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13/09/2010

(Pilote UK) Him & Her : entre essai conceptuel et fiction expérimentale sur le couple

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S'il est bien un mystère de la télévision britannique qu'il me reste encore à percer à ce jour, c'est le créneau dans lequel s'inscrivent certaines comédies que propose chaque année la BBC. Elles ont l'art de me faire passer une demi-heure de perplexité devant mon petit écran, incapable de véritablement classer la fiction qui se déroule sous mes yeux, ni de savoir comment réagir alors que les minutes s'étirent en longueur, promptes à générer de vertigineuses introspections téléphagiques. Car elles suscitent souvent en moi une rafale de questionnements que la lecture des reviews des médias UK ne parvient jamais véritablement à éclaircir. Était-ce vraiment pensé comme une comédie devant faire rire ? Y-a-t-il comme un décalage culturel qui m'échappe ?

Vous connaissez mon faible attrait pour le genre "comédie" dans sa globalité. Cependant j'essaie de faire des efforts. Histoire d'avoir ma conscience téléphagique en paix, une manière de m'excuser par avance de rayer automatiquement des nouveautés à tenter toutes les sitcoms américaines. Je continue donc, de façon régulière sans pour autant verser dans l'exhaustif, à m'installer devant certains pilotes de ces fictions d'outre-manche, généralement plus motivée par le casting que par le concept qui verse rarement dans l'originalité. Je ne m'explique pas vraiment cette obstination, si ce n'est un optimisme déraisonnable qui me fait espérer qu'un jour, je trouverai une comédie à regarder.

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Him & Her
, dont le premier épisode était diffusé lundi dernier, ne sera cependant probablement pas celle qui me réconciliera avec cette télévision-là. De quoi envisageait-elle de nous parler ? Se présentant comme volontairement a-romantique, souhaitant bousculer les images idéalisant la vie de couple afin d'en croquer une vision plus "réaliste" et terre-à-terre, elle met donc en scène le quotidien de deux jeunes amoureux, ayant autour de la trentaine, Steve et Becky. Aucune originalité particulière, si ce n'est donc la volonté d'afficher un profond attachement à relater une réalité assez neutre, mais sensée sans doute trouver un écho particulier auprès du public visé.

Ce pilote nous relate une matinée de farniente pour nos deux personnages principaux, où le projet envisagé de passer du bon temps au lit est perturbé par leurs connaissances qui ne cessent de les importuner, de la soeur en pleine crise amoureuse au voisin envahissant. Au vu de la minceur du concept de départ et de la thématique qui allait être centrale lors de ce premier épisode (le sexe), Him & Her va pourtant faire preuve de plus d'habileté que ce que les premières minutes m'avaient fait craindre. S'inscrivant dans un registre volontairement intimiste, l'écriture parvient à un étrange et fragile équilibre, pas inintéressant, entre une approche directe à l'excès et une certaine innocence dans la façon d'être des personnages. Il y a une forme de tact, presque une pudeur, assez indéfinissable dans la tonalité adoptée, comme une étrange retenue qui confère à l'ensemble un parfum proche de l'innocence, donnant un rendu assez étonnant, plus recherché qu'il n'y parait.

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La série ne cherche pas à provoquer, optant pour un déroulement suivant un ronronnement sans accroc. Nul ne doute qu'elle revendique et assume cette sobriété brandie en étendard ; seulement, si on ne peut pas lui reprocher d'en faire trop, elle va s'échouer sur l'écueil majeur de son parti pris narratif. Vouloir présenter sans le romancer un quotidien quelconque, pourquoi pas. Sauf que nous sommes quand même dans une série, cadre dans lequel il est nécessaire de maintenir un minimum de rythme, avec un contenu présentant un minimum de consistance pour retenir l'attention du téléspectateur. Or, au cours de ce pilote, Him & Her se noie surtout dans une routine creuse que l'on ne sait trop comment appréhender.

Cette impression diffuse d'électro-encéphalogramme désespérement plat - source de relatif ennui transformant votre perception du temps qui s'écoule - est confortée par l'absence de ce qui devrait, en théorie, être le coeur d'une comédie, à savoir, l'humour. Oh, l'épisode suscite bien quelques vagues sourires, les rares fois où il y a une rupture de rythme réussie - la scène de l'araignée ou la façon dont Becky s'y prend pour faire accepter la venue de sa soeur à Steve -, mais c'est trop peu pour 30 minutes de huis clos dans ce petit appartement qui sert de seul décor. Les acteurs n'y pourront rien, alors même qu'il n'y a vraiment rien à redire sur l'interprétation solide du duo phare, Russell Tovey (Little Dorrit, Being Human) et Sarah Solemani (Roman's Empire) trouvant instantanément le ton juste et parvenant à retranscrire une belle complicité à l'écran. 

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Bilan : Ce pilote de Him & Her laisse donc une impression très mitigée. D'une part, il fait preuve d'un réel tact et d'une certaine habileté à mettre en scène un quotidien, avec une atmosphère où pointe une certaine innocence ou insouciance, alors même que les sujets abordés auraient pu être propices à des développements lourds et indigestes. Mais, d'autre part, il échoue à intéresser à la monotonie de cette routine ordinaire, qui sonne finalement trop creuse pour retenir l'intérêt du téléspectateur.

Him & Her, c'est une approche télévisée expérimentale sur le couple dont l'intention n'était pas mauvaise (et l'équilibre dans la tonalité notamment mériterait d'être revu), mais le résultat est trop inconsistant pour le format d'une série, même avec peu d'épisodes.


NOTE : 4/10


Un extrait (une histoire d'araignée...) :

13/08/2010

(UK / Pilote) Sherlock Holmes : les classiques sont indémodables. (A Scandal in Bohemia)


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Certes, la réécriture et modernisation de la figure du célèbre détective anglais, signée Moffat et Gatiss, a enchanté notre été téléphagique (surtout 2 épisodes sur les 3). C'était délicieusement écrit et, cerise sur le gâteau, sacrément bien joué. Je l'avoue, j'ai été agréablement surprise par la maîtrise de Benedict Cumberbatch, qui a parfaitement cerné le personnage qu'il incarne, en délivrant une performante des plus enthousiasmantes.

Cependant, quand on évoque Sherlock Holmes à un téléphage, logiquement, le nom qui lui vient à l'esprit instinctivement, celui qui représente la personnification télévisée du détective dans bien des coeurs et des souvenirs, demeure, bien évidemment, Jeremy Brett. Il aura conquis bien des générations, dans ce qui est considéré comme probablement la meilleure adaptation au petit écran des romans de Sir Arthur Conan Doyle (nous verrons ce que l'avenir réserve à Sherlock, 3 épisodes, c'est insuffisant pour émettre un jugement).

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Sherlock Holmes, c'est une série produite par Granada Television, dont la diffusion s'étendit de 1984 à 1994, sur la chaîne anglaise ITV. La maladie, puis le décès de Jeremy Brett, en 1995, interrompit la suite d'adaptations. Elle a porté à l'écran, au total, 41 des 60 aventures romancées par Arthur Conan Doyle. Elle se divise en six saisons et cinq téléfilms, portant sur quatre grandes périodes, respectivement intitulées The Adventures of Sherlock Holmes (1984-1985), The Return of Sherlock Holmes (1986-1988), The Casebook of Sherlock Holmes (1991-1993) et, enfin, The Memoirs of Sherlock Holmes (1994).

Jeremy Brett laissera une trace indélébile dans la mythologie de Sherlock Holmes, par une interprétation plus vraie que nature du détective anglais, donnant vie dans sa complexité et ses paradoxes à ce personnage qui a tant fasciné et fascine toujours autant. A ses côtés, le personnage du Docteur Watson connaîtra un changement de casting. Tout d'abord interprété par David Burke, durant The Adventures of Sherlock Holmes, ce sera ensuite Edward Hardwicke qui prendra la relève pour le reste des adaptations.

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Avoir suivi, au cours des dernières semaines, la modernisation proposée par BBC1 a réveillé en moi mon éternelle fibre nostalgique toujours prompte à être réactivée au moindre prétexte. D'où, ces derniers jours, ma soudaine envie de renouer avec les classiques et de me replonger dans cette ambiance victorienne inimitable, reconstitution historique particulièrement soignée et intégrée de façon naturelle à ce récit policier. C'est ainsi que je me suis  installée devant le premier épisode de la série, curieuse de revoir comment la série nous avait introduit dans son univers.

A la différence du Sherlock BBC-ien, qui opta pour une approche narrative chronologique, en ré-adaptant à l'écran, à sa manière, l'aventure marquant la première rencontre entre Sherlock Holmes et John Watson, à l'occasion de l'enquête sur Une étude en rouge (A study in Scarlet, en VO), le Sherlock Holmes ITV-ien préfère lui nous introduire directement auprès d'un duo déjà formé, à la dynamique bien huilée et aux repères posés. Peut-être pour offrir aux téléspectateurs l'opportunité d'entre-apercevoir toutes les différentes facettes de ce personnage si complexe qu'est Sherlock Holmes, ce premier épisode est une adaptation de la seule histoire, publiée en 1891 par Arthur Conan Doyle, mettant en scène une des figures féminines pourtant les plus importantes du canon Holmes-ien, Irene Adler. Il s'agit d'Un scandale en Bohème (A scandal in Bohemia).

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L'épisode est tout d'abord intéressant, car, de par son statut de "pilote", c'est à lui que va incomber la tâche de nous introduire dans cette nouvelle version du canon Holmes-ien. Puisque les personnages ont déjà adopté ce quotidien routinier qui est le leur, au 221B Baker Street, la présentation à destination du téléspectateur va être amenée de façon informelle. Dans cette perspective, les premières minutes vont s'avérer particulièrement réussies. Nous y suivons le retour de Watson après plusieurs jours d'absence. Le temps de croiser Mrs Hudson et le voilà à l'étage, incertain, presque anxieux, de l'état dans lequel il va retrouver Sherlock Holmes.

Dès les premiers échanges entre eux, dialogues déjà savoureux et captant immédiatement l'essence des deux personnages, les clés principales pour comprendre le fonctionnement du duo nous sont distillées, en guise d'introduction qui ne porte pas son nom. Sherlock Holmes et son esprit brillant, si versé à sombrer dans l'ennui lorsqu'aucun mytère ne se dresse devant lui. Son penchant pour certaines drogues et autres sources d'addiction est en même temps l'occasion de montrer la haute estime qu'a pour lui (et son intelligence) un Watson que le recours à ces produits met hors de lui. Sherlock et sa profession, unique, de "consulting detective", statut qu'il s'est lui-même donné. Aucun doute, l'esprit Holmes-ien est là, instantanément, dans le petit écran.

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L'histoire en elle-même est divertissante et plaisante à suivre, car elle est l'occasion d'y retrouver utilisés tous les ingrédients qui font l'identité de la série. L'héritier du trône de Boheme sollicite les services de Sherlock Holmes pour retrouver une photographie compromettante, prise aux côtés d'une jeune femme qu'il a aimée il y a quelques années, Irene Adler. Désormais fiancé à quelqu'un de rang noble, ce souvenir, conservé par son ancienne amie, donne des sueurs froides au prince, qui craint le scandale. Blessée d'avoir été éconduite, Irène lui aurait assuré qu'elle enverrait la photographie l'incriminant le jour de l'officialisation de ses fiançailles. Malgré tous ses efforts et autres effractions peu légales, l'objet demeure hors d'atteinte du fiancé qui, ne sachant plus comment s'y prendre, se tourne donc vers le célèbre détective anglais.

Au final, tout cela nous donne une aventure rythmée, qui maintient l'attention du téléspectateur tout au long de l'épisde. On y retrouve aussi avec plaisir les éléments essentiels du "canon". Des jeux de déductions, autour d'une simple lettre excessivement sybilline, jusqu'aux déguisements et autres missions "sous couverture" pour se jouer de son adversaire du jour, en passant par un sens de l'initiative et de la débrouillardise sollicité comme il se doit. Et puis, l'histoire revêt peut-être une dimension supplémentaire de par la déférence vis-à-vis du personnage d'Irene Adler, brève rencontre qui marquera profondément le détective, comme insiste dessus à plusieurs reprises Watson.

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Bilan : Classique indémodable, reconstitution littéraire comme historique aboutie et entière, Sherlock Holmes est une de ces fictions sur laquelle le temps n'a que peu d'emprise, si ce n'est de façon anecdotique, en terme d'images et de réalisation. Savoureuses à suivre, les aventures mises en scène ont ce même parfum, tour à tour intrigant, piquant, qui émane des livres, porté par la fascination magnétique qu'exerce, auprès du téléspectateur, la version de Sherlock Holmes proposée par Jeremy Brett. Un classique qui se savoure sans modération.


NOTE : 9/10


Le générique (au thème musical savoureux) :

06/08/2010

(Pilote / Mini-série UK) The Deep : plongée en de troubles profondeurs


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Mardi soir débutait sur BBC1 une nouvelle mini-série (5 x 60') intitulée The Deep. Dépaysement claustrophobique garanti pour un plongeon en Arctique construit sur un format de thriller. Le calme paysage téléphagique aoûtien se prête aux aventures ; et The Deep, avec son casting (James Nesbitt, Minnie Driver, Goran Visnjic, et même Tobias Menzies), ne manquait pas d'atouts, a priori, pour nous décider à embarquer dans son exploration des profondeurs.

Fonctionnant par à-coups, ce premier épisode se révèlera surtout assez poussif, s'attachant à introduire méthodiquement tous ses enjeux. La brusque accélération de l'intrigue, dans son dernier tiers, réveillera cependant la curiosité jusqu'alors très réservée du téléspectateur. Jusqu'à se laisser embarquer pour explorer les mystères des fonds marins ?

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The Deep pose, dès sa scène d'ouverture, le cadre claustrophobique auquel elle tend, tout en peinant à réellement insuffler l'angoisse que l'on devine devoir poindre. En mission d'exploration dans les eaux de l'Arctique, le sous-marin Hermes y disparaît sans laisser de trace, son équipage, porté disparu, étant déclaré mort. Le mystère de cette tragédie demeure entier. Six mois plus tard, une nouvelle expédition s'organise, dirigée cette fois par Frances Kelly. En digne fiction du genre, cherchant à trouver un équilibre entre action et émotionnel, on retrouve également à son bord, tendu et, logiquement, déprimé, le mari de la scientifique qui dirigeait la précédente mission, Clem ; ainsi qu'un biologiste marié avec lequel Frances entretient une liaison.

Cependant, avant même la plongée, l'objectif initial d'exploration est remis en cause, en cours de route, par l'addition d'un nouveau membre à l'équipage, Raymond, qui enquête sur ce qui a pu arriver au Hermes. De troublants enregistrements audios des dernières minutes du sous-marin contribuent à nourrir d'étranges hypothèses ; il est donc nécessaire de retrouver les données que l'appareil a pu recueillir dans ces instants dramatiques. De regards appuyés en lourds sous-entendus, s'esquissent les différentes questions centrales de l'intrigue de ce pilote : qui cache quoi à bord de l'expédition ? Et, surtout, quels secrets renferment ces profondeurs inexplorées ?

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A lire ce résumé servant de base à The Deep, il est aisé d'identifier l'écueil que ce premier épisode ne parvient pas à éviter : un enchaînement de clichés peu subtiles qui peinent à générer la moindre tension. Les scénaristes appliquent (trop ?) cliniquement le cahier des charges des fictions pseudo-claustrophobiques du genre. Les ficelles du scénario se révèlent, au mieux, trop évidentes, au pire, grossières. Si bien que l'épisode ronronne sur une dynamique trop prévisible pour ne pas être frustrante. Tout y est huilé à l'excès, finalement assez déshumanisé, semblable à un thriller sur papier glacé.

Les élans de dramatisation ne réussissent pas à dégager la moindre empathie avec un téléspectateur qui peine à s'impliquer. Tandis que la construction du suspense sonne un peu trop creux pour créer une ambiance inquiétante... du moins pour le moment.

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Une fois ce manque d'épaisseur d'un scénario trop prompt à céder à la facilité, constaté, le seul élément pouvant permettre à The Deep de redresser la barre serait de réussir le côté mouvementé de cette plongée dans les profondeurs qu'elle entend nous proposer, afin d'éclaircir le mystère de la disparition du précédent sous-marin. Ici, la mini-série souffre surtout du syndrome du premier épisode d'exposition. Les débuts sont poussifs, assez lents. Tout avance par à-coup sans parvenir à verser dans l'ambiance un peu oppressante qu'on serait en droit d'attendre d'une telle histoire. Manquant d'homogénéité, cette première heure débute réellement dans son dernier tiers. Cependant, si la suite poursuit sur ces bases finales plus rythmées, elle pourra se révéler plus divertissante.

En somme, au-delà de cette résurrection de tous les poncifs du genre "thriller en huis-clos", le téléspectateur était sans doute en droit d'attendre mieux de ce premier épisode de The Deep. Les amateurs de ce genre aux rouages un peu mécaniques ne seront pas dépaysés ; j'espère surtout que la mini-série saura construire une atmosphère plus tendue et propre à son cadre particulier par la suite.

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Sur la forme, The Deep tente quelques effets de style, sans que sa réalisation d'ensemble se démarque réellement. Si elle sait jouer sur des teintes colorées différentes, suivant l'environnement (prédominance bleue dans le sous-marin, etc...), en revanche, cette utilisation de flou sur les bords qu'elle renvoie à certains moments, pour renforcer son ambiance, n'est pas des plus convaincantes.

Enfin, le casting, comme je l'ai déjà dit, ne manque pas de figures bien connues, que le téléspectateur familier des fictions britanniques (et même au-delà) devrait retrouver avec un certain plaisir. Même si, pour le moment, il faut reconnaître que le scénario ne les transcende pas, chacun assurant un solide service minimum, si j'ose dire. Minnie Driver (The Riches) mène l'expédition, aux côtés de Clem, en veuf déprimé interprété avec naturel par James Nesbitt (Jekyll). Au sein de l'équipage du sous-marin, pour compléter ce trio principal, on retrouve Goran Visnjic (Urgences). Enfin (et parce que je l'aime bien), signalons en invité de dernière minute qui en sait sans doute plus qu'il ne le dit sur le mystère de la disparition du précédent sous-marin, un Tobias Menzies (Rome) fidèle à lui-même.

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Bilan : Un peu lente au démarrage, The Deep peine à trouver son rythme dans une première partie d'épisode qui se révèle un peu creuse, servant surtout d'exposition un brin poussive, voire clichée. Si bien que le téléspectateur éprouve quelques difficultés à s'investir immédiatement dans les enjeux qui s'esquissent. Cependant, une fois que l'action commence réellement, il est possible de se prendre à ce jeu claustrophobique, essayant d'oublier les écueils d'une écriture très unidimensionnelle qui manque trop souvent de punch et de subtilité.

Au final, The Deep est un peu trop plate en terme de personnalité et d'ambiance (ce qui, pour une telle fiction, est assez dommageable), mais si elle poursuit sur le rythme du dernier tiers de l'épisode (comme la bande-annonce du suivant le laisse entendre), elle peut peut-être s'imposer dans ce créneau de l'aventure divertissante sur papier glacé, sans autre prétention. En plein mois d'août, aidé par le désoeuvrement du téléphage, cela peut fonctionner. Cependant, il est fort probable que ce voyage ne restera pas dans les annales.


NOTE : 5,25/10


Une bande-annonce de la mini-série :

27/07/2010

(Pilote UK) Sherlock : Modernisation d'un classique. Jubilatoire.

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Ce dimanche soir, BBC1 a entamé la diffusion de Sherlock, une série qui aura connu une bien lente maturation, avant de parvenir finalement sur les écrans britanniques sous un format de 3 épisodes de 90 minutes. Le challenge est stimulant, puisque la chaîne anglaise nous propose d'embarquer trois dimanches d'affilée aux côtés de Sherlock Holmes et de son inséparable acolyte, le Dr Watson, dans une ré-écriture modernisée du mythe du plus célèbre détective anglais, que Arthur Conan Doyle créa au XIXe siècle.

L'idée de transposer Sherlock Holmes dans le décor de notre XXIe siècle pouvait a priori décontenancer. Au-delà des images d'Epinal auxquelles renvoie son nom, il évoque aussi un style marqué par son époque. Sauf que le projet paraissait tout de suite plus réalisable lorsque l'on jetait un oeil sur les noms des personnes qui y étaient associés. Outre Mark Gatiss, à qui l'on doit quelques épisodes de Doctor Who, comme The Idiot's Lantern (saison 2), on retrouve un récidiviste des modernisations de romans de cette fin du XIXe siècle : Steven Moffat. Souvenez-vous, le showrunner actuel de Doctor Who avait, en 2007, réussi une entreprise des plus ambitieuses - et glissantes a priori - : proposer une version actuelle de L'étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde de Stevenson, par le biais d'une mini-série de six épisodes, intitulée Jekyll.

Par conséquent, je n'étais pas loin de penser que si quelqu'un pouvait recréer un Sherlock Holmes du XXIe siècle, crédible et respectant l'essence et l'esprit de cette figure enquêtrice incontournable des enquêtes policières, c'était bien Steven Moffat. Et le résultat n'a pas infirmé cet optimisme.

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Ce premier épisode commence par le début, à savoir la première rencontre entre Sherlock Holmes et John Watson. Ce dernier est un vétéran, médecin militaire récemment rentré blessé d'Afghanistan. Il tente de reprendre peu à peu pied dans le morne quotidien de la vie civile. Si sa psychiatre pense qu'il souffre de stress post-traumatique, Watson cherche surtout à remettre sa vie en ordre. Pour cela, il n'envisage pas de quitter Londres, mais ne peut financièrement assumer un loyer seul. Une rencontre fortuite l'amène à renouer avec une vieille connaissance qui l'introduit à un autre de ses amis, cherchant lui aussi un colocataire dans la capitale anglaise, Sherlock Holmes.

La première rencontre est à la hauteur des personnalités brillantes que sont les deux hommes, dans les couloirs d'une morgue où Sherlock conduit d'étranges expérimentations sur les cadavres. Sans s'en rendre compte, Watson, las de désoeuvrement, se retrouve entraîné dans le quotidien mouvementé de son potentiel futur colocataire du 221B Baker Street. Le parfum de l'aventure, l'adrénaline d'une enquête et la tension suscité par l'imprévu, sont sans doute les meilleurs médicaments dont peut rêver le docteur : évoluer aux côtés de Sherlock Holmes n'est pas de tout repos, mais cela reste tellement stimulant.

D'autant que ce dernier enquête sur une affaire aussi complexe qu'intrigante : une sorte de "serial-suicides" frappe Londres, au cours desquels, des individus semblent avaler volontairement un poison mortel. Comment sont-elles acculées à de telles extrêmités, alors qu'elles ne semblaient pas avoir de tendances suicidaires ? Faut-il y voir une main humaine derrière ces actes ? Le commissaire Lestrade, singulièrement dépassé, en appelle aux services du célèbre détective à partir du quatrième mort.

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Bien plus que l'enquête, prenante à souhait sans être si étonnante ou originale, la grande réussite de l'épisode réside dans le fait d'avoir réussi à capturer l'essence et l'esprit de cette figure littéraire incontournable, tant dans la façon dont la mini-série se réapproprie les personnages, que dans leurs échange qui nous réservent des petits bijoux de dialogues.

Sherlock Holmes est un génie, surdoué de la déduction, trop intelligent pour le quotidien morne et amorphe du monde qui l'entoure. Sa crainte première est de sombrer dans un ennui létal. Avec ses prédispositions naturelles aux addictions, il recherche dans ses enquêtes un challenge à la hauteur de son intelligence, repoussant ses limites. La série capte admirablement la versatilité et les différentes facettes d'un personnage semblable à un tourbillon, aussi fascinant qu'intoxiquant. Elle ne néglige pas non plus cette part d'ombre inhérente à un détective pour qui les crimes à résoudre demeurent ce qui rythme et donne un sens à sa vie. Ce n'est pas pour rien que les policiers le qualifient de "psychopathe", persuadés qu'un jour, ils auront à enquêter sur un mort qui sera de son fait ; ce à quoi il répond calmement, en les corrigeant, qu'il est un  "high-functioning sociopath". C'est sans doute Lestrade qui retranscrit peut-être le plus justement Sherlock : "He is a great man... and I think one day, if we're very, very lucky, he might even be a good one".

A ses côtés, le personnage de Watson offre, évidemment, le contre-poids parfait. Stimulant parfois, canalisant toujours, la présence de ce vétéran se révèle déterminante. Les deux personnages se complètent et s'apportent beaucoup mutuellement. Marqué par la guerre, Watson retrouve avec Sherlock cette bouffée d'adrénaline, dont l'absence le laissait vide et chargé d'amertume. S'il n'accorde pas facilement sa confiance en temps normal, c'est presque instinctivement qu'il trouve ses marques auprès du détective. Sa modération se complétant d'une loyauté sans faille, rapidement testée.

Tout cet univers fonctionne d'autant plus que même les personnages secondaires (Lestrade et Mrs Hudson en tête), plaisants, s'insèrent parfaitement dans la tonalité particulière de cette série.

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Au-delà de ces personnalités qui constituent l'âme de la série, l'un des aspects les plus aboutis de Sherlock réside dans l'ambiance et la tonalité qu'elle parvient à instaurer. Si l'atmosphère reste relativement sombre par son sujet, la série n'hésite pas à introduire des passages plus décalés, voire prenant parfois des accents franchement humouristiques, alternant admirablement les tons au cours de 90 minutes d'enquête.

En fait, c'est toute la dynamique qui s'installe entre Sherlock et John Watson qui se révèle absolument jubilatoire, petit joyau d'écriture enlevée et brillante. Les échanges entre les deux personnages principaux, derrière lesquels se forme progressivement une indéfinissable complicité, sont particulièrement inspirés et toujours rythmés. Les monologues de Sherlock, tout comme certains dialogues plus classiques, sont piquants à souhait et conservent quelque chose d'atypique, prenant plaisir à surprendre et à nous mettre en porte-à-faux. C'est ainsi que les répliques, potentiellement "cultes", délicieusement cinglantes et merveilleusement ciselées, s'enchaînent et  marquent un téléspectateur, intrigué, définitivement skotché devant son petit écran.

Pour porter cette base des plus intéressantes à l'écran, le casting s'avère être une surprenante réussite. J'avoue que je n'avais pas gardé jusqu'à présent de souvenir impérissable de Benedict Cumberbatch (The Last Enemy) ; il m'a bluffé et agréablement surprise dans ce premier épisode, où il campe de façon très convaincante, avec un charisme et une présence à l'écran qui en impose, le personnage de Sherlock Holmes. Martin Freeman (Charles II, The Office UK) est, lui, à la hauteur de l'enjeu, toujours très solide, pour camper tout en nuances le Docteur Watson. Les deux acteurs fonctionnent particulièrement bien ensemble. Du côté des figures plus secondaires, Una Stubbs incarne Mrs Hudson, la logeuse de nos compères, tandis que Rupert Graves (Midnight Man) joue un Lestrade, un peu dépassé, mais toujours plein de bonne volonté, qui reconnaît Sherlock à sa juste valeur.

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Bilan : L'idée d'une version moderne de Sherlock pouvait laisser perplexe, ce premier épisode balaie toutes nos craintes antérieures. Captant parfaitement l'essence de cette figure mythique du détective anglais et son acolyte médecin, l'épisode regorge de passages jubilatoires, de répliques cultes qui font mouche, le tout alternant de façon fluide entre scènes plus sombres et moments décalés où perce une pointe d'humour. Le téléspectateur se laisse entraîner sans résistance dans cette aventure stimulante et fascinante, nullement gêné de voir Sherlock Holmes déambuler dans un décor moderne. Si bien que notre seul regret, à la fin de l'épisode, c'est la pensée qu'il ne reste que deux épisodes à savourer.


NOTE : 9/10


La bande-annonce de la série :

08/07/2010

(Pilote UK) Identity : l'identité, au coeur du crime

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Identity confirme une  tendance initiée au cours du printemps : les acteurs britanniques de The Wire (Sur Ecoute) sont rentrés au bercail et investissent désormais les dernières nouveautés policières d'outre-Manche. De quoi nourrir cette fascination anglaise pour la série de HBO, laquelle s'impose en référence récurrente en Angleterre. Après Idris Elba, dans Luther sur BBC1 au printemps, c'est Aidan Gillen qui débarquait donc, ce lundi soir, sur ITV, dans Identity. Et comme la chaîne avait décidément voulu bien faire les choses question casting, elle s'est en  plus assurée les services de Keeley Hawes, encore fraîchement auréolée du final de Ashes to Ashes.

Je résume donc : Aidan Gillen et Keeley Hawes à l'affiche, pour mener quelques enquêtes au cours de l'été. Vous qui commencez à me connaître un tant soit peu, avec la seule présence de ce duo phare, vous devinez pourquoi il aurait été inconcevable que je ne regarde pas Identity, peu importe que les cop-shows soient un genre que j'ai un peu déserté au cours des dernières années.

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Pure série policière respectant avec une application quasi-scolaire tous les canons du genre, Identity s'est cependant efforcée en amont de trouver un angle d'attaque particulier pour ses enquêtes. C'est ainsi qu'elle a choisi de mettre en scène une unité très particulière au sein de la police, celle qui s'est spécialisée dans les crimes liés à l'identité. Dans une société moderne où règne la dématérialisation complète des informations, par le biais des nouvelles technologies, les détournements, voire les vols d'identité, sont des infractions en forte hausse.

Pour répondre à la spécificité d'un domaine pointu et très particulier, la police a créé une équipe spécialisée, chargée de lutter contre l'inflation de ces atteintes et placée sous le commandement de la DSI Martha Lawson. A ses côtés, elle a rassemblé une équipe hétéroclite de policiers aux compétences et aux modes de fonctionnement aussi différents que complémentaires, parmi lesquels figure le DI John Bloom. Après 15 ans d'infiltration dans les milieux de trafics internationaux en tout genre, notamment de drogue, le revoilà dans sa première affectation "normale", suivant directement cette longue mission très éprouvante qui a logiquement marqué l'homme.

A partir de ces ingrédients relativement classiques, la série va rapidement trouver ses marques pour s'inscrire dans le registre du cop-show le plus traditionnel qui soit.

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L'enquête de l'épisode, sans surprendre, se révèle plutôt prenante et surtout très dense, n'hésitant pas à multiplier les pistes, complexifiant d'autant l'affaire. Elle permet également au téléspectateur de se familiariser avec cette thématique particulière du détournement d'identité, à travers la descente aux enfers d'un homme qui semble être la cible d'un de ces voleurs d'un nouveau genre.

En effet, de l'utilisation de son nom pour le faire crouler sous les dettes jusqu'à des achats malencontreux provoquant des tensions au sein de son couple, depuis plusieurs mois, la vie de Justin Curtis est perturbée par une intervention extérieure malveillante qui l'a plongé dans une paranoïa désespérée. Jusqu'à présent, ses appels à l'aide ont été ignorés : de nos jours, la supposée fiabilité de toutes les données informatiques stockées l'emporte sur la versatilité du témoignage humain. Mais lorsque Curtis est accusé d'avoir renversé une jeune femme, avec une voiture louée à son nom, les choses dégénèrent. Ancien soldat, il accueille les policiers à l'arme à feu tout en clamant son innocence. Une fois l'individu arrêté, Martha est interpelée par sa version de l'histoire. Son équipe va alors devoir démêler le vrai du faux dans les allégations de l'accusé, et essayer de remonter une piste aussi trouble qu'insaisissable.

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Il faut reconnaître que l'enquête est bien huilée et le tout est efficacement conduit, bénéficiant de l'approche relativement originale d'un crimé lié à l'identité. Le téléspectateur suit ainsi sans déplaisir la progression de l'affaire, l'épisode maintenant son attention sans aucun temps mort, ni baisse de régime. Malheureusement, Identity se heurte rapidement à une limite structurelle, voire conceptuelle. Sa recette conserve un arrière-goût extrêmement familier : le fonctionnement de l'équipe de policiers dans son ensemble, comme le numéro de duettistes proposé par les deux personnages centraux, ne s'écarte jamais des conventions du genre. Si bien qu'elle n'apparaît être au final qu'une énième déclinaison de cop-show classique, sans réelle valeur ajoutée. Le cadre londonien est certes agréable, mais ne permet pas d'impulser une originalité suffisante qui donnerait l'occasion à la série d'imposer sa propre identité à l'écran (sans mauvais jeu de mots).

Cependant, la dernière scène de l'épisode, en plus d'introduire un potentiel fil rouge des plus intrigants, ouvre une voie pour dépasser le stade de la série trop policée que propose ce pilote. John Bloom a passé les 15 dernières années de sa carrière, sous un nom d'emprunt, à prétendre être quelqu'un qu'il n'est pas, infiltré au sein d'une organisation criminelle. S'il a fait tomber le chef trafiquant et s'il a réintégré le service normal, la fin de l'épisode nous montre qu'il n'a pas tourné complètement la page du personnage fictif qu'il jouait. Il renoue ainsi le temps d'une soirée avec ses anciennes connaissances. Dans cette ambiance festive, derrière certains regards échangés, lourds de sens, on devine des histoires pleines de non-dits, qui n'ont pas encore livré tous leurs secrets.

John Bloom n'est pas un simple policier pragmatique et très doué, comme nous l'avait démontré l'enquête du jour. Sa non-rupture avec son passé d'infiltré rejoint finalement la thématique globale de la série : les questionnements identitaires ne seront sans doute pas réservés aux seules enquêtes du jour. Ainsi, ce petit twist final apporte un nouvel éclairage au personnage de Bloom et laisse transparaître une autre voie de développement possible à Identity : celle d'explorer son thème au-delà de son lot quotidien d'affaires, en s'intéressant à la personnalité, que l'on devine complexe, de sa figure centrale. 

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Sur la forme, Identity est, à l'image de son contenu, parfaitement calibré. Si la réalisation reste d'une prudente neutralité, en revanche, j'ai assez bien apprécié le coloris et les teintes choisies. La photo de l'image est sobre, mais les couleurs, avec certaines accentuations les faisant ressortir, jouent sur une pointe d'ambiance nostalgique auprès du téléspectateur. C'est un aspect que j'ai bien apprécié, même si cela n'est qu'un détail technique assez diffus.

Enfin, côté casting, l'équipe est homogène et convaincante. Comme je l'ai déjà mentionné, la double présence de Keeley Hawes (Spooks, Ashes to Ashes) et d'Aidan Gillen (The Wire/Sur Ecoute) suffit à mon bonheur. A leurs côtés, on retrouve notamment Holly Aird (Monday Monday), Elyes Gabel (Dead Set), Shaun Parkes (Harley Street, Moses Jones), mais aussi Patrick Baladi (Party Animals, Mistresses) en supérieur très méfiant.

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Bilan : Identity propose un pilote efficace, de facture très classique, sans doute même, "trop" classique. La série apparaît comme une sorte d'énième variante du cop-show traditionnel, avec comme pointe d'originalité, le cadre global entourant ses enquêtes concernant des crimes avec, en leur centre, un enjeu à la sensibilité très moderne, celui de l'identité. Cela se suit sans déplaisir, mais sans réellement s'imposer auprès d'un téléspectateur qui aura peut-être tendance à être d'autant plus conciliant si, comme moi, il apprécie le casting. Cependant, l'entrée en matière est très correcte. Et, surtout, la fin de l'épisode ouvre un fil rouge des plus intrigants sur le personnage de Bloom. Qui sait, peut-être Identity a-t-elle les moyens d'aller au-delà du simple formula show proprement calibré, entrevu dans ce pilote. Dans tous les cas, les amateurs de séries policières devraient sans nul doute y trouver leur compte.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :