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30/01/2011

(Mini-série UK) Orgueil & Préjugés (Pride & Prejudice) : period drama culte, entre portrait historique et initiation sentimentale



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Attention, objet téléphagique culte aujourd'hui ! Le discours d'un roi sortant ce mercredi dans les salles cinématographiques françaises (et comme je ne vais pas revenir sur le contexte historique du 1er XXe siècle anglais qui doit être maîtrisé par tout lecteur régulier de ce blog, au vu du nombre de fictions croisées sur le sujet au cours des derniers mois), c'est l'occasion d'évoquer une mini-série dont le nom d'un des personnages restera sans doute encore pour longtemps associé à Colin Firth. Car cette semaine, j'ai retrouvé dans ma DVDthèque un classique parmi les classiques, indémodable par excellence : Pride & Prejudice (Orgueil & Préjugés).

C'est que je vous parle de séries anglaises depuis presque un an et demi maintenant. Nous avons exploré ensemble les années 90, et même des productions antérieures. Et, tout en vous confiant mon amour pour les costume dramas, je n'avais encore jamais pris le temps de m'arrêter sur cet incontournable bijou du petit écran britannique. Cette mini-série marquante à laquelle notre esprit revient comme un réflexe lorsque sont prononcés les mots magiques "period drama". Il était donc grand temps de réparer cet oubli.

S'attaquer à un classique, c'est toujours un peu intimidant. J'avoue que ce n'est pas sans une certaine appréhension que je me suis lancée dans la rédaction de cette critique. Mais je vais quand même essayer de vous expliquer pourquoi, à mes yeux de modeste téléphage, Pride & Prejudice représente et incarne tout le savoir-faire anglais des adaptations littéraires, et bien plus encore...Une série intemporelle qui fait partie de ces quelques productions télévisées dont tout anglophile se doit d'avoir le coffret dans sa DVDthèque.

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L'histoire est connue, que l'on en ait vu au moins une adaptation ou que l'on ait croisé des références dans d'autres oeuvres télévisées ou littéraires, à défaut d'avoir lu le livre original, un classique de la littérature anglaise de Jane Austen, rédigé à la fin du XVIIIe / début du XIXe siècle. Disposant de six épisodes pour reprendre et s'approprier les grandes trames du livre, cette mini-série, diffusée en 1995 par la BBC, reste sans doute l'adaptation la plus fidèle à l'esprit et au récit d'origine. Rappelons cependant les quelques bases de cette fiction...

Pride & Prejudice débute à Longbourn, un petit bourg du Hertfordshire perdu dans la campagne anglaise, sous le règne du roi George III. Elle nous introduit auprès de la famille Bennet, qui vit dans un relatif confort et goûte à une vie rythmée par les bals au sein de la bonne société provinciale. Mais Mr et Mrs Bennet  n'ont eu que des filles, ce qui compromet leur avenir, la demeure familiale étant destinée par dispositions testamentaires à un héritier mâle. Mrs Bennet n'entend cependant pas laisser leur situation patrimoniale se dégrader sans rien faire et elle veut tout faire pour assurer l'avenir de ses cinq filles, toutes très différentes, le sérieux des aînées tranchant avec l'insouciance inconsciente des benjamines. C'est donc par le mariage que leur mère veut faire passer leur salut.

C'est pourquoi le jour où Mrs Bennet apprend que le domaine de Netherfield a été loué par un riche jeune homme célibataire, elle s'active pour organiser une rencontre, espérant qu'une de ses filles pourrait séduire ce parti très intéressant. Mais si Mr Bingley se révèle être un gentleman charmant et courtois, qui n'est d'ailleurs pas indifférent à Jane, ses soeurs s'avèrent bien plus hostiles, tandis son meilleur ami, Mr Darcy, certes immensément riche, adopte une attitude hautaine et dédaigneuse face à la société provinciale locale qui déplaît fortement.  

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Si Pride & Prejudice conserve une aura toujours aussi fascinante sur le téléspectateur, c'est qu'elle va parvenir à pleinement s'approprier la diversité des thématiques abordées par ce récit. Car avant d'être une histoire sentimentale universelle, cette fiction s'impose d'abord par sa portée historique et sociologique. En effet, la mini-série s'attache à refléter fidèlement l'esprit d'une époque et d'un milieu tel qu'avait su parfaitement le capturer et le retranscrire Jane Austen. On ne peut qu'être frappé par le soin avec lequel est ainsi ciselé le portrait, vivant et nuancé, de cette société provinciale. Les détails et anecdotes ont ce parfum d'authenticité propre au vécu romancé qu'un auteur va réussir à mettre en scène ; parvenir à le transposer à l'écran sans lui faire perdre cette richesse est une belle réussite. Ainsi, la force de cet instantané social va être de souligner, avec finesse et précision, sans complaisance, mais sans non plus se départir d'une certaine distance où se glissent les accents plus légers de la comédie, les caractéristiques, tout autant que les travers et les ridigidités, d'une époque. 

La fascination qu'exerce cette reconstitution minutieuse s'explique en partie par la vitalité rare qui émane de l'ensemble. En effet, Pride & Prejudice excelle dans l'art d'alterner et de manier des tonalités différentes qui se marient parfaitement entre elles. Le caractère solennel, voire pesant, de certains passages, portés par l'intensité des confrontations ou l'attitude proprement odieuse de certains protagonistes, ne l'empêchera pas de verser également dans une dynamique rafraîchissante, durant laquelle la narration adopte des accents plus malicieux, voire pétillants. Le récit nous immerge dans les préoccupations et les règles de ce milieu, tout en conservant toujours un certain recul par rapport à son sujet. Le personnage d'Elizabeth, dont l'indépendance et la liberté d'esprit marquent, permet de prendre une distance par rapport à ces mises en scène symboliques d'une époque. Oscillant entre critique subtile et tendre caractérisation, perce alors dans ce récit un humour parcimonieusement distillé à travers quelques scènes absolument jubilatoires. Cela donne à la mini-série  une saveur toute particulière à apprécier.

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Mais si Pride & Prejudice demeure une histoire qui conserve une place à part dans le coeur de bien des anglophiles, c'est aussi parce qu'elle ne se résume pas seulement à ces aspects sociologiques et historiques : elle doit sa pérennité à sa dimension humaine et sentimentale. C'est une oeuvre d'accomplissement personnel qui sonne juste, dans laquelle on suit, au milieu d'une galerie bigarrée de personnages, deux protagonistes majeurs : Elizabeth et Mr Darcy. S'il est aisé de se prendre d'affection pour Elizabeth et de s'identifier, encore deux siècles après, aux préoccupations et à la vivacité d'esprit de la jeune femme, Mr Darcy conserve lui une part d'ambiguïté qui en fait tout le charme. On est naturellement enclin à partager avec l'héroïne l'antipathie que suscite son comportement orgueilleux. Mais la force du récit va être de ne jamais verser dans des portraits unidimensionnels. Car, nous avons là une invitation à aller au-delà des premières impressions. Son ambivalence confère à Mr Darcy une épaisseur et une consistance que la mini-série va pleinement réussir à retranscrire avec subtilité, trouvant le juste équilibre entre l'image initialement renvoyée et la progressive ouverture du personnage : il finit par intriguer autant que fasciner.

Au-delà de ses personnages marquants, Pride & Prejudice est une histoire d'amour, ou plus précisément une initiation sentimentale. Si ce récit passé fait aussi intensément vibrer une fibre émotionnelle particulière dans le coeur des téléspectateurs modernes, c'est parce que son authenticité trouve toujours une résonnance de nos jours. Pride & Prejudice, ce n'est pas l'utopie d'un coup de foudre ou la superficialité d'élans amoureux versatiles. C'est au contraire le récit crédible de la construction progressive d'une relation : une évolution des sentiments qui se justifie par le fait que chacun apprend peu à peu à connaître l'autre. C'est une histoire presque initiatique, celle d'une réalisation sentimentale, encadrée par des convenances sociales qui lui permettent de se concentrer sur l'essentiel et de pleinement exploiter la tension qui s'installe entre Elizabeth et Mr Darcy. Les lois du coeur ont leurs secrets, et les deux protagonistes principaux n'en sont pas maître.

Devant ce récit dépourvu de tout artifice ou de toute mièvrerie inutile, on a avant tout la sensation de voire mis à nus l'insaisissable mécanique des sentiments. Si la mini-série fascine et touche aussi profondément, c'est tout simplement en raison de la crédibilité rare dont bénéficie l'ensemble par sa retenue et sa justesse. Il y a quelque chose d'universel, d'intemporel, dans l'histoire ainsi mise en scène, qui fait que l'on ne peut y rester insensible.

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Sur la forme, Pride & Prejudice bénéficie d'un accompagnement musical classique des plus appropriés, avec un thème introductif que l'on identifie rapidement à la mini-série. Adoptant une photographie d'image toujours très claire, la caméra est assez vive, n'hésitant pas à multiplier les angles durant une même scène. Certes la réalisation est datée, la fiction ayant été diffusée au milieu des années 90 : elle n'éblouira pas un téléspectateur moderne habitué de ce genre de production. Pour autant, par la sobriété adéquate qu'elle avait opportunément adopté à l'époque, tout en ayant su parfaitement exploiter le paysage de la campagne anglaise dès qu'elle en avait l'occasion, Pride & Prejudice demeure une oeuvre pleinement aboutie sur un plan formel, n'ayant aucun mal à accrocher un regard moderne.

Enfin, la mini-série n'aurait sans doute pas atteint la dimension qui est la sienne sans le casting solide et convaincant qui l'a portée. Jennifer Ehle apporte une vitalité, mêlant malice et sérieux, à un personnage d'Elizabeth Bennet que l'on apprécie instantanément. Ayant un rôle plus complexe, Colin Firth se révèle parfait pour incarner ce Mr Darcy si fier, surpris par l'amour et la force des sentiments. Il propose une interprétation très inspirée qui se nuance peu à peu. Il faut souligner que les deux acteurs ont une réelle alchimie entre eux, et leurs scènes, pourtant toujours toutes en retenue, laissent transparaître une intensité émotionnelle troublante qui ne peut que toucher le téléspectateur. A côté de ce couple central, on retrouve toute une galerie d'acteurs tous aussi impliqués et convaincants, parmi lesquels Susannah Harker (House of Cards, Ultraviolet), Julia Sawalha (Absolutely Fabulous, Cranford, Lark rise to Candleford), Alison Steadman (Gavin & Stacey), Benjamin Whitrow (Chancer), Crispin Bonham-Carter, Polly Maberly, Lucy Briers, Anna Chancellor (Suburban Shoutout, Spooks), Lucy Robinson (Suburban Shoutout), Adrian Lukis (The Bill), David Bamber (Collision) ou encore Lucy Scott.

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Bilan : Entre oeuvre sociologique et initiation sentimentale, entre reconstitution historique et histoire d'amour, Pride & Prejudice est un récit universel et intemporel qui ne peut laisser insensible et dont cette adaptation parvient à mettre parfaitement en valeur l'intensité et la force de ses dimensions tant humaine qu'émotionnelle. De ce portrait vivant et détaillé, on retiendra la facilité avec laquelle la mini-série réussit à alterner les tonalités, capable de mettre en scène avant autant de brio les tensions comme les passages plus légers, où pointe, derrière ce diffus parfum caractéristique de la comédie, une malice savoureuse. Bénéficiant d'une construction homogène répartie sur six épisodes, cette fiction télévisée est fidèle à l'esprit de l'oeuvre d'origine, tout en y apposant sa marque.

Au final, redécouvrir en 2011 cette adaptation de Pride & Prejudice datant de 1995, c'est constater que cette version mérite assurément le statut qu'elle a acquis dans le coeur de nombreux téléspectateurs. Devenue un classique d'un genre auquel elle a donné justement quelques belles lettres de noblesse, elle demeure un des period drama de référence. Incontournable.


NOTE : 9/10


La bande-annonce :



Extrait - La danse :



Extrait - La scène du lac :

29/01/2011

[TV Meme] Day 22. Favorite series finale.

Bien conclure une série, cela peut-être quelque chose de fondamental pour la postérité de la fiction. Trop nombreuses sont les oeuvres dont les annulations non anticipées auront précipité une fin abrupte, bâclée, voire inexistante. Trop souvent assiste-t-on le coeur serré à la trop lente agonie d'un concept exploité jusqu'à son dernier souffle, pour le voir se conclure dans un soulagement chargé d'amertume. Or une fin réussie, au-delà de tout ce qui a pu faire l'identité de la série, c'est aussi l'image qui pourra rester gravée dans la mémoire téléphage. Je ne suis pas une grande fan de Six Feet Under, mais j'ai pris le temps de visionner le dernier épisode et j'ai été submergé émotionnellement par une conclusion superbe, avec une musique qui y restera pendant longtemps associé. Si bien que même si j'ai gardé une opinion nuancée sur la série elle-même, ses dernières minutes viennent éclipser le reste dans mes souvenirs, me donnant juste envie de tirer mon chapeau à l'oeuvre dans son ensemble.

Six Feet Under (HBO, 2001 - 2005) :


Schématiquement, il existe deux grandes voies pour amorcer ce tournant final. La plus sobre consiste à simplement quitter des protagonistes dont on a partagé le quotidien pendant des années et qui vont poursuivre leur routine inchangée loin des caméras, sans plus de témoin pour assister à une vie qui certes aura évolué au fil des saisons mais dont l'essence et la dynamique demeurent. La seconde possibilité est celle du choix d'une rupture : la série ne redonne pas une intimité à ses personnages, elle va amener son récit à une conclusion définitive.  La première voie donne l'impression de refermer un chapitre de l'histoire ; la seconde, le livre dans son entier.

Dans la première option, il y a une fin en particulier à laquelle je pense. Celle à l'apparence la plus anecdotique qui soit, mais qui a su marquer, justement pour cette raison, des téléspectateurs qui avaient peut-être imaginer d'autres plans qu'une conclusion aussi ouverte laissant libre court à leur imagination sur l'issue de ce dîner familial - anecdotique ou fatal - au restaurant. Une scène de fin qui met en exergue des petits détails du quotidien sans lien entre eux a priori. Il s'agit évidemment de la conclusion des Sopranos.

Les Sopranos (HBO, 1999 - 2007)


Parmi ces fins ouvertes toujours, certaines font ressentir de façon bien plus marquée que l'on achève un tome de l'histoire. La série The West Wing (A la Maison Blanche), par la transition qu'elle opère dans ces derniers épisodes avec le nouveau président élu, adopte cette position. La dernière scène est hautement symbolique, dévoilant encadrée la serviette où Léo McGarry avait écrit, une décennie plus tôt, le premier slogan électoral qui allait lancer le gouverneur Bartlet dans l'investiture démocrate : juste parfait.

The West Wing (NBC, 1999 - 2006)

 

Sur la seconde voie, celle de la complète rupture avec le cadre narratif existant jusqu'alors, les scénaristes ont plusieurs options. Ils peuvent bouleverser les cadres de leurs protagonistes, comme pour la fin de Friends par exemple, ou ils peuvent choisir de faire coïncider la fin de la série avec la fin de leurs personnages, en accompagnant certains jusqu'au bout. Six Feet Under est sans doute l'exemple type, mais d'autres séries suivirent cette voie dans une moindre mesure, comme Dawson.

Cependant, toujours dans cette même optique, je pense que les fins de séries qui m'ont le plus convaincue et marquée sont celles qu'ont réussi certaines séries mythologiques. Parce que de façon encore plus perceptible que pour les autres, ces dernières s'inscrivent dans un cycle prédéterminé, où l'on ressent plus fortement - émotionnellement comme intellectuellement - que c'est une oeuvre à part entière, homogène et complète, qui s'achève sous nos yeux.

Parmi ces séries mythologiques, je peux difficilement passer sous silence Babylon 5. Avec un bémol cependant, car elle ne sera pas l'élue du jour. La conclusion de la saison 5 est certes dans la droite lignée de ce que l'on pouvait attendre de la série, adoptant un classicisme parfait, entre formalisme et symbolique, dans lequel s'expriment toutes les forces de la série. Mais la meilleure fin de Babylon 5, celle qui aurait dû conclure vraiment la série si elle n'avait pas finalement obtenu une saison 5, celle qui était la plus aboutie que j'ai pu voir à ce jour à la télévision, est celle qui conclut la saison 4. Elle propose une approche historiographique fascinante, nous dévoilant la poursuite du Nouvel Âge inauguré par nos héros, s'intéressant à leur mémoire jusqu'à la fin de ce cycle... Lorsqu'à leur tour, les humains abandonneront la galaxie dans un futur lointain. A voir défiler ainsi les images et les époques, les points de vue polémique, scientifique, religieux... C'est l'épisode dans son ensemble qui constitue un grand moment de télévision. Qui ne peut malheureusement être comptabilisé aujourd'hui.

Babylon 5, fin de la saison 4

 

Finalement, après bien des tergiversations, mon choix s'est arrêté sur le dernier series finale à m'avoir marquée. Une conclusion mythologique diffusée l'an passé, chargée d'une intensité émotionnelle soufflante et venant clôturer une franchise qui mérite assurément une mention dans ce Tv Meme. Il s'agit du final de Ashes to Ashes.

Ashes to Ashes (BBC1, 2008 - 2010)

Je pense avoir déjà tout écrit sur ce final à l'époque de sa diffusion. Je ne l'ai pas revu depuis ; même si je rêve de trouver le temps de revisionner l'intégralité de Life on Mars et Ashes to Ashes. Je vous renvoie donc simplement à ma review d'alors : Ashes to Ashes, series 3, episode 8 (series finale).

 

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That's all folks !

28/01/2011

(UK) Being Human, series 3, episode 1 : Lia

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Dimanche soir dernier commençait sur BBC3 la saison 3 de Being Human (la vraie version). A la différence de l'an dernier, je n'ai plus le temps de me consacrer à des reviews épisode par épisode ; mais je vous propose d'adopter le même système que pour Spooks (MI-5) cet automne : une review si jamais l'épisode de la semaine s'avère marquant - soyons optimiste, dans un sens positif ! - et un bilan en fin de diffusion pour faire le point sur la saison entière.

J'avoue que j'étais plutôt impatiente et assez contente de retrouver Being Human. Si je reconnais sans peine les insuffisances et inégalités qualitatives récurrentes qui parsèment la série, je me suis mine de rien très attachée à cette fiction, à ses personnages comme à son casting. C'est un divertissement honnête, sans prétention, dont la force majeure reste l'empathie que ses thèmes sont capables de susciter. Au fond elle me donne souvent l'impression de constamment verser dans une sorte de narration expérimentale, d'où sortent indistinctement de superbes scènes et d'autres plus confuses. Mais le téléspectateur sait à quoi s'attendre quand il s'installe devant Being Human ; et ces débuts vont parfaitement illustrer les hauts - mais aussi les bémols inhérents - de la série, pour offrir une entrée en matière plutôt réussie.

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Ce premier épisode a pour objet principal de boucler les éléments encore en suspens de la saison passée, tout en posant les fondations des intrigues à venir. L'enjeu n'est pas tant d'assurer une transition travaillée que de se tourner vers le futur. Ainsi, l'emménagement dans une nouvelle ville -  qui s'explique dans la réalité par un déménagement du tournage à Cardiff - est géré de manière relativement expéditive et anecdotique : tout le monde a déjà trouvé un travail à l'hôpital de la ville ; et la maison qu'ils découvrent offre tous les avantages pratiques auxquels ils pourraient aspirer, à commencer par une pièce au sous-sol insonorisée qui intéresse forcément les loup-garous de la maison. De même, la gestion du "pseudo" cliffhanger de fin de saison dernière n'apparaît jamais véritablement comme un enjeu central : le retour d'Annie ne fait aucun doute, c'est plutôt la façon dont il va s'effectuer qui retient l'attention.

Et dans cette storyline, Being Human fait du Being Human. A défaut d'être réellement solide ou travaillée, elle s'approprie une mythologie minimaliste à la simplicité un brin désarmante, mais qui a au moins le mérite de ne pas parasiter inutilement le récit. Elle préfère se concentrer sur l'essentiel : prendre un tournant introspectif, en explorant plus avant les états d'âme d'un personnage, en l'occurence Mitchell. Le purgatoire d'Annie se transforme en douloureux retour sur certains crimes passés du vampire. On retrouve ici ce thème familier du décalage entre les aspirations utopiques des personnages à l'humanité et la nature qui les rattrape, mais qui ne doit pas les déresponsabiliser pour autant. La force de ce passage est de ne jamais prendre une tournure expiatoire. D'autant que l'épisode met bien l'accent sur un point de non retour franchi l'an passé : une rupture nette avec ses rêves d'humanité a eu lieu durant ce massacre dans le train, dont l'omniprésence jusque dans les infos qui tournent en boucle sur BBC News indique bien que les faits vont hanter toute la saison.

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Aussi artificiellement amenées qu'elles puissent être, ces scènes au purgatoire sont incontestablement une des grandes réussites de ce premier épisode, reflet de cet éternel paradoxe constitué par cette série capable d'alterner maladresses et scènes d'une intensité émotionnelle troublante. Il faut dire que question "personnage torturé", Mitchell avait déjà quelques longueurs (décennies) d'avance sur ses deux amis. Les évènements de la saison passée n'ont fait qu'aggraver les choses. Et dans ce lieu où il met les pieds pour sauver Annie, la donnée narrative qui change, c'est l'obligation soudaine d'une franchise imposée. Pour une fois, il ne peut pas fuir. Pas plus que se réfugier dans ses défenses habituelles, celle d'une nature de tueur qui l'emporte en raison de circonstances exceptionnelles. Et si tout cela fonctionne aussi bien, ces scènes le doivent en grande partie à une figure faussement tutélaire qui va pousser Mitchell dans ses derniers retranchements : Lia.

La jeune femme apparaît initialement avec tous les attributs du guide classique, sensé accompagner voire guider Mitchell dans sa "quête". La longue lignée des meurtres qu'a pu commettre le vampire les conduit dans ce fameux wagon, théâtre de cette tragédie sanglante. Mais Lia n'est pas là pour être compréhensive ou offrir une nouvelle épaule pour pleurer à Mitchell : elle est morte dans ce train, victime anonyme d'un déchaînement vampirique d'une ampleur rare. Elle ne va pas accorder un pardon, ni ne veut déclencher la pitié (son ton oscillant entre sarcasme et détachement est parfait), mais elle entend froidement placer Mitchell devant ses responsabilités, et stopper cette fuite perpétuelle constituée par ce jeu de balance macabre, où une bonne action effacerait tel crime passé. Leur dialogue dans le train est un des grands moments de cet épisode, parvenant avec sobriété à retranscrire une intensité et une force émotionnelle qui ne laissent vraiment pas indifférents. L'actrice (Lacey Turner) délivre une performance vraiment remarquable à saluer.

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Pour contrebalancer ces passages très sombres, l'épisode suit une répartition classique des tonalités, introduisant un pendant plus léger grâce à George et Nina. Le couple s'efforce de retrouver un équilibre après tous les bouleversements de ces derniers mois, une dynamique que la présence de Mitchell n'encourage pas vraiment. De soirées spéciales interrompues (la scène du lit étant absolument savoureuse) à l'exploration d'un nouveau territoire boisé qui mène George directement en prison, on retrouve dans ces petites anecdotes chaotiques du quotidien le charme plus humoristique de la série, capable de prendre de la distance et de faire sourire de la condition de ses héros, à travers des passages tragi-comiques assez jubilatoires. La complicité entre George et Nina n'a jamais semblé plus aboutie que dans cet épisode.

Pour autant, la thématique des loup-garous n'est pas seulement synonyme de comédie. Il existe d'autres créatures surnaturelles dans cette nouvelle ville. Et si l'entente vampire/loup-garou semble toujours aussi peu concluante, l'épisode introduit deux nouveaux personnages, ayant leur lot de problèmes quotidiens et qui s'efforcent tant bien que mal de survivre : deux loup-garous, respectivement incarnés par Robson Green (Wire in the blood) et Michael Socha (This is England 86'). L'ambiance de leurs scènes tranche avec la relative insouciance de celles de George et Nina ; ce qui ne fait qu'accentuer l'envie du téléspectateur pour une première rencontre. Prometteur.

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Bilan : C'est une reprise dans la droite lignée de la fin de saison passée que nous propose Being Human, soldant les comptes tout en posant les fondations des intrigues à venir. Expédiant le "cliffhanger" constitué par la perte d'Anny en le transformant en confrontation introspective pour Mitchell, l'épisode place également comme thème central la question des rapports entre loup-garous et vampires, en introduisant de nouveaux protagonistes. Alternant les tonalités, entre semi-comédie et passages très sombres, les anciens enjeux d'humanité apparaissent cependant désormais bien loin pour certains. Mitchell va sans doute vivre son propre purgatoire cette saison ; avec une mort déjà prophétisée pour couronner le tout.

En résumé, on retrouve toutes les recettes qui font le charme de la série : de bonnes idées dans la dynamique relationnelle et l'introspection des personnages, des scènes marquantes, des facilités pour résoudre les crises et toujours un certain éclatement des intrigues et une différence de tonalités très importante qui donne parfois l'impression d'un manque de cohésion d'ensemble. Bref Being Human est de retour. Ni plus, ni moins. Mais ça fait quand même sacrément plaisir !


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de ce premier épisode de la saison 3 :

26/01/2011

(K-Drama / Special) Rock Rock Rock : bio-pic rock'n'roll au parfum doux-amer sur un guitariste de génie



"I've always been like that dark sky. The one helping those stars shine. The kind of dark sky which, if no stars shine beside it, is completely ignored. I, too, wanted to shine like those stars, at least once.
"

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En ce dernier mercredi asiatique de janvier, je peine toujours autant à débuter les dernières nouveautés sud-coréennes. Je ruse donc. Et cette semaine, je me suis tournée vers un drama spécial de KBS2, forme de "mini-série" composée de 4 épisodes d'un genre un peu particulier dans les k-dramas : le bio-pic (ou "docu-drama"). Et si la thématique dominante est assurément musicale, l'époque et l'approche de cet univers apparaissent sans rapport avec un drama comme Dream High. Avis aux amateurs : nous nous situons donc avant la déferlante k-pop/Idols.

Car c'est peu dire que Rock Rock Rock est un drama qui porte bien son nom. Sa bande-son va ainsi plutôt verser dans du Led Zeppelin et, entre les covers, vont peu à peu percer les chansons originales de ce courant musical des 80's. Cette série, diffusée sur KBS2 du 11 au 18 décembre 2010, nous ouvre en effet les portes de la scène rock sud-coréenne qui va vivre son apogée. Pour moi, ce fut d'ailleurs plutôt une découverte culturelle au sens large. Avant ce visionnage, j'avoue que non seulement je n'y connaissais pas grand chose - hormis quelques chansons... reprises dans d'autres dramas -, mais je n'avais jamais entendu parler d'un groupe comme Boohwal. Bref, Rock Rock Rock a donc un autre attrait, celui d'éclairer de manière particulière sur cet univers. 

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En s'inscrivant dans le registre du bio-pic/docu-drama, c'est la vie d'un guitariste-compositeur majeur de la scène musicale sud-coréenne que Rock Rock Rock se propose de nous raconter, Kim Tae Won. Il est le leader et guitariste du groupe de rock Boohwal (qui signifie "Résurrection"), formé en 1985 dans le courant de cette vague rock qui déferlait alors sur la Corée. En dépit des revers de fortune, des épreuves et autres défections, le groupe a poursuivi sa route à travers les genres musicaux mais aussi les succès, faisant preuve d'une longévité à saluer. Son dernier album est ainsi sorti en 2009. On lui doit quelques grands classiques du répertoire musical sud-coréen, qu'il s'agisse de chansons rock ou de ballades plus nuancées (dont vous avez un aperçu dans les vidéos à la fin de ce billet).

Du tournant constitué par la fin des années 70/début des années 80 jusqu'au milieu des années 2000, ce sont plus de deux décennies musicales que Rock Rock Rock va couvrir, relatant de manière incidente les modes et les mutations d'une industrie  de l'entertainment qui, si les goûts changent, conserve son appétit financier intact.  Adoptant un style biographique romancé, la série s'intéresse donc plus particulièrement au parcours chaotique de Kim Tae Won. C'est un musicien assurément surdoué, mais ses rêves et exigences démesurés, accompagnés d'un tempérament difficile, sont au moins à la hauteur de son talent évident pour composer des chansons marquantes. Si en visionnant ce drama, il est aisé de songer que, quelque part, le succès a toujours un prix, Rock Rock Rock trouve sa force dans la dimension humaine du portrait qu'il dresse, proposant une histoire balançant entre drames et réussites, mais qui reste celle de l'accomplissement personnel d'un passionné.

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La première force de Rock Rock Rock va être sa capacité à se bonifier au fil des épisodes. Car c'est un de ces dramas qui sait mûrir et gagner, tant en intensité émotionnelle qu'en densité narrative, à mesure que l'histoire progresse. Ses débuts adoptent un air connu, plutôt prévisible : de l'adolescent en rupture avec les études qui découvre dans la musique un vrai centre d'intérêt, aux (més)aventures relativement convenues de l'aspirant musicien qui cherche sa voie, la série joue une partition balisée. Cependant, sans faire d'étincelles, elle l'exploite de manière très correcte, profitant de cette longue introduction pour forger la personnalité de Kim Tae Won et offrir au téléspectateur quelques clés pour cerner toutes ses ambivalences. Cependant, c'est véritablement à partir de l'entrée du personnage dans l'âge adulte, marquée par les premiers aléas de la vie, entre drames (une tentative de suicide après une histoire d'amour qui a mal fini) et échecs, que la série décolle vraiment et se démarque du trop calibré musical drama du premier épisode.

A mesure que les tonalités se nuancent et s'assombrissent, le drama gagne en épaisseur, accompagnant la maturation de son personnage dans les épreuves difficiles qu'il traverse. Car c'est une carrière tourmentée, reflet parfait de ses états d'âme perpétuels, entre désillusions et recherche obstinée de perfection, que va connaître Kim Tae Won. De la formation du groupe aux premiers succès rapidement obscurcis par d'autres problèmes qu'ils engendrent, le récit renvoie l'image de constants mouvements de balancier, parfois cruels, entre cette quête pour toucher les étoiles et des retours sur terre toujours plus brutaux et douloureux. Rock Rock Rock va donc prendre le temps d'aborder les thématiques classiques qui rythment, voire brisent, la vie d'un artiste. Si ses propos se font plus assurés quand elle traite de cette indispensable ambition inhérente à toute carrière, c'est lorsqu'elle s'intéresse à la dynamique du groupe, et à son rapport au succès, que la série trouve souvent un ton juste très intéressant. Tout en dépeignant des tensions internes courantes, avec l'un d'eux se retrouvant en pleine lumière (le chanteur) tandis que les autres, supposés égaux en théorie, n'ont les faveurs, ni des médias, ni des fans, le drama se concentre en priorité sur la manière dont cette carrière - pas toujours satisfaisante personnellement - marque et façonne peu à peu Kim Tae Won. Car au-delà d'une aventure musicale, c'est par sa dimension humaine que la série s'impose.

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Si Rock Rock Rock fonctionne dans ce registre biographique, elle le doit en grande partie à la complexité d'un personnage central particulièrement intense, auquel il est difficile de rester insensible. Passionné trop souvent déconnecté de tout sens des réalités, aussi impulsif qu'obstiné quand cela touche à la musique, Kim Tae Won nourrit tout à la fois une certaine folie des grandeurs, mais aussi un sentiment d'infériorité qui l'amène à toujours chercher à en faire plus, et donc parfois trop. Il y a en lui un profond besoin, une véritable soif de reconnaissance qui le conduit toujours plus loin dans les extrêmes, qu'il s'agisse de toucher les sommets en dépassant toutes les attentes ou de sombrer dans les abysses et dérives de la vie d'artiste. 

On pourrait certes se dire qu'il s'arroge un peu facilement ce flambeau du musicien-rockeur supposé écorché vif, mais si cette mise en scène fonctionne aussi bien, c'est parce qu'une forte empathie grandit envers ce personnage finalement touchant. Son naturel penchant autodestructeur est à la hauteur d'un talent dans lequel il semble pouvoir à tout moment se perdre et se noyer (et il basculera bien dans cette partie la plus sombre à l'occasion). Au fond, le téléspectateur assiste à une forme de lutte perpétuelle, où l'enjeu est plus la survie que l'hypothétique triomphe. Au sein du personnage, se joue un conflit tant interne, car se nourrissant des paradoxes et ambivalences de Kim Tae Won, qu'externe, face aux difficultés qu'il doit surmonter pour porter ce groupe qui lui tient tant à coeur, qui est sa "seule fierté" comme il le reconnaît lui-même.

Si bien qu'avec l'affirmation d'une telle figure centrale, Rock Rock Rock gagne en subtilité au fil du récit, sachant continuer à jouer sur le registre de la passion dévorante, tout en y introduisant une maturation nécessaire qui assombrit l'ensemble. Car c'est incontestablement un parfum doux-amer qui flotte sur la série, celui du dur apprentissage des désillusions de la vie et de la conscience du caractère éphémère de toute satisfaction.

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Enfin, s'il vous fallait une dernière raison de jeter un coup d'oeil à Rock Rock Rock, vous la trouverez tout simplement dans le sujet qu'elle traite. C'est une série consacrée à une passion : la musique. Si elle fait de cette dernière un omniprésent outil narratif à part entière, précisons qu'elle offre non seulement l'occasion de réviser les classiques du rock occidental (Led Zeppelin, AC/DC...), mais elle permet aussi d'explorer un versant moins médiatisé de la production du pays du Matin Calme, à travers les répertoires de Boohwal, mais en évoquant également d'autres groupes phares de cette époque, comme Sinawe... Si durant le premier épisode, l'exploitation de ce côté musical apparaît un peu artificielle et le trait forcé, la mini-série prouve ensuite toute sa légitimité et trouve progressivement son équilibre, faisant se rejoindre la vie du compositeur avec les chansons qui vont marquer le parcours de Boohwal. Musicalement parlant, le visionnage de Rock Rock Rock apparaît donc très intéressant, permettant aussi de profiter d'un style qui tranche avec le courant kpop actuel.

Côté casting, j'abordais ce drama avec quelques hésitations. Car même si gravitent autour du personnage central toute une galerie de protagonistes récurrents, c'est peu dire que Kim Tae Won détermine et porte l'ensemble de l'histoire. Or je n'avais pas gardé un souvenir imperissable de No Min Woo dans My Girlfriend is a Gumiho l'été dernier. Mais la figure qu'il incarne ici a le mérite d'être autrement plus nuancée et travaillée que son personnage d'alors, si bien qu'au fil du drama, après des débuts un peu hésitants, il semble peu à peu prendre la pleine mesure de ce personnage compliqué, nous offrant dans les derniers épisodes quelques scènes touchantes vraiment bien menées. A ses côtés, proposant une performance correcte dans l'ensemble, citons notamment Hong Ah Reum, Bang Joong Hyun, Kang Doo ou encore Kim Jong Seo.

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Bilan : Docu-drama éclairant avec un regard rétrospectif un autre pan de la scène musicale sud-coréenne, Rock Rock Rock est un bio-pic qui gagne progressivement en densité et en épaisseur, pour finalement s'imposer auprès du téléspectateur grâce à la dimension profondément humaine qu'il insuffle au portrait de la figure musicale ambivalente présentée. Car si c'est une aventure musicale et collective qui nous est dépeinte en arrière-plan, tout repose sur le personnage central de Kim Tae Won, musicien de génie, dont on suit au final l'accomplissement personnel. Plus qu'une simple histoire de succès, c'est le récit d'une quête acharnée, touchante à l'occasion et dont l'intensité ne laisse pas émotionnellement indifférent, vers une reconnaissance presque vitale.

Pour quatre épisodes, il est donc facile de se laisser emporter par le plongeon dépaysant proposé par Rock Rock Rock. Et si la narration de ce docu-drama n'est pas exempte de défauts, le sujet dispose cependant de vrais atouts qui méritent que l'on s'y arrête. Une découverte qui se fait donc sans déplaisir.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


Parce que la musique originale est sans doute plus parlante :

부활 Boohwal 정동하 - 비와 당신의 이야기(Rain and your story) (1986)

부활 Boohwal - 사랑할수록 (The more I love) (1993)


부활 Boohwal - Never ending story... (2002)

24/01/2011

(Pilote US) Fairly Legal : Less lawyer. More appeal ?

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Deux nouveautés américaines testées en moins d'une semaine, cela faisait longtemps que cela n'était pas arrivé (voire jamais, sur ce blog). Mais j'avoue conserver un certain faible pour USA Network, même s'il est rare que ses séries me fidélisent bien longtemps. J'aime retrouver cette sorte de cachet "friendly" qui accompagne ses productions. Ces dernières n'ont d'autre objet que celui de proposer un divertissement confortable, cependant elles le font généralement avec une conviction des plus communicatives.

A défaut de surprendre, cela donne quand même envie de leur laisser une chance. C'est pourquoi c'est sans attente particulière, mais avec une pointe de curiosité, que je me suis installée devant le pilote de Fairly Legal, une nouvelle série qui a débuté jeudi dernier aux Etats-Unis. Et c'est face à une nouveauté aussi pétillante qu'excessivement calibrée pour correspondre à l'image de la chaîne que je me suis retrouvée. Un premier épisode qui semble donc remplir sa part du contrat.

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S'inscrivant dans la tendance d'USA Network à féminiser des héros encore très masculins, Fairly Legal est dotée d'une figure centrale de charme et de poigne en la personne de Kate Reed, une ancienne avocate désormais reconvertie dans un rôle de médiatrice qui convient mieux à sa volonté de promouvoir une justice qui ne serait pas déshumanisée et réduite uniquement à des textes de lois désincarnés. Pour autant, la jeune femme n'a pas quitté le milieu du droit, puisqu'elle officie à ce poste au sein du cabinet familial Reed & Reed. Dans ce pilote, nous la découvrons malheureusement reprendre le travail après un douloureux deuil, son père est en effet décédé une semaine plus tôt. Si les deux avaient un fort caractère et des conceptions très différentes du droit, sa mort a profondément affecté Kate qui a encore du chemin à faire pour l'accepter.

Cependant, les affaires continuent. Sa belle-mère, désormais veuve et patronne, n'a d'ailleurs elle pas pris le temps de pleurer son époux, alors que les cabinets concurrents démarchent ouvertement leurs gros clients. Ce premier épisode balaie quelques journées-type pour Kate, proposant un aperçu d'un quotidien assurément mouvementé et qui se mène tambour-battant sur un rythme effréné. L'énergique jeune femme navigue en effet entre clients du cabinet à choyer et affaires judiciaires confiées par des juges réglant certains comptes, tout en y immisçant et en jonglant avec une vie personnelle qui se complique d'un ex-mari travaillant au bureau du procureur, avec lequel la nature de leurs relations demeure relativement floue.

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Sans être un legal drama au sens traditionnel du terme, Fairly Legal en reprend tant son parfum que ses codes narratifs, tout en y ajoutant un twist. Car si Kate Reed a quitté la profession d'avocat, c'est qu'elle se refuse d'analyser les affaires qui lui sont soumises avec une vision purement légaliste. Elle veut prendre en compte la spécificité et la dimension humaine de chaque cas. D'où ce rôle de médiateur, un poste auquel elle peut non pas mener bataille pour un camp, mais essayer de faire transiger les deux parties. Pour, la justice ne se réduit pas à ces notions de gagnant et de perdant, mais au triomphe du "juste". Son but est donc de parvenir à la résolution des conflits, non pas par une mise en oeuvre rigoriste de la loi, mais par des règlements en équité acceptés par chacun des camps en présence. Cette ambition apporte à la série une pointe d'idéalisme pas déplaisante, mais qui peut aussi devenir trop utopique.

La notion de juste flirte certes avec celle de morale. Sur le papier, le risque existe que le propos de Fairly Legal verse dans un ton excessivement moralisateur, avec Kate Reed seule juge de ce qui doit être, cependant l'ambiance générale qui se dégage de ce pilote paraît exclure de tels écueils. Tout d'abord parce que l'héroïne, dotée d'un fort caratère et de certitudes qu'elle n'hésite pas à défendre jusqu'au bout, apporte un dynamisme très rafraîchissant. Elle incarne à merveille une forte tête, charismatique et solide, comme il est toujours agréable d'en trouver dans ce type de séries. Mais c'est aussi une personne pragmatique - et si le pilote se passe admirablement bien, tout exercice du compromis a bien entendu ses limites. De plus, et surtout, Fairly Legal est une fiction de divertissement. Les affaires proposées dans l'épisode l'illustrent bien : aucun dilemme moral potentiel insurmontable, mais plutôt des affaires avec une touche d'excentricité mêlés à quelques classiques indémodables du legal drama, et une tendance certaine à verser dans la facilité pour les résoudre. USA Network nous ayant habitué à des séries qui se concentrent plus sur leurs personnages que sur les intrigues elles-mêmes, il n'y a sans doute pas à s'inquiéter sur ce potentiel glissement moralisateur. Il faudra par contre éviter de reproduire invariablement ce schéma "happy end" qui pourrait vite lasser.

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Au-delà de ses intrigues anecdotiques, Fairly Legal apporte logiquement un soin tout particulier à sa dimension humaine. Dotée d'une héroïne au dynamisme accrocheur, instantanément attachante, le pilote va aussi nous présenter toutes ses facettes plus ou moins épanouies, dont une vie amoureuse compliquée dans laquelle son ex-mari semble encore occuper une place prépondérante non définie, mais aussi ce deuil difficile qu'elle est en train de vivre avec son père (la scène finale du pilote étant d'ailleurs très touchante). Gravite autour d'elle une galerie de personnages qu'il est très facile de trouver sympathiques, de l'ex-mari avec lequel Kate nourrit une complicité sans faille qui laisse songeur, jusqu'à l'ex-belle-mère qui doit s'efforcer de gérer ce cabinet comme elle peut et qu'une scène avec un client odieux réhabilite aux yeux du téléspectateur.

Enfin, sur la forme, aucun doute, Fairly Legal est un produit calibré d'USA Network : des couleurs chatoyantes, une réalisation classique qui s'essaie parfois à des effets de style expérimentaux pas forcément très concluants, et une bande-son pop-rock trop envahissante. Concernant le casting, il faut vraiment saluer la performance de Sarah Shahi (L Word, Life) qui se révèle parfaite pour insuffler une énergie pétillante à son personnage. Les autres membres du casting conviennent également tous pour leurs rôles respectifs. On y retrouve Michael Trucco (Battlestar Galactica), Baron Vaughn et Virgina Williams.

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Bilan : Léger et dynamique, sexy et sympathique, Fairly Legal trouve sans difficulté ses marques dans le registre du divertissement réunissant tous les ingrédients classiques qui font l'identité de USA Network. Se déroulant de façon aussi prévisible que bien huilée, l'épisode cède souvent à une facilité un peu excessive qui pourrait lasser si ce schéma tendait à devenir répétitif mais qui se laisse suivre sans déplaisir au cours de ce pilote. Les running gags que constituent les références geek ou Oz-ienne apportent même une petite touche décalée supplémentaire à cet ensemble chaleureux. Rien d'innovant, ni d'immanquable, mais un potentiel pour construire une petite série divertissante qui devra cependant mûrir dans les prochains épisodes, en travaillant les intrigues qui permettront aux personnages de s'affirmer. 


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :