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06/05/2011

(Mini-série UK) Exile : un thriller plongeant dans un passé aux souvenirs égarés par la maladie


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En cette première semaine du mois de mai, le petit écran britannique s'est rempli de nouveautés. Outre une cohorte de fictions policières en provenance d'ITV, de Vera à Case Sensitive (comment ça "trop de séries policières à la télévision british ?"), le tout parachevé hier soir par le lancement sur BBC2 de The Shadow Line sur laquelle j'aurais l'occasion de revenir, c'est une mini-série diffusée chaque soir de dimanche à mardi sur BBC1 qui avait tout particulièrement retenu mon attention : Exile

Ceux qui me connaissent un peu le savent : parmi les quelques commandements téléphagiques que je suis religieusement depuis presque une décennie, figure la règle qui consiste à ne rien rater de la filmographie de John Simm (c'est ce que j'appelle le syndrome State of Play). Au-delà de son casting, naviguant entre thriller et drame familial, le synopsis de cette fiction, imaginée par Paul Abbott et écrite par Danny Brocklehurst qui ont notamment collaboré sur Shameless, avait assurément éveillé ma curiosité. Et je n'ai pas été déçue de la découverte.

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Exile nous raconte le retour dans sa ville natale d'un journaliste londonien, Tom Ronstadt, dont la vie aussi bien personnelle que professionnelle n'est plus que ruines, ayant subi de plein fouet les conséquences de son comportement autodestructeur. Loin de la capitale, Tom retrouve une maison familiale qui a bien changé et dont les occupants ne lui réservent pas le plus chaleureux des accueils. Sa soeur, Nancy, se dévoue entièrement à s'occuper de leur père, Sam, qui souffre de la maladie d'Alzheimer. Mais cela fait près de deux décennies que Tom s'est brouillé avec ce dernier, à la suite d'éclats de violence contre l'adolescent qu'il était alors, qui sont toujours demeurés inexpliqués.

Le retour de Tom ramène à la surface des souvenirs qui auraient sans doute dû restés enfouis. En pleine crise existentielle, le journaliste éprouve ce besoin irrépressible de comprendre un père dont il a fini par faire son contre-modèle. Cherchant à déterminer ce qui a pu se passer et briser ainsi l'homme que son père était (avant que la maladie ne le gagne), Tom se replonge dans un passé oublié et fuyant, au risque de réveiller les mêmes forces auxquels Sam s'était heurté des années auparavant. D'autant que si Tom perçoit rapidement qu'un scandale se cache derrière des indices troublants, il est loin d'imaginer la vérité qui s'est peu à peu diluée dans les souvenirs confus et effilochés de son père.

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Exile est une mini-série prenante qui mêle avec habileté les ingrédients du drame familial et du thriller psychologique. Elle commence sur un parfum de retrouvailles, vascillant entre flottement gêné et instant de complicité, qui confère à ce portrait une authenticité qui va être une des forces de cette fiction. En effet, il émane de l'ensemble une forme de sensibilité touchante, permettant au téléspectateur de ressentir une empathie immédiate pour ces différents protagonistes. Les rapports humains sont particulièrement bien traités. Qu'il s'agisse des relations frère/soeur sonnant très juste, ou bien la manière dont est présenté ce père, autrefois figure d'autorité, à l'esprit désormais rongé par la maladie. L'inversion des rôles entre le parent et les enfants, le poids que cela fait peser sur Nancy, puis sur Tom, toutes ces thématiques sont abordées sont détour, mais non sans pudeur.

C'est par son approche de la maladie d'Alzheimer que la mini-série va acquérir toute sa dimension, glissant progressivement dans la tonalité d'un thriller psychologique troublant. En effet, cette quête tardive qu'entreprend Tom pour essayer de comprendre son père se heurte justement aux souvenirs désormais égarés de ce dernier, dont l'esprit n'est là que par éclipse. De façon originale, dans cette histoire, il ne s'agit pas de mettre à jour un mystère extérieur, mais bien d'une enquête finalement très intime. Car démêler les zones d'ombre du passé, c'est reconstituer les bribes d'une mémoire que Sam a toujours, mais qui n'est plus accessible que par intermittence. Si l'intensité d'Exile vous prend à la gorge, elle reste uniquement psychologique : à mesure que l'intrigue progresse, ce passé au contenu inavouable déstabilise, les révélations sapent une à une bien des certitudes. On vit et ressent la violence des interrogations de Tom. Sans débauche d'action, avec une sobriété opportune, la mini-série trouve sa pleine mesure dans ce suspense particulier très efficace.

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Sur la forme, Exile bénéficie d'une réalisation soignée, classique de BBC1 si j'ose dire, mêlant fixité avec des cadres larges où ses personnages se perdent parfois sur l'écran et passages plus nerveux, sachant également jouer sur le suggestif pour orienter la perspective du téléspectateur. De plus, elle s'accompagne également d'une bande-son intéressante, ou plus précisément d'un thème instrumental nerveux qui va savoir refléter et encourager une atmosphère de tension qui capte l'attention du téléspectateur.

Enfin, Exile bénéficie d'un casting très solide, emmené par un John Simm (State of Play, Life on Mars, Mad Dogs) inspiré, juste parfait pour mettre en scène ce personnage aussi autodestructeur qu'obstiné, aux certitudes remises en causes. On éprouve une empathie instinctive pour lui, et l'interprétation aussi intense que nuancée de l'acteur y contribue grandement. Il est parfaitement épaulé par Jim Broadbent (Any human heart) qui trouve le ton juste pour interpréter ce père dont la rationnalité glisse dans les méandres de la maladie d'Alzheimer. Olivia Colman (Rev, Twenty Twelve) joue une soeur qui offre un contre-poid crédible, tout autant qu'une belle complicité avec le personnage de Tom. A leurs côtés, on retrouve également John Paul Hurley, Claire Goose, Timothy West, Shaun Dooley ou encore Daryl Fishwick.

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Bilan : Exile est une mini-série à la fois troublante et prenante. Derrière ses atours de drame familial marqué par la maladie dont l'écriture est pleine d'authenticité, se dessine peu à peu un thriller psychologique intense, d'une violence émotionnelle qui sonne juste. Le passé est à la fois le trait d'union et de division de cette fiction, sur fond de dillution de la conscience et des souvenirs dans la maladie. Une oeuvre poignante. A découvrir.


NOTE : 7,75/10


Des bande-annonces de la mini-série :



Commentaires

J'ai le premier épisode, ton avis me donne envie de m'y mettre dès que possible ! :-)

Écrit par : jainaxf | 07/05/2011

c'est réellement une superbe mini- serie comme la bbc c 'est en faire souvent cela me rappelle un peu celle de l année dernier qui s'intitulait "the silence" encore une histoire d "handicap".
le casting est brillant et très homogène aucun boulet ce qui est assez rare pour être noter une maîtrise du cadrage et de certains plans qui rendrait jaloux certain metteur en scene français en plus d utiliser des ellipses en autre pour le début de la série qui évite parfois les lourdeurs des flashback de de la mise en place des caractères.
C est une manière originale de parler de l Alzheimer en l' imbriquant sur une recherche d'un secret de famille filmé comme une enquête policière.
allez je mettrais un bémol sur une partie des dialogues sentimentaux de Tom & Mandy un peu trop comment dire "british" mais c'est vraiment chercher la petite bête.
une série a voir absolument une intrigue en béton et cherry on the cake un anglais facile à comprendre. je te trouve un peu dur sur la note comparer a celle de "the promise" série de qualité mais avec tellement de défauts... enfin les goûts et les couleurs ça ne se discutent pas.
enjoy
Ride On

Écrit par : Dibs | 07/05/2011

j'étais déjà très tentée avant, mais ton article me donne encore plus envie de découvrir cette mini-série.

Écrit par : Eirian | 07/05/2011

@ jainaXF & Eirian : N'hésitez plus, vous ne le regretterez pas ;)


@ Dibs : Effectivement, The Silence l'an dernier avait admirablement joué sur la question de la surdité, sur un même format de thriller. Exile touche peut-être plus personnellement encore les différents personnages, avec une dimension dramatique très intense qui est bien rendue.
Pour ce qui est de la réalisation, certaines séries anglaises sont vraiment abouties ; ça devient de plus en plus la norme j'ai l'impression pour les projets les plus soignés. L'an dernier, des séries comme Luther par ex., ou Downton Abbey sur ITV, étaient impressionnantes sur un plan esthétique.

Sinon, concernant la note, je crois que certaines de mes affinités se perçoivent forcément au-delà même de mes choix de séries critiquées. J'ai tendance à être extrêmement sensible aux thématiques politiques et historiques qui sont mes genres de prédilection, et moins à des sujets plus dramatiques (mélodrama, famille, maladie..) même si je sais aussi les apprécier. Après la note est effectivement très subjective (mais bon c'est le contenu de la critique qui importe aussi ;) ).

Écrit par : Livia | 08/05/2011

@Livia: The Last but not the Least c 'est pas pour passer la brosse à reluire mais ton Blog est vraiment excellent; pédagogique et très personnel à la fois tu fais vraiment un travail d'une équipe entière à toi toute seule, en espérant que cela ne soit pas trop chronophage...

Keep going & stay sharp

Ride_On

Écrit par : Dibs | 08/05/2011

@ Dibs : Sans abuser de la brosse à reluire, je peux dire qu'un petit commentaire comme cela de temps en temps, ça ne fait pas de mal non plus ? ^_^ Ca fait même chaud au coeur de savoir qu'il y a quelques personnes qui apprécient la démarche suivie sur ce petit blog qui représente quand même un investissement important (en temps et en passion). Donc un grand merci pour rebooster ma motivation ! ;)

Écrit par : Livia | 10/05/2011

Ca yest, je l'ai vu, et j'ai beaucoup
aimé ! :-)
Simm est excellent comme d'habitude et la manière de représenter Alzheimer est très réaliste ! J'ai beaucoup apprécié le mélange de drama familial et de thriller classique !

Écrit par : jainaxf | 19/05/2011

@ jainaxf : ^_^ Une oeuvre complète et aboutie qui sait trouver un équilibre en exploitant efficacement différents genres : heureuse que tu aies aussi apprécié !

Écrit par : Livia | 22/05/2011

Merci pour la review qui m'a mis la puce à l'oreille.
Beaucoup apprécié cette mini-série.

Écrit par : Fred | 30/05/2011

@ Fred : Ravie que tu aies apprécié ! ;)
(Vu toutes les séries que j'ai conseillées, et dont tu es ressorti un peu déçu, heureusement qu'il y a encore des Exile dans le lot - j'ai envie de dire actuellement, vive la Beeb ! )

Écrit par : Livia | 01/06/2011

"j'ai envie de dire actuellement, vive la Beeb ! )"

Ouaip.
Là, j'attends la fin de The Shadow line et de la saison 2 de Psychoville pour confirmer tout ça...

Écrit par : Fred | 01/06/2011

J'avoue que j'aime beaucoup The Shadow Line, même si je n'ai eu le temps que de voir les deux premiers épisodes pour le moment.
Et puis, j'attends beaucoup de Case Histories qui débute ce dimanche sur BBC1. :)

Écrit par : Livia | 03/06/2011

Les commentaires sont fermés.