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10/02/2013

[Blog] Petite pause d'une semaine (Billet joker)

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Joker ! Comme je vous l'avais annoncé il y a quelques mois lors d'un point blog, voici un billet "parenthèse" qui est sans doute amené à se reproduire plus fréquemment cette année : ces moments où ma vie professionnelle s'emballe trop pour arriver à ménager quelques temps (et forces) pour rédiger une review. Je vous préviens donc de ce petit hiatus jusqu'au week-end prochain (ou peut-être un billet un peu avant si jamais je sais me montrer efficace !).

Conséquence de ce rush dans lequel la semaine écoulée a disparu, mes programmes de ces derniers jours ont été bien réduits. Parmi les points notables, j'ai retrouvé avec plaisir les débuts de la saison 5 (et désormais officiellement dernière !) de Being Human. La série signe un premier épisode convaincant et solide, totalement dans l'esprit de la série. Sinon, outre-Atlantique, j'ai pris mes quartiers sur FX pour Justified et The Americans. Par ailleurs, depuis la fin du mois de janvier, j'ai aussi eu l'occasion de regarder une mini-série irlandaise, Prosperity, actuellement diffusée sur Eurochannel : une oeuvre particulièrement désillusionnée, proposant quelques tranches de vie qui ne laissent pas indifférentes (je vous en reparlerai). Dans la colonne "à voir", il me reste encore à lancer le dernier Poliakoff, Dancing on the edge, en espérant ne pas être déçue. Et puis, forcément, il y a la série dont sont tirées ces screen-captures qu'il faudra bien évoquer à un moment donné, n'est-ce pas ? (Et pas juste discuter sur sa réception à la suite du billet sur la version originale anglaise) Oui, je veux bien entendu parler de House of Cards. En nouveautés, mes affinités néo-zélandaises sauront-elles résister au pilote de The Blue Rose ? Rien n'est moins sûr. En Asie, malgré des échos mitigés, les premiers épisodes d'Incarnation of Money m'attendent. Je souhaite aussi revenir aux dramas specials avec Sirius.

Bref, ce n'est pas le manque de matière qui provoque ces quelques jours de hiatus, loin s'en faut ! Ce début d'année est même assez enthousiasmant. Et vous, chers lecteurs, quelques chaudes recommandations de votre côté ?   

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18:25 Publié dans (Blog) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : blog |  Facebook |

06/02/2013

(K-Drama / Pilote) Queen In Hyun's Man : romance par-delà les siècles

"Meeting through a gap in time, their one and only love story."

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Le voyage dans le temps est un concept que la télévision asiatique a sur-exploité ces dernières années. La réussite et le succès de Jin, en 2009, a fait des envieux : actuellement cette saison, au Japon, Nobunaga no Chef, tente (sans y parvenir) de transposer tout cela en suivant non pas un chirurgien, mais un cuisinier. En Chine, on peut citer Bu Bu Jing Xin en 2011. En Corée du Sud, le raz-de-marée de voyages temporels a frappé l'année dernière, où se sont pressés sur nos écrans Prince Rooftop, Faith, Dr Jin (remake dudit drama japonais précédemment cité)... et Queen In Hyun's Man. Ce dernier figurait parmi ma liste de rattrapages de ce début d'année. Certes, dans un registre complètement différent par rapport à A Wife's Credentials évoqué la semaine dernière. Mais Queen In Hyun's Man semblait avoir des atouts pour plaire à l'amatrice de k-dramas que je suis. Et les reviews de Kaa avaient aiguisé ma curiosité.

Queen In Hyun's Man (aussi connu sous le titre Queen and I) a été diffusé sur la chaîne câblée tvN au printemps dernier, du 18 avril au 7 juin 2012, les mercredi et jeudi soirs. Ce drama compte en tout 16 épisodes, d'une durée variant entre 45 et 50 minutes en moyenne. Avec son style d'écriture simple et directe, et une dimension de fantaisy fantaisiste bien exploitée, les épisodes s'enchaînent facilement. Les 5 premiers se révèlent efficaces, le tournant romance s'esquissant également avec beaucoup de naturel. A défaut d'être un incontournable, Queen In Hyun's Man apparaît bel et bien comme le divertissement dynamique et attachant promis.

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Kim Boong Do est un érudit du XVIIe siècle, pris dans les luttes d'influence à la cour royale. Supportant la reine In Hyun alors que cette dernière a été déposée du fait des manoeuvres de celle qui entend devenir la concubine officielle du roi Sukjong, il parvient à empêcher son assassinat. Au palais, il devient alors une cible à abattre. Un assassin envoyé pour l'éliminer s'apprêtait à réussir sa mission, mais, juste avant que son épée ne transperse Boong Do, ce dernier disparaît de la pièce où il se trouvait. C'est l'oeuvre d'un talisman qu'on lui a confié : quand son porteur est en danger de mort, il le transporte, non pas dans un autre lieu, mais à une autre époque.

Boong Do se retrouve ainsi projeté dans le Séoul du XXIe siècle. Il y croise par hasard une jeune actrice dont la carrière commence à décoller, Choi Hee Jin. La jeune femme vient en effet de décrocher un rôle qui apparaît comme l'opportunité qu'elle attendait tant : incarner la reine In Hyun dans un sageuk dont le tournage s'apprête à démarrer. Si les premiers échanges entre ces deux jeunes gens que trois siècles séparent sonnent de manière très étrange, Hee Jin aide cependant Boong Do à se retrouver dans son époque et lui dévoile même son futur grâce aux archives conservées de son époque. A mesure qu'ils intéragissent et sont amenés à se re-croiser, des sentiments naissent. Mais une relation est-elle seulement possible ?

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Les voyages temporels peuvent être exploités de multiples façons. En se réappropriant son concept fantastique avec simplicité et sobriété, Queen In Hyun's Man entreprend vite de limiter strictement le cadre de ces problématiques : il choisit de ne retenir que ce qui est en lien avec son objet principal, la romance. Evacuant donc une dimension plus mythologique qui aurait pu focaliser l'attention autour des raisons et des conséquences éventuelles sur le passé/le futur du voyage, la fiction exploite avant tout un versant relationnel. Il s'agit de nous raconter l'histoire d'un couple théoriquement impossible qui va se former (et vivre ?) malgré tout sous nos yeux. L'aspect voyage dans le temps est principalement utilisé comme une source constante de décalages culturels entre les deux protagonistes, s'amusant de leur ignorance de leurs coutumes ou de leur monde réciproques. Ces clashs apportent une légèreté comique bienvenue, sans jamais paraître trop forcée. L'intrigue dramatique de Joseon, comme le tournage du drama dans le présent, restent deux arrière-plans dont on ne retient que la manière dont leurs intrigues influencent ou touchent notre duo principal.

Si cette priorité accordée au relationnel fonctionne et convainc, c'est parce que Queen In Hyun's Man bénéficie d'une écriture franche et directe très appréciable. Une bonne dynamique s'installe entre les personnages, chacun s'adaptant très vite aux particularités de l'autre, voire au nouvel environnement dans lequel il est projeté. De plus, le drama fait preuve d'une efficacité certaine dans la progression du rapprochement et des sentiments du couple en formation. On est loin des fictions qui tergiversent et sur-jouent artificiellement sur l'attente du téléspectateur. Ici, au contraire, tout s'opère avec naturel. La narration assume ses coïncidences, exploite les rebondissements, et délivre un ensemble fluide et homogène, rythmé, très plaisant à suivre. Queen In Hyun's Man est un de ces dramas simples et assurés qui cultive l'attachement du téléspectateur et mise sciemment sur un public dont la fidélité va reposer sur le confort et l'affection suscités par ces deux protagonistes. Dans cette optique, le décor de fantasy coloré est un simple background dépaysant. Ce n'est donc pas un drama qui marque par ses moyens, ni par ses ambitions, mais il a le mérite d'exploiter pleinement ses atouts et de remplir le contrat qui était le sien.

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Sur la forme, Queen In Hyun's Man bénéficie d'une réalisation calibrée, pas toujours totalement maîtrisée, dont la valeur ajoutée notable se caractérise par les split-screens utilisés à plusieurs reprises qui permettent de suivre en parallèle diverses actions. Sans être nécessaires, ces derniers sont utilisés assez judicieusement. Côté bande-son, Queen In Hyun's Man apparaît moins dosé, frôlant parfois la saturation musicale. Reflétant le concept de cette rencontre improbable par-delà le temps, le drama mêle instrumentaux traditionnels et musique moderne de k-pop, au risque de faire perdre ses repères quant à la tonalité de l'histoire au téléspectateur. Mais le drama rejoint ici une tendance assez générale du côté des fictions de ce genre en Corée du Sud, il faut s'en accomoder.

Enfin Queen In Hyun's Man doit beaucoup à ses deux acteurs principaux. Pas tellement pour un jeu d'acteur qui a quelques limites, mais plutôt pour leur faculté à s'être réappropriés ce script simple et direct et pour avoir su faire naître une vraie alchimie entre eux à l'écran. Dans son rôle de jeune actrice qui espère voir sa carrière décoller, Yoo In Na présente deux facettes complémentaires, à la fois un peu ingénue et spontanée, mais aussi pragmatique et direct. Quant à Ji Hyun Woo, si je suis restée un peu plus sceptique au départ, la dynamique d'ensemble et les élans de son personnage ont su l'imposant comme le pendant adéquat. A leurs côtés, on retrouve notamment Kim Jin Woo, Ga Deuk Hi, Park Young Rin, Jo Dal Hwan, Uhm Hyo Sup, Lee Kwan Hoon ou encore Jin Ye Sol.

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Bilan : Présentant une romance simple et attachante sur fond de fantaisie temporelle, Queen In Hyun's Man repose sur une écriture au style direct et dynamique rafraîchissant. Point d'ambition démesurée en dehors de celle de relater la construction d'une histoire d'amour que les décalages et autres enjeux temporels servent à pimenter, en entourant d'un parfum particulier cette classique histoire d'amour. Ne tergiversant pas, progressant avec assurance, Queen In Hyun's Man bénéficie d'une narration rythmée agréable à suivre, bien portée par deux protagonistes principaux qui fonctionnent indéniablement très bien à l'écran ensemble. Rien de révolutionnaire donc, mais une attachante série qui propose un divertissement qui saura en toucher plus d'un. Pour les amateurs du genre.


NOTE : 6,5/10


Un teaser de la série :

Une chanson de l'OST :


02/02/2013

(Pilote US) The Americans : agents infiltrés et conflits de loyautés sur fond de Guerre froide

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La première fois que j'ai entendu parler de The Americans, j'avoue avoir surligné le projet avec un peu d'excitation, laquelle n'a cessé de croître depuis. L'espionnage figure en très bonne place parmi mes genres de prédilection. A fortiori lorsque la fiction se déroule dans LE cadre par excellence pour une telle histoire : celui de la Guerre froide. Certes la télévision a pu nous proposer de solides oeuvres ces dernières années traitant de périodes plus récentes, comme Spooks ou Rubicon ; mais rien ne remplacera jamais la mise en scène de la confrontation Est-Ouest. Je serai éternellement fascinée par ce parfum caractéristique qui flotte dans les grands chefs d'oeuvres d'espionnage que sont des séries comme The Sandbaggers ou Tinker, Tailor, Soldier, Spy (La Taupe).

Avec The Americans, qui a débuté ce mercredi 30 janvier 2013 aux Etats-Unis, nul besoin d'aller exhumer des productions des décennies précédentes : c'est FX qui nous renvoie directement au début des années 80, alors que la Guerre froide est relancée par différentes décisions. Sur le papier, cette série, créée par Joe Weisberg, rassemblait théoriquement tous les ingrédients pour me plaire, de son sujet jusqu'à son casting. Si le pilote reste avant tout un premier contact, inutile d'entretenir le suspense : l'introduction est parfaitement réussie ! Cela faisait quelques temps que je n'avais pas apprécié un premier épisode de série américaine autant que j'ai aimé celui de The Americans. Et cela fait du bien.

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The Americans s'ouvre aux Etats-Unis en 1981. L'URSS est intervenue en Afghanistan l'année précédente, Reagan débute tout juste son premier mandat... L'atmosphère s'apprête à se glacer une dernière fois, conduisant à une ultime escalade avant que l'un des deux acteurs de l'opposition qui aura scindé le monde en deux pendant plusieurs décennies ne disparaisse. Et il y a quelque chose d'assez ironique, trois décennies plus tard, à voir une série américaine se replonger dans cette période en adoptant le point de vue d'agents... du KGB.

En effet, The Americans met en scène un couple d'Américains ordinaires, Phillip et Elizabeth Jenning, qui semblent vivre une vie calme, rangée et heureuse. Habitant en banlieue résidentielle, mariés et ayant deux enfants, pour le monde extérieur, ils apparaissent tout simplement comme les représentants parfaits de l'american way of life de ce début des années 80. Mais derrière le poster, la réalité est tout autre : agents russes arrivés sur le sol américain dans les années 60, ils ont surtout tout fait pour se fondre sciemment dans le décor.

Jusqu'à présent, ils ont pu construire leur vie américaine et mener leurs missions sans éveiller de soupçons. Cependant, dans un contexte de recrudescence des tensions entre les Etats-Unis et l'URSS, et avec les inquiétudes des services du contre-espionnage américain dont un agent du FBI vient même s'installer dans leur voisinage au cours du pilote, ils vont voir leurs vies se compliquer un peu plus.

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The Americans signe un pilote extrêmement efficace dont le grand mérite est de très bien introduire l'univers et les enjeux de la série. L'écriture est solide, profitant pleinement de la durée relativement longue - 1h10 - pour soigner les détails du cadre et des personnages. Si le rythme n'est pas égal tout au long de l'épisode, sa construction assurée met habilement l'accent sur un des grands attraits de son concept : l'intéressant mélange des genres qu'il va occasionner. Tour à tour drame familial, questionnement identitaire et fiction d'espionnage, la série a pour elle une richesse potentielle de thèmes et d'approches qui s'annonce extrêmement prometteuse. Au cours de ce pilote, elle se montre convaincante et solide dans chacune de ces différentes facettes, retenant sans faillir l'attention du téléspectateur. Assez logiquement au vu du synopsis, ce sont d'abord les bases d'un divertissement d'espionnage efficace qui sont posées au cours d'une séquence introductive parfaitement exécutée. En quelques scènes clés, se voulant représentatives, on y suit nos deux protagonistes principaux au cours d'une mission qui sera finalement un échec. L'épisode en profite pour également délivrer quelques brèves scènes d'action qui prouvent que la série n'aura pas de difficulté à intervenir dans ce registre lorsque son histoire et ses rebondissements le nécessiteront.

Après un tel démarrage, la tension reste ensuite constante en arrière-plan, chaque petit détail du quotidien rappelant la réalité de la situation des Jennings. Elle ressurgit tout particulièrement au cours de quelques passages qui font office de piqûres de rappel des scénaristes. En effet, au-delà du danger représenté par les missions (souligné dès le départ), existe aussi celui d'être exposé par les autorités américaines. Pour pimenter les choses, le pilote use ici d'une coïncidence qui peut sembler dans un premier temps excessive : l'emménagement en face des Jennings d'un agent du FBI du contre-espionnage. Mais la présentation progressive de ce personnage légitimise peu à peu cette ficelle narrative. Ayant récemment terminé une longue mission d'infiltration, où il a cultivé sa paranoïa, il est un écho parfait au couple principal. Ayant aussi appris que la procédure n'est pas toujours la voie à suivre, il nous offre une dernière scène du pilote hautement symbolique. Elle met en exergue la précarité de la vie bien ordonnancée des Jennings, tout en montrant combien ces derniers restent sur leurs gardes, déterminés à protéger leur existence. Un simple plan de caméra dévoilant Phillip, dans l'ombre, armé et prêt à abattre l'agent s'il avait découvert quoique ce soit pour étayer ses soupçons, l'illustre à merveille. En résumé, la série semble être en mesure d'assumer et de manier tension et divertissement d'espionnage avec brio.

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Cependant The Americans ne saurait se limiter à un simple récit d'espionnage, et c'est là sa grande richesse. La situation dépeinte dans ce pilote est atypique, soulevant des conflits originaux dont le traitement s'annonce très intéressant. Nous avons là deux agents, réunis professionnellement pour une mission au long cours. Dans ce but, ils ont eu des enfants et entretiennent l'illusion de la cellule familiale américaine type. Première question soulevée d'emblée, en découvrant Elizabeth en train de soutirer des informations à un haut placé américain en plein ébat sexuel : au sein de ce couple artificiellement créé par les ordres de leurs supérieurs, où se positionnent Phillip et Elizabeth l'un par rapport à l'autre ? A un moment donné, avec tout ce qu'ils ont partagé, le jeu des apparences est-il devenu réalité ? Des sentiments sont-ils nés entre eux ? De plus, avoir fondé une famille a introduit une nouvelle priorité à prendre en considération. Deux loyautés peuvent potentiellement entrer en confrontation : entre le pays et les enfants, qui doit avoir la primauté, un vieux serment prêté il y a deux décennies ou la réalité de la situation actuelle ? Toutes ces problématiques s'annoncent centrales au sein de la série, et l'approche psychologique et nuancée avec laquelle l'écriture les traite dans ce pilote rend optimiste pour la suite.

Car Phillip et Elizabeth sont très dissemblables, avec chacun leurs propres aspirations, leurs propres interrogations et leurs propres hiérarchies des priorités. Elizabeth a conservé ses certitudes et son nationalisme, profondément fidèle à son pays. Elle en peine même à admettre que ses enfants se transforment sous ses yeux en adolescents américains moyens. A l'opposé, Phillip nourrit beaucoup de doutes : c'est la famille qu'ils ont fondée qu'il veut d'abord préserver. Il rêve de voir cette illusion se transformer en réalité et d'en finir avec cette double vie : pourquoi ne pas, comme tant d'autres, faire défection ? Si la caractérisation des deux personnages est soignée, le plus fascinant dans ce pilote est la dynamique de couple introduite. Nourri d'ambivalences, un lien fort n'unit pas moins les deux personnages. Phillip est certes celui qui est le plus investi dans cette relation, mais la manière dont le couple se retrouve à la fin, partageant un degré de compréhension et une alchimie rares, démontre la complexité de leurs rapports.

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Solide sur le fond, The Americans convainc également sur la forme. La reconstitution des années 80 est appliquée, qu'il s'agisse du cadre comme de l'utilisation d'une bande-son qui fleure bon cette période : qu'il s'agisse de passages uniquement musicaux (la course-poursuite du début par exemple est assez jubilatoire) ou bien le recours à quelques chansons parfaitement en adéquation (Phil Collins flotte In the air tonight après avoir vu ce pilote). Les quelques scènes d'action sont également bien réalisées : sans que la série ne bascule dans ce genre, elle impose d'emblée une crédibilité appréciable aux différentes facettes de la vie des espions. Si le générique n'apparaît au cours de ce pilote, il a cependant été dévoilé par ailleurs (cf. la deuxième vidéo ci-dessous) et se révèle très bon : il partage avec d'autres fictions récentes ayant pour thème l'infiltration - à savoir Sleeper Cell et Homeland - une approche où se mêlent images d'archives/d'actualité et images des protagonistes de la fiction. Recontextualisant avec nombre de symboles les enjeux de la série, il se montre des plus attrayants pour donner le ton.

Enfin The Americans a aussi pour elle de bénéficier d'un casting tout simplement impeccable, avec un duo central qui sait tirer le meilleur parti des solides personnages qui sont introduits. Keri Russell (Felicity) propose un personnage intense, armée de ses certitudes. Tandis que Matthew Rhys (Brothers & Sisters - qui retraverse l'Atlantique après une année passée outre-Manche dans The Mystery of Edwin Drood ou encore The Scapegoat) dévoile plus de doutes, mais partage ce même froid professionnalisme notamment durant les scènes d'action. Jouant dans des registres à la fois différents et complémentaires, et dotés d'une très bonne alchimie, les deux acteurs trouvent immédiatement le ton juste. Face à eux, c'est Noah Emmerich (récemment croisé dans quelques épisodes de White Collar ou de The Walking Dead) qui interprète leur nouveau voisin du FBI instinctivement soupçonneux, avec pour collègue de travail un agent joué par Maximiliano Hernandez. Keidrich Sellati et Holly Taylor jouent les enfants du couple Jennings. Du côté des protagonistes secondaires, on retiendra tout particulièrement la présence annoncée de Margo Martindale.

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Bilan : Doté d'une écriture solide et nuancée, The Americans signe un pilote maîtrisé et convaincant. Tout en esquissant des portraits intéressants, tout en finesse psychologique, de ses personnages principaux, il laisse entrevoir le potentiel prometteur de son concept de départ, positionnant la fiction à la croisée de différents genres. Au-delà du récit d'espionnage, c'est une déclinaison très particulière du drama familial qui se dessine. Dans une fiction où la dualité est maître-mot, les différents rapports mis en scène semblent destinés à rester ambigus ; et dans cette optique, de nombreuses problématiques méritent d'être explorées. Il faudra voir comment la série maintiendra son équilibre entre ces genres à moyen terme, mais, assurément, je serai devant mon petit écran pour l'apprécier ! A suivre.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :