Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/11/2011

(UK) Downton Abbey, saison 2 : tournant mélodramatique dans la tourmente de la Première Guerre Mondiale


downtonabbeyr.jpg

Poursuivons les bilans sur les séries du petit écran anglais de ces dernières semaines, avec une review qui se sera révélée bien difficile à rédiger. Downton Abbey avait été un de mes grands coups de coeur (si ce n'est "LE" coup de coeur) de l'an passé ; un period drama aussi marquant que savoureux qui avait su me faire vibrer comme rarement. C'était donc avec une certaine impatience que j'attendais cette saison 2 qui a été diffusée cet automne sur ITV1. L'équilibre narratif, tant loué, allait-il perdurer ? La série allait-elle se maintenir à la hauteur d'une réputation qu'elle s'était forgée de façon très méritée ?

Tout l'enjeu de cette nouvelle saison aura été la négociation du tournant constitué par la Première Guerre Mondiale. La saison 1 nous avait quitté sur la déclaration de guerre de 1914, la suite nous plonge directement dans le conflit pour couvrir une période relativement étendue qui nous conduira jusqu'en 1919. La vaste demeure qu'est Downton Abbey va une nouvelle fois être le reflet des évolutions du pays, avec ses hommes au front, l'effort de guerre requis des civils et ses blessés qui affluent. Comment chacun va-t-il traverser, humainement et émotionnellement, ces bouleversements ?

downtonabbeyq.jpg

La Première Guerre Mondiale agit sur Downton Abbey comme sur ses personnages : on y retrouve une perte d'innocence, en étant soudain confronté à la réalité d'un conflit qui fait peser une véritable épée de Damoclès sur certains personnages. La série embrasse un tournant mélodramatique qui se révèle souvent poignant, parfois même très éprouvant (les pyramides de kleenex construites lors du visionnage de certains épisodes sont là pour en attester). Plus que tout, le ressenti émotionnel demeure la dynamique centrale la série. Downton Abbey conserve en effet une faculté rare, celle d'être capable d'ouvrir et de toucher directement le coeur du téléspectateur. Elle peut nous émouvoir en simplement quelques lignes de dialogues ou en une scène symbolique parfaitement maîtrisée. Cette marque de fabrique reste une des forces de l'oeuvre.

Parallèlement, la saison 2 s'inscrit également dans une continuité revendiquée sur le fond. En dépit de tous les bouleversements traversés, les bases de la série demeurent invariables. Elles semblent même revendiquer une dimension presque intemporelle qu'elles acquièrent en raison du recours abusif à des ellipses qui nous font traverser les années sans en avoir pleinement conscience. Tandis que la guerre permet d'accélérer le tourbillon des changements sociaux, la frontière entre les deux milieux devient de plus en plus poreuse - le personnage de Sybie en restant le symbole le plus représentatif. De plus, la série continue d'explorer ses relations phares, lesquelles semblent vouées à ne pouvoir fonctionner : Mr Bates et Anna, Matthew et Mary... Mais en voulant trop protéger ces recettes inchangées, la série en perd la fraîcheur étonnante qui avait marqué sa première saison.

downtonabbeyo.jpg

Si la saison 1 de Downton Abbey était un bijou, elle le devait non à son originalité - la série embrassait et s'appropriait les codes narratifs d'un period drama classique sans les remettre en cause -, mais pour l'équilibre fragile et précieux qu'elle avait su trouver. Semblable à une partition musicale parfaitement huilée, l'enchaînement des évènements et l'entremêlement des storylines avaient permis un parcours sans fautes. Au cours de cette saison 2, le sens du dosage se dilue, une part de la magie également. Les dialogues sont toujours aussi bien ciselés, mais il manque une spontanéité. Les ficelles narratives se retrouvent soudain comme exposées au grand jour. La série en devient prévisible, tant dans ses développements que dans ses retournements de situation.

Plus problématique, en poursuivant l'exploration des relations qui avaient constitué l'assise de la première saison, Downton Abbey tombe dans le travers de la répétition, en appliquant invariablement une même recette pour rythmer les rapprochements et éloignements de chacun. Au-delà du gênant sentiment de vanité qu'ont certaines des épreuves qui s'élèvent constamment sur la route de nos héros, le scénariste prend en plus la frustrante habitude de ne pas aller toujours au bout des storylines qu'il initie. Les problèmes soulevés ont trop souvent l'art de se résoudre en empruntant un raccourci facile, qui élimine l'obstacle d'une façon ou d'une autre, revenant brutalement au point de départ. En cédant ainsi au plus simple, la série perd également en nuances, certains comportements relevant alors plus de la caricature, voire sortant même du canon établi jusqu'alors par la fiction. La qualité se fait donc plus inégale. 

downtonabbeyc.jpg

S'il y a à redire sur le fond, il faut en revanche reconnaître que Downton Abbey demeure égale à elle-même sur la forme. Conservant toujours ce style particulièrement soigné et l'art d'une mise en scène où la caméra alterne habilement entre des plans larges, qui prennent la mesure des décors, et des passages au cadre plus serré permettant de souligner des scènes plus intimes. Ce savoir-faire permet une reconstitution historique appréciable, à saluer jusque dans les quelques scènes de guerre proposées. La clarté de la photographique accentue d'ailleurs cette impression quasi-enchanteresque qui fait de la série un plaisir pour les yeux.

Enfin, Downton Abbey continue de pouvoir s'appuyer sur un casting très solide qui donne vie à cette galerie éclatée de personnages si différents. Il est une nouvelle fois difficile de faire des choix devant une telle homogénéité, mais soulignons que ce sont souvent les femmes qui resplendissent le plus cette saison. Certaines s'affirment et évoluent favorablement, à l'image par exemple de Laura Carmichael dont le personnage d'Edith se nuance. Jessica Brown Findlay conserve une fraîcheur admirable à l'écran. Maggie Smith, fidèle à elle-même, bénéficie une nouvelle fois des quelques lignes les plus percutantes, celles qui emportent toute la scène dans laquelle elle joue. Par ailleurs, la sobriété de Brendan Coyle fait toujours des merveilles à l'écran. Enfin, pour conclure sur une note plus légère, il faut bien avouer que je ne suis décidément pas insensible au charme de Dan Stevens (au point de m'avoir fait regarder Have I Got News For You qu'il présentait ce vendredi...).

downtonabbeyn.jpg

Bilan : La Première Guerre Mondiale permet à Downton Abbey d'embrasser un tournant mélodramatique au cours duquel la série, à l'image de ses personnages, perd une part de son innocence. Plus sombre et poignante que la première, elle aura su me faire vibrer émotionnellement comme peu de fictions en sont capables. Cependant, si cette deuxième saison reste fidèle aux thèmes qui ont fait la force de la série, c'est avec moins de subtilité qu'elle applique des recettes semblables. Devenue prévisible, la série ne parvient pas à dépasser ses schémas fondateurs, au risque de tomber dans une certaine répétition au parfum quelque peu vain.

Mais ne vous y trompez pas, si l'enthousiasme dithyrambique qu'avait suscité chez moi la première saison explique en partie cette review mitigée, Downton Abbey reste un très solide period drama, qui se repose habilement sur des personnages ne laissant pas indifférents. J'attends donc avec impatience l'épisode spécial de Noël qui sera diffusé le 25 décembre sur ITV1 !


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de la saison 2 :

Commentaires

Tout mon avis mais dit en mieux ! J'ai un chouilla moins apprécié la saison 2, non pas parce que je connaissais déjà la recette, mais parce que je trouvais certaines intrigues grossières (pour ne pas nommer Patrick entre autre).

Reste qu'elle a quand même su mener sa barque de bout en bout sans (trop) ciller et que Downton Abbey mérite amplement son succès !

Très beau billet, à faire pâlir les autres ;)

Écrit par : LL | 27/11/2011

Rien de bien méchant à redire sur les 5 premiers épisodes de cette saison 2. Je les trouve dans l'ensemble aussi bien maîtrisés que la saison 1.
Mais quelque chose se casse dans le très médiocre épisode 6 et la série ne s'en remet jamais totalement.
Si bien que j'ai malheureusement terminé cette saison en roue libre et dans une indifférence plus que relative.
Downton Abbey a perdu à mes yeux une grande partie de son lustre.
Dommage.
J'espère toutefois que le spécial Noel relèvera le niveau.

Écrit par : Fred | 27/11/2011

@ LL : Je crois que c'est la péripétie qui a fait ressortir à certains l'expression "jump the shark" parce que je ne suis pas loin de penser que la série en est passée pas loin. Espérons que DA reparte sur de bons pieds pour le futur ! :)


@ Fred : Il y a quelques dérapages non contrôlés dans le dernier tiers en effet. Quelque chose s'est cassé dans la narration en terme de crédibilité et de logique dans le développement des histoires.
Je me dis cependant qu'en n'ayant plus l'arrière-plan de guerre, la série pourra peut-être repartir sur de nouvelles bases consolidées. Cependant, cela reste malgré tout un bon period drama (qui aura quand même eu de très bons passages durant cette saison 2).

Attendons déjà Noël, j'ai vu qu'apparemment il allait s'agir d'un double épisode en plus :)

Écrit par : Livia | 04/12/2011

Attention spoilers (je préviens) :

Plus que l'histoire assez ridicule mais au final assez anecdotique du cousin mort qui n'est prétendûment pas mort, c'est le paralytique qui retrouve miraculeusement l'usage de ses jambes qui m'a vraiment agacé.
Et ensuite l'instrumentalisation du personnage de Lavinia qu'il faut faire disparaitre pour replonger complaisamment et lourdement dans le thème de l'amour maudit et impossible du couple vedette.
Lais ça tombait bien, y avait juste la grippe espagnole qui passait par là, et comme il fallait quand même qu'il y ait un personnage qui n'y échappe pas, c'est tombé tout juste sur Lavinia.
Ce genre de procédés, c'est tout à fait le genre de trucs qui me sort complètement d'une série.
Bon et la mort de la femme de Bates, c'est aussi du grand n'importe quoi pour relancer artificiellement le bazar...

Plus j'y pense et plus je trouve ces épisodes finaux très décevants.

Écrit par : Fred | 04/12/2011

Plutôt d'accord avec Fred à propos des résolutions faciles, voire caricaturales (je me frottais les yeux devant le ridicule de la mort de Lavinia) de certains imbroglio, ça m'a vraiment déçu parce que c'est ce qui faisait tout le sel de la première série.
Après, je trouve quand même qu'il y avait pas mal de positif quelque fois, notamment la relation sybil/branson, l'amourette (un peu surannée quand même) entre le comte et la servante, ou encore le Matthew bouleversé par la guerre. La beauté des personnages, des dialogues, des plans reste la grande force de Downton Abbey, et contrebalance pour moi les quelque faiblesses et abus narratifs.
Bref, même si je suis moins enthousiasmé par cette nouvelle saison que par la première (que je considère comme une des meilleures entre toutes celles que j'ai pu voir), celle-ci garde des qualités fortes et a su me tenir en haleine, malgré le fléchissement vers la fin.
J'ai cru comprendre que deux nouveaux épisodes seront diffusés à Noël, j'attends ça avec impatience :-)

Écrit par : Guillaume | 20/12/2011

Je suis complètement d'accord avec Fred et me demande pour quelle raison je continue de regarder cette série passionnément. Car contrairement à la saison 1, cette saison 2 me laisse un gout perplexe avec ces intrigues anecdotiques et incompréhensible, les personnages principaux frôlent l'ennuie et se ridiculisent avec leur réactions manquent de pertinence. (combien de fois je me dit devant la télé: si c'était moi à sa place, je la(le) larguerai parce qu'elle(il) est relou !)
j'espère que la saison 3 va réussir de trouver un scénario plus saisissant si non, à force de m'accrocher avec cette jolie reconstitution d’époque, j'aurais préférer regarder un spin-off de la Comtesse de Grantham passent ses vacances avec la petite Daisy comme femme de chambre...(tiens tiens, ça me fait penser à Gosford Park)

Écrit par : grrenou | 06/02/2012

@ Grrenou : Bienvenue sur ce blog ! ;)
Je comprends tes griefs sur cette saison 2, même si je ne suis pas encore prête à m'imaginer tourner la page de Downton Abbey, cette série restant chère à mon coeur. Je me demandais si tu avais vu la "conclusion" de cette saison, c'est-à-dire le double épisode spécial diffusé à Noël ? Il m'a sur divers aspects réconcilié avec une partie des déceptions de cette saison 2.

Écrit par : Livia | 06/02/2012

@Livia:Merci et bravo pour ton article, très juste !
Justement,je vais le regarder ce soir !(j'ai hâte)

Écrit par : grrenou | 06/02/2012

@ Grrenou : J'espère qu'il te permettra de retrouver quelque peu l'étincelle initiale de la série. En ce qui me concerne, ce double épisode (même s'il n'est pas parfait) a été un superbe cadeau de Noël qui me fait attendre la saison 3 avec beaucoup d'impatience ! :)

Écrit par : Livia | 06/02/2012

@Livia:C'est fait! et le making off aussi :)
Il y a quelque chose de mieux dans ce double épisode mais je me demande quand même ce qu'elle nous réserve comme surprise dans la saison 3. C'était un "happy end" parfaitement lisse comme dans un conte de fée. Après ça, qu'est ce qu'on puisse faire pour ne pas décevoir les téléspectateurs (de base) à part fabriquer encore des histoires grotesques qui font ni chaud ni froid. Je commence de perdre espoir...
les luttes des classes sociale ? un VRAI complot qui cause la chute de la famille ?... à suivre
Quoi qu'il arrive, tout comme toi, il me tarde de retrouver Downton.

Écrit par : grrenou | 07/02/2012

@ grrenou : Je crois que j'ai regardé ce final comme une grande enfant qui a besoin de rêver, les yeux pétillants.
Pour la suite, je pense que le retour de Sybil (avec son chauffeur de mari) peut permettre de faire évoluer les dynamiques dans la maisonnée (et puis la question irlandaise en fond, en plus de la lutte des classes). Et si l'ex-fiancé de Mary n'est plus là pour être un paravent vis-à-vis de la presse, voire encourageant même cette dernière, cela peut bouleverser bien des choses.
Logiquement, je serais tentée de dire qu'il faudrait que la s3 soit la dernière, pour s'assurer d'une vraie fin et ne pas épuiser le concept et le diluer jusqu'à lui faire perdre son identité comme certaines dérives de la s2 ont pu montrer les risques.
Enfin, il reste à espérer que le scénariste a appris de ses erreurs, justement, pour ne pas les reproduire ;)

Il me tarde également de retrouver Downton ! ^^ (Et puis, il n'y a pas tant de period drama sérialisé que ça actuellement en cours en GB. Upstairs Downstairs revient bientôt sur BBC1, mais la qualité de la s1 était loin de la s1 de DA)

Écrit par : Livia | 11/02/2012

Je suis assez d'accord avec vous, cette saison 2 était assez décevante, et le charme s'est dissipé.
J'aurais espéré un peu plus d'insistance sur les traumatismes de la guerre et les bouleversements que cela entraîne, et un peu moins d'ellipses. Et même si je suis contente pour Matthew, sa "guérison" soudaine et son absence de traumatisme sont assez étranges. On se concentre plus sur Mary, qui se condamne toute seule à être malheureuse, que sur Matthew, qui vient quand même se vivre la Grande Guerre... La mort de Lavinia était cousue de fil blanc, et j'étais bien certaine à la fin de l'épisode 8 que quelque chose viendrait ébranler la résolution de Matthew. Une troisième saison sans un M/M concret n'était plus tenable.
Malgré tout, j'ai continué à la regarder, et j'apprécie toujours autant l'acidité de Violet! J'ai bien aimé aussi l'évolution du personnage de Mary (qui s'humanise), ainsi que Sybil, même si on ne voit pas bien comment elle tombe amoureuse de Branson (qui au passage a bien du mérite d'avoir attendu aussi longtemps...) Le personnage d'Edith est devenu plus intéressant et moins caricatural (si bien sûr on fait abstraction de l'épisode "Patrick")
Je regarderai la saison 3 plus pour voir comment ce qui est ébauché se développe que pour le charme de Downton, en espérant qu'il renaîtra! J'espère qu'il y aura une réflexion plus poussée sur les relations sociales et les événements extérieurs, quitte à laisser un peu de côté les romances.

Écrit par : Chibi | 26/04/2012

@ Chibi : Je pense que Julian Fellowes s'intéresse sans doute plus au relationnel qu'aux questions véritablement sociales. Il en a survolé quelques-unes jusqu'à présent, mais toujours comme prétexte à faire évoluer/fragiliser/interroger des relations entre certains personnages.
Mais peut-être aura-t-il aussi appris des limites et erreurs de cette saison 2, pour permettre à son récit de gagner en consistance ! Espérons-le !

Écrit par : Livia | 29/04/2012

Les commentaires sont fermés.