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16/05/2012

(J-Drama / Pilote) Unmei no Hito : le scandale de la rétrocession d'Okinawa

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J'ai beaucoup hésité sur le sujet de ce mercredi asiatique. J'avais d'abord esquissé un bilan de premier visionnage des pilotes des différentes nouveautés printanières japonaise (parce qu'aucune ne m'a marqué suffisamment pour y consacrer un article entier pour le moment). Il y avait aussi ce drama plus ancien que je suis en train de finir. Mais finalement, après avoir déjà failli y consacrer le billet de la semaine dernière, je n'ai pu résister à l'envie de prendre la plume pour vous parler de mon dernier coup de coeur japonais... Entre politique, journalisme, Histoire, il y a tant à dire sur cette série. Et si Unmei no Hito est un drama de la saison hivernale, son sous-titrage a débuté le mois dernier ; pour le moment, les quatre premiers épisodes sont disponibles.

Diffusé sur TBS du 15 janvier au 18 mars 2012, le dimanche soir dans la case horaire de 21h, Unmei no Hito compte 10 épisodes de 45 minutes environ. Il s'agit d'une adaptation d'un roman éponyme de Yamasaki Toyoko, qui s'inspire lui-même d'un évènement réel, le scandale ayant entouré la rétrocession d'Okinawa par les Etats-Unis au Japon dans les années 70. La responsabilité de porter à l'écran cette histoire a été confiée au scénariste Hashimoto Hiroshi (qui a déjà pu démontrer ses talents d'adaptation historique dans Karei Naru Ichizoku par exemple). C'est une fiction très dense qui nous plonge dans les coulisses de la société japonaise, soldant certains comptes avec la Seconde Guerre Mondiale, mais qui parle aussi de démocratie avec une interrogation sur la place de la presse, le tout en mêlant grande et petites Histoires.

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Unmei no Hito s'ouvre dans le Japon du début des années 70. Ce drama va suivre sur une décennie le destin d'un journaliste, Yuminari Ryota, qui est alors en pleine ascension professionnelle. En charge du service politique du grand quotidien qui l'emploie, l'ambitieux reporter a ses entrées dans les cercles gouvernementaux du pouvoir. Il a dans le même temps une idée claire de son métier : dans sa quête de scoops et de vérité, il n'hésite cependant ni à poser les questions qui fâchent, ni à se montrer entreprenant et tacticien pour obtenir des informations. Avec ses quelques soutiens de l'ombre et son travail rigoureux, il semblerait que rien ne puisse venir entraver une carrière qui s'annonce très prometteuse.

Mais, 1971, c'est aussi la date de la signature d'un traité entre le Japon et les Etats-Unis, organisant la rétrocession d'Okinawa, et précisant notamment le sort des bases militaires américaines et le paiement d'indemnités. Lors des négociations diplomatiques qui eurent lieu, le gouvernement américain exigea certaines contre-parties stratégiques et financières de la part du gouvernement japonais que ce dernier ne pouvait, politiquement, rendre publiques. Or grâce à une de ses sources au ministre des affaires étrangères, Ryota met la main sur des documents confidentiels évoquant un accord secret qui prévoit le versement de plusieurs millions de dollars aux Etats-Unis. Le journal publie l'information sans pouvoir directement dévoiler le document, ce qui risquerait de compromettre leur source.

Mais devant les démentis fermes du gouvernement et l'indifférence à laquelle il se heurte, Ryota s'indigne et va tenter de faire bouger les choses... au risque de se brûler face au pouvoir.

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Unmei no Hito marque tout d'abord par sa richesse et la densité de son propos. La série aborde des thématiques multiples, certaines très personnelles aux protagonistes, d'autres dignes des fictions politiques les plus abouties. C'est ce second aspect que mettent d'abord en valeur les premiers épisodes. Bénéficiant d'une écriture solide qui permet de prendre la mesure de la complexité de ce milieu, le drama nous introduit dans les coulisses du pouvoir de l'époque, à travers une problématique particulière, très intéressante, celle des rapports entre la presse et la classe dirigeante. Plus que certains cas de compromission ou de corruption, ce qui frappe dans le portrait ainsi dressé, c'est la connivence régnante dictée par les usages et les moeurs journalistiques de l'époque. La liberté de la presse semble tenir au mieux à un équilibre aussi fragile que précaire, au pire n'être qu'une chimère tant les reporters les plus influents apparaissent comme des pions à part entière sur l'échiquier du pouvoir ; beaucoup courtisent plus qu'ils ne songent au droit d'informer. La course aux scoops est une compétition encadrée, au sein de laquelle c'est le pouvoir qui dicte les limites et pose les bornes infranchissables. Des discussions de couloir aux déjeuners symboliques, la série nous fait ainsi assister à la montée des uns et à la chute des autres au gré des faveurs et des rapports de force.

Ce qui rend cette approche si passionnante, c'est qu'en plus de cette dimension politico-médiatique, Unmei no Hito, c'est aussi de l'Histoire. Elle revient sur les conditions de la rétrocession d'Okinawa, sur ses zones d'ombre, sur ce que le Japon a réellement accepté et ce que le gouvernement d'alors a officialisé. Le sujet est complexe pour qui (comme moi) connaît peu ces problématiques, mais si certaines subtilités peuvent au départ échapper au téléspectateur profane, la réussite de la série est de parvenir à rendre accessible les grands enjeux. L'intérêt du drama est ici double. Il permet de parler du Japon et de sa démocratie en éclairant la gestion gouvernementale de l'affaire ; mais il s'arrête aussi sur une problématique de géopolitique internationale, avec les relations entre le Japon et les Etats-Unis. Et moi qui n'aime rien tant que pouvoir apprendre grâce aux séries, autant dire que j'ai été particulièrement servie. J'ignorais tout de ces questions avant de débuter le drama, mais les informations existent en anglais pour bien les replacer dans leur contexte - attention cependant aux spoilers, cliquer à vos risques et périls ! - avec des articles tels que Okinawa-Gate : The Unknown Scandal, ou encore une interview du journaliste par qui le scandale est arrivé (de son vrai nom, Takichi Nishiyama). Unmei no Hito s'inscrit donc pour ces débuts dans la lignée des dramas capable de jouer sur la grande et les petites histoires, à la fois très enrichissant par ce qu'il évoque du Japon, mais qui en même temps ne perd pas de vue ses personnages, car ce sont eux qui en sont l'essence.

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Unmei no Hito va en effet s'intéresser aux destinées que la fuite de l'accord secret passé avec les Etats-Unis bouleverse, et à toutes les conséquences d'un scandale qui, d'une affaire d'Etat, finira par toucher la part la plus intime de ses protagonistes. Le flashforward des premières minutes donne immédiatement le ton : c'est au récit d'une déchéance que l'on va assister. Au début du drama, Yuminari Ryota est un professionnel à qui tout réussit, au point de s'imaginer peser sur ces cercles de pouvoir qu'il fréquente. Trop arrogant et sûr de ses forces, il pourrait être antipathique s'il n'était pas animé d'une passion sincère pour son métier, qu'accompagne une certaine éthique. Il est en effet prêt à beaucoup pour décrocher un scoop, mais tout ne se réduit pas à une simple compétition avec la concurrence. Le sort d'Okinawa, problématique particulièrement sensible au Japon, va être révélateur des limites de la connivence qu'il peut accepter. Lorsqu'il découvre le contenu réel du traité, Ryota cherche à prendre à témoin l'opinion publique pour le remettre en cause. Ce qui est le motive ici, ce n'est pas seulement la liberté d'informer ou l'exigence de transparence du gouvernement, c'est aussi la conscience du citoyen. D'où ses erreurs d'appréciation. Le drama touche ici à une thématique assez universelle en démontrant à quel point capter l'opinion publique est un jeu complexe ; et à l'époque, le pouvoir le maîtrise tout aussi bien.

De manière générale, ces premiers épisodes de Unmei no Hito permettent d'asseoir une galerie de personnages forts, dont on perçoit la complexité et les ambivalences. Outre le personnage central de Ryota, on y trouve notamment deux figures féminines au potentiel intéressant. Avec leurs forces et leurs faiblesses, elles sont en bien des points représentatives de la condition de la femme au Japon dans les années 70. Yuriko est l'épouse au foyer modèle, supportant et défendant son mari, même contre ceux qui comprennent mal ce qu'elle peut trouver à ce professionnel trop froid qui fait toujours passer son métier avant sa famille. On devine que les épreuves à venir vont la forcer à reconsidérer sa place et ses choix. Travaillant au ministère des affaires étrangères, Miko Akiko, elle, a déjà dû évoluer : son mari incapable de travailler, c'est elle qui doit subvenir aux besoins du foyer. Loin d'être une forme d'émancipation, cela pèse lourdement sur son couple. Elle subit en effet les brimades d'un époux ne supportant pas cette inversion des rôles. C'est justement cette tension intenable qui explique qu'elle va se tourner vers Ryota, devenant sa fameuse source.

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Sur la forme, Unmei no Hito est une série soignée. La réalisation est maîtrisée, d'une sobriété travaillée, en sachant également mettre en valeur le cadre et les symboles qui peuvent accompagner la mise en scène. Beaucoup de choix judicieux sont faits : ainsi, le premier épisode qui s'ouvre sur un flashforward à Okinawa, nous fait découvrir un océan bleuté d'une beauté à couper le souffle qui souligne parfaitement l'importance des enjeux qu'elle va concentrer. De plus, le drama bénéficie également d'une bande-son riche et très intéressante qui pose bien la tonalité ambiante ; elle est signée Sato Naoki, un habitué des OST dont le dernier travail notable était sur Ryomaden, mais que j'avais déjà beaucoup apprécié dans Hagetaka.

Enfin, Unmei no Hito dispose d'un casting dans l'ensemble solide et convaincant. Motoki Masahiro (Saka no ue no kumo, 87%) incarne bien la rigidité et l'aplomb sans faille du carriériste qui a réussi, mais en conservant des failles qui ne vont que croître à mesure que la situation va lui échapper. C'est Matsu Takako (Hero, Saka no ue no kumo) qui interprète son épouse, tandis que Maki Yoko (Loss Time Life) est sa source au ministère. Sinon, cela m'a fait plaisir de retrouver Omori Nao (Prisoner, Ryomaden), un acteur qui garde une place à part pour moi depuis Hagetaka. On croise également d'autres têtes familières du petit écran japonais, comme Kitaoji Kinya (Karei Naru Ichizoku), Matsushige Yutaka (Shinya Shokudou, Last Money ~Ai no Nedan~), Hasegawa Hiroki (Second Virgin, Suzuki Sensei, Kaseifu no Mita), Ishibashi Ryo (Gaiji Keisatsu), Harada Taizo (Kurumi no Heya) ou encore Emoto Akira (Karei naru Spy).

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Bilan : Bénéficiant d'une écriture solide, Unmei no Hito délivre un récit dense et complexe parcouru par une tension très prenante. Tout en ayant un parfum prononcé de fiction politique (et historique) par l'éclairage qu'elle offre sur la démocratie japonaise du début des années 70, et sur les rapports qu'entretiennent alors la presse et le pouvoir, la série va tout particulièrement s'intéresser à des destinées personnelles auprès desquelles le téléspectateur est prêt à s'investir. L'équilibre est rapidement trouvé entre toutes les composantes de cette histoire ; le résultat est intéressant et consistant. A suivre !


NOTE : 8,5/10

30/11/2011

(J-Drama) Kurumi no Heya : questionnements existentiels sur l'ambivalence des relations humaines

 
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L'alternance Corée du Sud/Japon se poursuit en ce mercredi asiatique, avec un retour au pays du Soleil Levant pour dresser le bilan d'une série estivale de cette année. Si actuellement, un drama comme Kaseifu no Mita replace au centre du petit écran japonais une thématique familiale en évolution, exposant questionnements et doutes, Kurumi no Heya aborde ce même sujet avec une approche plus classique - la série se déroule dans les années 80 -, mais en réussissant cependant à trouver sa propre identité dans ce genre.

Diffusée sur NHK du 26 juillet au 30 août 2011, dans la case horaire du mardi soir à 22 heures, Kurumi no Heya comporte 6 épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun. L'histoire est basée sur un roman de Mukuda Kuniko. Présentant un récit solide, la série va s'attacher à explorer méthodiquement toutes les approches d'une thématique familiale souvent douloureuse, mais qui demeure cependant une fondation au coeur des relations humaines.

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Kurumi no Heya se déroule à Tokyo dans les années 80. Tout bascule dans la famille Mitamura lorsque le père de famille, Tadashi, disparaît du jour au lendemain sans laisser ni trace, ni adresse. Cadre jusqu'alors sans histoire, il venait d'être renvoyé de son travail et avait préféré taire sa situation professionnelle à ses proches. Les semaines passent, l'inquiétude se change en pessimisme et en fatalisme chez la mère et les quatre enfants, tous jeunes adultes. Cependant, à force de persuasion, la cadette des filles, Momoko, parvient à obtenir d'un ancien collègue de son père la vérité : ayant comme tourné la page de sa vie de famille, son père vit désormais avec une autre femme.

Plus que la disparition, c'est le choc de la révélation sur la nouvelle vie de leur père qui va faire vaciller la famille. Tandis que leur mère peine à faire face, se questionnant sur ses erreurs, Momoko s'impose de nouvelles responsabilités, prenant la place de son père pour subvenir financièrement aux besoins de la maisonnée, mais aussi pour assumer les tâches domestiques avec une mère en retrait. Seulement quelque chose paraît désormais irrémédiablement cassé, comme si toutes les certitudes que chacun pouvait avoir sur la vie avaient soudain volé en éclat. L'aînée, Sakura, doute sur la viabilité de son mariage, Yoko s'invente une famille idéale auprès de son prétendant, tandis que le plus jeune fils, en réaction contre son père, abandonne ses projets d'études, souhaitant marquer sa différence.

Kurumi no Heya va ainsi nous faire vivre ces quelques mois de crise existentielle qui vont forcer la famille Mitamura à remettre en ordre ses priorités. Entre voies du coeur et responsabilités, chacun se retrouve alors à un tournant décisif pour son avenir...

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Derrière ses allures de drame familial, c'est plus généralement sur les relations humaines et leurs ambivalences que Kurumi no Heya nous interroge. S'appliquant à éclairer toutes les facettes de ce thème central qu'est la famille, la série s'intéresse à ce qui la fonde mais aussi à ses contradictions. Elle peut en effet aussi bien apparaître comme un soutien inconditionnel indispensable, que comme un poids étouffant qu'il faut fuir. A travers une galerie de portraits qui gagnent en consistance et en nuances au fil des épisodes, le drama souligne les tensions permanentes, parfois opposées, qui parcourent ces rapports humains. Si les problèmes des couples resteront au coeur de l'histoire, leur traitement diverge selon les personnes concernées. Dévoilant les dynamiques à l'oeuvre au-delà des apparences faussement policées, la série montre des protagonistes confrontés à des arbitrages constants : entre affection et habitude, dépendance et responsabilité... C'est un entremêlement ambigu, souvent touchant, des voies du coeur et de la raison qui est mis en scène.

Pour enrichir sa réflexion, Kurumi no Heya a également un autre atout : elle se déroule dans les années 80. En mettant habilement à profit son cadre, elle propose un éclairage sur la société japonaise d'alors et ses mutations en cours. Nous nous situons avant la bulle spéculative et la crise économique qui marquera la fin du XXe siècle. La série apparaît placée sous le signe de la stabilité, ou du moins de son illusion. C'est le cas non seulement sur le plan familial, où le modèle traditionnel est encore profondément ancré, mais aussi sur le plan économique, avec le rôle du père se définissant par son travail. Cependant les fissures sont déjà là. Ce n'est pas un hasard si le renvoi du mari est l'évènement déclencheur. Brusquement, la figure patriarchale faisant défaut, c'est tout l'équilibre familial qui est remis en cause. S'ensuit l'expression des doutes de chacun, soulevant des problématiques existentielles.

Kurumi no Heya restera cependant jusqu'au bout fidèle au parfum nostalgique qui en émane. Si elle pointe les limites du modèle familial exposé et de ses exigences, elle ne le brisera pourtant pas. Le propos n'est pas neutre : en 2011, utiliser ce cadre des 80s' est aussi une façon de rappeler les fondements des liens sociaux et familiaux, sans pour autant verser dans une quelconque idéalisation, ou moralisation.

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Si Kurumi no Heya traite habilement de ces problématiques humaines, l'attrait que la série exerce sur le téléspectateur tient également beaucoup au souffle qui la parcourt. Non seulement elle bénéficie d'une construction narrative très bien maîtrisée, jusqu'à ses fins d'épisodes en forme de cliffhanger qui aiguisent la curiosité, mais en plus, elle trouve une justesse de ton à saluer. La lecture du synopsis ne laissait guère de doute sur le genre dramatique qui allait être investi : l'implosion d'une famille n'est pas un sujet gai. Pourtant une des grandes réussites du drama va être de savoir éviter l'écueil d'un pathos trop pesant où la part de mélodrama aurait déstabilisé ou éclipsé la consistance de l'histoire. Au contraire, il surprend par la dynamique irrésistible qui le traverse, incarnée par un personnage principal fort, Momoko, auquel le téléspectateur s'attache instinctivement. Au-delà des sacrifices que la jeune femme est prête à faire pour sa famille, ce qui marquera surtout, c'est sa capacité à toujours aller de l'avant, envers et contre tout. Il émane d'elle une vitalité constante qui restera le trait d'union le plus certain entre tous les membres de sa famille.

Cette force sous-jacente se perçoit aussi dans la dimension plus émotionnelle que développe la série. Certes le téléspectateur ne peut rester insensible à ce récit souvent poignant. Si le drama fait toujours preuve de beaucoup de sobriété et d'une retenue assumée, le visionnage reste éprouvant devant la force de certaines scènes de confrontation. Pour autant, comme un écho à l'ambiguïté des relations dépeintes, la tonalité conserve une part de légèreté. Car les difficultés ont un apport majeur : elles révèlent la valeur et l'importance de choses que l'on considérait jusqu'alors comme des acquis. Les personnages vont alors chérir plus précieusement encore les quelques moments de répit, savourant ces instants où l'avenir semble soudain s'éclaircir et où les sentiments renaissent. C'est pourquoi l'histoire n'est pas triste ; c'est un récit de vie qui, au gré des épreuves, fortifie ses protagonistes, leur permettant de s'interroger sur leurs priorités. C'est sans doute pour cela que le téléspectateur sort du visionnage de Kurumi no Heya tout aussi rasséréné.

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Solide sur le fond, Kurumi no Heya va en plus se construire une ambiance très soignée sur la forme. Si la reconstitution des années 80 reste minimaliste, surtout identifiable grâce à la technologie d'époque, en revanche, c'est par sa bande-son que ce drama se démarque. Non pas qu'il reprenne des morceaux d'époque, mais il va bâtir un parfum relativement intemporel en recourant à des musiques plutôt traditionnelles. De manière ainsi originale, renforçant sans doute la fibre nostalgique qu'elle peut réveiller chez le téléspectateur, toute la série est rythmée par des instrumentaux, qui accompagnent la narration et soulignent les passages les plus intenses. C'est un parti pris recherchant volontairement la simplicité, accentué par le choix de la chanson douce et mélancolique qui referme les épisodes. Tout cela contribue à construire l'atmosphère de ce drama et à lui donner une identité propre.

Enfin, Kurumi no Heya bénéficie d'un casting appréciable. C'est sur les épaules de Matsushita Nao que repose une partie de la dynamique de la série, la jeune femme étant celle qui prend les rênes de la famille lorsque son père fait défaut. J'aime bien cette actrice qui fait toujours preuve de beaucoup d'énergie et que j'avais appréciée en début d'année dans Control ~Hanzai Shinri Sousa. A ses côtés, on retrouve une distribution homogène, au sein de laquelle on croise notamment Takeshita Keiko (Saka no Ue no Kumo), Kanie Keizo (Ryomaden), Igawa Haruka (Freeter), Seto Koji (Otomen), Harada Taizo (Atsu-Hime), Usuda Asami (Tokyo DOGS), Nishida Naomi ou encore Equchi Noriko.

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Bilan : Histoire familiale aux thématiques classiques mais consistantes, Kurumi no Heya est un drama intéressant qui marque par sa capacité à éclairer toute l'ambivalence des relations humaines, en essayant de réfléchir à ce qui fonde une famille. Poignante et touchante à l'occasion, mais jamais larmoyante, la série trouve le juste équilibre grâce à la dynamique inébranlable qui la traverse, admirablement portée par le personnage de Momoko. L'immersion dans les années 80 apporte en plus une distance par rapport au portrait proposé, permettant l'introduction d'une touche de nostalgie qui est renforcée par la bande-son originale et très travaillée qui accompagne la série. A découvrir.


NOTE : 7,5/10