12/10/2011
(K-Drama) Little Girl K (Killer K) : un thriller d'action impitoyable et sanglant
Après une parenthèse japonaise, retournons en Corée du Sud pour ce mercredi asiatique. Par manque de temps libre, je n'ai pas eu l'occasion de me lancer dans les nouveautés de ces dernières semaines. C'est donc vers des dramas plus courts, du câble sud-coréen, que m'ont emmené mes explorations. C'est ainsi que j'ai attéri devant Little Girl K, dont le pitch, assez atypique pour un k-drama, n'était pas sans m'évoquer certains parallèles avec des séries occidentales comme Nikita.
Diffusée du 27 août au 10 septembre 2011, sur la chaîne câblée CGV, cette série est très courte puisqu'elle comporte seulement trois épisodes d'environ 1 heure chacun. Ambitionnant de secouer le petit écran, elle investit le registre de l'action pure auquel se superpose des codes narratifs empruntés au thriller. Si le drama réussit sans doute par intermittence dans le divertissement d'action, il échoue cependant à acquérir une réelle solidité et épaisseur sur le fond.
Cha Yeon Jin est une adolescente au caractère bien trempé qui n'a pas l'habitude de se laisser marcher sur les pieds. Son tempérament, auquel s'ajoutent d'indéniables qualités pour les différents arts de combat que sa mère lui a fait étudier dans sa jeunesse, lui attire souvent des ennuis. Elle vient même d'être expulsée de son lycée pour ces raisons. Sans père, vivant chez sa mère qui tient un modeste petit restaurant, elle mène malgré tout une vie heureuse et tranquille jusqu'au jour où tout va basculer...
Une nuit, la curiosité de Yeon Jin et de ses amis les amènent à perturber les affaires étranges de trafiquants qu'il aurait mieux fallu éviter. Non seulement Yeon Jin attire sur elle l'intérêt d'une organisation aussi puissante que létale, mais elle réveille aussi des éléments du passé de sa mère et de son origine, dont elle ignore tout, et qui vont faire exploser le confort de sa cellule familiale. Projetée dans un monde où le remord n'a pas d'emprise, Yeon Jin va survivre grâce à un désir de vengeance inébranlable.
Little Girl K est une série très sombre, qui s'adresse prioritairement aux amateurs d'action et de combats sanguinolents. Efficace, la construction de l'intrigue ne laisse place à aucun temps mort. Si le premier épisode verse dans un relatif mélodrama un peu poussif pour poser les enjeux de l'histoire, la suite se révèle très dynamique et musclée. Empruntant les codes des fictions d'action pure, ne lésinant ni sur l'hémoglobine, ni sur les combats, le monde de cette série se révèle surtout très binaire : tuer ou être tué ; ami ou ennemi ; celui qui exécute les ordres et celui qui les donne.
Versant peu dans une nuance estimée superflue, repoussant au maximum les frontières de l'impitoyable, Little Girl K apparaît comme une oeuvre résolument désensibilisée, imperméable à toute notion de morale. La mort y est omniprésente, presque anecdotique. Et la mise en scène des confrontations démontre un goût certain pour la théâtralisation de duels entre deux protagonistes. On retrouve dans ce drama une influence manifeste des jeux vidéos, qui se ressent tant dans la manière de filmer (division de l'écran, caméra qui suit l'arme) que dans la construction de l'histoire.
Divertissement d'action qui met les formes pour s'imposer dans ce registre, Little Girl K laisse pourtant un double sentiment d'inachevé. Paradoxalement, c'est tout d'abord le format court qui doit être mis à l'index : composée de seulement 3 épisodes, la série donne l'impression de ne faire qu'effleurer le potentiel d'une histoire qui reste inaboutie, comprenant trop de raccourcis, de facilités, de coïncidences, qui réduisent la portée du scénario. Certaines pistes, à peine explorées, sont déjà refermées. De manière générale, le drama souffre d'un manque d'homogénéité global : les passages de Yeon Jin au lycée restent par exemple des parenthèses trop déconnectées qui n'auront jamais vraiment justifiées leur présence, si ce n'est pour un artificiel emprunt à des codes plus classiques de high school drama .
Cependant, plus que le caractère minimaliste du scénario, le plus grand reproche que j'adresserais à la série est d'avoir fait le choix de complètement déshumaniser ses protagonistes. En dehors de quelques moments plus dramatiques qui tendent à un larmoyant trop appuyé, Little Girl K passe en effet complètement sous silence les légitimes conflits moraux que son histoire aurait pu légitimement engendrer. Yeon Jin se transforme en tueuse, portée par une haine indistincte qui lui fait exécuter sans discernement tous les ordres qui lui sont donnés. Laissant complètement de côté la psychologie de ses personnages, la série préfère privilégier une dynamique action/réaction plus primaire, efficace pour le thriller, mais peut-être un peu moins pour la cohésion du récit.
Si elle sonne parfois un peu creux sur le fond, Little Girl K s'assure cependant une réalisation solide, globalement assez nerveuse, qui tente d'insuffler du rythme et réussit surtout les scènes d'action. Les combats disposent de chorégraphies plutôt correctes, le penchant pour le sabre des différents protagonistes permettant de renforcer le côté sanguinolent des affrontements, confirmant l'idée que ce drama mise bien plus sur la théâtralisation de son action que sur son histoire. En parfait écho, la bande-son se révèle aussi très rythmée : il y a une volonté d'entraîner et de dynamiser les scènes, en ne demandant au téléspectateur que de se laisser prendre au jeu.
Cependant, une autre des limites de Little Girl K réside dans son casting, qui oscille autour de performances moyennes manquant parfois de conviction. C'est le premier drama de Han Groo, par conséquent il est sans doute normal qu'elle doive trouver ses marques. Elle est plutôt convaincante en héroïne à poigne, évoluant surtout avec une certaine grâce énergique dans les combats. Mais son jeu, un peu monoexpressif, démontre toutes ses limites dès lors qu'il s'agit d'investir différentes palettes d'émotions. Son personnage concentre toute l'attention, laissant finalement peu d'exposition aux acteurs qui l'entourent, ces derniers peinant à se sortir des figures unidimensionnelles dans lesquelles le scénario les a enfermés. On retrouve notamment Kim Jung Tae, Park Hyo Joo, Baek Do Bin, Kim Roe Ha ou encore Jun Mi Sun.
Bilan : Investissant sans retenue et parfois jusqu'à l'excès le registre du divertissement d'action pure, résolument sanguinolent, Little Girl K a le mérite de trancher dans le paysage télévisuel, le câble permettant d'aborder frontalement ces genres où la noirceur et la violence prédominent. Cependant la série peine à être plus qu'un exercice de style un peu vain : l'histoire s'efface trop souvent au profit des effets d'action, certes efficaces, mais qui ne peuvent occulter le sentiment d'inachevé qui prédomine sur le fond au bout de ces trois épisodes.
Une curiosité pas sans défaut, mais pas déplaisante, sans doute à réserver aux amateurs du genre.
NOTE : 4,75/10
La bande-annonce de la série :
Une chanson de l'OST :
17:19 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : k-drama, cgv, little girl k, killer k, han groo, kim jung tae, park hyo joo, baek do bin, kim roe ha, jun mi sun | Facebook |
21/09/2011
(K-Drama / Pilote) Can't Lose (Can't Live With Losing) : la vie de couple dans tous ses états
Après l'escapade tokyoïte de la semaine passée, nous voici de retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique, pour évoquer les débuts d'un drama actuellement en cours de diffusion et que j'attendais avec une certaine curiosité, en partie en raison de son synopsis intrigant qui semblait se distinguer des ressorts classiques des rom-com sud-coréenne, mais aussi en raison de son casting (notamment avec la présence de Choi Ji Woo).
Can't Lose a débuté sur MBC le 24 août dernier. Diffusée les mercredi et jeudi soirs, elle devrait comporter 16 épisodes. A défaut d'avoir conquis le public sud-coréen, les audiences n'étant malheureusement pas vraiment au rendez-vous, ces premiers épisodes ne m'ont pas déplu. Loin de là. Ce n'est sans doute pas un drama pour lequel on aura un coup de foudre instantané, ni une comédie pétillante qui vous fera rire aux larmes, mais les relations explosives qu'il dépeint nous rallie progressivement à la cause de ce couple au bord de la rupture.
Eun Jae et Hyung Woo sont deux jeunes mariés. Ils sont tombés sous le charme l'un de l'autre dès leur première rencontre fortuite dans un stade, laquelle s'est terminée par l'échange d'un premier baiser devant un parterre de spectateurs retenant leur souffle. Complémentaires dans leurs ambitions, ils partagent en plus la même profession puisqu'ils sont tous deux avocats. Emportés par leurs sentiments, ils décident très rapidement de se marier et d'ouvrir ensemble un cabinet. Madame aspire à gagner de l'argent, Monsieur tend plutôt vers l'aide aux plus faibles et défavorisés, les deux devraient donc parfaitement s'équilibrer... En théorie du moins.
Car un an a passé, et la supposée complémentarité peine à se trouver. Au contraire, il y a de l'eau dans le gaz dans cette relation entre deux personnes peut-être trop différentes pour partager leur vie. Eun Jae a l'impression d'être la seule à faire face à ses responsabilités financières pour permettre au couple de vivre, le caractère bon samaritain de Hyung Woo n'ayant plus à ses yeux le romantisme qu'il pouvait avoir au départ. D'incompréhensions en opposition directe de caractères, les deux jeunes gens s'éloignent, perdant le fil de communication qui existait entre eux et passant désormais plus de temps à se fâcher qu'à apprécier la compagnie de l'autre. Leur mariage peut-il survivre à ces soubresauts et retrouver une seconde vitalité ?
Le premier attrait de Can't Lose, c'est d'être un drama relationnel qui tranche dans le paysage classique de la romcom sud-coréenne. En effet, ce n'est pas une rencontre qu'il va nous relater, mais le devenir d'un couple déjà marié. Battant en brêche les happy end où le mariage est présenté comme l'apogée et le parachèvement du récit, Can't Lose nous entraîne par-delà ce mythe pour s'intéresser justement à une relation sur le long terme : que se passe-t-il lors de ce fameux "après" où les caméras s'aventurent peu ? Comment préserver les sentiments, maintenir une complicité au quotidien, alors même que cette fréquentation constante amène de plus en plus à souligner les différences, les défauts de l'autre, exacerbant les points de tension au sein du couple ?
Can't Lose ne reprend pas à son compte la promesse d'horizon doré imaginée par les grands romantiques. Au contraire, c'est un drama qui n'hésite pas à globalement aborder la vie maritale sous un angle plus sombre, refusant de passer sous silence les difficultés qui surgissent irrémédiablement, et dont nos deux héros sont loin d'être les seuls représentants - une scène dans le parc illustrant cela à merveille. Comment réapprend-on à communiquer, à s'apprécier en dépit de l'addition des petites frustrations que chaque jour apporte ? Le couple principal n'est pas en quête d'un changement de partenaire, c'est un nouvel équilibre qu'il leur faut : s'il est évident que Eun Jae et Hyung Woo ont toujours des sentiments réciproques très forts l'un pour l'autre, les dissonances sautent également aux yeux.
De par son sujet, Can't Lose adopte logiquement une tonalité moins insouciante et plus mature sur les jeux de l'amour. Bénéficiant d'un rythme de narration dynamique qui ne tombe pas dans l'excès de vouloir trop en faire, le développement des intrigues apporte son lot de petits rebondissements, avec notamment une introduction des belles-mères pour le moment fort bien gérée. C'est que, de manière assez paradoxale et fort bien trouvée, chacun semble plus proche dans son caractère de la mère de l'autre (même s'il est dans la plus pure tradition sud-coréenne que la mère du marié et sa belle-fille ne puissent s'entendre). Au fil des premiers épisodes, l'approche très concrète et authentique des relations permet au téléspectateur de se sentir de plus en plus impliqué par ce qui se joue sous yeux. Elles nous entraînent en effet dans des montagnes russes émotionnelles permanentes, l'apaisement de l'un équivalent au réveil de l'agacement de l'autre, comme s'il ne leur était plus possible de s'accorder autrement qu'en étant tous deux fâchés.
Dans ces scènes, les dialogues de la série, toujours très vifs, bénéficient aussi grandement du sens de la répartie aiguisée que cultivent des protagonistes dont c'est justement la profession. La manière dont est exploité la toile de fond juridique est plutôt astucieuse : non pas pour nous plonger dans un ersatz de legal drama auquel la série n'aspire nullement, mais parce que leurs différences de conception du métier symbolisent leur opposition, tout en empiétant sur leur manière de fonctionner et de gérer ces périodes de crise. Le titre "can't lose" reflète bien tout l'enjeu : transiger, trouver une voie de conciliation, oui, mais capituler et abandonner complètement ses griefs ou ses exigences, non. Il est assez symptomatique d'ailleurs que le moyen le plus irrésistible existant au sein de leur couple est celui de communiquer par mémoire interposé : une vague argutie juridique teintée d'une volonté de compromis s'avère plus payante qu'une conversation qui part rapidement hors de contrôle. C'est bien le signe que Eun Jae et Hyung Woo doivent réapprendre à se trouver pour repartir sur des fondations apaisées, et qu'ils ont ici des torts partagés manifestes.
Sur la forme, Can't Lose est un produit parfaitement calibré. La réalisation est classique, la caméra profite des décors esthétiques, accompagnée d'une photographie qui aime les couleurs claires... A tous ces éléments s'ajoutent également quelques effets spéciaux de style, brèves hallucinations ou fantasmes d'un personnage, qui, sans abus, tombent souvent justes pour capturer l'atmosphère de l'instant : quelle belle-fille n'a pas visualisé sa belle-mère en diablotin dans un k-drama ? Par ailleurs, la bande-son est agrémenté de plusieurs chansons agréables à l'écoute, dont une, particulièrement entraînante, sied parfaitement à l'ambiance sur-dynamique et versatile qui régit les relations au sein du couple principal.
Enfin, une partie du charme de Can't Lose tient assurément à son casting, ou plus précisément à son duo qui dispose d'une alchimie indéniable à l'écran. Choi Ji Woo (Winter Sonata) incarne avec beaucoup d'énergie une femme de caractère, aussi dispersée qu'ambitieuse. Face à elle, Yoon Sang Hyun (Secret Garden) joue de manière très posée cet avocat, certes plus ordonné mais qui souhaite se consacrer, non à faire fructifier un compte en banque pour lequel il n'a aucun intérêt, mais à mettre sa connaissance du droit au service des défavorisés. A leurs côtés, gravitent des amis ou des employés, sans que le drama perde de vue que son sujet reste le couple déjà formé. On y croise Kim Jung Tae, Jo Mi Ryung, Sung Dong Il, Park Won Sook, Kim Ja Ok ou encore Joo Jin Mo.
Bilan : Déclinaison particulière du drama relationnel, Can't Lose est une série qui séduit par son sujet post-mariage, nous plongeant dans les étincelles de la mécanique complexe et volatile qu'est une vie de couple où la lune de miel est déjà terminée et où beaucoup reste à apprendre sur la vie commune. En dépit d'une dimension sentimentale qui reste pour le moment à approfondir, l'écriture à la fois consistante et homogène retient l'attention du téléspectateur, curieux de voir jusqu'où peut conduire ce cycle d'incompréhensions s'auto-nourrissant de manière si frustrante. A surveiller.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
Une chanson de l'OST :
07:53 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : k-drama, mbc, can't live with losing, can't lose, choi ji woo, yoon sang hyun, kim jung tae, jo mi ryung, sung dong il, park won sook, kim ja ok, joo jin mo | Facebook |