Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/10/2010

[TV Meme] Day 10. A show you thought you wouldn’t like but ended up loving.

babylon5a.jpg

Babylon 5
(1993 - 1998)

babylon5b.jpg

Babylon 5 est une de mes séries, si ce n'est ma série, de science-fiction préférée, occupant une place de choix dans mon coeur, qu'elle partage avec Farscape. Pourtant rien n'était gagné a priori. Si j'ai toujours aimé la science-fiction, la diffusion fort discrète des fictions de ce genre en France fit que c'est plutôt grâce aux livres et aux films que j'ai d'abord pu répondre à cet appel des étoiles. Les grandes séries phares entrant dans cette catégorie, je les ai d'abord rêvées, dévorant les articles en parlant, avant de pouvoir (enfin) les découvrir de mes yeux. Si bien que c'est avec une bonne décennie de retard qu'il y a quelques années j'ai entrepris de vastes opérations de rattrapage téléphagique et que j'ai enfin pu me ruiner en investissant dans l'intégrale DVD de Babylon 5 (lesquels, à la différence de Farscape ne sont pas plaqués or).

Les obstacles au visionnage des grandes space-opera antérieurs aux années 2000 se révélèrent multiples pour la téléspectatrice de la seconde moitié des années 2000 que j'étais, qui regardait déjà de façon hebdomadaire la dernière nouveauté de l'espace, Battlestar Galactica, avec tous les nouveaux codes qu'elle avait pu introduire dans le genre. C'est là le danger de découvrir a posteriori ce type de séries : quoiqu'on en dise, au-delà même des effets spéciaux, c'est l'ensemble des effets visuels et narratifs qui a vieilli pour le regard du téléspectateur moderne. En téléphage organisée, après le rattrapage de Farscape, je m'étais fixée deux objectifs précis : commencer à remonter le temps en passant dans la décennie précédente avec deux morceaux de choix, Babylon 5 et Star Trek, en débutant cette dernière franchise par Deep Space Nine. C'est peu dire que le premier contact avec les années 90 fut difficile. Le visionnage de la saison 1 de ST:Deep Space Nine n'est à ce jour toujours pas fini (au rythme où je vais, disons que je suis confiante de le boucler d'ici 2020). Et j'avais laissé traîner plus de 6 mois entre le pilote de Babylon 5 et mon entame de la saison 1... que je mis encore plus d'un an à terminer. C'est en fait au tournant de la deuxième saison que s'opéra un premier déclic. Comme si l'introduction et l'exposé du contexte se terminaient pour rentrer enfin dans le coeur du sujet. Mon intérêt est ensuite allé crescendo, m'emportant vers ces rares sommets d'extase et de jubilation téléphagiques, culminant durant les magistrales saisons 3 et 4 - pour lesquelles 15 jours me suffirent.

En résumé, je n'ai jamais connu de débuts si difficiles avec une série pour achever son visionnage en l'ayant autant aimée. Après avoir vu le pilote, je n'aurais jamais pensé y adhérer vraiment, encore moins la savourer à ce point. 

babylon5d.jpg

Parce que si Babylon 5 n'est pas exempte de défauts, elle constitue et reste un chef d'oeuvre mythologique comme la télévision réussit à en proposer au final fort peu d'aussi bien maîtrisé et construit. Si son visuel et ses codes scénaristiques ont pu vieillir, il y a quelque chose d'intemporel, de profondément universel, dans l'histoire qui nous est relatée. En cinq saisons, dont la première fait figure d'introduction et la dernière de semi-addendum, elle nous narre l'entrée symbolique de l'humanité dans une nouvelle ère, un nouvel Âge, synonyme de maturité et de nouveaux accomplissements.

La force de Babylon 5 réside avant tout dans la richesse de l'univers re-créé. Le téléspectateur assiste fasciné à l'accomplissement d'une histoire qui semble déjà écrite, faisant de ses personnages des héros de tragédie antique, ployant sous le poids d'enjeux qui les dépassent. Au fil des saisons, les forces réellement à l'oeuvre, vertigineuses, se dévoilent peu à peu. C'est une fresque épique, ayant sa propre logique et perspective, qui s'écrit sous nos yeux. Quel plaisir de savourer la construction d'une mythologie maîtrisée par des scénaristes qui savent parfaitement où ils vont. Nulle promesse non tenue. Les rêves prémonitoires, les prophéties obscures et les déclarations clairvoyantes parsèment la série, comme autant de fragiles indices, de pièces disséminées d'un puzzle trop vaste pour que l'on en saisisse immédiatement la portée, mais qui s'assemble progressivement. Le futur s'écrit dans l'inévitabilité des parcours funestes de protagonistes auxquels semble échapper tout libre-arbitre. Derrière l'immutabilité de cette prédestination aux accents tragédiens, c'est le souffle de l'Histoire en marche qui porte cette épopée et happe un téléspectateur à la fascination grandissante. Le final de la saison 4, par l'aperçu historiographique qu'il propose, prouve bien à quel niveau narratif Babylon 5 aspire.

Certes, tout ne fut pas parfait. Globalement, la série bénéficie d'une relative innocence, voire naïveté, d'écriture qui la conduit à embrasser des canons narratifs très traditionnels. Pour autant, elle porte aussi incontestablement la marque des grandes séries. Au cours de cette plongée dans la diplomatie et la géopolitique intergalactiques, elle abordera avec une subtilité grandissante, des thématiques d'éthiques et de politiques, exploitant pleinement la liberté que lui octroie son cadre de science-fiction. Si ses figures centrales renvoient l'aura rayonnante des héros des anciennes mythologies, ce n'est pas une série manichéenne. S'attachant à progressivement nuancer les portraits qu'elle dressera, Babylon 5 est une de ces séries capables de grandir et de mûrir avec ses personnages. Les chemins parcourus respectivement par G'Kar et Londo resteront pour moi comme un symbole fascinant de cet équilibre fragile, à la fois riche et complexe, auquel parvint cette fiction.


Babylon 5 est une de ces grandes séries au visionnage indispensable. Je ne répèterai jamais assez combien je suis heureuse de m'être entêtée après un premier contact difficile. Dans le cas contraire, je serais vraiment passée à côté d'une expérience mythologique incontournable.

 

Le générique de la saison 4 :


Un rappel en musique de cette saison 4 :

22/10/2010

(UK) Spooks (MI-5) : series 9, episode 5

spooks905f.jpg

Avec ses hauts et ses bas, la neuvième saison de Spooks (MI-5) poursuit actuellement sa diffusion sur BBC1. Rassemblant un public de fidèles lui permettant de se maintenir au-dessus des 5 millions de téléspectateurs, elle s'est même offert le luxe,  lundi dernier, de repasser devant sa concurrente directe depuis 15 jours, Whitechapel, qui héberge un de ses anciens piliers, mais qui s'avère incapable de retrouver les sommets d'audience que sa première saison avait connus.

Pas de review chaque semaine, cette année, sur ce blog, par manque de temps malheureusement, mais j'avais promis de mettre en lumière les éventuels épisodes qui sortiraient du lot. Or c'est le cas de ce cinquième épisode de la saison, diffusé lundi dernier en Angleterre. Car si cette intrigue exploite une thématique et suit une dynamique, toutes deux des plus classiques, avec un scénario maîtrisé qui sonne comme un écho à une certaine tradition Spooks-ienne avec laquelle il est toujours agréable de renouer, la série délivre sans doute son plus convaincant épisode, jusqu'à présent, dans la saison.

spooks905b.jpg

Classique, cet épisode l'est par ses enjeux : des pourparlers de paix secrets relatifs au Moyen-Orient, organisés à Londres, sous la tutelle du président des Etats-Unis, et dont il faut assurer la sécurité. Tout en s'occupant des délégations israéliennes et palestiniennes, la section D du MI-5 découvre que des informations relativement à ce projet de rencontre ont fuité... Ce n'est pas seulement une journaliste anglaise qui en a eu vent, sa source se révélant située au Liban. Rapidement, il apparaît clair que certaines personnes seront prêtes à tout pour faire échec au sommet. Au milieu de camps instinctivement opposés et sur leurs gardes, alors que c'est une menace directe contre la vie du président des Etats-Unis qui paraît se préciser, le MI-5 va avoir fort à faire pour tenter de stopper l'irréparable.

Classique dans son sujet, l'épisode l'est aussi dans sa construction narrative, usant et abusant de cet art du retournement et du rebondissement si cher à la série. L'intrigue est menée promptement, sans temps mort, l'enquête progressant tout autant que se perdant en conjectures, au fil d'un épisode fort prenant. La multiplicité des intérêts en cause et l'apparition d'acteurs dont l'implication vient troubler un peu plus l'illusoire frontière manichéenne entre partisans de la paix et "terroristes", sont gérées de main de maître, portées par une tension allant crescendo. Si, avec le temps, l'art de prendre le téléspectateur à contre-pied de Spooks est devenu plus prévisible - il suffit de se demander quel twist peut paraître à la fois le plus improbable mais logique a priori, si bien que j'avais vu juste dès le départ pour l'affaire du jour -, la recette n'en demeure pas moins diablement efficace.

spooks905d.jpg

Ce qui m'a le plus enthousiasmé dans cet épisode, c'est ce diffus, mais toujours savoureux, parfum de "old Spooks" qui semblait régner sur l'intrigue du jour, dans ses thèmes comme dans la gestion de sa progression où les réflexes et les déductions instinctives des agents sont mis à rude épreuve. Plus l'histoire avance, plus elle se complexifie, l'ambition du projet final allant bien au-delà du simple empêchement de mener à bien ces pourparlers de paix. Comme toujours dans Spooks, les lignes de démarcation a priori traditionnelles sont faites pour être bouleversées ; rien n'est noir ou blanc, tout est gris et sujet à caution. Si certains rebondissements de l'intrigue peuvent paraître un peu gros, le téléspectateur se prend facilement au jeu de la tension ambiante. En effet, l'histoire est construite de telle façon qu'elle permet une escalade du suspense et des enjeux vraiment très entraînante.

L'épisode a de plus l'avantage de continuer d'installer les deux dernières recrues de la section D, Beth et Dimitri (ce dernier n'ayant guère eu l'occasion de briller pour le moment) étant envoyés sur le terrain auprès des délégations palestiniennes et israéliennes. L'ensemble propose ainsi une approche assez chorale, offrant un peu de développement à chacun des personnages. Plutôt que de se concentrer sur un seul, faisant de ceux qui l'entourent des faire-valoirs commodes, je préfère ce traitement plus égalitaire qui a l'avantage d'être homogène et de faire ressortir une forme d'esprit d'équipe qui était un des atouts traditionnels de la série.

spooks905e.jpg

Cependant, au-delà même de l'intrigue du jour, si l'épisode m'a autant plu, c'est aussi parce qu'il laisse un peu de côté l'intrigue actuellement en cours de développement, concernant les mystères de l'identité passée de Lucas, ses secrets et la dangereuse voie vers la trahison qu'il semble suivre depuis le début de la saison. Je dois bien avouer ne pas être enthousiasmée - c'est un euphémisme traduisant ma perplexité - par cette maladroite tentative de création de fil rouge pour laquelle a opté cette neuvième saison. Semblant se superposer de manière excessivement artificielle aux histoires de chaque épisode, ces questionnements sur Lucas peinent à trouver une crédibilité à mes yeux. Ils suscitent également peu d'intérêt, tant les quelques bribes d'informations, offertes au téléspectateur, le laisse dans un flou très abstrait quant à la réelle situation de l'agent du MI-5.

Au final, j'ai surtout l'impression que les scénaristes continuent de s'entêter à essayer de reproduire le coup de maître de leur saison 7, malheureusement sans en avoir matériellement les moyens au niveau des twists à leur disposition. Pour le moment, cette histoire est trop invraisemblable - tout comme la relation amoureuse parachutée pour créer une dimension émotionnelle et qui, au mieux, ne suscite qu'un désintérêt relatif. Le supposé twist de fin d'épisode m'a ainsi surtout fait lever les yeux au ciel. Peut-être que lorsque nous en saurons plus sur les tenants et aboutissants de tout cela, ces éléments disséminés tout au long de ce début de saison prendront tout leur sens et je les saluerais a posteriori... Mais pour le moment, avec ce cinquième épisode, j'ai surtout envie d'applaudir le fait que l'intrigue du jour ne se laisse pas parasiter par ces préoccupations extérieures.

spooks905c.jpg

Bilan : Classique dans les enjeux mis en scène, comme dans sa construction narrative riche en redistribution des cartes et autres rebondissements, ce cinquième épisode s'inscrit parfaitement dans une certaine tradition Spooks-ienne qu'il est toujours plaisant de retrouver ainsi mise en avant de manière convaincante. La tension va crescendo, exploitant toutes les ressources humaines de la section D. Cela donne au final un résultat particulièrement prenant et globalement bien maîtrisé, qui se concentre sur l'essentiel (les pourparlers) et délaisse ce qui semble le plus expérimental cette saison (le fil rouge).

Bref, j'ai vraiment passé un bon moment devant ma télévision !


NOTE : 8/10

20/10/2010

(K-Drama / Pilote) Fugitive : Plan B : de l'action décalée dans un registre de divertissement revendiqué


fugitiveplanb1.jpg

Une série qui était fort attendue en ce nouveau mercredi asiatique sud-coréen, puisque c'est Fugitive : Plan B qui va faire l'objet de la critique du jour. Si ce drama avait débuté sur de convaincantes bases d'audience, le situant au-dessus de la barre des 20%, le 29 septembre dernier sur KBS2, son assise populaire s'est peu à peu effritée face à la concurrence directe d'une série, toujours aussi chaotique en coulisses mais semblant s'être taillée une solide place auprès des téléspectateurs : Daemul. Si bien que l'épisode de Fugitive : Plan B de jeudi dernier dépassait tout juste les 12%, tandis que Daemul menait la tranche horaire de plus de 10 points, au-delà des 22%.

Ayant pourtant succédé au boulanger, champion hors catégorie des audiences sud-coréennes de cette année 2010, dans une case stratégique, il semble donc que Fugitive : Plan B n'ait pu capitaliser sur cette héritage et peine à satisfaire les attentes placées en elle. Il faut dire que l'extrême volatilité du ton de cette série d'action peut a priori surprendre et déstabiliser, la rendant difficilement classable. Avec un second degré plus assumée que A Man Called God (diffusée au printemps), tout en gardant un côté très cheesy et kitsch, elle suit une fine ligne d'équilibre pour tenter d'investir le créneau du divertissement rythmé et décalé. 

fugitiveplanb2.jpg

Fugitive : Plan B est une série qui se veut "fun", aussi divertissante qu'explosive, avec une touche volontairement sexy indéniable (qui se traduit notamment par l'incapacité récurrente des personnages masculins à savoir boutonner une chemise). Voici condensé le message que la scène d'ouverture du pilote délivre au téléspectateur. C'est en effet l'occasion mouvementée de faire connaissance avec Ji Woo, détectice privé exerçant son métier prohibé en marge de la loi sud-coréenne. Homme d'affaires méticuleux, le jeune homme gère avec maîtrise une entreprise florissante, basée sur une réputation solide - en dépit de son caractère occulte et des démêlés judiciaires troubles de Ji Woo - et un réseau d'informateurs fiables à travers toute l'Asie. Quelque part entre l'homme d'action prompt aux échanges musclés et un côté plus feutré aux faux airs James Bond-ien, le personnage cultive son ambivalence tout au long de ces deux premiers épisodes.

S'il demeure marqué par la mort non élucidée de son ancien associé, il y a plusieurs années, il suit un quotidien bien rôdé, fait d'enquêtes et d'aventures, d'où ressortent un attrait incontestable pour l'argent. Mais sa rencontre avec Jin Yi va l'entraîner sur une route plus dangereuse encore. Car la jeune femme, qui souhaite l'engager, vit dans des eaux particulièrement troubles, fuyant un passé ensanglanté où ses proches ont été tous decimés avec des morts très suspectes. Une nouvelle énième tentative d'assassinat, commanditée depuis le Japon, témoigne d'ailleurs de la précarité de son existence. Amorçant les débuts d'une longue fuite, loin de ses meutriers pour Jin Yi et loin des autorités pour Ji Woo, c'est finalement dans une chasse au trésor d'un genre un peu à part, en quête d'un argent ayant disparu durant la Guerre de Corée, que tous ces protagonistes vont se retrouver entraînés... 

fugitiveplanbe.jpg

Paradoxalement, si ces deux premiers épisodes de Fugitive : Plan B se révèlent particulièrement rythmés, peu avares en scènes d'actions assumant tous les clichés du genre, et prompts à recourir à des ruptures de narration des plus dynamiques, ils apparaissent au final également relativement creux dans leur contenu, laissant les enjeux progressivement s'installer sans pour autant vraiment centrer le coeur de la série sur ceux-ci. En un sens, cette approche est significative de la réelle ambition de ce drama : offrir une série permettant de se divertir sans arrière-pensée devant son petit écran. Il s'agit de se faire plaisir, et pour cela, Fugitive : Plan B ne va pas hésiter pas à verser dans une surenchère revendiquée, portée par des situations et des protagonistes clinquants à souhait.

Les premières scènes donnent d'ailleurs immédiatement le ton, avec une course poursuite aussi musclée qu'irréaliste, agrémentée de plans qui vous indique clairement que les amateurs de vraies sensations fortes et de suspense peuvent passer leur chemin. Fugitive : Plan B est certes une série d'action, mais elle est volontairement débridée et refuse crânement tout rigueur. Cela lui permet d'éviter l'écueil qui aurait été de se prendre trop au sérieux. Chacun est conscient du manque de réalisme de l'ensemble, mais l'assume et investit un second degré salvateur. Cette impression est d'ailleurs renforcée par l'alternance perpétuelle des tons, passant d'un instant sérieux à connotation dramatique à une mimique comique et burlesque en un clignement d'oeil. Le cocktail est difficile à cerner, laissant trop souvent le téléspectateur en porte-à-faux, mais le maître-mot des scénaristes semble bien être de s'amuser.

fugitiveplanbc.jpg

 Derrière ces allures finalement très cheesy, mais non dépourvues d'un certain charme, Fugitive : Plan B donne un peu l'impression d'évoluer constamment sur une corde raide, s'attachant à maintenir un équilibre fragile dans cette succession, spontanée et vaguement désordonnée, de changements de tonalités, entre passages excessivement légers et moments beaucoup plus pesants. Même si les enjeux apparaissent encore trop comme un tableau flou accroché en arrière-plan, il est cependant assez facile de se prendre au jeu des rebondissements multiples, des mystères et questions qui s'esquissent et de l'action qui semble omniprésente. Série résolument polyglotte, naviguant entre quatre langues (coréen/japonais/chinois/anglais), Fugitive : Plan B aère l'esprit et promène ses téléspectateurs, les invitant à l'aventure.

Si ces deux premiers épisodes introduisent l'ensemble des protagonistes, prenant soin de les situer dans la partie d'échecs létale en cours, c'est assurément sur les épaules de Ji Woo que repose l'ensemble de la série. Figure centrale ambiguë, aussi charmeur que théâtral, il cultive avec soin une fausse désinvolture qui ne laisse entrevoir que par éclipse quelques failles plus sombres, notamment concernant la mort de son ancien associé. C'est par lui que le téléspectateur est introduit dans ce quotidien mouvementé que la rencontre avec Jin Yi va encore plus complexifier. En somme, il constitue la clé d'entrée dans la série ; et c'est sans doute là que se situe l'origine de mes difficultés pour rentrer dans l'histoire. En effet, excessivement versatile, inconstant, artificiel et excessif, ce personnage principal ne m'a convaincue que par de trop brèves intermittences.

fugitiveplanba.jpg

Sur la forme, Fugitive : Plan B conserve un peu la même ambivalence que sur le fond. Classique, voire kitsch, dans certaines scènes d'actions, elle n'hésite pas à revoir ses ambitions à la hausse par moment, s'attachant à exploiter pleinement ses atours internationaux, dans les voyages comme dans les enchaînements de plans à travers l'Asie. Au final, ce n'est pas désagrable à suivre et donne finalement une identité visuelle entre-deux à ce drama. Pour ce qui est de la bande-son, j'avoue qu'elle m'a assez peu marquée, trop souvent effacée pour le moment.

Côté casting, les noms sont accrocheurs, mais tout le monde n'a pas encore trouvé ses marques. Cependant j'avoue être un peu embarassée de l'impossible objectivité avec laquelle j'ai visionné ces deux premiers épisodes. Peut-être le contenu un peu creux de la narration m'a-t-il conduit à me concentrer sur d'autres préoccupations que l'histoire ; d'autant que dans ces cas-là, trop souvent, les failles du scénario se reflètent sur la performance du casting. Si je n'ai jamais vu Full House, j'avais en revanche gardé de relatifs (très) mauvais souvenirs de ma première rencontre avec Rain dans A love to kill - ce fut le premier k-drama que j'ai jamais visionné, il y a de cela déjà plusieurs années et, à l'époque, cette expérience ratée faillit bien me convaincre de ne plus jamais tenter d'excursion aventureuse dans les programmes sud-coréens. Et, malheureusement, Fugitive : Plan B m'a rappelé pourquoi je n'avais pas aimé Rain à l'époque. En fait, ce n'était pas un problème de choc culturel/découverte des k-drama, c'est juste une réaction épidermique qui manque peut-être de rationnalité : j'ai beaucoup de mal à me faire à son (sur-)jeu d'acteur. Si bien que cela n'a pas facilité mes rapports avec cette série. Et ce, en dépit d'une Lee Na Young (Ireland) qui ne manque pas de classe à l'écran, parfaitement adéquate à son rôle. Lee Jung Jin (Love Story in Harvard, I love you, don't cry), en policier volontaire, impose une présence naturelle dans ses scènes, et il forme surtout un duo assez sympathique avec la pétillante Yoon Jin Seo (The Return of Iljimae), qui est une actrice pour qui j'ai beaucoup d'affection. Enfin, Daniel Henney (Spring Waltz) - parlant plus anglais (avec l'avantage d'être compréhensible, à la différence des autres acteurs) que coréen - a, lui, juste besoin de faire acte de présence pour me combler (ce qui n'a pas grand chose à voir avec un éventuel jeu d'acteur, je le confesse). En résumé, c'est plutôt le casting secondaire qui pourrait me convaincre de poursuivre ce drama.

fugitiveplanbf.jpg

Bilan : Divertissement calibré, décalé et musclé, Fugitive : Plan B est une série d'action rythmée qui assume un second degré sur lequel elle joue beaucoup. Privilégiant les ruptures narratives et les rebondissements plutôt qu'un réel travail sur une intrigue principale encore très floue, cette série apparaît comme une invitation à se détendre. Mais derrière ces surenchères, tout sonne malheureusement un peu trop creux, manquant encore de consistance. Ce n'est pas déplaisant à suivre, mais avec une certaine distance et sans marquer le téléspectateur. Le genre de série qui se visionne sans conséquence, et dont on peine ensuite à expliquer le pourquoi. Pour les amateurs de cette alternance de tons particulière et pour ceux qui recherchent un drama contemporain qui tranche avec les sacro-saintes comédies romantiques du pays du Matin Calme, Fugitive : Plan B pourra peut-être convenir. En ce qui me concerne, j'avoue fortement hésiter à continuer ma découverte.


NOTE : 5/10


Une bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :


17/10/2010

(Pilote UK) Lip Service : The L Word à Glasgow ?

lipservicea.jpg

Si la semaine dernière britannique fut riche en émotions, entre drames humains ou policiers, BBC3 se chargea cependant d'y apporter une touche de légèreté plus romancée en débutant, ce mardi 12 octobre, la diffusion de son nouveau drama sentimental, Lip Service. Si la grisaille écossaise - et certains accents caractéristiques de cette partie du Royaume-Uni - avait succédé à la chaleur californienne, la lecture du concept de départ amenait naturellement à dresser un parallèle avec la seule série ayant marqué le créneau dans lequel Lip Service prétendait s'affirmer, The L Word.

Je n'ai pas vu suffisamment d'épisodes de cette dernière pour me risquer à opérer des comparaisons au-delà du seul rapprochement des synopsis. Cependant, pour explorer la question du traitement de cette thématique à la télévision américaine, je vous conseille la lecture de cet intéressant article publié sur God Save My Screen, cette semaine : L'homosexualité féminine dans les séries américaines. Restait qu'a priori, suivre les (més)aventures sentimentales d'un groupe de lesbiennes et de leurs amis, pouvait déboucher sur un drama relationnel plaisant. De ce premier contact un peu brouillon qu'offre le pilote, un élément central semble encore à travailler : développer une dimension humaine attachante.

lipservicef.jpg

Optant pour un cadre géographique plutôt original et dépaysant, loin de Londres, c'est la ville de Glasgow, en Ecosse, que Lip Service a choisi pour cadre, afin de nous relater les vies amoureuses, plus contrariées qu'épanouies, de plusieurs personnages lesbiens et de leur entourage. Après une scène d'introduction pouvant s'interpréter, soit comme une façon peu subtile et un brin maladroite de donner immédiatement le ton de la série, soit comme un clin d'oeil provocateur gratuit, le pilote s'ouvre sur le retour au pays de la fille prodigue, partie précipitamment aux Etats-Unis deux ans auparavant, Frankie. Juste avant de mourir, sa tante, seule membre de sa famille dont elle fut proche depuis la mort de ses parents, lui a laissé un étrange message mystérieux sur son répondeur. C'est autant pour assister aux funérailles que pour tenter comprendre le sens de ces derniers propos bouleversés que Frankie s'envole donc pour Glasgow.

La jeune femme retrouve sur place son groupe d'amis tel qu'elle l'a laissé, mais surtout son ex-petite amie/meilleure amie, Cat, avec qui elle a rompu de manière très cavalière il y a deux ans. Cette dernière, le coeur toujours brisé, demeure marquée par cette relation qui s'est si mal terminée, si bien qu'elle en est tout juste au stade d'envisager d'aller à nouveaau de l'avant. Le retour de Frankie ne va-t-il pas ré-ouvrir ses anciennes blessures, alors même que Cat vient tout juste d'accepter un dîner avec une policière ? Reste qu'elle n'est pas la seule à souffrir de déboires amoureux. Sa rafraîchissante collocataire, Tess, ne trouve ainsi pas de meilleure idée que d'entrer par effraction chez son ex-petite amie, afin de récupérer une robe lui appartenant, découvrant au passage, de façon très humiliante, que son ex la trompait et sortait avec sa nouvelle compagne bien avant qu'elles ne rompent officiellement. Tandis que le frère de Cat s'apparente à un soupirant à la cause désespérée, mais toujours prêt à aider, face à une Tess qui ne semble jamais voir les attentions dont elle peut faire l'objet, l'horizon amoureux de la jeune femme s'éclaircit lorsqu'elle rencontre une présentatrice télé qui craque instantanément pour elle.

Ce sont donc les péripéties amoureuses et les dynamiques relationnelles existant au sein de ce cercle de jeunes gens, entre amitié et amours, que Lip Service se propose de nous faire vivre.

lipservicee.jpg

Faisant preuve de beaucoup d'application pour installer et développer rapidement les dynamiques relationnelles existant entre ses personnages, ce pilote laisse cependant une impression mitigée. S'il n'hésite pas à dépeindre des situations un peu excessives, tendant souvent vers un rocambolesque vaudevillesque, mais qui sonne parfois un peu creux, l'ensemble souffre surtout d'une relative prévisibilité. Certes, le rythme de narration de ce premier épisode s'avère maîtrisé, mais c'est surtout son inconstance qualitative qui le caractérise. Toutes ces interactions, aussi diversifiées qu'elles soient, paraissent manquer d'un élément essentiel dans ce genre de série : cette authenticité vitale et nécessaire qui lui donne une âme. Peinant à trouver le ton juste, Lip Service souffre, de façon assez paradoxale pour une série basée sur du relationnel, d'un déficit de dimension humaine. Un défaut que l'installation progressive des protagonistes, au fil des épisodes, pourrait permettre d'atténuer ou de corriger.

Le contenu mitigé de ce pilote est un peu à l'image de ses personnages. Figure introductive et centrale, Frankie demeure pour le moment difficile à cerner. Très impulsive, dotée d'un caractère affirmé et d'une certaine tendance à l'auto-destruction, elle impose sans difficulté une présence forte à l'écran. Cependant le téléspectateur peine à se lier immédiatement à ce personnage ambiguë. Peut-être le temps permettra-t-il de mieux appréhender son intensité. Sa relation avec Cat s'inscrit dans cette même lignée, alternant des passages inspirés et qui sonnent justes, et d'autres qui paraissent trop forcés. Tout cela manque de spontanéité. La seule à tirer son épingle de la distribution, dans ce pilote, est Tess. Derrière ses discours désillusionnés, on s'attache plus facilement à cette jeune femme portée par une énergie irrésistible, qui vascille quelque fois, mais ne semble jamais faiblir.

Inconstante qualitativement, dans son traitement des personnages comme de leurs rapports, l'objectif premier, pour Lip Service, semble devoir être de gagner en subtilité pour réussir à s'humaniser d'avantage dans les prochains épisodes.

lipservicec.jpg

Sur la forme, il y a relativement peu à dire. La réalisation, classique et sans prise d'initiative particulière, bénéficie surtout du cadre de la ville de Glasgow ; ce qui lui permet de nous proposer quelques défilés d'images, façon carte postale, durant les transitions entre certaines scènes.

Enfin, côté casting, chacun prend peu à peu ses marques et personne ne sort réellement du lot, proposant des prestations homogènes. On retrouve notamment à l'affiche Ruta Gedmintas, Laura Fraser (Rita dans Single Father dimanche dernier, Conviction), Fiona Button (The Palace) ou encore Emun Elliott (Paradox).

lipserviced.jpg

Bilan :  Si sa galerie de personnages, diversifiés et aux caractères bien affirmés, semble offrir une base intéressante à exploiter à Lip Service, il faudra, pour fonder dans la durée un drama relationnel réellement abouti, que la série travaille sa capacité à retranscrire, avec le ton juste et plus de spontanéité et de naturel, les histoires mises en scène. Sans être déplaisant à suivre, ni manquer de rythme, ce pilote a peut-être voulu trop en faire pour installer immédiatement l'ambiance de la série, d'où l'impression un peu brouillonne et parfois très forcée qui s'en dégage. Le décor étant désormais posé et les personnages introduits, c'est à l'écriture de mûrir et de s'affiner pour permettre à Lip Service de grandir. Ou du moins pour devenir un divertissement auquel on peut s'attacher.


NOTE : 5/10


Un extrait du premier épisode :

16/10/2010

[TV Meme] Day 9. Best scene ever.

Ce jour du TV Meme est sans doute le plus difficile à trancher. Car il existe mille et une raisons différentes de mettre en lumière des dizaines de scènes toutes aussi magistrales, s'inscrivant dans des registres différents, mais provoquant ce même ressenti de frisson devant son petit écran, accompagnant le téléphage qui a pleinement conscience d'assister à un passage particulier de sa série, au cours duquel cette dernière l'emporte encore plus loin dans le travail et le soin qu'elle accorde à sa mise en scène.

J'aurais pu choisir des scènes pour leur intensité dramatique ou émotionnelle, pour le montage et la réalisation qui les subliment... Celle sur laquelle mon choix s'est finalement arrêté s'inscrit pleinement dans un mélange de cette lignée. Elle a de plus le bénéfice de l'ancienneté. Car elle est issue de la saison 1 d'une série qui a été ma première rencontre avec le câble américaine. Elle m'a ouvert des horizons téléphagiques dont j'ignorais l'existence avant elle. (Pour l'anecdote, c'est aussi la première série que j'ai pu suivre régulièrement en VOST via des VHS (oui, c'était un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître).)

sopranos.jpg

Au cours de cette première incursion, parmi tous les indices qui m'indiquaient que j'avais pénétré dans une autre dimension de la téléphagie, figurent des scènes admirables d'inspiration et de maîtrise, offrant au téléspectateur de vrais instants de jubilation devant son petit écran.

C'est notamment le cas de la scène que j'ai choisie. Elle conclut le sixième épisode de la saison 1, Pax Soprana. Dans la suite d'un grand hôtel, Junior est intronisé officiellement comme le nouveau chef de l'organisation, devant tous ses  lieutenants (capi) réunis. Tony porte alors un toast à l'avènement de son oncle. Et tandis que tous les capi lèvent leur verre en l'honneur de Junior, un serveur, portant une caméra, mitraille la scène de photos qui vont attérir directement aux bureaux du FBI dont l'étau fédéral continue de se resserrer sur les mafieux, scellant ainsi, dès les débuts, la fin du nouveau règne.

Porté par une musique fascinante, ce passage est un modèle de réussite de réalisation, soulignant, par une mise en scène hautement symbolique mais sachant rester sobre, toutes les ambiguïtés inhérentes à cet évènement. L'ambivalence de cette promotion orchestrée de Junior dont la précarité témoigne de la vanité. L'ambivalence des rapports, entre liens familiaux et ambitions personnelles, qu'entretiennent Tony et Junior.


Est-ce que cette scène n'est pas magistrale ?

The Sopranos - Saison 1, Episode 6 : Pax Soprana