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20/02/2010

(US) Big Love : Under One Roof (saison 4, episode 6)

Fin de semaine chaotique pour ma connexion internet. Si tout devrait rentrer dans l'ordre une fois de retour chez moi, en attendant, postés de façon quelque peu artisanale, voici quelques mots sur le dernier épisode diffusé de Big Love, qui est, je le maintiens, la meilleure série actuellement diffusée dans le petit écran.

La progressive implosion des Henricksons se poursuit presque inexorablement sous les yeux du téléspectateur, chaque semaine s'employant à défier toujours plus profondément le fragile équilibre encore maintenu au sein de la famille polygame.

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Les scénaristes aiment nous rappeler qu'ils n'oublient pas les péripéties passées, faisant régulièrement référence à des évènements des saisons précédentes. Dans ce sixième épisode, c'est carrément un retour - et même plusieurs retours - qu'ils consacrent sous le regard stupéfait du téléspectateur, prouvant, encore une fois, qu'il n'existe pas d'histoires laissées innocemment en suspens. Dans l'immédiat, ce sont les retrouvailles inattendues avec une Anna enceinte qui marquent la petite famille. Si elle ne fut que très brièvement mariée à Bill, elle en a donc gardé les conséquences, sans envisager de renouer, après leur rupture, avec celui qui est le père biologique de son bébé. On retrouve ici l'indépendance Anna que nous avions appris à connaître. Seulement, dans cette folie permanente qui constitue leur quotidien, ni Barb, ni Bill, n'envisagent d'abandonner un enfant conçu dans le cadre de cette union sacrée qu'ils partagent. J'ai beaucoup apprécié cette réintroduction du personnage d'Anna, avec son caractère affirmé et sa distance vis-à-vis de toutes les exigences du mode de vie particulier des Henricksons. Elle a tourné cette page d'expérience polygame avec beaucoup de pragmatisme. Et, au-delà des complications sans fin que cette révélation peut engendrer dans le futur, c'est aussi l'occasion de placer Bill devant des responsabilités qu'il fuit constamment.

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Ce rôle échoue logiquement à Barb, l'épouse la plus légitime sans doute pour adresser à son mari des critiques avec une autorité difficilement remise en cause. Nous le savons, Bill, en dépit de ses fréquents jugements hautains et paternalistes portés sur les différents membres de la famille qu'il régit, n'a jamais fait preuve d'une attitude exempte de tous reproches, le téléspectateur qui s'est souvent braqué contre lui peut en témoigner. Or, Barb, en plaçant Bill devant ses contradictions, va nous procurer le plaisir de dénoncer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas derrière leur petit écran, en pointant l'égoïsme de son époux et son habitude de, finalement, toujours servir en premier lieu ses intérêts personnels auxquels il ajuste, souvent inconsciemment d'ailleurs, ceux de sa famille. Le fait qu'il ait couché avec Anna avant même le mariage n'est qu'une petite goutte d'eau dans un vase déjà plein, où le clash avec Ben a joué une influence déterminante dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences sur la relation de Barb et Bill.

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Au-delà de ce fil conducteur, l'épisode regorge encore une fois de scènes incontournables particulièrement marquantes. Margene poursuit sa maturation. En business woman avisée qu'elle devient progressivement, la jeune femme prend des accents de plus en plus épanouies, et surtout "modernes". Elle va même jusqu'à donner des discours féministes sur sa vie et sa réussite professionnelle. Le contraste entre l'environnement familial qu'elle a choisi et ses envolées libérales pose un décalage qui nourrit un peu plus les réflexions du téléspectateur sur le dynamique de cette famille, mais qui amène aussi à se demander jusqu'où Margene ira sur cette voie de l'émancipation : quand est-ce que cette forme de double vie la fera rentrer dans un conflit interne que l'on pressent déjà ?

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Pour ce qui est du conflit interne, le personnage de Nicky s'y enfonce depuis quelques temps. Inénarrable Nicky qui passe encore une fois par toutes les émotions, offrant une série de scènes sortant du lot à son interprète, Chloé Sevigny. Celle où elle explose, lors de sa dispute avec Margene concernant leur expérience de vie respective, est d'une intensité qui laisse le téléspectateur, un instant, sans voix. Un brusque dérapage qui constitue un véritable cri du coeur où Nicky laisse entrevoir l'étendue de ses frustrations, mais aussi tout le malaise existentiel dans lequel elle se débat depuis quelques temps. Une quête identitaire, un déphasage qu'elle ressent jusqu'au plus profond d'elle-même et qu'elle met sur le compte d'une éducation qui a brisé quelque chose en elle, un ressort qu'elle recherche désormais désespérément : en témoigne la scène où elle débarque, avec une tenue ultra-provocante, au mariage de sa mère. Comment ne pas être touché, décontenancé et fasciné, par ces passages surréels où elle cherche sa fille dans ce motel si glauque où les unions ont lieu à la chaîne ? Magnifiquement mis en scène, mais aussi d'une brutalité sous-jacente terrible, vraiment glaciale.

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En parallèle, l'épisode pose les bases d'une intrigue future qui promet d'être déstabilisatrice pour la famille. Ben, voyageant avec ses grands-parents, découvre l'exotisme de Mexico. Mais la famille rencontre de vieilles connaissances, exilées de l'autre côté de la frontière, qu'il aurait mieux fallu ne jamais recroiser pour leur propre bien. Encore une fois, les scénaristes nous prouvent qu'ils n'oublient pas les contentieux des précédentes saisons. Il semble que, dans Big Love, les fantômes du passé soient toujours en mesure de revenir hanter et bouleverser les vies des différents personnages, au moment où on les aurait presque oubliés. La spirale des évènements est presque étourdissante, mais quel plaisir de suivre une série qui réserve tant de moments de jubilation, exploitant à merveille son histoire !

L'épisode nous rappelle enfin que les drames humains ne sont jamais loin. L'aventure homosexuelle d'Alby avec l'homme en charge du fonds de Junniper Creek s'ébruite peu à peu à cause de sa femme. Si le fils de Roman Grant préfère se réfugier encore dans ses illusions et séparer la réalité du monde qui l'entoure de ce petit moment de bonheur qu'il savoure, pour la première fois, aux côtés de son amant, ce dernier se retrouve au coeur d'un conflit interne beaucoup plus intense. La scène finale, dont le caractère poignant laisse le téléspectateur interdit, est terrible.

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Bilan : Un épisode d'une intensité émotionnelle encore une fois particulièrement forte : Big Love devient des plus éprouvantes à suivre. Le contenu est dense, tout s'enchaîne avec une maestria qui n'est désormais plus à prouver. J'ai beaucoup apprécié le fait que la fidélité du téléspectateur soit récompensée par le retour de plusieurs figures des saisons passées.


NOTE : 9/10

Commentaires

Je suis totalement de ton avis, juste. C'est éprouvant, dense, riche, ça nous prend, nous cogne un peu, nous malmène gentiment, nous fait tirer la langue et nous assoiffe de plus bel. Ca méritait 10/10 enfin !

Écrit par : adam | 20/02/2010

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