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04/06/2011

(US) The Borgias, saison 1 : une ambivalente série, entre superficialité et humanité

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Les voies de la télévision étant impénétrables (ou hautement stratégiques), les droits de The Borgias version Showtime ont été achetés, en France, par Canal +, laquelle doit nous proposer prochainement sa propre fiction sur le sujet, sobrement intitulée Borgia, signée Tom Fontana. Une façon d'éviter tout parasitage entre deux projets qui seront fatalement forcément comparés. Reste à déterminer comment traiter ce sujet a priori pimenté, mais auquel il faut savoir donner une consistance sur le long terme d'une, voire plusieurs saisons. En un sens, il y a presque trois décennies, la BBC avait déjà montré les écueils sur lesquels il était facile de s'échouer en s'attaquant à l'histoire d'une telle famille sur cette toile de fond italienne déchirée de la fin du XVe siècle.

Après les dix épisodes qui comportaient cette première saison, il est cependant temps de dresser un premier bilan, alors que la série a d'ores et déjà été renouvelée. J'ai suivi l'ensemble presque sans décalage, ce qui, en soit, plaide en faveur de The Borgias vu mes retards accumulés au cours du mois de mai. Pour autant, cette saison est loin d'avoir été exempte de défauts. L'enthousiasme des débuts a laissé placer à pas mal de frustrations, engendrées par des maladresses structurelles, caractéristiques d'une insuffisance d'ambition scénaristique assez dommageable. Pour autant, tout n'est pas à renier dans The Borgias ; et je pense suivre la saison 2.

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Cette première saison est construite sur des bases narratives très académiques a priori efficaces. Elle propose un grand arc qui va sceller la confirmation de l'ascension des Borgias : de l'élection d'Alexandre VI jusqu'à une confrontation finale, face aux Français et au cardinal Della Rovore, que le pape, par une ultime manipulation et un dernier retournement, parvient à surmonter. Cependant c'est peu dire que la série aura pris des chemins parfois trop détournés pour nous narrer cette lutte de pouvoirs, cédant aisément à la facilité des mises en scène amoureuses trop creuses et déconnectées des réels enjeux. Le milieu de saison est un cap difficile à passer, tant le rythme de la série se ralentit au profit d'ébats un peu vains. Peut-être dix épisodes constituaient-ils une durée encore trop longue pour l'histoire envisagée, huit épisodes auraient sans doute suffi. 

Pourtant, on souhaiterait pardonner aux Borgias bien des soubressauts qualitatifs en raison de l'attrait que suscite le sujet traité. Parce que se laisser entraîner dans la géopolitique complexe de l'Italie éclatée en royaumes de l'époque a quelque chose d'assez grisant. Parce que, par éclipse, cette carte postale colorée qui nous est dépeinte laisse transparaître tout son potentiel ; mais les scénaristes ne sauront jamais prendre la mesure de ce tableau déchiré. En effet, dans ces jeux de pouvoirs létaux, The Borgias reste trop souvent dans le registre du folklore historique. Au-delà de quelques éclairs, poignée de dialogues qui sonnent justes et qui maintiendront toujours ce relatif espoir de voir la série aller au bout de son idée, les Médicis ou Machiavel resteront ces figures historiques, inhérentes au cahier des charges, mais traitées de façon caricaturale et distante, sans jamais vraiment trouver leur place. Cela donne à la mise en scène un côté un peu artificiel qui frustre les attentes du téléspectateur.

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Au fond, le problème principal de ces Borgias-là est un manque d'ambition et de vision de scénaristes archeboutés sur un concept qui leur a paru plus prudent de magnifier visuellement et esthétiquement, qu'en s'appropriant véritablement une histoire dont la complexité pouvait vite égarer. Pour autant, si ce sont mes regrets qui s'expriment par ces quelques lignes teintées d'amertume, il serait excessif de nier les atouts d'un série qui peut s'apprécier sur certains points. Certes l'intrigue politique et militaire qui amène à l'appel aux Français reste par trop linéaire, mais elle constitue cependant un fil rouge qui n'est pas déplaisant à suivre.

Mais au-delà de ce faste romain, la véritable force de cette fiction est ailleurs. C'est finalement par ses personnage que The Borgias a su retenir mon attention jusqu'au bout. S'ils ne sont pas toujours écrits de la manière la plus subtile qui soit, ils ont su plus sûrement que tout le reste m'impliquer dans leur destinée et les choix qu'ils ont pu faire. Car The Borgias est peut-être avant tout cela : une série sur l'ascension au sommet, ou plutôt, la survie d'une famille au sein de laquelle le patriarche nourrit suffisamment d'ambitions pour tous ses membres.

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Chacun des protagonistes semble porté par ses propres ambivalences et ses paradoxes. Les rapports d'Alexandre VI à sa fonction demeurent aléatoires, profondément empreints d'une piété soudaine devant la charge qu'il occupe, mais n'hésitant jamais à faire preuve d'un pragmatisme et ne reculant devant aucune manipulation. Il aménage une forme de coexistence entre sa foi et une hypocrisie inhérente à ses choix qui rend le personnage difficile à cerner. De même, sa vision de sa famille oscille entre une finalité purement utilitariste et l'expression de sentiments paternels qui ne transparaissent qu'exceptionnellement. Ses rapports ambivalents avec Cesare constituent d'ailleurs une des dynamiques narratives les plus consistantes de la saison.

La frustration de ce dernier, confiné dans cette fonction d'homme d'église qu'il n'est pas, ne cesse de grandir, le conduisant peut-être encore plus sûrement vers cette voie sombre où il commandite sans sourciller des assassinats. Les sentiments guident pourtant toujours des actions qu'il exécute par contraste avec réel un sang froid : c'est une loyauté ou une dévotion envers ses points cardinaux qui le déterminent : sa famille, sa soeur, puis la belle Ursula. Le personnage qui évoluera le plus au cours de la saison sera incontestablement Lucrezia, l'adolescente chérie gâtée des débuts deviendra femme, les épreuves la fortifiant et lui faisant découvrir ce pragmatisme amoral qui n'est rien d'autre que l'instinct de survie dans cette société où, de par son statut, elle est contrainte d'évoluer. Et que dire de Juan, dont les désillusions de grandeur, ne font que le précipiter plus durement vers un douloureux retour à la réalité, les fanfaronnades ne suffisant plus lorsque la réelle lutte commence ?

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S'ils se déchirent entre eux de la plus intime et cruelle des façons, se faisant souffrir tant par leurs natures différentes que par leurs caractères propres, ils demeurent unis dans l'adversité de cette Italie qui rêve de les voir déchus. C'est sans doute ici que se trouve la fascination que peut exercer la série : c'est dans ces convergences d'intérêts, dans ces loyautés troublées mais qui demeurent scellées par un amour familial qui nous transporte parfois aux confins d'une morale qui n'a de toute façon pas de place en ces milieux. The Borgias n'est finalement pas tant une série sur le pouvoir, qu'une série sur une famille confrontée au pouvoir. Et c'est peut-être en admettant cela qu'elle peut s'apprécier en dépit des limites qu'elle manifeste dans les autres registres.

Enfin, le casting n'aura pas dépareillé pour finalement parvenir à humaniser cette fresque historique. Tout en imposant une présence incontournable dans chacune de ses scènes, Jeremy Irons aura parfois un peu trop cédé aux paradoxes de son personnage. Les bonnes surprises sont venues de ceux incarnant ses enfants : le charmant François Arnaud (Yamaska) - le seul que je ne connaissais pas et qui restera pour moi la révélation de cette première saison - et Holliday Grainger (Demons, Above suspicion, Any human heart), mais aussi David Oakes (Les Piliers de la Terre) même s'il dispose d'un temps d'écran un peu moindre, surent parfaitement refléter les ambivalences, comme l'intensité des désirs, de ces figures qui ne sont pas maîtresses de leur destin.

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Bilan : Si la première saison de The Borgias manque d'homogénéité, si les tenants et aboutissants politiques et militaires des jeux de pouvoirs italiens de la fin du XVe siècle ne seront jamais pleinement maîtrisés, la série va cependant se découvrir au fil des épisodes une autre force qui permettra au téléspectateur de lui pardonner bien des limites. Car c'est dans la dimension humaine qu'elle développe, dans ces rapports familiaux ambivalents, scellés par l'instinct de survie plus que par le sang, que va naître un attachement à cette série. La scène finale, qui peut surprendre au vu des épreuves traversées, consacre finalement cette approche plus humaine qui est celle dans laquelle The Borgias s'épanouit le mieux.


NOTE : 6,25/10


Le générique :

La bande-annonce de la série :

01/06/2011

(K-Drama / Pilote) City Hunter : une adaptation libre et divertissante du célèbre manga

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"Une ombre file dans la nuit, c'est un assassin qui s'enfuit, et comme un démon il sourit, son crime restera impuni..."

Non, le premier mercredi asiatique de juin ne sera pas consacré à un karaoké des génériques de notre enfance. Mais j'avoue que lorsque j'ai entendu parler de ce projet de drama pour la première fois, c'est cette musique - qui parlera forcément à toute une génération de téléspectateurs - qui a retenti dans ma tête. De la version animée édulcorée connue en France sous le nom de Nicky Larson, je n'ai que des souvenirs très confus, entre massue volante et drague permanente. Mais que nul ne s'inquiète : la version sud-coréenne de City Hunter est sans rapport direct avec l'histoire de l'oeuvre japonaise dont elle emprunte le nom, même si on y retrouve une certaine tonalité "manga" assez caractéristique.

Diffusé depuis le 25 mai 2011 sur SBS, ce drama s'inscrit dans la lignée des thrillers adoptant la thématique traditionnelle de la vengeance, oscillant entre drame et légèreté pour atteindre un juste équilibre. Les séries d'action n'étant pas le genre qui réussit le mieux à la télévision sud-coréenne ces derniers temps, je n'avais pas vraiment d'attente vis-à-vis de ce projet. Et si certaines facilités narratives ont corroboré mes craintes, je dois dire que j'ai malgré tout apprécié ces deux premiers épisodes qui, en terme d'ambiance et de personnages, parviennent à s'imposer.

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City Hunter débute le 9 octobre 1983 (par un évènement s'étant réellement produit). Lors d'une visite du président sud-coréen en Birmanie, un attentat à la bombe coûte la vie à plusieurs officiels et détruit entièrement le bâtiment où il se rendait. Cinq responsables haut gradés imaginent alors immédiatement une réponse sanglante face à cette provocation nord-coréenne : l'envoi d'un commando d'élite qui exécuterait un certain nombre de dignitaires du régime de Pyongyang. La mission est confiée à deux officiers sud-coréens qui étaient présents au moment de l'attaque, Lee Jin Pyo et un ami dont la femme vient tout juste d'accoucher. Mais alors que le plan est mis à exécution en territoire nord-coréen, au sud, des pressions, notamment diplomatiques, conduisent les commanditaires à se rétracter. Pour ne pas risquer d'être découverts, ordre est donné au sous-marin envoyé sur les côtes ennemies pour récupérer le commando de les abattre à vue.

Un seul en réchappe : Lee Jin Pyo. A son ami qui se sacrifie pour lui, il jure de s'occuper de son fils encore bébé, Lee Yoon Sung, et, surtout, de les venger tous. C'est dans un camp paramilitaire reculé de Birmanie que le garçon, enlevé à sa mère tout jeune, va grandir. Lee Jin Pyo a en effet pris la tête d'un réseau de trafic de drogue. L'entrée dan l'âge adulte va s'opérer brutalement le jour où il apprend le véritable dessein de celui qui a longtemps prétendu être son père. Acceptant d'être l'instrument de la vengeance que ce dernir ourdit, le jeune homme se fabrique une autre vie au Texas. C'est en diplômé du MIT qu'il rentre en Corée du Sud, recruté comme spécialiste des réseaux de communication à la Maison Bleue. Il y retrouve une jeune femme déjà croisée, dotée d'un sacré tempérament, avec laquelle il va finir bon gré, mal gré, par former une équipe détonnante. Cependant Lee Jin Pyo est là pour lui rappeler qu'une seule chose importe : la vengeance.

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S'il débute par un premier épisode excessivement musclé permettant de poser la tragédie qui va rester la toile de fond de l'histoire, City Hunter n'est pourtant pas un simple drama d'action. Il surprend agréablement par cette humanité qui émane de lui dès le deuxième épisode. La série choisit de s'assurer la fidélité du téléspectateur par ses personnages principaux qui, s'ils restent à travailler, se révèlent surtout très attachants. La dynamique fonctionne d'emblée entre un Yoon Sung, à la fois joueur et un tantinet acteur, cultivant une apparence faussement détachée, et une Na Na, au caractère trempé qui lui donne immédiatement la réplique sur un pied d'égalité. Le drama prend d'ailleurs un malin plaisir à mixer les signaux, se complaisant dans un étonnant et assez savoureux mélange des tonalités, trouvant le juste équilibre entre des confrontations adultes et une pointe d'espièglerie assumée. Il émane de ce duo, aussi complémentaire qu'improbable, une vitalité communicative, sur laquelle pèse pourtant plus d'une épée de Damoclès.

Grâce à cette dimension humaine affirmée, City Hunter évite au moins temporairement l'écueil sur lequel ont échoué tant de dramas labellés "action / thriller", quand ils font l'erreur de tout miser sur une intrigue qui, à la moindre faille, conduit l'ensemble au naufrage. Car aussi plaisante à suivre qu'elle soit, la série ne manque pas de faiblesses pénalisantes pour la crédibilité de l'histoire. Dotée d'une tendance certaine à céder à la facilité, n'hésitant pas à récourir à des ficelles narratives un peu grosses, elle témoigne aussi d'un goût prononcé pour l'art des coïncidences, le tout sans être au-dessus de quelques clichés caricaturaux tout aussi dispensables (la chute finale de l'épisode 2 étant assez représentative de ces limites un peu frustrantes). Et si l'attachement à la dynamique d'ensemble permet au téléspectateur de ne pas se formaliser, il est quand même regrettable que les scénaristes n'aient pas fait preuve de plus d'ambition sur des aspects qui seraient si facilement perfectibles.

Reste que, à partir de ces fondations narratives, où les atouts ne sont pas forcément ceux qui étaient attendus a priori, City Hunter s'impose dans le registre du divertissement d'action touche-à-tout. Le drama adopte, avec une certaine réussite, une ambiance volontairement volatile directement héritée du manga. Les enchaînements, du larmoyant dramatique à des passages plus légers où percent des accents presque burlesques, auraient pu paraître désordonnés, voire brouillons, dans n'importe quelle autre fiction. Or la série parvient à capitaliser sur une forme de spontanéité d'écriture assez indéfinissable, aussi surprenante que rafraîchissante. Pour le moment, la recette fonctionne et le téléspectateur se laisse donc embarquer sans déplaisir dans l'aventure.

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Permettant d'asseoir visuellement le drama, la forme s'avère être d'excellente facture. City Hunter bénéficie d'une réalisation dynamique qui sied aux scènes d'action, sans pour autant tomber dans un excès de nervosité. De plus sa photographie soignée laisse la part belle à une teinte colorée assez chatoyante, qui est un vrai plaisir pour les yeux du téléspectateur. La bande-son est également agréable à l'écoute, notamment parce que les épisodes sont parsemés de divers brefs instrumentaux qui rythment à propos la tonalité des différentes scènes qu'ils accompagnent. Et si le coup de foudre n'a pas été instantané avec les chansons de l'OST, elles retiennent cependant favorablement l'attention du téléspectateur. Notons aussi un clin d'oeil appréciable à la source d'origine, avec un générique ambiance manga (cf. la deuxième vidéo en fin de billet).

Enfin, City Hunter bénéficie d'un casting attachant et sympathique, chacun trouvant rapidement ses marques. Si le duo formé par les deux personnages principaux est aussi attrayant, il le doit aussi aux acteurs qui partagent une sacrée alchimie à l'écran. Lee Min Ho (Boys over flower, Personal Taste) dispose ici d'un rôle vraiment fait pour lui, mi-play-boy, mi-homme d'action ; tandis que Park Min Young (Running Gu, Sungkyunkwan Scandal) apporte l'étincelle qu'il convient à la jeune femme qu'elle incarne, qui a surmonté bien des obstacles dans la vie et n'a pas l'intention se laisser marcher dessus. Les deux acteurs se donnent parfaitement la réplique pour nous offrir des confrontations ne manquant pas de piquant et auxquels on assiste avec une certaine jubilation. A leurs côtés, on pourra également compter sur le toujours solide Lee Joon Hyuk (City Hall, I am Legend), en substitut du procureur dont les enquêtes risquent de l'amener à croiser nos deux héros plus d'une fois, mais également sur Hwang Sun Hee ou encore Goo Ha Ra (du groupe KARA).

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Bilan : City Hunter signe des débuts assez plaisants car divertissants au bon sens du terme, prompts à séduire le téléspectateur. Si le drama emprunte aux codes du thriller de vengeance, il est loin de se résumer à ce seul genre : sa tonalité mélange les influences et trouve le juste équilibre en introduisant une touche de légèreté et de fraîcheur. C'est d'ailleurs dans cette ambiance générale que se ressent la marque du manga d'origine, à défaut d'inspirer l'histoire qui nous est racontée. La série n'évite ni certains clichés un peu lourds, ni l'art des coïncidences exagérées, mais elle bénéficie de personnages attachants dont on a envie de suivre les aventures. Ce cocktail rythmé s'apprécie donc sans arrière-pensée, mais il faudra cependant faire attention à ces excès et à ce manque de subtilité dans l'écriture pour la suite. 


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


L'opening :

 

Une chanson de l'OST :