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15/01/2010

(Pilote UK) Material Girl : plongée dans les coulisses clichées de la mode


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Lenora Crichlow (Sugar Rush) est décidément une actrice très occupée ces derniers temps. Apparue dans la mini-série d'ITV, Collision, cet automne, actuellement à l'affiche de la saison 2 de Being Human, diffusée sur BBC3 depuis dimanche, elle tient également le rôle titre dans une nouvelle série (initialement prévue pour la fin de l'année dernière, mais finalement reportée à ce début 2010) lancée sur BBC1 ce jeudi soir : Material Girl. Pour le moment, six épisodes d'une heure chacun ont été commandés.

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A priori, l'univers de la mode n'est pas forcément ma tasse de thé, même si j'ai suivi Ugly Betty durant presque deux saisons. La filiation de Material Girl avec toutes les fictions traitant de ce sujet se révèle d'ailleurs immédiatement évidente. Si la série bénéficie sans doute d'un peu moins de moyens que sa consoeur américaine pour faire étalage des dernières tenues vestimentaires affriolantes, elle investit cependant de façon très classique -et complète- les coulisses de la mode, en nous proposant de suivre le parcours d'Ali Redcliffe, jeune créatrice, designer en devenir. Jusqu'alors assistante auprès d'une patronne tyrannique, elle quitte brusquement sa position, sur un coup de tête, en comprenant que cette dernière ne lui donnera jamais sa chance. Va-t-elle réussir à rebondir ? Aux côtés de Lenora Crichlow, on retrouve notamment l'expérimentée Dervla Kirwan (55 Degrees North, Hearts and Bones), mais aussi Michael Landes (Lois & Clark : les nouvelles aventures de Superman, Special Unit 2). Un casting a priori  donc relativement solide et qui ne va pas démériter.

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Opèrant une redistribution des cartes entre les différents protagonistes, ce pilote sert à exposer les futurs enjeux de la série. Ali a claqué la porte du label de Davina Bailey (Dervla Kirwan), créatrice qui gère d'une main de fer son petit empire. Obstinée, la jeune femme refuse toute compromission (et avances) pour percer et préfère se mettre en quête d'un nouveau travail dans la création vestimentaire. Mais sa réputation la précède désormais, s'étant aliénée trop de personnes influentes, si bien que toutes les portes se referment une à une. Seule réelle opportunité concrète : une proposition de la part de Marco Keriliak (Michael Landes), un businessman qui dispose des connexions nécessaires pour permettre à Ali de lancer sa propre ligne de vêtements, mais dont la fiabilité en affaires ne vaut presque rien. La confrontation avec Davina devenant plus personnelle, notre jeune héroïne finit par se rallier à l'offre de Marco, en dépit des craintes formulées par ses amis.

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Remplissant pleinement le rôle d'installation qui lui est dévolu, l'épisode nous fait suivre les débuts de la nouvelle entreprise. On assiste donc aux premières passes d'armes avec Davina, mais aussi entre Ali et Marco, chacun ayant une conception très différente des affaires, entre naïve utopie et requin attiré par l'argent et les paillettes. La première bataille contre Davina étant gagnée, tout est bien qui finit bien. Pour le moment. Car désormais "It's war". De quoi s'attendre à de nouvelles péripéties pour Ali et sa toute jeune ligne de vêtements, d'autant que Marco ne restera le partenaire idéal que dans le succès. En cas de difficultés, les choses pourront rapidement devenir plus compliquées.

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Résumée ainsi, vous devinez déjà quel écueil majeur Material Girl ne peut éviter : celui de l'accumulation des clichés. Proposer une fiction dans le cadre de la mode ne signifie pas souscrire jusqu'au moindre détail, au vaste fantasme imagé qui y est désormais associé. Il n'est pas nécessaire de reprendre à son compte tous les stéréotypes véhiculés sur le sujet. Car, devant ce pilote, le téléspectateur finit par penser qu'il assiste à un défilé des clauses contenues dans le cahier des charges d'une série sur la mode : de la tyrannique patronne étouffant la concurrence, jusqu'au meilleur ami gay, colocataire, travaillant également pour Davina, en passant par la proposition indécente (parachutée) pour percer, tout y est. Avoir vu ou lu une histoire sur ce milieu signifierait-il que l'on en a fait le tour et qu'il n'aurait plus rien (d'autre) à offrir ? Ce manque flagrant d'imagination et d'initiative des scénaristes laisse un sentiment mitigé : tout est parfaitement en place, trop bien en place même, trop huilé pour attirer l'attention d'un téléspectateur finalement blasé.

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Pourtant, l'histoire en elle-même, d'un classicisme extrême que l'on pourrait qualifier de "traditionnelle", n'est pas déplaisante à suivre. L'introduction d'une petite storyline amoureuse pour Ali s'inscrit d'ailleurs dans cette même perspective. Simplement, elle ne ressemble qu'à une énième copie d'un récit déjà bien trop souvent croisé.

A cette réserve, s'y ajoutent des remarques plus formelles. Si la réalisation est correcte, alternant quelques plans inspirés et d'autres plus douteux, mais dans l'ensemble relativement soignés, la bande-son, offrant de nombreuses chansons pop/rock, se révèle en revanche bien trop présente, transformant certaines scènes "de transition" en faux extraits de clips musicaux. Ce qui n'est jamais une bonne chose pour la cohésion de la construction globale d'un épisode.

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Bilan : Cumulant les stéréotypes sous des atours chatoyants relativement divertissants, le pilote de Material Girl sonne quelque peu creux. Le ton vacille, incapable de choisir, hésitant entre légèreté et touches plus sérieuses, ne sachant trop comment se positionner. Dans cet univers "impitoyable" de la mode, démystifié tant de fois au cours de ces dernières années, Material Girl ne semble a priori rien proposer de neuf. Trop bien calibré, trop rangé, pour apporter un soupçon d'originalité salvateur, elle reste cantonnée sur des sentiers si souvent empruntés. Au final, ce pilote d'exposition se révèle trop linéaire, manquant cruellement de mordant pour accrocher le téléspectateur. Non pas que ce show ne soit pas sympathique aux premiers abords, mais il faudra sans doute faire preuve de plus de dynamisme et d'audace pour le faire vivre au-delà de cette phase d'installation.


NOTE : 4,5/10


L'ouverture de la série (à Paris) :


Une preview :

05/12/2009

(Pilote UK) Cast offs : une originale télé-réalité fictive

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Les Britanniques aiment décidément bien associer les concepts de télé-réalité à leurs séries. Souvenez-vous, l'année dernière, avec Dead Set, transposant Big Brother à la sauce des fictions d'horreur. C'est encore le cas en cette fin d'automne avec Cast offs.

Diffusée depuis le 24 novembre 2009, par Channel 4, cette série bénéficie d'un pitch de départ a priori original et louable. Dans la droite lignée des dramedy-mockumentary typiquement british, cette fiction se déroule sur une île, dans le cadre fictif d'une émission de télé-réalité du même nom. Six adultes ont accepté de participer à l'aventure. Mais la particularité du concept réside dans les personnes qui ont été castés : chacune souffre d'un handicap qui a une incidence sur son rapport au monde ; aveugle, sourd, paraplégique, atteint de nanisme, de malformation (due au thalidomide) ou de chérubisme. Cast offs choisit donc de se concentrer sur des individus qui, d'habitude, ne se voient offert qu'un accès marginal au petit écran. En initiant une réflexion sur la différence, la normalité et le regard des autres, la série s'aventure sur un terrain original qui mérite d'être souligné.

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Le fil narratif de la série se révèle sans doute son point fort majeur. Chaque épisode choisit de se concentrer sur un personnage. En fil rouge, nous suivons la vie sur l'île des six exilés volontaires, avec les aléas de la cohabitation auxquels s'ajoutent quelques péripéties, conséquences du pleine air, plus ou moins anecdotiques. Mais l'intérêt réel des épisodes réside dans le portrait qui y est dépeint. En effet, les caméras de l'émission de télé-réalité se sont immiscées dans l'intimité des différents protagonistes au cours des mois précédant le début de l'aventure. Cela permet de jouer sur une alternance entre flashbacks et présent.

Les retours en arrière s'avèrent des plus intéressants pour affiner la psychologie des personnages, par le récit d'un quotidien qui expose les thématiques attendues de la vie avec un handicap, tout en démystifiant volontairement les préjugés éventuels du téléspectateur. Car la série, et la mise en scène proposée, semblent avoir surtout un but : souligner à quel point,les préoccupations de nos héros se rapprochent de celles de tout un chacun, avec, simplement, un obstacle supplémentaire à franchir. De ce point de vue, l'objectif est pleinement rempli, tant dans les portraits dressés de chacun des personnages que dans leurs intéractions entre eux, sur l'île.

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Cette réussite s'explique en partie par le fait que la série ne verse pas dans les bons sentiments à outrance. Dans une ambiance où se mêlent humour noir et autodérision, typique des séries britanniques de ce genre où les répliques  ont plusieurs degrés de lecture, tout sonne très authentique. La série n'hésite pas à dépeindre ses personnages sous un jour peu reluisant suivant les situations. Il n'y a pas de traitement adouci : simplement une démonstration implacable de leur humanité et du fait qu'ils sont simplement comme tout un chacun, en bien comme en mal, ce qui les rend en fin de compte avant tout attachants.

La complexification de la psychologie des personnages, grâce à l'épisode qui est consacré à chacun d'eux, les rend d'autant plus crédibles. A ce titre, le choix de commencer la série sur un pilote centré sur le personnage peut-être le plus accessible humainement au téléspectateur est une bonne idée pour l'introduire dans Cast Offs. En effet, il est facile de ressentir de l'empathie pour Dan. Avec ses doutes et ses principes, il n'a pas le cynisme de certains de ses compagnons. C'est un sportif, devenu récemment paraplégique à la suite d'un accident, qui n'a pas encore pleinement accepté sa condition, toujours dans une phase d'adaptation progressive. Pour lui, l'île est une nouvelle étape.

Cependant, la série échoue à prendre une dimension supplémentaire. La réussite de la caractérisation des personnages ne permet pas d'occulter le rythme relativement lent et l'impression lancinante que tout le cadre n'est qu'un prétexte creux pour mettre en scène ce groupe. Oui, cette fiction part d'un objectif louable. Mais elle ne dépasse pas son intention première, ne s'appropriant jamais pleinement son concept.

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Bilan : Cast offs se révèle intéressante dans son traitement d'une thématique assez peu abordée dans le petit écran. Fiction aux dialogues directs, à l'humour noir (pas toujours très perceptible) et dotée d'une écriture spontanée, elle s'attache à démontrer à quel point chacun de ses personnages est comme tout un chacun, les dépeignant sur un jour positif, mais aussi négatif. Refusant de sombrer dans l'angélisme ou le misérabilisme, son ton apparaît avant tout réaliste.

Cependant, la série ne parvient pas à trouver son rythme de croisière, peinant à maintenir l'attention du téléspectateur tout au long d'un épisode. Le format fictif de télé-réalité reste très secondaire, tout en offrant des facilités scénaristiques un peu aisées parfois. Si bien que l'on s'intéresse souvent plus aux petits flashbacks des mois précédents, plutôt qu'aux pseudo-storylines du présent. En somme, on a parfois l'impression d'une fiction prétexte dont la seule valeur ajoutée est un sujet courageux. Ce qui n'est peut-être pas suffisant... Mais c'est à découvrir.


NOTE : 6/10

26/11/2009

(Pilote UK) Paradox : des enquêtes contre le Temps

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Paradox est une nouvelle série diffusée sur BBC One, dont le premier épisode était proposé mardi soir aux téléspectateurs britanniques.

S'engouffrant dans la brêche des méandres du temps et de ses paradoxes, ouverte cette saison par Flash Forward, il s'agit d'une fiction policière optant pour un angle d'approche a priori plus original que la normale : nos héros n'enquêtent pas sur des crimes ou catastrophes ayant déjà eu lieu ; mais ils tentent de reconstituer un puzzle d'indices sur des évènements ne s'étant pas encore produits pour éventuellement les éviter. Cependant, à partir de ce point de départ aux faux airs de Minority Report, la série déroule une partition sans surprise dont les codes utilisés sont ceux du plus classique des cop shows du genre (tout en conservant l'étrange particularité de son concept de départ).

L'histoire débute lorsque le Dr King, un éminent physicien surveillant la "météo spatiale" -et plus précisément les éruptions solaires-, reçoit sur son ordinateur d'étude très sophistiqué une série d'images apparemment sans rapport entre elles, si ce n'est qu'elles ont la même "signature temporelle". Plusieurs de ces photographies, dont le cadavre d'une fillette, évoquent les lieux d'une catastrophe. Or, la date indiquée sur le téléphone portable figurant sur l'une d'elle correspond au soir suivant la réception de ces photos. Ces images peuvent-elles constituer un aperçu du futur ?

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Ce pilote est donc construit avec en toile de fond un compte à rebours. Le Dr King contacte la police. Etant un scientifique haut placé, il réussit à se faire envoyer une de leurs meilleures inspectrices, Rebecca Flint. Puis, il lui suffit de quelques remarques suffisamment ambigues et suspcieuses pour que cette dernière soit bientôt persuadée que ces photos sont un jeu, un moyen pervers pour King d'annoncer une catastrophe qu'il va lui-même déclencher. C'est du moins un scénario plus rationnel a priori que celui d'un aperçu du futur. L'enquête se met donc en marche afin de retrouver le lieu de l'accident annoncé et de deviner ce qu'il va se produire. En parallèle, on suit la vie déconnectée de plusieurs personnes, qui se retrouveront là au moment fatidique, selon les photographies. L'enjeu consiste finalement à reconstituer un étrange puzzle : il faut recouper ces maigres indices imagés dans une course contre-la-montre dont l'issue s'annonce fatidique. Après un léger flottement dans la première demi-heure, l'épisode trouve son rythme dans sa seconde partie. La réalité de la menace se précise. Les minutes les plus réussies sont les dernières, celles où chaque élément annoncé se met en place, dans une tension palpable. Tout s'emboîte avec une impression de fatalité et la tragédie ne sera pas empêchée. Cependant, fait marquant, toutes les incohérences des photographies se seront révélées exactes, s'expliquant par des circonstances exceptionnelles que nul ne pouvait prévoir. Il faut se rendre à l'évidence : il semble que cela soient bien des instantanées du futur que le Dr King reçoit sur son ordinateur.

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Si l'histoire policière prend son envol dans la dernière partie, la construction du show reste très classique. Mais plus que cette absence de réelle originalité dans le ton, c'est le manque d'humanité de la série qui lui est le plus préjudiciable. Les personnages principaux sont dans l'ensemble froid ; leurs réactions mécaniques apparaissent souvent assez caricaturales. Pour le moment, cela donne donc des personnalités très unidimensionnelles. Il n'y a aucun souffle de spontanéité et d'authenticité. Bref, il faudrait que la série puisse apprendre à susciter et à jouer plus subtilement avec les émotions du téléspectateur. Le même reproche peut être adressé aux à la présentation des futures victimes, rapide exposé stéréotypé de diverses situations. L'héroine est cependant sans conteste celle qui s'en sort de manière la plus convaincante, incarnant une DI au caractère fort, parfaitement campée par Tamzin Outhwaite qui tire très bien son épingle du jeu.

En dépit de ces flottements, grâce à sa mythologie, Paradox dispose sans conteste d'un potentiel intéressant. Une fois admis la situation de départ, se pressent mille et une questions intriguantes. Les évènements ainsi prévus -cet aperçu du futur- peuvent-ils être changés ? Le futur est-il immuable et la course contre-la-montre des policiers est-elle fatalement vaine ? En continuant sur cette voie, on peut se demander si nos vies sont régies par une forme de prédestination, l'enchaînement des évènements ne pouvant être modifié ? Au-delà de ces interrogations temporelles, propres à toute fiction traitant des rapports présent/futur, la question de la provenance de ces photos s'impose comme le fil rouge majeur. Elles sont téléchargées directement sur l'ordinateur du Dr King, ordinateur qui n'est connecté à aucun réseau, se contentant de faire office d'observatoire spatiale. Ces images sont-elles un signal en provenance des étoiles ? Quelle en est la source ? Quel est le but de tout cela ? De quoi piquer la curiosité du téléspectateur.

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Bilan : Sans jeu de mots intempestif, Paradox nous offre un pilote... paradoxal. Son concept de départ fait son originalité ; mais son étrangeté et les questions de cohérence qu'il soulève (pourquoi une sélection de quelques images à moitié coupées, semblant forcer artificiellement à la création de l'intrigue ?) laisse le téléspectateur un brin perplexe. Cette impression est accentuée par les réflexions peu subtiles suscitées par cet "aperçu du futur" chez les protagonistes. En somme, on peine tout d'abord à y croire et à rentrer vraiment dans l'histoire.

Pourtant, ensuite, dans la deuxième partie de l'épisode, lorsque le rythme s'accélére avec le compte-à-rebours qui défile vers une fin tragique apparemment irrémédiable, la série parvient à nous capter et la potentialité du show est perceptible. Outre déjouer ces prédictions, ce sont aussi toutes les questions mythologiques sur ces paradoxes temporels qui sont intriguantes. Pour cela, au-delà d'un travail plus soigné dans la gestion des intrigues, il faudra également prendre le temps d'humaniser les différents personnages principaux qui, pour le moment, laissent globalement indifférent, voire paraissent assez antipathiques.

Si les protagonistes gagnent en épaisseur et l'écriture en subtilité, Paradox pourrait sans doute devenir un divertissement efficace. Reste que, au vu de ce premier épisode, il y a encore du travail. J'irai quand même sans doute jeter un oeil du côté du deuxième épisode, histoire de voir l'orientation que prend la série.


NOTE : 5/10


La bande-annonce :


19/11/2009

(Pilote UK) Misfits : la nouvelle génération dotée de super-pouvoirs


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A priori cataloguée en "teen-drama fantastique", Misfits est une nouvelle série diffusée depuis le 12 novembre dernier, sur la chaîne britannique E4. En fait, la série met en scène de jeunes délinquants, plus vraiment adolescents, mais pas encore totalement adultes. Reste qu'elle présente surtout plusieurs particularités potentiellement intéressantes. D'une part, il y a le fait que les personnages principaux sont justement des "misfits" (échecs), puisqu'ils se retrouvent ensemble pour effectuer leur condamnation à un certain nombre d'heures de travaux d'intérêt général. Ce qui offre donc un cadre original pour le déroulement de l'action, et évite ainsi tout environnement pseudo-scolaire, case qu'ils ont déjà dépassée (exclus ou trop âgés). D'autre part, la série joue sur un double tableau, puisqu'elle verse également dans le fantastique : en effet, dans le premier épisode, nos héros récupèrent des... supers-pouvoirs. Certes, la compréhension du concept de super-héros version british, je m'en méfiais quand même un peu, le souvenir de No Heroics, encore vif d'incompréhension, flottant dans un coin de ma tête.

Mais, sans attendre a priori grand chose de cette petite série, je me suis finalement retrouvée devant un pilote assez sympathique, à l'écriture plutôt accrocheuse et au rythme dynamique, réussissant en fin de compte à me donner envie de revenir la semaine suivante, juste histoire d'observer vers quelle direction la série va s'orienter.

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Le premier épisode s'ouvre sur la rencontre de notre groupe d'apprentis délinquants avec le travailleur social qui va les encadrer au cours de leurs heures de travaux d'intérêt général. Les échanges et les piques insolentes fusent ; la série trouve rapidement ses marques auprès de ces protagonistes dissipés, dont certaines remarques prêtent aisément à sourire. Mais ce premier jour va être troublé par un violent orage assez étrange, qui voit des blocs de glace tomber sur la route et surtout nos cinq héros foudroyés. La suite de l'épisode va être l'occasion de suivre leur découverte des conséquences de cet éclair : l'apparition de pouvoirs qui se révèlent dans un contexte de remake cheap de film d'horreur. Le surveillant a en effet été, lui-aussi, frappé par la foudre, mais il se transforme en meurtrier monstrueux. Incapable de contrôler ses pulsions, il entreprend de décimer les délinquants placés sous son autorité. Quelques utilisations involontaires de pouvoir et une capacité d'initiative brouillonne mais efficace permettent à nos héros de sauver leur vie. Cependant, l'enjeu de l'épisode permet de donner rapidement une ambiance assez sombre, utilisant efficacement les clichés et les codes du film d'horreur de série B. Ainsi, la série ne se cantonne pas à une déclinaison légère de ses thèmes. Elle témoigne plutôt  d'une recherche de réalisme, où les touches plus comiques se mêlent sans distinction avec ces éléments plus brutaux.

Ayant dû tuer leur travailleur social - après que celui-ci ait massacré à la hache un sixième membre du groupe qui avait fait cavalier seul -,  nos cinq héros se retrouvent ainsi alliés par la force de circonstances. Contraints de s'unir pour inventer une version cohérente ne les impliquant pas, ils disposent des deux cadavres en les enterrant sous un pont. Effrayés et horrifiés par les facultés anormales qu'ils ont développées, ils se promettent également de garder le silence sur cet incident. En fait, seul quatre d'entre eux ont pour le moment développé un pouvoir, se considérant déjà comme des freaks : Curtis peut remonter dans le passé immédiat ; Kelly peut entendre les pensées des autres (humains et animaux) : Alisha exerce une attirance irrésistible (mais aussi un peu dangereuse) sur tout homme qu'elle touche ; et Simon peut se rendre invisible. Seul Nathan, pourtant également touché, ne révèle aucune habilité particulière, si ce n'est celle de manier un débit de paroles irréfléchies surhumain.

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Entre l'utilisation des codes bruts du teen-drama britannique moderne, retrouvant l'authenticité de séries comme Skins ou Shameless, son exploitation de thématiques de films d'horreur et enfin un soupçon de fantastique pour assaisonner le tout, Misfits se révèle être un habile mélange des genres, dans l'ensemble accrocheuse. La thématique fantastique des super-pouvoirs est exploitée avec une sobriété toute britannique, avare en effets spéciaux, refusant de tomber dans la moindre surenchère, mais n'ayant pas son pareil pour jouer sur son ambiance et ses limitations afin de s'offrir quelques scènes cheap qui s'insèrent parfaitement. Le traitement minimaliste du fantastique permet au show de conserver une désarmante normalité, à peine troublée par le bouleversement que connaissent nos jeunes héros. Il se dégage de cet ensemble une impression d'authenticité, sans la moindre prétention, qui permet de s'immerger rapidement dans la série. L'autre aspect attrayant de ce pilote réside dans ses dialogues. En effet, on retrouve dans ces vifs échanges, bruts et décomplexés, toute la spontanéité rafraîchissante des débuts de Skins. Cela sonne juste et fait mouche auprès du téléspectateur, agréablement par surpris par cette franchise non calibrée, inhabituelle dans le petit écran.

Les différents protagonistes, encore étrangers au début du pilote, sont rapidement introduits, même si on prend le temps de s'intéresser plus précisément au background de deux d'entre eux. Kelly, pour nous présenter l'éclosion de sa télépathie, premier pouvoir utile au groupe ; et Nathan, afin de nous le présenter sous un jour plus humain et friable, pour un personnage qui pourrait rapidement devenir un brin agaçant en raison de son incessant débit de paroles. Il sera toujours temps de découvrir chacun un peu plus ultérieurement. Ce qui importe pour le moment, c'est qu'ils ont tous des caractères assez trempés et des personnalités très différentes. Cela donne ainsi un étrange assemblage hétéroclyte d'anti-héros dont l'association forcée par les circonstances devrait logiquement être pimentée et mouvementée.

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Bilan : Teen-drama fantastique, maniant parfaitement les codes britanniques de ce double genre, entre dialogues incisifs et sobriété du surnaturel, Misfits est une petite série sans prétention à la spontanéité rafraîchissante. Sans autre ambition, elle remplit assez efficacement une fonction de pur divertissement. Ne recherchant pas l'originalité, elle exploite avec un réel savoir-faire son concept.
Il s'agit d'une curiosité pouvant se découvrir sans arrière-pensée. A voir ensuite quel type de storylines la série va mettre en scène.


NOTE : 7/10


Le trailer de lancement de la série sur E4 :


04/11/2009

(Mini-série UK) Garrow's Law, épisode 1

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Après avoir pu combler mes penchants pour le XVIIIe siècle grâce à Nicolas le Floch sur France 2, voici que BBC One a débuté ce dimanche soir la diffusion d'une nouvelle mini-série de 4 épisodes d'1 heure chacun, Garrow's Law, qui se déroule à cette même époque. Avant de regarder l'introduction du premier épisode, j'ignorais qu'il s'agissait de l'adaptation de faits réels, le personnage principal ayant bel et bien existé, ce qui ajoute une touche de réalisme à l'ensemble.

Cette fiction se présente comme une chronique judiciaire du système britannique de la fin du XVIIIe siècle, à travers le parcours d'un  fougueux "barrister" ("avocat", traduira-t-on, même si l'équivalence avec le système français n'existe pas, le terme restant donc intraduisible), William Garrow. A une époque où les droits de la défense relevaient d'une chimère, où il est exceptionnel pour les accusés les plus modestes d'être défendus par un barrister au cours du procès, nous suivons les balbutiements du système judiciaire moderne (technique des contre-interrogatoires, etc...). La mini-série dispose d'une certaine crédibilité historique, car, sur fond de corruption et de misère sociale, dans le Londres géorgien, ce sont des affaires dont les compte-rendus ont été retrouvés dans des archives qui sont transposées à l'écran.

Le casting se révèle globalement solide. D'ailleurs, s'il y a bien un acteur britannique qui n'a apparemment aucun problème pour décrocher des rôles-titres dans les séries outre-Manche, en ce moment, c'est bien Andrew Buchan. Je me demande comment il parvient à gérer son emploi du temps, car j'ai l'impression de le croiser dès que j'allume mon petit écran. Il faut dire que je suis aussi en train de finir de regarder la saison 2 de The Fixer. Il m'a en tout cas plutôt impressionné, dans un rôle très énergique, incarnant parfaitement l'idéalisme de la jeunesse.

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Dans l'ensemble, l'heure passe sans qu'on y prenne garde. C'est le choix du divertissement qu'ont fait les scénaristes. En effet, même si l'épisode n'hésite pas à souligner toute la misère sociale du Londres de l'époque, on reste dans le cadre d'un costume drama très propret. Cherchant à trouver un équilibre précaire entre un certain réalisme et un refus d'apparaître trop sombre. Si bien qu'on reste un peu sur sa faim dans la reconstitution de la ville de l'époque. Il faut dire que je garde à l'esprit, comme référence, la noirceur si prenante de l'excellente mini-série, City of Vice (de Channel 4, sur Henry Fielding et la formation de Bow Street Runers), qui demeure pour moi ce que la télévision britannique a fait de mieux en terme de série historique judiciaire/policière (parmi ce que j'ai pu voir sur le sujet).

Si le portrait social garde donc une saveur d'inachevé, en revanche, il en va différemment de la reconstitution des procès, où l'ambiance du tribunal est très bien retranscrite. Ce sont des scènes que j'ai adorées. S'immerger dans un système judiciaire d'une autre époque, qui nous semble si frustrant et dont les imperfections et les vices sont criants, a quelque chose passionnant, sans même que l'on soit un adepte des legal dramas. L'audience devant jury se transforme souvent en pièce de théâtre. Le défendeur est bien seul, confronté à ses accusateurs, comme à un public qui transforme la salle en une forme d'arène. L'arbitraire règne. La recherche de la vérité n'est pas l'objectif premier, tandis que l'on exhibe, avec un voyeurisme assumé, l'envers du décor de la cité londonienne. L'ensemble est traité de façon dynamique : la pratique de la loi se situe à mille lieues des exigences modernes, et pourtant les problématiques restent familières.

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La figure du héros est représentée par William Garrow, barrister énergique qui "n'a pas fait les bonnes écoles, etc...", mais qui a des idéaux pleins la tête et une certaine conception de la justice qui paraît bien utopique à ses contemporains. Ses rêves se heurtent à la réalité d'un système dévoyé. Cependant, car c'est cela l'enjeu principal de la mini-série, il décide de s'attaquer à ces dérives en les combattant avec ses propres armes, c'est-à-dire en venant défendre à l'audience des clients. Ce premier épisode traite des débuts de Garrow. Suivant un parcours initiatique classique, il se déroule sans surprise, de façon assez cliché. L'échec amer auque succède l'euphorie de la réussite. Si le scénario apparaît sans surprise, il en va de même pour les personnages : plutôt bien écrit, mais sans réelle originalité et globalement -pour le moment du moins- unidimensionnels. Le duo formé par Garrow et son "mentor"/"associé" fonctionne bien. Ajoutons à cela une pincée de touche féminine, et le cahier des charges est rempli.

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Bilan : Au final, j'ai passé une heure divertissante et rythmée. La mini-série trouve aisément un équilibre entre petites pointes plus légères et moments sérieux. Le coktail se révèle agréable à suivre. Ce que j'ai le plus apprécié, c'est la reconstitution des procès, apportant une perspective historique intéressante et un décalage par rapport aux préoccupations modernes qui laisse songeur.
Cependant, ce premier épisode déroule sa partition d'une façon trop convenue pour prétendre à un autre statut que celui de simple divertissement très honnête. Il y a du souffle, mais il manque une réelle valeur ajoutée, une profondeur dans le scénario et les personnages. Peut-être est-ce un manque d'ambition, cela laisse en tout cas l'impression que les scénaristes ont choisi la facilité.

Reste, en fin de compte, un moment sympathique à passer devant son petit écran.


NOTE : 6,5/10

 

Une présentation :