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28/02/2010

(K-Drama) Coma : soirée d'horreur à l'hôpital

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Mise à part quelques lectures de romans de Stephen King dans ma jeunesse, s'il est bien un genre que je n'ai jamais ressenti le besoin d'explorer plus avant, c'est celui de l'horreur. De tempérament instinctivement sensible, je n'ai jamais compris cette envie de jouer à se faire peur qu'éprouvent certains. D'autant qu'avec mon imagination débordante, il est très aisé de réussir à me traumatiser pour plusieurs semaines, après le visionnage inconséquent de "vrais" films d'horreur.

Donc, a priori, la découverte de Coma n'allait pas de soi. Jusqu'à présent, dans le cadre des dramas asiatiques, le seul que j'avais eu la curiosité de visionner était une série japonaise, Chakushin Ari (One Missed Call), une fiction qui se base plus sur la suggestion et une tonalité assez diversifiée, avec de la tension certes, mais aussi des parenthèses légères et pas vraiment de vraies frayeurs. Reste que ma témérité s'en était jusqu'à présent satisfaite. Cependant, toujours en quête de nouvelles expériences, j'étais tombée, notamment sur le blog d'Ageha ou celui de Lynda, sur des reviews positives d'un k-drama a priori assez original par rapport aux classiques : Coma.

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Se démarquant sur le fond par l'histoire proposée, ce drama se distingue aussi sur la forme, puisqu'il s'agit en fait, techniquement, d'une mini-série. Elle comporte en effet seulement 5 épisodes, d'une heure chacun. Nous sommes loin des histoires diluées à la durée se comptant en plusieurs dizaines d'épisodes ! Datant de 2005, elle fut diffusée sur la chaîne câblée sud-coréenne ONC. Intriguée par ce format atypique, mais aussi par le synopsis, j'ai profité de quelques jours passés, ce mois-ci, dans une maison où je n'étais pas seule (nécessité afin de neutraliser mon imagination débordante) pour me plonger dans ce k-drama.

Coma part de bases classiques, pour développer un récit propice à générer des angoisses. Le drama se déroule au sein d'un hôpital qui s'apprête à fermer prochainement ses portes. La plupart des formalités et des transferts ont déjà eu lieu, ne reste à évacuer qu'une dernière patiente, Lee So Hee, qui est dans le coma depuis plusieurs années. Seuls quelques membres du personnel sont encore dans l'établissement. Yoon Young, une jeune agent d'assurance, est envoyée sur place pour un travail a priori normal : régler les derniers détails avant la fermeture. Mais, le passé va ressurgir : derrière les portes de l'hôpital, des secrets depuis longtemps dissimulés vont revenir à la surface, alors que d'inquiétants phénomènes se produisent.

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Pour mon premier "vrai" drama d'horreur, j'avoue que l'utilisation de ressorts scénaristiques assez classiques a pleinement fonctionné avec moi. Ayant très peu vu de fictions de ce genre, je n'ai pas les références culturelles nécessaires pour opérer des comparaisons pertinentes et éclairer la façon choisie pour exposer les intrigues. De mon point de vue de profane, a priori, il m'a semblé que la mise en scène de l'histoire ne se démarquait pas par son originalité, ré-utilisant les ficelles traditionnelles de l'horreur asiatique. Pour autant, dans cette perspective, la mini-série bénéficie grandement de son format. En effet, ses cinq épisodes correspondent finalement à cinq petits films distincts. Ils sont portés à l'écran par des réalisateurs différents (seul le 1er et le dernier épisodes disposent du même), et tous ont opté pour des styles qui leur sont propres. Si bien que Coma ne forme pas un simple bloc homogène : certains épisodes misent plus sur le suggestif et des effets de caméra et de musique, tandis que d'autres, plus directs, entretiennent une atmosphère très glauque, à la limite du gore. Ce ne sont donc pas exactement les mêmes angles de traitement qui nous sont proposées. Si cela peut générer une fluctuation qualitative assez importante, le point positif incontestable est que cela permet de confèrer une identité à chaque épisode. Parmi les cinq, le quatrième m'apparaît comme étant le plus abouti.

De plus, si les ingrédients source d'horreur sont des classiques -même s'ils ne sont pas toujours exploités de la même façon-, le format permet également à la mini-série d'adopter une narration originale, capitalisant justement sur le fait qu'il s'agisse d'une mini-série et tranchant donc avec tout parallèle cinématographique. En effet, c'est la même soirée que nous revivons dans chacun des cinq épisodes, mais l'histoire nous est racontée, à chaque fois, en suivant le point de vue d'un personnage différent. Par conséquent, on revit cette même soirée cauchemardesque cinq fois de suite, mais avec une nouvelle perspective pour chaque épisode. C'est particulièrement intéressant de voir ainsi exploiter ce format télévisuel, car c'est un choix qui ajoute une certaine tension et rend l'histoire plus captivante que s'il s'était agi d'une simple narration linéaire. A noter que cela n'empêche pas certains réalisateurs de prendre quelques libertés avec leurs prédécesseurs, générant de petites discontinuités entre les épisodes qui ne nuisent pas à la cohérence globale de l'ensemble.

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Le format particulier du récit sert plutôt bien l'histoire. Le drama n'a aucune peine à créer une atmosphère angoissante, presque oppressante par moment, pour laquelle les couloirs et salles sombres de l'hôpital sont un décor parfait. Il y a un côté assez glauque, voire morbide, qui est plus ou moins exploité suivant les épisodes, mais qui parvient à vous tenir en haleine devant votre écran sans difficulté. La suggestion fonctionne aussi très bien, réussissant à nous inquiéter dans des scènes où il ne se passe -pour le moment- rien de particulier : la simple potentialité, alliée à une musique de circonstance, suffit. L'histoire est assez lente à démarrer, cependant le téléspectateur ressent instantanément cette sensation désagréable de non-dit : il perçoit qu'un drame s'est déroulé derrière ses murs, sans qu'il ait besoin de savoir ce qu'il s'est passé. L'intrigue se reconstitue un peu comme un puzzle, en raison de la narration éclatée adoptée, mais tout se rejoint de façon convaincante au final. Dans cette optique, le drama est bien supporté par les personnages mis en scène, tous très différents et tous liés d'une façon ou d'une autre : qu'il s'agisse de l'agent d'assurance, des infirmières, de la médium ou encore du médecin (le Dr Jang m'a un peu traumatisé), tous parviennent à s'imposer à l'écran et à ne pas laisser indifférent le téléspectateur. Dans cette galerie, le point faible correspond peut-être à l'inspecteur de police du troisième épisode, avec lequel j'ai eu un peu plus de difficulté.

Le casting se révèle également assez solide, les actrices m'ayant peut-être plus séduite. Lee Se Eun (Fly high) est très convaincante dans son rôle de l'agent d'assurance revenant sur son passé ; mais mon coup de coeur va peut-être à celle qui incarne la médium, Lee Young Jin (Fight). Les seules que j'avais déjà croisées étaientt Cha Soo Yun (Hot Blood, Time between Dog and Wolf) qui incarne Lee So Hee, et puis Myung Ji Youn (IRIS), l'infirmière Kang. A leurs côtés, on retrouve Lee Jung Hun, en docteur très inquiétant, ainsi que d'autres acteurs que je n'avais jamais croisés, comme Lim Won Hee et Bae So Yeun.

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Bilan : Âme sensible vivant seule dans une maison ? S'abstenir !
Sur le fond, l'histoire se révèle très prenante, permettant, après un premier épisode plus d'exposition, de nous immerger véritablement dans une atmosphère angoissante, qui aboutira à un "toutélié" efficace, même si certaines incohérences dans la continuité du récit pourront un peu gêner. Si l'on reste dans des ingrédients classiques, le téléspectateur n'a aucun mal à se prendre au jeu et se faire quelques frayeurs. L'originalité de cette mini-série réside dans son format, dont elle parvient avec une certaine réussite à mettre en valeur son potentiel, avec cette même soirée vécue en changeant de perspective. Cela reste donc une expérience intéressante à tenter - pour profiter en plus de la brièveté du drama - mais il faut mieux apprécier un peu ce style a priori !

En conclusion, je précise que, n'ayant pas énormément d'expérience dans le domaine de l'horreur, il m'a été assez difficile de rédiger cette critique ; d'autant que ce genre se prête assez peu, dans mon esprit, à la prise de distance nécessaire à la rédaction d'une review. Mais  j'aurais essayé.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

27/02/2010

(US) The Black Donnellys : Family above all

"The gates of hell are open night and day; Smooth the descent, and easy is the way." (Virgil)
(Citation d'ouverture de l'épisode 13, "Easy is the way")

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Parfois, la téléphagie nous conduit sur des chemins quelque peu masochistes. Se replonger dans des productions qui n'ont pas été entièrement diffusées, qui ont été conduites au cimetière des séries en moins de temps qu'il ne faut pour les laisser s'installer dans une case horaire, voilà le côté sombre du quotidien du sériephile. Car le coeur du téléphage ne suit pas toujours - loin s'en faut - les dures réalités des audiences. Combien de coups de coeur pour des fictions si vite annulées qu'il ne reste plus qu'à se tourner vers les DVD, en jouant de façon compulsive avec sa télécommande, afin de se remémorer quelques bons souvenirs et tout un ensemble de potentialités sacrifiées sur l'autel de l'audimat ?

Parmi mes plus grands crève-coeurs de ses dernières années figurent une brève série de NBC, petite incursion rafraîchissante et prenante de l'autre côté de la barrière de la loi, qui aurait mérité bien mieux : The Black Donnellys. Diffusée au printemps 2007, la série subit un enterrement de première classe (son annulation était plus ou moins déjà pressentie avant même la diffusion), qui me chagrina au plus haut au point. Ce fut mon plus grand regret de la saison 2006-2007. A l'époque, je n'avais eu le courage que de regarder quelques épisodes, puis je préférais passer à autre chose avant de trop m'attacher. Mais, il y a quelques semaines, je suis tombée sur le coffret DVD de l'intégrale de la série - soit 13 épisodes - à un prix très raisonnable. Le temps ayant adouci - mais sans la faire disparaître entièrement - l'amertume de son annulation, je saisissais sans arrière-pensée cette opportunité de découvrir (enfin) intégralement cette fiction. Depuis, mes regrets sont revenus, mais je ne regrette pas d'avoir pris le temps de savourer ces 13 épisodes.

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Créée par Paul Haggis et Robert Moresco, The Black Donnellys raconte l'histoire de quatre frères, d'origine irlandaise, qui vivent dans un quartier populaire de New York, Hell's Kitchen. Habitués des petits larcins, les circonstances vont peu à peu les entraîner dans de dangereuses intrigues touchant au crime organisé. Essayant de survivre tout en se retrouvant embarquer dans des histoires qui les dépassent parfois, leur priorité va demeurer la même au fil des épreuves : rester unis et se protéger les uns les autres. En guise d'anecdote, il faut préciser que si la série se déroule dans le présent, son titre fait cependant référence à un fait divers célèbre de la fin du XIXe siècle. Dans l'Ontario canadien, les vrais "Black Donnellys" connurent un destin funeste en 1880, où cinq membres de la famille furent massacrés au cours de représailles.

Le casting se révèle homogène et plutôt convaincant. Les quatre frères sont incarnés par des acteurs qui avaient surtout été cantonnés à des rôles de guest-stars auparavant. Le téléspectateur les découvre donc en grande partie en même temps que la série. Ils parviennent très bien à mettre en valeur tant leurs différences que ce lien indestructible qui les unit. Jonathan Tucker (Tommy) est plus ou moins leur leader, doté d'un sens des responsabilités très développé ; Tom Guiry (Jimmy), celui qui verse dans les drogues et les intrigues dangereuses ; Billy Lush (Kevin) (Generation Kill), l'as pour s'attirer des ennuis, avec un côté débrouillard, mais loser, qui le lâche pas ; et, enfin, Michael Stahl-David (Sean), le plus jeune frère, apprenti play-boy plus en retrait. A leurs côtés, Olivia Wilde (House MD) représente l'intérêt amoureux, amie de toujours de la famille. Parmi les autres têtes connues, on retrouve notamment Kirk Acevedo (Oz, Band of Brothers, Fringe) qui joue le chef local de la mafia italienne. Enfin, Keith Nobbs est le narrateur extérieur de l'histoire, un ami des frères qui raconte, a posteriori, du fond de sa cellule, l'engrenage criminel dans lequel les Donnellys ont été pris.

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The Black Donnellys se place habilement à la croisée des genres, entre histoires de famille, instants d'insouciance très légers et drames pesants, où la réalité se heurte, parfois de façon très cruelle, aux rêves et projets de chacun des personnages. C'est une série de gangsters, nous immergeant dans les eaux troubles du crime organisé. Cependant, elle s'inscrit dans une tradition narrative plutôt "old school". En effet, même si elle est sensée se passer en 2005, l'ambiance de quartier qu'elle décrit évoque plus le début des années 90. Pour autant, et peut-être grâce à cela, le téléspectateur n'a aucune peine à se laisser entraîner dans ce récit au dynamisme contagieux. 

Sa richesse réside dans l'intensité des relations humaines mises en scène, qui s'imposent rapidement comme le véritable coeur de cette fiction. En effet, si les intrigues, plus ou moins criminelles, sont parfaitement intégrées et se révèlent très solides, rythmant énergiquement la narration, l'ambiance repose surtout sur les personnalités très diverses des personnages et sur leurs intéractions. Il se dégage de l'ensemble une indéfinissable fraîcheur et une spontanéité très appréciable pour le téléspectateur, qui manifeste un attachement quasi-immédiat pour cet univers haut en couleurs, entre faux roman noir et vrai drame mettant en avant une humanité avec ses forces et ses travers.

L'exposé des relations intenses, tout aussi fusionnelles que conflictuelles, qui existent entre les frères, constitue incontestablement un des points forts, très accrocheurs, de la série. Souvent extrêmes, jamais unidimensionnelles, ni manichéennes, on y retrouve une explosivité, mais aussi une authenticité, vraiment prenante. Les très fortes personnalités de chacun permettent de donner du relief à leurs rapports, que rythment les ennuis qu'ils attirent invariablement.

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Au final, même si elle n'était peut-être pas faite pour un public de grands networks (toutes les productions n'ont pas la chance de Southland), la série se joue pourtant admirablement bien des contraintes que son exposition lui impose. En effet, elle parvient à nous plonger, d'une façon qui sonne très juste et réelle, dans le milieu du crime organisé new-yorkais, au sein d'un quartier où Irlandais et Italiens se disputent le leadership. Elle n'hésite pas à mettre en scène des scènes de violence ponctuées de drames, sans pour autant se départir d'une forme de dynamisme coloré qui alterne les tonalités. Plus que le fond du récit, c'est la manière dont il nous est raconté qui fait son originalité. Nous sommes loin d'une atmosphère contemplative que l'on retrouve dans les séries du câble, où les scénaristes prennent leur temps, telles Brotherhood ou les Sopranos, avec lesquelles le téléspectateur aurait tendance instinctivement à la comparer au vu de son synopsis.

Dans The Black Donnellys, tout est très rythmé. Famille et crime s'imbriquent presque naturellement à l'écran, chaque volet du récit servant et légitimant le traitement de l'autre. En ce sens, la série bénéficie d'une narration très aboutie, qui est instantanément en place dès le pilote. Le choix de faire intervenir un narrateur extérieur qui nous relate, a posteriori, l'engrenage dans lequel les frères Donnellys se sont laissés embarquer, se révèle être une bonne idée. Il permet de prendre un certain recul par rapport aux évènements racontés et de se ménager quelques effets de style pour alléger l'atmosphère quand elle devient trop pesante. Cela donne aussi initialement l'impression au téléspectateur qu'il s'agit d'une histoire qui s'est achevée : qu'il assiste à un enchaînement de faits qui a conduit les frères sur une pente dangereuse qui se termine en impasse.

Pour autant, l'annulation trop précoce de la série entraîne logiquement une absence de fin véritable. Elle ne laissera au téléspectateur que le loisir de spéculer sur une éventuelle conclusion, à partir notamment de diverses allusions cryptiques faites par le narrateur ou ses interrogateurs, sans que l'on sache à qui ou à quoi ils font vraiment référence. Une certitude : la route des Donnellys fut pavée de drames et de morts violentes, mais chacun est libre, au final, de prendre le parti qu'il souhaite. La scène finale nous laisse en pleine action, sur un suspense intense, tout en pouvant aussi constituer une forme de fin très ouverte.

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Bilan : The Black Donnellys fut une série mêlant les genres, mais aussi les tonalités sombres ou légères, de façon très habile. Les liens familiaux et intrigues criminelles s'imbriquent avec beaucoup de naturel et d'authenticité. Dotée d'un dynamisme contagieux, bénéficiant de personnages forts qui s'imposent instantanément à l'écran, elle exploite efficacement une narration assez ambitieuse et très aboutie. En conséquence, si je ne devais vous donner qu'un seul conseil : ne passez pas à côté d'un tel petit bijou par crainte d'une absence de réelle conclusion, vous ne regretterez pas la découverte !

Au fond, en dépit de ce que je râle souvent, je crois que mon problème, ce n'est pas tant que je n'aime pas les séries des grands networks US. C'est juste que toutes celles dans lesquelles j'aurais vraiment aimé m'investir sont si rapidement annulées qu'on oublie en quelques semaines jusqu'au fait qu'elles aient un jour existé... Tiens, prochainement, il faudra que je vous parle de Kings, par exemple.


NOTE : 9/10


Une brève promo diffusée par NBC :

Une bande-annonce plus longue qui expose les évènements du pilote :

26/02/2010

(US) Big Love : Blood Atonement (saison 4, épisode 7)


Avec ce septième épisode, Big Love nous propose incontestablement le moins réussi des épisodes de la saison. Pas seulement parce que la surprise et la jubilation sont moins présentes qu'à l'accoutumée pour le téléspectateur, mais aussi parce que la construction même de l'épisode se révèle déséquilibrée, car souffrant d'un problème majeur : un manque criant de crédibilité de la storyline principale du jour, l'organisation du sauvetage au Mexique.

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Sur des airs de road trip, l'épisode nous offre une de ses plus belles photos, avec de somptueuses images très soignées, qui retranscrivent bien l'atmosphère, d'une chaleur presque étouffante, régnant de l'autre côté de la frontière. La réalisation est très travaillée, un plaisir pour les yeux, malheureusement le fond ne suit pas la forme.

En effet, Bill est donc parti avec Joey pour délivrer ses parents et, surtout, son fils, des mains des Green, exilés au Mexique au sein de leur propre communauté. Cette opération de sauvetage apparaît quelque peu futile, a priori, mais c'est en fait l'ensemble du voyage qui sonne très artificiel. Big Love est un drama au sens HBO-ien du terme, qui met en valeur la psychologie des personnages et leurs intéractions, souvent plus contemplatifs -même pour des épisodes aussi intenses que ceux que la série a pris l'habitude de nous proposer- que plongeant dans l'action. Il y a de la violence, il y a des meurtres, mais l'enjeu n'est pas là. Ce sont les relations entre les personnages qui demeurent les plus importantes. Or, dans son traitement de sa storyline mexicaine, Big Love s'inscrit quelque peu en porte-à-faux de son image traditionnelle. Elle s'essaie sans trop de succès, à un semblant de scénario à suspense, où nous aboutissons à un sauvetage quelque peu tiré par les cheveux, grâce à Bill, et à une scène surréaliste de bras tranché à coup de machette. Sans discuter la crédibilité d'une telle vision, je n'ai pas eu l'impression de regarder Big Love durant ces scènes, comme si la série cherchait, sans le trouver, le ton adéquat pour traiter de cette parenthèse particulière. Le dépaysement ne permet pas de justifier une telle redistribution des priorités de narration et le téléspectateur garde surtout l'impression d'effets de style inutiles et qui sonnent faux.

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De par l'importance accordée à ce road trip mexicain, logiquement, le reste de l'épisode apparaît quelque peu déséquilibré, même si les storylines y sont beaucoup plus convaincantes, s'inscrivant vraiment dans la veine de la série. Les esprits rebelles qui avaient applaudi la révolution de Barb au cours de l'épisode précédent s'agaceront peut-être un peu du fait que les soupçons de Bill envers la lobbyist de Washington ne s'avèrent probablement pas sans fondement. Mais, pour ma part, j'aime le fait que les scénaristes ménagent une certaine ambiguïté. C'est au téléspectateur de juger, cependant, les personnages ne sont jamais présentés de façon manichéenne : ce n'est pas tout blanc ou tout noir, ils ont leurs défauts et font parfois des actions répréhensibles, mais ils demeurent avant tout humains. Et Bill, au même rang que les autres, même s'il n'a pas la richesse de la personnalité de ses épouses. Sur le fond, si les enjeux du casino ne sont pas toujours des plus explicites, apparaissant parfois comme un arrière-plan assez flou ou confus, les soucis des Henrickson passent à un niveau supérieur lorsque des opposants aux jeux d'argent vont jusqu'à poser une bombe -heureusement découverte à temps- dans le casino. Cette adversité devrait permettre à la famille de s'unir plus solidement avec les indiens, car ils semblent être bien seuls à affronter leurs problèmes.

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Les intrigues purement familiales demeurent la constante la plus réussie de la série. C'est un fait qui n'est plus à prouver. L'épisode explore cette thématique en continuant de s'intéresser aux conséquences de la grossesse d'Anna. Le bébé est bien de Bill. Etirant le principe du lien biologique à son maximum, Barb alterne entre promesses et menaces, alors qu'Anna annonce son intention de quitter les Etats-Unis, son petit ami devant être expulsé en Europe, son visa n'ayant pas été renouvelé. Si Barb fait preuve d'un autoritarisme qui lui est habituel, c'est Margene qui, encore une fois, démontre qu'elle est désormais capable de prendre des décisions importantes et de les assumer, en dépit des opinions du reste de la famille. En l'occurrence, c'est un mariage blanc qu'elle contracte avec le petit ami d'Anna, pour lui permettre de rester aux Etats-Unis... Comment cette situation va-t-elle être viable, très concrètement, au-delà de l'intérêt immédiat d'empêcher le départ du bébé, voilà une question bien complexe. D'autant que si la famille veut effectivement révéler après les élections sa polygamie, comment la situation de Margene pourra-t-elle être claire ? Quoiqu'en pense la jeune femme, il est fort peu probable que ce "bout de papier" qui constitue un mariage civil soit aussi insignifiant qu'elle l'imagine. En espérant qu'elle se soit aussi intéressé au régime matrimonial sous lequel elle l'a contracté...

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Enfin, Nicky semble être revenue à de meilleures dispositions concernant une éventuelle nouvelle grossesse, mais, comme souvent, même les belles intentions initiales tournent au vinaigre avec la jeune femme. En effet, alors qu'un médecin lui diagnostique un problème de fertilité qui sera difficilement réversible, voilà que sa mère lui annonce être, elle, enceinte de J.J. Au-delà de la question des liens familiaux tellement complexes dans ces familles qu'ils forment un ensemble assez malsain, cela pousse une Nicky interdite à aller chercher conseil chez un des fils de J.J., devenu médecin. Mais son père, par quelques apparitions furtives au fil de l'épisode, continue d'apparaître comme la figure incontestablement la plus dangereuse de la série, d'autant que ses plans ne sont toujours pas clairement exposés.

Un autre reproche à faire l'épisode est d'avoir occulté complètement le suicide du petit ami d'Alby et de ne même pas laisser quelques secondes à l'écran au fils de Roman Grant. Il s'agissait de la scène forte de conclusion de l'épisode précédent ; même si la storyline mexicaine occupe beaucoup de place, il aurait été plus logique de ne pas consacrer une parenthèse d'une semaine avant d'évoquer ses conséquences -autre que par une simple interview de Bill par un journaliste radio.

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Bilan : Le Mexique aura donné de jolies images, avec une photo belle et vraiment soignée, mais l'intrigue s'y déroulant, trop invraisemblable en bien des points, n'aura pas convaincu, sonnant trop faux pour que le téléspectateur y adhère. Il s'agit du plus faible épisode de la saison, pour autant, les évènements ayant lieu à la maison, avec Margene, Nicky et Anna, posent des bases intéressantes pour le futur. A suivre !


NOTE : 7,5/10

24/02/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 7

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Cet avant-dernier épisode de la saison fait basculer nos héros dans une spirale infernale, où tout échappe progressivement à leur contrôle. Il marque un point de non-retour pour certains, mais il scelle aussi la fin d'une ère : cette époque où notre trio pouvait cohabiter et s'auto-analyser derrière les murs d'une maison très ordinaire dans un quartier résidentiel anonyme. Quoiqu'il se passe dans le final de dimanche, les choses ne pourront plus jamais être comme avant. C'est une des certitudes posées par ce septième épisode qui, même s'il bénéficie d'une écriture parfois un peu maladroite, souffrant d'un manque de communication un peu artificiel entre les colocataires qui devient, à terme, gênante, contient une série de scènes particulièrement marquantes. Elles entraînent une intéressante redistribution des cartes.

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L'épisode s'ouvre, comme c'est devenu la tradition, sur un flashback, une forme d'hommage à Ivan, en nous présentant le jour de sa rencontre avec Daisy, en plein bombardement au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Une Daisy très affectée par le décès de son amant, mais qui demeure particulièrement pragmatique et réfléchie. Elle pointe immédiatement le caractère amateur de ces explosions, écartant la police des responsables possibles de la tragédie des pompes funèbres, alors que Mitchell les désigne instinctivement comme les suspects n°1.

S'entraînant l'un l'autre dans un tourbillon de vengeance autodestructeur, les choses vont peu à peu partir hors de contrôle pour les deux vampires survivants. Leur propre enquête pour découvrir l'identité des poseurs de bombes les mène sur un chemin dangereux, tandis que les dernières illusions d'humanité de Mitchell se fissurent, de façon presque inéluctable. Cependant, plus que le meurtre sanguinolent du coroner, c'est le massacre du train qui frappe les esprits. Jusqu'à présent, si le téléspectateur n'avait jamais occulté la dangerosité représentée par Mitchell, il n'avait assisté qu'à ce qui était présenté comme des "re-chutes", tout de suite suivies de suffisamment d'introspection et de torture interne pour que l'image du personnage lui-même n'en pâtisse pas. Le côté sombre de Mitchell était là, mais plus suggéré et implicite que véritablement exposé au grand jour. Or, la scène gore dans le wagon jonché de cadavres opère une rupture drastique avec ce schéma. Comment, désormais, accepter les doutes du vampire, la manifestation d'une pseudo conscience, alors qu'il peut s'adonner à un tel acte de représailles, sans sourciller, sur des personnes complètement étrangères et innocentes ? Comment les scénaristes pourront-ils, à l'avenir, reparler de pardon et de rédemption après nous avoir montré un tel résultat ? Nous avons dépassé la thématique de l'addiction au sang, même si, à l'évidence, elle joue également, tant Mitchell apparaît dans un état second dans les dernières scènes de l'épisode. En tout cas, le personnage ne pourra pas rester inaffecté par tout cela, si jamais il survit au season finale. Cela promet beaucoup !

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Si la descente aux enfers se poursuit pour chacun, atteignant des extrêmités encore jamais approchées, l'intensité dramatique de ces moments souffre du caractère trop indépendant de chacune des storylines. C'est un aspect qui s'est peu à peu mis en place au fil de la saison, Mitchell évoquant très peu les affaires vampiriques avec ses colocataires, mais, dans cet épisode, le déséquilibre devient particulièrement criant et préjudiciable. En effet, alors que tout s'effondre autour de lui, à aucun moment Mitchell ne parle à ses colocataires, qu'il croise à peine, de la tragédie qui vient de se produire. Pas plus que ces derniers ne font le rapprochement en entendant la nouvelle de l'explosion aux informations télévisées...

Cela donne l'impression, assez désagréable, d'avoir plusieurs fils, évoluant en parallèle, que les scénaristes s'efforcent artificiellement de maintenir séparés, pour ménager le suspense et les révélations pour le final. Outre la maladresse de cet effet narratif peu convaincant, cela brise également un peu la dynamique de groupe qui fait la spécificité et l'originalité de Being Human : ces trois colocataires et les liens d'amitié qui les unissent correspondent à l'identité première de la série. Or, dans cet épisode, nous suivons deux storylines strictement séparées, cherchant plus à s'éviter qu'à se confier. Cela sonne faux et assez forcé. J'espère que les scénaristes maîtriseront mieux les confrontations finales de dimanche prochain.

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En parallèle, George voit ses illusions tomber les unes après les autres dans la poursuite de son rêve de fonder une famille. Aussi normal qu'il essaye de paraître, sa condition se met au travers de ses rêves, bouleversant cette image de perfection qu'il aimerait entretenir. La réunion de parents d'élèves, le jour de la pleine lune, est une coïncidente-prétexte un peu facile, peut-être, mais elle se révèle être d'une symbolique cruelle parfaitement bien mise en scène pour George, où les apparences s'effritent et le principe de réalité le rattrape de la plus cruelle des façons, devant tout le par-terre social qu'il convenait de séduire a priori... pour espérer atteindre cette vie de famille à laquelle il aspirait tant.

Tout est allé trop vite. Le personnage prend brutalement conscience de l'inaccessibilité de ses illusions. La scène où l'adolescente hurle en le voyant est particulièrement révélatrice : elle a toujours senti qu'il y avait quelque chose de caché en George, ses allusions à la nature de ce dernier lorsqu'elle évoquait ses cauchemars dans l'épisode précédent faisaient un peu penser à une sorte de sixième sens. Désormais, elle paraît le voir tel qu'il est, ou du moins, instinctivement, elle ressent une peur inexplicable qui referme, pour George, la dernière porte à ce petit coin de tranquillité familiale dont il rêvait. Logiquement, c'est vers Nina et la proposition étrange qu'elle lui fait qu'il va se tourner...

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Car, en effet, avec la nouvelle pleine lune, l'épisode marque également le retour de Nina, en compagnie de l'ex-prêtre en charge de l'organisation secrète. Elle vient parler à George de ce projet de guérison.. L'incrédulité et la méfiance instinctives de George vont finalement peu à peu céder le pas à la curiosité, au vu des évènements qui se précipitent dans sa vie. Et si cette possibilité de se débarasser du loup qui sommeille en lui existait, malgré tout, comment ne pas tenter sa chance ?

Pourtant, ce qui frappe le plus dans l'arrivée de l'ex-prêtre chez nos colocataires, comme dans l'ensemble de la mise en scène de l'organisation désormais, c'est le parfum d'amateurisme qui les entoure. Certes, ils sont plus que déterminés. Ils croient fermement qu'ils sont dans le vrai. Mais leurs connaissances, comme leurs ressources, ne sont pas infinies. L'impression de toute puissance qui se dégageait du mystère entourant l'organisation en début de saison a désormais disparu. Ce sont des fanatiques qui se prennent très au sérieux. Oui. Mais ils disposent finalement de moyens seulement limités, comme le souligne Daisy quand elle constate les dégâts causés par la bombe dans les pompes funèbres. Amateurisme également mis en valeur dans la scène où l'ex-prêtre essaye d'aider Annie. Entre les quelques papiers qu'il parvient juste à faire voler autour du fantôme et le medium qui ignore jusqu'à l'existence des loup-garous, la solidité de leurs croyances ne se double manifestement pas d'une solidité de leurs connaissances, d'où finalement ces expérimentations létales sur les loup-garous.

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Bilan : Un épisode qui continue de construire la tension et pose les bases des confrontations de l'épisode final. Les développements sont cohérents ; une page se tourne incontestablement pour nos personnages. Mais les scénaristes ont trop cherché à étirer le suspense, en essayant de tout garder pour le dernier épisode et en séparant donc la storyline de Mitchell de celle de ses deux colocataires. Annie est encore une fois un peu laissée pour compte, associée avec George sans avoir une véritable intrigue qui lui est propre. Tout cela sonne un peu trop artificiel pour que le téléspectateur y adhère pleinement. Cependant, l'épisode reste solide et promet beaucoup pour dimanche prochain !


NOTE : 7/10

21/02/2010

(K-Drama) Time between Dog and Wolf : NIS, Triade et vengeance personnelle

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Semaine un peu relâche côté dramas asiatiques. Outre ceux qui sont en cours de diffusion (déjà assez nombreux), je me suis seulement traumatisée en regardant une mini-série d'horreur, Coma. La review viendra quand j'aurais tout digéré, même si, je l'avoue, j'ai toujours beaucoup de mal à écrire un billet sur les fictions de ce genre-là ; il en faut peu pour m'effrayer. Et une fois ce constat dressé, l'analyse est vite réduite au minimum. En attendant de parvenir à m'armer de tout mon courage pour cette tâche, je vais, en ce dimanche asiatique, évoquer un k-drama visionné il y a quelques temps déjà, mais dont je n'avais jamais encore trouvé l'occasion de vous parler, sans doute en raison de l'impression mitigée qu'il m'avait laissée : il s'agit de Time between Dog and Wolf.

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Je suis tombée sur Time between Dog and Wolf au cours d'une période où je cherchais à m'éloigner des classiques romances coréennes, tournant un regard curieux vers des dramas plus orientés action. Si je souhaitais naïvement rompre un peu avec les habituels stéréotypes d'un certain genre, mal m'en a pris, car cette série se révéla en être un vivier sans fin. Il reste que j'ai quand même globalement apprécié l'ensemble des 16 épisodes que compte ce drama, datant de 2007, une fois une prise de distance salvatrice acquise face au scénario.

Time between Dog and Wolf s'ouvre à Bangkok, en Thaïlande, au coeur d'une guerre contre le crime organisé, menée par les services officiels thaïlandais, derrière lesquels opèrent le NIS (l'agence coréenne des services de renseignement). Lee Soo Hyun, dont le père est décédé dans des circonstances floues il y a plusieurs années, est élevé par sa mère, qui travaille au bureau du procureur à Bangkok. Gentil mais dissipé, il fait la connaissance, au cours d'une de ses escapades avec des amis, de la belle Seo Ji Woo, une adolescente du même âge que lui, avec qui il va nouer une relation particulièrement intense : elle sera son premier amour. Mais un drame va les séparer, les ramenant, chacun de leur côté, en Corée du Sud. En effet, la mère de Lee Soo Hyun a repris à son compte la croisade de son époux, pourchassant une organisation criminelle particulièrement puissante, Cheongbang. Devenue trop dangereuse pour cette Triade, elle est malheureusement assassinée sous les yeux de son fils, qui n'a que le temps de garder en mémoire le tatouage qui marquait le bras du meurtrier.

Adopté par un responsable du NIS, Kang Joong Ho, et devenu un membre à part entière de sa famille, Lee Soo Hyun grandit au côté de son frère adoptif, Kang Min Ki, avec lequel il noue une réelle complicité. Tous les deux marchent vers un choix de carrière tout tracé au sein de l'agence de renseignements. Mais les tragédies passées de Thaïlande refont un jour surface. Alors qu'il retrouve, par hasard, Seo Ji Woo, Lee Soo Hyun recroise l'assassin de sa mère au cours d'une mission. Jusqu'où son désir de vengeance le conduira-t-il ? Quels sacrifices est-t-il prêt à faire pour mener à bien ce projet ?

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Time between Dog and Wolf est donc un drama aux allures de thriller, qui navigue entre fiction policière et histoire d'espionnage, sur fond de revanches personnelles, avec une dose très légère de romances potentielles. Capitalisant sur ce genre, il entretient une ambiance paranoïaque assez intrigante qui reste, cependant, globalement relativement manichéenne. La série utilise, avec un entrain contagieux parfois un peu naïf, les différentes thématiques propres à ce type de récit : l'infiltration d'agents doubles, au sein des deux camps s'affrontant, est ainsi une de ses dynamiques principales. Par ce biais, elle n'hésite pas à aller très loin dans la mise en scène de l'ambivalence des rapports entre les personnages : les ennemis d'un jour deviennent, de façon parfois très surprenante, les alliés du lendemain. Cependant, dans cette toile d'araignée où tout n'est que manipulation, il apparaît clairement que le subterfuge reste roi, au sein d'une atmosphère particulièrement ambiguë. Si chacun semble mener une partie d'échecs létale, dont l'identité de ceux qui tirent réellement les ficelles n'est pas toujours claire, les scénaristes affichent, eux, un plaisir évident à jouer avec les loyautés et les nerfs de leurs personnages. Un plaisir tel qu'ils donnent parfois l'impression de trop en faire.

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En effet, le récit, se découpant en deux parties, se caractérise par une progressive immersion dans une surenchère de plus en plus marquée, au fur et à mesure que le tourbillon d'évènements s'enchaîne. Si les k-dramas misent classiquement sur des ressorts narratifs quasi-invariables, Time between Dog and Wolf n'hésite pas à aller très loin sur cette voie. Assumant pleinement l'utilisation de ficelles scénaristiques assez énormes, qu'elle met en scène avec un aplomb certain, la série accumule les recours à des schémas stéréotypés, rythmés par des revirements constants qui soulignent la versatilité nerveuse de l'écriture. Avec une assurance parfois quelque peu déstabilisante, elle repousse sans cesse les limites de la crédibilité de l'intrigue à leur maximum, recherchant goulûment à accroître la portée des réactions et des effets désirés. Le tournant qui frappe le héros à la mi-saison, le plus marquant, illustre parfaitement cette philosophie affichée par les scénaristes. Pour apprécier Time between Dog and Wolf, il apparaît donc nécessaire de dépasser la gêne réflexe que peut éprouver le téléspectateur rationnel confronté à cette avalanche de clichés. Il faut oublier ses scrupules et partir du postulat que ce drama est un divertissement cherchant simplement à exploiter à tous les niveaux, pleinement et de façon très efficace, son concept de départ.

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Si les poncifs du scénario, assumés de façon presque enthousiaste par la série, conduisent le téléspectateur à prendre ainsi plutôt au second degré certains éléments en apparence sérieux, la dynamique et la tension d'ensemble du récit n'en souffrent pas. Il reste aisé de s'immerger et de s'impliquer dans l'histoire, notamment en raison de la galerie de personnages très humains qui la servent. La plupart sont, soit attachants, soit intrigants, si bien qu'aucune inimité ne naît. Concernant cet aspect, il faut souligner que, sans que cela porte préjudice à l'intérêt du drama, les scénaristes n'ont pas fait le choix de l'homogénéité dans la répartition des rôles ; le face-à-face orchestré entre Lee Soo Hyun et l'assassin de ses parents est traité d'une manière un brin indirecte, ne se retrouvant pas au coeur d'un intense affrontement qui conditionnerait tout le reste. Un aspect qui se retrouve souvent dans d'autres dramas ayant pour sujet la vengeance. Time between Dog and Wolf est une série vraiment centrée sur son protagoniste principal, de sorte que l'entourage de ce dernier sert, très souvent, surtout de faire-valoir. Les actions des autres protagonistes tournent autour du personnage principal, plus qu'ils ne font preuve d'initiative par eux-mêmes. Ce déséquilibre est recherché : il y a une volonté manifeste, tout au long du drama, de mettre en avant le héros. Personne ne lui volera la vedette. Le téléspectateur n'a cependant aucune peine à se rallier à ce schéma.

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Si sur le fond, Time between Dog and Wolf a ses atouts, mais aussi ses faiblesses, soyons honnête, une partie de la renommée de la série provient incontestablement de son casting. Ou plutôt, je soupçonne la relative bonne réputation de ce drama d'être, au moins un peu, liée à la seule présence de son acteur principal, Lee Jun Ki (Iljimae, Hero). Ce dernier a à son crédit d'être un des rares acteurs coréens que je n'ai pas découvert par le biais des dramas, mais, au cinéma -ce qui, vu ma culture cinéphile parcellaire, est un fait suffisamment exceptionnel pour être souligné-, dans un film historique relativement marquant, Le roi et le clown. Depuis, j'ai conservé pour lui une bonne partie de l'affection née au détour de cette salle obscure, si bien que j'ai beaucoup apprécié le découvrir dans un registre complètement différent à travers ce drama. D'autant que c'est, je pense, dans Time between Dog and Wolf que son jeu d'acteur m'a le plus convaincu. Je suis un peu plus réservée sur ses performances dans les autres dramas où j'ai pu le croiser.

A ses côtés, les deux autres acteurs du trio principal s'en tirent de façon très honnête. J'ai beaucoup aimé Jung Kyung Ho (Smile, you, Ja Myung Go) qui joue, avec une fraîcheur communicative très agréable, le frère adoptif, au caractère assez pliable, de Soo Hyun. Tandis que Nam Sang Mi (Gourmet) incarne la figure féminine qui focalise l'intérêt romantique. Le casting secondaire se révèle aussi globalement solide, composé de plusieurs têtes souvent croisées : Kim Gab Soo (vu récemment dans JeJungWon ou encore Chuno) en patron manipulateur, Choi Jae Sung (Empress Chun Chu) en gangster pragmatique, Lee Ki Young (Goong S) en père impliqué, ou encore Suh Dong Won...

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Bilan : Du suspense, de l'action, de la vengeance, des histoires de famille impossibles et improbables, le tout saupoudré d'une touche d'amours contrariés qui n'est pas envahissante, Time between Dog and Wolf exploite, avec un enthousiasme un peu naïf parfois, mais toujours revendiqué et finalement communicatif, un cocktail très condensé de tous les schémas scénaristiques du k-drama classique. L'ensemble se révèle entraînant, et l'intrigue prenante. Le bémol vient du fait que les ingrédients de ce mélange apparaissent par moment un peu trop condensés, nuisant à la crédibilité de la trame principale au fur et à mesure que le drama progresse. Dans cette optique, la seconde partie de la série et ses multiples retournements et situations improbables peut déstabiliser un téléspectateur un peu rigoureux. Cependant, il est assez aisé de se convaincre de dépasser cette première réaction réflexe.

Time between Dog and Wolf se révèle alors être un bon divertissement, à la tonalité aguichante d'un thriller assez rythmé. Centré sur l'action et la vengeance, il laisse les romances au second plan. Au final, c'est un drama parfait pour se changer les idées, qu'il faut apprécier pour ce qu'il a offrir, sans scrupule, ni arrière-pensée.


NOTE : 6,25/10

 

La bande-annonce de la série :


Le clip d'une des chansons récurrentes accompagné de quelques images du drama :