Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 2 : The Beast Below

In bed above, we're deep asleep
While greater love lies further deep
This dream must end
This world must know

We all depend on the beast below.

dw502a.jpg

Mine de rien, une fois passée l'introduction effectuée lors du premier épisode, voici le téléspectateur presque aussi impatient que nos deux héros pour embarquer dans la première "vraie" aventure officielle d'Amy et Eleven. Conservant une tonalité assez innocente, en dépit d'un flirt avec la part la plus sombre de la nature de chacun, l'épisode s'attache avant tout - avec beaucoup d'entrain - à installer une dynamique au sein du nouveau duo qui se forme sous nos yeux : une présentation qui s'opère tant à destination du téléspectateur que pour chacun des deux personnages.

dw502b.jpg

Se baladant de façon insouciante dans les étoiles en profitant du cadre somptueux offert par le paysage, qui est toujours traité d'une façon restant très proche du merveilleux et du féérique - la vision présentée au téléspectateur semblant filtrée à travers les yeux d'Amy - , nos deux héros croisent la route du Starship UK. Qui n'est rien moins que la nation britannique en promenade dans l'espace ; ou plutôt en exil forcé de survie après que le soleil ait consummé la surface terrestre, la laissant inhabitable. La Grande-Bretagne a donc construit un gigantesque vaisseau, sorte de ville géante, pour survivre et partir en quête d'un nouveau foyer. Vue des étoiles, cette agglomération grise sur la coque de laquelle trône fièrement un drapeau britannique, a fière allure. Cependant, évidemment, les voyages à simple portée touristique n'existent pas dans l'univers du Docteur, le Tardis les conduisant invariablement dans des lieux où sa présence serait plus que la bienvenue.

C'est également le cas à bord du Starship UK. Sur quel mystère, quel non-dit, repose cette civilisation survivante ? Un secret se trouve en son coeur, fondation inavouable qui menace de l'étouffer et de détruire son âme-même. L'épisode progresse rapidement, fonctionnant sur des ficelles assez grosses qui pointent d'emblée vers l'étrange atmosphère qui règne à bord. De cette ambiance assez inquiétante, mais qui repose uniquement sur des suggestions, il en ressort surtout l'impression qu'il s'agit d'une intrigue de mise en route pour un Docteur désormais opérationnel. On prend le temps de découvrir comment le Time Lord raisonne, quels indices l'interpellent : c'est l'occasion pour Amy d'entrevoir la manière de fonctionner de son compagnon. Ce dernier reste toujours aussi dynamique, virevoltant et survolté, personnage entraînant aux côtés duquel la jeune écossaise impose progressivement un style et un caractère des plus affirmés.

dw502c.jpg

Là où l'épisode peut peut-être un peu décevoir, c'est dans l'ambition toute relative qui sous-tend son scénario. Il souhaite simplement proposer une aventure sans réelle conséquence, ayant principalement pour but de présenter la dynamique à venir entre ses deux personnages principaux. Une portée somme toute assez réduite qui correspond finalement à un début de nouvel ère, à un deuxième épisode d'une saison marquant un profond renouvellement...

L'intrigue de l'épisode donne l'impression de dérouler sans forcer, avec une certaine aisance qui s'apparente à un doux ronronnement pourtant conduit à un rythme élevé, mais sans véritablement marquer. Il s'agit d'une histoire aux ressorts très classiques. s'inscrivant dans la plus pure tradition de la série. Les thématiques abordées sont particulièrement connues, avec, en arrière-plan, le désir de revendiquer un héritage Who-esque qui est pleinement assumé. En toile de fond, l'enjeu demeure bien évidemment la survie de l'humanité, avec la problématique de ses rapports avec des extraterrestres, ou plutôt un alien en particulier. Mais ici, point d'invasion ou de victimes humaines, nous nous situons sur cet autre versant, plus redouté, celui du pan le plus sombre de la race humaine, également classique dans Doctor Who, dans lequel la fin est perçue comme justifiant les moyens : au coeur de cette histoire se trouve une interrogation sur les sacrifices moraux que l'humanité est prête à accomplir pour parvenir à survivre.

dw502d.jpg

Cependant la résolution du choix impossible posé au Docteur, finalement d'une simplicité presque trop déconcertante, amoindrit la portée d'un épisode à l'écriture innocente ou naîve, suivant la perspective du  téléspectateur. Si le but d'installation des personnages est atteint, le happy end, qui vient conclure cet épisode très (trop ?) calibré, pèche par son format : une succession d'évidences, énoncées à voix haute sans subtilité, venant précipiter, sans qu'on ait vraiment perçu initialement ce tournant, la consécration d'une compréhension mutuelle entre Amy et Eleven. En soudant ainsi les liens qui vont unir ce duo, cette histoire n'est pas aussi anecdotique que le désamorcement de crise accéléré qu'elle propose pourrait le faire penser, mais la conclusion garde un arrière-goût artificiel, qu'elle aurait pu s'éviter si l'écriture avait été plus fine.

En somme, cet épisode consacre la création d'une véritable équipe, complémentaire et où chacun est placé sur un pied d'égalité. Si cela s'opère d'une façon manquant singulièrement de naturel, au final, il délivre un récit plaisant, sans véritable autre conséquence : c'est une jolie histoire qui cadre bien avec l'idée d'un début de voyage où l'euphorie, portée par une forme d'inconscience, peut encore régner.

dw502e.jpg

Pour transposer à l'écran cette histoire, la force de l'épisode doit beaucoup à sa guest-star principale, qui impose une présence  particulièrement marquante à l'écran, Sophie Okonedo (Criminal Justice). Elle délivre en effet une performance très convaincante dans son rôle d'Altesse Royale, Elizabeth X, parvenant d'ailleurs en quelques brèves scènes à insuffler une force et une ambivalence à son personnage qui font leur effet sur le téléspectateur, ne pouvant rester indifférent au dilemme moral ainsi mis en exergue.

Du côté du casting principal, Matt Smith avait déjà assuré son intronisation en Docteur au cours du season premiere : de façon déjà presque routinière, il continue sur sa lancée, toujours prompt au théâtralisme, et dévoilant un personnage peut-être plus porté à se révéler, n'hésitant pas à se montrer sous un jour très tranchant et un brin plus sombre que sa précédente regénération. Le traitement un peu maladroit de l'intrigue ne permet pas d'apporter des réponses définitives sur Eleven, mais on perçoit, chevillé au coeur, tant l'existence de failles et de zones d'ombre que cette profonde affection pour le genre humain, constante immuable. Ayant surtout cultivé jusqu'à présent une certaine ambiguïté, j'attends de voir comment Matt Smith sera en mesure d'exposer les aspects les plus sombres du Docteur.

Karen Gillan doit, pour sa part, mener à bien sa première "vraie" aventure complète. Elle le fait avec beaucoup d'aplomb ; mais son personnage nous laisse encore un peu dans l'expectative, notamment en raison de ses hésitations, tel le secret qu'elle maintient autour de son mariage. Au fond, cet épisode constitue son intronisation à elle, s'affirmant vis-à-vis du Docteur. Cependant, elle semble n'avoir pas encore pleinement choisi sa façon d'être : entre sarcasme et émerveillement, entre impulsivité irréfléchie et pragmatisme très terre-à-terre (le choix qu'elle fait d'oublier pour ne pas imposer ce dilemme impossible au Docteur), elle navigue finalement à vue entre Amelia et Amy, entre la petite fille qui rêvait des étoiles et la jeune femme endurcie. Cela laisse place à l'interrogation ; nous verrons comment Karen Gillan saura jouer sur cette ambivalence dans laquelle elle investit pour le moment beaucoup d'énergie.

dw502f.jpg

Si l'épisode regorge de petits détails, plus ou moins utiles à l'intrigue, mais qui font aussi la différence et touchent le téléspectateur, les références anecdotiques marquantes dont l'épisode pullule ne sont pas des auto-références à l'univers Who-esque, mais plutôt un flirt continuel avec une trilogie cinématographique fondatrice de la science-fiction. En effet, le téléspectateur fronce les sourcils dès la première phrase tout droit extraite du recueil des citations cultes, au cours d'une scène où une jeune femme, qui se révèle être de sang royal, déclare au docteur : "Help us, Doctor. You're our only hope". Un attérissage dans la bouche d'un gigantesque extraterreste - d'où le Docteur parvient à les faire expulser - plus tard, le tout pour se conclure sur un final devant une baie vitrée offrant un spectacle étoilé grandiose, accompagnée de la transition en balayage d'une scène à l'autre dans la réalisation : il n'y a plus aucun doute sur l'oeuvre de SF que le scénariste avait à l'esprit lorsqu'il a écrit l'épisode : Star Wars.

Mais au fond, n'est-ce pas un hommage en parfaite adéquation avec la tonalité et la portée recherchée par cet épisode de Doctor Who : quelle oeuvre symbolise mieux que Star Wars l'exploitation de thèmes simples et fédérateurs, portée par un enthousiasme assez innocent ?

dw502g.jpg

Bilan : Ce deuxième épisode entend sceller l'installation du duo Eleven/Amy. Utilisant des thématiques très classiques de Doctor Who, s'en s'économiser une brève réflexion sur ce que l'humanité est prête à faire pour assurer sa survie, il présente une histoire assez simple où perce encore l'euphorie de l'ambiance des débuts de voyage. Laissant une impression au final un peu anecdotique, sa portée est amoindrie par une écriture d'une naîveté qui confine peut-être à la maladresse par moment. Cependant, l'aventure demeure plaisante et constitue une mise à bouche des plus entraînantes.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce du prochain épisode (de l'immuable !) :


10/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 2

a2as3e2a.jpg

Après un épisode introductif des plus efficaces, permettant de poser les enjeux de la saison, ce deuxième épisode retrouve la construction narrative classique de Ashes to Ashes : une réflexion sur les personnages occasionnée par une enquête policière, dont l'intérêt n'est pas dans une originalité quelconque, mais plutôt dans ce qu'elle insuffle à la dynamique de groupe, le tout saupoudré d'un soupçon de mythologie, qui reste pour le moment en arrière-plan - nous n'en sommes qu'au début de la saison.

La thématique globale de l'épisode propose une réflexion sur l'idée d'appartenance à une équipe, déclinant cette idée à plusieurs niveaux : à travers l'intrigue du jour, plutôt de transition, qui se saisit de l'opportunité de faire prendre un peu de relief au personnage de Shaz ; mais aussi par le biais de l'attitude d'Alex, qui s'intéresse trop au passé, en se concentrant sur la destinée de Sam Tyler.

a2as3e2b.jpg

L'enquête policière du jour transpose dans les années 80 une intrigue très appréciée des scénaristes des cop shows modernes,traitant du cas d'un serial killer. Une affaire qui commence de façon un peu artificielle et qui ne se départit jamais de l'impression qu'elle est un prétexte pour occuper, mais surtout faire réagir, les différents personnages. Car, si Ashes to Ashes délaisse un peu le caractère irréel et assez déconnecté qui avait prévalu au cours du premier épisode, ce deuxième se concentrant, à partir de bases plus rationnelles, sur l'intrigue du moment, elle rappelle constamment que les enjeux majeurs sont ailleurs, avec l'omniprésence du DCI Keats, en arrière-plan, qui, de manière insidieuse, s'efforce de miner la solidité et la loyauté des différents membres composant l'équipe constituée autour de Gene Hunt.

L'attente du téléspectateur étant focalisée sur des détails ou des références plus cryptiques, à connotation mythologique, il est logique que l'intrigue policière paraisse doucement ronronner. Pourtant, je confesse prendre toujours beaucoup de plaisir à observer toutes ces personnalités dissemblables et hautes en couleurs intéragir. Ashes to Ashes est parvenue à créer une ambiance atypique, profitant de son cadre temporel particulier, qui lui est très personnelle et donne la part belle aux personnages sur l'intrigue en elle-même. Marquant un fort contraste avec les fictions policières déshumanisées aux scenarii cliniques qui ont fleuri dans le paysage sériephile au cours de la dernière décennie, il se dégage de cette dynamique propre à la série quelque chose de chaleureux, qui lui permet de compenser des enquêtes aux ressorts par trop anecdotiques. Encore une fois, l'affaire du jour ne fera exception à cette règle.

a2as3e2c.jpg

Une main coupée du cadavre d'une jeune femme est envoyée à la police. Loin de tergiverser, Alex active instinctivement ses réflexes de psychologue pour s'improviser apprentie profiler, et surtout orienter l'enquête vers l'idée qu'il n'y aurait pas une seule victime, mais qu'il convient de rechercher si le tueur n'a pas déjà sévi. A partir d'éléments forts réduits, l'enquête progresse de façon finalement très rapide, en grande partie en raison des circonstances - le meurtrier accélère ses rituels macabres - et de la vivacité d'esprit d'Alex (qui n'est pourtant pas infaillible, ce que l'épisode rappelle opportunément). Cette progression accélérée, par paliers, est aussi le symptôme d'une construction somme toute très bâteau, qui ne recule pas devant le recours à certaines facilités scénaristiques. Non que l'on en tiendra rigueur à l'ensemble : en dépit de son cadre et la fibre nostalgique sur laquelle elle aime jouer, Ashes to Ashes n'est pas une série policière.

Cette affaire va surtout être l'occasion pour Shaz de s'illustrer. Douce Shaz, toujours en retrait, personnage féminin et effacé dans ce monde machiste et misogyne que constitue leur équipe. Elle n'a pas le caractère ou l'assurance d'Alex, qui bénéficie du fait qu'elle s'est forgée deux décennies plus tard, mais elle est une digne représentante de son époque. Pour une fois qu'elle se retrouve sur le devant de la scène, c'est évidemment que quelque chose vient enrayer cette apparence lisse que Shaz présente généralement. Elle doute de sa place au sein des forces de police, cherchant sa voie. Finalement, le cas du jour va prendre des connotations quasi-initiatiques, consacrant et consolidant la jeune femme dans l'équipe. Alors qu'elle veut démissionner, c'est elle qu'il va falloir envoyer sur le terrain pour coincer le tueur. Non seulement prend-elle des risques, mais elle est également contrainte de jouer les "femmes d'action". Se substituant symboliquement à Alex qui, depuis son arrivée, avait toujours endossé ce rôle en rupture avec les moeurs traditionnelles de l'époque, Shaz se démarque ainsi de l'ombre de celle qu'elle considère presque comme un mentor. Si le happy end paraît peut-être un peu trop beau à l'écran, avec une Shaz qui fait la paix avec elle-même, c'est aussi parce que l'enjeu de cette réflexion identitaire se situait surtout à un autre niveau : en coulisses, c'est la pérennité et l'unité de l'équipe, sur laquelle Gene Hunt exerce son influence, qui sont remises en question.

a2as3e2d.jpg

Car dans un épisode où la mythologie s'inscrit en retrait par rapport au premier, Keats semble s'exercer à un étrange jeu. Tout en agissant en parfait "policier des polices", s'intéressant aux cas au cours desquels l'unité aurait dérapés, oubliant la loi pour un prétexte ou un autre, son objectif premier paraît d'être une source de division. Les soupçons qu'il a, sans avoir eu l'air d'y toucher, introduits chez Alex ne sont qu'un premier pas. Lorsqu'il croise une Shaz en plein doute, un soir, seule encore à travailler au commissariat, il l'encourage à partir sans en prononcer formellement les mots. Cela souligne bien sa volonté de dissoudre toute cette équipe très - trop ? - soudée autour d'un leader charismatique auquel elle est entièrement dévouée. L'évolution de la storyline de Shaz est particulièrement révélatrice du fait que tout cela n'est que lutte d'influence entre Keats et Hunt. Après toutes les émotions provoquées par son face-à-face avec le serial killer, c'est dans les bras de Gene Hunt que, instinctivement, Shaz vient se réfugier lorsque ses collègues la rejoignent. C'est encore une fois Gene qui l'a fait changer d'avis et revenir sur sa démission. L'épisode, tout en se concentrant sur le personnage de Shaz, ne fait ainsi que consacrer, indirectement, le rôle central et déterminant de Gene.

a2as3e2e.jpg

La même dynamique se retrouve dans les réflexions d'Alex, qui se concentre aussi indirectement sur son patron en s'interrogeant sur la mort de Sam. Cette dernière, se posant peu à peu en fil rouge dont la résolution bouclerait tous les mystères de l'univers de la franchise, ramène inexorablement l'équipe à Manchester, à un passé qu'Alex ne connaît qu'à travers les propres dires de Sam lors de son retour dans le présent. L'ambivalence de Gene, le refus d'évoquer à nouveau cette mort... les scénaristes passent l'épisode à forcir le trait d'un mystère qui peu à peu s'épaissit, sans que la moindre progression concrète n'ait lieu. Les recherches d'Alex ne sont pas secrètes. Il est bien difficile pour le téléspectateur de cerner et de se positionner par rapport à cet intrigant jeu du chat et de la souris auquel elle joue avec Gene Hunt. Pour le moment, la série pose ses pièces une à une, sans se presser, se contentant de maintenir l'attention du téléspectateur sur une histoire qui aura forcément une portée déterminante.

D'ailleurs, sur un plan purement mythologique, si l'épisode fonctionne dans un cadre plus rationnel que le précédent, il ne se départit cependant pas de quelques hallucinations ou rappels que nous ne sommes pas dans une série policière au sens classique du terme. La série distille des indices, propose des énigmes pour le moment insolubles... Elle pique la curiosité de façon presque anecdotique, sans que nous ayons la possibilité de progresser dans ce puzzle qui se dresse devant nos yeux. L'aspect que je préfère dans ce teasing au long cours, c'est la façon dont est utilisée la bande-son de Ashes to Ashes : aucune chanson n'est choisie au hasard, elles cadrent toutes avec les enjeux et chacune renvoie un message particulier. Et quand le téléspectateur entend retentir un bref extrait de Life on Mars en croisant le regard de Shaz à la fin de l'épisode, il ne peut s'empêcher de tendre l'oreille et d'observer l'écran de façon plus intense, cherchant pour le moment vainement des réponses aux questions qui se bousculent dans sa tête.

a2as3e2f.jpg

Bilan : Episode plus classique que le précédent, l'enquête policière n'en est qu'un cadre prétexte. L'enjeu réside dans le développement d'une thématique forte, celle de l'appartenance à un groupe : idée autour de laquelle tout semble tourner et qui s'impose avec beaucoup de force, se révélant face aux agissements du personnage trouble de Keats, mais sur laquelle pèse également l'ombre de la mort de Sam Tyler. Ashes to Ashes distille ses éléments mythologiques au compte-goutte, elle a toute une saison pour apporter des réponses aux interrogations qu'elle prend plaisir à susciter chez un téléspectateur qui n'ose plus garder de certitudes sur cet univers. Nous ne sommes pas pressés, il faut savourer cette dernière ligne droite.


NOTE : 7,5/10

07/04/2010

(K-Drama / Pilote) Oh! My Lady : la plongée d'une ahjumma dans le showbizz


ohmylady1.jpg

Cette première note inaugurant le "mercredi asiatique" offre l'occasion de poursuivre la découverte des dernières nouveautés sud-coréennes. J'avoue que pour le moment, je n'ai toujours pas croisé de séries printanières me donnant envie de m'investir dedans. Certes, vous me direz, ce n'est pas forcément une mauvaise chose : que je finisse déjà toutes les séries de janvier ! Même si je pense que je garderai une place parmi les pilotes, au cours des prochaines semaines, pour vous parler de Personal Taste et de Cinderella's Sister, deux dramas qui figurent sur ma liste de tests à venir, il sera aussi bientôt temps d'attaquer les bilans d'ensemble des Chuno et autres The Woman Who Still Wants To Marry (ainsi que des séries plus anciennes pour lesquelles j'arrive au bout comme City Hall).

En attendant de trouver un peu de place et d'énergie pour tous ces projets, la review du jour sera relativement modeste, à l'image de la nouveauté découverte : Oh! My Lady. Cette comédie romantique a débuté depuis le 22 mars 2010 sur la chaîne SBS.

ohmyladyb.jpg

Oh! My Lady s'inscrit dans le schéma très classique de nombre de séries sud-coréennes, avec l'utilisation de la thématique de la rencontre entre deux personnes de milieux très différents. En l'occurrence, le clash ici mis en scène est celui des préoccupations d'une ahjumma sans emploi stable avec le monde des paillettes artificielles du showbizz.

Yoon Gae Hwa, une jeune mère divorcée, parvient difficilement à joindre les deux bouts, cumulant les petits jobs à la manière d'une intérimaire. Au cours du premier épisode, se faisant expulser de leur appartement, elle se voit d'ailleurs contrainte de confier sa fille au père de celle-ci. A l'opposé, Sung Min Woo est un jeune acteur/top-model qui est au sommet de sa popularité. Sans autre réel talent qu'une gueule d'ange et des pectoraux qu'il est prompt à exhiber, il fait le désespoir des réalisateurs de dramas dans lesquels il joue (ou du moins, "essaye" devant la caméra), mais le bonheur des hordes de midinettes fanatiques qui le suivent. Doté d'un mauvais caractère, arrogant mais aussi pas forcément très débrouillard, il va rencontrer l'héroïne lorsque celle-ci est engagée comme femme de ménage dans son bel appartement de luxe.

Si le premier contact entre les deux jeunes gens, ayant chacun leurs soucis et un tempérament un brin emporté, se passe évidemment de façon la plus explosive (et futile) qui soit, ce n'est que le début d'un enchaînement de circonstances qui ne va pas cesser de les faire se croiser. Yoon Gae Hwa va être engagée par une agence qui veut monter une production musicale avec Sung Min Woo à l'affiche, afin d'attirer les sponsors pour financer le projet. Dans le même temps, la vie égoïste de l'acteur va être bouleversée par l'arrivée d'une petite fille, dont il n'a jamais entendu parler, mais qui est présentée dans la note qui l'accompagne comme sa fille.

ohmyladya.jpg

Oh! My Lady opte rapidement pour un traitement très léger de ses intrigues, avec un recours important aux codes scénaristiques du soap. Les relations entre les personnages se situent au coeur de la série, les histoires apparaissant souvent plus comme un prétexte pour leur offrir l'occasion d'intéragir et de s'opposer. Les deux premiers épisodes jouent sur un registre très excessif, où la comédie tente d'imposer ses droits avec plus ou moins de succès. Il faut avouer que l'originalité n'est pas le maître mot des scénaristes qui restent prudemment sur un sentier trop balisé et se contentent de recourir à des comiques de situation ou à des pseudos gags tellement de fois déjà mis en scène par le passé, qu'ils prêtent difficilement à sourire. Ajoutons à cela un manque de subtilité et un art pour souligner l'évidence qui alourdit un peu l'ensemble ; et vous comprendrez pourquoi Oh! My Lady m'a laissé un peu de glace.

Pourtant, il serait injuste de dire que la série n'est pas plaisante à suivre à certains niveaux. Cela est du en grande partie à la fraîcheur et à l'énergie qui transcende son héroïne, juste parfaite pour trouver le savant mélange entre un caractère appliqué et droit, et ce petit soupçon de désespoir face à sa situation financière qui révèle une personnalité plus décidée et moins naïve que l'image qu'elle renvoie a priori. C'est de cette petite dualité piquante, qui se développe au fil des deux premiers épisodes et qui se couple au capital sympathie dont le personnage bénéficie rapidement auprès du téléspectateur, que peut venir le salut d'un drama qui reste trop timorée pour s'imposer véritablement dans ce registre de la comédie.

En dépit d'un visionnage pas déplaisant, il manque donc à Oh! My Lady un brin de folie, une réelle spontanéité dans l'écriture, qui aurait permis d'éviter l'écueil d'une narration trop plate pour être vraiment accrocheuse.

ohmylady6.jpg

Cette même impression de superficialité un peu vaine se retrouve également dans la forme. La bande-son avec ses musiques pseudo-entraînantes, censées souligner le côté clinquant de l'histoire, ne marque pas, révélant surtout une futilité oubliable. La réalisation se révèle aussi des plus classiques, sans la moindre prise de risque.

Enfin, du côté du casting, les acteurs semblent avoir pleinement intégrés leurs personnages, en bons comme en mauvais côtés. Si cela est sans doute en partie lié à l'écriture-même des individus qu'ils doivent interpréter, je pense que leurs prestations n'est pas étrangère non plus à l'image que renvoient les différents protagonistes. Ainsi, Chae Rim (Dal Ja's Spring) se révèle profondément attachante, parvenant à alterner les différentes attitudes avec beaucoup de spontanéité, tour à tour déterminée, effacée ou bien espiègle, elle insuffle une vie et un dynamisme à son personnage qui rend Yoon Gae Hwa très sympathique. J'oserai dire qu'elle supporte plus ou moins l'ensemble du drama sur ses épaules. A l'opposé, le jeu de Choi Si Won (croisé dans Spring Waltz) semble se réduire à une sorte de reflet des propres faiblesses de Sung Min Woo : une gueule d'ange, mais des expressions assez monolithiques qui ne laissent au personnage qu'un seul registre d'expression et lassent assez vite le téléspectateur. L'alchimie ne prend pas instantanément entre ce duo principal ; peut-être faut-il leur laisser plus de temps.

Mais pour le moment, cela donne un côté assez déséquilibré à l'ensemble, avec l'impression d'être devant une série un peu trop à sens unique en l'honneur d'un seul personnage qui tire vraiment son épingle du jeu. D'autant qu'au bout de seulement deux épisodes, les autres membres du casting n'ont pas encore eu trop le temps de s'installer, à l'image de Lee Hyun Woo (Dal Ja's Spring), le producteur qui souhaite engager Sung Min Woo pour une oeuvre musicale, et qui reste en retrait, un peu figé dans les décors.

ohmylady2.jpg

Bilan : Les débuts de Oh! My Lady ne sont pas déplaisants à suivre : plutôt rythmés, concentrant rapidement un petit capital sympathie intéressant, l'histoire s'installe sans perdre de temps. Seulement le drama ne propose rien de neuf : les ficelles scénaristiques utilisées, tellement usées, n'encouragent pas le téléspectateur à s'investir dans une série pourtant ni mal écrite, ni mal jouée (grâce à l'héroïne), mais qui, simplement, n'a aucune autre ambition que d'offrir une énième déclinaison de la comédie romantique sud-coréenne. Ce n'est pas mauvais, ni désagréable à suivre, même si cela manque singulièrement d'un brin de folie et de spontanéité qui auraient permis à la série d'exploiter pleinement sa volonté de faire dans le comique.

Un peu trop plate mais plutôt sympathique, elle reste cependant sans réelle ambition : voilà donc résumée mon impression des deux premiers épisodes de Oh! My Lady. Ce n'est sans doute pas suffisant pour que je poursuive plus loin ma découverte.


NOTE : 4,75/10


Une bande-annonce de la série :


05/04/2010

(UK) Doctor Who Confidential, series 5, episode 1 : Call me the Doctor

dwcs5e1a.jpg

Pour faire un peu plus connaissance avec les nouveaux membres de l'équipe en ce début de saison 5, rien ne vaut un petit Doctor Who Confidential. Celui qui suit le premier épisode est opportunément nommé "Call me the Doctor". Outre assouvir mes envies de picspams (mais on n'a jamais trop de Docteur sur son blog, non ?) et nourrir une obsession qui prend des proportions chaque jour un peu plus envahissantes (bien revigorée par la qualité de ce premiere), c'est toujours intéressant de prendre le temps d'écouter quelle vision ceux qui sont en charge avaient pour l'histoire qu'ils ont mise en scène.

Ce n'est pas une note que je ferais pour chaque épisode de la saison, mais, pour aujourd'hui, profitons de ce jour férié pour aller se balader en coulisses.

(Rassurez-moi, je ne suis quand même pas la seule à prendre le temps d'ajouter 40 minutes de vidéo supplémentaire pour avoir ma dose hebdomadaire du Docteur ?)

dwcs5e1b.jpg

Rien que pour retrouver toute l'équipe en répétition, dans une ambiance détendue, plaisantant entre eux autour de la table de réunion, cela vaut le détour et fait démarrer ce Confidential dans une bonne humeur rapidement contagieuse pour le téléspectateur, encore sous le charme du premier épisode de la saison. Toute l'équipe se familiarise avec chacun des nouveaux membres, en répétant les premières scènes de l'épisode ; et nous découvrons Steven Moffat en chef d'orchestre, qui va donc être notre guide et le décrypteur de cette saison.

dwcs5e1c.jpg

Logiquement, le premier sujet évoqué va être le changement de Docteur, et plus précisément, l'intronisation de Matt Smith dans ce rôle. Donc, avant de s'intéresser au contenu de l'épisode, on nous propose le récit de la façon dont l'acteur a obtenu le rôle et ce que cela symbolise et signifie pour lui. De petites anecdotes assez fun, qui sont surtout l'occasion pour le téléspectateur d'adopter instantanément Matt Smith, avec un angle d'interview un peu plus personnel choisi à dessein.

dwcs5e1d.jpg

Steven Moffat vient également expliquer les raisons pour lesquelles Matt Smith était fait pour ce rôle : de sa façon d'être, naturellement, jusqu'à ses cheveux, tout collait au portrait-robot imaginé par le scénariste. A ce sujet, ce qui m'a marquée dans le premier épisode, c'est combien Matt Smith renvoyait parfaitement l'image d'ambivalence jeune/ancien recherchée ; c'était l'objectif annoncé, mais de ce point de vue, il est certain que, quoique les médias aient pu écrire dans les semaines suivant l'annonce, la jeunesse de l'acteur va constituer un atout pour construire son personnage dans ce registre très particulier propre à un Time Lord de près d'un millénaire.

dwcs5e1e.jpg

Dans une approche toujours assez personnelle, pour atteindre l'objectif "faisons adopter Matt Smith au téléspectateur" (alors même que, franchement, toute cette débauche de bons sentiments n'était pas nécessaire - je l'aime déjà cet acteur !), le Confidential nous fait rencontrer parents et grand-parent (!), qui y vont de leurs petites anecdotes sur la façon dont leur fils leur a appris la nouvelle, mais aussi sur le fait que l'on croise des personnes avec un degré de fan-attitude encore plus marquée que le mien dans les contrées anglaises !

dwcs5e1f.jpg

Une fois cette présentation faite, nous pouvons revenir à des choses plus sérieuses, avec le décryptage de l'épisode du jour. Steven Moffat insiste sur sa conception de la transition entre deux êtres (Ten et Eleven) qui restent bien une seule et même personne, tout en soulignant la symbolique de ce premier épisode, où Eleven se regénère quasiment jusqu'à la fin, tant physiquement que du point de vue de sa personnalité. C'est la confrontation finale avec les Atraxis et le choix du costume qui parachèvent le processus.

Outre ces précisions narratives, Adam Smith, le réalisateur, vient apporter son bagage technique, déconstruisant plusieurs scènes, tant en expliquant certains effets rendus par la caméra pour accentuer l'importance de moments clés, ou bien simplement en nous montrant la conception de certains montages, tels le passage où la caméra s'immisce dans la tête du Docteur pour repérer le détail qui cloche dans la scène où tout le monde prend en photo le soleil qui s'est obscurci.

dwcs5e1g.jpg
(*Fashion suicide* Non, je ne veux pas savoir d'où sortent les habits que porte Matt Smith dans ce passage.)

Le Confidential s'intéresse aussi aux autres grandes nouveautés de cette saison, à commencer par un nouveau Tardis, regénéré lui-aussi, à qui on a fait subir un lifting et redesign complets. Une fois encore, c'est le soin accordé aux détails de cette entière reconstruction qui frappe, tandis que le téléspectateur découvre le nouveau Tardis aux côtés de Matt Smith.

dwcs5e1h.jpg

Le premier grand changement est une question d'échelle. C'est encore plus "bigger on the inside" que précédemment, puisque sa superficie intérieure a été doublée par rapport à la précédente version. Encore une fois, les choses ont été vues en grand et c'est assez impressionnant. J'aime beaucoup le jeu de couleurs auquel ils sont parvenus, c'est très classe.

dwcs5e1i.jpg

Je parlais du soin accordé aux détails, il n'y a qu'à les voir couver le tableau de bord pour bien prendre conscience qu'on est face à des passionnés. De la machine à écrire intégrée jusqu'à toutes ces petites manettes qui ne demandent qu'à être actionnées, il y a eu une volonté de rendre l'ensemble plus animé, de façon à bien souligner le caractère vivant du Tardis. Et cela revèle plutôt bien réussi !

dwcs5e1j.jpg

Une fois toutes ces introductions faites, le Confidential revient un peu plus à la trame de l'épisode, reprenant le récit narratif, pour nous proposer une dernière présentation fondamentale : celle d'Amy/Amelia Pond.

dwcs5e1k.jpg

Karen Gillan nous explique son personnage, qu'elle semble avoir bien cerné, en appuyant bien sur son côté très déterminé et décidé. La petite fille qui chérissait sa part d'imaginaire est devenue une jeune femme endurcie par ses désillusions (causées par le Docteur), qui a appris à privilégier son indépendance et à ne dépendre de personne, armée d'une volonté de fer et d'un fort caractère pas toujours facile à gérer.

dwcs5e1l.jpg

Le Confidential consacre aussi quelques minutes à l'adorable Caitlin Blackwood, dont on apprend qu'il s'agissait du premier tournage auquel elle prenait part. Elle n'avait jamais joué devant une caméra auparavant ; si bien qu'elle n'avait ainsi qu'une seule consigne : être naturelle. Autant dire qu'elle réussit très bien dans ce registre de l'innocence touchant aux contes de fées.

dwcs5e1m.jpg

Enfin, le Confidential nous amène sur le tournage de quelques scènes en extérieur, à la rencontre aussi de l'acteur incarnant le petit ami d'Amy.

C'était apparemment très important de ne pas tourner à Londres pour ce premiere, la ville semble être devenue, au fil des saisons, le centre névralgique invariable des épisodes se déroulant à notre époque. Si bien que les scénaristes ont voulu très opportunément rompre avec ce schéma. D'où l'idée de partir s'exiler dans un petit village "typique" de l'Angleterre profonde, un cadre "pittoresque" grâce auquel nous aurons droit à quelques échanges extras au cours de l'épisode, avec un Docteur ne pouvant que constater que la seule chose que l'on trouve ici est un bureau de Poste... fermé... tandis qu'il aurait plutôt besoin d'une station nucléaire.

dwcs5e1o.jpg

Le dernier "suspense" du Confidential sera l'explosion du screwdriver de Ten, qui rend l'âme dans la main du nouveau Docteur. La préparation de la scène est assez anecdotique, mais permet de souligner la bonne ambiance qui règne sur le tournage. Matt Smith, au bord de l'hypothermie (se baladant en chemise, quand ses collègues supportent anorak et bouilloires), s'inquiète pour son pouce tandis que le spécialiste des effets spéciaux lui branche les fils nécessaires destinés à recréer l'explosion qui doit avoir lieu entre ses doigts.


Bref, Call me the Doctor est un Confidential très sympathique qui remplit pleinement son objectif premier : donner envie au téléspectateur d'adopter tout ce petit monde et ces nouvelles têtes qui nous sont présentées. Vivement la suite de ces aventures à l'écran comme en coulisses !

 

Petit aperçu de la suite avec le trailer des Doctor Who Confidential de cette saison 5, diffusé à la fin de ce Confidential :

04/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 1 : The Eleventh Hour

"All of time and space, everything that ever happened, or ever will...
Where do you want to start ?
Anywhere you want, any time you want."

dw501g.jpg

Quel beau week-end sériephile de Pâques ! Il aura tenu toutes ses promesses. Après le solide début de Ashes to Ashes, hier soir, c'était au tour du tant attendu nouveau Docteur de débarquer sur BBC1, avec un premier épisode des plus enthousiasmants qui m'a laissé un sourire jubilatoire skotché sur les lèvres pendant plusieurs heures. "A brand new Doctor", du générique d'ouverture (au sujet duquel je suis un peu mitigée) jusqu'au design d'intérieur du Tardis. Mais une chose est sûre : Steven Moffat, Matt Smith et toute la nouvelle équipe auront brillamment réussi leur examen de passage, laissant entrevoir sous un jour des plus optimistes la suite de cette cinquième saison.

dw501h.jpg

Le premier tournant à bien négocier pour les scénaristes était l'entrée en matière : parvenir à présenter et introduire rapidement auprès du téléspectateur le nouveau Docteur et son futur entourage destiné à l'accompagner au cours de la saison. Exploitant les décalages classiques des voyages temporels, c'est une rencontre, presque progressive et qui s'étale dans le temps, qui nous est proposée. Les premières scènes vont instantanément donner le ton à un épisode diablement dynamique, dans lequel on se laisse entraîner avec beaucoup de plaisir. Le premier contact entre Amelia Pond et le Docteur est des plus réussis, car il y touche l'imaginaire en jouant sur une innocence rafraîchissante. C'est la rencontre d'une fillette curieuse qui n'a pas froid aux yeux et d'un nouveau Docteur, encore en pleine euphorie de sa regénération et qui n'a pas parachevé sa transformation.

En plus d'inscrire l'épisode dans une tonalité très jubilatoire, ces premières scènes sont l'occasion pour Matt Smith d'imposer d'emblée son jeu et la façon dont il va incarner ce onzième Docteur. Entre maladresses de circonstances et une assurance frôlant l'arrogance qu'il arbore avec beaucoup d'aplomb, le téléspectateur ne doute pas un seul instant qu'il est bien face à une réincarnation du Docteur. Et quelle réincarnation ! Pleine de vie et d'énergie, virevoltant, avec une nouvelle personnalité clairement affirmée, et en même temps si reconnaissable, que Matt Smith s'approprie instantanément avec beaucoup de brio. Les tâtonnements culinaires dans la cuisine symbolisent, de la plus légère des façons, ce mélange indéfinissable d'éléments immuables, mais aussi d'étincelles propres à ce onzième docteur.

C'est une réussite parce que le téléspectateur ne pense pas un seul instant à dresser des comparaisons. Il intègre immédiatement cette donnée : Matt Smith EST le Docteur, il n'y a aucun place laissée au doute, aucune tergiversation. Il se laisse entraîner dans le tourbillon de sa présence sans la moindre hésitation, ni réticence.

dw501f.jpg

Une fois l'objectif de ce premier contact, parfaitement maîtrisé, atteint, l'histoire de l'épisode renoue avec la plus classique des aventures du Docteur. Lorsque, à bord de son Tardis en perdition, il se crasha dans le jardin d'Amelia Pond, quelque chose d'étrange était en train de se produire depuis plusieurs jours dans la chambre de la petite fille. Une faille, dans le mur, d'où provenait une voix mécanique inquiétante évoquant l'évasion d'un Prisonnier Zéro. Mais avec un Docteur loin de sa forme optimale, encore troublé par une regénération inachevée, et un Tardis en un plus mauvais état encore, la résolution de cette énigme allait prendre plus d'une décennie d'années humaines et faire frôler la fin du monde à la Terre. Car après avoir fait miroiter à Amelia la perspective des voyages à travers les étoiles et le temps, la féérie de cette rencontre tournera court : les cinq minutes d'absence promises, par un Docteur forcé de faire fonctionner un peu un Tardis en surchauffe, se transformèrent en douze années, au cours desquelles le problème ne fut pas fixé tandis qu'Amelia grandit.

La petite fille au nom tout droit tiré de contes de fée était devenue une jeune femme au caractère toujours aussi prononcé, lorsque le Docteur revint pour respecter sa promesse. Avec 12 années de retard. Les voyages temporels et ce déphasage qu'ils provoquent ont toujours été une constante complexe de l'univers de Doctor Who, et je trouve particulièrement intéressant ce choix d'avoir voulu faire expérimenter la frustration que cela peut générer chez les "simples mortels", à la future nouvelle assistante de ce dernier. Restait à régler le cas du prisonnier, avec des gardiens désormais aux portes de la Terre, prononçant un ultimatum apocalyptique, façon très Guide du Voyageur Galactique, dont nous sommes devenus familiers.

dw501e.jpg

L'importance de cette intrigue n'est pas sa finalité - on ne doute à aucun instant de la réussite du sauvetage de la planète - mais la façon dont le Docteur va mener cela à bien et le plaisir que l'on va prendre à ses côtés. Ce qui est au coeur de tout, c'est la genèse d'une nouvelle équipe, l'introduction d'un entourage avec lequel le téléspectateur va devoir également se familiariser. Encore une fois, c'est sans heurt et de manière très naturelle que tout s'emboîte et prend forme. L'objectif de l'aventure du jour est de poser les bases relationnelles qui vont constituer l'armature du reste de la saison. Et l'épisode y réussit fort bien, à commencer par l'instauration d'une dynamique des plus explosives entre le Docteur et une Amy qui ne s'en laisse pas compter, offrant de sacrées réparties et des échanges des plus énergiques avec le Time Lord.

En esquissant les contours de ces deux fortes personnalités, ce premier épisode promet beaucoup pour le futur. L'alchimie fonctionne entre ce duo de choc, très volontaire. Amy a déjà été suffisamment déçue par le Docteur - 4 psys et 14 ans d'attente au total avant de pénétrer, enfin, dans le Tardis - pour savoir prendre de la distance : elle est prête à toucher au rêve, mais elle ne sera pas submergée. De plus, les scénaristes ont la présence d'esprit de lui imposer un lien fort avec le présent et la Terre, puisque c'est la veille de son mariage qu'elle choisit d'accompagner le Docteur. En réalisant ce fantasme de petite fille, elle ne coupe pas pour autant les ponts avec sa vie "terrestre". En plus de constituer une opportunité narrative utile au cours de la saison, pour occasionner des retours sur Terre (avec un petit ami a priori déjà au courant de l'existence du Docteur, si le futur mari est bien l'infirmier avec lequel elle sortait deux ans auparavant), cela permettra aussi des aventures sans arrière-pensées trop prononcées entre nos deux personnages principaux.

dw501d.jpg

Si la dynamique prend bien et s'annonce très prometteuse entre Amy et le Docteur, l'épisode est également réusit car, tout en se tournant résolument vers le futur, il sait opèrer une transition dans la continuité de l'univers de Doctor Who. L'intronisation de Eleven, pour qui l'aventure du jour constitue finalement un baptême du feu, est menée de façon progressive et cohérente. Si bien qu'il est difficile de ne pas ressentir une pointe de jubilation mêlée de satisfaction devant les dernières scènes de confrontation concluant les intrigues. Avec un sens du théâtralisme, peut-être encore plus poussé que ses précédentes réincarnations, et une certaine arrogance propre aux Time Lords mais qu'il affiche avec pas mal de complaisance, Eleven scelle avec classe son arrivée, tant dans ses scènes contre le prisonnier que face aux Atraxi.

La forte symbolique contenue dans la dernière confrontation directe avec les Atraxi est particulièrement opportune. En même temps qu'il finalise son look personnel, imposant ainsi sa propre identité, il assume l'héritage de ses regénérations précédentes et revendique ses actions passées. Cette brève visualisation, proposée sur l'écran des Atraxi, des dix Docteurs qui ont auparavant protégé la Terre contre tant d'invasions et autres attaques extraterrestres est une forme d'adoubement : elle intronise Eleven comme leur successeur de la plus emblématique des manières.

dw501b.jpg

Enfin, un premier épisode de saison de Doctor Who ne saurait existé sans l'introduction, de façon la plus énigmatique et cryptique qui soit et sans la moindre subtilité, du fil rouge qui va guider la saison jusqu'au season finale. Cet épisode n'échappe pas à cette règle qui semble définitivement être rentrée dans les moeurs de la série. Le téléspectateur apprend ainsi que les craquelures dans le continuum espace-temps qui ont permis au Prisonnier Zéro de s'échapper ne sont pas de son fait ; et, avant d'être repris par les Atraxi, il a le temps de proposer au Docteur sa propre charade pour présenter le danger qui pointe cette fois à la porte de l'univers : "The universe is cracked. The Pandorica will open. Silence will fall." Il est rassurant de constater que certaines choses ne changent pas. "A brand new Doctor", mais toujours de fameux fils rouges présentées de façon assez unique !

L'épisode se conclut par un dernier retour du Docteur dans le jardin d'Amy, deux ans après avoir frôlé la fin du monde à cause des Atraxi. Ce dont Amy rêve depuis 14 ans va enfin pouvoir se produire. Mais, ironiquement, le Docteur revient la veille d'un des jours les plus importants de la vie de la jeune femme, un jour qui aurait sans doute refermé à jamais cette parenthèse de rêve qu'il avait lui-même ouverte il y a des années en rencontrant cette petite rousse curieuse qu'était Amelia Pond. Le lendemain est en effet programmé le mariage d'Amy. Même si elle ne partage pas cette information avec le Time Lord, ce dernier lui promet de la ramener de façon à ce qu'elle semble n'être jamais partie - la magie des voyages dans le temps.

Dans cette dernière scène, l'alchimie entre les deux personnages est des plus convaincantes ; et, surtout, elle se révèle à l'image de ce premier épisode, pleine d'un dynamisme et d'une forme d'optimisme contagieux : un appel attirant vers de nouvelles aventures, que le téléspectateur ne va pas hésiter un seul instant à suivre !

dw501a.jpg

Bilan : Il règne sur ce premier épisode une ambiance presque euphorisante assez jubilatoire qui introduit très efficacement cette saison 5. Aventure who-esque classique en guise de baptême du feu pour un nouveau Docteur, mais également présentation d'un nouvel entourage prometteur, l'épisode réussit pleinement à nous faire adopter, quasi-instantanément, ces nouveaux protagonistes, tout en posant de solides bases pleines de promesses pour la saison à venir. Matt Smith impose d'entrée sa présence : il EST le nouveau docteur, il n'y a pas l'ombre d'un doute. Sa relation avec sa nouvelle assistante démarre également sur d'excellentes fondations, Amy étant une femme de caractère qui a déjà goûté à l'aspect le plus frustrant d'une relation avec un voyageur dans le temps comme le Docteur. Tous les ingrédients sont donc solidement en place. Geronimoooo !


NOTE : 9/10


Une bande-annonce de la saison 5 diffusée à la fin de l'épisode :


Le nouveau générique de la série pour cette cinquième saison :