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03/10/2010

(Pilote UK) Whites : sympathique mise en scène d'une dynamique des cuisines


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Après le rendez-vous manqué avec Him & Her début septembre (même si je lis ça et là que la série s'affirme peu à peu, mais je n'ai pas encore trouvé la motivation de poursuivre l'expérience), c'est une nouvelle possibilité de se laisser séduire par une comédie britannique qu'offrait BBC2, ce mardi 28 septembre, en proposant Whites .

Je dois dire que tant le concept, que le casting annoncé, avaient attiré mon attention. Ecrite par Oliver Lansley et Matt King, et conçue sur le format classique d'une demi-heure par épisode, si Whites ne m'a pas fait rire aux éclats, elle aura provoqué quelques sourires et m'aura en tout cas permis de passer un agréable moment devant ma télévision. Le potentiel est bien là ; le pilote remplit en plus honnêtement son office : donner envie au téléspectateur de revenir. Si bien qu'à la fin du visionnage, la question était : et si Whites et moi, cela pouvait coller ?

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Ayant pour cadre le charme entre chic et pittoresque d'un restaurant de campagne, Whites se déroule, pour la majeure partie de son pilote, dans ce lieu, stratégique par excellence, qu'est la cuisine. Cette dernière est dirigée, de façon plus ou moins lointaine, par Roland White. D'un tempérament versatile, si ses qualités de cuisinier ne font aucun doute, sa capacité de travail et son ardeur à la tâche sont en revanche plus sujettes à caution. Il est certes capable de préparer les plus grands plats... si l'envie l'en prend. D'un naturel dispersé, avec un égo proportionnel à son talent, il peine à se focaliser uniquement sur la bonne marche de ses cuisines. C'est ainsi qu'il passe une bonne partie du pilote à fantasmer sur un livre qu'il rêve de publier et dans lequel il partagerait expériences et conseils.

Avoir les cuisines régentées par un tel patron ne serait sans doute pas viable sur le long terme si le sous-chef Bib ne se dévouait pas à la bonne marche quotidienne des fourneaux, devant trop souvent cumuler ses propres responsabilités avec celles de Roland. Une situation dont la difficulté est d'ailleurs accrue par l'équipe de bras cassés qui officie en cuisine. La femme de Bib, tout particulièrement, trouve que tout cela n'a que trop duré... mais son mari est bien incapable de s'en dépêtrer. Le détachement de Roland exaspère également Caroline, la manager du restaurant. Cependant, si elle traque sans relâche les moments de profonde paresse du chef cuisinier, elle finit généralement invariablement par baisser les bras, attendant la catastrophe annoncée en spectatrice extérieure désabusée.

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Whites nous invite à suivre les péripéties vaguement improbables qui rythment le quotidien un brin chaotique de ce petit restaurant. Le charme opère en partie grâce à la manière dont ce décor culinaire est exploité. L'univers décalé s'installe par petites touches, de l'incompétence du personnel employé jusqu'aux demandes quelques peu atypiques de clients commandant des eggless omelettes, de la croisade anti-végétarienne du chef jusqu'à ses efforts pour mettre la main sur la plus improbable des viandes... ce pilote regorge ainsi de ces petits détails, anecdotes savamment distillées qui, sans être hilarantes, sauront provoquer chez le téléspectateur plus d'un sourire. L'atmosphère navigue avec aplomb entre le cocasse et le faussement burlesque, arbitrée par des réparties cinglantes qui manquent rarement leur cible.

Cet instantané des cuisines se révèle donc divertissant. La série s'avère d'autant plus plaisante que les personnages, avec leurs tempéraments opposés, contribuent pour beaucoup à donner une dimension humaine relativement attachante à la série. Ne lésinant pas sur les chutes et ruptures narratives, tout sonne très vivant dans Whites, capitalisant pleinement sur les clashs à répétition, tirades volontairement théâtrales de circonstances et autres mises en concurrence interne venant brouiller certaines hiérarchies. La dynamique entre les personnages fonctionne bien, prêtant naturellement à sourire sans arrière-pensée. S'il manque encore peut-être un peu de consistance à l'ensemble et si l'épisode gagnerait sans doute à des storylines plus conséquentes, pour un épisode d'introduction comme ce pilote, les ingrédients déjà en place laissent entrevoir un réel potentiel.

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Sur la forme, Whites propose une réalisation agréable à suivre. De même, la musique est utilisée de façon opportune. En somme, la série bénéficie d'une finition sérieuse.

Enfin, un autre aspect positif de la série, sur lequel elle sait très bien capitalisée, est son casting, chacun s'intégrant parfaitement dans le rôle qui lui est dévolu. Alan Davies (Jonathan Creek) est impeccable en cuisinier pratiquant son art en dilettante. Katherine Parkinson (The It Crowd) joue les managers exaspérées d'une façon naturelle toujours aussi enthousiasmante. Darren Boyd (Personal Affairs, Little Dorrit, Kiss me Kate), et son regard faux-fuyant, est excellent dans son rôle de sous-chef peinant à s'affirmer. On retrouve également à l'affiche Stephen Wight, Isy Suttie (Peep Show) et Maggie Steed (Clatterford, Born and Bred).

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Bilan : Le pilote de Whites permet donc au téléspectateur de se glisser sans souci dans cette dynamique des cuisines assez plaisante à suivre. L'épisode provoquera quelques sourires, à défaut de réellement faire rire ; cependant il remplit efficacement sa fonction d'exposition. On s'attache aux personnages introduits et, plus généralement, à l'univers ainsi créé. Reste à la série à concrétiser en apportant aux épisodes suivants un peu plus de consistance. Cependant, avec ce pilote, Whites laisse entrevoir un certain potentiel et semble sur la bonne voie.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :

02/10/2010

[TV Meme] Day 7. Least favorite episode of your favorite tv show.

Le déroulement de The West Wing n'aura pas été un long fleuve tranquille, loin de là. Au-delà de quelques sauts qualitatifs, c'est notamment le départ d'Aaron Sorkin, en fin de saison 4, qui provoqua une phase transitoire débouchant sur une saison 5, hésistante, entre deux eaux. Le nouveau showrunner, John Wells, dut alors faire des choix narratifs qui conduisirent la série à progressivement évoluer et se transformer. Les deux dernières saisons furent différentes, mais trouvèrent cependant leur équilibre et une nouvelle jeunesse. Cependant, au fil de ces mutations chaotiques, il y eut quelques victimes collatérales. L'une d'elle fut, malheureusement, Toby Ziegler, dont je ne crois pas avoir jamais pardonné aux scénaristes pour cette forme d'exécution qu'ils firent subir au personnage en fin de saison 6 et début de saison 7...

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The West Wing (A la Maison Blanche)
Episode 5, saison 7

Here Today

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Quelque part, l'idée que Toby puisse organiser la fuite de l'information sur la navette militaire américaine m'a toujours semblé sonner extrêmement faux. Certes, l'histoire le touchait d'une certaine façon personnellement. Oui, il avait toujours su faire preuve d'une indépendance d'esprit assumée. Mais Toby était aussi un de ceux qui prenait le plus à coeur les obligations et les devoirs de sa fonction ; je me souviendrais toujours de sa réaction lorsque le président l'avait informé de sa maladie.

La déchéance du personnage ainsi organisée fut un vrai crève-coeur pour la fan que j'étais, exacerbé par la scène de confrontation finale que contient ce fameux épisode Hear today - et qui explique le fait qu'il ait été choisi aujourd'hui : Bartlet y refuse la démission de Toby afin de le renvoyer lui-même proprement et simplement. J'ai détesté le laïus d'un président en colère et ces paroles échangées entre les deux hommes qui, certes, ont toujours eu une relation compliquée, ne se comprenant pas toujours, mais dont les rapports restaient marqués par un profond respect l'un pour l'autre.

En voulant se séparer de certains personnages "réguliers" dont la présence ne s'imposait plus au vu de l'évolution prise par la série, c'est un personnage incontournable que les scénaristes ont trahi.

01/10/2010

(Pilote UK) Downton Abbey : un somptueux period drama

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Le 1er XXe siècle a décidément les honneurs du petit écran en ce début d'automne 2010, nous offrant pour le moment deux des pilotes introductifs les plus accrocheurs de cette rentrée occidentale. Alors certes, j'ai une fibre historique particulièrement sensible. Seulement, dans les deux cas, ces deux fictions se situent potentiellement dans un créneau bien plus large que la simple "série en costumes". On y trouve tant une réelle dimension humaine, qu'un reflet sociétal intrigant qui sait aiguiser la curiosité du téléspectateur.

Après HBO qui se propose de faire revivre l'Atlantic City du temps de la prohibition, c'est ITV qui nous présente un period drama somptueux, s'ouvrant en 1912. Un autre continent, un autre milieu et un autre genre, pour un même soin méticuleux apporté à la reconstitution d'époque. La chaîne anglaise a mis les petits plats dans les grands et semble avoir eu les moyens de ses ambitions, pour le plus grand plaisir d'un téléspectateur comblé tant par le fond que par la forme, au cours de ce premier épisode diffusé ce dimanche soir (26 septembre) en Angleterre.

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Ecrit par Julian Followes, à qui l'on doit notamment Gosford Park, Downton Abbey s'ouvre dans l'avant-guerre, en 1912, sur un drame maritime resté dans les mémoires (et que ITV a justement pour projet de faire revivre au petit écran, avec le même Julian Followes aux commandes), le naufrage du Titanic. Les nouvelles de la tragédie touchent, au petit matin, le château qui va servir de cadre à la fiction. Downton Abbey fait office de luxueuse demeure pour Lord Grantham et sa famille. Elle est d'ailleurs juridiquement rattachée à ce titre de noblesse, liant ainsi l'immeuble au devenir du titre.

Or le drame survenu dans l'océan Atlantique ne va pas rester un simple fait divers impersonnel relaté par quelques lignes d'articles dans les journaux. En même temps que l'information est publiée dans la presse, un télégramme en provenance de New York apporte une triste nouvelle. Deux proches parents du maître de maison figuraient à bord du navire. Lord Grantham n'ayant eu que des filles, ils étaient ses uniques héritiers pour conserver Downton Abbey, ce lieu dans lequel ils se sont tant investis, au sein de l'entourage proche de la famille.

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Une fois posé ce sujet d'héritage, source d'une préoccupation principale qui sous-tend l'ensemble de l'histoire, c'est par la pleine exploitation de sa dimension chorale que Downton Abbey acquiert un tout autre relief. Dotée d'une riche galerie de personnages, elle s'attache à individualiser et humaniser chacun, se préoccupant de la plus humble servante jusqu'au Lord à la tête de la maisonnée. Cet ensemble hétéroclyte, instantané d'une certaine réalité sociale d'époque, va faire la richesse de ce premier épisode, rythmé par des dialogues savoureux et des piques ciselées à merveille.

Cette heure se révèle être d'une densité et d'une volatilité admirables, créant et capturant parfaitement une ambiance intense, où la rigidité de la hiérarchie se heurte aux rapports de force constants qui se jouent en toile de fond, à tous les échelons. Ainsi, tandis que chacun s'inquiète pour le futur et ce nouvel héritier, cousin fort lointain et inconnu soudainement intronisé par le sort, ce sont aussi des tensions plus immédiates et concrètes qui agitent tous les protagonistes de ce petit monde ordonnancé à l'excès. L'arrivée d'un nouveau valet, Bates, ancien soldat qui cotoya Lord Grantham à la guerre, perturbe ainsi les conventions. Tandis que certains lorgnent sur son poste, d'autres se préoccupent des apparences : un semi-invalide, en raison d'une blessure, peut-il remplir cet office efficacement et sans dépareiller avec le decorum huilé quotidien ?

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Le premier élément qui frappe donc lors du visionnage de cet épisode, c'est le caractère tellement vivant du tableau qui est ainsi dressé. Derrière ce cadre de reconstitution historique soignée, où certaines scènes versent dans un élégant théâtralisme, c'est en fait un fascinant dynamisme qui traverse toute la fiction. Face aux ambitions contrariées des uns et aux alliances de circonstances des autres, le téléspectateur se trouve comme happé dans un tourbillon de tensions contradictoires que la promiscuité de Downton Abbey exacerbe logiquement.

Par la vitalité et la versatilité de sa tonalité, Downton Abbey est une oeuvre remarquable à plus d'un titre : si le soin apporté à ce décor, riche en détails, est un plaisir pour les yeux, la maîtrise de la mise en scène et de la narration impressionne. Il se dégage en effet quelque chose de confusément grisant, presque enivrant, au sein de cet univers virevoltant. L'histoire peut n'être encore qu'au stade de l'exposition, les préoccupations juridico-financières peuvent paraître excessivement abstraites... mais l'ensemble posé semble tellement abouti que l'on se surprend à s'investir pleinement dans le quotidien présenté, sans faire le moindre effort conscient.

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Si l'ambiance de la maisonnée est si bien dépeinte, c'est aussi grâce au travail réalisé sur les personnages introduits, dont les aspirations personnelles commencent à être esquissées dans ce premier épisode, comme un avant-goût des développements à suivre. Dotés de personnalités hautes en couleurs, tous s'imposent naturellement à l'écran. Aucun n'apparaît unidimensionnel. D'emblée, on perçoit les ambivalences ou les paradoxes des postures adoptées par ces protagonistes dont les portraits s'affinent au fil de l'épisode, donnant avant tout, pour le moment, une grande envie d'en savoir plus.

Cette dimension humaine très travaillée se renforce par le contraste rapidement évident, entre les apparences rigides du decorum et la réalité des coulisses du château. Sous la surface faussement aseptisée, où les convenances sociales ont été parfaitement intégrées, Downton Abbey dévoile un univers teinté d'ambiguïtés, bien plus complexe et, surtout, très impitoyable. Au-delà de l'intensité des sentiments et des jalousies entretenues, ce sont des rapports de forces subtils qui s'esquissent, captivant tout particulièrement le téléspectateur.

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Abouti sur le fond, Downton Abbey l'est également sur la forme, proposant une photographie somptueuse et une belle réalisation particulièrement soignée. C'est un vrai plaisir pour les yeux que de suivre ce costume drama qui éblouit facilement le téléspectateur par sa reconstitution de l'intérieur de ce château. Le budget, conséquent, a été manifestement investi à bon escient. Le visuel est de plus accompagné d'une superbe bande-son, sublimant et soulignant certains passages, qui achève de vous transporter dans l'histoire.

Enfin, pour couronner le tout, les répliques délicieusement ciselées qui rythment l'épisode sont confiées à un casting cinq étoiles. Parler d'une distribution impressionnante est presque un euphémisme ; la performance est en plus à la hauteur des attentes suscitées : tout le monde est au diapason pour proposer de magnifiques interprétations. Pensez donc que l'on retrouve notamment à l'affiche : Hugh Bonneville (The Silence, Lost in Austen), Maggie Smith (Nanny McPhee and the Big Bang, Harry Potter), Elizabeth McGovern (Three Moons over Milford), Michelle Dockery (Cranford), Dan Stevens (Sense & Sensibility), Penelope Wilton (Doctor Who, Pride & Prejudice), Jim Carter (Cranford), Phyllis Logan, Siobhan Finneran (Benidorm), Joanne Froggatt (Robin Hood), Rob James-Collier (Coronation Street) ou encore Brendan Coyle (Lark Rise to Candleford).

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Bilan : Downton Abbey est un somptueux costume drama dont le premier épisode est à la hauteur des ambitions formelles affichées. Reconstitution historique soignée, proposant des images qui sont un délice pour les yeux, elle s'impose par la densité et la richesse de son écriture. Les dialogues sont souvent savoureux, les personnages ambivalents mais fascinants. On perçoit une réelle dimension humaine, très travaillée, qui permet de sublimer l'instantané historique et social d'une époque. A savourer.


NOTE : 8,75/10


La bande-annonce de la série :