23/10/2010
[TV Meme] Day 10. A show you thought you wouldn’t like but ended up loving.
Babylon 5
(1993 - 1998)
Babylon 5 est une de mes séries, si ce n'est ma série, de science-fiction préférée, occupant une place de choix dans mon coeur, qu'elle partage avec Farscape. Pourtant rien n'était gagné a priori. Si j'ai toujours aimé la science-fiction, la diffusion fort discrète des fictions de ce genre en France fit que c'est plutôt grâce aux livres et aux films que j'ai d'abord pu répondre à cet appel des étoiles. Les grandes séries phares entrant dans cette catégorie, je les ai d'abord rêvées, dévorant les articles en parlant, avant de pouvoir (enfin) les découvrir de mes yeux. Si bien que c'est avec une bonne décennie de retard qu'il y a quelques années j'ai entrepris de vastes opérations de rattrapage téléphagique et que j'ai enfin pu me ruiner en investissant dans l'intégrale DVD de Babylon 5 (lesquels, à la différence de Farscape ne sont pas plaqués or).
Les obstacles au visionnage des grandes space-opera antérieurs aux années 2000 se révélèrent multiples pour la téléspectatrice de la seconde moitié des années 2000 que j'étais, qui regardait déjà de façon hebdomadaire la dernière nouveauté de l'espace, Battlestar Galactica, avec tous les nouveaux codes qu'elle avait pu introduire dans le genre. C'est là le danger de découvrir a posteriori ce type de séries : quoiqu'on en dise, au-delà même des effets spéciaux, c'est l'ensemble des effets visuels et narratifs qui a vieilli pour le regard du téléspectateur moderne. En téléphage organisée, après le rattrapage de Farscape, je m'étais fixée deux objectifs précis : commencer à remonter le temps en passant dans la décennie précédente avec deux morceaux de choix, Babylon 5 et Star Trek, en débutant cette dernière franchise par Deep Space Nine. C'est peu dire que le premier contact avec les années 90 fut difficile. Le visionnage de la saison 1 de ST:Deep Space Nine n'est à ce jour toujours pas fini (au rythme où je vais, disons que je suis confiante de le boucler d'ici 2020). Et j'avais laissé traîner plus de 6 mois entre le pilote de Babylon 5 et mon entame de la saison 1... que je mis encore plus d'un an à terminer. C'est en fait au tournant de la deuxième saison que s'opéra un premier déclic. Comme si l'introduction et l'exposé du contexte se terminaient pour rentrer enfin dans le coeur du sujet. Mon intérêt est ensuite allé crescendo, m'emportant vers ces rares sommets d'extase et de jubilation téléphagiques, culminant durant les magistrales saisons 3 et 4 - pour lesquelles 15 jours me suffirent.
En résumé, je n'ai jamais connu de débuts si difficiles avec une série pour achever son visionnage en l'ayant autant aimée. Après avoir vu le pilote, je n'aurais jamais pensé y adhérer vraiment, encore moins la savourer à ce point.
Parce que si Babylon 5 n'est pas exempte de défauts, elle constitue et reste un chef d'oeuvre mythologique comme la télévision réussit à en proposer au final fort peu d'aussi bien maîtrisé et construit. Si son visuel et ses codes scénaristiques ont pu vieillir, il y a quelque chose d'intemporel, de profondément universel, dans l'histoire qui nous est relatée. En cinq saisons, dont la première fait figure d'introduction et la dernière de semi-addendum, elle nous narre l'entrée symbolique de l'humanité dans une nouvelle ère, un nouvel Âge, synonyme de maturité et de nouveaux accomplissements.
La force de Babylon 5 réside avant tout dans la richesse de l'univers re-créé. Le téléspectateur assiste fasciné à l'accomplissement d'une histoire qui semble déjà écrite, faisant de ses personnages des héros de tragédie antique, ployant sous le poids d'enjeux qui les dépassent. Au fil des saisons, les forces réellement à l'oeuvre, vertigineuses, se dévoilent peu à peu. C'est une fresque épique, ayant sa propre logique et perspective, qui s'écrit sous nos yeux. Quel plaisir de savourer la construction d'une mythologie maîtrisée par des scénaristes qui savent parfaitement où ils vont. Nulle promesse non tenue. Les rêves prémonitoires, les prophéties obscures et les déclarations clairvoyantes parsèment la série, comme autant de fragiles indices, de pièces disséminées d'un puzzle trop vaste pour que l'on en saisisse immédiatement la portée, mais qui s'assemble progressivement. Le futur s'écrit dans l'inévitabilité des parcours funestes de protagonistes auxquels semble échapper tout libre-arbitre. Derrière l'immutabilité de cette prédestination aux accents tragédiens, c'est le souffle de l'Histoire en marche qui porte cette épopée et happe un téléspectateur à la fascination grandissante. Le final de la saison 4, par l'aperçu historiographique qu'il propose, prouve bien à quel niveau narratif Babylon 5 aspire.
Certes, tout ne fut pas parfait. Globalement, la série bénéficie d'une relative innocence, voire naïveté, d'écriture qui la conduit à embrasser des canons narratifs très traditionnels. Pour autant, elle porte aussi incontestablement la marque des grandes séries. Au cours de cette plongée dans la diplomatie et la géopolitique intergalactiques, elle abordera avec une subtilité grandissante, des thématiques d'éthiques et de politiques, exploitant pleinement la liberté que lui octroie son cadre de science-fiction. Si ses figures centrales renvoient l'aura rayonnante des héros des anciennes mythologies, ce n'est pas une série manichéenne. S'attachant à progressivement nuancer les portraits qu'elle dressera, Babylon 5 est une de ces séries capables de grandir et de mûrir avec ses personnages. Les chemins parcourus respectivement par G'Kar et Londo resteront pour moi comme un symbole fascinant de cet équilibre fragile, à la fois riche et complexe, auquel parvint cette fiction.
Babylon 5 est une de ces grandes séries au visionnage indispensable. Je ne répèterai jamais assez combien je suis heureuse de m'être entêtée après un premier contact difficile. Dans le cas contraire, je serais vraiment passée à côté d'une expérience mythologique incontournable.
Le générique de la saison 4 :
Un rappel en musique de cette saison 4 :
07:24 Publié dans (TV Meme) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : tv meme, babylon 5, bruce boxleitner, claudia christian, jerry doyle, mira furlan, richard biggs, peter jurasik, andreas katsulas | Facebook |
Commentaires
Écrit par : Nakayomi | 23/10/2010
J'aime aussi le fait que la série ne soit pas manichéenne mais pas désespérée non plus et avec des personnages attachants : pour moi, c'est la noirceur de Battlestar Galactica va trop loin dans la noirceur de l'univers et des personnages, ça m'a empêché de l'apprécier.
Par curiosité, quels effets narratifs as-tu trouvé vieillots ?
Bref, je vous recommande moi aussi très fortement cette série, un monument de la SF et de la télévision en général.
Écrit par : JainaXF | 23/10/2010
J'ai abandonné parce que c'était vraiment pas palpitant, j'attendais des rebondissements, et j'ai eu des loners soporifiques les uns après les autres.
Je me souviens quand même des maquillages et des effets spéciaux, dont on parlait beaucoup à l'époque.
Écrit par : Eclair | 25/10/2010
Pour ce qui est de la SF, j'avoue que je ne saurais te dire étant plutôt fan du genre. A la différence d'un BSG, il y a peut-être un côté plus old school... Mais je ne peux vraiment pas parler pour te dire si tu pourrais accrocher ou non. Enfin, c'est toujours bien d'avoir des séries dont on se dit, qu'un jour, il y a peut-être une aventure téléphagique à vivre devant. ^_^
@ JainaXF : Ca me fait plaisir de lire ton enthousiasme sur B5 ! :)
Effectivement la construction mythologique de cette est vraiment impressionnante. C'est vraiment ce qui m'a marquée, et je pense que c'est ce qui marche tous les téléspectateurs de B5. A la différence de bon nombre de séries mythologiques, B5 savait où elle allait, et ça, ça n'a pas de prix. Avec en plus, une capacité à prendre de la distance et à manier un souffle véritablement épique, si bien que c'est vraiment fascinant à voir se structurer sous nos yeux !
Pour ce qui est des "effets narratifs vieillots", il faut bien savoir que ce n'est pas un reproche sous ma plume. Je découvre des séries des 70s/80s en partie pour ça. Disons que j'appelle "effets narratifs vieillots" la façon de mettre en scène et d'aborder les relations des personnages. C'est très platonique comme série. C'est assez figé dans la mise en scène (il y a parfois un côté un peu théâtrale). Et puis il y a une certaine naïveté d'écriture assez jubilatoire... Par exemple, le speech de sécession de Sheridan, ou le sauvetage de B5 par Delenn avec sa réplique culte juste fantastique : "Only one human captain has ever survived battle with a Minbari fleet. He is behind me. You are in front of me. If you value your lives, be somewhere else."
C'est sombre, mais il y a encore une pointe d'idéalisme des 80s'. Il n'y a pas le côté désillusionné et blasé des séries US actuelles de ce type. On est à la passerelle entre deux époques avec B5 je pense.
@ Eclair : Je serais assez tentée de te dire : quel dommage de ne pas t'être accroché juste un poil plus longtemps, car je pense que tu y étais presque. Lire tes réactions, c'est totalement le reflet de mes propres impressions premières sur la séries. Les costumes, les loners, oui, tout y est... J'ai d'ailleurs failli suivre le même chemin, heureusement j'avais du temps et les DVD à portée de main. En fait, a posteriori, la saison 1 me donne l'impression d'une exposition du contexte, une sorte de base préalable. Vraiment, si un jour tu as l'occasion de reprendre, à partir de la saison 2, ça commence progressivement à décoller et tu t'embarques dans une aventure passionnante et fascinante, vraiment pleine.
Écrit par : Livia | 25/10/2010
Les commentaires sont fermés.