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31/03/2013

(Pilote CAN) Orphan Black : des doubles, des secrets et des échanges d'identités

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Week-end de Pâques riche en changements dans mes programmes sériephiles printaniers (il faut bien mettre à profit ce lundi férié). Non seulement plusieurs séries signent un retour remarqué, avec la reprise de la saison 7 de Doctor Who hier et le début de la saison 3 de Game of Thrones ce soir, mais une nouvelle série que j'attendais avec une certaine curiosité débutait également, ce samedi 30 mars 2013, en Amérique du Nord : Orphan Black.

Deuxième série originale de BBC America après Copper, co-produite avec la chaîne canadienne Space, on retrouve derrière cette fiction deux Canadiens, Graeme Manson et John Fawcett (qu'on a déjà croisé derrière la caméra pour certains épisodes de The Border, The Bridge ou encore Lost Girl). Orphan Black a pour l'instant été commandée pour une saison de 10 épisodes. Sur le papier, elle semble avoir le potentiel pour s'inscrire dans la lignée des divertissants high concept de science-fiction canadiens, à l'image de Continuum l'an passé. Une impression confirmée par un pilote qui m'a donné envie de revenir pour la suite.

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Sarah est une jeune arnaqueuse débrouillarde qui n'a pas été épargnée par la vie. Orpheline, ne sachant rien de ses origines, elle a grandi en famille d'accueil, aux côtés d'un frère adoptif dont elle est toujours proche, Felix. Elle a aussi une petite fille, Kira, qu'elle n'a pas vue depuis 10 mois lorsque débute la série. La vie de Sarah est donc déjà passablement compliquée, avec un petit ami qu'elle vient de quitter violemment, en lui volant de la drogue qu'elle espère revendre pour recommencer ailleurs une nouvelle vie. Ses projets changent quand une jeune femme inconnue, mais lui ressemblant traits pour traits, se suicide sous ses yeux en se jetant sous un train. Elle va alors mettre le doigt dans un engrenage très dangereux.

En effet, perturbée par cette ressemblance frappante, mais aussi pragmatique, Sarah vole les affaires personnelles que son double a abandonnées sur le quai. Elle parvient ainsi à s'introduire chez Beth. Découvrant des relevés de comptes avec une forte somme, Sarah décide même d'aller plus loin dans l'arnarque en prenant pour un temps l'identité de la défunte afin d'accéder à l'argent. Mais Beth avait aussi son lot de problèmes : policière, elle était suspendue pour avoir abattu une civile. Sarah se retrouve prise malgré elle dans cette vie qui lui est étrangère. Puis, très vite, leur mystérieuse ressemblance acquiert une autre dimension lorsque Sarah rencontre encore une autre femme qui lui ressemble en tout point physiquement... et manque alors de se faire abattre. C'est dans le mystère de ses origines que doit se trouver la réponse à tous ces évènements.

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Orphan Black signe un pilote efficace et divertissant. La série se réapproprie, avec une tonalité bien à elle et un style à la fois simple et direct, des thèmes familiers qui laissent entrevoir du potentiel. L'univers esquissé intrigue, entremêlant des histoires de doubles destinées à nous faire explorer et repousser les limites connues de la science (le clonage se profile en arrière-plan), des secrets des origines jalousement gardés dans lesquels perce une pointe conspirationniste et des échanges d'identités qui requièrent un jeu compliqué de poker-menteur pour faire illusion... Les enjeux et les mystères entourant Sarah sont donc bien introduits, avec de nombreuses questions soulevées. Surtout, l'épisode installe une ambiance des plus plaisantes à suivre : la tonalité y est versatile, ce qui dynamise un peu plus une narration déjà bien rythmée, avec une histoire qui progresse vite. Le pilote joue en plus sur des changements de tons globalement bien maîtrisés, se ménageant des moments sérieux versant dans le registre du thriller, et des passages autrement plus légers qui tendent vers la dramédie.

Si le téléspectateur se prend aisément au jeu de ce divertissement à suspense, c'est aussi parce que Orphan Black peut compter sur une héroïne convaincante qui, dotée d'un sens de la débrouillardise aiguisé, révèle différentes facettes d'une personnalité tout en ombres et lumières. Sarah est quelqu'un qui s'est endurci au contact d'une vie où elle n'a pas eu beaucoup d'opportunités. Mais elle a aussi fait des choix discutables, comme celui de laisser sa fille derrière elle pendant presque une année. Elle n'aspirait à rien d'autre qu'un possible nouveau départ : son objectif en devenant Beth était simple, vider le compte en banque de la défunte, sans vraiment penser aux conséquences d'un échange d'identité. Or la voilà entraînée malgré elle dans des enjeux autrement plus complexes, qui la dépassent. La série tient là une figure centrale sur laquelle elle peut se reposer. Le seul autre personnage sur lequel le pilote s'attarde un peu est son frère adoptif, Felix, qui apporte une autre perspective sur les évènements. La complicité, existant entre les deux en dépit des reproches, est l'occasion d'humaniser des relations humaines qui restent dans l'ensemble assez froides (Sarah devant donner l'illusion aux connaissances de Beth).  

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Intriguante et efficace sur le fond, la série sait tirer le meilleur parti des moyens qu'elle a à disposition. Tournée dans les environs de Toronto, elle bénéficie d'une réalisation très correcte, s'adaptant aux contraintes matérielles. Sa photographie, avec des teintes à dominante froides, correspond bien à l'ambiance qu'elle essaie de construire. Le seul bémol à lui adresser sera sans doute du côté de la bande-son : les musiques, énergiques comme tout thriller qui se respecte, sont parfois assez envahissantes, avec des passages où tout paraît éclipsé derrière elles.

Enfin, Orphan Black dispose d'un dernier atout, son casting, ou plus précisément son actrice principale, Tatiana Maslany (World without end). Elle interprète l'héroïne, et toutes les différents doubles qui peut exister d'elle. Cela nécessite d'avoir les épaules suffisamment solides pour porter la série, et c'est un challenge qu'elle relève sans mal, apportant une vraie présence à l'écran, avec une vitalité appréciable. Du fait du format de la série, l'épisode tourne logiquement quelque peu au "Tatiana Maslany show", seul Jordan Gavaris (Unnatural History) tire son épingle du jeu dans ce premier épisode, en interprétant le frère adoptif de Sarah. On retrouve également Dylan Bruce (The Bay) qui incarne le petit ami de Beth), Maria Doyle Kennedy (The Tudors, Titanic), la mère adoptive de Sarah, ou encore Kevin Hanchard, le partenaire policier de Beth.

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Bilan : Orphan Black signe des débuts intéressants. Divertissement prenant et efficace, le pilote est plaisant à suivre grâce à une narration rapide et fluide, dotée une tonalité versatile qui fait toute sa fraîcheur. Signe que la série a des ambitions, il est aussi plutôt dense, avec de nombreuses questions soulevées et des thématiques à explorer qui balaient un large champs : pour certaines très personnelles, pour d'autres autrement plus mystérieuses. A la fin de l'épisode, l'histoire est bel et bien lancée, même si le concept annoncé, celui du clonage, n'est pas encore formellement introduit. Il faudra voir si la suite parviendra à conserver le bon dosage de cette introduction, sans s'essouffler. Mais la saison ne doit compter que 10 épisodes, et le potentiel est là. A suivre.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :

29/03/2013

(SE) 27 sekundmeter snö (Vertiges) : huis clos suédois dans la lignée des oeuvres d'Agatha Christie

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Le billet du jour est dédié aux fiction policières. A la télévision tout d'abord, avec un rendez-vous pris ce soir, sur France 2, pour le retour des petits meurtres d'Agatha Christie. Cet épisode inaugure pour l'occasion un nouveau duo qui a la (difficile) tâche de succèder au commissaire Larosière et à l'inspecteur Lampion. J'espère en tout cas qu'elle aura su maintenir la dynamique qui avait pu me la faire apprécier l'automne dernier (je l'avais alors rattrapée en une dizaine de jours). Pour se faire une idée, la bande-annonce à voir par là.

En attendant, c'est une excursion plus nordique que je vous propose dans ma critique de ce soir : direction la Suède ! 27 sekundmeter snö (Vertiges en version française) est une mini-série comptant 2 épisodes d'1h30 environ, datant de 2005. Réalisée par Tobias Falk, il s'agit de l'adaptation à l'écran du premier roman, portant le même titre, de Kjerstin Göransson-Ljungman, publié en 1939. Encore inédite en France, cette fiction arrivera à partir du 13 avril prochain sur la chaîne Eurochannel, qui continue d'entrouvrir pour nous les portes de la culture européenne. 27 sekundmeter snö est un huis clos d'investigation, vite paranoïaque, sur lequel flotte un parfum s'inscrivant dans la lignée directe des Sir Arthur Conan Doyle et autre Agatha Christie. Avis aux amateurs.

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27 sekundmeter snö se déroule en Suède, en 1939, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Un petit groupe de personnalités très dissemblables se retrouve pour une excursion à ski à travers les montagnes suédoises. Guidé par un médecin, on retrouve parmi eux un entrepreneur au caractère peu abordable et sa fille, un couple marié, ou encore une actrice et son ami français. Soudain pris dans une violente tempête de neige, ils sont contraints de trouver refuge dans une bâtisse isolée tenue par une vieille dame, Frida, qui les accueille à bras ouvert.

Mais le sentiment de soulagement et de sécurité une fois bien installés dans leur abri sera éphémère : au cours de leur première nuit, l'entrepreneur est assassiné. Son corps est retrouvé sans vie, sur son lit, un couteau planté dans le dos. Coupé du monde par les éléments naturels qui continuent de se déchaîner dehors, le petit groupe a conscience que le meurtrier se trouve forcément parmi eux. Or ce ne sont ni les secrets, ni les tensions, qui manquent en leur sein. Tous ont aussi eu une opportunité d'accéder au lieu du crime cette fameuse nuit. Ils vont devoir mener l'enquête par eux-mêmes, pour espérer comprendre le mobile d'un tel acte et démasquer le tueur, afin de sortir indemnes d'un voyage où, confinés dans ce huis clos glacé, il devient aisé de glisser peu à peu dans une paranoïa dangereuse.

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27 sekundmeter snö affiche et reprend à son compte tous les ingrédients les plus classiques d'un whodunit à huis clos, avec l'invariable efficacité attachée à ce type d'histoire qui a l'art de piquer la curiosité de tout téléspectateur amateur de mystère. Initialement, elle débute sur une excursion à ski dont l'insouciance apparente sonne pourtant déjà un peu faux, comme si quelque chose se tramait en arrière-plan. Logiquement c'est à partir du meurtre que la mini-série décolle vraiment. L'énigme à résoudre est basique : "Qui a tué l'entrepreneur, dans sa chambre, avec son propre couteau ?" La particularité tient ici au fait que nul enquêteur officiel ne va intervenir sur place. La seule personne relativement neutre est la logeuse. Sans tergiverser, elle prend immédiatement ses responsabilités pour éclaircir cette affaire et découvrir le meurtrier, refusant d'attendre la fin de la tempête. A partir de cette base, 27 sekundmeter snö déroule ensuite une histoire simple et directe qui, en empruntant bien des fausses pistes, va nous conduire au tueur.

Le chemin vers la vérité ne sera pas aisé. Rapidement, tous les personnages dévoilent leurs ambiguïtés, avec des secrets qu'ils dissimulent plus ou moins bien. La mini-série joue à dessein sur ces dualités pour distiller une ambiance qui glisse vers une sourde paranoïa. En fait, tout le monde, ou presque, peut avoir un mobile ; tout le monde, ou presque, a eu une opportunité cette nuit fatale... Mais qui la vraiment saisit ? Des suspects les plus évidents à ceux qu'on n'ose point soupçonner au départ, mais qui, peu à peu, s'imposent comme une possibilité, 27 sekundmeter snö se construit une galerie de meurtriers potentiels dans la droite lignée des oeuvres qui l'ont précédée dans son genre. Il est facile de se prendre au jeu de ce mystère. Cependant, si l'ensemble se suit sans déplaisir, il manque quelque chose à la narration pour vraiment captiver. L'écriture montre des limites, notamment avec un rythme trop inégal où la tension peine à s'établir. Si bien que malgré du potentiel, 27 sekundmeter snö reste une déclinaison très scolaire de whodunit, esquissant un tableau froid et trop distant de personnages auprès desquels il est difficile de s'impliquer.

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Sur la forme, 27 sekundmeter snö joue sur le huis clos imposé par les conditions météorologiques pour construire cette ambiance qui éprouve les nerfs des différents protagonistes. La luminosité est faible dans le chalet ; derrière chaque fenêtre givrée, on aperçoit les éléments se déchaîner dehors. L'hostilité extérieure s'introduit dans la maison à partir de la découverte du meurtre. La tempête est un acteur influant sur le récit, tout d'abord en isolant les personnages. puis, lorsqu'elle cesse enfin. Le soleil revenu, chacun semble retrouver une sérénité un instant perdue dans la promiscuité trop oppressante du chalet. La mini-série joue ainsi sur les contrastes lumineux : les repères revenant dès que pointent à nouveau les premiers rayons du soleil, et que les terres enneigées éblouissent à nouveau à perte de vue. La musique joue quant à elle son rôle d'accompagnement, appuyant les tonalités des différentes scènes.

Côté casting, les limites de l'écriture dans la caractérisation des personnages pèsent sur les performances d'acteurs dont certains restent inégaux et un peu en retrait. Parmi les têtes familières du petit écran suédoise, il y a celui qui s'impose comme le leader du groupe, leur guide - et docteur : il est interprété par Jacob Ericksson dont ceux qui ont vu l'adaptation suédoise de Millenium se rappelleront peut-être (très occupé en ce début d'année 2013, puisqu'on a pu le voir dans Molanders ou encore dans En Pilgrims Död). A ses côtés, on retrouve une galerie disparate de figures qui vont venir, chacun leur tour, semer le doute dans l'esprit du téléspectateur : Elisabeth Carlsson, Jan Mybrand, Jamil Drissi (s'exprimant toujours en "français"), Livia Millhagen, Malena Engström, Mylaine Hedreul (Höök), Ulricha Johnson (Kommissarie Winter) ou encore Niklas Falk (Tre Kronor). Anders Ahlbom (Våra vänners liv) incarne celui qui va mourir assassiné, tandis que Gunilla Abrahamsson joue la logeuse.

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Bilan : Assumant pleinement ses influences Agatha-Christie-nnes, 27 sekundmeter snö se réapproprie les bases simples et classiques d'un whodunit à huis clos. Tout téléspectateur appréciant de tels récits d'enquêtes y retrouvera un parfum de mystère et une dynamique soupçonneuse caractéristique auprès desquels il est facile de se prendre au jeu pour les 3 petites heures que dure cette fiction. Cependant cette mini-série souffre de limites d'écriture, notamment dans la construction de sa tension, ainsi que dans le traitement de ses personnages, qui l'empêcheront de pleinement exploiter le potentiel offert par son cadre particulier. Si je l'ai suivie sans déplaisir, elle est sans doute à réserver aux amateurs du genre qui souhaiteraient tester une déclinaison nordique de ces ficelles whodunit.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la mini-série :

27/03/2013

(K-Drama / Pilote) The Virus : un classique thriller pandémique

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Hypocondriaques aux abris ! Le concept dans l'air du temps en ce printemps 2013 sur le câble sud-coréen, c'est la lutte contre les pandémies. La sériephile que je suis, qui a gardé un très bon souvenir de l'approche de ce sujet dans la série canadienne Regenesis (surtout de sa grande saison 1 !), ne pouvait que voir sa curiosité éveillée. D'autant qu'en dehors de leurs synopsis aux influences communes, les deux chaînes à s'essayer à ce genre ont généralement des styles et des approches très différents. Je ne vais pas vous cacher que le drama que je suis la plus curieuse de découvrir est celui de jTBC, The End of The World. Mais en attendant d'éventuels (hypothétiques ?) sous-titres anglais, c'est vers The Virus que je me suis tournée.

Ce dernier, dont dix épisodes sont prévus, est diffusé depuis le 1er mars 2013 sur OCN. Si cette chaîne du câble ne convainc pas toujours dans les genres auxquels elle s'essaie, il faut reconnaître malgré tout qu'elle a su se forger une identité propre ces dernières années dans le petit écran sud-coréen, de Vampire Prosecutor à Special Affairs Team TEN (dont la saison 2 arrive le moins prochain à l'antenne), en passant par Hero. La voir s'attaquer au thriller pandémique suit donc la logique de sa politique de fictions, surtout au vu de l'approche très calibrée - et sur certains points, assez limitée - que laissent entrevoir les deux premiers épisodes de The Virus.

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Suivant la tradition du genre, The Virus s'ouvre sur un flashforward aux accents dramatiques : son personnage principal, Lee Myung Hyun, y est poursuivi par la police. Il affirme qu'il faut reprendre tous les éléments de l'enquête autour de ce virus qui a commencé à se propager moins d'un mois auparavant. Acculé sur le toit d'un immeuble, il manifeste soudain les symptômes inquiétants (et plutôt spectaculaires) de la maladie. Le drama nous ramène alors quelques jours auparavant, au tout début de la crise sanitaire : appelés pour un incendie dans un centre médical, des pompiers y découvrent des cadavres dont la mort n'est pas liée au feu. Très vite, ceux qui sont intervenus sur les lieux meurent à leur tour...

Comme il ne fait aucun doute qu'un virus est à l'oeuvre, le CDC sud-coréen (Center for Disease Control) est appelé pour enquêter. L'équipe d'investigation, dirigée par Lee Myung Hyun, doit faire face, avec des moyens humains et logistiques restreints, à une maladie qui semble fatale dans 100% des cas, et suit un mode de transmission identique à celui de la grippe. Un risque important de très grave pandémie pèse sur Séoul. Cependant les politiques sont pour le moment surtout préoccupés par la préservation de l'image de la Corée du Sud. Ne voulant pas alarmer le public, ils préservent le secret. Les cas qui sont reportés laissent pourtant à penser qu'un individu infecté et contagieux, mais qui semble résister à la maladie, se déplace inconscient du danger qu'il représente. Le CDC se lance dans une chasse à l'homme pour ce "patient zéro" qui peut être la clé de tout.

Quelle est l'origine de ce virus et qu'est-ce qui se cache réellement derrière cette pandémie ? Quel sera le sort de Lee Myung Hyun ? Autant d'enjeux auxquels The Virus va tâcher d'apporter des réponses.

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S'il existe quelque part un manuel type de la fiction sur une catastrophe pandémique, The Virus applique à la lettre le classique cahier des charges qu'il fournit. Mettant en scène avec insistance la propagation contagieuse du virus, distillant les doutes et les questions sur l'origine de la maladie en se ménageant une voie possible vers le conspirationnisme, et pointant une hiérarchie et un gouvernement frileux et médiocre, recroquevillé sur l'idée qu'il faut avant tout éviter de nuire à l'image du pays, ce drama bénéficie de l'efficacité toute mécanique que lui offre son concept. La recette est calibrée à souhait, le rythme plutôt rapide permettant de retenir l'attention. Le scénario ne recherche pas l'innovation : les développements sont très prévisibles, et auront sans doute un air de "déjà vu" pour quiconque un tant soit peu familier avec ce type de récit.  Cependant il faut reconnaître que l'ensemble apparaît globalement assez huilé, assumant tous les poncifs qui sont empruntés. La curiosité du téléspectateur est au final aiguisée par l'énigme qui s'esquisse sous ses yeux.

Partant donc sur des bases correctes - sans marquer - dans le registre du thriller, l'écriture de The Virus révèle des limites plus criantes et problématiques quand elle touche aux personnages mis en scène. Plus que l'énième déclinaison de l'immuable héros "chevalier blanc froid et pas toujours diplomate seul contre sa hiérarchie" proposée, ce qui pose plus généralement souci, c'est le fait que tous les personnages apparaissent unidimensionnels, avec un travail de caractérisation à peine minimal qui confine à la transparence. Ces problèmes sont également perceptibles quand le drama tente - un peu vainement - d'humaniser son récit et de faire gagner en consistance ses protagonistes. C'est avec un manque criant de subtilité que la série est alors capable d'enchaîner sans transition des scènes très froides et des passages où l'émotionnel dramatique est surligné à l'excès, comme lorsqu'est dévoilé le passé endeuillé du personnage principal ou lorsque nous découvrons que son ex-femme est une des contaminées du virus. Le contraste dans les tonalités qui se succèdent sur une très brève période dénote un manque d'homogénéité et de maîtrise de la narration qui rend le drama peu engageant : il est en effet difficile de s'impliquer aux côtés de telles figures.

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Sur la forme, The Virus a ce style et l'ambiance un peu sombre, parfois nerveuse, que l'on retrouve dans d'autres dramas d'OCN. Si on peut regretter quelques effets de caméras inutiles dans certaines scènes, et une tendance aux gros plans dispensable, la réalisation correspond au genre investi : le téléspectateur sait immédiatement qu'il est devant un thriller calibré lorsqu'il s'installe devant ce drama.

Enfin, le casting apparaît handicapé par une écriture qui met peu en valeur les acteurs. C'est Uhm Ki Joon (The World That They Live In, Hero (MBC), Ghost) qui interprète le protagoniste principal. Il a la présence à l'écran requise pour ce genre de rôle, mais il a une inclinaison à tomber dans le sur-jeu dans certaines scènes - dès que son personnage s'implique émotionnellement - qui gagnerait à être plus nuancée. Le casting qui l'entoure laisse une impression mitigée, manquant d'implicationn ou n'ayant pas les lignes de dialogues qui permettent de vraiment s'exprimer. On y croise notamment Lee So Jung, Lee Ki Woo, Ahn Suk Hwan, Jo Hee Bong, Yoo Bin, Park Min Woo, Hyun Woo, Oh Yong ou encore Song Young Kyu.

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Bilan : Bénéficiant d'un efficacité mécanique liée à une correcte exploitation de son concept de thriller pandémique, The Virus part sur des bases honnêtes pour proposer une histoire à suspense rondement menée. Si on peut lui reprocher sa relative prévisibilité et une ambition qui reste très minimale, le mystère est bien posé et les questions sans réponses intriguent. Cependant les limites de l'écriture se font plus problématiques au niveau du traitement des personnages ou encore dans la gestion pas toujours très adroite des changements de tonalités. Il sera sans doute difficile pour The Virus de dépasser cela, mais il peut éventuellement retenir l'attention des amateurs de pandémies catastrophes, ici développées dans le cadre particulier sud-coréen.

Avec un tel drama, OCN poursuit donc ses expérimentations et ouvertures. Cela ne donne pas toujours des fictions mémorables, mais cela a le mérite de permettre l'exploration d'autres genres par rapport aux grandes chaînes. Une certaine alternative câblée, à faire grandir.


NOTE : 5,5/10


Une bande-annonce de la série :

24/03/2013

(Pilote AUS) Please Like Me : un Girls au masculin ?

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Pour conclure le week-end, direction l'Australie aujourd'hui ! Depuis le début d'année 2013, son petit écran a proposé, avec plus ou moins d'inspiration, plusieurs nouveautés très différentes. Il y a par exemple eu The Doctor Blake Mysteries, une série policière historique qui pourra plaire aux amateurs (pour plus d'informations, je vous invite à lire la fiche de présentation de Thierry Attard). Côté dramédie policière, le pilote de Mr & Mrs Murder fut beaucoup plus indigeste, je vous propose donc de l'oublier. Restait sur ma liste à tester une série dans laquelle je me suis plongée cette semaine : Please Like Me.

Une comédie, dans les colonnes de ce blog, cela reste une rareté. Mais la télévision australienne récidive pour la deuxième fois en quelques mois puisque A Moody Christmas avait su retenir mon attention l'automne dernier. Please like me est une série qui a débuté le 28 février 2013, sur ABC2, pour une saison de 6 épisodes d'une demi-heure chacun. Il s'agit d'une création de Josh Thomas, un jeune comique australien qui porte ici à l'écran des passages de son spectacle. A noter que la série sera présentée à la fin du mois prochain à Paris lors de la 4e édition du Festival SériesMania (aux côtés de deux autres fictions australiennes : Puberty Blues, une chronique adolescente que je recommande chaudement, et de Redfern Now). 

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Please Like Me nous plonge dans la vie de Josh, laquelle prend, en quelques jours, des tournants pour le moins inattendus à la veille de ses 21 ans. Il y a d'abord sa petite-amie qui rompt avec lui alors qu'ils s'apprêtent à partager une glace hors de prix. Outre le fait qu'ils se soient de plus en plus éloignés l'un de l'autre, elle lui fait également remarquer qu'il est probablement gay. Pour se changer les idées, Josh rend visite à son meilleur ami, Tom, à son travail. L'occasion de rencontrer le nouveau collègue de ce dernier, Geoffrey, un très charmant jeune homme qui ne perd pas de temps pour se faire inviter à l'appartement que partagent en colocation Josh et Tom... puis dans le lit de Josh.

En plus de ces questionnements et errances amoureuses, Josh doit gérer dès le lendemain une autre type de crise, familiale cette fois-ci. Sa mère a fait une overdose de médicaments qui ressemble fort à une tentative de suicide. Or elle vit seule depuis son divorce avec le père de Josh. Le médecin leur conseillant de ne pas la laisser à sa solitude, voilà Josh à devoir envisager de retourner vivre chez sa mère, avec toutes les complications qu'une telle cohabitation peut laisser entrevoir. Dans le même temps, son père n'est pas d'une grande aide : la conscience coupable, il cache sa nouvelle compagne et ne fait qu'un peu plus peser sur le quotidien de son fils. Please Like Me va donc nous relater le quotidien de Josh, et de tous ceux qui gravitent autour du jeune homme.

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Présentée comme un "Girls au masculin" dans le communiqué de presse du Festival SeriesMania (avec toutes les limites de ces exercices de comparaison), Please Like Me installe rapidement une tonalité bien à elle. Son récit adopte un étrange faux rythme qui peut d'abord dérouter. Multipliant les temps de flottement qui viennent rompre la narration, la série privilégie avant tout la mise en scène de quelques instantanés représentatifs du quotidien compliqué de Josh et des bouleversements qu'il connaît. Afin de provoquer ces passages mémorables, les intrigues peuvent ainsi progresser excessivement vite, à l'image de la vie amoureuse du héros. Ce style d'écriture particulier s'affranchit donc de certaines contraintes narratives pour aller à l'essentiel ; pour autant, il n'en reste pas moins fluide et, surtout, ne perd pas le fil comique de la fiction.

L'humour de Please Like Me repose sur des répliques et des réparties les plus directes qui soient, et sur les situations embarassantes que le personnage principal, avec sa récurrente maladresse, provoque ou désamorce avec plus ou moins de tact. Il faut un léger temps d'acclimatation pour rentrer dans cette série. Tout ne fonctionne d'ailleurs pas toujours. Mais, en dépit de quelques passages un peu lourds, cet élan comique qui semble toujours prendre un malin plaisir à s'inscrire à contre-temps fait mouche. Non seulement le téléspectateur sourit, mais surtout, il se surprend rapidement à s'attacher à cet ensemble. Car Please Like Me est une fiction très humaine, où perce, derrière les échanges mis en scène - lesquels résonnent parfois de manière tellement improbable prononcés à haute voix - , une étonnante et touchante justesse. C'est dans ce dernier aspect que réside le précieux et fragile équilibre de cette série.

En tant que figure centrale, autour de qui toute l'histoire tourne, et dont on partage tous les états d'âme, Josh aurait vite pu devenir agaçant. Please Like Me évite pour le moment cet écueil. Les maladresses et les doutes humanisent un personnage qui se situe encore dans cette phase transitoire entre l'irresponsabilité de la jeunesse, parfois infantile, et la prise de conscience de l'entrée dans l'âge adulte. De plus, la série ne vire pas au simple one man show, mais repose sur ses intéractions avec une galerie de protagonistes dont les traits de caractère, bien personnels, ressortent vite, qu'ils soient ordinaires à l'excès ou hauts en couleurs. Ce sont les confrontations, les échanges à rebours et toutes les dynamiques, ou leur flagrante absence, qui sont le ressort du récit. L'équilibre empreint d'humanité de Please Like Me tient d'ailleurs à son diffus mélange des tonalités : la série aborde aussi un versant plus sombre, dramatique, notamment avec la dépression de la mère de Josh, prouvant qu'elle est bien le récit d'une vie, sous tous ses aspects, et non une simple comédie relationnelle.

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Sur la forme, peu de choses à signaler sur Please Like Me qui reste une fiction calibrée et assez sobre. La photographie est maîtrisée et cohérente : à l'éclat excessif de certains passages - comme la scène d'ouverture de rupture au soleil - succèdera par exemple le grisâtre terne de l'hôpital où Josh rendra visite à sa mère. La série use une sorte de mini-générique changeant chaque épisode qui met en scène son personnage principal dans une activité du quotidien.

Enfin, côté casting, Please Like Me est centrée sur Josh, interprété par Josh Thomas. Ce n'est pas un acteur de formation et il n'a pas non plus de véritable expérience en la matière, mais, logiquement, il est tout simplement ce personnage, qu'il joue avec le naturel qui convient. A ses côtés, on retrouve un casting qui ne dépareille pas et se met au diapason : on croise notamment Thomas Ward, Caitlin Stasey, Debra Lawrance, David Roberts, Judi Farr, Wade Briggs, Andrew S. Gilbert, Nikita Leigh-Pritchard et Renee Lim.

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Bilan : Construite à dessein sur un faux rythme, Please Like Me va à l'essentiel au cours de ces premiers épisodes. Elle trouve son ton, détonnant mélange d'authenticité et de décalages. Son humour repose sur quelques confus instants de flottement et des élans spontanés plus ou moins maladroits de ses personnages. Si son écriture n'évite pas quelques excès, il émane d'elle une humanité, ainsi qu'une forme de sincérité, qui touchent le téléspectateur et qui rendent l'ensemble attachant. Le téléspectateur français ne connaissant a priori pas Josh Thomas, cela permet de découvrir la série sans préconception. Une intéressante comédie, donc, qui a aussi pour elle d'être brève. A surveiller si elle préserve son équilbre jusqu'au bout.


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :

22/03/2013

(UK) Being Human, saison 5 : the desire to be human is the end, not the beginning

"What none of you realised, none of us realised, is
- the desire to be human is the end, not the beginning.

To want it is to have it. You're not wasting your time, Tom.
You've already won."
(Hal - 5.06, The Last Broadcast)

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Il est temps de revenir sur mon deuil sériephile de ce mois de mars. Being Human s'est achevée il y a presque deux semaines en Angleterre. Si la série aura donc bénéficié de cinq saisons pour exploiter son concept, une durée très honorable, la pointe de regret est pourtant là en commençant la rédaction de ce billet. C'est en effet peut-être par la plus aboutie et belle de ses saisons qu'elle s'est conclue. En disant adieu à une série, on mesure souvent son importance : elle m'aura prouvé que ce n'est pas pour rien qu'elle fut une des rares à avoir l'honneur de sa propre catégorie dédiée sur ce blog. Je l'ai suivie avec un attachement jamais démenti, passant par tous les états : j'ai connu les semi-déceptions, les frustrations, mais aussi ces grands moments, forts, chargés d'une humanité qui m'a touché au coeur.

Par-dessus tout la grande caractéristique de Being Human est d'avoir toujours su se réinventer. Jusqu'au bout. Mon histoire avec elle a commencé durant l'hiver 2008 par un pilote loin d'être parfait, mais où perçaient un charme et un potentiel indéniables. C'est pourtant une autre série, à la tonalité réajustée, avec un casting quasiment entièrement renouvelé (elle avait perdu deux de ses trois acteurs principaux) qui, finalement, a vu le jour en janvier 2009 après une mobilisation (méritée) de fans de la première heure. J'ai passé la moitié de la première saison à regretter "l'originale" et Andrea Riseborough, avant de me prendre d'affection pour ce nouveau trio. Partie d'un quotidien quasi-anecdotique s'il n'y avait eu cette dimension fantastique, Being Human s'est ensuite peu à peu tournée vers des enjeux toujours plus grands, glissant à l'occasion dans une surenchère hors de contrôle. Trois saisons éprouvantes ont conduit à une conclusion inévitable.

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Au cours de sa quatrième, l'an dernier, la série a de nouveau prouvé sa faculté à s'adapter, démontrant comme peu de fiction en sont capables que sa magie dépassait les protagonistes mis en scène. Quoiqu'on en dise, cette série avait une âme, solidement ancré dans son concept, qui aura survécu à tous ces bouleversements. De nouveaux personnages ont été introduits. La téléspectatrice que j'étais s'est un instant crispée : pouvait-on envisager Being Human sans Mitchell, sans George, et enfin, sans Annie ? Pourtant, pour la troisième fois, elle m'a conquise. Hal et Tom se sont imposés naturellement. Et, quelque part au fil de cette cinquième saison, j'ai soudain pris conscience que ce dernier trio sera sans doute l'image de Being Human que j'emporterais pour la postérité.

Tuée la saison précédente, Alex, jeune femme au fort caractère, a vite trouvé ses marques pour compléter un duo vampire/loup-garou qui avait déjà montré tout son potentiel. L'étonnante dynamique née entre Hal et Tom, deux personnages si dissemblables, a fonctionné à merveille au cours de cette saison 5, vacillant plus d'une fois et pourtant toujours si solide. Dans le même temps, la série a poursuivi dans la surenchère pour désigner l'ennemi de la saison. La menace des vampires, récurrente depuis le début, réduite à néant par la fin des Old Ones, Toby Whithouse s'est logiquement tourné vers le plus grand adversaire qu'un scénariste puisse envisager dans une mythologie surnaturelle : le Diable. Une ultime bataille, pour une ultime saison, tel était donc le programme.

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La réussite de cette saison 5 tient en premier lieu au fait d'avoir prolongé le retour aux sources entrevu la saison précédente : s'être rappelé que le charme de Being Human repose sur ces petites scènes d'une vie quotidienne se démarquant seulement de l'ordinaire par le twist fantastique apporté par la nature des différents protagonistes. Par-delà son univers surnaturel, la série doit tout à l'humanité, souvent touchante, toujours empreinte de doutes, qui émane de ses personnages. C'est dans leurs contradictions que ces derniers se révèlent. La série se construit sur ces dualités. On retrouve cette caractéristique jusque dans les relations que les protagonistes entretiennent. Il n'y avait rien de plus improbable que l'amitié naissante entre Hal et Tom, entre un ancien vampire un peu snob, obsédé par l'ordre, avec des troubles obsessionnels compulsifs qui lui permettent de canaliser ses pulsions, et un jeune loup-garou spontané, ayant encore tellement à apprendre de la vie. La série n'a pourtant jamais sonné aussi juste que durant ces instants-là.

Au fil des épisodes, se sont esquissés des portraits toujours riches en contrastes, mettant ainsi en lumière l'essence même de la série. Tous ces personnages ont dévoilé plusieurs facettes. Tom a désarmé le téléspectateur par la troublante vulnérabilité et l'inattendue innocence qu'il a préservées, lui pourtant tellement endurci par son éducation et ses combats contre les vampires. Hal a séduit autant par ses phases où son magnétisme vampirique ressort que par les passages où il vacille en tentant désespérément de retrouver le contrôle chèrement acquis de lui-même. Alex a touché par ce qu'elle représentait : une vie coupée nette, dont elle conservait malgré tout la répartie et la vitalité qui la définissaient. Toutes ces figures multidimensionnelles se sont cherchées, égarées, rassurées... Elles tendaient à l'aveuglette vers une supposée normalité qui demeurait cet idéal brandi d'une humanité perdue, sans comprendre que c'étaient justement tous ces questionnements, tous ces échecs, qui les rendent simplement... humains.

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Fidèle à la tonalité particulière de Being Human, cette saison 5 a alterné, dans ses intrigues, les phases de dramédie du quotidien, légère voire insouciante, et les basculements vers une fiction horrifique, culminant avec quelques scènes sanguinolantes et dramatiques à souhait. Cela lui a permis d'explorer plus avant des thématiques familières, comme l'impossible rédemption des vampires. Le décrochage de Hal a été bien traité, en choisissant l'angle de l'addiction et en introduisant aussi l'idée d'une sorte de deuxième personnalité, comme un double maléfique. De manière générale, chaque personnage a eu droit à ses moments, nous offrant de nombreuses scènes mémorables qui ont su toucher : des confrontations à l'intensité bouleversantes aux passages à la simplicité touchante. Being Human n'a jamais semblé plus fidèle à elle-même que lors de ces instants précieux où l'écriture éclaire la spécificité de ce concept.

Parallèlement, le fil rouge diabolique s'est fait de plus en plus inquiétant. Les tensions sont devenues pesantes, s'exacerbant face à différentes péripéties. Les grandes confrontations finales n'ont jamais été le point fort de Being Human, laquelle a toujours préféré la construction progressive les précédant. Mais ce à quoi est parvenu le dernier épisode constitue une magnifique chute, orchestrée en deux temps. Embrasser une humanité retrouvée en faisant disparaître la nature respective des personnages, c'est tout d'abord leur permettre de toucher le rêve qu'ils chérissaient tant. C'est dans le même temps offrir au téléspectateur une décharge émotionnelle rare. Suggérer ensuite, enfin, que tout ne serait resté bel et bien qu'un rêve, diabolique, une utopie, c'est rester fidèle jusqu'au bout à la dualité inhérente à la série. Je n'ai pas besoin de connaître la réponse qu'apportera le DVD pour être satisfaite, je préfère ces trois petits points de suspension suggestifs. C'est une fin avec ses contrastes que chacun peut conclure comme il l'entend.

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Sur la forme, Being Human a acquis une identité visuelle bien à elle au fil de ses saisons. Dans cette fiction fantastique qui n'a jamais eu un budget d'effets spéciaux très conséquent, ce sont les transformations en loup-garous qui ont toujours été l'écueil le plus problématique à surmonter. Qu'importe, la série a su naviguer entre ses genres, oscillant opportunément, suivant les scènes ou les épisodes, entre la dramédie humaine attachante et des emprunts aux codes de l'horreur fantastique. Elle n'aura pas hésité à recourrir à quelques effets de styles classiques de ce dernier genre, avec une mise en scène qui ne s'est jamais montrée avare en hémoglobine. Quant à sa bande-son, elle a su trouver quelques chansons bien choisies pour l'accompagner.

Enfin, côté casting, cette saison 5 a de nouveau accueilli quelques solides guest-stars pour construire le fil rouge, avec Phil Davis (Bleak House, Collision, Whitechapel) pour incarner le Diable, et Steven Robertson (Tess of the D'Ubervilles, The Bletchley Circle) pour interpréter un fonctionnaire très (trop) zélé. Surtout, elle a permis de confirmer tout le bien que l'on pouvait penser de son trio de jeunes acteurs qui ont su admirablement s'affirmer au fil des épisodes. Promue pour l'occasion, Kate Bracken a apporté une fraîcheur et une vitalité appréciable, venant compléter le duo déjà en place. Michael Socha (This is England) a su, lui, capturer la complexité de Tom, un personnage qui restera sans doute comme le plus attachant et désarmant de la série. Quant à Damien Molony, il aura séduit et marqué dans un rôle très riche, franchement fascinant, qui lui aura en plus donner l'occasion de s'exprimer dans des registres très différents. 

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Bilan : Au terme de cette cinquième saison, Being Human s'en est sans doute allée de la meilleure des façons : avec les honneurs d'une sortie réussie et une dernière saison admirable, fidèle à ce qui aura fait l'essence de la série, en insufflant à son concept une fraîcheur nouvelle. Ce n'est pas sans regret que le téléspectateur fait ses adieux à ce trio de personages qui a su si bien s'imposer, tout en n'ayant finalement eu qu'une poignée d'épisodes bien à lui. Mais c'est au moins sur l'impression de satisfaction laissée par cette ultime saison que cette série se clôture.

Finir Being Human laisse un vide. Elle a fait partie de mon quotidien téléphagique pendant six ans, même si elle compte moins de 40 épisodes. Je ne nie pas qu'elle m'a fait passer par tous les états, de l'enthousiasme à la déception. J'en garderai pourtant avant tout le souvenir d'une série capable de générer quelques instants véritablement magiques d'une humanité touchante, attachante et sincère, comme peu de fictions savent le faire. Ce fut une aventure sériephile avec ses hauts et ses bas que je ne regrette pas d'avoir vécue.

En guise d'ultime conclusion, permettez-moi de vous conseiller la lecture de deux beaux billets d'adieux qui, chacun à leur façon, m'ont parlé pour dire au revoir à Being Human : celui de Carole et celui de Saru.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la saison :