13/02/2010
(US) Big Love : Sins of the Father (saison 4, episode 5)
Il deviendrait presque prévisible, répétitif, de commencer sa review de Big Love par une onomatopée exclamative de jubilation. Pourtant, ce cinquième épisode de la saison a encore une fois su porter la série toujours plus loin sur la route dangereuse que la famille Henrickson emprunte cette année. Toujours plus loin dans ce tourbillon en apparence presque hors de contrôle, tout aussi fascinant et grisant que déconcertant par moment. Mais la série ne se laisse pas submerger par les excès mis en scène, parvenant à nourrir admirablement une ambiguïté salvatrice dans son traitement des personnages.
Sur fond de primaires républicaines vécues au pas de course, le fil rouge de l'épisode poursuit sur les conséquences des révélations du précédent et sur cette fameuse scène finale qui avait vu Ben rassembler ses affaires pour quitter le domicile parental, suite au baiser échangé avec Margene. Suivant un schéma désormais éprouvé, sur un modèle presque choral, l'épisode va explorer les réactions de chacun, à mesure que les évènements sont révélés, tel un effet domino destructeur.
Cette crise, sans doute la plus profonde qui ait secoué la famille puisqu'elle remet en cause tous ses fondements, survient, de plus, au plus mauvais moment, alors que le stress lié aux élections est à sa comble. Le téléspectateur se retrouve véritablement happé, presque submergé, dans un tourbillon magistralement mené, qui nous étourdit par son intensité et sa richesse. Heureusement, ce récit mouvementé bénéficie, encore une fois, d'un traitement très humain, qui permet à la série de conserver un ressenti d'authenticité d'autant plus appréciable au milieu de cet apparent chaos.
"L'exil" de Ben remet en cause la fondation la plus solide de la famille, la première : celle qui unit Bill à Barb. Car si cette dernière fait toujours preuve d'une grande patience, sacrifiant généralement aux désirs de son mari sur l'autel de l'unité familiale, cette fois-ci, la situation est bien différente. C'est cette même famille qui vole en éclat si Bill en exclut un de ses enfants. L'épisode est l'occasion de voir une Barb, les nerfs à fleur de peau, qui perd le contrôle de ses émotions comme rarement.
Toucher à un de ses enfants est un point de non-retour qui fait remonter en elle ses instincts maternels les plus primaires, en témoigne le fait qu'elle défie ouvertement Bill, en pleine convention, mais surtout sa violente réaction à l'égard de Margene. Jamais Barb n'était apparue aussi excessive ; cette perte de contrôle, à l'image du séisme secouant sa famille, offre un signe supplémentaire de l'effritement de cette dernière. Illustration de ce retournement des choses, c'est finalement auprès d'un Tommy, plus compréhensif qu'à l'accoutumée, que Barb trouve un peu de réconfort. Cette soudaine humanisation de l'Indien, après l'opposition ouverte des premiers épisodes, indique peut-être l'ouverture d'une parenthèse à suivre, dans le futur, entre les deux co-gérants du casino.
Celle qui subit le plus fortement les conséquences de la crise reste pourtant Margene. Cette dernière fait preuve d'un volontarisme et d'une force de caractère particulièrement affirmés, mue par une résolution forgée au cours des épreuves passées. Blessée par les attitudes de Bill, puis de Barb, elle ne cède pas à l'auto-apitoiement : elle refuse catégoriquement de porter le blâme pour la désagrégation familiale en cours sous ses yeux. L'épisode offre des scènes de confrontation d'une rare violence verbale, même pour une série riche en opposition comme Big Love.
L'obstination de Margene est une preuve supplémentaire de la maturation de la jeune femme, évolution particulièrement sensible depuis le début de saison. Si certaines scènes frisent l'excessif, cette semi-hystérie ambiante sonne pourtant toujours étrangement juste : au vu du modèle familial suivi et des situations rencontrées, il était prévisible que l'accumulation des tensions conduise à ce genre de dialogues quasi-surréalistes, mais qui trouvent leur justification dans toutes les petites rancoeurs passées où le compromis l'avait emporté.
Alors que ses rapports se dégradent avec ses deux autres épouses, Bill renoue avec Nicky probablement de la plus pernicieuse des manières. En effet, si cette dernière semble désormais revenue à une fonction d'épouse docile, recherchant la maternité, ce qu'exige son mari d'elle va la faire réfléchir sur sa place dans la famille. Lui faire jouer les espionnes chez son adversaire direct, l'obliger à constamment mentir sur son identité qui change au gré des besoins de Bill, c'est aussi ouvrir une boîte de Pandore bien dangereuse, lorsque l'on connaît Nicky et ses blessures passées. Cette dernière s'interroge d'ailleurs sur cette étrange ambivalence dans laquelle elle est confinée.
Le monologue identitaire spontané qu'elle déclame à Barb, avec une distance presque désabusée, est particulièrement révélateur. D'autant que le téléspectateur ne peut se départir de la désagréable impression d'assister à une reproduction de la saison 3, Bill ayant remplacé Roman. Le paternalisme extrême avec lequel Bill traite Nicky, la confortant en la qualifiant de "good girl", tout autant que son instrumentalisation, prouve que les bases de leur relation ne sont toujours pas assainies.
Mais de façon encore plus marquée que les vacillements de son cocon familial, c'est une réminescence du passé qui vient mettre Bill en face de responsabilités qu'il avait passées l'épisode à fuir, refusant d'admettre qu'il reproduisait ce même désagréable schéma qui l'avait conduit à la rue à 14 ans, jeté hors de chez lui par son père. Le parallèle douloureux s'opère, de manière forcée, à plusieurs niveaux, Big Love prouvant encore une fois sa capacité à densifier à l'extrême son récit.
En toile de fond, un fait divers tragique, mais si classique, sur un "lost boy" de Juniper Creek ramène le débat politique de la convention républicaine sur la question dérangeante de cette communauté sectaire qui vit en marge de la société. Le cas de Ben et le passé de Bill se recoupent implicitement, sous le regard effaré de Lois et de Joey, qui ont l'impression désagréable de revivre une histoire qui les a déjà brisés une première fois. La violente réaction de Lois en apprenant ce qu'il s'était passé entre son fils et son petit-fils est l'illustration poignante de blessures qui ne se refermeront jamais. Pourtant, la confrontation au casino, aussi désagréable qu'elle soit pour Bill, va permettre un progressif électrochoc, amplifié par la basse tactique de son adversaire.
Le politicien ressort en effet les vieux dossiers de Bill, et plus précisément, son propre passé de "lost boy", cherchant à acculer son adversaire sur cette question sécuritaire. Cette technique va finalement avoir l'effet inverse, permettant une soudaine prise de conscience, peut-être salvatrice pour Bill. Ayant glissé vers le pan le plus détestable de sa personnalité au cours des derniers épisodes, emporté par ses ambitions, le final de l'épisode prend le contre-pied de ce mouvement, surprenant le téléspectateur à éprouver presque une forme de compassion pour un personnage qui a, à l'évidence, perdu le contrôle et semble le comprendre de la plus brutale des manières. Son discours, vibrant d'une sincérité presque touchante, offre une balance bienvenue ramenant Bill sur un terrain plus nuancé.
Dans cette perspective, il faut saluer la conclusion menée de main de maître, occasionnant une empathie émotionnelle rare. En effet, si Bill obtient la nomination tant recherchée, il en saisit en même temps le prix à payer. Le tiraillement entre ambitions professionnelles et institution familiale apparaît désormais flagrant, même pour lui. Et le contraste entre l'euphorie de ses supporters et la contemplation des ruines de sa famille offre une scène finale où la joie et la détresse fusionnent, laissant le téléspectateur sans voix devant une telle intensité.
Bilan : Un épisode magistral, laissant presque sans voix par moment, où la famille Henrickson implose sous nos yeux, mais parvient à revenir à un équilibre précaire en guise de conclusion. La série utilise l'hypocrisie de Bill, que ce dernier semble incapable de reconnaître, pour parvenir à un contraste étonnant, celui d'un personnage paradoxal en mesure de prendre le téléspectateur de court avec son émouvante prise de conscience finale. Big Love est, comme toujours, placée sous le signe d'une ambiguïté presque déconcertante, mise en scène avec intelligence et nuances suivant une versatilité subtile.
NOTE : 9,5/10
17:45 Publié dans Big Love | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : big love, hbo, bill paxton, jeanne tripplehorn, chloe sevigny, ginnifer goodwin, amanda seyfried | Facebook |
06/02/2010
(US) Big Love : The Mighty and Strong (saison 4, épisode 4)
La semaine dernière, malheureusement prise aux pièges d'un emploi du temps fatal où les journées ne font que 24 heures, je n'avais pas eu l'occasion de revenir sur le troisième épisode de cette saison 4. Non qu'il ait été moins intense que le précédent : j'ai trépigné, applaudi, crié devant mon petit écran, comme seul Big Love parvient à me faire réagir. Reste que, avec l'épisode de dimanche dernier, cela semble se confirmer que cette nouvelle ("si brève !" se lamente-t-on) saison entend reproduire le même schéma de construction que l'an passé : chaque épisode paraît marquer le franchissement d'un nouveau palier franchi, allant toujours plus loin dans l'intensité, les émotions et l'extrêmité de certaines situations qui laissent le téléspectateur sans voix, entre effarement devant le contenu dépeint et émerveillement devant le chef-d'oeuvre s'animant devant lui. Si je suis vite à court de superlatifs lorsque j'évoque Big Love, il y a quelque chose d'incroyablement grisant à suivre, chaque semaine, une série qui repousse quotidiennement ses limites ; qui ne capitalise pas sur ses acquis, mais qui continue de surprendre, réussissant à exercer une véritable fascination sur le téléspectateur.
Si l'on devait condenser en une simple phrase la portée de cet épisode 4, je pense que cela serait celle-ci : la fin des dernières illusions de légitimité de Bill. Le personnage a toujours été ambitieux, doté d'une capacité hors du commun à interpréter les faits à son avantage et à donner l'impression de porter le poids du monde sur ses épaules. Mais, bien plus que les autres hommes de Juniper Creek, Bill est, en bien des aspects, plus dangereux, plus pernicieux. En effet, ce qui le caractérise, c'est son hypocrisie. A la différence de J.J. ou Roman, par exemple, qui assument et revendiquent ce qu'ils sont, Bill se cache derrière une fausse apparence de bon père de famille, mettant en scène sa respectabilité et sa responsabilité, alors que sous la surface, il conserve et applique, plus ou moins ouvertement, les mêmes principes de vie qui ont cours dans la communauté.
Le fait qu'il régisse de façon centralisée et autoritaire sa petite famille a toujours été une des bases de la série. Sa dernière lubie, se lancer en politique, a parfaitement illustré la façon dont les décisions se prennent chez les Henricksons, laissant les épouses interdites et Bill n'attendant que leur soutien. Cependant, avec ce quatrième épisode, nous sommes passés à un degré supérieur. En effet, il s'agit de faire face aux conséquences du "qui pro quo" ayant eu lieu au cours de l'émission de Margene, où Ben a été présenté comme son petit ami. Entre regards de travers, gênes non formulées, cette storyline est vraiment bien bien traitée. Plus que l'inceste sous-jacent, ne touche-t-on pas là à la limite même de la vie polygame, à cette réification des femmes que cela entraîne ? Le dîner où Nicky, ignorant ce dernier développement, s'énerve toute seule contre le projet de J.J. d'épouser sa mère, offre un parallèle symbolique particulièrement révélateur de ce caractère très malsain : l'ex-mari qui épouse son ancienne belle-mère, est-ce bien différent de la situation de Ben et Margene ? L'illusion de civilisation et de modernité de la famille n'achève-t-elle pas de s'effriter toute seule, face à la réalité ?
Car les scénaristes nous conduisent bien plus loin dans ces eaux dangereuses. Bill apprend l'existence du baiser entre les deux jeunes gens, et soudain, tout le flirt des dernières saisons revient dans les mémoires. Initialement, Ben présente une version des faits où il est le seul responsable, cherchant à dédouaner Margene. Cette même Margene qui lui a pourtant avoué des sentiments la nuit auparavant. Si ce n'est qu'un bénin crush d'adolescent, Bill n'explose pas tout de suite ; il se contente de prononcer des sentences avec son air habituel de supériorité. Mais Margene ne peut se résoudre au mensonge et dans une scène bouleversante, où Ginnifer Goodwin est absolument magistrale, la jeune femme avoue qu'elle est celle qui a initié le baiser. C'est alors que la perspective de Bill change complètement et qu'il révèle sa véritable nature. Il pouvait se montrer miséricordieux avec un gamin qui lui enviait ses conquêtes. Cependant, la confession de Margene érige soudain Ben en rival. Tous les schémas d'éducation assimilés dans sa jeunesse reviennent à la surface ; et Bill ne fait que les reproduire, sans recul et sans même pleinement les assumer à haute voix. La scène finale contient, en ce sens, une violence implicite inouïe. Ces quelques brèves phrases, prononcées sur un ton anodin, échangées entre le père et le fils, sont presque effrayantes. On perçoit pleinement le fossé qui les sépare désormais. En une économie de mots, sans en faire trop, Big Love nous offre une des scènes les plus glaçantes qu'elle nous ait jamais proposé. Magistral.
En parallèle, l'intrigue de Sarah permet de rappeler un autre drame de la saison passée, alors qu'elle s'occupe du bébé de l'Indienne renversée par sa mère dans l'épisode précédent. Plus que le contenu de la storyline, touchante mais assez convenue, cette histoire permet surtout d'apprécier les bases bien plus saines et salutaires sur lesquelles est fondé le mariage de Sarah. Face à Bill qui apostrophe son mari pour qu'il ordonne à sa femme de rendre le bébé, le jeune homme remet magnifiquement son beau-père à sa place en soulignant que ce n'est pas ainsi que fonctionnent ses rapports avec son épouse. Instant jubilatoire pour le téléspectateur qui savoure la prise de distance ainsi imposée à Bill (*j'ai applaudis devant ma télévision*). Je suis vraiment contente que Sarah ait trouvé un mari qui la mérite, loin de la reproduction des modes de vie de Juniper Creek.
D'autant que le réquisitoire à charge contre Bill ne s'arrête pas là. Face à ses ambitions politiques, se dresse un adversaire dangereux qui menace de les exposer comme polygames, avant même l'élection. Pour cela, des services financiers sont même envoyés à Home Plus pour faire une vérification des comptes. Ils y descellent une anomalie : la couverture d'assurances des autres épouses non-officielles et de leurs enfants. Cette preuve qu'il y a des polygames à Home Plus va être révélée au public. C'est alors que Bill, avec une solennité et une capacité à manipuler que n'aurait pas renié Roman, demande à Doug de se sacrifier, pour sauver sa propre image. Doug, l'ami fidèle, qui a tant dû subir pour suivre les différentes lubies de Bill, accepte de détourner les regards en révélant sa propre situation, pour épargner Bill qui prouve encore une fois à quel point il est prêt à tout pour satisfaire ses ambitions personnelles. N'envoie-t-il pas, sans sourciller, Nicky en infiltration dans le camp politique adverse, après les sermons auxquelles elle avait eu droit, l'an passé, lorsqu'elle avait fait la même chose pour son père ?
Au-delà de ces lourdes réflexions sur la famille Henrickson - dont on se demande bien comment elle va pouvoir rester unie, tant tout apparaît si artificiel actuellement - , cet épisode 4 était encore une fois particulièrement dense, n'offrant aucun instant de répit. Les parents de Bill prouvent une fois de plus qu'ils sont incroyables, comme on les suit dans leur excursion frontalière pour chercher les oiseaux exotiques de Lois ; et la soeur de Cathy se révèle un peu plus comme un personnage à part entière qui, j'espère, continuera à être présente. J.J. bouge peu à peu ses pions, se tournant vers Joey et Wanda et laissant sous-entendre des ennuis prochains qui promettent... Et Big Love continue de passer à une allure folle ; chacune de ses scènes, de ses storylines, mériterait de se voir consacrer un passage de cette review. Je m'arrête ici arbitrairement, mais on ne le répètera jamais assez : cette série est un chef-d'oeuvre !
Bilan : Un épisode magistral, d'une intensité et d'une densité uniques, qui sonne comme un réquisitoire à charge contre Bill, en soulignant ses contradictions, mal dissimulées derrière une hypocrisie de façade qui ne peut que glacer le téléspectateur. Bill n'est pas un "bad guy" au sens classique du terme. C'est un personnage à part dans le monde du petit écran, car c'est sous les apparences, derrière une attitude auto-justificative constante et rassurante, que se cache ses réelles motivations.
Bref, Big Love est juste la meilleure série actuelle du petit écran. Au-delà de l'extrême satisfaction qu'elle procure, je ne peux m'empêcher d'être un peu chagrinée : pourquoi si peu de reconnaissance pour ce véritable chef-d'oeuvre ?
NOTE : 9,5/10
10:02 Publié dans Big Love | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : big love, hbo, bill paxton, jeanne tripplehorn, chloe sevigny, ginnifer goodwin, amanda seyfried | Facebook |
25/01/2010
(Mini-série US) Band of Brothers (Frères d'armes) : le chef-d'oeuvre de l'enfer de Bastogne
Depuis le début du mois, j'ai entamé avec un ami le revisionnage de Band of Brothers (parce qu'il est bon aussi de prendre le temps de revoir ses classiques et, sur un plan plus technique, pour tester le coffret Blu-Ray sur grand écran). Si je vous en parle, c'est que, ce samedi soir, nous sommes arrivés avec la Easy Company à Bastogne (Episode 6).
Or, si les épisodes magistraux ne manquent pas dans ce chef-d'oeuvre de HBO, si plusieurs sortent vraiment du lot et marquent le téléspectateur, après toutes ces années, ce qui me revenait toujours en mémoire lorsque l'on me parlait de Band of Brothers, c'était l'image de cet enfer blanc. Ces scènes dans la neige, sous les sapins illuminés par les projectiles, aux journées rythmées par les obus de mortier faisant voler terre et chair humaine.
Revoir cet épisode m'a fait réaliser, à nouveau, pourquoi il était resté graver aussi vivement dans ma mémoire. Car Bastogne est mon épisode favori. Un des plus éprouvants également. Mais il demeure pour moi le symbole, l'étendard, de Band of Brothers. Une fois le visionnage effectué, incapable d'en détacher totalement mes pensées, j'ai repensé aux raisons pour lesquelles il était capable de me toucher aussi profondément.
Il s'agit incontestablement d'un des épisodes les plus aboutis de la mini-série, un pivôt incontournable au cours duquel elle acquiert une dimension supplémentaire, allant au-delà du seul simple récit, superbement écrit et réalisé, sur la Seconde Guerre Mondiale. Cela est sans doute dû en grande partie à l'angle de narration décidé par les scénaristes. Le siège de Bastogne reste un des hauts faits d'armes de la Easy Company. Pourtant, ils choisirent de nous relater ces évènements par le biais d'une option scénaristique intéressante et originale : nous immerger dans cet enfer hivernal à travers un personnage jusqu'à présent très secondaire, un des infirmiers de l'unité, Eugene Roe. Figure souvent anonyme, le rôle du medic, rarement mis en lumière dans les fictions de guerre, demeure pourtant sûrement l'un des plus difficiles à mener à bien, comme en témoignent les actions du jeune soldat tout au long de l'épisode.
Tandis que l'hiver glacial s'est abattu sur les forêts de Bastogne, les soldats s'efforcent de sécuriser une ligne de front fluctuante et percée, où le brouillard et la neige égarent facilement ceux qui n'y prennent pas garde. La compagnie est coupée des forces alliées, encerclée, ne bénéficiant que de rares largages, rendus difficiles par les conditions météorologiques extrêmes. Les journées défilent avec la même routine meurtrière. Les soldats, enterrés dans des trous individuels creusés dans la terre, surveillent le camp ennemi. Ils ne sont distraits du froid mordant que par la brève reprise immuable des hostilités, qu'il s'agisse d'une pluie d'obus de mortier s'abattant sur eux comme la plus cruelle des loteries, ou d'une patrouille partie évaluer la ligne de front.
Bilan : Peut-être est-ce très subjectif, un ressenti avant tout personnel, mais vingt-quatre heures après avoir revu cet épisode, ses images défilent encore dans ma tête. C'est ce qui m'amène d'ailleurs à rédiger ce billet comme une forme d'exutoire, pour essayer vainement de formuler sur le papier, de matérialiser en quelques mots, ce tourbillon émotionnel indescriptible que Bastogne parvient à faire naître en moi.
Je ne suis pas certaine d'être parvenue à vous expliquer rationnellement l'unicité de cet épisode. Mais, plus sobrement, je me contenterai de conclure que, parmi les moments magiques du sériephile, Bastogne demeure, pour moi, une expérience téléphagique à part, qui a sa place dans mon panthéon télévisuel.
NOTE : 10/10
11:35 Publié dans (Mini-séries US) | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : band of brothers, frères d'armes, hbo, damian lewis, shane taylor | Facebook |
20/01/2010
(US) Big Love : The Greater Good (saison 4, épisode 2)
Vous vous souvenez que je vous avais confié ne pas pouvoir reviewer deux séries en parallèle, épisode par épisode ?
En fait, après le visionnage de Being Human, je m'étais dit lundi que je ne pouvais laisser de côté cette série dont la saison 2 semble partir sur des rails prometteurs. Seulement voilà, le deuxième épisode de la saison 4 de Big Love m'a juste laissé sans voix, me rappelant pourquoi Big Love avait été ma série préférée en 2009, pourquoi je voue un culte à Chloë Sevigny (et pourquoi elle mérite tant le Golden Globe qu'elle a gagné dimanche)... Bref, tout ce qui fait que Big Love est un des meilleurs dramas actuels, un vrai grand - peu importe qu'on vous ait répété à l'envie que HBO était en déclin et autre bla-bla (et même si je n'arrive jamais à convaincre personne, dans mon entourage, de dépasser ses préjugés quand je prononce les mots, "Utah", "polygamie" et "mormons").
Il était impossible de ne pas vous en parler.
Le rapport du téléphage avec ses séries est généralement complexe. Au-delà des enjeux qualitatif, entre souvent en ligne de compte un autre élément, plus diffus, plus subjectif encore : l'affectif, un aspect sentimental difficile à cerner, qui tend parfois vers une forme d'empathie indéfinissable. Et bien, voilà le lien que j'ai noué avec Big Love. Au-delà de la finesse d'écriture, de la densité des storylines, de l'attachement aux personnages, Big Love me procure, comme ce fut le cas pour ce 2ème épisode, une sensation rare. Je vous parle de ce bref, de ce fameux moment quasi-magique d'osmose avec la fiction que l'on regarde. Cet instant de jubilation inétrieure, où tout s'emboîte, où tout sonne d'une justesse d'orfèvre, où chaque ligne de dialogue vous touche jusqu'au plus profond de votre âme de téléphage. C'est presque unique. Vous avez soudain une envie incontrôlable d'applaudir devant votre petit écran.
Tout téléphage sait combien il faut chérir ces moments-là. Car la question n'est pas d'aimer ou non la série, nous nous situons dans une autre dimension, dans cette zone à part, panthéon inaccessible au sein de notre temple téléphagique, où seules quelques rares séries parviendront (soyons honnête : dans toute ma vie de téléphage, avec les centaines de séries que j'ai pu visionner, elles se comptent sur les doigts d'une, voire peut-être éventuellement, deux mains). Big Love est la seule série actuellement en production à parvenir, de façon répétée, à susciter chez moi une telle réaction. Après un season premiere tranquille, ce second épisode a renoué avec ce qui fait de cette série, une fiction, pour moi, à part actuellement dans le paysage téléphagique.
En plus de cette opposition unanime, le nouveau défi envisagé par Bill conforte Nicky dans une autre ambition, toute aussi hors de propos a priori : et si Bill s'imposait comme le nouveau prophète de Juniper Creek, maintenant que Roman Grant est mort ? A ce stade, il convient de préciser que, pour Nicky, ce n'est pas tant une question d'ambition que la marque d'une profonde crise d'identité, que les derniers bouleversements et tensions avaient quelque peu occulté, mais que la réunion d'adieu avec le procureur réveille avec encore plus de force. La saison 3 avait été témoin de la progressive prise de conscience par Nicky de l'endoctrinement dont elle avait fait l'objet et de toute cette partie de la vie et des sentiments, que son éducation lui a empêchée de connaître. Après une mise entre parenthèses de ses interrogations, en raison de la densité générale des épisodes, elles reviennent sur le devant de la scène, soulignant une fois encore la fragilité de la famille ; et surtout de l'union entre Bill et Nicky. La jeune femme recherche un sens à cette union : quoi de plus logique que de reproduire le schéma traditionnel et réconfortant dont elle a été témoin dans sa jeunesse. Si Bill devient prophète, comme l'était son grand-père, n'est-ce pas un signe si la fille du dernier prophète l'a épousé ? En recherchant désespérément une logique, une raison, à leur union, Nicky semble surtout prouver encore une fois sa volatilité potentielle.
Je pourrais écrire des paragraphes entiers sur Nicky, tant l'ambivalence et la complexité de sa personnalité me fascine. La force de Big Love est aussi d'avoir su créer et faire évoluer trois épouses fortes, personnages centraux qui sont au coeur de la série. Si Barb assume toujours ses responsabilités, s'occupant du casino - où la tension avec les partenaires indiens est palpable - et remplissant le rôle d'épouse officielle, Margene s'est de son côté véritablement libérée. L'immature jeune femme des débuts n'est plus qu'un lointain souvenir. De par son éducation beaucoup libérale, dotée d'une initiative et d'une indépendance qui n'est plus à mettre en doute, Margene s'impose comme une véritable femme d'affaires. Son travail à la télévision lui rapporte un salaire très confortable, d'un montant bien trop élevé pour être simplement mis en commun : il va falloir envisager d'avoir recours à un comptable pour intégrer et protéger ses revenus. Je suis curieuse de voir jusqu'où Bill la laissera aller dans ce processus d'émancipation matérielle, mais aussi morale -car l'insouciance un peu infantine des débuts n'est plus. L'épanouissement personnel de chacun des membres de la famille n'a jamais été bridé, mais l'autorité et l'assise de Bill ne sauraient être remises en cause, sans que ce dernier ne réagisse.
L'autre grande storyline de cet épisode très dense se concentre sur les projets de mariage de Sarah. J'avoue que le simple fait d'offrir de nombreuses scènes à la somptueuse Amanda Seyfried suffit déjà à me combler. Sarah s'interroge sur la voie à prendre, plus précisément sur le mariage à contracter. Religieux ou civil ? Peut-elle s'unir dans une Eglise dont elle n'approuve pas les croyances. On se situe ici dans une problématique particulière pour les Henricksons. Jusqu'où doivent être unies famille et religion ? Tout leur mode est basé sur leur croyance, mais cela peut-il entraîner une forme d'exclusion de la première, si l'on refuse la seconde ? Il s'agit pour Sarah de faire la paix avec toutes les contradictions dont elle est assaillie depuis le début de la série. J'ai apprécié la façon très juste avec laquelle ses doutes sont traités, ainsi que la résolution finale. Tout est chargé d'une symbolique omniprésente très forte : pour inaugurer une nouvelle étape dans sa vie, elle doit au préalable cautériser toutes les plaies de l'ancienne : concernant sa famille, mais aussi Heather, dont la présence s'impose logiquement.
Parallèlement, cet épisode, particulièrement dense, voit le retour de Joey à Juniper Creek, après les évènements du season finale. Un retour hésitant d'un homme plus déterminé que jamais, changé et endurci par ce qu'il a enduré au cours des derniers mois. Il a des ambitions pour la communauté, et voit lui-aussi Bill comme un potentiel nouveau prophète. Cependant, ce semblant de paix arraché avec la mort de Roman paraît d'une grande fragilité. D'autant que J.J. soupçonne la réalité du drama survenu à la fin de la saison dernière. Des secrets et des ambitions qui vont probablement forger de nouvelles tragédies.
Autre secret, de nature très différente, celui d'Albie qui semble décidé à poursuivre cet étrange semblant de relation avec le responsable du fonds chargé de gérer les avoirs de Juniper Creek. Tous deux sont profondément croyants, appartenant à une Eglise qui condamne l'homosexualité. Pour autant, une force plus profonde, plus intense encore, les rapproche. Cette intrigue n'est pour le moment qu'esquisser à travers quelques courtes scènes, mais elle aura probablement son importance dans le futur.
Et pour conclure l'épisode, tout comme cette review, comment ne pas évoquer cette émouvante scène finale du mariage dans le jardin. Poignante, non pas tant pour ce qu'elle représente pour une Sarah qui a enfin fait la paix avec elle-même, entrant dans la vie d'adulte en ayant soldé ses comptes avec son adolescence, que pour ce que ce spectacle symbolise pour Nicky. La jeune femme fond en sanglots, bouleversée. Ces larmes ne renvoient à l'émotion classique que l'on peut éprouver face à un tel évènement ; ce sont des larmes chargées de regrets, d'envies, d'admirations... Un mariage d'amour, réalisé par choix, en conscience, c'est plus que Nicky n'a jamais pu envisager. C'est un autre pan de la vie qu'elle n'a jamais pu explorer. Un idéal utopique dont elle comprend soudain l'importance et le bonheur, alors qu'il est consacré sous ses yeux. Chloe Sevigny est magnifique sur cette dernière image de conclusion.
Bilan : Du grand Big Love, émouvant, complexe, subtile, aux dialogues sonnant avec beaucoup de justesse, il s'agit d'un épisode très (trop) dense qui explore avec beaucoup d'intelligence, la psychologie des personnages. Même s'il souffre parfois de cette extrême richesse, même si l'idée de lancer Bill en politique m'apparaît trop irréaliste, une fois l'heure achevée, j'ai seulement envie de le couvrir d'éloges dythirambiques, pour ces instants fusionnels où j'ai l'impression que la série frôle la perfection.
Les grands arcs de cette brève saison sont désormais clairs. Bill se tourne vers de nouveaux défis, de nouvelles ambitions à assouvir, tandis que sa famille reste fragile, unie mais, en même temps, tendue vers des directions et des aspirations si différentes. Et puis, Nicky est actuellement mon personnage télévisé préféré, cet épisode m'a une nouvelle fois conforté dans cette opinion.
NOTE : 9/10
15:10 Publié dans Big Love | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : big love, hbo, bill paxton, jeanne tripplehorn, chloe sevigny, ginnifer goodwin | Facebook |
13/01/2010
(US) Big Love : Free at last (saison 4, épisode 1)
C'est un euphémisme d'écrire que j'attendais avec impatience cette saison 4 de Big Love. En 2009, ce drama, avec sa magistrale saison 3, constitua probablement ma série préférée de l'année. Par conséquent, j'étais curieuse/enthousiaste/excitée (avec le risque de la déception inhérent à cette forte attente) de retrouver les polygames de HBO pour de nouveaux ennuis à affronter. Une reprise qui s'est avérée très correcte, dans la continuité de la saison précédente, mais qui a commencé sur un bémol : un changement de générique à l'opportunité très discutable.
La force, mais aussi parfois la faiblesse de Big Love, réside dans la richesse de sa vaste galerie de personnages auxquels elle ne peut pas toujours consacrer le temps d'antenne qu'ils mériteraient pour développer leurs storylines. Chaque épisode est toujours particulièrement intense, mêlant une multitude d'histoires qui ne se rejoignent pas toujours immédiatement. Si bien que le téléspectateur a généralement l'impression de voir défiler l'heure très rapidement, sans avoir le temps de souffler, restant frustré du survol de certains éléments qui auraient pu être plus approfondis. Ce premier épisode ne déroge pas à ce schéma devenu classique.
Nous reprenons directement dans la continuité de la saison 3, pour retrouver les soucis que nous avions laissés aux Henricksons l'année passée. Roman Grant a disparu. Le téléspectateur sait qu'il est mort. Mais les personnages vont mettre du temps à l'apprendre, et l'ancien patriarche continue de causer bien des ennuis à ses ennemis d'hier. Le FBI, toujours à sa recherche, harcèle Juniper Creek, multipliant les descentes de police, mais aussi les Henrickson, se concentrant sur Nicky, qui occupe une position toujours très fragile au sein de la famille, rattrapée encore une fois par ses liens avec Juniper Creek.
C'est un appel de sa mère qui la précipite, à nouveau, dans les luttes intestines de la communauté. Car il s'avère que si la mort de Roman Grant n'est pas encore connue, c'est en raison d'Adaleen, sa fidèle épouse, qui, ayant découvert le corps, l'a placé dans le garde-manger réfrigéré. Plus que pour préserver l'image de Roman, et sa prédiction non réalisée qu'il vivrait jusqu'à 126 ans, on devine Adaleen surtout perdue, cherchant désespérément à maintenir un artificiel statu quo, en préférant mettre en scène la disparition de son mari. Une fois informée, Nicky va cependant commettre une erreur classique, même si elle partait d'une bonne intention : traiter directement avec sa famille -ou plus précisément Alby- pour tenter d'étouffer l'affaire, sans vouloir impliquer les Henrickson, mais sans non plus les mettre au courant.
Or Alby, avec son esprit retors, par bien des côtés si semblable à Nicky, choisit de profiter de cette opportunité pour donner quelques sueurs froides à Bill, en déménageant le corps de son père sur le chantier de son beau-frère. La "balade du cadavre de Roman Grant", comme on pourrait la nommer, à la fois pathétique et tragi-comique, allège d'une étrange façon le caractère pesant de ces storylines de nature avant tout dramatiques. Encore une fois prise en défaut, Nicky se retrouve à devoir affronter la méfiance de sa famille, mais les reproches seront pour plus tard. Il lui faudra plus d'une journée pour bien réaliser que son père est mort. La scène où elle craque dans la voiture aux côtés de Bill correspond parfaitement au personnage, une fois la prise de conscience progressivement réalisée, les nerfs lâchent devant cette situation irréaliste.
La mort de Roman Grant n'achève cependant pas les tensions entre Bill et sa belle-famille. Alby va reprendre le flambeau paternel. Les offres de paix teintées de menaces, que Bill formule sans sourciller, indiquent bien que les choses ne peuvent en rester là. Il faut dire qu'avoir réussi à causer en partie la perte de l'ancien patriarche de Juniper Creek lui a ouvert de nouveaux horizons. Il nourrit manifestement des ambitions toujours plus hautes. Mais si Alby doit faire face au gel des comptes de l'UEB, il fait surtout la rencontre de celui qui préside la commission de gestion nommée : une rencontre dans le parc, au cours de laquelle il a -entame ?- une relation avec cet homme. Les constantes manipulations qui ont régulièrement cours dans Big Love nous amèneraient presque à nous demander si cela a été plannifié, d'un côté ou de l'autre. S'il semble peu probable qu'Alby savait qui était le business man, au vu de sa réaction lorsqu'il le recroise, quid de ce dernier ?
Si à Juniper Creek, les choses demeurent quelque peu chaotiques, c'est également le cas chez les Henrickson, qui s'apprêtent à ouvrir leur premier casino. Une source permanente de crises de nerfs qui pèse sur toute la famille. C'est à Barb qu'a échu la responsabilité de l'organisation ; tandis que Margene, aussi excitée qu'elle soit par ce lancement pour lequel elle a tant fait, souhaite toujours privilégier sa propre carrière, et préfère propulser Barb sur le devant de la scène.
Cependant, l'association avec Jerry Flute n'est pas aussi saine que Bill aurait pu l'espérer. Le harcèlement du FBI, suite à la disparition de Roman Grant, a nourri la méfiance des indiens. Les tensions avec Barb et ses aménagements "mormon friendly" apparaissent comme la simple partie émergée de l'iceberg. Pour le moment, le casino s'ouvre sur un premier soir à succès. Mais il semble évident que le partenariat tangue déjà très dangereusement. Les ambitions de Bill n'allant pas rester rassasiées par cette réalisation de projet, il est probable que cette dégradation risque de se poursuivre.
Bilan : Avec cet épisode, signe un retour dans la continuité très correct et très riche. Il permet de parachever les storylines pendantes de la saison précédente, la mort de Roman Grant et l'ouverture du casino. La famille n'a pas été épargnée par les secousses, mais elle semble retrouver progressivement un nouvel équilibre. Cependant, ce que je retiendrais en premier lieu de cet épisode, ce sont les dilemmes émotionnels des trois femmes, qui chacune à leur niveau, doivent gérer des situations difficiles. L'exposé de ces états d'âme est traité avec beaucoup de justesse.
Enfin, je demeure très réservé sur le nouveau générique proposé. Comment interpréter cette chute sans fin des quatre personnages, ainsi mise à l'écran ? Est-ce métaphorique ? Cela consacre-t-il les évolutions et la fragilisation de la famille dont nous avons été témoins la saison passée ? Vous trouverez un aperçu vidéo ci-dessous pour pouvoir vous faire votre propre opinion.
NOTE : 7,5/10
Le nouveau générique de Big Love :
07:40 Publié dans Big Love | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : big love, hbo, bill paxton, jeanne tripplehorn, chloe sevigny, ginnifer goodwin | Facebook |