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29/06/2011

(K-Drama / Pilote) I need romance : dramédie romantique moderne étonnamment rafraîchissante

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Si le mois de juillet à venir annonce une nouvelle vague de nouveautés potentiellement très intéressantes en Corée du Sud, dont plusieurs fusion sageuk que j'avoue surveiller d'on ne peut plus près et envers lesquels je nourris quelques espoirs, en ce dernier mercredi asiatique du mois de juin, c'est d'une petite nouveauté sud-coréenne parfaitement dans l'air du temps de ce début d'été dont je vais vous parler aujourd'hui.

Diffusée depuis le 13 juin 2011, prévue pour une durée de 16 épisodes, I need romance a la particularité d'être programmée sur la chaîne payante tvN, les lundi et mardi soir. Derrière ses atours de comédie romantique, classiques au petit écran du pays du Matin Calme, il souffle sur ses premiers épisodes un étonnant vent de fraîcheur, presque de "modernité" pourrait-on dire, dans la façon d'aborder les dilemmes relationnels de son héroïne. Si cette tonalité reste à confirmer, elle a le mérite de poser immédiatement l'identité d'une série qui n'est pas sans rappeler, par son esprit, son aînée américaine, Sex & The City.

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I need romance commence sur un refrain bien connu, sur l'air de "on s'était dit rendez-vous dans dix ans, même jour, même heure"... Une classe de collégiens s'était jurée de se retrouverune décennie plus tard sur le terrain de jeux de leurs exploits d'enfance. Si Sun Woo In Young n'a pas oublié cette promesse, c'est malheureusement en vain qu'elle va attendre ses anciens camarades qui ne viendront pas. Seul arrive au rendez-vous Kim Sung Soo, une connaissance d'une autre classe, qui avait toujours eu un faible pour l'extravagance et la spontanéité teintée d'innocence de celle qui est désormais devenue une belle jeune femme. Les deux anciens camarades flirtent sur le chemin du retour, pour finalement céder à l'attraction mutuelle : c'est le début d'une longue relation.

Et c'est dix ans plus tard que nous les retrouvons ensuite, pour véritablement débuter le récit. Sung Soo est devenu réalisateur ; In Young travaille dans une entreprise. Le couple, désormais trentenaires, s'est doucement installé dans une routine quotidienne confortable, mais d'où l'étincelle passionnelle du départ est absente. Les certitudes d'In Young commencent à être érodée par cette demande en mariage qu'elle attend tant, mais que Sung Soo ne semble pas décider à formuler. Les débats à bâtons rompus avec ses amies, au cours desquels les trois jeunes femmes dissèquent leurs relations respectives, ne la rassure guère. D'autant que la carrière de réalisateur de Sung Soo démarre brusquement avec un succès commercial. Le voilà qui attise des convoitises, tandis que leurs rapports se réduisent à une expression purement platonique dont In Young ne peut se satisfaire.

Après dix ans d'amour confortable, la jeune femme décide finalement de reprendre en main sa vie amoureuse et de repartir en quête de la vraie passion. Peut-elle retrouver cette flamme chez Sung Soo, ou doit-elle espérer de nouvelles rencontres ?

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I need romance surprend agréablement d'entrée de jeu par sa manière aussi directe que décomplexée d'aborder la relation du couple central du drama. Dès la scène d'ouverture, entre baisers gourmands et discussions intimes sans tabous, la série impose une écriture résolument moderne, s'émancipant du carcan classique plus en retrait et platonique des romances du genre. Il souffle ainsi sur le récit un surprenant vent de fraîcheur, très agréable, qui occulte et fait oublier le côté trop bien connu de l'histoire mise en scène. De plus, cette approche "libérée" confère une vraie authenticité à ce portrait très humain qui est dépeint. Si la série n'échappe pas à quelques poncifs du genre, c'est avec beaucoup de justesse et une impression de proximité naturelle que les problèmes rencontrés sont abordés : comment maintenir une relation toujours aussi épicée après dix ans de vie commune ?

Tout en se réappropriant les codes traditionnels de la comédie romantique, I need romance n'en conserve pas moins une distance salvatrice avec une approche trop fleur bleue dont elle reconnaît malgré tout l'existence. Mêlant les tonalités, elle opte pour une légèreté, résolument versatile et toujours rythmée. Avec simplicité, elle se joue de tous les clichés avec un humour un peu espiègle qui charme tout autant qu'il prête souvent à sourire. La scène du premier baiser entre In Young et Sun Soo est particulièrement révélatrice. Ce baiser "drama-esque", sous la neige avec un lampadaire éclairant les amoureux, ne doit rien au hasard : c'est le fruit d'une volontaire mise en sène spontanée de l'héroïne, qui reproduit elle-même ses fantasmes romantiques. De même, les douces aspirations de retraite à la campagne, de tombes côte à côte, sont traitées avec un second degré plaisant qui impulse une sacrée dynamique et beaucoup de fraîcheur à l'ensemble.

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Pour aborder tous ces sujets sans langue de bois et avec un aplomb certain très revigorant, I need romance utilise un procédé narratif connu : introduire un groupe d'amies autour de l'héroïne. Les discussions, directes, s'inscrivent dans la droite lignée de cette "modernité" du drama : on y trouve une alternance constante entre les attentes et inhbitions sociales et une émancipation où l'on parle sexe sans détour. Les discussions à bâtons rompus du trio fonctionnent par leur dynamisme, mais aussi en raison des personnalités clairement identifiables des protagonistes. Ces dernières, représentatives de vues presque antinomiques, sont très différentes, mais se complètent parfaitement à l'écran. Elles se parlent avec la franchise parfois douloureuse de l'amitié, ne manquant ni de répartie, ni d'une spontanéité qui leur fait appuyer là où ça fait mal. La filiation avec Sex & The City est perceptible et assumée. Dans cette optique, I need romance apparaît plus téméraire que The woman who still wants to marry sur ce thème effleuré l'an dernier.

Au-delà du ton global, la dimension humaine de ce drama s'impose assurément comme un des atouts qui va fidéliser le téléspectateur. S'il y a des excès, des points un peu plus caricaturaux, l'impression d'authenticité n'est à aucun moment remise en cause. Il y a peu d'artificialité dans ces personnages auxquels on s'attache rapidement. L'ambiance créée est confortable, plaisante à suivre et divertissante dans le bon sens du terme. Ainsi, les débuts de I need romance pose donc les bases d'un drama relationnel qui a les moyens de se construire une identité et de pouvoir se faire une place dans cette catégorie trop prisée de la comédie romantique.

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Sur la forme, I need romance s'efforce d'adopter ce même dynamisme léger qu'elle insuffle par ses dialogues. La réalisation surprend par sa nervosité, ayant par exemple tendance à alterner les plans proches/plus larges même dans les scènes de discussion les plus posées. L'effet de style est parfois un peu artificiel, mais la bonne volonté est manifeste. La photographie assez épurée apparaît légère, les teintes sont colorées, le tout correspondant à l'atmosphère du drama. On ressent donc bien l'effort de conférer un certain rythme à l'ensemble ; la musique, omni-présente, offre un cocktail d'inspirations avec quelques chansons classiques qui collent bien à l'histoire.

Enfin, I need romance bénéficie d'un casting sympathique qui a le mérite de savoir rester simple et d'apporter une touche authenticité aux différentes personnalités mises en scène. Jo Yeo Jung (The Road Home), expressive et spontanée à souhait, apporte ce côté un peu pétillant qui donne pleinement vie à l'héroïne du drama. Pour lui donner la réplique, Kim Jung Hoon (Goong, Witch Amusement) offre un pendant réservé et posé qui met bien en lumière le déséquilibre dans leur relation. Choi Jin Hyuk (It's okay, Daddy's girl) incarne un collègue de travail à l'amitié pas forcément désintéressée, tandis que Choi Yeo Jin (My Woman) et Choi Song Hyun (Prosecutor Princess) forment un duo détonant d'amies de choc, toujours là pour offrir leurs avis sur l'état de leur vie amoureuse respective.

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Bilan : Dramédie pétillante empruntant les chemins les plus classiques de la comédie romantique sud-coréenne, I need romance surprend pourtant par sa vitalité et la fraîcheur qui s'en dégagent. Alternant les tons, entre légèreté et passages plus pesants, elle bénéficie d'une écriture légère très dynamique, cultivant une modernité recherchée, qui retient l'attention. Les personnages, attachants, complètent ce cocktail qui, sans révolutionner un genre trop bien connu, se construit un style identifiable qui lui est propre. Un divertissement à surveiller.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :


Un petit teaser :

27/06/2011

(US) Game of thrones (Le trône de fer), saison 1 : You win or you die.

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La saison américaine 2010-2011 s'achève tout juste en ce début d'été, et avec elle, la première saison de celle qui s'est révélée comme une des meilleures - et ma préférée - de ses nouveautés : Game of Thrones (Le trône de fer). Lors de ma critique déjà très enthousiaste du pilote, j'avais replacé tout l'enjeu et le contexte qui sous-tendaient cette adaptation d'une des grandes sagas littéraires de fantasy encore en cours (4 tomes à ce jour sortis, le cinquième est prévu pour ce mois de juillet aux Etats-Unis, l'intégrale devant normalement comporter 7 volumes). La pression était forte, le challenge compliqué... si bien que la réussite n'en est que plus savoureuse !

Au vu du déroulement de cette première saison, où la qualité, mais aussi l'intensité, auront été constantes, je ne doute pas que la saga aura glané au passage plus qu'une poignée de lecteurs que la perspective d'une longue attente avant la saison 2 (laquelle a - heureusement - été très rapidement commandée) galvanise tout autant que les émotions fortes procurées au cours de ces dix premiers épisodes. En ce qui me concerne, Game of Thrones n'aura pas simplement rempli toutes mes attentes, la série aura bel et bien dépassé mes espoirs. C'est quelque chose de tellement rare que je me suis même surprise à regarder plusieurs fois - avec toujours autant de saveur - certains épisodes. 

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Si la première scène de la série introduisait une menace lointaine semblable à une épée de Damoclès pesant sur tout le continent de Westeros, l'histoire de Game of Thrones reste en cette première saison avant tout une lutte de pouvoir. Sur l'échiquier impitoyable du trône du fer, chaque pion se place et chaque coup se révèle létal pour le perdant. D'alliances en trahisons, les rapports de force se redessinent sans cesse modelant les batailles à venir. Tout en nous plongeant dans un univers très complexe, l'ensemble n'en demeure pas moins accessible : sa densité fascine, notamment parce qu'elle oblige à recourir à une grille de lecture des conflits à plusieurs niveaux. Les grandes maisons focalisent les attentions, déclenchant de vastes engrenages. Mais chaque protagoniste, chaque choix fait, apparaît comme autant de contributions à la partie qui a commencé il y a deux décennies ; et ceux qui veillent dans l'ombre sur leurs propres agendas sont tout aussi déterminants.

La réussite de l'adaptation va être d'avoir su capter l'âme et la force du récit d'origine. L'ensemble acquiert rapidement une véritable dimension épique prenante et intense. Dans cette course au trône, aucune alternative n'existe, comme le comprendront trop tard certains : seule la mort attend le vaincu. Au-delà de la multiplicité des camps en présence, la force de cette mise en scène doit beaucoup à une approche dénuée de tout penchant manichéen. Les parallèles faits avec certaines oeuvres littéraires (et sériephiles) comme Les rois maudits me semblent assez bien refléter cet aspect. Et si le téléspectateur éprouve une inclinaison naturelle pour les Starks, force est de constater rapidement que chacun oeuvre pour des intérêts qui ont tous, de leur point de vue personnel, une forme de légitimité indéniable. Que leurs actions se fondent sur l'honneur, la vengeance ou au nom du sang familial, tout est enveloppé dans un voile de pragmatisme qui brise les stéréotypes. La fresque qui prend forme peu à peu devant nos yeux ne comporte ni noir, ni blanc... constamment en mutations, elle n'est que nuances...

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C'est par la richesse de ces destinées personnelles qui s'entrechoquent que Game of thrones assoit sa légitimité de grande saga de fantasy. Retranscrire l'ampleur des enjeux impliquait de savoir gérer une vaste galerie de protagonistes : c'est le cas ici, le nombre impressionnant ne faisant pas obstacle à ce que la psychologie de chacun soit travaillée. Se jouant des codes traditionnels, les personnages transcendent et dépassent souvent les simples canons du genre. Cela leur confère une authenticité qui leur permet de sonner justes jusque dans leurs failles et leurs impulsions irréfléchies. Non seulement, ils ne sont pas unidimensionnels, mais ils ne sont pas non plus figés. C'est sur les plus jeunes que la saison pèse le plus, les voyant perdre leur innocence initiale : s'adapter, c'est survivre aux épreuves qu'ils doivent affronter. Mais qu'ils soient honorables ou méprisables, grandioses ou pathétiques, brillants ou aveuglés par leurs émotions, tous ces personnages s'imposent immédiatement avec force à l'écran, galerie bigarrée qui retient assurément l'attention d'un téléspectateur captivé et charmé.

Cette mise en scène de l'ambivalence de ces protagonistes hauts en couleurs va même légitimer l'adaptation : la série apporte sa propre valeur ajoutée, même pour quelqu'un connaissant l'univers par le livre. Alors que les romans offrent des chapitres contés suivant le point de vue particulier et biaisé d'un personnage, la série, avec sa vision d'ensemble extérieure, objectivise les évènements. Le lecteur redécouvre ainsi, sous un jour presque différent, tel ou tel passage important. Non seulement des vérités sautent soudain aux yeux, mais en plus des personnages peu mis en valeur dans le premier tome bénéficient d'un tout autre traitement, et dévoilent très vite leur potentiel en gagnant considérablement en épaisseur. C'est par exemple le cas pour Jaime Lannister auquel il faut plusieurs tomes pour acquérir une autre étiquette que celle du "Régicide" introduit par un acte si choquant au tout début, qu'il en aura marqué plus d'un. Dans la série, le personnage est immédiatement bien plus soigné et donc nuancé. De même, l'avènement de Robb, pas seulement vu à travers le regard maternel, prend une dimension supplémentaire vraiment galvanisante.

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De manière générale, Game of Thrones atteint une maîtrise de sa narration impressionnante et aboutie. Commençant plutôt dans l'exposition, afin que chacun puisse situer enjeux et protagonistes, la suite de la saison se construit en allant crescendo, pour atteindre un souffle et une tension aussi jubilatoires qu'éprouvants dans son dernier tiers. Le téléspectateur (peut-être celui qui est familier des livres y est-il plus sensible) reste fasciné par sa faculté à sélectionner avec soin les informations à partir d'une base excessivement dense : on perçoit le choix minutieux fait de chaque scène, de chaque dialogue. C'est ce qui va permettre de jongler avec fluidité entre tous ces lieux et toutes ces intrigues. Les scénaristes sont parvenus à capturer l'essence même du récit, en préservant son esprit, mais tout en sachant le rendre accessible à l'écran : l'explicite côtoie le symbolique, mais aussi des éléments simplement suggérés implicitement. Un vrai délice.

Pour ne pas totalement verser dans la critique dithyrambique uniforme, quelques points éventuellemet discutables peuvent être soulevés. Parmi les choix de scènes, il y a celui de ne nous montrer aucune bataille : la caméra se contentant des scènes avant/après. Cependant, cela ne m'a pas dérangé : à aucun moment, dans cette saison, cela n'affaiblit la portée du récit. Comme on touche ici à des problématiques également financières, j'aurais tendance à penser que dans la mesure où l'intensité et les enjeux ne sont pas amoindris, il n'y a rien à y redire. Plus discutable est en revanche la tendance aux scènes de sexe gratuite dans laquelle la série verse parfois. Certes, on est sur HBO, face à d'autres moeurs et civilisations... nulle surprise donc de les retrouver dans la série. Certaines se justifient même sans aucun problème ; en revanche, d'autres frôlent le racolage un peu facile et assez dispensable (le show organisé par Littlefinger par exemple).

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Totalement aboutie sur le fond, Game of Thrones l'est également sur la forme. Le défi que représente la fantay, c'est de parvenir à créer un univers médiévo-exotique qui garde une relative crédibilité à l'écran. La série s'en tire avec les honneurs. Non seulement, la réalisation est superbe, mais elle est aussi très intelligente. Ainsi, elle sait à l'occasion se jouer des limites budgétaires, en privilégiant notamment parfois les cadres serrés quand la présence d'une foule importante doit être suggérée. Elle va aussi se retenir de verser dans toute surenchère, nous offrant des scènes implacables dont la force réside justement par cette faculté à ne pas trop en faire. Bref, le téléspectateur se retrouve totalement immergé, de manière très convaincante, dans ces différents décors aux tonalités si dissemblables. Le tout s'accompagne d'une bande-son magnifique, qui apporte cette petite touche supplémentaire parachevant l'ensemble.

Enfin, Game of Thrones, c'est aussi un grand casting, extrêmement solide, qui va rendre justice aux personnalités fortes que la série transpose à l'écran. Parmi ceux qui m'ont vraiment marqué, Sean Bean est vraiment parfait pour le rôle d'Eddard Stark, apportant cette noblesse indéfinissable qu'il insuffle à chacun des personnages de fantasy qu'il joue. Peter Dinklage est caustique et jubilatoire comme j'en rêvais dans le rôle de Tyrion. La classe de Nikolaj Coster-Waldau sied de façon si naturelle à Jaime Lannister. Et du côté féminin, Maisie Williams incarne une Arya plus vraie que nature, tandis qu'Emilia Clarke dans la droite lignée de son personnage. Enfin, à titre personnel, je confesse ne pas être restée insensible au charme aux bouclettes noires de Kit Harington et de Richard Madden.

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Bilan : A la fois féroce et magnifique, violente et épique, Game of thrones dispose de ce souffle rare qui construit les grandes épopées. La série signe une immersion convaincante et prenante dans un univers de fantasy complexe, où l'ambivalence règne, et dont elle va prendre la pleine mesure. Adaptation fidèle dans l'esprit comme dans son contenu, dotée d'une maîtrise narrative impressionnante, elle nous entraîne dans une lutte pour le pouvoir, impitoyable et létale, dont le froid réalisme marquera plus d'un téléspectateur. Cette série m'aura fait frissonner comme rarement devant mon petit écran : simplement superbe. A savourer.


NOTE : 9,25/10

Une bande-annonce de la série :

Le (superbe/somptueux) générique :

25/06/2011

(UK) Case Histories, saison 1 : une tonalité versatile, des enquêtes et beaucoup d'humanité

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Les dimanche et lundi soirs de ces trois dernières semaines, je suis tombée amoureuse d'Edimbourg et de l'Ecosse en général. Certes j'étais une pré-convaincue, mais il faut dire que ma soeur étant actuellement dans les cartons de déménagement pour partir y vivre une année, c'est donc avec un regard tout particulièrement intéressé que l'on a découvert et apprécié le cadre proposé par Case Histories.

Série diffusée sur BBC1 du 5 au 20 juin 2011, elle est l'adaptation de plusieurs romans de Kate Atkinson. Comportant 6 épisodes, la série est construite en trois arcs de deux épisodes chacun, diffusés deux soirs à la suite pendant trois semaines en Angleterre. Cherchant parfois un peu son équilibre entre intrigues et émotions, Case Histories reste une série qui a su retenir mon attention - en un sens, me charmer - grâce à l'indéfinissable mais constante empathie qu'elle a pu susciter au fil de ses développements.

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Jackson Brodie a été soldat, puis policier, avant de quitter les forces de l'ordre en paria, resté en fort mauvais termes avec la plupart de ses membres. Devenu persona non grata, son ancienne coéquipière reste la seule à accepter de répondre encore à ses appels et autres sollicitations d'aide... Car Jackson n'en a pas délaissé la résolution des crimes pour autant, il officie désormais à Edimbourg en tant que détective privé. Une activité qui lui sied bien, car il faut lui reconnaitre un talent certain pour attirer à lui tous les ennuis que l'on peut imaginer croiser dans ce coin d'Ecosse qui se révèle fort peu paisible.

Derrière son apparence de dur au mal et ses qualités indéniables d'enquêteur pragmatique, Jackson résiste cependant rarement aux appels en détresse, peu importe la solvabilité de ces potentiels clients. Toujours hanté par les drames qui ont marqué son adolescence et brisé sa famille, il s'investit souvent trop dans ses cas, délaissant sa propre famille. Si son ex-femme n'a plus vraiment d'espoir quant à ses capacités parentales, en revanche, sa petite fille demeure un élément stable auquel il tient plus que tout.

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Sous ses allures de série mêlant diverses storylines d'enquêtes qui vont la rythmer, Case Histories ne saurait se réduire à cette seule dimension "policière". C'est tout d'abord par sa construction narrative qu'elle surprend et peut un instant dérouter. Couvrant des arcs de deux épisodes, elle débute invariablement sur des évènements apparemment sans rapport entre eux, avec des protagonistes excessivement déconnectés les uns des autres, pour progressivement rapprocher toutes ces intrigues en une forme de toutélié où Jackson sera plus que le dénominateur commun. Ce schéma explique pourquoi l'histoire va toujours crescendo : parfois un peu lente, peinant à pleinement retenir notre attention au tout début - le deuxième arc étant celui qui en souffre peut-être le plus -, à mesure que tout se connecte, la série renoue alors avec son plein potentiel.

Au fil de la progression de l'intrigue, elle se révèle souvent des plus denses et nuancées, sachant remettre en cause les certitudes du héros, comme les préconceptions d'un téléspectateur trop hâtif à cataloguer chacun des protagonistes. Avec un style bien elle, la série alterne habilement des passages légers, où les dialogues ciselés se savourent, et des moments bruts où le drame frappe durement et sans prévenir : ce mélange lui confère une tonalité très personnelle. C'est d'ailleurs principalement par cette dimension émotionnelle que Case Histories marque, à l'image de ses conclusions qui laisse invariablement un arrière-goût doux amer, où la notion de justice ne correspond pas toujours à l'idée légaliste que l'on s'en ferait a priori.

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Si la série nous laisse ainsi dans ce tourbillon de ressentis, un peu troubles et parfois contradictoires, c'est aussi parce qu'elle parvient à se construire une identité qui lui est propre. En effet, l'attrait, mais aussi la part d'originalité de Case Histories, réside dans sa tonalité. Plaçant la dimension humaine au coeur de sa narration, elle démontre un réel talent pour créer et animer, avec beaucoup d'inspiration et une authenticité rare, une galerie de personnages, toujours soignés, souvent hauts en couleurs, qui vont pleinement soutenir les différentes intrigues.

Si Jackson Brodie est la pierre angulaire de l'édifice, personnage complexe, parfois excessivement abrasif socialement, mais capable de laisser s'exprimer un coeur d'or l'instant suivant, la réussite plus générale de Case Histories est de se reposer sur des personnages qui ne sont jamais unidimensionnels. Ils gagnent toujours considérablement en profondeur - et en intérêt - au fil d'une histoire qui, elle aussi, se complique. C'est plus précisément dans les portraits de ses plus jeunes protagonistes, enfants ou adolescents, que la série va faire preuve d'une franche réussite : à la fois juste et touchante, elle leur offre quelques scènes proches de la perfection, qui ne laisseront pas le téléspectateur indifférent. Rarement manichéenne, teintée de nuances et d'ambiguïtés, Case Histories est une de ces séries qui sait cultiver et récompenser l'attachement du téléspectateur tout au long de ces épisodes. On se laisse prendre au jeu sans arrière-pensée.

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Sur la forme, Case Histories bénéficie d'une jolie réalisation qui met bien en valeur ses décors, nous offrant non seulement quelques superbes paysages à la photographie agréablement retravaillée, mais également de belles vues de la ville d'Edimbourg. Tour à tour posée puis dynamique, elle est au parfait diapason de la tonalité volatile d'ensemble. De même, la bande-son offre une sélection de chansons plutôt bien inspirées qui correspondent aux successions d'émotions si diverses que la série sait susciter.

Cependant, l'atout majeur de Case Histories réside incontestablement dans son casting. Je n'ai certes jamais lu les livres d'origine, mais Jason Isaacs (Brotherhood, The State Within) est parfait en un Jackson Brodie, oscillant entre détermination sans faille, tellement happé par son travail, et une pointe de vulnérabilité qui transparaît lorsque les drames du passé reviennent le hanter plus fortement. Si son sens des priorités et du relationnel en général est à retravailler, on ne s'attache pas moins à un personnage dont Jason Isaacs propose une interprétation convaincante. A ses côtés, nul ne dépareille. Mais j'avoue avoir eu un vrai coup de coeur pour l'actrice incarnant sa fille, Millie Innes (Single Father), adorable gamine d'une franchise confondante, qui fera fondre le téléspectateur autant que son père. On retrouve également Amanda Abbington (After you've gone), Kirstie Mitchell, Zawe Ashton ou encore Natasha Little (Mistresses, Kidnap and Ransom).

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Bilan : Dotée d'une tonalité versatile travaillée, presque tragi-comique par instant, et empreinte d'une profonde humanité, Case Histories est une série à laquelle on s'attache pour ses portraits de personnages et pour sa façon bien à elle d'entretenir un émotionnel à fleur d'écran. La construction parfois un peu trop éclatée de ses intrigues pèse à l'occasion sur les débuts de ses arcs (surtout sur le deuxième), le scénario cherchant alors son rythme, mais à mesure que l'histoire se densifie et se complexifie, elle finit toujours invariablement par reconquérir le téléspectateur pour s'imposer comme une série dans laquelle il est fort agréable de s'investir.


NOTE : 7/10


La bande-annonce :

22/06/2011

(K-Drama / Special) Wonderful Coffee : un portrait de femme touchant et naturel

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Cette semaine a été un peu plus calme dans mes programmations asiatiques. Il faut dire qu'après le choc White Christmas (dont je n'arrive toujours pas à arrêter de parler), il est bien difficile de revenir au quotidien "normal" des dramas en cours. Pour me changer les idées, j'ai fait quelques excursions du côté de Taïwan et de Hong Kong ce week-end, et je me suis aussi lancée dans un projet que j'envisageais depuis quelques mois déjà en Corée du Sud : jeter un oeil aux dramas special de KBS. Comme mon été s'annonce très chargé côté professionnel, j'avoue y voir aussi un moyen de garder la saveur du petit écran sud-coréen sans avoir à prendre trop d'engagement auprès de longs dramas (et disons que je n'ai pas non plus toujours le temps de consacrer autant d'heures à la rédaction d'une review comme le bilan de la semaine dernière).

J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de ces cycles qui se rapprochent plutôt d'anthologies, avec des dramas special series, comme Rock Rock Rock ou, justement White Christmas. Mais on y trouve aussi des dramas special qui eux ne comporte qu'un seul épisode. Ce sont les articles d'Eclair et de Minalapinou qui avaient attiré mon attention sur ces derniers. Si je ne les reviewerai pas tous avec exhaustivité, j'ai quand même envie d'évoquer ceux qui auront retenu mon attention, d'une façon ou d'une autre. 

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C'est sur le troisième épisode de ce cycle que je vais m'arrêter aujourd'hui : Wonderful Coffee a été diffusé le 29 mai 2010 sur KBS2. S'il y aurait sans doute tout un article analytique à écrire sur les rapports fusionnels des dramas sud-coréens et de leur obsession l'art de faire du café, reste que ce simple mot inclus dans un titre résonnera toujours d'une façon particulière et chaleureuse aux oreilles du téléspectateur. La bonne nouvelle, c'est que Wonderful Coffee va savoir perpétuer cette diffuse magie de la boisson cafféiné.

Oh Jong est une mère de famille célibataire qui élève, seule, ses trois filles, chacun de ses enfants étant issus de différents pères. Si elle a l'habitude de cumuler les petits boulots, elle répond un jour à l'annonce d'un petit café. La grande amatrice de cette boisson qu'elle est se révèle vite des plus douées pour apprendre à concevoir les mélanges les plus rafinés. Oh Jong, d'un naturel enjoué et très social, prend également beaucoup de plaisir à intéragir avec ses clients. Elle parvient même peu à peu à faire s'ouvrir son si renfrogné patron, un ancien camarade d'école perdu de vue, Choi Chang, qui ne comprend pas grand chose aux relations humaines. Mais le parcours et les choix de vie d'Oh Jong demeurent une source d'exclusion sociale irréductible.

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Wonderful Coffee est un drama special d'un classicisme assumé dans le bon sens du terme, qui va s'avérer étonnamment rafraîchissant rafraîchissant. Si son histoire ne présente pas de prise de risque particulière, il émane de l'ensemble une douce authenticité, pleine de chaleur humaine, caractéristique d'une fiction qui parvient à retranscrire sans artifice un émotionnel auquel le téléspectateur ne va pas demeurer insensible. Le charme de l'épisode réside essentiellement dans le portrait de son personnage principal : son naturel sociable et optimiste s'entremêle avec les préoccupations plus poignantes d'une mère de famille célibataire qui partage pourtant les préoccupations des femmes de son âge sur sa vie future et amoureuse. On s'attache instinctivement à cette femme volontariste dont on va suivre, avec implication, l'évolution.

Touchante histoire humaine, Wonderful Coffee n'en demeure pas moins éprouvant à l'occasion. Ne se cantonnant pas à une simple déclinaison des ingrédients de la romance, elle n'hésite pas à aborder de manière directe des thématiques sociales parfois dures. Car Oh Jong n'est pas une énième trentenaire rêvant de prince charmant. Elle sait ce qu'est la vie. Elle a déjà connu trois mariages et est aussi une mère de famille qui doit être présente pour ses trois filles. Si le drama special effleure avec tact cette problématique plus intime de savoir si elle peut encore envisager une vie amoureuse et avoir le droit d'espérer un futur avec quelqu'un, c'est par son autre grande thématique qu'il va surtout marquer : la mise en scène de l'opprobre social sous lequel Oh Jong ploie sans rompre, lorsque sa situation personnelle est connue. Les petites humiliations quotidiennes sont autant de coups de poignard invisibles, une forme de violence sociale toute aussi dure à endurer.

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Si le personnage incarnant l'intérêt romantique de l'épisode correspond aux canons millimétrés du genre, c'est plus globalement l'atmosphère générale de ce drama special qui permet d'adhérer à l'histoire. Le café offre aussi quelques parenthèses traditionnelles, sur l'art de concevoir ces boissons arômatisées, à finalité folklorique - même si en l'occurence, le folklore étant français, cela donne surtout l'impression de renvoyer à un second degré involontaire qui prête à sourire (mais entendre prononcer quelques mots de français dans un drama est toujours sympathique). De plus, ce lieu est aussi un endroit de socialisation, où la volonté d'aller vers les autres d'Oh Jong trouve pleinement à s'exprimer.

Enfin, côté casting, Wonderful Coffee doit beaucoup à Yoon Hae Young (The Tale of Janghwa and Hongryeon) qui incarne, avec une spontanéité et un naturel rafraîchissants, le caractère enjoué et sociable de l'héroïne. A ses côtés, logiquement plus en retrait, on retrouve notamment Jo Yeon Woo (The Scarlet Letter) en patron forcément arrogant et peu versé dans le relationnel, Moon Hee Kyung (Harvest Villa, Giant) et Lee Han Na (Tazza).

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Bilan : Derrière la partition classique que joue Wonderful Coffee, le charme opère grâce à l'authenticité et à la fraîcheur qui se dégagent de l'ensemble. Plus qu'une simple romance potentielle, c'est un portrait touchant et authentique d'une femme qui demeure, en dépit des petites brimades quotidiennes, inébranlablement fidèle à ses principes et ses certitudes de vie. Une jolie histoire simple et sans ambition particulière qui se suit sans déplaisir.


NOTE : 6,25/10

19/06/2011

(Mini-série UK) The Shadow Line : un thriller à part sous haute tension

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Si les "thrillers" ne manquent pas dans notre petit écran, il y en a peu qui peuvent se vanter de véritablement atteindre leur but en marquant le téléspectateur. C'est d'autant plus agréable lorsque vous tombez sur une période où les thrillers réussis s'enchaînent comme c'est le cas ces derniers temps dans mes programmes. Non seulement White Christmas aura provoqué chez moi une quasi-nuit blanche pour cause de taux d'adrénaline incapable de redescendre et d'esprit tourneboulé, mais de plus, ces dernières semaines, était diffusée outre-Manche une série qui aura mis mes nerfs à rude épreuve. : The Shadow Line.

Programmée en Angleterre, sur BBC2, du 5 mai au 16 juin 2011, cette mini-série compte un total de sept épisodes d'une heure chacun. Bénéficiant d'un solide casting (de Stephen Rea à Christopher Eccleston) et d'une esthétique à part, The Shadow Line est un thriller admirablement mis en scène, qui parvient à une tension d'une intensité aussi rare qu'éprouvante. Une fiction vraiment intéressante à plus d'un titre qui mérite sans aucun doute le détour.

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L'histoire de The Shadow Line s'ouvre sur la découverte d'une scène de crime. Harvey Wratten, dirigeant d'une des organisations de trafic de drogue les plus puissantes d'Angleterre, venait d'être relâché de prison à la suite d'un pardon royal accordé de manière très surprenante. Mais c'est son cadavre que la police découvre quelques heures après sa libération, abandonné dans une voiture qui semble avoir été le cadre d'une froide et brutale exécution. La liste de ceux qui pouvaient en vouloir ou avoir intérêt à voir mort ce chef de cartel est particulièrement longue, et c'est l'enquête de ce meurtre qui va servir de fil rouge à la mini-série.

Car de part et d'autre de cette frontière parfois si trouble de la légalité et de la morale, qualifiée si justement de shadow line, chacun s'active suite à ce décès. Du côté de la police, l'enquête est confiée au DI Jonah Gabriel, lequel se remet tout juste d'une fusillade dans laquelle son partenaire a été tué, tandis que la balle meurtrière est venue se ficher dans sa boîte crânienne. Conséquence de cela, il souffre d'une amnésie partielle, n'ayant pas de souvenirs des événements de la soirée fatidique, faisant face à une crise identitaire qui sape ses certitudes.

Parallèlement, l'organisation de Wratten doit également se remettre du brusque décès de sa tête pensante. C'est à un homme de l'ombre, Joseph Bede, qu'échouent les responsabilités immédiates pour poursuivre les affaires d'importation de drogue, alors même que le comptable de l'organisation, Glickman, demeure mystérieusement injoignable. Tandis que le neveu de Wratten, Jay, difficilement contrôlable, se charge de mener de son côté une enquête personnelle pour découvrir qui a abattu son oncle, un autre homme remonte les différentes pistes dans l'ombre, un mystérieux Gatehouse. 

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Loin d'être une simple fiction d'enquête policière, The Shadow Line s'impose dans le registre du thriller avec une maîtrise et une efficacité à souligner. Suivant le fil rouge du meurtre de Harvey Wratten, initialement débutée comme une course contre-la-montre entre les différents camps pour découvrir ce qu'il s'est passé la nuit du crime, c'est une autre partie d'échecs autrement plus complexe qui se dévoile progressivement à travers les enjeux d'une réalité pleine de faux-semblants, où la frontière de la légalité et de la morale apparaît des plus troubles. Ce toutélié aussi intrigant que captivant, se construisant au gré des twists multiples, trahisons brutales et retournements de situation inattendus, va admirablement nourrir la paranoïa d'un téléspectateur dont les repères se brouillent peu à peu.

Parmi les protagonistes, ils sont d'ailleurs notablement peu nombreux à comprendre les réels tenants et aboutissants vers lesquels tend la mort de Wratten. Cela contribue à déstabiliser un téléspectateur complètement happé par des questions qui se bousculent. De plus, si la froideur ambiante, mais aussi la violence extrême de l'univers mis en scène, finissent par provoquer une relative dessensibilisation à mesure que les cadavres s'accumulent, la mini-série n'en néglige pas pour autant le développement d'une dimension plus personnelle aux destinées des personnages principaux, trouvant le juste équilibre entre les différents types d'intrigues.

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Cependant, la vraie et grande réussite de The Shadow Line va résider dans sa capacité à générer une tension éprouvante, quasi-constante, qui atteint parfois des sommets. Si les nerfs du téléspectateur sont à fleur de peau, ce dernier n'en jubile pas moins par moment, grisé par le brusque rush d'adrénaline que certains passages provoquent. Car cette mini-série fait non seulement preuve d'une maîtrise narrative parfaitement millimétrée des scènes les plus tendues, mais elle sait aussi admirablement jouer de la lenteur calculée de son rythme. Théâtralisant des confrontations qui parviennent à des sommets de tensions, le suggestif se révèle bientôt aussi éprouvant que les brèves, mais complètement décomplexées, explosions de violence.

Capitalisant sur cette atmosphère à part, The Shadow Line finit sans doute par se laisser quelque peu emporter par la fascination que suscite l'intensité du tableau si glaçant qu'elle met en scène. L'histoire qui se cache derrière laissera un petit arrière-goût d'inachevé, les réponses ne satisfaisant pas pleinement. Cependant sa conclusion s'inscrit parfaitement dans la tonalité de la mini-série, nous laissant un peu groggi dans le bon sens du terme. The Shadow Line est essai de style ambitieux et prenant, certes pas exempt de certains reproches, mais l'investissement est assurément mérité. Le téléspectateur se laissera conquérir sans arrière-pensée.  

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Si la tension constamment palpable que The Shadow Line instaure fonctionne si bien, c'est aussi en raison du soin avec lequel la forme est traitée, encourageant justement cette ambiance à la nervosité communicative. En effet, The Shadow Line dispose d'une réalisation très travaillée, flirtant parfois avec une forme quasi-théâtrale, où la lenteur et le soin accordé aux détails se conjuguent à une image extrêmement épurée qui privilégie l'essentiel. La mini-série bénéficie en plus d'une belle photographie, dotée de teintes qui lui permettent de se construire un visuel clairement identifiable, dont l'esthétique n'est pas sans rappeler les thrillers des 70s'. Une sobriété similaire se retrouve dans sa bande-son, quasiment absente, mais où le téléspectateur retiend la musique du générique qui colle parfaitement à l'ambiance générale (il s'agit de la chanson 'Pause', par Emily Barker and The Red Clay Halo).

Enfin, The Shadow Line bénéficie d'un excellent casting. Le côté théâtral que renvoie l'ensemble n'amoindrit pas du tout des performances globalement très convaincantes. Parmi ceux qui ressortent le plus, c'est sans doute Stephen Rea (Father & Son) qui m'a marqué, incarnant un personnage glaçant doté d'un sang-froid flegmatique qui l'impose comme le personnage le plus craint de la série. Même si par moment, Rafe Spall (Desperate Romantics) n'est loin de lui voler ce dernier titre, une scène de l'épisode 2 m'ayant particulièrement traumatisée. Chiwetel Ejiofor (Trust) joue avec sobriété ce policier troublé qui a perdu ses repères avec une partie de sa mémoire et qui essaie tant bien que mal de démêler les fils inextricables du cas qu'il doit résoudre. Tandis que de l'autre côté de la ligne, Christopher Eccleston (Our Friends in the North, Doctor Who) renvoie avec beaucoup de justesse le portrait d'un criminel ordinaire, qui voit ses vies personnelle et professionnelle lui échapper. A leurs côtés, on retrouve notamment l'excellent Richard Lintern que j'ai adoré en supérieur de Gabriel, Tobias Menzies (Rome) pour lequel j'ai toujours un faible dans ce genre de rôle, Kierston Wareing (Five Daughters, The Runaway), Eve Best, Lesley Sharp, Sean Gilder ou encore Freddie Fox.

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Bilan : D'une efficacité souvent éprouvante, The Shadow Line est un brillant thriller à la lenteur parfaitement calculée, où la tension est mise au service d'une réelle ambition narrative. Dotée d'une histoire excessivement complexe, elle captive l'intérêt jamais pris en défaut d'un téléspectateur qui finit par se laisser gagner par la paranoïa ambiante. Si la mini-série se laissera un peu débordée par cette atmosphère si identifiable et vraiment à part qu'elle a créée, sa demeuure amoindrissant sa portée vers la fin, elle reste une expérience indéniablement marquante, à l'occasion jubilatoire, qui renoue avec la tradition la plus épurée du thriller à suspense.

The Shadow Line saura mettre vos nerfs à rude épreuve avec une intensité qu'il est rare d'atteindre : à découvrir ! 


NOTE : 8,75/10


Le générique :