Jung Il Do, un policier tentant d'intercepter un criminel, n'avait pas hésité à ouvrir le feu sur le véhicule prenant la fuite. La voiture avait terminé sa course dans la vitrine d'un café, provoquant deux morts parmi les clients. Park Se Hyuk, jeune père de famille qui y avait laissé sa fillette pour quelques minutes, ne put qu'assister impuissant au drame. Si Jung Il Do s'en tira sans la moindre conséquence disciplinaire, assumant pleinement le choix qu'il fit ce jour-là, Park Se Hyuk ne se remit jamais de la perte de son enfant. Cherchant à comprendre les motifs de cette fusillade fatale, tout en essayant de trouver un exutoire dans l'arrestation des criminels, il quitta tout pour s'engager dans la police.

Cinq ans après, Se Hyuk est devenu un policier impulsif et combatif, prompt à délaisser les règles pour parvenir à ses fins, n'hésitant pas à user de méthodes à la limite de légalité. Élément aussi incontrôlable qu'autodestructueur, il est cependant un officier efficace. Jusqu'à présent protégé par son supérieur hiérarchique qui faisait office de figure paternelle, ce dernier quitte ses fonctions. Mais qu'elle n'est pas la stupeur de Se Hyuk lorsqu'il découvre l'identité de son nouveau patron, qui n'est autre que Jung Il Do, toujours aussi inflexible sur ses positions. Un temps tenté de démissionner, il faut, malgré tout, travailler ensemble, en dépit de la tension évidente entre les deux hommes. Leurs différences de styles veient en effet s'ajouter au douloureux passé commun, Se Hyuk n'a pas pour autant tourné la page. D'autant que certaines découvertes viennent le conforter dans l'idée qu'il y a peut-être dans cette tragique fusillade des zones d'ombre à éclaircir - notamment qui protégea à l'époque Jung Il Do ? -.

Tout en conservant en toile de fond ces évènements tragiques à l'esprit, Crime Squad va aussi nous plonger dans les enquêtes souvent mouvementées de l'unité et des protagonistes qui gravitent autour, notamment une jeune journaliste qui semble avoir un lien particulier avec Park Se Hyuk.

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Crime Squad est une série policière qui se veut à la fois orientée vers un réalisme moderne empruntant aux derniers cop show occidentaux, tout en conservant ce mélange des tonalités propre aux séries sud-coréennes, pour lesquelles la dimension humaine, plus personnelle, est toute aussi déterminante. A la différence d'autres récents essais trop artificiels pour intéresser un public qui n'y retrouvait ni l'efficacité des intrigues, ni l'âme des kdramas, les débuts de Crime Squad trouvent rapidement un équilibre intéressant. Non seulement l'alternance de priorités entre des enquêtes mouvementées et un émotionnel plus intime est bien gérée, mais les différences de tons se succèdent et se mêlent avec beaucoup de naturel. L'utilisation de certains seconds rôles permet ainsi d'offrir quelques scènes opportunément plus légères, même s'il règne cependant dans la série une tension constante qui l'oriente sans doute vers un registre plutôt dramatique.

Si elle n'évite pas toujours l'écueil de certains passages un peu brouillons (notamment l'entrée en matière des 10 premières minutes), la construction narrative de Crime Squad tend à démontrer que les scénaristes savent où ils vont. La série débute en effet de manière opportune par une première affaire qui touche personnellement les membres de l'unité, puisque c'est un proche de l'autre victime de la fusillade fatale qui entreprend de se venger, visant donc Jung Il Do. En plus d'avoir le mérite d'introduire efficacement les enjeux, posant une forme de fil rouge qui va fidéliser le téléspectateur, ces deux premiers épisodes permettent aussi de cristalliser l'opposition entre Park Se Hyuk et Jung Il Do, exacerbant leurs différences de styles. Leur confrontation a ceci d'attrayant (et d'original) qu'elle est certes intense, mais pas dénué de nuances : les choix finalement faits par Park Se Hyuk, en sauvant la vie de Jung Il Do, l'illustrent bien.

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C'est d'ailleurs cette dimension humaine qui va se révéler être l'atout le mieux maîtrisé de Crime Squad. Loin d'avoir des personnages unidimensionnels qui s'enfermeraient dans leurs oppositions, la série va au contraire s'attacher à mettre en scène leurs ambivalences. Peu à peu, grâce à cette ambiance qui fluctue de l'action au drame, en passant par des pointes plus orientées vers la comédie, s'esquissent des figures complexes, et donc intéressantes. Dans ce registre, c'est incontestablement sur le personnage de Park Se Hyuk que repose le drama. Vivant toujours dans l'ombre de la mort de sa fille, sa détresse se mêle à une rage qui apporte au personnage une ambiguïté très intrigante. Sa croisade contre le crime apparaît autant comme une forme de vengeance par substitution que comme une voie d'expiation pour n'avoir pas empêché la mort de sa fille. L'alternance d'explosion de violence incontrôlée et d'autres moments plongés dans un auto-apitoiement presque pathétique confère une épaisseur psychologique à ce personnage vraiment crédible de père endeuillé.

Réussissant ainsi à susciter immédiatement l'empathie du téléspectateur, Crime Squad va parvenir à jouer efficacement sur les différents tableaux qu'elle investit. Si la crédibilité manque parfois à certaines scènes d'action, la série a le mérite de ne jamais verser dans un excès de sérieux démesuré. Bénéficiant d'un rythme de narration rapide, elle sait insuffler une dynamique, et plus généralement une fraîcheur, dans sa dimension policière, qui apporte une fluidité à ses intrigues. Cette consistance sur le fond est parachevée grâce à ces enjeux plus personnels, navigant entre relationnel et émotionnel, qui donne vraiment envie de s'investir dans l'histoire.

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Sur la forme, Crime Squad est un drama qui semble surtout apprécié la sobriété, évitant de trop en faire dans l'action (même si on n'échappe pas à quelques mises en scène parfois un brin exagérées). Dotée d'images versant dans une teinte plutôt claire, la série exploite et bénéficie favorablement de cette simplicité de style qui correspond à ses ambitions et pour lesquelles elle est à la hauteur. Je serais en revanche un peu plus réservée sur la bande-son, notamment concernant l'OST dont la première chanson se révèle sans réelle identité et peine un peu à capturer vraiment la tonalité ambiante de la série. La seconde, plus mélancolique, sonne déjà plus juste.

Enfin, le casting du drama n'est pas étranger à l'affectif que sait toucher Crime Squad. Vous savez déjà combien j'apprécie Song Il Gook (The Kingdom of the Wind, Lobbyist), l'amoureuse des sageuk qui est en moi, et qui a vécu pleinement l'expérience de visionnage du "marathon" Jumong, ne peut que garder une affection particulière pour cet acteur. Et le retrouver dans ce drama m'a fait d'autant plus plaisir qu'il y délivre une performance intense et juste, particulièrement convaincant pour incarner cet officier impulsif, au comportement frôlant l'autodestruction, brisé par le drame de la mort de sa fille. Face à lui, le responsable indirect de cette situation, également son supérieur hiérarchique, est joué par Lee Jong Hyuk (Chuno). Ce dernier n'a pas son pareil pour afficher une forme d'impassibilité un peu dédaigneuse propre à son personnage, mais j'ai un peu peur que son jeu un brin monolithique (et, a fortiori par contraste avec Song Il Gook, vraiment inexpressif) ne devienne lassant à la longue. A leurs côtés, on retrouve notamment Song Ji Hyo (Goong, Jumong), Park Sun Young (Winter Bird, The Sons of Sol Pharmacy House, 101st Proposal, 18 vs 29), Jang Hang Sun (Jejoongwon, Baker King Kim Tak Goo), Sung Ji Roo (Lobbyist, The Birth of the Rich), Sun Woo Sun (Queen of Housewives), Kim Joon (Boys Before Flowers) ou Lee Min Woo (Life is Beautiful).

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Bilan : Série rythmée et très vivante, Crime Squad est un cop show qui bénéfice de l'art sud-coréen de mêler les tonalités et les thématiques. Ainsi, au-delà d'une dynamique orientée vers l'action à l'occasion des enquêtes, on y retrouve également une dimension émotionnelle surprenante d'intensité, avec certaines scènes très poignantes. Si la maîtrise des histoires policières reste sans doute à affiner, ces débuts révèlent un réel potentiel, accentué par l'empathie que suscite très vite ce drama et porté par un casting solide au sein duquel Song Il Gook est magistral.

Si on ne pourra juger de la qualité d'ensemble qu'à la fin, au vu des fils rouges introduits, Crime Squad apparaît en tout cas comme une série, parfois un peu brouillonne mais toujours consistante, qui donne envie au téléspectateur de s'investir. Voilà qui fait plaisir !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST (ending) :