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30/01/2011

(Mini-série UK) Orgueil & Préjugés (Pride & Prejudice) : period drama culte, entre portrait historique et initiation sentimentale



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Attention, objet téléphagique culte aujourd'hui ! Le discours d'un roi sortant ce mercredi dans les salles cinématographiques françaises (et comme je ne vais pas revenir sur le contexte historique du 1er XXe siècle anglais qui doit être maîtrisé par tout lecteur régulier de ce blog, au vu du nombre de fictions croisées sur le sujet au cours des derniers mois), c'est l'occasion d'évoquer une mini-série dont le nom d'un des personnages restera sans doute encore pour longtemps associé à Colin Firth. Car cette semaine, j'ai retrouvé dans ma DVDthèque un classique parmi les classiques, indémodable par excellence : Pride & Prejudice (Orgueil & Préjugés).

C'est que je vous parle de séries anglaises depuis presque un an et demi maintenant. Nous avons exploré ensemble les années 90, et même des productions antérieures. Et, tout en vous confiant mon amour pour les costume dramas, je n'avais encore jamais pris le temps de m'arrêter sur cet incontournable bijou du petit écran britannique. Cette mini-série marquante à laquelle notre esprit revient comme un réflexe lorsque sont prononcés les mots magiques "period drama". Il était donc grand temps de réparer cet oubli.

S'attaquer à un classique, c'est toujours un peu intimidant. J'avoue que ce n'est pas sans une certaine appréhension que je me suis lancée dans la rédaction de cette critique. Mais je vais quand même essayer de vous expliquer pourquoi, à mes yeux de modeste téléphage, Pride & Prejudice représente et incarne tout le savoir-faire anglais des adaptations littéraires, et bien plus encore...Une série intemporelle qui fait partie de ces quelques productions télévisées dont tout anglophile se doit d'avoir le coffret dans sa DVDthèque.

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L'histoire est connue, que l'on en ait vu au moins une adaptation ou que l'on ait croisé des références dans d'autres oeuvres télévisées ou littéraires, à défaut d'avoir lu le livre original, un classique de la littérature anglaise de Jane Austen, rédigé à la fin du XVIIIe / début du XIXe siècle. Disposant de six épisodes pour reprendre et s'approprier les grandes trames du livre, cette mini-série, diffusée en 1995 par la BBC, reste sans doute l'adaptation la plus fidèle à l'esprit et au récit d'origine. Rappelons cependant les quelques bases de cette fiction...

Pride & Prejudice débute à Longbourn, un petit bourg du Hertfordshire perdu dans la campagne anglaise, sous le règne du roi George III. Elle nous introduit auprès de la famille Bennet, qui vit dans un relatif confort et goûte à une vie rythmée par les bals au sein de la bonne société provinciale. Mais Mr et Mrs Bennet  n'ont eu que des filles, ce qui compromet leur avenir, la demeure familiale étant destinée par dispositions testamentaires à un héritier mâle. Mrs Bennet n'entend cependant pas laisser leur situation patrimoniale se dégrader sans rien faire et elle veut tout faire pour assurer l'avenir de ses cinq filles, toutes très différentes, le sérieux des aînées tranchant avec l'insouciance inconsciente des benjamines. C'est donc par le mariage que leur mère veut faire passer leur salut.

C'est pourquoi le jour où Mrs Bennet apprend que le domaine de Netherfield a été loué par un riche jeune homme célibataire, elle s'active pour organiser une rencontre, espérant qu'une de ses filles pourrait séduire ce parti très intéressant. Mais si Mr Bingley se révèle être un gentleman charmant et courtois, qui n'est d'ailleurs pas indifférent à Jane, ses soeurs s'avèrent bien plus hostiles, tandis son meilleur ami, Mr Darcy, certes immensément riche, adopte une attitude hautaine et dédaigneuse face à la société provinciale locale qui déplaît fortement.  

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Si Pride & Prejudice conserve une aura toujours aussi fascinante sur le téléspectateur, c'est qu'elle va parvenir à pleinement s'approprier la diversité des thématiques abordées par ce récit. Car avant d'être une histoire sentimentale universelle, cette fiction s'impose d'abord par sa portée historique et sociologique. En effet, la mini-série s'attache à refléter fidèlement l'esprit d'une époque et d'un milieu tel qu'avait su parfaitement le capturer et le retranscrire Jane Austen. On ne peut qu'être frappé par le soin avec lequel est ainsi ciselé le portrait, vivant et nuancé, de cette société provinciale. Les détails et anecdotes ont ce parfum d'authenticité propre au vécu romancé qu'un auteur va réussir à mettre en scène ; parvenir à le transposer à l'écran sans lui faire perdre cette richesse est une belle réussite. Ainsi, la force de cet instantané social va être de souligner, avec finesse et précision, sans complaisance, mais sans non plus se départir d'une certaine distance où se glissent les accents plus légers de la comédie, les caractéristiques, tout autant que les travers et les ridigidités, d'une époque. 

La fascination qu'exerce cette reconstitution minutieuse s'explique en partie par la vitalité rare qui émane de l'ensemble. En effet, Pride & Prejudice excelle dans l'art d'alterner et de manier des tonalités différentes qui se marient parfaitement entre elles. Le caractère solennel, voire pesant, de certains passages, portés par l'intensité des confrontations ou l'attitude proprement odieuse de certains protagonistes, ne l'empêchera pas de verser également dans une dynamique rafraîchissante, durant laquelle la narration adopte des accents plus malicieux, voire pétillants. Le récit nous immerge dans les préoccupations et les règles de ce milieu, tout en conservant toujours un certain recul par rapport à son sujet. Le personnage d'Elizabeth, dont l'indépendance et la liberté d'esprit marquent, permet de prendre une distance par rapport à ces mises en scène symboliques d'une époque. Oscillant entre critique subtile et tendre caractérisation, perce alors dans ce récit un humour parcimonieusement distillé à travers quelques scènes absolument jubilatoires. Cela donne à la mini-série  une saveur toute particulière à apprécier.

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Mais si Pride & Prejudice demeure une histoire qui conserve une place à part dans le coeur de bien des anglophiles, c'est aussi parce qu'elle ne se résume pas seulement à ces aspects sociologiques et historiques : elle doit sa pérennité à sa dimension humaine et sentimentale. C'est une oeuvre d'accomplissement personnel qui sonne juste, dans laquelle on suit, au milieu d'une galerie bigarrée de personnages, deux protagonistes majeurs : Elizabeth et Mr Darcy. S'il est aisé de se prendre d'affection pour Elizabeth et de s'identifier, encore deux siècles après, aux préoccupations et à la vivacité d'esprit de la jeune femme, Mr Darcy conserve lui une part d'ambiguïté qui en fait tout le charme. On est naturellement enclin à partager avec l'héroïne l'antipathie que suscite son comportement orgueilleux. Mais la force du récit va être de ne jamais verser dans des portraits unidimensionnels. Car, nous avons là une invitation à aller au-delà des premières impressions. Son ambivalence confère à Mr Darcy une épaisseur et une consistance que la mini-série va pleinement réussir à retranscrire avec subtilité, trouvant le juste équilibre entre l'image initialement renvoyée et la progressive ouverture du personnage : il finit par intriguer autant que fasciner.

Au-delà de ses personnages marquants, Pride & Prejudice est une histoire d'amour, ou plus précisément une initiation sentimentale. Si ce récit passé fait aussi intensément vibrer une fibre émotionnelle particulière dans le coeur des téléspectateurs modernes, c'est parce que son authenticité trouve toujours une résonnance de nos jours. Pride & Prejudice, ce n'est pas l'utopie d'un coup de foudre ou la superficialité d'élans amoureux versatiles. C'est au contraire le récit crédible de la construction progressive d'une relation : une évolution des sentiments qui se justifie par le fait que chacun apprend peu à peu à connaître l'autre. C'est une histoire presque initiatique, celle d'une réalisation sentimentale, encadrée par des convenances sociales qui lui permettent de se concentrer sur l'essentiel et de pleinement exploiter la tension qui s'installe entre Elizabeth et Mr Darcy. Les lois du coeur ont leurs secrets, et les deux protagonistes principaux n'en sont pas maître.

Devant ce récit dépourvu de tout artifice ou de toute mièvrerie inutile, on a avant tout la sensation de voire mis à nus l'insaisissable mécanique des sentiments. Si la mini-série fascine et touche aussi profondément, c'est tout simplement en raison de la crédibilité rare dont bénéficie l'ensemble par sa retenue et sa justesse. Il y a quelque chose d'universel, d'intemporel, dans l'histoire ainsi mise en scène, qui fait que l'on ne peut y rester insensible.

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Sur la forme, Pride & Prejudice bénéficie d'un accompagnement musical classique des plus appropriés, avec un thème introductif que l'on identifie rapidement à la mini-série. Adoptant une photographie d'image toujours très claire, la caméra est assez vive, n'hésitant pas à multiplier les angles durant une même scène. Certes la réalisation est datée, la fiction ayant été diffusée au milieu des années 90 : elle n'éblouira pas un téléspectateur moderne habitué de ce genre de production. Pour autant, par la sobriété adéquate qu'elle avait opportunément adopté à l'époque, tout en ayant su parfaitement exploiter le paysage de la campagne anglaise dès qu'elle en avait l'occasion, Pride & Prejudice demeure une oeuvre pleinement aboutie sur un plan formel, n'ayant aucun mal à accrocher un regard moderne.

Enfin, la mini-série n'aurait sans doute pas atteint la dimension qui est la sienne sans le casting solide et convaincant qui l'a portée. Jennifer Ehle apporte une vitalité, mêlant malice et sérieux, à un personnage d'Elizabeth Bennet que l'on apprécie instantanément. Ayant un rôle plus complexe, Colin Firth se révèle parfait pour incarner ce Mr Darcy si fier, surpris par l'amour et la force des sentiments. Il propose une interprétation très inspirée qui se nuance peu à peu. Il faut souligner que les deux acteurs ont une réelle alchimie entre eux, et leurs scènes, pourtant toujours toutes en retenue, laissent transparaître une intensité émotionnelle troublante qui ne peut que toucher le téléspectateur. A côté de ce couple central, on retrouve toute une galerie d'acteurs tous aussi impliqués et convaincants, parmi lesquels Susannah Harker (House of Cards, Ultraviolet), Julia Sawalha (Absolutely Fabulous, Cranford, Lark rise to Candleford), Alison Steadman (Gavin & Stacey), Benjamin Whitrow (Chancer), Crispin Bonham-Carter, Polly Maberly, Lucy Briers, Anna Chancellor (Suburban Shoutout, Spooks), Lucy Robinson (Suburban Shoutout), Adrian Lukis (The Bill), David Bamber (Collision) ou encore Lucy Scott.

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Bilan : Entre oeuvre sociologique et initiation sentimentale, entre reconstitution historique et histoire d'amour, Pride & Prejudice est un récit universel et intemporel qui ne peut laisser insensible et dont cette adaptation parvient à mettre parfaitement en valeur l'intensité et la force de ses dimensions tant humaine qu'émotionnelle. De ce portrait vivant et détaillé, on retiendra la facilité avec laquelle la mini-série réussit à alterner les tonalités, capable de mettre en scène avant autant de brio les tensions comme les passages plus légers, où pointe, derrière ce diffus parfum caractéristique de la comédie, une malice savoureuse. Bénéficiant d'une construction homogène répartie sur six épisodes, cette fiction télévisée est fidèle à l'esprit de l'oeuvre d'origine, tout en y apposant sa marque.

Au final, redécouvrir en 2011 cette adaptation de Pride & Prejudice datant de 1995, c'est constater que cette version mérite assurément le statut qu'elle a acquis dans le coeur de nombreux téléspectateurs. Devenue un classique d'un genre auquel elle a donné justement quelques belles lettres de noblesse, elle demeure un des period drama de référence. Incontournable.


NOTE : 9/10


La bande-annonce :



Extrait - La danse :



Extrait - La scène du lac :

Commentaires

Gniiiiiiiii, Coliiiiiiiin *o* La scène du lac *o*... Hmm, pardon, je m'égare ^^
Je me suis acheté à Noël le coffret DVD des adaptations BBC de Jane Austen, dont "Pride & Prejudice" bien sûr, et j'ai dévoré en une journée P&P !
Merci pour ce très bel article sur un period drama, comme tu dis, incontournable, qui respecte à la lettre un de mes romans préférés. Maintenant, je n'ai qu'une envie : le revoir ! :P

Écrit par : Scarlatiine | 30/01/2011

C'est malin, j'ai envie de la revoir en entier maintenant ! ;-)
Très belle critique avec laquelle je suis en accord totale : P&P est mon period drama préféré (et mon premier) : les acteurs principaux y sont parfaits dans leur rôle (contrairement à ceux du film), on retranscrit toute la finesse de l'œuvre grâce au format, l'ironie est parfaite... et Colin Firth dégage un magnétisme qui ne peut pas laisser indifférente les téléspectatrices ! ;-)

Écrit par : JainaXF | 30/01/2011

@ Scarlatiine : La scène du lac, j'avoue que je ne l'ai pas mise par hasard ! :D
P&P, ça se revisionne toujours avec le même plaisir et la même fascination. La construction narrative est d'une telle maîtrise que c'est toujours une redécouverte au cours de laquelle on ne s'ennuie pas un seul instant !


@ JainaXF : P&P, on ne s'en lasse pas. Ca n'avait pas été mon premier period drama, mais pourtant, en le découvrant, j'avais vraiment ressenti être devant une oeuvre pleine et aboutie.


Pour Colin, j'ai rendez-vous en fin de semaine avec lui, j'espère... si un cinéma veut bien sortir Le discours d'un roi en VOST par chez moi ! ^_^

Écrit par : Livia | 30/01/2011

un classique désormais culte, comme tu le soulignes. Et c'est mérité ! Je l'ai déjà vu plusieurs fois, mais j'aime toujours autant.

Écrit par : Eirian | 30/01/2011

Je vais en choquer ... La scène du lac me laisse de marbre. Quand je l'ai vu pour la première fois, ce fut un 'C'est tout ?' (mais dieu que le délire dans Bridget Jones n'a pas de prix!) - ce qui est fou quand on pense à l'influence de la scène (et de la minisérie) sur le genre. Quoiqu'il en soit, une de mes adaptations préférés de Jane Austen (pas très loin, Persuasion de 95, mon cœur chavire rien que d'y penser).

Par contre, je me questionne : "j'ai retrouvé dans ma DVDthèque". Comment as-tu fait pour l'égarer ? Dis donc, il doit y en avoir des DVDs :D

Écrit par : Carole | 31/01/2011

Excellente critique, qui souligne tout ce qui fait que j'adore cette mini-série, mon periode drama préféré, bien meilleur que le film réalisé plus tard.
Ah, la scène du lac ! Elle poursuit Colin Firth jusque dans sa parodie dans St Trinians !

Écrit par : Snow | 01/02/2011

Elle est indétrônable cette version! Quand je pense à celle de 2005 grr!!!
Les films ou mini-séries d'époque sont mes péchés mignons ♥ Dans cette version, certes comme toute Colinite qui se respecte j'adore la scène du lac, mais celle qui m'a le plus marquée c'est la première déclaration d'amour de Mr Darcy. Il se prend un tel soufflet qu'on ne peut s'empêcher de le comparer au pauvre Mr Thorton dans une situation similaire...

Dans un tout autre registre: Je ne savais pas que tu avais déménagé *soulagée* Et moi qui allais de temps en temps visiter désespérément ton ancien blog que je croyais abandonné...
Mais ça veut dire une chose: Plus de nouveaux articles à lire, yeehaa!

Écrit par : Dramaqueen | 04/02/2011

Je vois que la scène du lac fait débat. C'est vrai que quand on en a tellement entendu parler avant, lorsqu'on la découvre, on se dit finalement que toute cette révérence a dépassé un peu la portée initiale, mais j'avoue que moi aussi, j'aime beaucoup cette scène.

@ Carole : C'est plus une conséquence d'une absence de DVDthèque officielle, je l'avoue. Ce qui rend le rangement un peu pimenté, étant donné que je vis actuellement entre deux maisons et demi quasiment, je m'y perds parfois un peu. (mais il ne faut pas s'en formaliser ^^' - enfin, c'est vrai aussi qu'il y a pas mal de DVD, la faute à une fichue habitude d'acheter tous mes DVD en Angleterre, ce qui fait que j'ai la main facile pour les séries anglaises)


@ Dramaqueen : Ah, la version de 2005... Disons que le fait qu'il y ait Matthew fait que je ne peux pas complètement la dénigrer... Je veux juste oublier. O:-)
Par contre, je me demande si tu ne me confonds avec une autre blogueuse (la blogosphère est à la fois grande et petite). De quel blog parles-tu ? (ps : en tout cas, je lis régulièrement le tien de blog ;))

Écrit par : Livia | 10/02/2011

Arf je viens juste de voir que tu m'avais répondu. Oui en effet je me suis lourdement trompée. Je t'ai prise pour la propriétaire de Lost in my Cocoland qui allie également amour des dramas et des séries anglaises et qui a disparu de la circulation depuis quelques temps.
Mais bon, au final j'ai quand même découvert un nouveau blog, tout a du bon^^

Écrit par : Dramaqueen | 27/02/2011

Les commentaires sont fermés.