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26/12/2012

(K-Drama / Pilote) Jeon Woo Chi : de la fantasy d'action décomplexée

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En ce mercredi asiatique, évoquons une autre nouveauté sud-coréenne de la fin de l'automne, Jeon Woo Chi. Si le drama partage ses sources d'inspiration avec le film du même nom (Jeon Woo Chi : The Taoist Wizard), succès du box-office en Corée du Sud fin 2009 (disponible en DVD en France sous l'intitulé Woochi : Le Magicien des Temps Modernes), il en reprend certains thèmes (la magie notamment) sans l'histoire du voyage dans le temps du récit sur grand écran. Un changement qui, avec un petit écran sud-coréen déjà saturé de dramas sur ce thème cette année (Rooftop Prince, Dr. Jin, Faith, Queen In Hyun's Man) n'est, soyons franc, pas plus mal !

Jeon Woo Chi a débuté sur KBS2 le 21 novembre 2012 (diffusion les mercredi et jeudi soirs). L'écriture a été confiée à Jo Myung Joo, et la réalisation à Kang Il Soo. Le drama est pour l'instant annoncé pour une durée de 24 épisodes. Proposant sur le papier un mélange des genres, entre la fantasy d'action et le drame historique, voire romanesque, tout l'enjeu des débuts allait être de savoir doser ces différents éléments pour poser des fondations solides au récit. Les deux premiers épisodes n'ont pas apaisé mes craintes initiales vu de ce que j'avais pu lire sur le drama : brouillon, flirtant - volontairement ou non - avec un registre de "parodie sérieuse" difficile à cerner, Jeon Woo Chi peine à convaincre.

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Il y a quelques années Jeon Woo Chi et Kang Rim étaient deux amis, puissants magiciens de leur état, tous deux énamourés de la belle princesse Moo Yeon. Mais Kang Rim, sous la mauvaise influence de son oncle, a trahi et s'est retourné contre ce en quoi ils croyaient. Laissant Jeon Woo Chi pour mort après un terrible combat, Kang Rim a également kidnappé et ensorcellé la princesse. Désormais, il sert les objectifs de son oncle : faisant un mauvais usage de la magie et de tous les pouvoirs qu'elle leur permet d'acquérir, il s'agit de faire tomber Joseon.

Mais Jeon Woo Chi a survécu. Allant sous le nom de Lee Chi, il occupe un poste de journaliste royal. Brillant et astucieux à l'occasion, mais souvent emprunté et maladroit, adepte des jeux d'argent, il présente au tout venant une allure aussi inoffensive qu'anecdotique. Cependant, dès que le masque tombe, il redevient le puissant magicien qu'il est en réalité. En effet, profitant des ressources d'informations auxquelles son poste lui donne accès, il traque ceux qui ont détruit tout ce qu'il chérissait et entend bien mener à son terme sa vengeance, notamment contre Kang Rim.

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Jeon Woo Chi est un divertissement décomplexé, dont l'orientation véritable n'est pas encore précisément posée dès ses premiers épisodes. Dans un premier temps, le drama ne recule devant aucune surenchère, proposant d'emblée une débauche de combats magiques à grand renfort d'effets spéciaux. Les scènes d'action s'enchaînent. Toutes ces confrontations par des échanges de boules énergétiques, ces incantations-sortilèges magiques plus ou moins longs, et les quelques séances de haute voltige dans les arbres auxquels il nous est donné d'assister, laissent vite transparaître les différentes sources d'inspiration. Pêle-mêle, cela évoquera ainsi au téléspectateur un large panel d'oeuvres, allant des Wuxia chinois au manga/japanimé Dragon Ball. En fait, de manière générale, le drama mobilise nombre de codes narratifs très familiers, jusqu'à la mise en scène du héros... un journaliste caché derrière ses lunettes (qui a murmuré "Clark Kent" ?). L'exploitation proposée de la dualité entre sa réelle identité de puissant mage et l'apparence la plus inoffensive qu'il s'attache à renvoyer au quotidien (personnage intelligent mais emprunté, quelque peu excentrique) reste aussi très classique.

A partir de cette base convenue, Jeon Woo Chi adopte un rythme de narration rapide. Il réduit son temps exposition au minimum, se contentant d'utiliser quelques flashbacks pour nous informer des évènements clés qui ont conduit à la confrontation relatée. En négligeant de soigner l'exposé des enjeux, et la cohérence même du monde dans lequel il nous propulse, le récit apparaît vite très minimaliste. Ce survol est frustrant, car il prive le drama de tout souffle épique. De plus, l'écriture emprunte sans recul des recettes très calibrées. Multipliant les raccourcis et les poncifs, elle manque de subtilité. Souffrant d'une caractérisation très binaire -même dans les quelques essais pour nuancer un peu leur traitement-, les personnages peinent à acquérir la moindre ampleur ou épaisseur psychologique. Seul l'opposant de Jeon Woo Chi, à travers les quelques scènes qui résument de manière très brouillonne son basculement du côté obscur, parvient à aiguiser un peu la curiosité. Difficile donc au téléspectateur de s'impliquer. Jeon Woo Chi semble avoir hésité à doser les ingrédients du cocktail proposé : avec ses excès et ses élans caricaturaux, il avait de bien meilleurs atouts pour être de la fantasy un peu décalée et divertissante. Seulement, en voulant conserver son sérieux, il tente de jouer sur un tableau plus ambitieux, avec une ampleur dramatique qu'il échoue à atteindre, et il laisse donc un peu perplexe. 

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La forme ne rattrape pas les faiblesses de Jeon Woo Chi. Un drama de fantasy, mettant en scène un recours fréquent à la magie et notamment des combats où les sorts et les rayons d'énergie sont échangés de manière habituelle, se doit d'avoir des effets spéciaux à la hauteur. Mais la réalisation cède souvent à la tentation de vouloir trop en faire, versant dans une surenchère dont elle peine à se sortir, soulignant surtout les limites des effets spéciaux là où il faudrait plutôt parvenir à emporter le téléspectateur. Il aurait pu être judicieux d'en faire moins, mais qu'ils paraissent plus crédibles Dans son registre de l'action, Jeon Woo Chi m'a souvent fait penser à Dragon Ball, or les effets qui passent naturellement dans un manga ou un dessin animé, gagnent à être un peu modérés lors du passage au "live". Se reflètent peut-être ici aussi les hésitations du drama qu'on ne sait trop comment et jusqu'où il faut prendre au sérieux.

Enfin, le drama bénéficie d'un casting correct. Cha Tae Hyun (sans doute plus connu en France pour ses rôles au grand écran, notamment dans My Sassy Girl) peut s'en donner à coeur joie dans un double rôle qui lui permet de s'exprimer dans des registres extrêmement différents. A défaut d'avoir un personnage d'ampleur au niveau l'écriture, au moins l'acteur apporte-t-il à ce héros une consistance déjà appréciable. Face à lui, Lee Hee Joon, dans un domaine plutôt d'action, trouve aussi vite ses marques. Entre les deux, source d'une discorde amoureuse traditionnelle, Uee (Birdie Buddy, Ojakgyo Brothers) interprète la princesse ravie par Kang Rim ; ensorcellée, elle n'a pas grand chose à faire, réduite à l'inexpressivité la plus totale. A leurs côtés, on retrouve également Baek Jin Hee (High Kick 3), Kim Gab Soo (Jejoongwon, Joseon X-Files) et Sung Dong Il (Answer Me 1997).

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Bilan : Nous plongeant dans un univers où la magie est un élément à part entière, les débuts de Jeon Woo Chi ont le mérite d'être rapides, laissant entrevoir l'efficacité d'un drama d'action décomplexée. Le cadre de fantasy était, dans cette optique, un atout. Malheureusement, il n'est que survolé, sans prendre le temps de soigner une mythologie qui aurait pourtant été nécessaire pour donner de solides fondations au récit. La caractérisation des personnages est pareillement minimaliste : l'écriture, dans l'ensemble, sonne très convenue et manque de subtilité.

Avec tous ces poncifs, Jeon Woo Chi aurait pourtant pu faire office de simple divertissement se consommant sans arrière-pensée, s'il avait pu prendre un peu plus de recul avec son récit. Certains passages s'apprécient en effet plus au second ou troisième degré, que dans le sérieux premier degré dans lequel la tonalité du drama semble vouloir nous laisser.


NOTE : 5,25/10


Une bande-annonce de la série (en VOSTA) :


Une chanson de l'OST :

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