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21/04/2010

(K-Drama / Pilote) Personal Preference (Personal Taste) : désastres sentimentaux et colocation ambigüe



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En Corée du Sud, ce printemps 2010 nous promettait, à la télévision, un choc frontal, entre trois dramas attendus, ciblant chacun un public assez similaire, dans la case stratégique de 22 heures du mercredi et jeudi soir. Au bout du compte, c'est finalement Cinderella's Sister qui a viré en tête et a su tirer son épingle du jeu ; et, pour une fois, j'avoue être assez d'accord avec la hiérarchie établie, entre ces trois séries, par le biais des audiences. Aux côtés de la re-écriture de Cendrillon dont je vous ai parlé la semaine dernière, un autre drama suscitait également beaucoup d'attentes, porté par un duo d'acteurs de choc et une promo bien orchestrée, il s'agissait de Personal Taste (ou Personal Preference, au choix). Si le visionnage du pilote m'aura moins enthousiasmé que celui de Cinderella's Sister, le concept de départ conserve un attrait certain. Il ne tient qu'aux scénaristes de réussir à l'exploiter par la suite.
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Avec Personal Taste, nous nous retrouvons ici dans un créneau résolument plus léger que Cinderella's Sister, basé sur un concept de départ clairement orienté comédie, saupoudré évidemment d'une touche de romantisme inaltérable. Derrière des ingrédients scénaristiques et une mise en scène des plus classiques, Personal Taste ajoute a priori un petit twist aguicheur, en cherchant à brouiller les cartes de la relation à laquelle ses deux personnages principaux sont promis. Car s'ils finiront plus promptement qu'à l'accoutumée par partager le même logement, initialement, c'est en simple qualité de colocataires. Une situation rendue possible uniquement grâce à cet art du quiproquo que les scénaristes coréens savent décliner à la perfection et sur lequel Jin Ho, en jeune architecte carriériste au pragmatisme des plus intéressés, choisira de capitaliser, plutôt que de démentir, afin d'accéder à la maison dans laquelle vit Gae In.

Après des débuts typiquement volcaniques, nos deux protagonistes s'insupportant instantanément, poussés par les circonstances à commencer par se quereller autour d'un taxi, leurs chemins ne vont ensuite cesser de se croiser, un peu pour le meilleur, mais surtout pour le pire, dans le cadre de  situations de plus en plus personnelles et intimes. Ainsi, si Jin Ho est aux premières loges pour assister à la cruelle descente aux enfers sentimentaux et à l'humiliation subies par Gae In, cette dernière a également l'occasion de découvrir le jeune homme sous un jour nouveau. A la suite d'une série d'échanges au double sens jubilatoire (pour le téléspectateur), facilitant les extrapolations sur son orientation sexuelle, elle est bientôt persuadée qu'il est gay. Soudain moins inquiète pour sa vertu, la voilà instinctivement plus conciliante avec une personne qui a de toute façon été un des témoins privilégiés de son récent calvaire.

C'est donc sous l'aspect d'une variante du genre "comédie romantique" que se présente a priori Personal Taste. L'objectif est de jouer sur les double-sens, les conclusions erronées hâtives, afin de présenter une relation un peu atypique, basée sur une omission ou une sorte de mensonge, involontaire à l'origine... Il est aisé d'imaginer combien cette thématique peut se révéler être une source intarissable de scènes improbables, où règne un quiproquo grisant pour l'observateur extérieur, a fortiori si tout cela évolue ensuite dans le huis clos d'une colocation.

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De façon rassurante, il y a un constat qui s'impose au sortir de ce premier épisode : les passages qui sortent du lot et retiennent l'attention du téléspectateur sont précisément les scènes au cours desquelles le drama se rappelle soudain de son idée de départ et se réconcilie avec l'image que l'on s'en faisait a priori. Il y a donc bel et bien une petite étincelle, un potentiel réel et intrigant qui légitimise Personal Taste ; et cette flamme mérite d'être nourrie et de grandir pour se voir transposer pleinement à l'écran. Pour ses premières manifestations, on n'échappe pas aux classiques disputes, au détour des couloirs d'hôtel d'un soir, dans lesquelles les phrases échangées revêtent un sens particulier, le contexte colorant singulièrement leur contenu. Mais l'épisode nous concocte également des instants où le comique de situation joue à plein, pour notre plus grand plaisir : l'ascenseur se révèle être le cadre parfait d'une scène qui est un véritable modèle du genre. Elle correspond tout à fait à la tonalité que j'attendais a priori de la série. Ce passage contient ce petit éclair malicieux tant recherché, se nourrissant des faux-semblants ; prêtant à sourire, cela vous conforte en plus dans l'idée que vous n'avez pas entrepris ce visionnage pour rien.

En somme, ces moments constituent la preuve que les scénaristes sont capables, a priori, de conduire Personal Taste à travers ce croisement des genres où, sans renier l'aspect romantique, la série serait également à même d'exploiter la spécificité offerte par son concept de départ, et le potentiel comique indéniable qui y est lié.  Malheureusement, ces instants se comptent sur les doigts d'une main au cours de ce pilote.

En effet, si l'emballage nous annonçait une comédie, Personal Taste s'ouvre sur un air de mélodrama. Son pilote, un peu trop timoré et rigide, opte en effet pour une longue présentation des derniers soubresauts de la tragédie amoureuse, proche du pathétique, que vit l'héroïne. Attention à ce que le twist de départ, qui fait a priori toute la saveur potentielle de cette énième déclinaison de comédie romantique, ne se révèle pas n'être que poudre lancée aux yeux du téléspectateur, simple prétexte, cachant mal un excès de conformisme et de banalité.

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Si les débuts de Personal Taste font esquisser quelques sourires au téléspectateur, ces scènes improbables, promises par le concept même de la série, se noient au milieu d'un sentimentalisme d'arrière-garde. A la place d'une comédie légère, nous est proposé l'imbroglio dramatico-romantique d'un couple qui n'existe déjà plus en fait, et que seul l'aveuglement naïf de l'héroïne permet de faire durer jusqu'à la fin de ce premier épisode.

Quand le couperet tombe enfin, après d'interminables tergiversations dilatoires, il y a comme un soulagement pour le téléspectateur. Certes, la vie amoureuse de l'héroîne ne s'apparente plus, à la fin de ces longs passages qui contribuent à renforcer à l'excès son image de victime, qu'à un vaste champ de ruines, dans lequel se mêlent trahison sentimentale masculine et amitié féminine brisée. Comprenez : Que votre petit ami vous plaque, soit, ça arrive. La veille de son mariage (avec une autre), en plus, c'est déjà plus difficile à avaler. Un mariage qui va avoir lieu avec... une de vos deux meilleures amies. Voici le coup de grâce. Il est difficile de dresser plus noir tableau, la confrontation lors de la cérémonie de mariage atteignant le sommet du pathétique. Cependant, après ce cauchemar, on se dit que Gae In ne pourra que remonter la pente ; le téléspectateur n'a d'ailleurs plus qu'une envie : la voir tourner la page.

L'idée était sans doute de bien souligner quelles blessures le personnage de Gae In aura dû supporter avant d'entreprendre une renaissance au fil de la série (pour, on l'espère, un happy end). Seulement, voici une introduction qui pèche singulièrement par un sentimentalisme qui aurait gagné à être moins hissé en porte-étendard d'un drama qui se présentait comme une comédie attachante. Rien d'irréversible donc, juste une mise en bouche en décalage avec les attentes du téléspectateur.

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Enfin, je ne peux pas parler de ce drama sans terminer sur une des raisons du buzz certain de Personal Taste sur la toile, dans les semaines précédents son arrivée à l'antenne : son casting. Les deux acteurs principaux se glissent de façon assez naturelle dans la peau de leurs personnages respectifs, même si la rigidité du personnage de Jin Ho le place pour l'instant un peu en retrait. La rafraîchissante Son Ye Jin (Spotlight, Summer Scent) incarne une héroïne exubérante et spontanée, qui dynamise une narration un peu lourde. Et Lee Min Ho nous revient pour son premier drama, depuis son hit de l'an dernier, Boys Before Flowers, adaptation coréenne de Hana Yori Dango, que tout amateur de séries coréennes a probablement déjà vu... sauf moi (il faudra un jour que je vous raconte mon blocage face à ce manga et ses différentes versions live).

Parmi les autres têtes connues dans le paysage téléphagique coréen, on retrouve notamment Kim Ji Suk (croisé cet hiver dans Chuno) en futur ex-petit ami si peu gentleman, Wang Ji Hye (Friend, Our Legend) en amie traître. Comme dans Cinderella's Sister, un chanteur de 2PM est venu tester les possibilités d'un nouveau développement de carrière (Im Seu Ong). Mais, s'il faudra suivre cela dans la durée, l'ensemble forme un tout homogène, au sein desquels aucun acteur ne dénote.

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Bilan : Servie par un concept de départ au piquant indéniable, Personal Taste a le potentiel d'offrir une variante légère, un peu atypique (la colocation et ses raisons), de la comédie romantique classique. Si on perçoit d'intéressantes promesses au cours de ce pilote, il opte cependant pour une entrée en matière versant dans un mélodramatique un peu lourd, qui s'avère un brin déstabilisant pour le téléspectateur. Malgré tout, les quelques scènes de délicieux quiproquo, proprement jubilatoires, que l'on y croise donnent envie de laisser sa chance à Personal Taste.


NOTE : 6/10

 

Deux brèves bande-annonces :


20/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 3 : Victory of the Daleks


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Déjà la troisième aventure pour Doctor Who ! En attendant des retours assurément marquants pour la semaine prochaine (au vu de la bande-annonce), l'épisode de samedi dernier, embrassant pleinement l'héritage des saisons précédentes, reprenait des ingrédients figurant parmi les plus grands classiques de la série : des ennemis du Docteur jusqu'au cadre d'un Londres en pleine Seconde Guerre Mondiale. Au-delà d'une aventure qui déroule sans réelle surprise, c'était surtout l'occasion de poser des jalons pour le futur de la série, regénérant l'ombre menaçante des Daleks en arrière-plan, tandis que l'univers n'en finit plus de se craqueler.

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Victory of the Daleks est un épisode qui présente une construction narrative très similaire à celui de la semaine précédente. Le cadre demeure l'Angleterre - version "terrestre" cette fois -, dans un environnement a priori non hostile au Docteur. Ce dernier répond à l'appel d'une vieille connaissance, figure historique incontournable du XXe siècle britannique, Winston Churchill. Cela les conduit logiquement dans une époque déjà bien explorée, mais dont la symbolique semble ne jamais être épuisée auprès des scénaristes, le blitz de Londres, durant la Seconde Guerre Mondiale. Epreuve dans l'adversité fondatrice, symbole d'une résistance qui plie, mais ne rompt pas. Quoiqu'en disait Steven Moffat dans le Confidential du premier épisode, Doctor Who n'aura donc pas tardé à retrouver la Tamise et la silhouette familière de Big Ben ; et, en un sens, le téléspectateur s'en réjouit, car il est vrai que l'identité du Docteur s'attache désormais à cette ville par bien des aspects. Un pèlerinage régulier apparaît donc logique.

Dans le même ordre d'idées, en transposition d'une figure britannique célèbre, Winston Churchill et son cigare n'auront pas dépareillé dans cet épisode. D'ailleurs, ses intéractions avec le Docteur ont instantanément placé l'histoire sur de bons rails, constituant un plus indéniable, les piques échangées apportant un dynamisme plaisant. En effet, loin de tout formalisme rigide, leurs rapports naviguent entre la complicité de vieilles connaissances et les contraintes d'un fort caractère qui les poussent à être tentés de réorganiser leurs priorités en s'orientant vers des intérêts divergents (la clé du Tardis pour Churchill ; les Daleks pour le Docteur). Les échanges restent courtois et se font dans la bonne humeur. Si cela semble un peu comme une reproduction du schéma du second épisode : un officiel britannique connaissant le Docteur (ou du moins son existence), Doctor Who n'a pas toujours tranposé de la plus convaincante des façons des icônes historiques. Ici, le pari est réussi.

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L'épisode marque le retour d'un ennemi majeur du Docteur, indissociable de son univers : les Daleks. Par la plus étrange des ironies, les voilà, comme narguant le Docteur avec ce petit drapeau britannique dont leur front est affublé, crapahutant dans le QG de guerre de Churchill, arme secrète, soi-disant concoctée dans le secret d'un laboratoire, sensée permettre la victoire contre les Nazis. S'ils se prétendent serviables, invention humaine supposée docile, il est évident que le Docteur voit instantanément rouge. Il ne fait guère de doute au téléspectateur, comme au Docteur, qu'un stratagème se cache derrière cette apparence trompeuse et qu'un piège se refermera tôt ou tard sur ces humains bien crédules. Churchill s'accroche à cette arme qui leur confère une supériorité technologique impressionnante, refusant de sacrifier des vies humaines qu'il pense pouvoir sauver, en dépit du discours enflammé d'un Docteur rapidement intenable.

Il faut dire que c'est une situation somme toute assez inhabituelle pour ce dernier, d'être si proche des Daleks, sans hostilité ouverte en apparence. Il y a comme un voile d'irréel qui flotte sur ces scènes assez étonnantes. Logiquement, arrive le moment attendu où les masques tombent, où le plan se révèle... encore une fois de la plus ironique des façons. Les quelques Daleks survivants ont réussi à retrouver une capsule contenant de l'ADN pure de leur race : de quoi regénérer leur civilisation. Mais, les mille et une épreuves qu'ils ont eu à traverser font que leur propre technologie ne les reconnaît plus. Pour activer ce processus de résurrection salvateur, ils mettent au point une stratégie de contournement. Quoi de mieux que la reconnaissance formelle de leur véritable nature par le plus grand ennemi des Daleks ? C'est là que l'infiltration du côté de chez ce cher Winston prend tout son sens : pour s'assurer de la visite rapide du Docteur, il fallait prendre ses quartiers en Angleterre, si possible chez une connaissance de ce dernier.

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En dépit de tous ces éléments potentiellement explosifs sur fond de conflit humain mondial, l'affrontement réel auquel on peut légitimement s'attendre ne va pas avoir lieu. En effet, l'épisode s'inscrit dans une portée plus lointaine, prenant rendez-vous avec le futur, et ne s'attachant donc pas à offrir une véritable fin. Dans la guerre que se livrent le Docteur et les Daleks, ceci est une simple bataille. Une pseudo "escarmouche" qui tourne à l'avantage des Daleks, qui parviennent à mettre en oeuvre leur plan d'origine : se regénérer en proposant comme nouvel adversaire au Docteur, une génération de Daleks non affectée par les batailles précédentes. L'occasion d'un léger redesign pour ces robots à l'apparence immuables, liés à la série depuis ses origines : les "salières sur roulettes" seront désormais colorées !

Le fait que l'épisode soit plutôt tourné vers la suite fait passer un peu en retrait les quelques enjeux immédiats réglés au cours de l'épisode, avec notamment cet androïde humanoïde, création des Daleks, qui embrassera l'humanité et ses émotions - métaphore classique dans l'univers de Doctor Who -, permettant à la Terre d'éviter de justesse une fin imprévue. Si l'ensemble reste plaisant à suivre, le téléspectateur sent que les enjeux sont ailleurs et qu'on lui délivre plus un apéritif et des promesses pour l'avenir, qu'une aventure pleine et entière pour l'épisode. Ce dernier est pourtant mené tambour-battant à un rythme entraînant. Il s'attache opportunément à démontrer la complémentarité entre Eleven et Amy, la jeune femme intervenant encore une fois au dernier moment pour sauver la situation. Cependant, au-delà de l'efficacité collective qui n'est plus à démontrer, les scénaristes pourront peut-être prochainement prendre le temps de s'attarder sur le relationnel existant au sein du duo. Qu'il s'agisse d'une complicité ou d'une réelle amitié, il serait bon de les voir plus intéragir côte à côte ; même si la confrontation avec un ennemi aussi emblématique que les Daleks requérait probablement un face-à-face seul avec le Docteur.

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Si les Daleks ne sont pas mes ennemis récurrents favoris dans l'univers, il y a cependant un aspect que j'apprécie tout particulièrement lorsqu'ils sont présents : c'est d'être témoin des réactions du Docteur face à eux. Ce sont les seuls à le toucher aussi viscéralement et cet épisode nous permettait d'inaugurer la première rencontre avec Eleven. C'est sans doute le point qui m'a le plus satisfait dans l'épisode, ce jeu d'émotions constituant sans doute l'aspect le plus ambivalent d'un récit relativement bien balisé et manichéen. Initialement, en découvrant leur présence, le Time Lord réagit instinctivement et de manière particulièrement intense. Immédiatement, c'est une révulsion profonde et passionnelle qui se manifeste. Le Docteur semble mal contenir ses émotions face à des Daleks dont l'indifférence accroît sa frustration. Si la confrontation réelle a ensuite lieu. Empruntant une voie très classique, elle tient toutes ses promesses, même si elle se cantonne avant tout à un dialogue explicatif pour le téléspectateur. Mais parce qu'il n'y a que le Docteur pour prétendre qu'un biscuit est un détonateur déclenchant l'autodestruction de son vaisseau, cela reste des scènes à part.

Enfin, ma préférée demeure celle à la fin de l'épisode. Le Time Lord est confronté à un choix qui n'en est pas un, où les Daleks lui imposent l'alternative suivante : soit saisir sa seule chance d'anéantir "à jamais" ses ennemis les plus intimes, soit sauver la planète Terre, en empêchant l'explosion d'une bombe. Le Docteur choisit-il la vie en général ou les humains en particulier lorsqu'il décide d'abandonner le vaisseau Daleks pour regagner Londres en catastrophe ? Reste qu'une fois le pire évité, sa réaction lorsqu'il apprend que les Daleks se sont déjà enfuis de l'orbite spatiale, avant qu'il puisse y retourner, laisse songeur le téléspectateur. Le Docteur reste en effet un instant comme interdit : anéanti par l'idée de cette opportunité qu'il n'a pas su saisir ou par la pensée de Daleks regénérés qui vont reconstruire leur force ? Peut-être un peu des deux. Il lui faudra quelques secondes et l'insistance d'Amy pour digérer cela, et, enfin, d'esquisser un sourire devant cette relative happy end immédiate - ou du moins, temporaire. Mais cette courte période où il se fige complètement restera une des scènes les plus fortes de l'épisode. Une occasion supplémentaire d'adopter définitivement Matt Smith.

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Bilan : Si l'épisode marque une étape nécessaire dans le développement d'Eleven, avec sa première confrontation avec les Daleks, il prend surtout des rendez-vous pour l'avenir, tout en délivrant une aventure très plaisante à suivre, même si c'est vers la suite que le téléspectateur se tourne à la fin. Car si les Daleks sont de nouveau une menace bien réelle, une autre devient de plus en plus concrète. Les failles sur la surface de la réalité, cela donne surtout un esthétique troublant. Mais des souvenirs d'évènements "fixés dans le temps" qui s'évaporent, avec Amy qui ne sait rien des Daleks en dépit de leurs attaques très visibles à son époque, cela commence à être inquiétant.


NOTE : 8/10


Le prochain épisode, c'est a priori un condensé du passé de Doctor Who à la sauce Moffat. Can't wait !


17/04/2010

(UK) Doctor Who Confidential, series 5, episode 2 : All about the girl


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Pour aujourd'hui, pas de review habituelle pour cause de bataille perdue contre la fièvre. Aucune analyse cohérente ne sortira de mon clavier dans cet état. En attendant de vous revenir plus en forme, pour me faire pardonner, je vous propose un petit aperçu rapidement pic-spamé et griffoné du Doctor Who Confidential diffusé samedi dernier qui, comme son titre l'indique, se concentre sur Amy Pond.

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Après un premier Confidential destiné à nous faire adopter Matt Smith, voici celui consacré à Amy Pond, interprétée par une Karen Gillan, vraiment très dynamique, presque aussi enjouée que son personnage de faire partie de l'aventure Doctor Who. Il est logique que pour nous faire apprécier le personnage, on commence par nous présenter l'actrice qui l'incarne. C'est peu dire que le charme opère instantanément à l'écran, quand elle nous raconte avec des yeux presque émerveillés ses premiers pas à bord du Tardis... On nous relate son casting et, une fois encore, des tas de petits détails, anecdotes en rien déterminantes, mais qui permettent au téléspectateur de faire mieux connaissance. Steven Moffat salue la présence en elle de ce petit soupçon d'inventivité, de spontanéité, qui l'a démarqué des autres candidates.

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L'épisode est destiné à consacrer sa position de nouvelle compagne du Docteur. Steven Moffat prend donc le temps de nous expliquer l'importance de cette première aventure et toute la symbolique qu'elle devait contenir. Il fallait quitter la Terre, proposer un cadre nouveau par rapport aux aventures passées, mais surtout, il était fondamental que ce premier lieu puisse être relié d'une façon ou d'une autre à Amy ; que ce soit quelque chose qui lui parle. Pour cela, quoi de mieux que la Grande-Bretagne en promenade dans l'espace ?

Dans cette optique, Steven Moffat explique qu'il a conçu l'épisode comme un conte de fées, sombre, mais qui demeure cependant féérique, un peu à la Roald Dahl. Il dresse des comparaisons entre Amy et la Wendy de Peter Pan. La veille du jour où Amy allait définitivement devenir adulte, en se mariant, la voilà qui replonge dans ses rêves d'enfants avec le Docteur.

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Pour parfaire le tableau, Matt Smith vient logiquement chanter les louanges de sa collègue ; Karen Gillan semble au final assez proche de son personnage, en terme de vivacité et de dynamisme. Il y a l'air d'avoir une bonne entente entre eux, ce qui est le principal.

Le Confidential va ensuite parler évidemment un peu de l'épisode auquel il se rapporte, en nous entraînant dans les coulisses du tournage.

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On s'attarde tout d'abord sur la reconstitution d'Oxford Street , en plein Starfish UK. L'idée de départ pour créer cette gigantesque avenue au coeur du vaiseau spatial était la suivante : que prendriez-vous si vous deviez vous enfuir très vite de votre planète ? D'où un amoncellement de petits gadgets pittoresques et de détails qui montrent tout le soin apporté pour faire vivre ce lieu. C'est dans une usine désaffectée que tous les décors seront installés.

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Puis le Confidential choisit de traiter d'un aspect plus léger, voire comique, en nous racontant comment Matt Smith et Karen Gillan ont tourné la scène d'attérissage dans la bouche de la baleine stellaire. Entre tentative de "cascade", glissades plus ou moins maîtrisées, et des détritus (reliés par une gelée blanche non identifiée) les couvrant de la tête au pied pendant plusieurs heures, les deux acteurs semblent s'être bien amusés, en dépit des hésitations de Karen. C'est l'occasion de souligner la bonne dynamique existant entre les deux en coulisses, ce qui transparaît logiquement à l'écran ensuite.

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Le Confidential nous offre également toute une théorisation des rapports qui s'établissent et s'affirment, au fil de l'épisode, entre Amy et le Docteur. Le fait qu'elle ait rencontré le Time Lord si tôt dans son enfance est un élément qui explique en bien des aspects la jeune femme qu'elle est devenue.

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Puis, c'est l'occasion de découvrir la création des Smilers ; avec un décryptage de la façon dont ils sont parvenus à tourner les scènes où apparaissaient des half-smilers half-humans, avec ces fameuses rotations de tête à 180 degrés.

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Enfin, il y a un logique hommage à la guest-star de luxe de cet épisode, Sophie Okonedo, qui interprète, avec une prestance et une présence remarquées, une Liz X que Matt Smith qualifie de "Lara Croft version Reine". Une superbe actrice.

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Enfin, nous avons droit à un aperçu du tournage, dans une ancienne  abbaye, de la scène finale, où Amy prouve sa valeur et gagne sa place au côté du Docteur, en sauvant la baleine et en empêchant le Time Lord de commettre l'irréparable, scellant ainsi la relation qui les unie.

Bilan : Un Confidential qui met moins en avant le Docteur qu'à l'accoutumée, souhaitant voir le téléspectateur adopter Karen Gillan et son personnage. Misssion plutôt bien accomplie !

16/04/2010

(Pilote US) Treme : Instantané d'une ville meurtrie ou métaphore d'une renaissance ?


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Down in the treme
Just me and my baby
We're all going crazy
While jamming and having fun
Trumpet bells ringing
Bass drum is swinging
As the trombone groans
And the big horn moans
And there's a saxophone
Down in the treme...

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Si tout téléphage est coutumier de l'adage "l'attente génère la déception", c'était avec une impatience confiante que j'attendais Treme. C'est sans doute la seule nouveauté de la saison devant laquelle je me suis installée sans la moindre inquiétude a priori sur la qualité du show que j'allais découvrir. Certes, des noms composant une équipe créatrice n'ont jamais offert de garantie absolument certaine sur le résultat porté dans le petit écran, mais si l'âme de toutes les créations passées est conservée, alors il n'y a pas de doute à avoir. Car s'il est un fait dont je suis certaine, c'est que David Simon & Co sont capables, instinctivement, naturellement, de transposer à l'écran, avec une authenticité rare, une vraie chronique sociale au sens noble et quasi-journalistique du terme. Que cela se déroule dans les rues de Baltimore (The Corner, The Wire), d'Irak (Generation Kill) ou de la Nouvelle-Orléans, l'objectif demeure le même : recréer, ou plutôt décrire, une certaine Amérique dans un environnement particulier, par le biais d'un récit toujours profondément humain. A l'heure où les fictions pré-formatées débordent des grilles de programmes, voici le prototype opposé ; et c'est un véritable bol d'air.

Et, oui, par son seul pilote, Treme m'a conquise.

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Sans scènes d'exposition ou longueurs introductives dilatoires, le pilote de Treme propose une immersion immédiate dans une Nouvelle-Orléans traumatisée, encore ébêtée, comme sonnée débout par la catastrophe qu'elle vient de connaître et dont elle commence seulement à envisager de se relever. Ses fondations-mêmes semblent atteintes, touchée jusqu'au plus profond de son âme, dans ce tourbillon de chaleur humaine auquel elle reste associée. Du déchaînement des éléments, de cette déferlante inarrêtable des eaux sur la ville, nous ne verrons aucune image directe, si ce n'est quelques rappels, souvenirs aussi fugaces qu'inutiles, finalement, tant la catastrophe demeure une ombre permanente qui pèse sur chaque mise en scène, dans toute référence directe comme au creux de ces non-dits si révélateurs dans les dialogues entre les personnages. 

Ne nous faisant pas revivre ces moments où tout bascula, Treme s'ouvre ainsi quelques mois après le passage de l'ouragan Katrina. Suivant une approche familière aux téléspectateurs qui ont gardé en tête les précédentes oeuvres de l'équipe créatrice, le pilote se rapproche d'un instantané de la ville, portrait d'une cité meurtrie où le quotidien, hésitant, reprend peu à peu ses droits. Fidèle à ce format de chronique sociale, où la caméra s'efface presque pour capter une authenticité et une spontanéité des faits relatés, l'épisode offre une présentation chorale de tranches de vies, où les différents protagonistes introduits s'insèrent naturellement dans la photographie plus vaste, omni-présente, que constitue le décor de la Nouvelle-Orléans. Les scénaristes esquissent les bases des storylines, laissant le récit trouver son propre rythme.

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La scène d'ouverture de la parade musicale, véritable modèle du genre, résume parfaitement l'essence de Treme. Elle est tout autant un symbole de cette expression par la musique, inaltérable, qui bat au coeur de cette ville, que les premiers signes d'une renaissance que la série nous invite à suivre. Il s'agit du premier défilé depuis Katrina. Sur un plan narratif, c'est également l'occasion d'un premier contact avec un cadre imposant, la ville en elle-même, mais aussi avec plusieurs des personnages principaux avec lesquels nous allons par la suite nous familiariser. Finalement, sont condensés dans ce défilé tous les aspects majeurs, complémentaires autant qu'indissociables, qui ressortent de ce premier épisode.

L'élément le plus marquant de ce pilote réside, en effet, dans l'effort réalisé - et réussi -  pour transposer à l'écran l'âme de la Nouvelle-Orléans. L'univers coloré à l'excès de cette ville a toujours exercé une certaine forme de fascination sur l'imaginaire collectif : quelque part entre le carnaval et le jazz, c'est le côté festif que l'on retient généralement. Nombre de fictions s'y sont risquées par le passé, pour des résultats très divers, proposant invariablement des empilements plus ou moins digestes d'images d'Epinal auxquelles "The Big Easy" demeure associée dans l'esprit de chacun. D'ailleurs, en essayant de fouiller dans ma mémoire téléphagique, j'y ai trouvé assez peu d'évocations de cette ville : j'ai conservé de lointains, mais très agréables, souvenirs de Flic de mon coeur, qui restera sans doute comme la photographie sériephile de cette Nouvelle-Orléans d'avant Katrina. Dans un autre registre, Thief avait une autre ambition, mais est restée trop inconnue malheureusement. Plus récemment, K-Ville était oubliable et a été vite oubliée.

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La force de Treme est de parvenir à donner vie, de façon naturelle, sans artifice ou effet de style inutiles, à une atmosphère qui renvoie pourtant parfaitement aux particularités profondément attachées à la Nouvelle-Orléans. Tout dans ce pilote respire cette cité, sans que l'on ait l'impression que l'introduction de ces multiples détails, qui sont autant d'anecdotes formant un tout homogène, paraisse forcée. Mais au-delà de cette capacité à proposer un récit humain, chronique quotidienne ordinaire aux accents pourtant spécifiques, il est impossible d'évoquer ce premier épisode sans parler de la place occupée par la musique.

Plus qu'un simple accompagnement du quotidien, c'est toute la Nouvelle-Orléans qui vit par ce rythme dansant et entraînant. Entendez-moi bien, il ne s'agit pas là d'une simple bande-son qui équivaudrait à une sélection pseudo-folklorique de morceaux "typiques" destinée à  créer une "ambiance", même si Treme joue habilement sur cet aspect touristique, notamment à travers la programmation de la station de radio. Ici, ce que l'on ressent véritablement, c'est le pouls de la Nouvelle-Orléans. On perçoit, au milieu de cet univers si contrasté, entre couleurs originaires et noirceurs d'après la catastrophe, cette identité volatile qui s'exprime par le biais de la production musicale des personnages musiciens. Qu'elle vienne illustrer une renaissance, comme la scène d'ouverture, ou conclure une vie, comme le marque l'enterrement final, la musique révèle, ou marque, chaque étape du quotidien, témoignant de tout un panel si diversifié d'émotions et d'impressions.

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Aussi omni-présente que soit cet aspect musical, le téléspectateur n'a jamais l'impression de se voir offrir un simple jukebox. La musique est élevée au rang d'outil de narration, utilisée par les scénaristes, pour porter à l'écran, de façon réfléchie et aussi explicitement que par les dialogues, cette chronique sociale qu'ils se proposent de nous conter. En parallèle, la dimension humaine  de la série demeure donc logiquement centrale. Dans cette optique, le pilote présente toute une galerie homogène de personnages dont les tranches de vie se croisent et s'entre-choquent. Les blessures béantes laissées par Katrina n'ont pas encore commencé à cicatriser et obscurcissent tout l'horizon de Treme. Il y a bien sûr les dégâts qui sautent aux yeux du téléspectateur, ces ruines matérielles qui paraissent les plus concrètes. Mais, en arrière-plan, c'est un mal plus insidieux, plus profond, qui frappe la Nouvelle-Orléans. Ce ne sont pas seulement les maisons qui manquent, le désert que constituent certains quartiers où ne restent que des tôles froissées souligne une absence plus criante : c'est toute une population qui a été durement touchée.

Tous les habitants ne sont pas encore revenus des évacuations effectuées dans l'urgence, alors que plusieurs semaines se sont déjà écoulées depuis la catastrophe. Tous ne rentreront pas, l'eau ayant finalement balayé et tiré un trait sur un passé qu'ils souhaitent désormais laisser derrière eux. Certains ont tout perdu. D'autres reviennent sur leurs pas, retrouvant des lieux autrefois familiers où ne restent que moisissures et toitures éventrées. Chacun donne l'impression de naviguer à un peu à vue, entre fatalisme et désir ardent de tourner la page, d'aller de l'avant même si quelque chose semble irrémédiablement cassé. Si certains personnages se voient déjà attribuer un rôle bien défini, de trublion, de musicien, de victime... On devine qu'il ne s'agit que d'un premier contact, un premier aperçu de personnalités diverses, complexes, qui ne sont aussi aisément catégorisables que l'image initialement renvoyée.

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S'inscrivant volontairement dans l'ombre du traumatisme causé par Katrina, l'épisode construit progressivement une communauté, des habitants dont le point commun demeure leur amour pour leur ville. Dans ce décor où certains quatiers semblent plus évoquer un pays du Tiers-Monde que les Etats-Unis, un sentiment d'isolation prédomine, renforçant un peu plus les liens entre chacun. Comme si quelque chose s'était arrêté, sur place, au passage de l'ouragan. Dans cette perspective, les scénaristes n'omettent pas de confier, à ces oubliés qui ont l'impression d'être laissé pour compte, un porte-voix pour crier toute leur frustration. Dans cette faillite complète du système qui laisse les habitants livrés à eux-mêmes, confrontés à une perte que seuls peuvent comprendre, il y a également une recherche de responsabilité. Qu'elle soit exposée de façon explicite à travers le personnage de Creighton Bernette, ou qu'il s'agisse d'un simple constat face à cette soeur qui recherche désespérément un frère qui n'a pas reparu depuis l'évacuation, la charge contre les officiels, contre les décideurs politiques, est bien réelle. Cette frustration, mêlée de désillusion, des personnages frappent le téléspectateur et ne laissent pas indifférent.

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Côté acteurs, c'est l'homogénéité d'un casting au diapason de l'atmosphère de la série qui interpelle. Les personnalités s'effacent devant la caméra. Tous sont au parfaitement immergés dans l'ambiance, ils respirent naturellement l'atmosphère qui émane de Treme. Ce n'est pas très étonnant, car c'est dans l'ensemble un casting solide qui a été réuni. La plupart des personnages clés sont incarnés par des têtes plutôt familières du petit écran, à commencer par un certain nombre en provenance directe de Baltimore (The Wire et/ou The Corner), comme Wendell Pierce, Clarke Peters. Khandi Alexander retrouve sa dignité et un rôle à sa hauteur après une période d'égarement sous le soleil de Miami. Melissa Leo nous revient pour son premier rôle principal depuis Homicide. Kim Dickens continue de se construire une jolie petite filmographie (Deadwood, Friday Night Lights). Si vous avez des souvenirs téléphagiques de la décennie 90, John Goodman devrait vous dire quelque chose (Roseanne).

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Bilan : Le pilote de Treme propose un véritable instantané d'une ville meurtrie, par le biais d'une mosaïque de tranches de vie qui se téléscopent, dans les mois difficiles qui suivent le passage de l'ouragan Katrina. Plus qu'une plongée immédiate au coeur du centre névralgique de la Nouvelle-Orléans, la force de cet épisode est de parvenir à capter et à porter à l'écran un portrait d'une richesse qui sonne d'une authenticité rare. Les détails de la narration jusqu'à l'instrumentalisation de la musique, omni-présente, réussissent à transposer l'atmosphère si particulière, mais obscurcie par la catastrophe, qui renvoie à l'âme-même de cette cité.


NOTE : 9/10


Le générique de la série :


Une bande-annonce de la série :


14/04/2010

(K-Drama / Pilote) Cinderella's Sister : artifices et complexités au sein d'une famille recomposée


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Diffusée depuis le 31 mars 2010 sur KBS2, Cinderella's Sister est, parmi les nouveautés sud-coréennes de ce printemps 2010, le premier k-drama dont le pilote remplit efficacement son office, c'est-à-dire que sans me faire crier au chef d'oeuvre, il m'a donné envie de découvrir la suite. Même si je n'ai pas encore jeté un oeil à toutes les nouvelles séries qui ont fleuri sur les chaînes sud-coréennes en ce printemps, je ne serais pas loin de penser que Cinderella's Sister peut être considérée comme l'une des plus prometteuses de la saison.

Certes, il convient de nuancer ce premier jugement : cette introduction peut être trompeuse, car, elle a une fonction de pure exposition, l'épisode nous en apprenant finalement relativement peu sur l'évolution future de la série et sur l'orientation que prendront les storylines. Cependant, il installe une situation de départ à l'atmosphère loin d'être manichéenne et plutôt accrocheuse, où un froid pragmatisme teinté de cynisme et dénué de tout artifice se dispute à la ré-écriture moderne de l'utopie d'un conte de fée, pour un résultat à dimension très humaine.

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Comme le titre du drama l'indique, Cinderella's Sister s'inscrit en référence à une histoire bien connue, celle de Cendrillon. La série entend se réapproprier, de façon assez lointaine et moderne, le mythe de ce conte de fées, en choisissant d'évoquer l'histoire d'une famille recomposée, et plus précisément de suivre la vie de deux jeunes filles, devenues soeurs en raison du rapprochement de leurs parents.

Le premier épisode propose de suivre l'installation de cette situation. Il ne donne pas vraiment de pistes sur le futur développement des intrigues, mais permet d'introduire les différents personnages, dotés de personnalités plutôt tranchées, et nous familiarise avec les enjeux qui entourent ces deux familles qui vont s'unir. Le rôle du hasard et la magie de la coïncidence, particulièrement appréciés des scénaristes des dramas asiatiques, jouent pleinement leur rôle pour nous offrir une suite d'évènements qui va conduire à une rencontre imprévue autant qu'improbable, que rien n'aurait pu laisser présager, mais qui va bouleverser le quotidien de chacun des protagonistes. Une nouvelle fois, nous est proposée une exploitation de la thématique du contraste entre des milieux sociaux presque opposés. Mais cet emprunt au conte de fées moderne, affectionné par nombre de dramas et qui n'a rien d'original, n'est pourtant pas central dans ce pilote : il va parvenir à se distinguer par un aspect plus humain et personnel, avec en filigrane le poids du passé de chacun, dictant leurs comportements présents.

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En effet, ce qui m'a le plus interpelé dans ce premier épisode de Cinderella's Sister, c'est le fait qu'elle présente un récit de vie très humain et fort peu aseptisé, plutôt tranchant dans le paysage téléphagique actuellement proposé en ce printemps 2010. La scène d'ouverture est de ce point de vue très révélatrice : elle s'ouvre chez le compagnon actuel de la mère, Song Kang Sook. Tandis que le couple se dispute en arrière-plan, Song Eun Jo prépare à manger à son "frère" du moment, comme si de rien n'était. Les cris montent, l'intensité se change en danger et, au moment où les coups commencent à voler, comme une goutte d'eau qui fait déborder un vase plus que plein, Eun Jo intervient et décide que "trop c'est trop" et qu'il est temps de changer d'air, entraînant sa mère avec elle.

Il est difficile pour le téléspectateur de ne pas instinctivement s'attacher et s'intéresser à cette héroïne qui fait preuve d'un sens de l'initiative et d'un caractère qui s'impose immédiatement à l'écran : derrière son naturel méfiant et presque sauvage, on devine une adolescente qui a dû trop rapidement grandir et qui, ballotée au gré des errances masculines de sa mère, a dû avoir son lot d'expériences qui vous font perdre toute innocence et vous changent en adulte avant même que vous n'ayez goûté à votre enfance. L'utilisation, avec une parcimonie opportune, d'une voix off afin de nous faire partager les réflexions désabusées de la jeune fille à quelques passage clés, comme lorsqu'elle envisage d'abandonner sa mère dans le train, est particulièrement bien pensée ; absolument pas envahissante, cela permet de souligner et de mieux comprendre ce personnage complexe qui nous est présenté.

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Dans la droite lignée de cet aspect qui souligne une part assez sombre de la nature humaine, force est de constater que ce qui domine ce pilote, ce n'est pas tant l'impression d'une appartenance à la mouvance du conte de fées, mais plutôt un certain pragmatisme, teinté de cynisme, qui paraît gouverner l'ensemble des actions des personnages.

Certes, dans la famille riche - le père, entrepreneur à succès et sa fille -, il y a une plus forte propension aux bons sentiments, auxquels demeure rattachée une forme d'insouciance. Mais les drames de la vie ont également laissé leur trace, avec le décès de la figure féminine et maternelle. A la tristesse suscitée par la perte d'une épouse, d'une mère, a succédé ce besoin de la remplacer, de retrouver une présence réconfortante à leur côté ; et ce, même si cette substitution doit avoir une part d'artifice. La nécessité de retrouver quelqu'un conduit à une forme de déni de réalité. Il est aisé de céder à la facilité, en rencontrant finalement une femme qui renvoie l'image tant recherchée et qui pourrait s'immiscer dans le rôle qu'ils souhaiteraient la voir remplir : offrir un remplacement et apaiser leur chagrin. Peu importe qu'il y aient des arrières-pensées de part et d'autre ; que tout cela puisse paraître précipité. Le pragmatisme l'emporte.

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Si ces mécanismes de survie agissent de façon plus inconsciente dans la famille riche, jouant de manière assez implicite sans que le téléspectateur puisse vraiment distinguer entre la part de calcul et les sentiments spontanés, dans l'autre famille, la volonté de s'en sortir est plus clairement affichée. Il faut dire que l'enjeu n'est pas ici cantonné uniquement à de l'émotionnel. Dans ce drame ponctué d'épreuves que constitue la vie, la fin justifie les moyens. La manipulation, plus ou moins instinctive, est alors élevée au rang d'outil nécessaire dont on ne peut faire l'économie. L'attitude de la mère dans la belle maison, à partir du moment où elle apprend que le chef de famille est veuf, est à ce titre particulièrement révélatrice ; tout comme les réactions épidermiques de sa fille, tellement endurcie qu'elle est bien incapable d'envisager un environnement qui ne soit pas hostile.

Pourtant, il semble y avoir un point commun entre tous ces personnages : un désir de continuer à avancer en dépit des traces laissées par une vie déjà pleine de désillusions. Avec des personnages naviguant entre fausse quête en vue d'une hypothétique rédemption et essai hésitant pour parvenir à faire la paix avec soi-même et avec un passé qui dicte chacune de leurs attitudes présentes, le pilote de Cinderella's Sister laisse entrevoir des pistes de réflexion qui confèrent une dimension profondément humaine à la série.

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Côté casting, l'héroïne est jouée avec beaucoup de fraîcheur et un dynamisme bien dosé par Moon Geun Young, croisée l'an dernier dans The Painter of the Wind. C'est surtout elle qui se détache au cours de ce pilote, marqué par de violentes confrontations avec sa mère interprétée par Lee Mi Sook (Great Inheritance). Kim Gab Soo continue d'étaler son don d'ubiquité pour incarner la figure paternelle ; rien que depuis le début de l'année 2010, vous avez pu le croiser dans le petit écran sud-coréen dans pas moins de trois dramas historiques : Chuno, Jejoongwon et Merchant Kim Man Deok. See Woo (Tempted Again) incarne sa fille, affichant pour le moment une innocence émotionnelle presque déstabilisante tant elle est excessive. Du côté des rôles masculins principaux, seul Chun Jung Myun (What's Up Fox?) est introduit dans ce pilote, personnage encore en retrait, un brin effacé. Taecyeon (plus connu des amateurs de Kpop, en tant que membre du groupe 2PM) devrait débarquer par la suite pour son premier drama.

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Bilan : Ré-écriture d'un conte dont elle égare la féérie pour en garder un portrait cynique, finalement très moderne, Cinderella's Sister propose un pilote prometteur, à l'écriture plutôt tranchante. S'il est trop tôt pour savoir de quoi le futur de la série sera fait, ce premier épisode réussit à capter l'attention du téléspectateur qui, tout en s'interrogeant sur la pérennité de cette famille promptement recomposée, se demande si les blessures de la vie que chacun arbore déjà jusqu'au plus profond de son être pourront guérir. La portée profondément humain de ce premier épisode dévoile un potentiel dramatique, mais aussi initiatique, intéressant. A suivre !


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :